Succession d'Alexandre le Grand

Succession d'Alexandre le Grand
L'empire d'Alexandre le Grand.

La succession d'Alexandre le Grand, mort à Babylone en 323 av. J.-C. sans héritier en âge de régner, est à l'origine des guerres des diadoques (322 à 281). Dans un premier temps, Philippe III, son demi-frère déficient mental, et Alexandre IV, son fils posthume, sont proclamés rois de Macédoine, avec pour tuteurs Cratère puis Antipater. Cependant l'appétit de puissance des généraux macédoniens est plus fort que la fidélité dynastique. Leurs règnes, qui s'avèrent fictifs, sont en effet de courte durée. Philippe III est assassiné en 317 sous l'ordre d'Olympias ; quant à Alexandre IV, il est exécuté par Cassandre en 310.

Sommaire

Le « legs » d'Alexandre

Selon Plutarque, lorsque Alexandre, mourant, reçoit la question de Perdiccas : « À qui entends-tu léguer l'Empire ? », il lui aurait fait cette réponse : « Au plus digne (aristos) ». La scène — réelle ou non — laisse en tous cas augurer des déchirements qui vont opposer ses généraux. D'après les auteurs de la Vulgate d'Alexandre, Perdiccas, second personnage de l'empire depuis la mort d'Héphaistion, aurait reçu l'anneau royal des mains d'Alexandre, expliquant, selon eux, qu'il obtienne le titre de chiliarque de l'empire et qu'il affiche son ambition royale en voulant épouser Cléopâtre, la sœur d'Alexandre.

La descendance d'Alexandre

Alexandre aurait eu, non pas un, mais deux fils de Roxane[réf. nécessaire]. Il est dit du premier qu'il serait mort en bas âge. Cependant, certaines traditions orales pontiques font référence à la mise en scène de la mort de ce dernier, qui aurait engendré une descendance. Le second, qui est né peu après la mort d'Alexandre, est Alexandre Aegos, connu sous le nom d'Alexandre IV de Macédoine ; il a été assassiné en 310 av. J.-C. sous l'ordre de Cassandre.

Alexandre a eu un fils illégitime, Héraclès, né de Barsine, une princesse perse. À la mort d'Alexandre, Néarque aurait tenté en vain de placer Héraclès sur le trône. Il a été tué avec sa mère en 309 par Polyperchon qui cherche par cette exécution à rallier Cassandre.

Le partage de Babylone

La mort d’Alexandre, qui n'a pas encore de descendance, plonge l’armée macédonienne dans de graves troubles. Le Conseil des Sômatophylaques (gardes du corps) et des Philoi (Amis du roi) décide en effet de réserver les droits de l’enfant à naître de Roxane, le futur Alexandre et de prêter serment aux tuteurs provisoires, Perdiccas et Léonnatos. Les fantassins de la phalange auraient alors pris le parti du demi-frère d’Alexandre, Arrhidée, fils de Philippe II et de la thessalienne Philinna, après que le Conseil eut choisi, sans les consulter, l’enfant à naître de Roxane[1].

Une scission apparue donc rapidement entre les phalangites et les Compagnons équestres, fidèles aux décisions du Conseil. Perdiccas et Léonnatos envoient alors auprès des fantassins une délégation conduite par Méléagre, chef d'un bataillon (taxis) de la phalange ; mais celui-ci prend le parti de l’infanterie et la pousse à entrer en conflit contre Perdiccas. Les Compagnons et les Amis du roi quittent alors Babylone et en font le blocus. Eumène de Cardia, resté à l’intérieur de la ville, œuvre à une réconciliation en arguant de la neutralité inhérente à son statut de non Macédonien. L’accord, par ailleurs mal connu[2], reconnaît comme roi de Macédoine et d'Asie ; il prend désormais le nom de Philippe III. Les droits de l'enfant à naître sont préservés ; c'est un fils qui à sa naissance est proclamé roi sous le nom d'Alexandre IV.

La répartition des pouvoirs

Aucun des deux rois n'étant apte à assumer les obligations du trône, une répartition des postes s'organise au sein du Conseil de Babylone[3]. Perdiccas devient chiliarque (vizir) et épimélète (gouverneur ou protecteur) du royaume. Cratère est désigné prostatès (tuteur) de Philippe III, épileptique et passant pour déficient mental. Quant à Antipater, il est confirmé dans ses fonctions de régent de Macédoine au titre de « stratège d’Europe », alors même qu'Alexandre a prévu de la remplacer par Cratère. Le fils Cassandre, arrivé à Babylone peu avant la mort du roi, est placé à la tête du bataillon d'élite des Hypaspistes. Séleucos reçoit quant à lui, au titre d'hipparque, le commandement de la cavalerie des Compagnons (commandement prestigieux qu'ont exercé avant lui Héphaistion et Perdiccas).

Le choix de Perdiccas comme chiliarque n'est guère surprenant ; il exerce déjà cette charge auprès d'Alexandre, mais sans le titre, et c'est à lui que le roi à l'agonie aurait confié l'anneau royal dont le sceau authentifie les actes de souveraineté[4]. Perdiccas devient cette fois officiellement chiliarque mais la tutelle des rois, qui est confiée à Cratère, lui échappe. Afin de marquer sa nouvelle autorité, Perdiccas fait rapidement exécuter Méléagre parmi une trentaine d’insurgés de la phalange.

Le partage des satrapies

Le Conseil de Babylone se traduit aussi par un vaste renouveau à la tête des satrapies[5]. On peut exposer les principales désignations :

Pour Perdiccas, initiateur de cette répartition au titre de la chiliarchie, c'est la sauvegarde des conquêtes d'Alexandre qui prime. La désignation d'officiers prestigieux dans les provinces d'un empire encore fragile s'impose donc. Perdiccas n'est sans doute pas non plus mécontent de voir s'éloigner quelques rivaux en puissance, rendus encore plus méfiants depuis l'exécution de Méléagre. Les écarter présente des risques sur le long terme mais permet à Perdiccas dans l'immédiat de consolider son pouvoir.

La première guerre de succession (322-321)

Article détaillé : Guerres des diadoques.

Une première coalition oppose en 322 av. J.-C. Perdiccas à Antipater, Cratère, Antigone et Ptolémée. Le conflit a véritablement éclaté entre les diadoques après que la prestigieuse momie d'Alexandre fut détournée vers Alexandrie par Ptolémée en 322. Les coalisés craignent également les ambitions de Perdiccas qui s'est alièné Antipater en refusent d'épouser sa fille, Nikaia, au profit de Cléopâtre, la sœur d'Alexandre. En 321, Perdiccas marche sur l'Égypte ; il échoue à traverser le Nil et périt assassiné par Séleucos et Peithon, ses propres officiers. Au même moment, Eumène de Cardia, le principal allié de Perdiccas, défend l'Asie Mineure où il défait Cratère.

Après la mort de Perdiccas, la répartition des pouvoirs est en partie revue lors des accords de Triparadisos en 321. Le principal changement au niveau des satrapies concerne Séleucos qui obtient la Babylonie. Antipater est désigné épimélète (protecteur) des rois et conserve la régence de Macédoine ; Antigone le Borgne devient lui « stratège d'Asie » à charge pour lui de vaincre Eumène de Cardia, ce qui est fait en 316.

Les Diadoques

Les Diadoques sont les généraux d'Alexandre qui se partagèrent sa succession. Il convient néanmoins de distinguer les généraux qui n'ont jamais obtenu la titulature royale (Perdiccas, Antipater, Cratère, Eumène de Cardia, etc.) et les satrapes qui sont parvenus à se faire proclamer roi (Antigone le Borgne, Ptolémée et Séleucos). Lysimaque, roi de Thrace, a été vaincu par Séleucos et n'est pas parvenu à fonder de dynastie. Les différentes composantes de l'empire d'Alexandre — pour leur partie occidentale — ne seront plus réunies sous la même puissance pendant deux siècles, jusqu'à l'avènement de l'Empire romain.

Les Antigonides

Les Antigonides forment une dynastie qui a régné sur la Macédoine entre 277 et 167 av. J.-C.. À la mort d'Alexandre Antigone le Borgne a reçu la Phrygie, la Lycie et la Pamphylie. Désigné « stratège d'Asie » par Antipater, il étend son empire à une partie de la Grèce, à l'Asie Mineure et à la Syrie. Il est vaincu à la bataille d'Ipsos en 301. Par la suite, son fils Démétrios Poliorcète est chassé de Macédoine par Lysimaque et Pyrrhus. C'est Antigone Gonatas, le petit-fils d'Antigone, qui parvient à se faire proclamer roi de Macédoine en 277 suite à sa victoire contre les Celtes.

Les Lagides

Ptolémée, l'un des principaux généraux d'Alexandre, s'approprie à la mort d'Alexandre la satrapie d'Égypte sur laquelle il a, semble-t-il, des ambitions depuis un moment déjà. Il est le premier souverain de la dynastie lagide, en référence au père de Ptolémée, Lagos. Ptolémée devient pharaon sous le nom de Ptolémée Ier Sôter (« Sauveur ») à partir de 305 av. J.-C. Cette dynastie pharaonique, la dernière, s'éteint en l'an 30 av. J.-C. avec le suicide de Cléopâtre VII et l'avènement de la domination romaine. Durant la période lagide, seize pharaons (dont deux femmes) se succèdent sur le trône d'Égypte et ont pour principal objectif de faire resurgir la grandeur passée du pays.

Les Séleucides

Les Séleucides sont les héritiers de Séleucos à qui échoit d'abord la Babylonie puis la Syrie (dans son acception antique). Il entreprend de nombreuses campagnes militaires et étend par la suite sa domination sur une grande partie des satrapies orientales (Perside, Médie, Susiane, Sogdiane, etc.). Les Séleucides sont avec les Lagides la plus puissante des dynasties héréditaires qui se partagent l'empire d'Alexandre. Les conflits sont d'ailleurs nombreux entre Séleucides et Lagides. On compte notamment six guerres de Syrie pour la possession de la Cœlé-Syrie. Cependant, le royaume séleucide ne réussit pas à maintenir ses très vastes possessions, pris en tenaille entre les Parthes à l'est, les Romains et les Attalides à l'ouest. À partir du IIe siècle av. J.‑C., il est réduit à la Syrie puis devient une province romaine à partir de 64 av. J.-C.

Notes

  1. Selon Quinte-Curce, Histoire d’Alexandre, X, 6 et Justin, Abrégé des Histoires Philippiques, XIII, 1, 11.
  2. Seul Arrien (Histoire de la Succession d’Alexandre, 1, 3), Diodore de Sicile (XVIII, 2, 4), Justin (XIII, 4 ) livrent quelques précisions.
  3. Au sujet de ces titulatures voir N. G. L. Hammond, « Some Macedonians offices », Journal of Hellenic Studies, no 55 (1985), p. 156-160.
  4. Diodore, XVII, 117, 3 ; Cornélius Népos, Eumène, 2, 2 ; Quinte-Curce, X, 6, 16.
  5. Pour la répartition complète des satrapies voir Diodore de Sicile, XVIII, 3 ; Quinte-Curce, 10, 10.

Bibliographie

  • Édouard Will, Histoire politique du monde hellénistique 323-30 av. J.-C., Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », 2003 (ISBN 202060387X) 

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