Théorie de l'échelle

Théorie de l'échelle

La théorie de l'échelle (notée TE pour la suite) est un concept pseudo-scientifique issu de la psychologie naïve, destiné à expliquer la manière dont les hommes et les femmes évaluent les personnes du sexe opposé sur la base de la première impression. Dans le modèle de la TE, cette évaluation est généralement prise rapidement et est souvent définitive. Cela permet de déterminer le potentiel des personnes rencontrés en tant que futur partenaire sexuel. La TE a commencé comme une satire, mais s'est ensuite développée comme une théorie à part entière, et ayant comme vocation de servir de modèle explicatif de la dynamique de l'attraction homme-femme. Il convient de noter que, si la TE a de nombreux partisans et prétend se fonder sur "des décennies de recherches sociologiques," la théorie n'est jamais parue dans aucun journal de référence ou forum scientifique et ses partisans ne citent aucune étude ou donnée qui permettrait d'appuyer leurs conclusions.

Sommaire

Amants et amitiés

La TE tente d'expliquer les différences dans la façon dont les hommes et femmes hétérosexuels évaluent de potentiels partenaires sexuels du sexe opposé et des amis. Elle est fondée sur la tendance des hommes à être plus à l'aise avec l'idée que leurs relations d'amitiés puissent devenir des amantes que l'inverse. La TE prétend pourtant que, dans la pratique, une amitié platonique entre un homme et une femme diminue plutôt qu'augmente la probabilité que des rapports sexuels puissent exister, du fait de la plus grande tendance des femmes à maintenir une forte séparation entre les relations d'amitié et les rapports sexuels. En conséquence, le processus initial où est réfléchie la façon dont une relation particulière doit être classée est considérée comme primordial à comprendre. Ce processus de classement est décrit comme une "échelle".

La TE fait valoir que les femmes hétérosexuelles classent les hommes soit en "possibles partenaires sexuels" (parfois appelée l'échelle "Potentiel") ou "connaissances non sexuelles" (parfois appelée l'échelle "Jamais"). Chacune de ces classifications a une hiérarchie entre les membres en son sein, en fonction de la perception du potentiel sexuel ou de l'intérêt de leur amitié. La séparation entre ces deux échelles est dérivée d'une tendance des femmes à affecter des critères bien différents à chacune de celles-ci : les qualités considérées comme souhaitables chez un ami apparaissent souvent très différentes de celles considérées comme attrayantes pour un partenaire sexuel. La TE suppose également une tendance des femmes à en déduire que la présence ou la force d'un ensemble de qualités est égal à l'absence ou la faiblesse de l'autre - pour l'essentiel donc, ceci signifie qu'un homme classé à tel rang sur une échelle aura un rang inversement proportionnel sur l'échelle opposée - ce qui conduit à les maintenir alors rigoureusement dans cette catégorisation, une fois affecté. Les hommes qui prennent conscience qu'ils ont été placés, contre leur propre préférence, sur l'échelle "Jamais" par une femme courent un risque, d'après la TE, en essayant d'obtenir eux-mêmes un reclassement. Cet acte est perçu comme une agression émotionnelle non désirée, et peut ainsi provoquer une réaction d'hostilité ou de retrait de la part des femmes.

À l'inverse, la TE fait valoir que les hommes ont tendance à évaluer leurs connaissances féminines sur une seule échelle, qui regrouperait à la fois la probabilité d'obtenir des rapports sexuels et celle d'entrer dans une relation d'amitié : le tout regroupé dans une évaluation générale de l'intérêt de telle relation avec telle personne (mais cet intérêt général reposerait en bonne partie sur l'attirance sexuelle envers cette personne). Les femmes placées en haut de l'échelle pour les hommes représenteraient alors un idéal absolu de l'intérêt à fréquenter cet individu, car présentant le plus souvent une combinaison d'une attirance sexuelle extrême et d'autres qualités personnelles diverses, selon les critères de l'homme en question. Ces qualités peuvent être des attentes sociales, des considérations pragmatiques ou des idéaux non sexuels, en fonction de l'individu et de son contexte. Seul le très bas de l'échelle des hommes, dans la TE, est réservé aux femmes avec lesquelles l'homme a fermement exclu qu'il y ait des rapports sexuels avec ces dernières.

Les "gentils garçons" et les "gigolos cérébraux"

Les différences entre le système de classement à une échelle de l'homme et celui à deux échelles de la femme, dans la TE, conduisent souvent à l'incompréhension mutuelle, l'exemple le plus flagrant étant ce qui est dénommé par la TE l'approche du "gentil garçon" (nice guy en anglais). Dans ce modèle, un homme tente d'accroître son attractivité auprès d'une femme en présentant des qualités, qu'elle a elle-même indiquées comme désirables (de façon stéréotypée, ces qualités sont traditionnellement celles attribuées aux relations d'amitié telles que la patience, la bonté, la serviabilité et le réconfort). Pour les hommes, il s'agit tout simplement d'augmenter son rang de classement sur une seule échelle, alors que pour les femmes, cependant, un tel comportement permet seulement d'augmenter le rang de classement de l'homme sur l'échelle "amitié" tout en diminuant simultanément son rang sur l'échelle "partenaire sexuel", en raison de la disparité des critères constituant chacune de ces deux échelles.

Une application encore plus évidente de la TE pourrait être représentée par la nouvelle écrite par Woody Allen intitulée "The whore of Mensa" (La putain de Mensa) : la TE suggère qu'un homme qui tente de se rendre attractif auprès d'une femme par le biais de l'attrait intellectuel ou par l'amusement de celle-ci court le risque de devenir lui-même, plutôt qu'un partenaire sexuel, ce qu'Allen appelle de façon satirique une "gigolo cérébral" - une personne recherchée uniquement pour son intelligence, mais sans intérêt de la part de la femme pour les autres dimensions. La TE affirme qu'il y a moins de stigmatisation attachée à une femme qui cherche à créer de multiples amitiés platoniques avec d'autres hommes en dehors de la relation sexuelle qu'elle entretient avec un seul homme que l'inverse : ceci étant accepté grâce à la présence de deux échelles bien distinctes. Cela entraîne conséquemment un certain degré d'hypocrisie -- -- Les femmes ont toute latitude pour maintenir de multiples relations dans le but de satisfaire tous leurs besoins sociaux, alors que les hommes sont censés trouver satisfaction pour l'ensemble de leurs besoins sociaux dans une unique relation.

La première affirmation dans la mécaniques des liens sociaux issue de la Théorie de l'Échelle est que jouer le "gentil garçon" en tentant de faire la cour auprès d'une femme est en fait une tactique moins productive que ce que l'on pourrait supposer. Celle-ci est même carrément contre productive, puisque que les femmes considèrent alors ce comportement comme témoin d'un manque de confiance en soi ou de caractère, plutôt que de la serviabilité ou de la bonté. La TE fait valoir que la tactique la plus efficace est de se classer dès le début au plus haut possible de l'échelle "Potentiel", et seulement ensuite de s'établir en haut du classement de l'échelle "amitié" (ou dénommée échelle "Jamais"), plutôt que l'inverse.

Les critiques

  • La première critique adressée à la TE est son caractère trop général pour qu'elle puisse être utilisée au niveau de l'individu.
  • Selon le critère de la réfutabilité, notamment avancé par Karl Popper et Imre Lakatos pour valider la scientificité d'une théorie, la TE est “irréfutable”, c'est-à-dire qu'il n'existe pas de protocole susceptible de démontrer sa fausseté potentielle. Elle est donc pseudo-scientifique, au même titre que l'astrologie ou la psychanalyse.
  • Outre les critiques épistémologiques, il existe des arguments moraux, davantage discutés : la TE est parfois considérée comme sexiste dans ses hypothèses sur les relations sexuelles/amitiés des hommes et des femmes. Le modèle avancé suppose une hypocrisie innée chez les femmes, hypocrisie qu'il cherche à décrire (le différence entre les «échelles» est considéré comme, au mieux, inconnu de la femme elle-même et, au pire, délibérément dissimulé ou utilisé comme une tactique), une vénalité innée chez les hommes (les hommes sont supposés classer toutes les femmes selon leur potentialité sexuelle avant tout, au détriment d'autres qualités, et de n'utiliser les qualités secondaires comme données subsidiaires).

La TE peut en définitive être utile pour mettre en valeur certaines mauvaises habitudes qui se produisent dans la mécanique des rapports sociaux, mais elle vaut plus en tant que modèle à éviter pour soi-même qu'en tant que technique à mettre en place chez les autres.

Références

Liens externes


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