Transaqua

Transaqua

Le Transaqua est un projet de transfert d'eau interbassins au départ de certains affluents du fleuve Congo vers le lac Tchad, et ce par un gigantesque canal qui utiliserait la vallée du fleuve Chari, principal tributaire du lac.

Longtemps en sommeil, ce projet connait en ce début de XXIe siècle un brusque regain d'intérêt étant donné l'urgence des problèmes qu'il est censé régler.

Sommaire

Historique

L'idée avait déjà été soulevée par les Soviétiques dès les années 1970, suite à la grave sècheresse qui sévit alors au Sahel africain et qui avait fait passer la surface du lac Tchad de quelque 22.000 km² à environ 8.000 km² en peu de temps. La crise, qui fit grand bruit à l'époque, semblait ne pas se régler et avoir des conséquences irréversibles de désertification de larges surfaces cultivables et cultivées jusqu'alors. Bientôt, les craintes des scientifiques sur l'effet de serre commencèrent à se répandre.

Simultanément, les précipitations semblaient augmenter dans la zone de la forêt tropicale humide de l'Afrique, et notamment dans le bassin versant du Congo. Les observations faites au Cameroun montrent d'ailleurs actuellement une extension de la zone des forêts vers le nord, et ce depuis plusieurs décennies[1].

L'idée fit alors son chemin d'un grand transfert d'eau, à partir des régions excédentaires du bassin versant du Congo vers les zones déficitaires du Sahel, entre les affluents nord du Congo et le bassin versant du Chari, et ce à travers la ligne de partage des eaux.

Buts recherchés

Le but principal de ce transfert serait de restaurer et stabiliser la surface du lac Tchad, selon sa superficie des années 1960, et de permettre l'irrigation de surfaces encore plus vastes qu'alors dans la région, ce qui se comprend aisément, la population locale ayant au moins triplé depuis lors, ce qui nécessite des zones cultivées bien plus étendues qu'autrefois [2].

  • Secondairement, ce transfert permettrait une importante production d'énergie hydroélectrique.
  • On créerait aussi une importante voie navigable reliant le bassin du lac Tchad avec le réseau du fleuve Congo et, ultérieurement, les grands lacs et l'Afrique de l'est.

Le projet de 1992

En 1992, la société d'ingénierie italienne Bonifica SpA formalisa le projet au niveau des institutions internationales et des pays intéressés. La brochure publiée s'intitulait « Transaqua : une idée pour le Sahel » . C'était l'époque des grands projets de transfert d'eau. Mais très vite l'intérêt par rapport aux problèmes de l'Afrique diminua, ce qui empêcha le financement d'études plus poussées destinées à vérifier la faisabilité du projet, lequel tomba en sommeil.

Détails

Il s'agit de barrer les cours de plusieurs rivières importantes du nord-est de la République démocratique du Congo (ex-Zaïre) au moyen de barrages de régulation, et de soustraire une partie de leurs débits par un canal qui conduirait ces eaux vers la ligne de partage des eaux, à environ 600 mètres d'altitude. Une fois franchi ce seuil, les débits seraient acheminés, toujours par canal, dans le lit du Chari, et finiraient par alimenter par simple gravité le lac Tchad, ainsi que diverses surfaces irriguées (à équiper) dans les zones sahéliennes des pays riverains du lac. La différence de niveau entre les 600 mètres de la ligne de partage des eaux et les 280 m d'altitude du lac permettrait d'installer des barrages avec usines hydroélectriques. Enfin, l'ensemble constituerait une voie navigable importante.

Le volume de prélèvement prévu serait de l'ordre de 100 milliards de mètres cubes d'eau annuellement, c'est-à-dire plus ou moins 3.150 mètres cubes par seconde, débit qui ne nuirait pas trop au régime du fleuve Congo, puisqu'il ne s'agit que de quelque 8% de son volume d'écoulement. Il s'agit cependant d'énormes quantités. Ce débit prélevé serait en effet supérieur à la moitié du volume d'eau produit naturellement chaque année en France métropolitaine[3] (178,5 milliards de m³), ou égal à celui produit annuellement en Allemagne[4] (107,5 milliards de m³), ou encore équivalent à deux fois le débit annuel du Nil au Caire, et nettement supérieur à celui du Rhin dans son cours inférieur.

Le canal serait suffisant pour irriguer six à sept millions d'hectares - outre la stabilisation de la surface du lac Tchad -. Il produirait quelque 30 à 35 milliards de kilowattheures par an.

Les travaux pourraient se réaliser par tranches successives, en commençant par les tributaires des bassins de l'Oubangui, de l'Aruwimi, du Lindi et du Lowa, tous affluents de droite du Congo dans le quart nord-est du Congo-Kinshasa et le sud de la Centrafrique.

La longueur totale du canal serait de plus ou moins 2.400 kilomètres.

État actuel du projet Transaqua

Deux projets différents sont actuellement sur la table, tous deux prévoyant le transfert d'une partie des eaux de l'Oubangui par un canal de 1.350 kilomètres.
Il est à noter qu'avant tout il fallait convaincre la République démocratique du Congo et la République du Congo d'accepter le projet, le cours d'eau à détourner (l'Oubangui) prenant sa source en République démocratique du Congo puis formant frontière avec la Centrafrique puis avec la République du Congo. L'accord des deux pays est chose faite depuis 2005.

En mars 2008, le Nigéria, le Niger et le Tchad sont tombés d'accord pour aller de l'avant et financer des études pour transférer une partie des eaux de l'Oubangui [5],[6].
L'étude de faisabilité nécessite des moyens importants et le Nigéria, puissance pétrolière donc financière de la région, est prêt à y affecter cinq millions de dollars. Les quatre autres pays membre de la CBLT (ou Commission du bassin du lac Tchad), à savoir le Cameroun, la République centrafricaine, le Niger et le Tchad, apporteront ensemble un sixième million. Les études doivent débuter en 2009.

Annexes

Notes et références

  1. Parc national du Mbam et Djerem - revue Canopée n° 27 (01-2004) - Wildlife Conservation Society (fr) [PDF]
  2. De 1961 à 2008, la population du Nigeria est passée de 38 à 146 millions d'habitants, celle du Tchad de 3,1 à 11,1 millions. Quant au Niger, sa population de 3,2 millions en 1961 se montait déjà à 14,6 millions en 2008, et sa croissance démographique s'est récemment accélérée, passant à 3,3 % par an, ce qui implique un doublement en 20 ans. Et le mouvement semble loin de se terminer.
  3. FAO-Aquastat - Computation of renewable water resources by country : France (en) [xls]
  4. FAO-Aquastat - Computation of renewable water resources by country : Germany (en) [xls]
  5. Voice of America : African leaders team up to rescue Lake Chad (mars 2008) (en)
  6. Tribune de Genève : un projet pharaonique mais vital pour 22 millions de personnes (novembre 2008) (fr)

Articles connexes

Liens externes


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