Zianides

Zianides

Zianides
الزيانيون (ar)

az-Ziyaniyoune

12351556

Drapeau

Drapeau zianide[1]

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Royaume zianide

Informations générales
Statut Monarchie
Capitale Tlemcen
Langue arabe et langues berbères (mozarabe, hébreu, langue romane d'Afrique du Nord et dialecte arabe andalou)
Religion sunnisme (judaïsme, christianisme et soufisme)
Monnaie dinar

Entités précédentes :

Les Zianides, aussi appelés Zyanides, Abdalwadides, Abdalwadites ou encore Banu Zayan (arabe : الزيانيون), sont une dynastie berbère zénète ayant régné depuis Tlemcen, de 1235 à 1556. Fondée par Yghomracen Ibn Zyan, l'étendue de son territoire préfigurait une partie de l'actuelle l'Algérie.

À peine l'empire almohade montrait-il les premiers symptômes d'une grave faiblesse que la Berbèrie tendait à se scinder en trois comme elle l'avait été sous la domination romaine, puis aux VIIIe et IXe siècles, puis de nouveau au XIe siècle, lorsque les Sanhadja d'Achir s'étaient détachés des Zirides d'Ifriqiya[2].

Nommés gouverneurs de Tlemcen par les Almohades, les Zianides s'arrogent un pouvoir autonome, contribuant ainsi à la chute de ceux-ci[3] en rejetant leur attaque ainsi que celle de leurs alliés mérinides en 1248[4]. En raison de leur position centrale au Maghreb, pris comme dans un étau, entre les royaumes mérinides et hafsides[5]. Ils tombent ainsi sous la domination de leurs rivaux mérinides à deux reprises (1337 à 1348 et 1352 à 1359)[6], puis sous la suzeraineté hafside à la fin du XVe siècle. Ils réussissent malgré cela à fonder un État prospère.

Les Zianides sont finalement vaincus par les Ottomans en 1553[7].

Sommaire

Origine

Mechouar de Tlemcen construit par les Zianides

Il y a deux hypothèses qui s'offrent à nous. Soit les Zianides seraient les descendants d'el Qâsim (qui sont descendant des Idriss), mais cette hypothèse est attestée par Yghomracen Ibn Zyan, le fondateur de la dynastie. Ainsi, ayant entendu des généalogistes qui voulaient le faire descendre de Mahomet qui était une pratique courante chez les dynasties islamiques d'Afrique du nord[8], s'exprima en langue berbère locale et dit à peu près ceci: « Nous avons obtenu les biens de ce monde et le pouvoir par nos épées et non par cette ascendance. Quant à son utilité dans l'autre monde, elle dépend de Dieu seul »[9].

Mais l'hypothèse la plus retenue, est que la tribu est d'origine berbère zénète[10] originaire des Aurès[11]. En effet, "Beni Abd el Wad" signifie étymologiquement les serviteurs de la vallée, et il se trouve que depuis une époque très reculée, les "Beni Abd el Wad" se trouvaient dans le massif des Aurès au moment de la première conquête musulmane. On sait que les Abdelwadides avaient un sens de l'organisation poussé. Sous leurs règnes, Tlemcen a connu une grande notoriété.

Histoire

Au temps des Almohades, les Zianides avaient des traités de territoire avec les tribus et reconnaissaient l'autorité des B. Umannu et des Banou Ilumi au Maghreb central. Ils avaient pour chef Youcef b. Tekfa Abdelmoumen. Ce dernier a pris Tlemcen, mais le chef des Almohades Abou Hafs défait les Zianides. Ces derniers seront soumis aux Almohades.

Les Banou L'Qasem avaient le pouvoir sur toutes les tribus[12].

Une guerre éclate entre les Tâ Allah et les B. Gummi, Kendouz tue Ziyan b. Thabet chef des B. Mohamed b. Zegdan. Les représailles suivent immédiatement, la tête de Kendous fut envoyée à Yaghmursan. Ziyan B. Thabet est le père de Yaghmursan. Après cet évènement, les B. Gummri s'en vont vers la Tunisie[13].

En 1227, lors du déclin des Almohades, Djaber, fils de Youcef b. Mohamed fut le chef des Zianides. Alors, Yahya b. Ghanya s'attaque aux Zénètes et ravage Tlemcen, Oran, Tiaret, etc. Il tue l'émir de cette ville. La ville de Tlemcen fut gouvernée un Chikh des Kumya, ce dernier mettait aucun effort pour le redressement de la ville et son conseiller et gouverneur de la province Al Hassan B. Habboun détestait les Zianides[14]. Une troupe des Almoravides était sur les lieux, alors Al Hassan B. Habboun esseya de convaincre leur chef Abou Saïd et leur capitaine Ibrahim b. Ismael b. Allan de massacrer les prisonniers Zianides. Ce dernier sans hésitation, tue B. Habboun et met aux arrêts cid Abou Saïd et délivre les prisonniers Zianides. Il répudia l'autorité des Almohades.

B. Allan voulait prendre le pouvoir de la région alors il invita tous les chefs Zianides pour les assassiner, mais Ibn Ghania découvrit le plan et partit pour Tlemcen. Au même moment Djaber b. Youcef découvrit la vérité et tua sur le champ b. Allan.

En 1231, Djaber b. Youcef fut l'autorité du Maghreb central et il sera tué par une flèche à Nedroma en 1232. Al Hassan devient son successeur puis son oncle Othman b. Youcef, mais ce dernier est chassé de la ville à cause de son comportement brutal. Zeggdan, appelé Abou Azza, devient alors chef des Zénètes. En 1235, il meurt et son frère Yaghmourassen prend le pouvoir[15]. À ce moment les Almohades lui adressent une lettre sous Ar-Rached de tenir le gouvernement de cette partie du Maghreb sous la domination des Almohades.

Yaghmourasen contrôlait ses États, mais il avait à subir des attaques des Almohades, des Banou Marin, des Banou Tudjin, des Maghraoua et des Hafsides.

En 1241, alors Abou Zakaria le hafside, en créant un État indépendant en Ifriqiya, voulait renverser la machine des Almohades. Il prend Tlemcen et puis il essaye de conclure avec Yaghmouracen dans le but de renverser le gouvernement des Almohades au Maroc, tout en planifiant avec les tribus des Banou Merin, des Tudjin et des Maghraoua pour obtenir leur appui. Yaghmouracen s'echappe de Tlemcen. Les hafsides proposent la paix à Yaghmouracen. Ce dernier était allié des deux forces au Maghreb, tantôt il était avec les Almohades du Maroc, tantôt avec les Hafsides. Il jouait le double jeu. Yaghmouracen rentre alors à Tlemcen et éclate la guerre contre les Zénètes. Les Almohades constatent que leur souverainté au Maghreb central est remise en cause. Ils décident d'envoyer As-Saïd. Yaghmouracen et sa tribu se réfugient à Tamzezdekt (ancienne forteresse près de la ville d'Oujda)[16]. Yaghmouracen attaque les camps Almohades et prend le pouvoir.

D'Après Ibn Khaldoun, le Coran rédigé par Uthman ibn Affan fut récupéré par les Zianides et faisait partie de leur butin de guerre[17]. Le Coran en question avait été sauvegardé par Abderrahmen, fondateur des Omeyades en Espagne, puis les Almoravides le trouvent en Espagne. Le livre tomba sur les mains des Almohades lorsqu'ils ont détrôné les Almoravides. Le manuscrit est conservé chez les Mérinides de Fès en 1336, lorsqu'ils ont attaqué les Zianides à Tlemcen.

Yaghmouracen enterra As-Saïd dans la ville d'Al Obbad au cimétière Chikh Bou Medyen. Les Mérinides profitent alors de la mort d'As-Saïd pour étendre leur frontière.

Yaghmurasen était, semble-t-il, aimé par la population ; il avait intégré les Hilaliens à son armée et avait plus de deux-mille soldats chrétiens espagnols dans son actif[18].

Les Zianides n'imposeront pas une doctrine quelconque, mais la population imposera le malékisme[19].

Les Zianides épargneront la ville de Tlemcen des pillards, ils construiront des palais, des bibliothèques, des écoles, des foundouk, ainsi qu'ils créeront de beaux jardins et de grands parcs et feront de grands travaux pour l'irrigation de l'eau. Les sciences et les arts se sont développées pendant leur règne[20].

Yaghmourassen fera des rénovations de la mosquée bâtie par Idrîs Ier en 790, il construira le minaret qui comportera 127 marches et aura une hauteur de 25 m[21].

La capitale zianide eut à résister plusieurs fois aux assauts Mérinides. Sous le règne du sultan zianide Abou Saïd Othman, elle eut à se défendre contre l'un des sièges les plus longs de l'histoire de l'humanité qui dura huit années (du 6 mai 1299 au 13 mai 1307).

Ibn Khaldoun rapporte qu'il y eut 120.000 morts parmi les tlemcéniens lors de ce siège. Il poursuit : « Malgré cela, ils ont persévéré dans leur résistance. Oh ! combien ils ont été admirables de persévérance, d'abnégation, de courage et de noblesse ! »[22].

C'est vraisemblablement au cours de ce siège que disparaîtra à jamais un des quatre exemplaires du Coran rédigés par Uthman ibn Affan, troisième khalife de l'islam. Ce livre était conservé à Tlemcen depuis juin 1248.[réf. nécessaire]

Débarrassé du péril Mérinide, Abou Zeyan s'attacha à remettre de l'ordre dans son royaume. Il razzia les tribus berbères de l'Est qui avaient appuyé les Mérinides et chassa les Arabes du Sersou[23].

À la mort d'Abou Zeyan, les ruines accumulées par l'attaque d'Abou Yaacoub étaient loin d'être relevées. Son frêre Abou Hammou Moussa Ier s'employa à réparer les remparts, creuser des fossés, accumuler des réserves dans ses silos et remplir les caisses du trésor. Toutes ces mesures tendaient à mettre la ville à l'abri d'un nouveau siège. Il réussit à maintenir les Mérinides au delà d'Oujda, reprit la politique d'expansion dans la vallée du Chélif et poussa jusqu'à Béjaïa et Constantine. Il périt assassiné à l'instigation de son fils (1318)[23].

Le sultan Abou Yacoub Youcef fit ériger la ville de Mansourah (la Victorieuse) au voisinage de la cité assiégée. Mansourah finit par se substituer à Tlemcen.

Abû Tâshfîn n'avait alors que 25 ans. C'était de l'avis des chroniqueurs, peu suspects de malveillance, un homme surtout soucieux de plaisirs, ami du faste, cultivé et peu dévot. Sous Abû Tâshfîn, les zianides vont tenter de déloger les Hafsides avec les efforts conjugués des B. Solaïm et des Dawawida.

Le calife hafside ne se sauva de ces attaques qu'en suscitant une contre-intervention des Mérinides sur Tlemcen ; au cours de la lutte, il avait été quatrer fois chassé de sa capitale. La protection des Mérinides et le ralliement du principale chef des B. Solaïm, le cheikh Hamza, lui permirent de reconquérir son royaume, province par province[24].

Abû Tâshfîn entreprit les sièges de Béjaïa et de Constantine, puis fonda dans la vallée de la Soummam une place forte, Tamzizdikt, à une journée de marche de Béjaïa, dont elle devait couper les relations. Mais le souverain hafside Abou Bekr réussit à obtenir l'intervention des Mérinides. Une attaque simultanée sur les deux flancs réduisit Abû Tâshfîn à la défensive. Sa situation était d'autant plus grave que les Sowaïd et les B. Yaacoub B. Aamir avaient abondonné la cause zianide.

À nouveau Tlemcen subit un siège de près de deux années et fut prise d'assaut par le sultan de Fès, Abou-l-Hassan. Le roi, trois de ses fils et son général en chef tombèrent les armes à la main (1337)[23].

Vers 1515, c’était le début de la fin de l'activité commerciale qui avait vivifié la capitale du Maghreb Central pendant plusieurs siècles. Des événements d’une grande importance avaient fini par secouer le monde : la découverte de l’Amérique avec, comme corollaire, la modification du commerce maritime européen, la conquête d’Oran par les Espagnols, les difficultés internes annonçant l’essoufflement de la dynastie zianide, tout cela finit par faire de Tlemcen l’ombre de ce qu’elle fut auparavant.

Les Zianides vont d'abord demander l'aide des Ottomans afin de contrer les attaques espagnoles, mais les turcs se retourneront contre les Zianides et vont vouloir prendre Tlemcen. Après avoir repoussé plusieurs attaques ottomanes, les Zianides changent d'alliance, ils s'allieront alors aux Espagnols.

En 1518, le frère à Khayr ad-Din Barberousse, Arudj se fera tué près de Tlemcen. Abou Hammou, le roi tlemcénien obtint l'appui de Charles Quint qui accorda au marquis de Comarès, commandant le préside d'Oran, une armée de 10.000 hommes fut envoyée en renfort à Tlemcen. Sachant qu'il ne pourrait faire face à une telle armée, Arudj s'enfuit de nuit, mais rattrapé dans les environs de Rio Salado, il fut transpercé par une lance. Il avait 54 ans.

En 1556, les Ottomans attaquent les Zianides et prennent Tlemcen[25]

Le frère aîné de Khayr ad-Din Barberousse tue les derniers rois Zianides en les noyant dans l'eau au XVIe siècle[21].

Regards

Carte des États méditerranéens au XIVe siècle parmi lesquels l'État des Zianides[26]

À l'apogée de la dynastie, leur capitale Tlemecen avait atteint le plus haut degré de prospérité, sa population était d'environ 125.000 habitants, elle était décorée de monuments publics et importants, elle était un foyer de lumière selon les historiens les plus renommés[7]. Les rois Zianides aimaient la science, l'art et les lettres[7]. Ils avaient une cour nombreuse et brillante, une armée disciplinée et aguerrie[7], la ville de Tlemcen était aussi considérée comme l'une des villes le mieux policées et les plus civilisées au monde[7].

La souverains zianides étaient connus pour la bonne administration de l’époque, ainsi que de la clairvoyance politique et surtout de leur esprit de tolérance. Leur capitale Tlemcen était d'ailleurs la seule ville de l’occident musulman où les juifs ont élu domicile au cœur même de la cité. Contrairement à ce qui est admis dans les autres cités du Maghreb, le sultan Zianide a permis à la communauté juive de construire des temples[27]. L’un des derniers rois de Grenade Abou Abdîl, finira ses jours à Tlemcen en 1494[27].

Depuis le début du XIIe siècle et jusqu’au-delà du XVe siècle, Tlemcen entretenait des rapports suivis avec les ports chrétiens de la Méditerranée[7], principalement Pise, Gênes, Florence et Venise en Italie, Barcelone sur les côtes de la Catalogne ainsi que l’Aragonais, enfin la Provence avec Marseille et Narbonne.

Les marchands européens achetaient des grains, de la laine, de la cire, des peaux, de l’huile, des fruits secs, des plumes d’autruche, des épices, du corail, etc. Ils vendaient, en retour, des draps, de la toile, du fer et de l’argent, de la quincaillerie, de la mercerie, etc. Du reste, même après la découverte de l’Amérique, le commerce entre nous et l’Europe occidentale est demeuré toujours important et vivace. Les marchands de la rive nord de la Méditerranée, qui s’enrichissaient du négoce avec le royaume des Béni Abd El-Wad, étaient assurés de trouver, partout dans les villes zianides, protection et sécurité pour leurs personnes comme pour leurs biens.

Au départ, les rapports se situaient au niveau des marchands zianides et européens ; mais bientôt, l’importance de ces échanges et leur volume s’accrurent au point que les gouvernants jugèrent, sinon utile, du moins prudent de réglementer ces relations. Dès lors, des conventions diplomatiques furent conclues pour fixer les garanties entre les parties.Il y eut un nombre important de traités établis[réf. nécessaire]

Les premiers accords commerciaux ratifiés furent ceux qui lièrent le royaume zianide à la République de Pise dès 1230, puis en 1265. Avec sa rivale, Gênes la maritime, furent paraphés des protocoles en 1236 et en 1251, avec Venise en 1251 et en 1252.

La Berbérie centrale eut diverses conventions commerciales avec les Catalans-Aragonais en 1255. En effet, nombre d’historiens s’accordent à penser que le royaume des Béni Abd El-Wad fut le premier au Maghreb musulman à établir des accords de négoce avec les États ibériques. Dès son avènement, le sultan Yghomracen Ibn Zyan avait augmenté le corps des lanciers chrétiens qui étaient au service de la couronne Abdelwadide ; ensuite, en 1248 il ordonna l’incorporation des 2.000 hommes d’armes qui avaient auparavant servi dans les milices almohades.[réf. nécessaire]

A cette époque, le roi catalan, Jacques le Conquérant, devint un allié du puissant royaume. Il fut même amené, bien entendu avec l’assentiment du sultan tlemcenien, à nommer son représentant dans la capitale zianide ; celui-ci prit le nom d’El-Cayit (Caïd) de tous les chrétiens, civils et militaires, résidant dans le royaume Abdelwadide.

Cette prétention qu’avait eue le roi catalan de représenter à lui seul tous les chrétiens vivant dans le Maghreb central ne visait, à vrai dire, qu’à éloigner du commerce fructueux avec Tlemcen les autres concurrents des royaumes du Sud européen, notamment les commerçants de Gênes, Pise, Venise et Marseille, entre autres. D’ailleurs, ces derniers ne tardèrent pas à faire infléchir les dispositions qui les lésaient puisque dans le texte de l’accord de 1272, qui liait la Catalogne à l'État zianide, le représentant du roi de cette région de l’Espagne n’exerçait plus son autorité que vis-à-vis des citoyens de sa couronne demeurant en terre d’Islam. Ce qui attire l’attention à la lecture des règlements contenus dans les textes qui régissaient et fixaient l’ensemble des relations entre le royaume des Abdalwadides et les États européens, ce fut l’esprit de tolérance qui était dicté par les souverains tlemcéniens, notamment au plan des libertés religieuses.

Les gouvernants zianides accordaient aux marchands chrétiens - sous la responsabilité de leur consul - le droit de se livrer librement et publiquement à l’exercice de leur culte. Il leur était permis d’avoir leurs prêtres ainsi que leurs églises. Cette liberté religieuse octroyée aux chrétiens en terre d’islam est également prouvée par des documents émanant de Rome, de l’autorité même des papes qui se sont succédé.

Dans les archives du Vatican, des documents datés de 1290 ont été retrouvés et adressés par le Pape Nicolas IV aux hommes d’armes engagés au service des rois maghrébins, parmi lesquels, le sultan Abdalwadide : « Mes fils, demeurez fidèles aux princes arabes à qui vous avez juré obéissance ».

Toutefois, cette position apparente de l’église officielle ne se reflétait pas véritablement dans les événements tels qu’ils furent rapportés par l’histoire. En effet, si la preuve est établie par les documents, les textes d’accords et de conventions, qu’au moment où les princes musulmans et leurs élites agissaient avec prévoyance et clarté au nom des intérêts sacrés de leurs États, le fanatisme chrétien, par contre, avait multiplié les guerres au nom de la foi en organisant des croisades. Cependant, il ne faut pas croire que les relations avec les royaumes d’Espagne étaient ou restaient constamment exemplaires, au gré des circonstances - et plus particulièrement en fonction des intérêts du moment -, elles passaient de la cordialité au combat.

Durant toute cette partie du Moyen Age, du début du XIIIe siècle et jusqu’à la seconde moitié du XVIe siècle, Tlemcen était considérée comme la ville la plus considérable de l’Afrique du Nord et la plus accessible au commerce étranger. De nombreux historiens s’accordent à dire qu’au début du XIVe siècle, la métropole zianide comptait entre ses murs plus de 3.000 marchands venus de différentes contrées de l’Europe chrétienne. À ce nombre venait s’ajouter, à la même époque, un contingent au moins égal, de même origine qui constituaient, bien avant terme, une sorte de légion étrangère ou milice au service du sultan régnant. Un négociant marseillais nommé Gramaye a rapporté ceci : « Les négociants étrangers s’établissent volontiers à Tlemcen parce qu’ils trouvent dans les mœurs tranquilles de ses habitants de grandes garanties de sécurité pour leur commerce. C’est pourquoi leur nombre est considérable ».[réf. nécessaire] Même aux heures de crise, Tlemcen ne cessa d'être fréquentée par les négociants, qui s'y approvionnaient de produits du Soudan : ivoire, or, esclaves, amenés par des caravanes le long des pistes jalonnées de puits. Tlemcen expédiait, en échange, ses laines, des armes et des livres, mais c'était surtout une place de transit pour les marchandises africaines et européennes, qui se débitaient dans le vieux quartier de la Qaïçariya. Au début du XVIe siècle, Léon l'Africain insistait sur la loyauté renommée des commerçants de la capitale zianide[28].

Minaret de la Grande Mosquée d'Alger, construit par le sultan Zianide Abû Tâshfîn

Les Zianides eurent des échanges divers avec l'Espagne musulmane et apporteront aides militaires contre la Reconquista. Les Nasrides signent des traités de paix et des alliances avec les souverains Zianides, ils deviennent alors alliés contre la Couronne d'Aragon et leur concurrents Mérinides[29].

Plusieurs Sultans Zianides furent élevés dans les cours d'Al-Andalus, comme le quatrième roi de la dynastie des Banou Abdelouad, Abou Tachfin fils d’Abou Hammou, élevé à la cour Nasride de Grenade où il recevra son initiation princière au palais de l’Alhambra. La capitale zianide est restée longtemps une ville amarrée à l’Al-Andalus, décrite et chantée par ses poètes. Les poètes andalous, Ibn Khafadja, Lissan Eddine Ibn el Khatib, le soufi Mahieddine Ibn Arabi de Murcie témoigneront chacun de la beauté de Tlemcen, la comparant souvent à Grenade. Tout comme les poètes, les princes zianides feront également des séjours fréquents en Andalousie.[réf. nécessaire] Honaine le port des Zianides, était distant de Murcie de deux jours de bateau seulement, ce qui la rendait très proche par mer, de Murcie. Cette proximité rendait plus ou moins facile les échanges entre Tlemcen et Grenade les deux capitales zianide et nasride au destin commun né, qui, rappelons-le, au même moment, sur les décombres de l’ancien empire almohade au XIIIe siècle s’y sont taillés des royaumes.

Située au croisement de deux grandes routes de négoce et d’échange est-ouest et nord-sud, la capitale zianide possédait depuis la plus haute antiquité trois ports actifs et réputés : Rachgoun, Honaine et Oran. Les commerçants de Tlemcen avaient la réputation d’être « pécunieux, opulents en possessions, hommes justes, ayant en singulière recommandation la loyauté et l’honnêteté de leurs affaires et prenant merveilleusement grand plaisir à tenir la cité garnie », écrivait, au début du XVIe siècle, Léon l'Africain[30].

Ch. Brosselard rendit un vibrant hommage aux Zianides[31] :

« Ils laissèrent une trace brillante de leur passage, se distinguant par leur esprit d'entreprise, leur bravoure chevaleresque dans les combats, une politique habile et tolérante, et par la protection aussi généreuse qu'éclairée qu'ils accordaient au commerce, aux sciences, aux arts et aux lettres. Quelque chose de considérable nous frappe à leur égard, c'est qu'ils poursuivent avec une invincible opiniâtreté la réalisation d'un grand dessein qui consistait à organiser un État autonome dans des limites géographiques bien définies. »

Il a également défini la dynastie zianide comme « la mieux policée et la plus civilisée de son époque ».

Culture

Plaque d'entrée de la médersa Khaldouniya fondée en 1347
Articles détaillés : Art hafside, zianide et mérinide et Gharnati.

Plusieurs princes zianides aimèrent s'entourer de savants et d'artistes. Tlemcen eut la réputation d'une cité intellectuelle. « On y cultiva avec succès, assurait Ibn Khaldoun, qui l'avait longtemps habitée, les sciences et les arts ; on y vit naître des savants et des hommes illustres, dont la réputation s'étendit aux autres pays. » Ses poètes se complaisaient aux louanges classiques, habiles et maniérées, des souverains. Sa société est décrite par G. Marçais comme « polie, dévote et cultivée ». Centre d'études musulmanes, dont les cinq médersas eurent grand renom, Tlemcen était toute pénétrée de ce mysticime oriental qui devait triompher, en réaction contre l'invasion étrangère[32].

Souverains

Patio de l'hôtel zianides à Tlemcen
  • Yghomracen Ibn Zyan (1236 à 1283) - Fonde la dynastie dont la capitale est Tlemcen.
  • Othmane Ibn Yaghmoracen (1283 à 1304)
  • Abou Zeyane Mohamed Ier Ibn Othmane (1304 à 1308)
  • Abou Hammou Moussa Ier (1308 à 1318)
  • Abû Tâshfîn (1318-1337)
  • Abou Hammou Moussa II (1353 à 1389) - Reprend Alger.
  • Abou Zeyane (1389 à 1389)
  • Abou El Hadjadj Youssef (1389 à 1393)
  • Abou Zeyane (1393 à 1399)
  • Abou Mohamed (1399 à 1401)
  • Abou Abdallah El Tensi (1401 à 1410)
  • Moulay Saïd Ibn Abou Hammou (1410 à 1411)
  • Abou Malek (1411 à 1425)
  • Abou Fares (1425 à 1425)
  • Abou El Abas Ahmed (1425 à 1425)
  • Moulay Mohamed (1425 à 1435)
  • Moulay Abdallah (Zianides) (1435 à 1437)
  • Abou Zeyane (1437 à 1438)
  • El Moutawakel (1438 à 1475)
  • Mohamed (Zianides) (1438 à 1460)
  • Abou Zakaria (Zianides) (1460 à 1488)
  • Abou Abdallah Mohamed (1488 à 1505)
  • Abou Abdallah Mohamed II (1505 à 1512)
  • Abou Abdallah Mohamed II traite avec les Espagnols, qui ont déjà soumis ou conquis Alger, Oran, Béjaïa, Mers El Kebir, Ténès, etc. Les Ottomans sont alors appelés pour venir en aide contre les Espagnols.

Dynastie Zyanides

Patrimoine zianide

Destruction d'un palais zianide récemment à Tlemcen en Algérie, une enquête est ouverte pour élucider le viol du patrimoine universel[33],[34].

Les Zianides ont laissé une panoplie de modèles vestimentaires surtout pour les femmes dont peut-être des éléments la chedda de Tlemcen.[réf. nécessaire]

Monuments disparus

Comme partout en Algérie, certains monuments ont été détruits par la colonisation française dans le cadre d'« aménagements ». En voici quelques exemples de monuments zianides aujourd'hui disparus, documents provenant du tribunal et datant du XIXe siècle[35],[27] :

  • Le palais royal Mechouâr a été aménagé en poste militaire[27].
  • Porte "Bab El Key'yis": c'était un édifice monumental limité par deux tours carrées de chaque côté. Une troisième, circulaire au centre de la terrasse, avait un double accès intérieur et extérieur à trois arcs avec couleurs de style Zianide.
  • Medersa Tachfinia: La grande Medersa Tachfiniya fut le siège où l'on enseignait toutes les sciences connues en ce temps et où affluaient des étudiants venus de toutes parts. L'on dispensait, sur le conseil avisé du Roi, d'un enseignement basé surtout sur la tolérance ouverte à tous les esprits, permettant ainsi l'éclosion de nouvelles méthodes d'enseignement, qui ont produit une élite savante.

Cette Medersa de style architectural particulier, se surpassait par ses merveilles, et celles de son institution du savoir. El' Thénéssy rapporte la description de la fameuse Medersa au "style très particulier, et unique à l'échelle Occidentale. À l'intérieur, elle était décorée par la fameuse rosace de type Andalou en fousaifiset (mosaïques de plusieurs coloris savamment agencées qui reflétaient un éblouissant éclat à la lumière du jour). Tous ceux qui pénétraient en ce lieu étaient émerveillés par la beauté de son éclat, elle fut détruite par les forces coloniales durant les années 1870[35],[27].

  • La medersa el Yaqoûbia a été détruite[27].
  • La Qissaria a été détruite pour la construction du marché couvert[27].
  • La forteresse Zianide: d'une configuration immense, elle symbolisait la gloire Zianide. Cet ouvrage alignait dix tours carrées horizontalement.

Au centre, s'élevait une tour de guet circulaire. Une deuxième muraille entourait la forteresse d'El Kala inférieure. À l'intérieur, un bassin est encore visible à l'Ouest. Il en subsiste de sa destruction, une bâtisse en pisé de 28 m de long sur 28 m de large et 2 m 29 d'épaisseur qui fut récemment détruit.

  • Porte "Bab el Djiyade" : signifie porte des "chevaux pur-sangs" et aussi porte "personnes généreuses". À l'époque ottomane, la grande tour de la porte était dénommée "Bordj Kachakéche" (centre de perception des taxes). Cette porte historique monumentale était bien conservée avant sa destruction par la colonisation.
  • Quartier des Andalous (Sidi Yeddoun)
  • Bordj Kachakache

Notes et références

  1. shown in portolanos
  2. Charles-André Julien, Histoire de l'Afrique du Nord. Des origines à 1830, éd. Payot, Paris, 1966, p. 132
  3. Itinéraire historique et descriptif de l'Algérie: comprenant le Tell et le Sahara, Louis Piesse, Publié par Librairie de L. Hachette et Gle, 1862. P 238. Version en ligne
  4. Charles-André Julien, Histoire de l'Afrique du Nord. Des origines à 1830, éd. Payot, Paris, 1966, p. 156, 157
  5. Charles-André Julien, Histoire de l'Afrique du Nord. Des origines à 1830, éd. Payot, Paris, 1966, p. 156
  6. [1]
  7. a, b, c, d, e et f Itinéraire historique et descriptif de l'Algérie Par Louis Piesse [2]
  8. Victor Piquet, Histoire des monuments musulmans du Maghreb, Ed. Librairie René Bauche (Evreux), 1937
  9. Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale, traduction du baron de Slane (tome III), Ed. Imprimerie du Gouvernement (Alger), 1856 [3]
  10. [4] Cités musulmanes d'Orient et d'Occident, Amar Dhina
  11. [5] AWAL: Cahiers d'études berbères, Volumes 1 à 3, Centre d'études et de recherches Amazigh, 1985
  12. Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, éd. Berti, Alger, 2003, page 1033 à 1035
  13. Ibn Khaldoun, histoire des Berbères, éd Berti, Alger, 2003, page 1035
  14. Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, éd Berti, Alger, 2003, page 1036
  15. Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, éd Berti, Alger, 2003, page 1037
  16. Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, partie les Abdelwadides, page 1049, édition intégale, Berti, Alger, 2003
  17. Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, page 1050, édition Berti, Alger, 2003
  18. Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, éd Berti, Alger, 2003, page 1045
  19. Hassan Remaoun, L'Algérie : histoire, société et culture, publié par Casbah, 2000. ISBN 9961-64-189-2. page 22
  20. Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, page 1043, éd. Berti, Alger, 2003, ISBN9961-69-027-7
  21. a et b Le Petit Futé Algérie. Par Collectif, Dominique Auzias, Jean-Paul Labourdette, Marie-Hélène Martin. Publié par Petit Futé, 2008. ISBN 2-7469-2196-0. page294
  22. Sid-Ahmed Bouali, Les deux grands sièges de Tlemcen, éd. ENAL, Alger, 1984
  23. a, b et c Charles-André Julien, Histoire de l'Afrique du Nord. Des origines à 1830, éd. Payot, Paris, 1966, p. 158
  24. Charles-André Julien, Histoire de l'Afrique du Nord. Des origines à 1830, éd. Payot, Paris, 1966, p. 104
  25. Le fait colonial au Maghreb: ruptures et continuités Par Nadir Marouf, de formation et de recherches en sciences sociales Centre d'études. Publié par L'Harmattan, 2008.ISBN 2-296-04911-7. page 102
  26. http://books.google.fr/books?id=H3RBAAAAIAAJ&pg=PR2&dq=in+khaldoun#PPR10,M1
  27. a, b, c, d, e, f et g [PDF] La médina de Tlemcen - WEB JOURNAL.
  28. Ernest Mercier, Histoire de l'Afrique septentrionale (Berbérie) depuis les temps les plus reculés jusqu'à la conquête française (1830), Leroux, 1888 
  29. Orientalia Hispanica: Sive Studia F. M. Pareja Octogenario Dicata, Felix M. Pareja Casanas, F. M. Pareja, J. M. Barral.Collaborateur F. M. Pareja. Page 34. Publié par Brill Archive, 1974. ISBN 90-04-03996-1,Version en ligne
  30. Oran, Tlemcen, Sud-Oranais, (1899-1900), p 53 [6]
  31. Brosselard, Ch., “Inscriptions arabes de Tlemcen”, Revue africaine, n° 25, 1861.
  32. Charles-André Julien, Histoire de l'Afrique du Nord. Des origines à 1830, éd. Payot, Paris, 1966, p. 161
  33. La tribune, Mohamed Medjahidi
  34. allAfrica.com: Algérie: Un palais de l'époque zianide complètement rasé à Tlemcen (Page 1 of 1)
  35. a et b [7] Tlemcen, capitale de la culture islamique, Création de parcours culturels, Info Soir : 26 - 12 - 2009

Bibliographie

  • Atallah Dhina, Le royaume Abdelouadide à l'époque d'Abou Hammou Moussa Ier et d'Abou Tachfin Ier, Office des publications universitaires, ENAL, Alger, 1985, 277 p.
  • A. Ibn Khaldoun, Histoire Des Berbères.
  • Y. Ibn Khaldoun, Histoire Des Béni Abd El-Wad, Rois De Tlemcen.
  • M. Et-Ettenessi, Histoire Des Béni Zayane.
  • Ch. Brosselard, Les Inscriptions Arabes De Tlemcen, In Revue Africaine.
  • Ch.E. Dufourcq, L’Espagne Catalane et Le Maghreb.
  • Léon l’Africain, Description de l’Afrique.
  • P.J. Lethielleux, Le Littoral de l’Oranie Occidentale.
  • G. Et W. Marçais, Tlemcen.
  • Sid Ahmed Bouali, Les Deux Grands Sièges De Tlemcen.

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