- Siège de Carthagène
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Siège de Carthagène
Gravure de la prise de CarthagèneInformations générales Date 13 avril 1697 Lieu Carthagène Issue Victoire française Belligérants Royaume de France Monarchie hispanique Commandants Baron de Pointis
Amiral du CasseForces en présence 2 780 hommes Guerre de la Ligue d'Augsbourg Batailles Philippsburg — Sac du Palatinat — Baie de Bantry — Mayence — Walcourt — Fleurus — Cap Béveziers — Boyne — Staffarda — Cuneo — Mons — Leuze — Aughrim — La Hougue — Namur (1692) — Steinkerque — Lagos — Neerwinden — La Marsaille — Charleroi — Rivière Ter — Texel — Camaret — Bruxelles — Namur (1695) — Dogger Bank — Carthagène — Barcelone — Baie d'Hudson L'expédition de Carthagène du 2 mai 1697 fut le dernier grand combat entre le royaume de France et le royaume d'Espagne avant le traité de Ryswick de 1697. Ce raid fut une totale réussite pour le chef d'escadre Jean-Bernard de Pointis et son commanditaire, l'amiral Jean-Baptiste Du Casse, gouverneur français de Saint-Domingue.
Sommaire
Déroulement
Contexte
La guerre de la ligue d'Augsbourg touchait à sa fin et son issue demeurait indécise. La marine anglaise, la Royal Navy, avait pris un net ascendant sur la Marine royale de Louis XIV et le roi de France était à la recherche d'un succès sur les mers, afin de pouvoir signer le traité de Traité de Ryswick[1], avec les Espagnols en position de force.
De son côté, ce traité permettrait au royaume d'Espagne de mettre fin aux incertitudes sur son empire sud-américain. L'expédition de Carthagène est également pour Louis XIV un moyen d'obtenir un territoire qu'il convoitait : la partie ouest de Saint-Domingue, qui lui permet de créer dès 1698 la Compagnie de Saint-Domingue, puis la la Compagnie de Guinée, confiée à son proche financier Antoine Crozat.
L'expédition
Le Roi s'associe à l'expédition en fournissant sept vaisseaux et trois frégates. L'escadre part de Brest, le 7 janvier 1697[2] et arrive le 3 mars à Saint-Domingue. Jean-Bernard de Pointis convainc l'amiral Jean-Baptiste Du Casse de s'y associer, malgré ses craintes et la difficulté à rallier les flibustiers. Ducasse espère s'emparer de Porto Bello, pour franchir l'isthme de Panama, mais Carthagène des Indes en est trop éloignée jugent beaucoup de flibustiers[3].
Joseph d'Honon de Gallifet, qui succèdera à Du Casse en 1700, fut l'un des acteurs de l'expédition de Carthagène, à la tête de « 110 volontaires coloniaux »[4], assistés de « 180 noirs libres » sous la direction de Jean-Joseph de Paty[5].
Début mars, la flotte quitte le port de Petit-Goave à Saint-Domingue[6] et est en vue de Carthagène à la fin du mois, avec 1 200 hommes venus de Brest accompagnée d'environ 650 flibustiers et boucaniers[2].
Elle se présente devant la ville le 13 avril 1697. Les Français débarquent deux jours après à Boca-Chica. Ils montent à l'assaut des châteaux de San Fernando et Angel, barrant l'entrée de la baie, qui se rendent le 16 avril. Le 20 avril, les Français attaquent la ville qui se rend rapidement et verse une rançon de 9 millions de livres, ce qui n'empêchera pas le pillage de cette dernière[7].
Le 6 mai 1697, les Français entrent dans la ville et jusqu'au 24 mai la pillent, pour un butin estimé entre 10 et 20 millions de livres. Il est en principe partagé à égalité, mais une partie des 650 flibustiers et boucaniers jugent le partage inégal et se livrent à un second pillage de la ville.
Près de 2 millions auraient dû revenir aux flibustiers selon le pacte passé avec eux le 22 mars 1697, à bord du navire amiral, puis renouvelé devant le porche de leur église, celle de Petit-Goave, dans l'ouest de Saint-Domingue. On ne donne pourtant qu'une solde de militaires, décision qui peut s'expliquer par la présence de près de 1200 militaires venus de France, majoritaires dans l'expédition.
Les flibustiers s'étonnent que Jean-Bernard de Pointis quitte la terre ferme espagnole alors qu'il avait promis que Du Casse en deviendrait le gouverneur[3]. Le retour vers la France se fait sur fond de fièvre jaune, qui décime peu à peu les navires, tout comme elle a anéanti une bonne partie des Écossais du Projet Darién la même année, une centaine de kilomètres plus au sud.
Les maladies tropicales faisaient facilement des ravages dans un corps expéditionnaire de grande dimension venu directement d'Europe, le nombre de soldats augmentant la possibilité pour le virus de se nourrir d'un organisme plus vulnérable que les autres et de là se propager à toute la troupe, phénomène qui se vérifiera un siècle plus tard dans les rangs français lors de l'expédition de Saint-Domingue, pourtant préparée par des officiers qui connaissaient les colonies.
Plusieurs des flibustiers français ne rentrent pas à Saint-Domingue et préfèrent mettre le cap vers le Rendez-vous de l'île d'Or[8], et ses environs, où le Projet Darién vient d'échouer[9]. Trois navires de flibustiers s'échouèrent sur la terre ferme, près de Carthagène, et furent repris par les Espagnols, et quatre autres furent capturés par les Anglais et ramenés à la Jamaïque[10].
Du Casse lui-même, informé des bonnes relations entre les indiens du Darién et les flibustiers français, avait proposé au Roi de France d'installer une colonie à cet endroit[8], mais le ministre de la Marine l'en décourage car il craint que la toute jeune Louisiane ne fasse les frais de la fureur espagnole.
Le duc de Saint-Simon a décrit l'expédition avec précision et emphase dans ses Mémoires, comme « un opéra créé pour Louis XIV, produit par Pontchartrain ; livret, musique et mise en scène du baron de Pointis ; exécuté par la troupe et l'orchestre de la marine royale, avec le concours du chœur des flibustiers, Ducasse coryphée »[11].
Notes et références
- Également appelé "Paix de Ryswick"
- L'expédition de Carthagène
- Étienne Taillemite, Denis Lieppe, page 41
- (en) David Marley, Wars of the Americas: a chronology of armed conflict in the New World, 1492 sur Google Livres
- David Marley, Wars of the Americas: a chronology of armed conflict in the New World, 1492, page 213
- Moreau de Saint-Méry, Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l'isle Saint-Domingue, Philadelphie, Paris, Hambourg, 1797-1798, (réédition, 3 volumes, Paris, Société française d'histoire d'outre-mer, 1984), p. 1170.
- Collectif. Sous la direction de Jacques Garnier., Dictionnaire Perrin des guerres et des batailles de l'histoire de France, Paris, Perrin, 2004, 906 p. (ISBN 2262008299), p. 186 - 187.
notice rédigée par Etienne Taillemite
- Étienne Taillemite, Denis Lieppe, page 42
- Baul Butel, page 141
- Baul Butel, page 155
- PyréGraph Editions : MARINS ET FLIBUSTIERS DU ROI-SOLEIL de Jean-Yves NERZIC et Christian BUCHET
Bibliographie
- Frantz Funck-Brentano, L'Ile de la Tortue, La Renaissance du Livre, 1929, réédition Librairie Jules Tallandier, 1979, pp.157-172.
- Étienne Taillemite, Denis Lieppe, La Percée de l'Europe sur les océans vers 1690-vers 1790 sur Google Livres, dans Revue d'histoire maritime, numéro spécial, octobre 1997
- Paul Butel, Les Caraïbes au temps des flibustiers, Aubier Montaigne, 1992, Paris, 300 pages, (ISBN 2700702875)
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