Youssouf Raza Gilani

Youssouf Raza Gilani
Youssouf Raza Gilani
یوسف رضا گیلانی
Gillani 2008.jpg
Youssouf Raza Gilani à Washington en 2008.

Mandats
24e Premier ministre pakistanais
Actuellement en fonction
Depuis le 25 mars 2008
Président Pervez Musharraf
Mian Muhammad Soomro (intérim)
Asif Ali Zardari
Prédécesseur Mian Muhammad Soomro
Président de l'Assemblée nationale du Pakistan
17 octobre 199316 février 1997
Successeur Elahi Bux Soomro
Biographie
Date de naissance 9 juin 1952 (1952-06-09) (59 ans)
Lieu de naissance Flag of Pakistan.svg Karachi (Pakistan)
Nationalité pakistanaise
Parti politique Parti du peuple pakistanais
Conjoint Fauzia Gilani
Religion Islam

Coat of arms of Pakistan.svg
Premiers ministres pakistanais

Youssouf Raza Gilani, Youssaf Raza Gilani ou Youssuf Raza Gilani parfois écrit Gillani (en ourdou : یوسف رضا گیلانی), né le 9 juin 1952 à Karachi, est un homme politique pakistanais. Il est l'actuel Premier ministre depuis le 25 mars 2008.

Il rejoint le Parti du peuple pakistanais en 1988 et sert en tant que ministre sous le gouvernement de Benazir Bhutto jusqu'en 1990. Il a été président de l'Assemblée nationale de 1993 à 1997 sous le second gouvernement de Benazir Bhutto. Condamné pour corruption, il passe cinq années en prison de 2001 à 2006.

Il devient Premier ministre le 25 mars 2008 à la suite des élections législatives de 2008. Après la réforme constitutionnelle d'avril 2010, il devient le premier détenteur du pouvoir exécutif devant le président. Il doit faire face aux difficultés économiques et financières de son pays ainsi qu'à l'insurrection talibane qui prend de l'ampleur dans le Nord-Ouest du pays.

Sommaire

Famille et étude

Youssouf Raza Gilani est issu d'une famille politique influente de la ville de Multan. Il est membre de l'ethnie Seraiki, minoritaire au Pakistan (environ 10 %) et présente dans le sud de la province du Penjab. Gilani est le premier membre de cette ethnie à occuper le poste de Premier ministre.

Il est marié et a eu une fille et quatre garçons, dont des triplés[1]. Son plus vieil enfant a commencé sa carrière politique à Multan, et a eu un fils avec la petite-fille de Pir Pagara Mardan Shah II. Parmi ses trois triplés, deux font leurs études à Londres et le dernier fait ses études à l'Université d'économie de Lahore. Sa fille est mariée à un homme influent de Multan.

Gilani a obtenu une licence et une maitrise en journaliste de l'Université du Penjab en 1976. Il avait terminé ses études secondaires en 1970.

Carrière politique

Régime de Zia

Après avoir rejoint la Ligue musulmane du Pakistan, il a été ministre durant le régime de Muhammad Zia-ul-Haq. Il a été ministre du Logement d'avril 1985 à janvier 1986, puis ministre des chemins de fers de janvier 1986 à décembre 1986. Après la mort de Zia en 1988, il rejoint le parti du peuple pakistanais.

Député de Multan à l'Assemblée nationale

Il a été plusieurs fois élu député dans une circonscription de Multan : élu durant les élections de 1988, de 1990 et de 1993. Il perd le scrutin durant les élections de 1997 et n'a pas pu participer à celles de 2002 puisqu'il était en prison. Durant les dernières élections de 2008, il gagne le scrutin en réunissant 54 % des voix contre cinq autres candidats, dont le candidat de la Ligue musulmane du Pakistan (Q), Sikander Hayat Bosan (32 % des voix)[2].

Gouvernement Bhutto

Après les élections législatives de 1988 il devient ministre de la Santé, puis du Logement dans le premier gouvernement de Benazir Bhutto de 1988 à 1990.

De 1993 à 1996, lors du second gouvernement de Benazir Bhutto, il est élu président de l'Assemblée nationale.

Accusations de corruptions

Après l'arrivée au pouvoir du général Pervez Musharraf en 1999, dans le cadre de l'opération anticorruption visant les élites politiques, il est accusé d'avoir accordé des emplois publics à 350 personnes sans avoir respecté les procédures administratives, il fut aussi accusé d'un usage abusif des voitures et des téléphones de fonction. Condamné, il passe cinq années en prison où il se liera d'amitié avec Asif Ali Zardari, le mari de Benazir Bhutto emprisonné pour huit ans.

Premier ministre

Article détaillé : Gouvernement du Pakistan.

Élections et gouvernement de coalition

Composition de l'Assemblée nationale en janvier 2011 (compte tenu des élections partielles).

Lors des élections législatives de 2008, le Parti du peuple pakistanais remporte les élections mais sans obtenir de majorité absolue. Le 24 mars 2008, Youssouf Raza Gilani est largement élu Premier ministre par l'Assemblée nationale avec 264 voix, désigné candidat à ce poste le 22 mars 2008 par le Parti du peuple pakistanais (PPP), parti de la défunte Benazir Bhutto[3]. Il était à la tête d'un gouvernement reposant sur une coalition qui réunissait alors le Parti du peuple pakistanais, la Ligue musulmane du Pakistan (N), deux partis régionaux, le parti national Awami, et le Muttahida Qaumi Movement, le parti religieux Jamiat Ulema-e-Islam ainsi que divers petits partis et des députés indépendants. Elle représentait au total 270 des 342 députés de l'Assemblée nationale.

Depuis, la Ligue musulmane du Pakistan (N) de Nawaz Sharif a quitté la coalition en août 2008, puis le Jamiat Ulema-e-Islam la quitte deux ans et demi plus tard, en décembre 2010. La coalition représentait alors 184 sièges à l'Assemblée nationale[4]. Le 1er mai 2011, la Ligue musulmane du Pakistan (Q) (principal rival du PPP en 2008) intègre le gouvernement de coalition et la coalition représente donc désormais 235 sièges à l'Assemblée nationale pour une majorité absolue de 172.

À la tête du gouvernement fédéral, Gilani dit vouloir mener une politique de réconciliation nationale en réunissant dans une large coalition des partis politiques qui ont connu des conflits. Ainsi, le MQM a été en conflit avec le pouvoir et l'armée durant les années 1990, ainsi qu'avec le PPP. Le parti national Awami (ANP) a également été en conflit avec le pouvoir dans les années 1970 où il avait été accusé de séparatisme pro-pachtoune. Il est également encore régulièrement en conflit avec le MQM.

Gilani est un proche du président Asif Ali Zardari et c'est ainsi qu'il a pu être candidat au poste de Premier ministre alors que Zardari prenait la direction du Parti du peuple pakistanais après la mort de sa femme Benazir Bhutto. Cependant, alors que la popularité de Zardari est très faible au Pakistan, celle de Gilani est bien meilleure. Dans un sondage de juillet 2010, Zardari obtient 20 % d'opinion favorable contre 59 % pour Gilani[5].

Crises et instabilité

Gilani remet une récompense, en juillet 2010.
Youssouf Raza Gilani inaugure un centre d'étude seraiki en 2009, ethnie dont il est membre.

Le 3 septembre 2008, il échappe à une tentative d'assassinat quand son cortège automobile est fusillé par un homme près de Rawalpindi. Deux balles auraient touché la voiture blindée du Premier ministre.

En aout 2008, son gouvernement perd sa nette majorité de coalition au Parlement après le départ de la Ligue musulmane de Nawaz Sharif. Ce dernier voulait protester contre la décision unilatérale du PPP de nommer Asif Ali Zardari candidat à la présidentielle. En mars 2009, Gilani serait celui qui a convaincu le président Zardari d'avoir rétabli dans ses fonctions le président de la Cour suprême Iftikhar Muhammad Chaudhry, qui était soutenu par Nawaz Sharif, chef de l'opposition et son parti la LMPN. Les tensions étaient alors fortes entre le gouvernement et l'opposition, et la décision de Zardari finit par mettre fin à une crise politique.

Gilani doit également faire face à la crise énergétique que traverse le pays et qui sape son économie. Il convoque une conférence nationale, annonce des mesures d'urgences visant à réduire les coupures d'électricité et à privilégier l'apport en énergie pour les entreprises. Il cherche également un soutien de la part des pays alliés du Pakistan, notamment la Chine et les États-Unis, dans le but d'augmenter les investissements dans ce domaine. Son gouvernement promet de doubler la capacité énergétique du pays d'ici à 2020.

En juin 2010, son gouvernement présente le budget fédéral et les budgets provinciaux pour l'année 2010-2011 devant les institutions concernées[6] (au Pakistan, l'année fiscale s'étend du 1er juillet au 30 juin). Il se trouve alors critiqué par l'opposition et aussi des membres de sa coalition. Le budget prévoit notamment une hausse de 17 % du budget de la défense[7].

Pour maintenir son gouvernement en fonction, Gilani doit prendre en compte deux éléments : il doit d'abord veiller à calmer les tensions politiques puisque son parti ne possède pas de majorité absolue à l'Assemblée nationale, devant laquelle il est responsable. D'autre part, il doit veiller à avoir de bonnes relations avec les militaires, qui ont mené quatre coups d'État dans le pays depuis son indépendance. Des membres de l'opposition ont appelés à des élections anticipées, mais sans tenter de renverser le gouvernement par un vote à l'Assemblée nationale. Gilani a pour sa part promis que le gouvernement et les députés termineront leur mandat, qui se termine en mars 2013[8].

Le 13 décembre 2010, le parti religieux Jamiat Ulema-e-Islam quitte la coalition. Le gouvernement conserve cependant sa majorité à l'Assemblée nationale avec 184 sièges pour une majorité absolue de 172. Mais le 2 janvier 2011, après des mois de tensions, le Muttahida Qaumi Movement et ses 25 députés quittent la coalition, plaçant le gouvernement en minorité à la chambre basse[9]. Le MQM invoque alors la hausse des prix des carburants décidée par le gouvernement. Dans les jours qui suivent, le gouvernement annule sa décision concernant le carburant, et le MQM rejoint de nouveau la coalition après que le Premier ministre s'est déplacé à Karachi pour rencontrer les dirigeants du MQM dans leur quartier général. Le Premier ministre a été acclamé par la foule des militants du MQM et sa voiture recouverte de pétales de roses. Deux jours plus tard, le 9 janvier 2011, le Premier ministre accepte les dix points d'un agenda de réforme proposés par Nawaz Sharif. Ces deux éléments sont à la fois perçus comme un espoir de stabilisation mais aussi comme un signe de faiblesse du gouvernement.

Politique envers le terrorisme

Six F-16 de l'armée de l'air pakistanaise lors d'exercices aux États-Unis en 2010.

Concernant la politique militaire et de lutte contre les insurgés islamistes, Gilani est limité par la volonté de l'armée, très influente dans le pays, et notamment de son chef, le général Ashfaq Kayani, souvent considéré comme l'homme le plus puissant du pays[10]. Gilani soutient l'élargissement des offensives de l'armée contre les mouvements islamistes anti-gouvernementaux et appelle régulièrement à l'union du pays contre le terrorisme. Depuis son entrée en fonction, l'armée a lancé trois offensives majeures dans le Nord-Ouest du pays. En revanche, son gouvernement refuse toujours pour l'instant de mener une opération dans le Waziristan du Nord malgré les pressions américaines.

Réforme constitutionnelle

Youssouf Raza Gilani et Hillary Clinton le 28 octobre 2009 à Islamabad.

Une réforme constitutionnelle votée en avril 2010 par le Parlement transfère la plupart des pouvoirs du président vers le Premier ministre et le Parlement : ainsi Gilani est désormais le véritable détenteur du pouvoir exécutif. Après le vote du Sénat le 15 avril, Youssouf Raza Gilani déclare : « Nous devons à présent démontrer à la nation que nous sommes capables de résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés et ceux auxquels les futures générations devront faire face »[11].

Après cette réforme, qui entre en vigueur le 19 avril avec la signature du président Zardari, Gilani doit faire pleinement face aux difficultés auxquelles sont pays est confronté, puisqu'il est désormais l'homme le plus puissant de l'exécutif, devant le président. Ce dernier aurait longtemps été réticent avant de donner son accord à la réforme, qui était soutenue par l'ensemble de la classe politique.

Relations internationales

Début juin 2010, il rencontre à Bruxelles le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen. Il déclare notamment : « le Pakistan est déterminé à combattre l'extrémisme et le terrorisme, la défaite n'est pas une option pour nous »[12]. Interrogé à l'antenne d'euronews, il dit aussi « le Pakistan ne combat pas les talibans pour l'Afghanistan, mais pour sa propre sécurité ». Le Premier ministre obtient aussi le début d'un dialogue stratégique entre le Pakistan et l'Union européenne ayant pour but notamment d'augmenter les échanges commerciaux bilatéraux[12].

Notes et références

Voir aussi

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Youssouf Raza Gilani de Wikipédia en français (auteurs)

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