Tataouine

Tataouine
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32° 55′ 40″ N 10° 26′ 57″ E / 32.9278238, 10.4492426

Tataouine
Ksar Ouled Soltane à proximité de Tataouine
Administration
Pays Drapeau de Tunisie Tunisie
Gouvernorat Tataouine
Délégation(s) Tataouine Nord
Tataouine Sud
Maire Ali Mourou[1]
Code postal 3200
Site web officiel Municipalité de Tataouine
Démographie
Population 59 346 hab. (2004[2])
Densité 1 413 hab./km2
Gentilé Tataouinois
Géographie
Superficie 4 200 ha = 42 km2
Tunisian Republic location map.svg
Tataouine
Tataouine

Tataouine (تطاوين), anciennement appelée Foum Tataouine, est une ville du sud-est de la Tunisie située à 531 kilomètres de Tunis.

Chef-lieu du gouvernorat du même nom, elle constitue une municipalité comptant 59 346 habitants en 2004[2].

Sommaire

Histoire

L'oasis de Tataouine est d'abord un simple relais sur la route des caravanes entre Gabès d'une part et le Fezzan et le Soudan d'autre part[3]. Connue comme la « porte du désert », son nom signifie « source d'eau » en berbère : tittawen est en effet le pluriel du vocable berbère tît qui signifie « source », le terme Foum qui lui était adjoint signifiant « bouche » en arabe[4].

Emplacements des ruines situées aux environs de Tatahouine (1901) :
1 Castellum romain de Ras Oued el Gordab (Ghomrassen)
2 Ruines d'un établissement agricole (Merabtine)
3 Castellum romain de Ras El Aïn (Talalati)
4 Vestiges d'une petite agglomération
5 Tombeau
6 Ruine d'une ferme

L'occupation de la région est ancienne : plusieurs vestiges néolithiques et protohistoriques[5] (aussi sur les sites archéologiques de Ghomrassen et du Djebel Nekrif), puniques et romains[6] ont été trouvés sur place.

Le site est environné de stations du Limes Tripolitanus ou de Castra et se situe à l'est du camp romain de Talalati (Ras El Aïn Tlalet), proche de la voie romaine nord-sud allant de Gigthis (Boughrara) à Tillibari (Remada)[7]. En 1903, sur la base de l'Itinéraire d'Antonin (75, 3), Jules Toutain suppose qu'une station nommée Tabalati est localisée à Tataouine[8], mais aucune donnée archéologique n'a confirmé cette hypothèse, comprise plutôt comme un doublet de Talalati[9], qui n'est que rarement reprise depuis[10].

Peu après l'institution du protectorat, les Français y installent en 1888 un bureau de renseignement militaire[3], remplaçant le centre de Douiret jugé trop à l'écart pour contrôler les tribus des Ouderna qui se groupent traditionnellement autour de deux grands centres névralgiques du pays des ksours : l'un économique autour du village de Béni Barka (marché) et l'autre spirituel représenté par le sanctuaire de Sidi Abdallah Boujlida, marabout vénéré par toute la confédération des Ouerghemma. À 500 mètres du camp militaire, le souk construit par les Français ouvre en 1892 ; il compte plus d'une centaine de boutiques tenues par des commerçants originaires de Gabès et surtout de Djerba, dont de nombreux Juifs[11], probablement issus de Hara Sghira. Le sous-officier Dimier, de passage à Tataouine, le décrit ainsi :

« Le souk de Tataouine est vaste et bordé de galeries couvertes, où sont installées les boutiques où l'on s'arrête, où on traite les affaires. À des gens qui revenaient du bled, cela valait un paradis. Tous les joyeux y allaient[12]. »

Vue générale de Tataouine en 1925

La ville se dote ensuite d'une mosquée (1898) pourvue ultérieurement d'un minaret (1903), d'un abattoir municipal (1911), d'un bureau de poste (1913), d'une infirmerie-dispensaire (1914), d'une école primaire (1916) et d'un tribunal. Elle possède aussi une église construite pendant la Première Guerre mondiale[13] et une synagogue. Le bâtiment qui fait la célébrité de Tataouine est le bagne militaire de l'armée française qu'elle abrite jusqu'en 1938, année de l'abolition des bagnes en France. Il accueille des Bat’ d'Af’, dont les recrues étaient des condamnés de droit commun ou des soldats punis pour indiscipline ; les conditions de détention avaient la réputation d'être très rudes. Cet ancien bagne a été remplacé par une caserne de l'armée tunisienne.

Économie

Plaque tournante du tourisme dans le sud du pays, cette ville animée constitue une étape importante dans la visite du Sud tunisien. Mais la ville est surtout réputée pour la multitude des ksour qui l'entourent et remontent au XVe ou XVIe siècle : les plus célèbres demeurent Ksar Ouled Soltane, Ksar Hadada et Ksar Ouled Debbab. Les villages berbères situés aux sommets des collines environnantes, tels que Chenini, Douiret, Guermessa et Ghomrassen, et les habitations troglodytiques, participent également au charme de la région.

Malgré un tourisme saharien dynamique, la ville conserve son identité et son architecture traditionnelle[14]. Son souk bihebdomadaire du lundi et du jeudi est l'un des plus pittoresques de Tunisie. La ville de Tataouine organise annuellement le Festival international des ksour sahariens au mois de mars.

Culture populaire

Culture française

L'expression populaire « aller à Tataouine » ou « aller à Tataouine-les-Bains » signifie aller se perdre au bout du monde. Cette expression provient de la présence du bagne et l'ajout du suffixe « les-Bains » est ironique au vu du caractère désertique du lieu.

Culture internationale

La ville est également connue à travers le monde entier pour son nom qui inspira le réalisateur de cinéma George Lucas dans le choix du nom de la planète des sables : Tatooine. Il tourna aussi des scènes du film Star Wars, épisode IV : Un nouvel espoir dans la région.

Culture israélite

Article connexe : Histoire des Juifs à Djerba.

Des Juifs de Djerba auraient fondé une communauté au XIXe siècle.

Références

  1. (fr) « Dissolution de 22 conseils municipaux et désignation de délégations spéciales », Leaders, 19 avril 2011
  2. a et b (fr) Recensement de 2004 (Institut national de la statistique)
  3. a et b Feril Ben Mahmoud, Bat D'Af. La légende des mauvais garçons, éd. Mengès, Paris, 2005, p. 169
  4. Feril Ben Mahmoud, op. cit., p. 170
  5. Ginette Aumassip signale dans Le Bas-Sahara dans la Préhistoire, coll. Études d'antiquités africaines, éd. CNRS, Paris, 1986, 612 p. (ISBN 2-222-03531-7) qu'après les fouilles et récoltes du capitaine Tribalet, soixante silex taillés provenant de Tataouine ont été déposés au musée d'archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye (inv. 46549).
    Ibn Khaldoun et Abdallah Tijani (1275?-1318?) ont décrit les traditions mortuaires protohistoriques des Meguedmine, voir Louis André, « Le monde "berbère" de l'extrême sud tunisien », Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, vol. 11, n°11, 1972, pp. 107-125, part. p. 108 note 6.
  6. (fr) Capitaine Tribalet, Paul Gauckler et Philippe Berger, « Recherches archéologiques aux environs du poste de Tatahouine (Tunisie) », Bulletin archéologique du comité des travaux historiques et scientifiques, 1901, pp. 284-298
  7. Pol Trousset, Recherches sur le Limes tripolitanus : du Chott el-Djerid à la frontière tuniso-libyenne, éd. CNRS, Paris, 1974, pp. 105-108
  8. (fr) Jules Toutain, « Notes et documents sur les voies stratégiques et sur l'occupation militaire du sud tunisien à l'époque romaine », Bulletin archéologique du comité des travaux historiques et scientifiques, 1903, pp. 400-401
  9. (fr) [PDF] Maurice Euzennat et Pol Trousset, « Le camp de Remada, fouilles inédites du commandant Donau (Mars-Avril 1914) », Africa, n°5-6, 1978, pp. 137-138
  10. Seul D. J. Mattingly en fait prudemment mention — avec un point d'interrogation — sur la feuille 35 (D. J. Mattingly, Map 35 Tripolitana, 1996, p. 535) de Richard Talbert [sous la dir. de], Barrington Atlas of the Greek and Roman World, éd. Princeton University Press, Princeton, 2000 (ISBN 069103169X).
  11. Feril Ben Mahmoud, op. cit., p. 171
  12. Joseph Dimier, Un régulier chez les Joyeux, histoire vraie, éd. Grasset, Paris, 1928, p. 199
  13. Feril Ben Mahmoud, op. cit., pp. 170-171
  14. (fr) Mohamed-Habib Daghari-Ounissi, « Le bâti traditionnel de la région de Tataouine (Tunisie) », Archéologie islamique, n°11, éd. Maisonneuve et Larose, Paris, 2001, p. 141-166

Voir aussi


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Tataouine de Wikipédia en français (auteurs)

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