Zis-3

Zis-3

ZiS-3

ZiS-3 au musée de l'artillerie de Hämeenlinna

Le ZiS-3 ( russe : 76-мм дивизионная пушка образца 1942 года (ЗиС-3)) était un canon divisionnaire de campagne de 76,2 mm, utilisé par l'armée soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale. Beaucoup d'experts en artillerie classent ce canon parmi les meilleures pièces d'artillerie de la Seconde Guerre mondiale, avec le Canon de 88 allemand et l'obusier de 25 livres britannique.

ZiS signigie "Zavod imeni Stalina" (en Russe Завод имени Сталина, 'usine au nom de Staline'), le nom officiel de la fabrique d'artillerie No. 92 de Moscou qui a commencé la production de ce canon.

Sommaire

Histoire

La conception du ZiS-3 a débuté à la fin de l'année 1940 dans la Fabrique d'Artillerie N°92, sous la direction de V.G. Grabin, concepteur en chef des canons de moyen calibre soviétiques.

Ce travail ne correspondait à aucune commande. Pire même, à cette période le bureau était mal vu des hauts dirigeants de l'artillerie, comme le maréchal Kulik, le commandant en chef de l'artillerie soviétique. Le projet était une pure initiative de V.G. Grabin, de son bureau d'études, de la Fabrique 92 et de ses dirigeants. Aucun d'entre eux n'avait jugé bon d'informer les autorités (i.e. l'obscurantiste maréchal Kulik) du projet ZIS-3.

Le ZiS-3 était une combinaison réussie de l'affût léger du canon antichar ZiS-2, et du puissant fût de canon de 76,2 mm issu de l'ancien canon divisionnaire F-22USV. De manière à réduire le recul, un frein de bouche fut installé sur le fût. Il permettait au canon d'être monté sur un attelage léger, sans entraîner de dégâts mécaniques à celui-ci lors du tir.

En comparaison avec le canon F-22USV, le ZiS-3 avait une meilleure technique de production. De nombreuses pièces étaient embouties, martelées et soudées, de manière à réduire la quantité d'assemblages mécaniques. Il en résulta que la quantité de travail requise pour construire un exemplaire du ZiS-3 était trois fois moins élevée que celle d'un F-22USV. Mieux encore, le coût d'un ZiS-3 s'élevait à seulement 2/3 de celui d'un F-22USV.

Après avoir été construit, le premier ZiS-3 fut caché aux yeux inquisiteurs des autorités, qui continuaient à nier l'idée que l'Armée rouge pût avoir besoin de canons de campagnes légers et moyens.

L'argument principal des autorités était que les chars de l'Allemagne nazie possédaient un blindage exceptionnellement épais.
En réalité, l'Allemagne ne possédait pas encore de tels blindés au début 1941, et cette désinformation était le fruit d'une propagande allemande réussie autour du prototype de char multi-tourelles NbFz. Le maréchal Kulik avait été leurré par la propagande, et avait donné des ordres pour qu'on fît cesser la production de canons antichar légers de 45 mm, et de canons de campagne divisionnaires de 76,2 mm.

Le début de la grande guerre patriotique montra que les chars allemands possédaient un blindage beaucoup plus faible que prévu. Certains étaient même vulnérables aux mitrailleuses à gros calibre DShK. Les modèles d'avant-guerre des canons divisionnaires de 76,2 mm perforaient les blindés allemands avec aisance, mais la plupart de ces canons furent perdus au combat, ou capturés par les allemands dans les dépôts (certains furent réutilisés plus tard contre les forces soviétiques sur différents modèles de canons automoteurs Panzerjäger).

Le maréchal Kulik ordonna qu'on relance en masse la production de canons de campagne divisionnaires F-22USV de 76,2 mm. V. G. Grabin et la direction de la fabrique 92 décidèrent d'organiser la production de masse de canons ZiS-3 à la place des F-22USV.

Il y réussirent, mais le ZiS-3 n'était pas officiellement testé et mis en service par l'Armée rouge. La situation avait un air tragi-comique : les soldats de l'Armée rouge avaient un besoin urgent de ces canons, les canons eux-mêmes étaient au point et en grand nombre, du fait de la technique de production améliorée, mais ils se trouvaient bloqués dans les stocks de la Fabrique 92, les militaires refusant de percevoir ces canons non-officiels. Après quelques luttes d'influence entre l'équipe de Grabin et les représentants des militaires, les canons ZiS-3 furent finalement livrés à l'Armée rouge, sous la responsabilité personnelle de Grabin et de la direction de la Fabrique 92.

L'expérience du combat montra la supériorité du ZiS-3 sur tous les autres canons de campagne du niveau divisionnaire. Cela permit au ZiS-3 d'être présenté à un groupe de représentants de l'Etat, dirigé par Joseph Staline lui-même, et donc d'obtenir d'eux toutes les autorisations nécessaires. Après la démonstration, Staline déclara : « ce canon est un chef-d’œuvre dans la conception de systèmes d'artillerie ».

Un test officiel par l'État eut lieu sur cinq jours, en février 1942. Son résultat fut assez évident, et le ZiS-3 fut adopté par l'Armée rouge comme canon de campagne divisionnaire modèle 1942 (son nom officiel complet). On pourrait ajouter que ce canon avait déjà eu son baptême du feu, bien avant même qu'il eut une existence officielle.

V. G. Grabin et son équipe se mirent assez vite à la tâche pour améliorer les techniques de fabrication en masse du ZiS-3. La Fabrique d'Artillerie N°92 fut équipée avec des chaînes d'assemblage à convoyeurs, lui permettant de produire encore plus de ZiS-3 avec une main-d’œuvre peu qualifiée, sans perte significative de qualité. Après une courte période de formation initiale, même des adolescentes pouvaient travailler sur la ligne d'assemblage. Les ouvriers hautement qualifiés (souvent des retraités rappelés) et les ingénieurs travaillaient sur les tâches les plus complexes de la fabrication, et servaient de contremaîtres. Certains des jeunes hommes qui travaillèrent dans la Fabrique d'Artillerie N°92 étaient exemptés de conscription. Ils s'appliquèrent à bien maîtriser le processus de production, et devinrent des travailleurs et ingénieurs de qualité. Ce fut encore un autre facteur d'augmentation de la production du ZiS-3. Il en résulta qu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale le ZiS-3 était le canon de campagne soviétique le plus produit. Le nombre total d'exemplaires produit excédait les 103 000.

Après la guerre, la production en masse du ZiS-3 cessa. Il fut remplacé par la génération suivante de canon de campagne, le D-44, qui avait un calibre plus élevé et de meilleures capacités contre les blindages. Mais il pesait plus lourd, et sa mobilité était donc inférieure à celle du ZiS-3.

Munitions

Munitions disponibles
Type Modèle Masse, kg Charge explosive, g
Projectiles perforants (vitesse initiale 700 m/s)
APHE BR-350A 6.3 155
AP (solid) BR-350SP 6.5 N/A
Projectiles perforants composites (vitesse initiale jusqu'à ? m/s)
  BR-350P 3.02 N/A
Developpé post-WWII BR-350N 3.02 N/A
Hautement explosif et fragmentation (vitesse initiale 680 m/s)
HE/Fragmentation acier OF-350 6.2 710
HE/Fragmentation fer aciéreux OF-350A 6.2 640
Fragmentation fer aciéreux O-350A 6.21 540
HE/Fragmentation OF-350B 6.2 540
HE/Fragmentation OF-363 6.2 540
HE F-354 6.41 785
HE F-354M 6.1 815
HE developpé en France F-354F 6.41 785
Autres projectiles (vitesse initiale jusqu'à 680 m/s)
HEAT, developpé post-WWII BK-354 7 740
Shrapnel Sh-354 6.5 85
Shrapnel Sh-354T 6.66 85
Shrapnel Sh-354G 6.58 85
Shrapnel Sh-361 6.61 85
Chimique OH-350 6.25
Incendiaire longue portée Z-350 6.24 240
Incendiaire Z-354 4.65 240
Fumigène longue portée D-350 6.45 N/A
Fumigène steely iron D-350A 6.45 N/A
 
Table de pénétration des blindages
AP Projectile BR-350A
Distance, m Pénération à 60°, mm Pénétration à 90°, mm
100 67 82
500 61 75
1000 55 67
1500 49 60
2000 43 53
Ces données ont été obtenues par les méthodes soviétiques de mesure de la pénétration dans les blindages (75 % de probabilité de pénétration).
Elles ne sont pas directement comparables avec les données occidentales du même type

Au combat

Les soldats soviétiques appréciaient leurs ZiS-3 pour leur capacité à servir dans des conditions difficiles, avec une grande fiabilité et une bonne précision de tir. La maintenance de ces canons était facile, et les équipages novices étaient faciles à former. La légèreté de leur attelage permettait qu'ils soient tractés par des camions ordinaires ou des jeeps lourdes (tel que le Dodge 3/4 américain fourni dans le cadre du prêt-bail), voire même par la force de l'équipage.

Le ZiS-3 avait de bonnes capacités de pénétration contre les blindages : il pouvait mettre hors de combat n'importe quel char léger ou moyen allemand à l'aide d'une munition anti-blindages ordinaire.

Cependant, l'apparition des chars lourds allemands rendit la tâche des plus compliquée aux canonniers de ZiS-3 : alors que des faiblesses au flanc du châssis et au mantelet de protection du canon rendaient les Panthers toujours vulnérables, le blindage des Tigres faisait preuve d'une remarquable résistance contre les munitions anti-blindage standard de 76,2-mm. Seul un bon camouflage et un tir à très courte portée pouvaient assurer un succès face aux Tigres. Souvent, les canonniers en étaient réduits à essayer d'atteindre le fût de leur canon ou leurs chenilles, sachant que leur blindage resterait impénétrable.

Le ZiS-3 de nos jours

Pendant la guerre froide, de nombreux ZiS-3 furent transférés aux différents alliés du Pacte de Varsovie. Partant de là, les ZiS-3 furent souvent revendus à des pays du tiers-monde.

Ainsi, les armées de certains pays africains et asiatiques ont encore des ZiS-3 en service actif de nos jours. De plus, ces canons sont toujours utilisés au combat dans de nombreux conflits locaux et incidents de frontière.

Les ZiS-3 soviétiques ont été officiellement réformés. Certains furent envoyés à la casse, d'autres transférés dans des dépôts, ou encore convertis en mémoriaux de la seconde guerre mondiale (ces mémoriaux sont assez courants en Russie et en Biélorussie). Dans l'armée rouge, quelques ZiS-3s sont utilisés en exposition statique près des bâtiments et dans les jardins des casernes des régiments d'artillerie ; une autre fraction des ZiS-3 survivants est toujours fonctionnelle. Ils sont parfois utilisés pour les honneurs militaires ou dans des spectacles de reconstitution historique.

Références et liens externes

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Voir aussi

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