Seigneurie de l’île de Montréal

Seigneurie de l’île de Montréal

Île de Montréal (seigneurie)

Sur la carte des années 1700, on peut voir, sur le pourtour de l'île et sur la rive sud du fleuve, tous ces forts qui allaient devenir bientôt des bourgs et des villages.

La seigneurie de l'Île de Montréal était une seigneurie du Canada, de 1636 à 1859. Elle comprenait toute l'île de Montréal.

Sommaire

Histoire

En 1636, la totalité de l'île de Montréal fut concédée en seigneurie à Jean de Lauson. En 1640, la seigneurie fut acquise par la Société de Notre-Dame de Montréal (ou Compagnie des Associés pour la Conversion des Sauvages), une société pieuse formée dans le but d'établir une colonie de peuplement à cet endroit et d'évangéliser les Amérindiens. Le 9 mars 1663, la seigneurie fut donnée au Séminaire de Saint-Sulpice de Paris. Après la cession de la Nouvelle-France à la Grande-Bretagne, en 1763, les Sulpiciens du Séminaire de Saint-Sulpice de Montréal en demeurèrent possesseurs et demeurèrent ainsi les seigneurs de Montréal jusqu'à l'abolition de la seigneurie en 1859.

De 1763 à 1840, la seigneurie de l'Île de Montréal fut au centre d'un débat acharné, car une partie importante des marchands britanniques réclamaient avec insistance du gouvernement britannique qu'il dépossède les Sulpiciens de la seigneurie. Toutefois, les autorités britanniques se trouvaient dans une position délicate sur cette question entre les exigences des marchands et les Sulpiciens, ces derniers prêchant la loyauté à l'empitre britannique auprès de la population de la colonie. Il en résulta une longue période d'incertitude juridique sur le statut de la seigneurie, pendant laquelle les autorités, sans trancher sur le fond de la question, laissèrent néanmoins les Sulpiciens en possession de la seigneurie. Les événements de 1837-1838 firent pencher les autorités en faveur des Sulpiciens, car ceux-ci firent preuve d'un zèle particulier dans leur collaboration avec le gouvernement colonial pour contrer le mouvement démocratique des Patriotes.

En même temps, les mécanismes du régime seigneurial devenaient inadaptés au territoire de plus en plus urbanisé de l'île de Montréal, en particulier le droit de lods et ventes, en vertu duquel les Sulpiciens, en tant que seigneurs, percevaient une redevance sur chaque vente de terrain qui s'effectuait dans la seigneurie. Des négociations entre le gouvernement et les Sulpiciens conduisirent à une entente par laquelle d'une part les droits seigneuriaux des Sulpiciens seraient officiellement reconnus mais d'autre part on initierait un mécanisme d'abolition volontaire de ces droits seigneuriaux moyennant une certaine compensation.

En 1840, une ordonnance des autorités coloniales confirma les droits des Sulpiciens sur la seigneurie et institua un mécanisme de commutation du régime de tenure des terrains selon lequel les tenanciers qui en feraient la demande pourraient obtenir l'abolition du régime seigneurial sur leur terrain en échange du paiement aux Sulpiciens d'un droit de commutation. Compte tenu de l'existence de ce régime de commutation particulier en place pour la seigneurie de l'Île de Montréal, la loi générale de 1854 sur l'abolition obligatoire du régime seigneurial au Canada ne s'appliqua pas à cette seigneurie. Toutefois, une loi ultérieure de 1859 en rendit les principes essentiels également applicables à la seigneurie l'île de Montréal.

Arrières-fiefs

Les seigneurs de l'Île de Montréal concédèrent quelques arrières-fiefs, de surperficie relativement restreinte. Ce furent :

  • Le fief Nazareth, concédé le 8 août 1654 en fief aux pauvres de l'Hôtel-Dieu de Montréal (superficie de 100 arpents).
  • Le fief Saint-Joseph, concédé le 23 décembre 1659 aux religieuses hospitalières de l'Hôtel-Dieu de Montréal (superficie de 200 arpents).
  • Le fief Saint-Augustin, concédé le 8 mars 1650 et le 23 novembre 1660 aux pauvres de l'Hôtel-Dieu de Montréal (superficie de 400 arpents).
  • Le fief Closse, concédé le 12 février 1658 à Lambert Closse et le 27 juin 1672 à demoiselle Migeon, veuve Closse. Il s'agissait d'une étroite bande de terre de 2 arpents sur 45 arpents, située le long de la grande rue du faubourg Saint-Laurent, à l'est de celle-ci, et à partir de la petite rivière en s'étendant vers le nord.
  • Le fief la Gauchetière, concédé le 12 décembre 1665 à madame Jean-Baptiste Migeon de Bransac et au sieur Jean-Baptiste Migeon de Bransac. C'était une étroite bande de terre de 2 arpents sur 90 arpents, située immédiatement à l'est du fief Closse.
  • Le fief Saint-Germain ou fief Bellevue, concédé le 30 juillet 1672 à Louis de Barthe, sieur de de Chali, et à Gabriel de Barthe, sieur de la Joubardière. Ce fief était situé près de la pointe ouest de l'île.
  • Le fief Senneville, concédé mais par la suite réuni au domaine de l'île de Montréal. Il était lui aussi situé près de la pointe ouest de l'île.
  • Le fief Morel, concédé le 8 décembre 1661 à Paul Morel de Sainte-Hélène. Il était situé vers le nord-est de l'île, donnant sur la rivière des prairies.

Les arrières-fiefs n'étaient pas visés par les mécanismes de l'ordonnance de 1840 concernant la commutation des terres de la seigneurie de l'Île de Montréal, ces mécanismes ne visant que les tenanciers directs des Sulpiciens et non les tenanciers des seigneurs des arrières-fiefs. Des lois particulières rendirent applicables aux arrières-fiefs les principes de la loi générale de 1854 sur l'abolition du régime seigneurial.

Bibliographie

  • Georges-E. Baillargeon, La Survivance du régime seigneurial à Montréal, Un régime qui ne veut pas mourir, Le Cercle du Livre de France, 1968, 309 p.
  • Marcel Trudel, Les Débuts du régime seigneurial, Fides, Montréal, 1974, 313 p.

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