Union générale tunisienne du travail

Union générale tunisienne du travail
Union générale tunisienne du travail
Nom natif الاتحاد العام التونسي للشغل
Fondation 20 janvier 1946
Pays Drapeau de Tunisie Tunisie
Tête Abdessalem Jerad
Affiliation CISL
CSI
Site web www.ugtt.org.tn/

L'Union générale tunisienne du travail (UGTT) (الاتحاد العام التونسي للشغل) est la principale centrale syndicale de Tunisie.

Fondée le 20 janvier 1946 par Farhat Hached, son siège est à Tunis. Elle regroupe les travailleurs manuels et intellectuels ainsi que les retraités. Ceux-ci sont répartis en 24 unions régionales, 19 fédérations et 21 syndicats généraux.

L'UGTT est affiliée à la Confédération internationale des syndicats libres puis, dès novembre 2006, à la Confédération syndicale internationale.

Le journal Echaâb (« Le Peuple ») est l'organe principal et le porte-parole de l'UGTT.

Sommaire

Histoire

L'UGTT devient, au lendemain de l'indépendance en 1956, le principal contre-pouvoir au régime de parti unique. L'omnipotence du Parti socialiste destourien, ancêtre de l'actuel Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), et l'absence d'une opposition structurée et dynamique contraignent la centrale syndicale à servir d'espace de contestation.

Elle ne tarde pas à essuyer les foudres du régime : les crises de 1978 et de 1984-1985 tournent à la confrontation ouverte avec le pouvoir et affaiblissent l'organisation. Au congrès de Sousse, en 1989, la centrale finit par se doter d'une direction proche du gouvernement. Ismaïl Sahbani, réélu au secrétariat général en 1994 et 1999 à l'issue de congrès controversés et fort de l'appui du régime, s'aligne systématiquement sur les positions officielles et sur celles du patronat. Accusé de malversations et de mauvaise gestion, il est contraint à la démission en septembre 2000 puis traduit en justice et condamné, en octobre 2001, à treize ans de prison ferme et à de fortes amendes. Il est amnistié en 2003.

C'est dans ces conditions qu'Abdessalem Jerad prend en main les rênes de l'organisation. Contesté par une partie de la classe ouvrière, cet ancien agent de la Société nationale de transport est confirmé à son poste au congrès de Djerba, en février 2002, par 307 voix sur 457. À défaut de légitimer son leadership, il parvient à s'imposer à la tête du bureau exécutif où siègent neuf de ses partisans ainsi que trois élus sur une liste rivale emmenée par Ali Romdhane. Au sortir d'une longue traversée du désert, ce dernier devient le numéro deux de l'organisation.

Siège de l'UGTT à Tunis

Suite à la révolution tunisienne, l'UGTT accepte le 17 janvier de participer à un « gouvernement d'union nationale » conduit par le Premier ministre sortant Mohamed Ghannouchi. Ainsi, les trois syndicalistes Houssine Dimassi, Abdeljelil Bédoui et Anouar Ben Gueddour sont respectivement nommés ministre de la Formation et de l'Emploi, ministre sans portefeuille et secrétaire d'État auprès du ministre du Transport et de l'Équipement. 24 heures plus tard, ces derniers démissionnent face à la colère de la population refusant la présence de ministres membres du RCD aux postes clés[1]. Poussée par sa base, l'UGTT se montre inflexible et refuse désormais tout compromis avec l'ancien parti présidentiel[2].

Le 1er février 2011, une scission au sein de l'UGTT voit le jour : la Confédération générale des travailleurs tunisiens (CGTT) est une centrale syndicale créée par Habib Guiza, ancien cadre de l'UGTT[3].

Situation actuelle

L'organisation a perdu depuis longtemps le prestige qu'elle avait durant les années 1970 : le secrétaire général d'alors, Habib Achour, n'hésitait alors pas à rejeter les décisions du gouvernement au nom de l'intérêt des travailleurs. Pourtant, les signes d'un réveil du syndicalisme tunisien sont perceptibles. Ainsi, en 2004, le soutien de l'UGTT à la candidature du président Ben Ali pour un quatrième mandat est âprement discuté au sein de la commission administrative. La majorité finit par accepter une motion de soutien présentée par le bureau exécutif mais certaines structures régionales, plusieurs fédérations (dont celles de l'enseignement supérieur et de la santé) et des syndicats nationaux y sont hostiles. De plus, en juillet 2005, l'organisation refuse de présenter des candidats à l'élection de la nouvelle Chambre des conseillers. Elle critique également l'invitation faite au premier ministre israélien Ariel Sharon de participer au Sommet mondial sur la société de l'information tenu à Tunis en novembre 2005 et s'élève contre l'interdiction du congrès de la Ligue tunisienne des droits de l'homme.

À cela s'ajoute les grèves, organisées dans l'enseignement, la santé publique et de nombreuses entreprises publiques et privées, et les tensions provoquées par les négociations sociales qui peinent à aboutir dans certains secteurs. En effet, les augmentations de salaires sont calculées sur la base de l'indice des prix officiel qui ne représenterait pas la hausse réelle du coût de la vie : l'augmentation des prix de l'énergie, l'affaiblissement du dinar, l'abandon des mécanismes de compensation et la marchandisation de certains services jadis ­gratuits, comme l'éducation et la santé, grèveraient le budget des ménages.

Le congrès de décembre 2006 aboutit à la reconduction de Jerad à la tête du syndicat. L'UGTT, qui tarde à mettre en route le plan de restructuration lancé au congrès de Djerba, sera toutefois contrainte d'opérer de profonds changements dans les prochaines années pour s'adapter aux mutations en cours dans le monde du travail (poids grandissant du secteur privé, des services, des PME et des femmes). Dans le cas contraire, le risque de voir apparaître d'autres syndicats existe.

Secrétaires généraux

Références

Bibliographie

  • Abdelaziz Barrouhi, « Syndicalistes en congrès à Monastir », Jeune Afrique, 24 décembre 2006 (lire en ligne)
  • Ridha Kéfi, « D'un congrès l'autre », Jeune Afrique, 16 juillet 2006
  • Ridha Kéfi, « Réveil syndical », Jeune Afrique, 16 juillet 2006
  • Mustapha Kraïem, « Bourguiba, Hached, Achour et les autres », Jeune Afrique, 1er juin 1999 (lire en ligne)

Lien externe


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Union générale tunisienne du travail de Wikipédia en français (auteurs)

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