Symphonie no 4 de Chostakovitch

Symphonie no 4 de Chostakovitch

Symphonie nº 4 de Chostakovitch

La Symphonie n° 4 en ut mineur (op. 43) est la quatrième des quinze symphonies de Dmitri Chostakovitch, composée entre 1934 et 1936 et créée seulement en 1961.

Elle comporte trois mouvements :

  1. Allegretto poco moderatoPresto
  2. Moderato con moto
  3. LargoAllegro

Sommaire

Fiche technique

Orchestration

6 flûtes (dont 2 piccolos), 4 hautbois (dont un cor anglais), 6 clarinettes (dont une clarinette en mi bémol et une clarinette basse), 4 bassons (dont un contrebasson); 8 cors, 4 trompettes, 3 trombones, 2 tubas; timbales et percussions (grosse caisse, caisse claire, cymbales, triangle, bloc en bois, castagnettes, tam-tam, cloches tubulaires, xylophone, glockenspiel, célesta); 2 harpes; les cordes.

Histoire

Composition

Une première version a été écrite en 1934, mais le musicien, insatisfait, l'a détruite et réécrit une nouvelle partition en septembre 1935 et l'achevant en mai 1936. Sa composition a été rendue délicate par les attaques que le musicien subit de la part de la Pravda l'accusant d'« intellectualisme » à propos de son opéra Lady Macbeth de Mtsensk dont la partition a été jugée trop complexe.

Création et réception

La première devait avoir lieu le 30 décembre 1936 par l'orchestre philharmonique de Leningrad sous la direction de Fritz Stiedry, un réfugié de l'Allemagne nazie, mais durant les répétitions, Chostakovitch retire de lui-même sa symphonie du programme, arguant d'ultimes retouches sur le finale. À posteriori, le musicien explique, lors d'une interview donnée dans les années 1950, qu'il trouvait son œuvre trop « grandiloquente ». Il accuse également le chef d'orchestre choisi d'incompétence. Une autre version, donnée par Isaak Glikman dans son livre Journal d'une amitié, est que la symphonie aurait été retirée suite à des pressions exercées par certains dirigeants du parti communiste sur la direction de l'orchestre.

Chostakovitch ne l'abandonne pas et en écrit alors une réduction pour deux pianos et la joue pour la première fois, avec Moishei Vainberg, en 1946.

La partition orchestrale n'est retrouvée qu'au début des années 1960, permettant une première le 30 décembre 1961 par l'Orchestre philharmonique de Moscou sous la direction de Kirill Kondrachine, ce dernier le dirigeant également pour la première fois en Europe de l'Ouest lors du festival d'Édimbourg en 1962.

Analyse

Elle se compose de trois mouvements et son exécution demande environ une heure.

Sa structure, de forme sonate, est cependant inhabituelle de par le côté massif des premier et dernier mouvements, encadrant une partie centrale, bien plus courte.

Allegretto poco moderato — Presto

Moderato con moto

Largo — Allegro

Ce troisième et dernier mouvement peut permettre d'expliquer le fait que la partition soit restée dans les placards pendant près de vingt-cinq ans, du moins si l'on considère que c'est en raison de la censure que cette symphonie n'a pu voir le jour. En effet, la progression de ce mouvement fait penser à un long processus vers la mort, en totale contradiction avec l'idéologie du régime soviétique prônant un regard optimiste sur la nature individuelle jusqu'à l'absurde. En effet, si l'homme est la mesure de toutes choses, il ne peut pas mourir et il ne peut mal faire. Avec la personnalisation du régime mis en place par Staline, aller à l'encontre de cette idée, c'est aller à l'encontre du parti et de son chef suprême.

Or, dans ce mouvement, nous avons l'idée d'une course inéluctable vers l'anéantissement. Le début commencé piano au basson et au pizz des cordes dans le registre grave, fait penser au 3e mouvement de la première symphonie de Mahler qui est une transformation d'une comptine en marche funèbre. Travestissement, ironie même, que cette avancée pénible, laborieuse, faisant penser à la démarche d'un homme fatigué, contraint d'avancer dans le sens qu'on lui a donné. Si au bout d'un moment, vient l'expression du triomphe de la volonté humaine par la reprise du thème fortissimo avec l'ensemble du grand orchestre, cette impression de vie retombe rapidement avec les bois dans le grave ponctué par la pulsation pianissimo des timbales et l'arrivée des cordes dans l'aigu pour mourir avec le celesta propre chez Chostakovitch, à nous glacer le sang. La symphonie se termine ainsi par une impression de mort sans résurrection évidemment, mais également sans espoir de fraternité, excluant par là toute mystique qu'elle soit religieuse ou politique.

Ce coup d'arrêt à la volonté, cette vie qu'on peut très facilement garoter ou interrompre, cette catastrophe, à l'opposé de l'idée prônée par la symphonie inextinguible de Nielsen par exemple, constituent des thèmes qui ne sont pas nouveaux. On les retrouve chez Tchaïkowsky dans le final de sa symphonie pathétique, chez Moussorgsky avec ses Chants et Danses de la mort, chez Mahler dans le final de sa 6e symphonie et chez Schönberg dans le second mouvement de sa seconde symphonie de chambre.

Discographie sélective

On peut citer les gravures historiques de Kirill Kondrachine, Gennady Rozhdestvensky, Eugene Ormandy, Leonard Slatkin et l'intégrale de Bernard Haitink, pratiquement introuvables en France à l'époque de leurs parutions, à l'exception de celui de Bernard Haitink. La situation n'a commencé à évoluer qu'à partir des années 1990 avec, en particulier, les enregistrements de Vladimir Ashkenazy, Simon Rattle, Valery Gergiev, Neeme Järvi, Myung-Whun Chung, André Previn, Mariss Jansons et Eliahu Inbal. En nombre d'enregistrements récemment réalisés, la Cinquième l'emporte encore aujourd'hui sur la Quatrième à plus de cinq contre un.

Direction Orchestre Année Label Note
Kirill Kondrachine Orchestre philharmonique de Moscou

Staatskapelle de Dresde

1962

...

Melodiya

Profil

André Previn Orchestre symphonique de Chicago EMI Classics
Myung-Whun Chung Orchestre de Philadelphie Deutsche Grammophon
Bernard Haitink Orchestre philharmonique de Londres 1979 Decca
Herbert Kegel Orchestre symphonique de la radio de Leipzig Weitblick
Colin Stone, Rustem Hayroudinoff Chandos Arrangement du compositeur pour deux pianos
Mstislav Rostropovitch Orchestre symphonique de Londres Andante

Références

Voir aussi

Articles connexes

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