Baie du Mont-Saint-Michel

Baie du Mont-Saint-Michel

Baie du mont Saint-Michel

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Mont-Saint-Michel et sa baie 1
Patrimoine mondial de l’UNESCO
Vue aérienne du mont et sa baie

Vue aérienne du mont et sa baie

Latitude
Longitude
48° 38′ 8″ Nord
       1° 30′ 38″ Ouest
/ 48.63556, -1.51056
Pays France France
Type Mixte
Critères i, iii, vi
No  identification (ID) 80
Région 2 Europe et Amérique du nord
Année d’inscription 1979 (3e session)

1 Descriptif officiel (UNESCO)
2 Classification UNESCO

World Heritage Emblem.svg
Documentation du modèle

La baie du mont Saint-Michel ou baie du Mont-Saint-Michel est une baie située entre la Bretagne (au sud-ouest) et la péninsule normande du Cotentin (au sud et à l'est), la baie appartient au club des plus belles baies du monde et est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO. Le marnage très important dans la région (plus de dix mètres) permet à une grande partie de cette baie d'être découverte à marée basse. Deux îlots granitiques se trouvent dans la baie du mont Saint-Michel, Tombelaine et le Mont-Saint-Michel. Le secteur abrite une grande variété d'oiseaux et des phoques veaux marins.

Sommaire

Généralités

La baie du mont Saint-Michel (image du satellite SPOT).

La baie du mont Saint-Michel s'étend sur une superficie d'environ 500 km².

Communes limitrophes

La baie est bordée du nord au sud par les communes suivantes :

Les cours d'eau

Trois cours d'eau se jettent dans cette baie (et la traversent à marée basse): le Couesnon, maintenant endigué à l'Ouest du Mont Saint-Michel, la Sée et la Sélune. La très faible pente de la baie et l'important marnage provoquent par grande marée d'équinoxe la formation d'un mascaret (“barre”) dans ces rivières qui peut remonter plusieurs kilomètres dans les terres.

Les divagations des rivières

Le mont fut ensuite ballotté par les divagations des cours des trois fleuves qui abreuvent encore la baie du mont Saint-Michel. Ces cours d'eau sont : la Sélune, la Sée et surtout le Couesnon qui, marquant autrefois la frontière entre la Normandie et la Bretagne se mit dit-on soudainement à couler à l'ouest du mont, faisant ainsi passer ce dernier en Normandie. En réalité, jusqu'au XVIIIe siècle, l'embouchure de ce dernier se trouvait à 6 km du rocher. Ceci est donc une légende qui amuse les habitants frontaliers qui savent que la frontière ne se situe pas sur le Couesnon proprement dit mais sur la terre ferme à 4 km à l'ouest, au pied du massif de Saint-Broladre. Un vieux dicton local a cependant immortalisé l'évènement :

« Li Couesnon a fait folie
Si est le Mont en Normandie »
« Le Couesnon dans sa folie
A mis le Mont en Normandie »

Les plus importantes marées d'Europe

Les marées dans la baie du mont Saint-Michel ont de quoi impressionner : d'une amplitude de près de treize mètres les jours de fort coefficient, la mer se retire à grande vitesse sur une dizaine de kilomètres, mais revient aussi vite. L'expression consacrée est « qu'elle revient à la vitesse d'un cheval au galop ». La vérité est qu'elle est plus proche de la vitesse d'un homme qui marche, mais elle a malheureusement coûté la vie à beaucoup d'imprudents. Les marées provoquent un brassage important des eaux, ce qui favorise la production biologique. L'estran, la partie du littoral qui subit l'alternance des marées mesure environ 200 km².

La tangue

Le mont vu depuis la grève.

Les alluvions fluviales continuellement brassées par le flux et reflux des marées, mélangées aux coquillages brisés donne naissance à la tangue, un riche fertilisant qui fut longtemps utilisé par les paysans des environs pour amender leur sols.

Les sables mouvants

La baie présente la particularité d'être pratiquement plate et donc sujette à l'envasement (sables mouvants, décrits de façon spectaculaire par le texte de Victor Hugo « L'enlisement » dans « Les Misérables », tome V, « Jean Valjean », chapitre V : « Pour le sable comme pour la femme il y a une finesse qui est perfidie »). La traversée des grèves de la baie peut s'avérer dangereuse en l'absence d'un guide expérimenté. La traversée de la Sée et de la Sélune n'oppose qu'une maigre difficulté, mais il existe plusieurs zones de sables mouvants dans les parties sableuses de la baie, surtout les chenaux, comme dans toute zone très plate, qui divaguent de jour en jour.

Conjuguée à une amplitude de marée exceptionnelle, cette configuration rend la zone dangereuse, par temps de brume (perte totale de repères), causant des noyades non par réel enlisement, mais par épuisement : on ne peut marcher dans une vase thixotropique, sans être aguerri, car le sol tout à la fois se dérobe sous le mouvement et bloque si on ne bouge pas. Si le chenal se remplit alors, il convient de dégager ses pieds au maximum et de nager à la force des bras ; la théorie prévoit que l'on flotte, mais l'hypothermie tue si on ne se dégage pas rapidement. Essayer d'empêcher une personne de s'enliser en la tractant afin qu'elle retrouve la terre ferme est impossible, puisque son poids équivaut approximativement à celui d'une voiture dans cette situation.

Beaucoup plus souvent, des désagréments arrivent aux voitures garées un peu trop longtemps sur des places un peu bas. Leur masse volumique importante les enlise : il est toujours inutile de les tracter, même avec une voiture; il faut les dégager à la grue après avoir fluidifié le sable qui les aura bloquées.

La digue et les polders

Au fil des années, la baie du mont Saint-Michel fut sujette à la poldérisation de la part de ses propriétaires riverains. La digue de la Duchesse-Anne, construite au XIe siècle en granit, est l'un des plus anciens aménagements de ce type et s'étend sur quelque 20 km.

L'action la plus marquante en ce sens fut la construction en 1880 d'une digue insubmersible par les Ponts et Chaussées, malgré l'opposition de diverses autorités.

Cette digue et celle de la Roche-Torin précipitèrent l'ensablement de la baie, et il est maintenant question de démolir la digue qui relie le mont au continent, ceci afin d’endiguer cet ensablement qui menace l'insularité du mont.

La digue d'accès construite au XIXe siècle, qui retient le sable, aggrave donc l'ensablement naturel de la baie, au point que le mont pourrait cesser d'être une île. Aujourd'hui, les polders couvrent une superficie de 2200 ha.

Rappel de quelques données naturelles

La marée basse expose une boue épaisse sur les rives du Couesnon.

La baie s’étend de la Pointe du Grouin à la Pointe Champeaux selon un axe Ouest-Est ; et le Canal du Couesnon de Pontorson, Beauvoir, au barrage de la Caserne se prolonge en une digue vers le Nord jusqu’au Mont-Saint-Michel (MSM), puis Tombelaine, le bec d’Andaine et Saint-Jean-le-Thomas. À l’Ouest, Cancale, à l’Est, Avranches sur la Sée, au nord de la Sélune.

L'estran dégage environ six kilomètres pour un marnage de dix mètres en moyenne sur 240 km². Ce marnage exceptionnel (un peu comme celui de la baie de Fundy) est dû aux mêmes raisons : forme en entonnoir de la baie, pour une onde progressive de marée qui se dirige vers la Manche et la mer du Nord, et donc se heurte au Cotentin (donc impédance réflexive type quart d'onde) plus la force de Coriolis toujours déviant à droite. Donc très fort marnage ; et très logiquement le chenal montant n'est pas le même que le chenal descendant ; d'où selon la force du vent et bien d'autres paramètres (force du mascaret, profondeur du chenal, tenue du sable (où fourmille la faune d'estran), une divagation des chenaux de sortie des trois fleuves principaux. En mer, le marnage est beaucoup plus réduit.

Comme la baie d'Authie, la baie de Somme, ou la baie de la Seine, la mer ne cesse d'apporter des vases et des sédiments : 1,5 mm/an environ. En effet, la marée montante mobilise par forte tempête les fonds marins et les dépose par sédimentation à marée descendante, le rôle des diatomées n'étant sans doute pas neutre dans ce processus : la slikke monte, les marais salés progressent de 20 ha par an ; les herbes halophiles progressent, la salicorne en tête, puis le schorre s'installe avec ces obiones, puccinella, asters et autres laitues de mer : aux endroits où le schorre recule (cela arrive aussi), on peut voir à certains endroits jusqu'à un mètre de dépôts récents déposés en lits, chronologiquement datés par la marée de vive eau. Ces dépôts sont du sable coquiller et de la tangue (la tangue est ce calcaire blanc de granularité très fine 20 microns qui va former le marais blanc de Dol (environ 20 m d'épaisseur sur 100 km²).

Au Sud, l'eau à l'intérieur croupit et la tourbe se forme (le marais noir) : 15 km². Les photographies fausses couleurs révèlent immédiatement ce paysage.

Sur les zones en formation, on peut voir de manière assez caractéristique du point de vue géologique, le chenal creusé dans la tourbe ancienne “assez” résistante, le comblement de ce V par la tangue, puis quand l'assèchement progressif se produit, la tourbe se rétracte en s'affaissant, laissant apparaître la surélévation de la tangue (de 10 à 50 cm selon le chenal). L'analyse hydraulique du Guyoult confirme ce scénario assez bien connu.

Se rajoute à ce phénomène naturel la montée régulière de la mer, de 1,2 mm/an, ce qui justifie depuis l'holocène récent les 20 m de dépôt du marais blanc et l'emprise à l'intérieur des terres du Mont-Dol.

Poldérisation de la baie

Vient l'action de l'homme : on a besoin de nourriture, donc d'agriculture, donc de marais asséchés : il pleut trop ; il faut évacuer l'eau ; on ne cessera de favoriser l'écoulement de l'eau par drainage. Les moines y passeront leur Moyen Âge. Il faut se chauffer : les lambeaux de forêt disparaissent. Ceci dit, le phénomène est global à toute l'Europe : l'immense forêt tempérée a disparu, comme disparaissent actuellement celles de la savane et tropicale actuellement pour les mêmes raisons.

C'est donc, via les premières digues et vannes, l'empêchement de la mer à monter sur le schorre à pleine mer, et l'écoulement d'eau douce vers la mer en Basse mer ; premiers pas vers la conquête de nouvelles terres : symboliquement, de 1769 à 1969 : deux cents ans de poldérisation.

Henri Bertin contemporain de Turgot et des physiocrates croit à la domination-domestication de la Nature : concession est accordée à tout demandeur de “mer à poldériser” ; on a vu et admiré le travail hollandais. Quinette de la Hague se voit concéder de la Roche Torin à l'Est jusqu'à Broladre : hélas, trente ans à peine, et la mer et les divagations du Couesnon ont détruit toutes les digues, placées bien trop au large.

Deuxième tentative en 1856 : Mosselmann se voit attribuer cette fois de la chapelle Sainte-Anne jusqu'à la Roche Torin en passant juste au niveau de la Merveille. On canalise le Couesnon jusqu'au barrage de la Caserne et c'est gagné : les polders progressent le long du trait Sainte-Anne Mont-Saint-Michel ; tout un parcellaire est formé, jusqu'en 1934 au bord du chenal du Couesnon et du Barrage. Entre temps, l'île a cessé d'être une prison (Louis Auguste Blanqui et Armand Barbès y furent, entre autres, enfermés) et l'on songe de plus en plus à régulariser le déplacement des pèlerins vers le Mont-Saint-Michel. Une décision importante pour l'avenir du mont est prise.

Le barrage de la Caserne fut construit en 1969 sur le Couesnon et accentua le colmatage de la baie. Aujourd'hui, il est question de redonner au Mont Saint Michel son caractère insulaire en supprimant le parking situé au pied, en remplaçant le pont par une passerelle et en édifiant un barrage pour empêcher l'ensablement.

Les travaux de désensablement

  • Les travaux de désensablement de la baie du mont Saint-Michel ont débuté le vendredi 16 juin 2006.
  • Le projet de liaison ferroviaire est actualisé, mais de nombreuses incertitudes demeurent. Dans un rapport[1], le Conseil général des ponts et chaussées détaille les options possibles, en omettant la liaison ferroviaire établie entre 1901 et 1938.
  • En aout 2008, les quatre premières vannes sont opérationnelles à l'ouest du barrage, fonctionnant en portes à flots en attendant la livraison des quatre autres en cours de montage. À terme, la retenue d'eau constituée à marée montante sera lâchée à marée descendante, générant un effet chasse d'eau qui doit permettre le désensablement de la baie du Mont Saint Michel.[2] Certains détracteurs du projet font remarquer qu’il s’agit bien d’une « opération de rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel » [[2]] et non d’une opération de désensablement de la baie, cette opération étant alors uniquement menée dans un souci de marketing.

Écologie

La Baie du Mont Saint-Michel bénéficie de la Convention de Ramsar pour la protection des zones humides depuis 1994. Une superficie de 62 000 ha est ainsi classée.[3]

Le réseau Natura 2000 intervient sur deux classements différents : site FR2500077[4] et site FR2510048[5].

Faune

Phoque dans la baie

La Baie, classée Zone de Protection Spéciale (ZPS) pour les oiseaux est un site d'importance européenne[6] et d'importance nationale majeure pour les oiseaux locaux, pour les migrateurs et particulièrement pour les hivernants puisqu'il s'agissait en 2000-2005 du troisième site français en nombre d'hivernants accueillis chaque année (122 000 oiseaux, derrière la Camargue et le Bassin d'Arcachon qui en accueillaient respectivement 122 000 et 105 000)[7]

Flore

  • La progression du chiendent maritime provoque un appauvrissement des milieux naturels dans les marais salés. Les cours d'eau apportent de l'azote provenant des engrais utilisés dans l'agriculture.

La pratique de la pêche à pied

La pêche à pied consiste à tendre des filets ou casiers sur les grèves ou les rivières et à les manœuvrer. On pêchait autrefois des saumons, grâce à des barrages de filets tenus dans la rivière. Les mulets étaient pris avec un trémail posé sur des piquets ou en manœuvrant une senne. Pour les anguilles on utilisait des sortes de casiers appelés bourroches. Pour les crevettes grises, on pouvait pousser une bichette ou tendre sur des piquets une tesure ou (dzure), sorte de filet en forme d'entonnoir avec une ouverture rectangulaire.

Dzures dans la baie

Rien qu'en 1900 à Vains on dénombrait encore une cinquantaine de pêcheurs, les femmes ramassaient les coques. Une autre pêche à pied était la pêche à la fouine ( sorte de fourche artisanale large d'une dizaine de dents distantes de 7 cm munies d'un ardillon). La pêche consistait à marcher dans le lit du Cousnon ( de l'anse de Moidrey à Tombelaine )en descendant le courant à marée basse dans des hauteurs d'eau de 60 cmm à 1 m et de larder la tangue à chaque pas. Une vibration dans la fouine indiquait la prise d'une plie , sole ou anguille. il suffisait de se retourner face au courant , de relever la fouine et de ramasser la capture pour la mettre dans une hotte d'osier. Cette pêche se pratiquait dans les années 50 Une pêche au crassiers se pratiquait également sur le coté de la de Baie Roz sur Couesnon à St Georges de Gréhaigne à 4 ou 5 km sur la grève à marée basse. La pèche se faisait avec une houe agricole à 2 dents, ils s'agissait de casser les crassiers ( agglomérat de tangue et de coquilles ) pour y déloger des congres et crabes étrilles.

Les pêcheries

Les pêcheries dans la baie du Mont-Saint-Michel sont très anciennes (les premières dateraient du début du Bronze ancien et de récentes fouilles ont eu lieu tant dans la partie sud de la Baie sur l'activité de briquetage aux époques gauloises et gallo-romaines (Bizien-Jaglin, 1995), ainsi que sur l'occupation de la Butte de Lillemer et de son marais vers 4000 ans avant JC (Laporte et al., 2003).

Pour les pêcheries du nord-est de la Baie, elles sont surtout sur le secteur de Saint-Jean-le-Thomas et Champeaux. (Pour plus de précisions voir l'article sur l'archéologie des pêcherie)

Élevage des coquillages

L'élevage des coquillages se concentre essentiellement à l'ouest de la baie. On a d'abord élevé des huîtres en remplacement des huîtres sauvages qui ont disparu dans les années 1930.

Dans les années 1950 fut introduit l'élevage des moules.

Au total, la production annuelle de moules et d'huîtres s'élève à 25000 tonnes.

Les bateaux

  • Les doris sont d'usage courant, facilitant le départ d'une plage.
  • Entre Granville et Cancale, les plus gros bateaux de pêche traditionnels étaient les bisquines.

Les pèlerinages

Baie du mont.jpg

Le pèlerinage et la traversée des grèves pour se rendre à l'Abbaye du Mont-Saint-Michel a commencé dès le Moyen Âge[8]. De nombreuses voies montoises se rejoignaient à Genêts, d'où les pèlerins pouvaient traverser la baie en partant du bec d'andaine pour aller au Mont. La pratique des pèlerinage a repris au milieu du XXe siècle, et depuis une vingtaine d'années la traversée des grèves avec un guide est devenue une approche du Mont qui permet de découvrir la baie et qui connait de plus en plus de succès.

La baie attire aujourd'hui quelques trois millions de visiteurs par an.

Notes et références

Galerie de photographies

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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