Usine à galets

Usine à galets

Tréguennec

Tréguennec
Administration
Pays France
Région Bretagne
Département Finistère
Arrondissement Quimper
Canton Pont-l'Abbé
Code Insee abr. 29292
Code postal 29720
Maire
Mandat en cours
Claude Boucher
2008-2014
Intercommunalité
Démographie
Population 338 hab. (2006[1])
Densité 35 hab./km²
Gentilé Tréguennecois, Tréguennecoise
Géographie
Coordonnées 47° 53′ Nord
       4° 20′ Ouest
/ 47.88, -4.33
Altitudes mini. 0 m — maxi. 53 m
Superficie 9,61 km²

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Voir la carte administrative

Tréguennec est une commune riveraine de la baie d'Audierne, du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France.

Sommaire

Monuments

Batiments de production.JPG

Au lieu-dit de Prat ar Hastel se trouve un énorme mur de 2 mètre d'épaisseur sur 150 mètres. Ce sont les vestiges de "l'usine à galets", bâtie en 1943, qui fabriquait le gravier pour une grande partie du mur de l'Atlantique. À ces vestiges s'ajoutent les ruines des trémies, des bâtiments du concasseur principal et les bunkers.

Plan approximatif des souterrains de l'ensemble.

Aux alentours sont éparpillés des tobrouks, c'est-à-dire des puits à mortiers ou mitrailleuses, et des blockhaus pour Mg42.

Cet ensemble ressemble à une piste d'atterrissage sur une photo satellite 47°52′31.83″N 4°21′14.87″O / 47.8755083, -4.3541306

État des lieux

Vue générale du camp

Un cordon dunaire, long de 10 kilomètres est situé dans la Baie d'Audierne, entre Penhors et la pointe de la Torche. Il était initialement formée d'un cordon de galets, graviers et sable dont le sommet avoisinait la cote +8,00 en s'abaissant par endroit à la cote +7,00 par rapport au zéro des cartes marines de Penmarc'h. La largeur du cordon était de 50 mètres. Bien avant la seconde guerre mondiale, la fragilité de ce secteur avait été reconnue et un arrêté préfectoral de mars 1934 avait interdit toute extraction côtière sur le territoire de la commune de Plovan.

En 1942, les Allemands installent un camp TODT[2] à Tréguennec et procèdent, à partir de cette date, à d'importantes extractions de galets dans le but fournir des matériaux de construction pour le mur de l'Atlantique en particulier et pour les ouvrages locaux en général : L'embranchement de voie Pont l'Abbé-Tréguennec, l'extension de la gare à Quimper, la création d'un doublement de voie à la gare de Tréméoc, ainsi que la création de l'ensemble des casemates et bunkers du secteur Finistère-sud.

Le camp, dans sa version finale, comprend une usine de stockage et de concassage de galets défini comme suit :

  • Un bâtiment de concassage de 20m x 13m, à deux étages, en béton et en briques. Il comporte :
    • quatre silos de chargement (toujours visible)
    • Un portique de pont roulant
    • Un concasseur vertical à cylindre giratoire
    • trois concasseurs horizontaux à mâchoires
    • divers moteurs.
  • Un silo à trois compartiments, 10m x 5,40m, 5 trémies en béton armé (toujours visible) avec :
    • Un élévateur à matériaux
    • Un trieur
    • Un moteur électrique.
  • Un massif de béton armé pour le chargement, avec 5 silos cribleurs (le fameux « mur » toujours visible)
  • Une trémie isolée, en bois (disparue)
  • divers baraques et hangars en briques, bois ou tôle, qui servaient à abriter treuils, transformateurs, outillages divers etc.
  • Du gros matériel d'exploitation :
    • Un bulldozeur Caterpillar, pour remonter les galets vers la pelle
    • Deux pelles Weserhutte, pour charger les wagonnets
    • Une loco Decauville
    • 35 wagonnets de 0,75 m3 en bon état
    • 95 wagonnets de 0,75 m3 défectueux
    • Un tracteur BILLARD type T 75D
    • Un Tracteur HENSCHEL type 222
  • Une série de claies métalliques destinées au crible des galets.
  • Une voie de chemin de fer de 11,930 km, nommée « embranchement de Tréguennec », reliant l'usine à une gare, située sur le plateau de Pen-Enez près de Pont l'Abbé.

L'extraction sous l'occupation

Le bunker ouest du camp

L'extraction commence en 1942.Sur le cordon dunaire, une pelle à câble WESERHUTTE, alimentée par un bulldozeur Caterpillar qui remontait les galets vers elle, emplissait des wagonnets. Ces derniers, tirés par la loco DECAUVILLE, suivant la voie ferrée de chantier qui remontaient de la plage jusqu'en haut du mur en béton. Du sommet, ils déversaient leur contenu dans trois, puis plus tard cinq trémies filtrantes. Les plus petits galets, directement utilisable comme matériaux de construction, tombaient dans des wagons qui attendaient au pied du mur. Les autres galets, trop gros pour servir en l'état, étaient stockés en arrière pour concassage. L'extraction effectuée sous l'occupation a été de l'ordre de 50 m3 par mètre courant de dune. Le sommet du cordon dunaire ne s'est pas sensiblement abaissé mais l'emprise de la dune s'est retrouvée réduite de 50 à moins de 30 mètres en certains points.

Un rapide calcul permet de se rendre compte que 10 kilomètres de cordon dunaire sur lequel sont prélevés 50 m3 par mètre courant, donne 500 000 m3 de galets. Une masse moyenne des matériaux située aux alentours de 2.6 affiche un résultat qui permet d'affirmer que le prélèvement global sur le cordon dunaire se situe autour du million de tonnes.

La ligne Pen-Enez Tréguennec

En Août 1941, l'embranchement à voie normale est mis en chantier. Avec 1,463 m d'écartement entre rails, il se compose de plusieurs parties : La première de 9 kilomètres 450 est entièrement neuve et créée par l'entrepreneur pour l'infrastructure de l'autorité allemande : Fa Dr. Ing. Rathjens, Tiefbauunternehmung. Cette première partie, nommée « zum Neubau einer normalspurigen Kietransportbahn von Pont l'Abbé zum Ozean » part du camp Todt et rejoint l'ancienne plateforme de la voie Pont l'Abbé-Audierne. Les rayons des courbes sont de 300 mètres sauf le dernier sur du canal d'évacuation de l'étang de St Vio, fixé à 500 mètres. Cette voie normale traverse les différentes routes en 6 points appelés Passages à Niveau (PN) numérotés :

  • Le n° 540 sur le VO n° 7
  • Le n° 539 sur le VO n° 5 de Plonéour près de Méjou-Roz et Kervouyen
  • le n° 537 sur le CD n° 57 reliant Plonéour à St Jean Trolimon au-dessus de Kerneizant
  • le n° 538 sur le VO n° 124 entre Kerignon et Penarpont
  • le n° 536 sur la départementale n° 25 reliant Plonéour à Pont l'Abbé, près de Kervant
  • le n° 535 sur le VO n° 14 près de Penisquin.

A la libération

la pelle WESERHUTTE. En arrière plan les trémies

Quimper est libéré en aout 44, Brest en septembre de la même année. Le camp de Tréguennec est abandonné par les Allemands. Les installations sont saccagés tant par l'ennemi que par les vols importants au moment de la libération. Le camp est récupéré par le gouvernement de l'époque. Le stock de galets laissé sur place est considérable[3] et l'état des installations est jugé suffisant pour permettre à peu de frais de le remettre en marche afin de satisfaire aux besoins considérable de la reconstruction. A Brest notamment, la remise en état des ouvrages portuaires, complètement démolis par l'ennemi, présente un caractère d'urgence pour les besoins vitaux du pays.

Il était impossible en effet de se procurer les matériaux concassés nécessaires dans les carrières du département, ces dernières ne pouvant déjà subvenir aux besoins des chantiers rails et routes. D'autres part, en raison de la présence du stock laissé par les Allemands sur le site de Tréguennec, une économie considérable pour l'État peut être réalisée, étant entendu que cette installation ne devait servir que jusqu'à l'épuisement du stock de galets extrait par l'occupant.

Plan du camp. La longueur des réserves de galets est impressionnante

En janvier 45, quatre entreprises sont susceptibles de pouvoir remettre le chantier en activité :

  • Marc de Brest
  • Delhommeau de Candé dans le Maine et Loire, installé sur Quimper
  • Goarnisson de St Thégonnec
  • La société française du Vialit, de Paris

En octobre 45, le projet de marché avec la société française du Vialit est soumis au ministère de la reconstruction. Dans le même temps Brest commence à manquer de matériaux. A Tréguennec, les travaux de remise en état du matériel, endommagé par les Allemands lors de leur départ, nécessite l'utilisation d'une quantité assez importante de métaux ferreux, demandant à être couvert par des bons-matière[4]. De plus, il faut récupérer du matériel provenant du camp TODT, entreposé par les FFI à l'école libre de Plonéour-Lanvern et transporté fin novembre 44 au parc d'artillerie de Lanniron à Quimper. (treuils, tapis, moteurs électriques, courroies) En février 46, le métré des deux réserves de galets récupéré sur le cordon dunaire durant l'occupation et laissé sur le site du camp de Tréguennec s'établit comme suit :

  • galets de 0,03 à 0,10 : 90 700 m3
  • galets de 0,01 à 0,06 : 3 000m3

Le levé de plan ci-dessus montre les réserves impressionnantes de galets. Les tas s'étirent vers l'est jusqu'au chemin départemental. Ces réserves étant disposées de telle manière que le bunker situé du coté haut du camp puisse garder un maximum de visibilité.

La période de reconstruction

L'entrée du camp TODT vue de l'ancienne carrière communale

En mai 46, le marché est signé avec la société française du Vialit. L'exploitation de concassage de Tréguennec doit produire une moyenne journalière de 150 tonnes de gravillons destiné principalement la reconstruction du port et de la ville de Brest. Une autre partie sera ventilé sur tout le département afin de remettre les chaussées en état. L'exploitation se fait uniquement sur le stock laissé sur place par les Allemands.

Les premières livraisons officielles pour Brest auront lieu au cours de l'été 46 à la gare du Relecq – Kerhuon. Dans la même période, l'entreprise découvre des obus de 77 et de calibres inférieurs non éclatés dans les tas de matériaux. Le service de déminage dépêche deux PGA[5] munis de détecteurs, près de la pelle mécanique qui effectue le chargement. Quelques engins sont repérés et enlevés avant le concassage. En octobre 46, Tréguennec approvisionne en ballast le chantier de mise à voie normale de la voie ferrée Pont l'Abbé St-Guénolé. Parallèlement, certains établissements envisagent de s'installer dans la région pour créer un chantier de fabrication de poutrelles et hourdis précontraints afin de desservir les villes sinistrées de St-Nazaire à Cherbourg. Le problème est de savoir si une fois le stock épuisé, le chantier de concassage pourra continuer en exploitant ... le cordon dunaire.

Décembre 46, Tréguennec tourne à plein rendement. Il emploie 26 ouvriers qui travaillent 10 heures par jour, 6 jours sur sept. Mais la voie ferrée, sans entretien, commence à donner des signes de faiblesse. Face au chantier de Tréguennec se trouve une carrière non exploitée appartenant à la commune. il serait intéressant de pouvoir en tirer les matériaux nécessaires aux routes de la région car leurs remises en état nécessite la mise en oeuvre d'une importante quantité de pierre cassée et un apport provenant de cette carrière située en face des installations de Tréguennec serait le bienvenu. L'accord avec la mairie ne pourra se faire. En décembre 46, la SNCF rend son rapport : L'état de l'embranchement Pen-Enez Tréguennec est catastrophique par manque d'entretien. Grands nombre de traverses sont à changer rapidement, l'herbe pousse entre les rails et l'élagage des bords de voies devient très urgent . Le 28 février 47 un train de gravier déraille à 1 kilomètre de Pen Enez, le 6 mars la machine 230,404 déraille de 3 essieux dans le chantier. La remise en état sommaire sera faite en mai par la Société DUMEZ . Dans le même temps, Brest fait part de l'importance de ses besoins en gravillons, mais la production de ballast, déjà insuffisante pour alimenter le chantier de mise à voie normale de la voie ferrée Pont l'Abbé St Guénolé, ne pourra être suspendue qu'une fois l'entreprise parvenu à la gare du Guilvinec.

La fermeture

Les bâtiments tels qu'en 1947

Eté 47, la reconstruction bat son plein. Les deux tiers du stock allemand sont épuisés. L'administration est face à deux choix : Arrêter le chantier et démonter l'installation après épuisement du stock, ou au contraire, poursuivre le concassage grâce à de nouvelles extractions de l'ordre de 80 000m3 sur le cordon littoral. Le rapport stipule que les besoins en matériaux pour la reconstruction sont immenses et que les carrières sont toujours dans l'impossibilité de faire face aux demandes. Il serait donc économiquement avantageux de poursuivre l'extraction, si le service maritime estime que ces prélèvements ne sont pas incompatibles avec la sécurité des régions voisines, car le cordon littoral est aussi un cordon de protection en maintes endroits. La réponse du service maritime est sans équivoque : L'extraction massive effectuée par les Allemands a eu pour effet d'affaiblir dangereusement la dune et tout nouveau prélèvement serait susceptible de causer sa rupture et d'entrainer la submersion des terres riveraines. L'exploitation s'arrêtera donc à l'épuisement du stock c'est-à-dire vers la fin de l'année 47. En septembre les travaux de mise à voie normale de la ligne Pont l'Abbé st-Guénolé se terminent. En octobre le concasseur tombe en panne sur une dizaine de jours et le stock de galets est épuisé début décembre. Il reste à épuiser les matériaux concassées.

Les grandes marées de février 48 auront raison du cordon dunaire en particulier la section de 2 km comprise entre le chantier et l'étang de Trunvel. Et le samedi 21 février 48, l'administration ferme officiellement le site.

L'ensemble des installations du site seront démontés et vendus par les domaines 20 mois plus tard, le 5 octobre 49 à 14h 30 au cours d'une « vente aux enchères verbales et soumissions cachetées ».

Histoire

Cette commune est connue pour des faits liés à la Révolte des Bonnets Rouges en 1675.

Notes et références

  1. populations légales 2006 sur le site de l’INSEE
  2. Organisation Todt: Organisation crée en 1933 par Fritz Todt ayant pour but la réalisation des grands travaux décidés par le Reich. C'est elle qui fut chargée de la construction du Mur de l'Atlantique.
  3. Le plan joint en annexe montre qu'à la libération le tas de galets partait de l'usine et rejoignait le chemin départemental 156, à l'est
  4. Les artisans touchaient des bons matière, très restrictifs, pour obtenir les matériaux nécessaires à leur activité, ciment, acier ....
  5. Prisonniers de Guerre Allemand. Le PGA est en principe un volontaire affecté au service du déminage créé en 1945 par le Général de Gaulle. C'est le ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme ( MRU ) qui le prend en charge .

Voir aussi

Liens externes

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