William Baranès

Guillaume Dustan

Guillaume Dustan
Activité(s)	Écrivain
Naissance	28 novembre 1965 Paris
Décès	3 octobre 2005 Paris

Guillaume Dustan, né William Baranès à Paris le 28 novembre 1965, fils d'un psychanalyste, et mort à Paris le 3 octobre 2005, était un magistrat, connu comme écrivain, journaliste et éditeur français.

Guillaume Dustan suit le parcours classique Sciences Po-ENA) avant de se lancer dans une carrière juridique. Juge administratif, il dirige en 1994 avec Marie-Anne Frison-Roche La justice, l'obligation impossible pour la collection Morales des éditions Autrement. Il découvre sa séropositivité en 1989. En 1994, à Paris, il rédige son premier roman, Dans ma chambre qu'il corrige sur épreuves à Tahiti où, entre temps, il avait été affecté en tant que magistrat. Dans ma chambre est publié aux éditions POL en 1996, récit autobiographique d'un gay parisien qui évoque notamment les relations sexuelles non protégées entre homosexuels dans les années 1990.

En 1997, il quitte Tahiti, se met en disponibilité de son administration et, revenu en métropole s'installe à Toulon où il rédige un second récit, Je sors ce soir publié chez le même éditeur en 1997. En 1998 toujours chez POL il publie Plus fort que moi, dernier tome de ce qu'il considérait comme une trilogie.

Il crée alors la collection Rayon Gay aux Éditions Balland dans laquelle il publie en 1999, pour la première fois en France, Les Monologues du vagin. Le Rayon Gay deviendra par la suite Le Rayon. Ce sera la première collection entièrement LGBT éditée en France. Une cinquantaine de titres y seront publiés jusqu'à sa fermeture en 2003^[1].

L'échec financier de la collection Le Rayon, le pousse à demander sa réintégration dans l'administration où il reprend ses fonctions de juge administratif^{[réf. nécessaire]}.

Il reçoit le Prix de Flore en 1999 pour son roman Nicolas Pages.

La publicité vient avec la polémique sur le bareback. Act Up s'oppose à lui parce qu’il prône les relations sexuelles non protégées entre adultes consentants (ce qui est appelé le barebacking), et plus exactement le choix pour chacun de décider de se protéger ou non au même titre qu'il choisit sa propre destinée. Il est en 2001 attaqué par Act Up pour qui l'usage du préservatif s'impose forcément, et notamment Didier Lestrade, membre historique de cette association, sur ses positions à ce sujet.

Au printemps 2004, la revue de littérature contemporaine Écritures lui consacre un collectif intitulé « Dustan/Engagement ».

Il décède d'une intoxication médicamenteuse involontaire le 3 octobre 2005^[2].

Il est enterré au cimetière du Montparnasse, à Paris, le 14 octobre 2005.^{[réf. nécessaire]}

Littérature

Guillaume Dustan reconnaît plusieurs influences. Son style s'inspire incontestablement dans la littérature anglo-saxonne, qu'il préfère au classicisme français, « de droite », « bourgeois », etc. (Gide, Proust). Ainsi, ses trois premiers romans (Dans ma Chambre, Je sors ce soir, Plus fort que moi) se veulent-ils une adaptation au français du style anglo-saxon, plus souple, plus oral, moins académique, plus déconstruit, plus subversif ; avec tout ce que ça sous-tend en termes d'éclatement de la phrase, de libertés dans la ponctuation, la syntaxe et même les thématiques abordées (le corps, le sexe, la drogue, le moin etc.). L'influence la plus évidente est incontestablement celle de Bret Easton Ellis, que Guillaume Dustan a d'ailleurs interviewé, en n'oubliant pas de lui poser la fatidique question « Are you gay? » (réponse gênée de l'auteur américain... qui déclare avoir plus de choses à répondre à la question « Are you bi? »).

En revanche, Guillaume Dustan voue une admiration sans borne à Marguerite Duras, dont il salue la capacité à écrire avec du « mauvais français », à utiliser un style oral ; donnant ainsi l'impression que tout le monde peut être (doit être ?) écrivain, écrire sa vie et se raconter. Il apprécie aussi en elle la figure militante, capable de prendre la plume à un moment où être une femme écrivain et artiste était loin d'être courant (et accepté).

En termes de préoccupations littéraires, Dustan milite avec acharnement pour une écriture du corps, du sexe, de la drogue, de la danse, du mouvement, du moi ; une auto-fiction intégrale, sans aucun ajout romanesque ou fictionnel. La psychanalyse, l'auto-psychanalyse émaillent tous ses textes, de même que ses « coups » sexuels (il adore le Tricks du controversé Renaud Camus), le SM, la drogue (avec une préférence marquée pour l'ecstasy) ; la politique est également très présente.

La construction des romans de Dustan est très spécifique : il s'agit le plus souvent d'un saucissonnage de textes hétéroclites (récit, journal, articles, citations, courts essais), qui s'accompagne de variations dans la police des caractères (utilisation de l'italique, du gras, du souligné, changements fréquents de police). Dans Nicolas Pages, Dustan n'hésite pas à publier sur plus d'une dizaine de pages le journal tenu par sa grand-mère avant son décès, en respectant scrupuleusement la graphie de celle-ci (les innombrables fautes d'orthographe et de syntaxe, les ratures, etc.).

Politique

Difficile de classer politiquement le travail de Dustan... « Tout le monde en prend pour son grade » revendique-t-il lui-même dans Génie Divin. Et en effet, à lire tous les textes politiques ou polémiques de Dustan, force est de constater que les coups partent dans tous les sens, contre les « Juifs de gauche », les « moralistes d'Act-Up-Vichy » (association qui revendique pourtant un positionnement de gauche radicale), les « Juifs de droite », contre « l'ordre hétéro-nazi », etc.

Plus profondément, Dustan se revendique assez souvent de la philosophie libérale du droit, qui postule que chacun dispose en propre de son corps et a donc le droit d'en faire exactement ce qu'il veut, même de le dégrader (sa carrière de juriste explique cette fidélité à John Locke). Il voit dans ces principes hérités de la philosophie des Lumières le moyen d'assurer à tous et à chacun la plus grande liberté possible, tant qu'il y a consentement éclairé de la part des individus.

Le deuxième grand postulat politique qui traverse et structure tous les commentaires politiques de Dustan est un progressisme résolu, acharné, intraitable. Si l'écrivain ne cesse de stigmatiser la société bourgeoise, l'hétérocratie et le retour de l'ordre moral, il n'arrête pas non plus de dire que « tout va changer », que la société est lancée à pleine vapeur, comme une locomotive, dans des processus d'épanouissement, d'individuation, de jouissance collective. Pour Dustan, il n'y a aucun doute : l'avenir sera meilleur ; bientôt, les drogues seront légalisées ; chacun disposera librement de son corps, les sexualités vont s'éclater et se démultiplier, les névroses reculer, les familles se désintégrer dans une nouvelle société épanouie et fondée sur la jouissance. Maintenant, tout le monde est « branché », se réjouit-il, tout le monde veut « devenir une star ». Ainsi, et très paradoxalement, il est possible de dire que la littérature de Dustan est marquée par un optimisme viscéral.^{[réf. nécessaire]}

Œuvres

• (sous son véritable nom) « Le Droit naturel », in la Justice, l'obligation impossible, dirigé par William Baranès et Marie-Anne Frison-Roche, 1994, Éditions Autrement, Série « Morales » n°16 ISBN 2862604852
• Dans ma chambre, 1996, Éditions POL, ISBN 2867445256
  • Traduction en anglais In My Room (High Risk Books), 1998, London : Serpent's Tail, ISBN 1852425903
  • Traduction en espagnol En mi cuarto, 1999, Barcelona : Edicion Mondadori, ISBN 8439703767
• Je sors ce soir, 1997, Éditions POL, ISBN 2867445795
• Plus fort que moi, 1997, Éditions POL, ISBN 2867446341
  • Traduction en allemand Exzess, 1997, Berlin : Bruno Gmunder Verlag, ISBN 3861870940
• Nicolas Pages, 1999, Éditions Balland, ISBN 2715812302 (2001, J'ai lu, ISBN 229031224X)
• Génie divin, 2001, Éditions Balland, ISBN 2715813546 (2002, J'ai lu, ISBN 2290319910=
• LXiR ou Dédramatisation La Vi Cotidièn, 2002, Éditions Balland, ISBN 2715813880
• Dernier roman, 2004, Éditions Flammarion, ISBN 2080685139
• Bordel n°3 : Ouvert à tous (par Stéphane Million, Guillaume Dustan, Joëlle Cuvilliez, et Philippe Bourgoin), 2004, Éditions Flammarion, ISBN 2080687131
• Premier essai, 2005, Éditions Flammarion, ISBN 2080687204
• dustan/engagement, écritures n°14 (collectif), 2005, Éditions 5c/écritures, ISBN 2930402199

Filmographie

• Enjoy (Back to Ibiza) (2001, 120 minutes), projeté le 25 octobre 2007 à La Fémis, et distribué par le peuple qui manque (http://www.lepeuplequimanque.org)

Exposition photographique

• Mon beau gars l'est, Guillaume Dustan (sodomie électrique), photographies d'Hervé Joseph Lebrun, 17 mars - 7 avril 2000, Pause-Lecture, 61 rue Quincampoix, 75004 Paris

Liens externes

• Longue chronique, analyse et extraits du roman "Nicolas Pages", prix de Flore 99, de Guillaume Dustan
• Dossier spécial du magazine Illico : "Le cas Dustan"
• Biographie de Guillaume Dustan du magazine Illico
• Fiche auteur chez son éditeur P.O.L.
• Interview de Guillaume Dustan par Fluctuat.net
• Hommage des éditions Hermaphrodites à Guillaume Dustan
• Dossier de presse de la revue Ecritures contenant images et voix de Guillaume Dustan
• Article de la revue @nalyses
• Collectif "Dustan/Engagement" publié par écritures au printemps 2004.
• "Oublier Dustan" nécrologie publiée par Act Up-Paris le 23 novembre 2005.
• Thierry Ardisson reçoit Marc Edouard Nabe et Guillaume Dustan sur Paris Première dans l'émission Rive Droite/Rive Gauche en 1999. Ils débattent sur le mouvement queer et l'homosexualité.

Notes et références

1. ↑ « Le Rayon ne tourne plus rond », octobre 2001.
2. ↑ Source: http://www.tetu.com/rubrique/infos/infos_detail.php?id_news=8421&date_info=2005-10-10

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