Theatre Latin

Theatre Latin

Théâtre latin

Le théâtre latin est, dans la littérature latine, l'ensemble des pièces du genre littéraire théâtral produites en langue latine du temps de la Rome antique.

Un théâtre romain désigne un édifice antique destiné aux représentations théâtrales durant la même période.

Héritier du théâtre grec antique, où il était lié au culte de Dionysos, le théâtre latin s'en démarque sur de nombreux points. S'il est associé à l'origine à des cérémonies religieuses, il évolue vite vers des formes de représentation profanes, dans lesquelles l'écriture, le jeu des acteurs et la mise en scène sont nettement codifiés.

Sommaire

Le genre théâtral

Les principaux auteurs du théâtre latin

Dans la comédie latine s'illustraient principalement Plaute et Térence. Toutes les pièces étaient imitées de la néa (nouvelle comédie grecque), particulièrement de Ménandre, par le procédé de la contaminatio littéraire ; elles ont elles-mêmes souvent inspiré les auteurs classiques, comme Molière qui reprit l'Aulularia de Plaute dans L'Avare.

  • Plaute : Titus Maccius Plautus (v.254 av. J.-C.-184 av. J.-C.), poète comique latin très populaire dans la Rome antique. Ses comédies (dont vingt sont parvenues jusqu'à nous, et qu'il est impossible de dater) montrent avec beaucoup de verve le petit peuple romain: Amphitryon, Le Soldat fanfaron, Les Ménechmes, L'Aulularia (La Comédie de la Marmite). Molière a repris également Amphitryon.
  • Térence : Publius Terentius Afer (v.190 av. J.-C. - 159 av. J.-C.), poète comique latin, né à Carthage. Ses comédies font s'affronter des personnages décrits avec une grande finesse psychologique et animés de bons sentiments :L'Andrienne, L'homme qui se punit lui-même, L'Hécyre, L'Eunuque, Les Adelphes, Phormion (dont s'inspira Molière dans Les Fourberies de Scapin).

Les types de pièces de théâtre

Le public voulait avant tout du sensationnel : la mise en scène devint donc somptueuse, extravagante et fantastique. Le texte est secondaire.

Les pièces préférées des Romains étaient :

  • L'atellane, une courte farce, improvisée par des acteurs portant un masque et incarnant des personnages de convention comme Maccus, Bucco, Dossenus, et des êtres monstrueux comme Manducus (l'ogre) et Lamia (l'ogresse), etc. Empruntés à la vie quotidienne, les thèmes étaient très simples. Genre essentiellement caricatural, l'atellane séduisait par son caractère familier et ne reculait pas devant l'obscénité. Souvent l'atellane servait de conclusion aux jeux scéniques.
  • Le mime, spectacle de danse, qui met en scène des sujets légers, voire grossiers ; c'est le seul spectacle où jouent des actrices, souvent associées à des prostituées. Il ne faut pas confondre le mime dans le monde antique avec le mime au sens moderne, qui désigne un spectacle où les rôles sont uniquement gestuels, sans paroles et avec un accompagnement musical. À Rome, le mime fut une espèce de représentation plutôt dramatique dans laquelle les acteurs jouaient pieds nus et sans masques des scènes quotidiennes ou romanesques, dites en prose. L'essentiel reposait sur la gesticulation, la danse, sur tout ce qui s'adressait aux sens plutôt qu'à l'intelligence.
  • La pantomime, spectacle typiquement romain, ballet à sujet mythologique, souvent tragique. Elle succéda au mime où un acteur-danseur unique (le pantomimus) mimait une histoire dans un spectacle sans paroles. Il jouait à lui seul tous les personnages et était accompagné par un chœur de danseurs et un petit orchestre. L'acteur portait un beau costume de soie et un masque coloré. De forme allongée, les masques tragiques traduisaient émotion et violence. Les masques comiques reproduisaient fidèlement les traits du visage humain et visaient surtout à amuser.
  • La fabula (en latin, fabula signifie « récit fictif », « pièce de théâtre ») est un genre théâtral divisé en plusieurs catégories :
  • la fabula crepidata, une tragédie latine de sujet grec
  • la fabula palliata, l'adaptation d'une comédie grecque ou « pièce en costumes grecs » (les acteurs portaient le pallium et non la toge)
  • la fabula praetexta, une pièce sérieuse sur un sujet historique romain. Appelée ainsi parce que les héros étaient des magistrats romains, revêtus de leur toga praetexta, toge bordée d'une bande de pourpre. Le sujet s’inspirait par l'histoire nationale, par exemple la prise d'une ville. Les héros de la tragédie prétexte étaient considérés comme des demi-dieux, comme dans le théâtre grec
  • la fabula togata, ou « pièce en costumes romains ». C'était une comédie latine à thème indigène concernant le bas de l'échelle sociale à Rome.

Les acteurs

Les comédiens étaient tous des hommes, soit des esclaves, soit des hommes libres mais n’étaient pas des citoyens. Un citoyen qui fait l’acteur est dégradé par les censeurs (qui établissent les rangs sociaux dans la société romaine) et exclu de son rang. Pourtant, exceptionnellement, des sénateurs ou des magistrats pouvaient monter sur scène : Néron lui-même participa à quelques représentations. Comme en Grèce, les rôles féminins sont interprétés par des adolescents travestis. À Rome, la scène est interdite aux femmes.

Les acteurs de mime ou de pantomime sont de véritables stars. Leur salaire est augmenté des gratifications énormes qu'ils reçoivent. Riches et célèbres, ils sont socialement acceptés ; ils deviennent les favoris des grands et mènent une vie tapageuse. La pantomime, popularisée sous Auguste, permet et favorise ce phénomène de vedettariat, puisque ce nouveau genre dramatique est entièrement organisé autour du comédien, qui joue tous les personnages et dont les solos sont mis en valeur par les chanteurs, qui les reprennent en écho.

Les acteurs et les musiciens sont réunis en troupes dirigées par un chef (le dominus gregis). Tout comme les costumes et le maquillage, le jeu de l'acteur est strictement codifié. Les nombreux traités écrits à ce sujet, soit par des acteurs (comme Roscius), soit par des théoriciens (comme Pline l'Ancien), nous sont partiellement conservés par les citations qu'en fait Quintilien (surtout le livre XI de l'Institution Oratoire). Le comédien doit travailler cinq éléments dans son jeu :

  • la voix ;
  • les expressions du visage ;
  • la gestuelle ;
  • la posture ;
  • la démarche.

Les costumes

La symbolique des formes et des couleurs des costumes permet une reconnaissance immédiate des personnages les plus représentatifs de la comédie ou la tragédie, comme le paysan idiot ou rusé et voleur, le soldat vantard et fanfaron, etc.

Les acteurs portent de longues robes flottantes et de hautes chaussures (cothurnes) s'ils jouent des tragédies, des tuniques et chaussures plates (socus), s'ils jouent des comédies.

Pour les pièces de sujet grec (fabula palliata), les costumes sont grecs : pallium, tunique et manteau ; chlamyde, casaque, tunique pour les femmes. Pour les pièces de sujet romain (fabula praetexta ; fabula togata), les costumes sont romains : toge pour les hommes libres, tunique pour les esclaves, manteau pour les voyageurs, tunique, robe ou manteau pour les femmes, fichu jaune de la courtisane.

Dans les tragédies, les acteurs incarnent les dieux et les héros et portent des costumes somptueux, d'une richesse proportionnelle à la qualité des personnages qu'ils représentent. Les perruques (blondes pour les jeunes gens, blanches pour les vieillards, rousses pour les esclaves), les maquillages et les masques, tragiques ou comiques, symbolisent l'âge, la situation et le caractère du personnage. Les masques servaient aussi de porte-voix grâce à leur bouche évasée : les spectateurs pouvaient suivre parfaitement la scène même s’ils étaient éloignés.

Les acteurs portaient aussi des chaussures pourvues de talons de 20 à 30 cm : le cothurne (cothurni), à semelle très haute, dont se chaussaient les acteurs tragiques et, pour les acteurs comiques, des crepida (sandales d'origine grecque) ou des socci.

Le décor et la musique

Le décor varie peu d'une pièce à l'autre, car le principal décor est fixe : c'est le mur de scène. Sa décoration toujours plus lourde répond à deux objectifs : faire voir la générosité du donataire du spectacle et fabriquer l'illusion, selon un code très précis.

Les Romains reprennent et développent les techniques mises au point par les ingénieurs grecs et inventent des grues et trappes, pour faire descendre des dieux du ciel (d’où l'expression latine : deus ex machina) ou faire monter des fantômes du monde des morts. Le public romain raffole de ces réalisations féeriques.

Le rôle de la musique est essentiel dans le théâtre latin. Comme un opéra aujourd'hui, une représentation scénique est inimaginable sans accompagnement musical : un musicien professionnel compose ouverture, intermèdes et accompagnement sur les vers du poète. La musique est jouée par les tibicines (joueurs de flûte) sur deux flûtes (tibiae), l'une de ton grave (dextra), l'autre de son aigu (sarrana) ou sur des flûtes doubles, graves et aiguës. Le ton est choisi en fonction du rôle, le grave et l'aigu soulignent les dialogues entre pères et fils dans les comédies.

La musique ne fait qu’augmenter en importance dans les représentations théâtrales. Sous l'Empire, on voit apparaître de nouveaux instruments dans la pantomime, formant de véritables orchestres : syrinx, lyre, cithare, trompette, orgue.

Histoire et architecture des théâtres romains

Histoire des lieux de représentations

Dans les premiers temps de la Rome antique, les représentations en public étaient données pour apaiser la colère des dieux. Il semble y avoir eu de grands défilés religieux, dans lesquelles danseurs et mimes (certains d'origine étrusque) présentaient une sorte de divertissement sacré, destiné à réjouir les dieux dont on promenait majestueusement les statues en ces jours de fête. Ce lien entre le théâtre et la religion disparaît progressivement avec la construction des théâtres en pierre.

À l'origine, les théâtres romains étaient en effet construits en bois et seuls les spectateurs des premiers rangs pouvaient s'asseoir. L’utilisation du bois se justifiait par le caractère provisoire du bâtiment : le Sénat romain, estimant que les spectacles détournaient la population de son devoir religieux, s’opposait en effet à des constructions en pierre.

Après 55 av. J.-C., date à laquelle le théâtre en pierre de Pompée fut édifié, les constructions provisoires laissèrent place aux théâtres permanents. Une quantité de théâtres sont ensuite bâtis dans tout le monde romain, principalement dans les grandes villes d'Italie, de Gaule, d'Afrique, d'Hispanie, de Germanie et du Proche-Orient. Certains d'entre eux sont remarquablement conservés, comme celui de Leptis Magna en Libye, d'Orange (Vaucluse) en France ou d'Aspendos en Turquie (voir Les théâtres dans le monde romain).

Il existait deux types de lieux de représentation :

  • Le théâtre proprement dit, destiné aux représentations dramatiques et comiques et aux pantomimes.
  • L’odéon, plus petit et conçu pour les spectacles lyriques et la lecture de textes poétiques avec accompagnement musical selon la tradition grecque.

La structure des théâtres

Théâtre romain d'Aspendos (Asie Mineure)
Article détaillé : Architecture du théâtre romain.

Le théâtre romain est un vaste hémicycle[1] fermé par un gigantesque mur de scène, le frons scaenae. À l’inverse des Grecs chez lesquels les théâtres étaient adossés à des collines, les Romains préfèrent élever les voûtes et les colonnades en terrain plat. Seules quelques villes ont utilisé les collines pour bâtir des gradins (Vienne, Lugdunum).

Dans les villes romaines d’une certaine importance, le plan des théâtres était à peu près identique. La scène, appelée scaena, est séparée par un mur bas, le pulpitum, de l’orchestra, un espace en demi-cercle où prennent place les officiels et les spectateurs de marque. Autour de cet espace sont disposés les gradins (appelés aussi la cavea) auxquels accède le public par des passages voûtés, les vomitoires (vomitoria).

De chaque côté de la scène se dressent les basilicae, deux tours à étages d’où sortaient les acteurs. Un rideau, le siparium, montait de la fosse au début du spectacle et était redescendu à la fin.

Les décors étaient fixes, reposant sur un mur de scène gigantesque (celui du théâtre antique d'Orange mesure 36 m de haut et 103 m de large) orné de colonnades et de statues, et percé de portes. On pouvait également y retrouver au centre la statue d’un empereur mais également les nombreuses richesses, butin des batailles remportées par la ville.

Pour protéger le public du soleil une grande toile, le velum, était tendue. Derrière la scène se dressait un grand mur dissimulant les coulisses (postscaenium). Celui-ci avait le sommet incliné vers l’avant de façon à rabattre la voix des comédiens.

Le théâtre était fermé par un portique semi-circulaire qui l’entourait. Au sous-sol se trouvaient les machineries ou hyposcaenium.

Les représentations

Le théâtre latin n'est ni un théâtre de la mimésis comme celui préconisé par Aristote ni un théâtre de représentation comme le théâtre classique. Il est un théâtre du jeu (ludus) : la représentation est une période religieuse durant laquelle la politique s'arrête et que rien ne doit venir troubler, surtout pas des allusions sur scène à la vie réelle. En cela, il est comparable (mais pas assimilable) au théâtre grec, mais qui prenait place lors de concours musicaux très différents.

Le théâtre dans la société

Au théâtre

Tout le monde pouvait aller au théâtre : hommes, femmes, enfants, esclaves. Les citoyens avaient pour obligation de porter la toge.

À Rome et dans les villes romaines, le théâtre occupe un rôle social : on s’y rend pour discuter, se réunir, se faire voir ou chercher des aventures amoureuses, comme le raconte Ovide dans l'Art d’aimer. Le théâtre sert également d'espace de dialogue entre le prince et le peuple, et les personnes importantes tenaient à être présentes aux spectacles pour se montrer plus proches du peuple. Mais la distribution du public dans la cavea reproduisait la hiérarchie sociale.

  • La place des spectateurs : Les personnes de différentes classes sociales étaient séparées : les vomitoires étaient organisés de façon à ce qu’elles ne se mélangent pas. De plus, chaque personne a une place dans les gradins selon son rang. Au départ, les spectateurs étaient debout, ce qui évitait une distinction puis ils purent s’asseoir. La cavea était divisée en trois « couronnes » : la première couronne, l’ima cavea, était réservée aux sénateurs et aux chevaliers, ce qui leur laissait quatorze rangs, le peuple était assis dans la couronne du milieu, la media cavea, et les esclaves et les étrangers restaient debout dans la troisième couronne, la summa cavea, qui se trouvait au dernier rang.
  • Les deux publics et leurs préférences : Les spectateurs se partagaient en deux catégories :
    • le grand public qui préférait le grand spectacle avec des mises en scène époustouflantes, des animaux rares, privilégiant des histoires légères accessibles à tous,
    • le public des lettrés qui préférait un théâtre plus littéraire visant l’élite.

Le financement du spectacle

Le spectacle est gratuit et ouvert à tous, mais sa mise au point représente, pour celui qui le finance, le dator ludi, un investissement considérable. Le coût du spectacle est souvent pris en charge par un magistrat qui saisit cette occasion pour accroître sa popularité et ses chances d'être élu à des fonctions plus élevées. Ceci occasionna donc une rivalité entre les donataires qui voulaient toujours faire mieux que les autres. À chaque fois tout est plus somptueux et plus étonnant que la précédente.

L’héritage du théâtre latin

Théâtre

Par catégories
Série théâtre

Personnalités

Acteur - Actrice
Metteur en scène
Décorateur
Dramaturge

Voir aussi

Pièce - Salle
Histoire - Genres
Festivals - Récompenses
Techniques

Le portail du théâtre

Il ne nous reste que quelques fragments de cette vie théâtrale : quelques monuments plus ou moins bien conservés, des pièces (en nombre infime au regard de l'extraordinaire activité dramatique des auteurs grecs), quelques écrits théoriques (comme Vitruve, qui, dans le livre V du De Architectura traite des endroits propices à la construction des théâtres, de leur architecture et de leur acoustique).

Comme le prouve la programmation actuelle des saisons théâtrales, le répertoire antique et surtout grec n'a jamais cessé d’être joué, parfois dans un cadre antique. Et de la Renaissance au XXe siècle, les auteurs n'ont jamais cessé d'adapter, de copier, de transformer le théâtre grec. Dans le théâtre classique français, sur les douze tragédies de Racine, quatre seulement ne s'inspirent pas de l'antiquité gréco-latine. Dans le théâtre contemporain, Giraudoux (Amphitryon 38, La Guerre de Troie n'aura pas lieu, Electre), Anouilh (Antigone), Sartre (Les Mouches) et d’autres reprennent bon nombre de thèmes de l’antiquité classique. Avec une nuance toutefois : de Rome ne sont repris que les sujets (Britannicus, Bérénice, etc.), et les sources ne sont pas des auteurs dramatiques, mais des historiens.

L'évolution du théâtre va se traduire par de nombreux changements dans la façon d’écrire les pièces et de les mettre en scène : les femmes jouent des rôles féminins, l’écriture et la mise en scène ne sont plus aussi codifiées que pendant l’Antiquité, les costumes sont libres et les masques ne servent plus qu’aux reprises de pièces antiques.

Notes et références

  1. Le théâtre de Pompée à Rome contient 27 000 places, dont la tribune de l'Empereur et de ses conseillers, qui est composée de 50 places environ.

Voir aussi

Bibliographie

  • J. C. Dumont et M.-H. Francois-Garelli, Le théâtre à Rome, Paris, Le Livre de Poche, 1998. Contient des chapitres généraux sur le théâtre romain, ainsi que des résumés détaillés des pièces de Plaute et de Térence.
  • F. Dupont, L’acteur-roi ou le théâtre dans la Rome antique, Paris, Les Belles Lettres, 1985.
  • F. Dupont, Le théâtre latin, Paris, Armand Colin. (ISBN 2-200-25120-3)

Liens externes

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