Vidéo-jockey

Vidéo-jockey
Exemple de prestation de Vjing

Un vidéo-jockey (anglicisme), abrégé sous le sigle VJ, est une personne qui est à l'origine d'une animation visuelle projetée sans plus d'indications sur les techniques utilisées ou les choix graphiques effectués.

Le VJing est un terme large qui désigne la performance visuelle en temps réel. Les caractéristiques du VJing sont la création ou la manipulation de l'image en temps réel via la médiation technologique et en direction d'un public, en synchronisation avec la musique. Le VJing a souvent lieu dans des évènements comme des concerts, clubs, festivals de musique, et en général associé à une autre performance artistique. Cela donne lieu à une performance multimédia qui peut inclure de la musique, des comédiens ou danseurs en même temps que de la vidéo live ou pré-enregistrée.

Dans les pays anglophones, le terme a été popularisé par MTV qui utilisait le terme de VJ pour désigner la personne qui animait et présentait les diffusions de clips vidéo, mais ses origines datent des clubs new-yorkais des années 70[1],[2].

Le sigle VJ vient de la contraction du mot latin « video » (« je vois ») et de l'anglais « jockey » (conduire, manœuvrer), s'inspirant ainsi du terme DJ, propre à la musique. Le sigle tendant à devenir un mot en soi, il peut se décliner sous différentes formes telles qu'un verbe : VJer ou faire du VJing (créer l'animation visuelle). De même, les variantes employées pour désigner les vidéo-jockeys sont légion : visual jockey, visu (contraction de « visuels »), veejay ou encore vijay. [réf. souhaitée]

Un des éléments clés de la pratique du VJing est le mix en temps réel de contenus provenant d'une "librairie de médias", venant de cassettes VHS, de DVD, de fichiers vidéo ou image, d'une caméra, ou de visuels générés par ordinateur. En plus de la sélection de média, le VJing implique principalement le traitement en temps réel de la matière visuelle. Le terme est aussi utilisé pour décrire l'usage performatif de logiciels génératifs, bien que le mot "devienne douteux (...) puisqu'aucune vidéo n'est mixée[3]".


Sommaire

Historique

Historiquement le VJing fait référence à des formes artistiques qui mélangent l'image et le son. Ces références historiques sont précédées par d'autres formes artistiques audiovisuelles plus anciennes comme le clavecin oculaire, la chambre noire, la lanterne magique, les shows lumineux...

Le clavecin oculaire, ou orgue de couleur, est un mécanisme permettant de faire correspondre des couleurs à des sons par des moyens mécaniques et électromécaniques. Sa première description fut faite par Louis Bertrand Castel en 1735. Il prétendait affecter l'œil par la succession des couleurs, comme le clavecin affecte l'oreille par la succession des sons.

Dans les années 1960 à San Francisco, des spectacles visuels donnés par des collectifs d'artistes comme The Joshua Light et The Brotherhood of Light, inspirés par la Beat Generation, ont accompagné les concerts de The Grateful Dead. The Exploding Plastic Inevitable, organisé par Andy Warhol, a également contribué à la fusion de la musique et de l'image dans un contexte festif. Dans les clubs et les évènements privés "les gens utilisaient des liquides rétroprojetés, des boules disco et des projections de lumière sur de la fumée pour donner de nouvelles sensations au public. Certaines de ces expériences étaient liées à la musique, mais la plupart du temps elles n'étaient que des décorations[4]". Elles furent appelées "liquid light shows".

A la fin des années 1970 la collaboration entre la musique et la vidéo devint plus proche. Des groupes comme Cabaret Voltaire commencérent à utiliser du matériel de montage vidéo peu cher pour créer leurs propores visuels pour leurs travaux sonores. Quelques groupes commencèrent à régulièrement montrer des images pendant leurs concerts.

L'usage écrit du terme « vidéo-jockey » a fait son apparition sur la fiche de paye de Merrill Aldighieri en mai 1980 dans une boite de nuit à New York, appelée HURRAH. Elle a improvisé en interprétant la musique du DJ en temps réel avec l'aide d'une installation vidéo, de projections de caméras vidéo live, de cassettes vidéos variées, et de trucages multimédia avec les miroirs et projections de boucles 16 mm.

L'expansion de la musique électronique et de la culture DJ a fourni plus de possibilité pour les artistes de créer des visuels live sur des évènements. La popularité de MTV entraina une plus grande et une meilleure production de vidéos musicales, et de nombreux clubs commencèrent à diffuser des clips vidéos comme une partie du divertissement et de l'atmosphere.

L'idée d'associer animation visuelle et environnement sonore n'est pas récente mais les possibilités techniques qui permettent de le réaliser — facilement et sans moyens extraordinaires — sont, elles relativement récentes. Il est donc logique que l'évolution du VJing soit liée de près aux avancées technologiques et à leur diffusion, même si toutes les techniques restent utilisées dans l'exercice de la discipline des plus obsolètes — projections de diapositives — aux plus récentes - projections assistées par ordinateur.

Une prestation de VJing

Les précurseurs travaillaient avec des projecteurs de diapositives, super-8 ou 16 mm, dont l'installation tenait souvent de la prouesse, entre le nombre de projecteurs déployés, les racks de diapositives et les systèmes d'obturation plus ou moins artisanaux. Malgré son origine historique, ce type de VJing a encore cours et permet des habillages impossibles avec les vidéo-projecteurs modernes.

L'avènement du magnétoscope permit enfin de déplacer et recréer de mini-studios de montage en temps réel : une table de montage - plus ou moins artisanale -, quelques magnétoscopes, plusieurs kilomètres de bandes et le tour était joué, mais ce choix rencontra assez vite ses propres limites en raison des difficultés de déplacement et surtout de la place nécessitée par l'installation de plusieurs racks de magnétoscopes.

C'est évidemment l'ordinateur, l'accès pour tous à la technologie, qui permit vraiment de développer le VJing, permettant de mettre en œuvre des stations de montage ou mixage virtuelles et surtout permettant de limiter en termes de place physique le stockage des banques vidéos.

L'essor de l'imagisme est fortement lié à l'émergence et au succès de la scène techno qui a créé de nouveaux espaces festifs valorisant autant l'esthétique que l'acoustique.

Projection assistée par ordinateur

Exemple de prestations de VJing

L'ordinateur est l'outil de prédilection des VJ depuis la fin des années 1990, même si les autres pratiques comme l'utilisation de diapositives sont toujours d'actualité, notamment pour les habillages qu'elles permettent surtout en extérieur.

Cet usage massif de l'ordinateur a permis le développement d'importantes communautés sur le web qui sont à l'origine de nombreuses réflexions sur la scène VJ et son avenir et qui permirent la mise en place de plusieurs cycles de festival comme AVIT ou Contact-Europe.

Les formats

Les logiciels autorisent la plupart des formats. On peut les diviser en deux grandes catégories :

  • L'imagerie traditionnelle numérisée, qui comprend tous les types d'encodages autant pour les images que pour les vidéos ;
  • L'imagerie générée par ordinateur qui comprend le format Flash, la 3D mais aussi la génération de fractales.

Les VJ peuvent choisir de ne travailler qu'avec une seule sorte d'imagerie autant qu'en les mélangeant toutes.

Les logiciels

Tout existe, du plus simple au plus technique.

  • Les logiciels avec analyse de sons : il s'agit pour la plupart de plugs ajoutés à des logiciels d'édition audio qui permettent de faire boucler aléatoirement des séquences prédéterminées ou non avec détection automatique du BPM.
  • Les tables de mixage vidéo virtuelles : il s'agit de logiciels recréant un studio de montage virtuel — plus ou moins technique en fonction du logiciel — ainsi ces logiciels permettent de mixer entre plusieurs canaux vidéos.
  • Les synthétiseurs visuels virtuels : il s'agit de logiciels aux fonctions avancées et techniques, permettant d'attribuer certaines fonctions à certaines touches du clavier de l'ordinateur afin de créer une sorte de « clavier visuel » qui pourrait se résumer d'une façon simpliste par « j'appuie sur une touche, je déclenche une vidéo ».

Le matériel

Là aussi, les avancées technologiques ont beaucoup fait et on peut désormais brancher à peu près tout sur un ordinateur et donc le piloter avec un clavier midi comme avec un joystick (manche à balai, au Québec), en passant par les tables de mixage ou de montage ou les platines CD virtuelles.

Certains logiciels fonctionnent sur des lecteurs multimédia portables, proposant ainsi une alternative à l'ordinateur.

Coût et contraintes de l’équipement

Le coût dépend des buts et des moyens dont on dispose : le matériel vidéo professionnel reste cher.

Pour commencer, il faut un ordinateur avec sortie vidéo (de préférence portable), un logiciel d'imagisme (il en existe autant pour Mac que pour Windows) et un téléviseur pour voir le résultat.

Les projecteurs vidéo sont de plus en plus abordables, mais demeurent souvent insuffisants pour de grandes salles de spectacles. Une solution consiste à en louer selon les circonstances. On considère que pour des spectacles nocturnes, les projecteurs peuvent fournir entre 2 000 et 50 000 lumens selon la taille des écrans et la luminosité ambiante.

L'idéal est aussi de posséder un caméscope et un logiciel de montage pour créer ses propres boucles.

Une étape supplémentaire nécessite d'acquérir une surface de contrôle (midi ou DMX) pour commander son logiciel en temps réel.

Ensuite, on en arrive au lecteur DVD ainsi que d'autres sources vidéo externes, aux vidéo mixers, aux vidéo-effecteurs, à un deuxième ordinateur, à plusieurs caméras de scène, écrans, etc.

En 2008, le budget de départ se situe entre 300 et 600 euros pour du matériel neuf et la moitié pour de l'occasion.

Débat récurrent

Depuis l'avènement de l'ordinateur comme outil de prédilection et du fait, des communautés qu'il a permis de faire émerger, de nombreuses réflexions sont venues alimenter la scène VJ et on pourrait les résumer en un seul débat, à savoir pour ou contre la présence de sens dans les mix visuels.

Prônant une professionnalisation de la scène, certains VJs placent le sens comme point essentiel d'une qualité globale de mixte, envisagé dans son ensemble et sous un angle narratif.

Inversement d'autres VJ défendent l'idée qu'étant principalement né de la scène technologique qui vide de sens ses compositions afin de laisser la liberté à chacun d'y placer le sens qu'il voulait, la scène VJ doit continuer dans cette ligne de conduite.

Enfin, à l'intérieur même du débat sur le sens, d'autres débats se mêlent, certains VJ se désignent eux mêmes comme des Political-VJ avec pour ambition de transformer le club en média d'où doivent naître des réflexions sociétales et par extension un tissu social plus fort en utilisant des boucles à forte connotation politique au sein de leur mixte vidéo.

Les grandes écoles

Outre le récurrent débat sur la présence de sens ou non dans les mixtes visuels, il se distingue quelques « grandes écoles », chacune ayant logiquement des logiciels et du matériel de prédilection pour ne pas dire ouvertement dédiés.

  • VJ-DJ : on se rapproche au plus de la démarche du DJ : le DJ mixe avec deux pistes, donc le VJ mixe avec au moins deux sources (toutes les sources sont possibles, depuis le mixage de plusieurs VJ pour le plus technique à plusieurs magnétoscopes pour le simple).
  • VJ-artiste vidéaste : on se rapproche d'une création artistique bien plus que d'habillage visuel. Les séquences utilisées sont des originaux et la prestation repose plus sur la création effective des visuels que dans le mixte visuel.
  • VJ-visucien : on se rapproche de la démarche des live-acts en musique, à savoir de la création assistée par ordinateur en temps réel. La prestation repose beaucoup plus sur le concept de temps réel et donc d'adaptabilité du mixte. Cela permet une interaction avec d'autres artistes, par exemples musiciens, danseurs, ou poètes improvisateurs.

Des mélangeurs vidéos analogiques ou basés sur ordinateur, des ordinateurs munis d'interfaces de contrôles (reliés éventuellement en clusters) produisant de la vidéo, des magnétoscopes et des caméras peuvent être associés.

  • VJ-développeur/concepteur : on élabore soi-même son outil, que ce soit la conception de hardware de mixage ou la conception de logiciels dédiés.

Le concept d'instrument vidéo se développe actuellement et on remarque des recherches sur : la modification/altération de générateurs de vidéo (anciennes consoles de jeu, cameras, magnétoscopes,..) par des court-circuits ou des passages de courants non prévus, contrôlés a l'aide de potentiomètres, faders, ou capteurs divers..

La conception de tangible interfaces (écrans tactiles et/ou mobiles localisés + solution logicielle) pouvant être adaptées à la vidéo.

La construction d'instruments vidéo mécaniques, basés sur des lampes variables, des filtres mécaniques, des calques d'animation,.. et une mini caméra pour assurer l'amplification.

Quelle que soit l'école, le travail du VJ est un travail qui s'effectue avant tout en amont, tant dans la recherche que dans la création propre des visuels ou des outils.

Artiste et technicien

Le VJ doit être considéré, non seulement comme un artiste, mais aussi comme un technicien. Quels que soient les moyens et les techniques de projections qu'il a choisi, il est responsable du bon fonctionnement de son matériel et donc nécessairement apte à le réparer dans des délais les plus brefs. Il doit être capable de s'adapter à diverses contraintes techniques. Il doit aussi être capable d'élaborer le matériel nécessaire au mix vidéo : création de boucles vidéo, acquisition vidéo, sampling vidéo, création d'animations, création d'images fixes, manipulation de caméra en temps réel.

On trouve des performances de VJing dans des endroits aussi variés que des concerts, des spectacles, des discothèques, des galeries d'art, des salons, des manifestations événementielles, des représentations théâtrales, etc. Les prestations vont de la performance artistique éphémère et unique au clip publicitaire.

Notes et références

  1. Dekker, Anette (May 2006) [2003], "Synaesthetic Performance in the Club Scene", Cosign 2003: Computational Semiotics, retrieved 07 May 2010
  2. "The term VJ was first used at the end of the 1970s in the New York club Peppermint Lounge" - Crevits, Bram (2006), "The roots of VJing - A historical overview", VJ: audio-visual art + VJ culture (London: Laurence King), retrieved 11 May 2010
  3. Watz, Marius (2006), "More Points on the Chicken: and new Directions in Improvised Visual Performance", vE-jA: Art + Technology of Live Audio-Video (San Francisco: h4SF): 7
  4. Dekker (2006)

Voir aussi

Bibliographie

  • Hors-Série LIVE A/V Performances Audiovisuelles, revue mcd (Musiques et Cultures Digitales), 2010.
  • Amerika, Mark, 2007. Meta/Data: A Digital Poetics. Cambridge: MIT Press. ISBN 978-0-262-01233-1
  • Dekker, Anette (2006), Synaesthetic Performance in the Club Scene, Cosign 2003: Computational Semiotics.
  • Eskandar, Xárene (ed), 2006. vE-jA: Art + Technology of Live Audio-Video. San Francisco: h4SF. ISBN 978-0976506058
  • Faulkner, Michael / D-Fuse (ed), 2006. VJ: Audio-Visual Art and VJ Culture. London: Laurence King. ISBN 978-1856694902
  • Lund, Cornelia & Lund, Holger (eds), 2009. Audio.Visual- On Visual Music and Related Media. Estugarda: Arnoldsche Art publishers. ISBN 978-3-89790-293-0
  • Spinrad, Paul, 2005. The VJ Book: Inspirations and practical Advice for Live Visuals Performance. Los Angeles: Feral House. ISBN 1-932595-09-0

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