Sarah Bernard

Sarah Bernard

Sarah Bernhardt

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Sarah Bernhardt
Sarah Bernhardt vers 1880, cliché de Napoléon Sarony
Sarah Bernhardt vers 1880, cliché de Napoléon Sarony

Surnom La Voix d'or ; La Divine
Nom de naissance Henriette Rosine Bernard
Naissance 22 octobre 1844
Paris Ve, France France
Décès 26 mars 1923
Paris, France France
Activité principale Comédienne
Activités annexes Directrice de théâtre
Années d'activité 1862-1923
Collaborations Edmond Rostand, Marcel Proust, Oscar Wilde
Formation Conservatoire d'Art dramatique de Paris
Conjoint Aristides Damala
Descendants Maurice Bernhardt
Famille Jeanne-Rosine Bernhardt (sa sœur, également comédienne)
Distinctions honorifiques Légion d'honneur
Répertoire

Sarah Bernhardt, de son vrai nom Henriette Rosine Bernard[1], est une comédienne de théâtre française née le 22 octobre 1844 à Paris dans l'ancien XIIe arrondissement (actuel Ve)[2] et morte le 26 mars 1923 à Paris. Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise.

Sa mère, Judith-Julie Bernhardt, aurait été une célèbre « courtisane » hollandaise (ou allemande)[3], et Sarah elle-même aurait usé de ses charmes à ses débuts pour se faire une situation, comme l'indique son inscription dans le « fichier des courtisanes » établi par la Préfecture de police de Paris[4]. On ignore en revanche qui était son véritable père, Sarah ayant toujours gardé le silence sur son état-civil[5]. Elle eut au moins trois sœurs et souffrit en particulier longtemps de la préférence de sa mère pour sa jeune sœur Jeanne-Rosine, également comédienne.

Elle était surnommée « la Voix d'or » ou « la Divine ». Considérée par beaucoup, avec Rachel, comme une des plus grandes tragédiennes françaises du XIXe siècle, elle fut la première comédienne à avoir fait des tournées triomphales sur les deux continents.

Sa devise : « Quand même ». On lui attribue aussi ce « mot-programme » : « Il faut haïr très peu, car c'est très fatigant. Il faut mépriser beaucoup, pardonner souvent, mais ne jamais oublier. »[réf. nécessaire]

Sommaire

Carrière

Sarah Bernhardt photographiée par Nadar

Elle entre au Conservatoire d'Art dramatique de Paris sur la recommandation du duc de Morny en 1859. Sortie du Conservatoire en 1862 avec un second prix de comédie, elle entre à la Comédie-Française qu'elle quitte en 1866 pour l'Odéon. Elle est révélée en jouant Le Passant de François Coppée en 1869 et triomphe dans le rôle de la Reine de Ruy Blas en 1872, ce qui lui vaut d'être rappelée par la Comédie-Française où elle joue dans Phèdre en 1874 et dans Hernani en 1877.

En 1880, elle démissionne avec éclat du « Français » et crée sa propre compagnie avec laquelle elle part jouer et faire fortune à l'étranger. Elle se fait une spécialité des rôles de travesti (Hamlet, Pelléas), inspirant à Edmond Rostand sa pièce L'Aiglon en 1900. Elle se produit à Londres, à Copenhague, aux États-Unis (1880-1881) et en Russie, notamment au théâtre Michel de Saint-Pétersbourg (en 1881, 1892 et 1908). Elle rencontre Thomas Edison à New York et y enregistre sur cylindre une lecture de Phèdre.

Proche d'Oscar Wilde, elle lui commande la pièce Salomé, dont elle interprète le rôle-titre, en 1892. À partir de 1893, elle prend la direction du théâtre de la Renaissance puis du théâtre des Nations qu'elle rebaptise théâtre Sarah-Bernhardt et où elle joue La Dame aux camélias. En décembre 1894, elle fait appel à Alfons Mucha pour dessiner ses affiches. Ces six années de collaboration donnent un second souffle à sa carrière. Elle apporte son soutien à Émile Zola au moment de l’affaire Dreyfus.

Portrait par Nadar

En 1905, lors d'une tournée au Canada, elle est accueillie par le premier ministre Wilfrid Laurier à Québec. Toutefois, l’archevêque local, Louis-Nazaire Bégin, détestant le théâtre, demande à ses paroissiens de boycotter la représentation et c'est devant une salle en partie vide que l’actrice, habituée aux foules, se produit. [6]

En 1914, on lui remet la Légion d'honneur. Elle est amputée d'une jambe en 1915, à l'âge de 71 ans, en raison d'une tuberculose du genou[7], dont les premiers symptômes remontent au saut, onze ans plus tôt, du parapet dans le final de Tosca. Cela ne l'empêche pas de continuer à jouer assise, ni de visiter les poilus au front[8].

Vers la fin de sa vie, Sarah Bernhardt devient également actrice de cinéma. Son premier film est Le Duel d'Hamlet réalisé en 1900. C'est un des premiers essais de cinéma parlant avec le procédé du Phono-Cinéma-Théâtre, où un phonographe à cylindre synchronisait plus ou moins la voix de l'actrice aux images projetées. Elle tournera d'autres films, muets, dont deux œuvres autobiographiques, la dernière étant Sarah Bernhardt à Belle-Île en 1912, qui décrit sa vie quotidienne.

Vie privée

La vie privée de Sarah Bernhardt fut assez remplie. À l'âge de 20 ans elle donne naissance à son seul enfant, Maurice Bernhardt, fruit d'une liaison avec un noble belge, Charles-Joseph-Eugène-Henri, prince de Ligne. Elle connaît par la suite plusieurs amants, dont Charles Haas, mondain très populaire à qui elle vouait une véritable passion alors qu'il la traitait en femme légère et la trompait sans états d'âme. Après leur rupture, ils demeurèrent cependant amis jusqu'à la mort de Haas. On compte également des artistes tels que Gustave Doré et Georges Jules Victor Clairin et des acteurs tels que Mounet-Sully et Lou Tellegen. On parle également de Victor Hugo [9] et du prince de Galles.[réf. nécessaire] Certaines sources lui prêtent également des liaisons homosexuelles dont la peintre Louise Abbéma, qui lui consacra plusieurs portraits[10].

En 1874-1875, elle entretient des rapports intimes moyennant rétribution avec plusieurs députés dont Henri Ducasse et le comte de Rémusat.[11]

Portrait de Sarah Bernhardt par Louise Abbéma

En 1882, elle se marie à Londres avec un acteur d'origine grecque, Aristides Damala, mais celui-ci est dépendant de la morphine et leur relation ne dure guère. Elle restera cependant son épouse légitime jusqu'à la mort de l'acteur, en 1889 à l'âge de 34 ans.

Sarah Bernhardt a séjourné plusieurs années avec ses commensaux - qu'elle appelait « sa ménagerie » - dans un fortin militaire désaffecté qu'elle avait acquis au lieudit « La Pointe des Poulains », à Belle-Île-en-Mer et à côté duquel elle avait fait bâtir, décorer et meubler la « Villa des Cinq Parties du Monde », entourée d'un jardin, travaux importants qui lui coutèrent plus d'un million de francs-or, somme considérable pour l'époque. En 1922, infirme et malade, elle vend ces propriétés, où un musée lui est consacré depuis 2007.

Elle meurt dans les bras de son fils Maurice le 26 mars 1923, alors qu'elle était en train de tourner un film. Elle est enterrée à Paris au cimetière du Père-Lachaise (division 44), malgré son souhait de reposer, comme Chateaubriand, face à l'océan, à Belle-Ile-en-Mer.

Sarah Bernhardt a publié plusieurs livres et pièces de théâtre (cf #Écrits).

Elle a en partie inspiré à Marcel Proust le personnage de l'actrice La Berma dans À la recherche du temps perdu. Proust la désignait parfois dans sa correspondance par "Haras", son prénom à l'envers. L'autre source d'inspirations du romancier est Réjane, autre grande comédienne de la fin du XIXe siècle.

Sacha Guitry l'évoque ainsi dans ses souvenirs : « Madame Sarah jouait un grand rôle dans notre existence. Après notre père et notre mère, c'était assurément la personne la plus importante du monde à nos yeux. [...] Que l'on décrive avec exactitude et drôlerie - ainsi que Jules Renard l'a fait dans son admirable Journal - sa maison, ses repas, ses accueils surprenants, ses lubies, ses excentricités, ses injustices, ses mensonges extraordinaires, certes [...] mais qu'on veuille la comparer à d'autres actrices, qu'on la discute ou qu'on la blâme, cela ne m'est pas seulement odieux : il m'est impossible de le supporter. [...] Ils croient qu'elle était une actrice de son époque. [...] Ils ne devinent donc pas que si elle revenait, elle serait de leur époque. »[12]

Théâtre

Sarah Bernhardt dans le rôle de Doña Maria dans Ruy Blas. Tableau de Georges Clairin (1897).
Sarah Bernhardt dans le rôle de Théodora de Victorien Sardou. Photographie de Nadar (1882).
Portrait par Jules Bastien-Lepage (1879)
Portrait par Giovanni Boldini (v. 1880)
Portrait par William Downey, vers 1890


Cinéma

Écrits

  • Dans les nuages - Impressions d'une chaise, éd. Charpentier, Paris, 1878
  • L'Aveu, drame en un acte en prose (1888)
  • Adrienne Lecouvreur, drame en six actes (1907)
  • Ma double vie, mémoires, éd. Fasquelle, Paris, 1907 - réed. Phébus, coll. « Libretto », Paris, 2002 (ISBN 978-2859408671)
  • Un cœur d'homme, pièce en quatre actes (1911)
  • Petite Idole (1920)
  • L'Art du théâtre : La voix, le geste, la prononciation, etc.

Bibliographie

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  • Françoise Sagan, Sarah Bernhardt, le rire incassable, éd. Robert Laffont, Paris, 1987
  • Noëlle Guibert (dir.), Portrait(s) de Sarah Bernhardt, catalogue de l'exposition Sarah Bernhardt ou le divin mensonge, éd. Bibliothèque nationale de France, Paris, 2000 (ISBN 2-7177-2113-4)
  • Anne Delbée, Le Sourire de Sarah Bernhardt, Le Livre de Poche, Paris, 2002 (ISBN 978-2253152934)
  • Claudette Joannis, Sarah Bernhardt : Reine de l'attitude et princesse des gestes, J'ai lu, coll. « Biographie », Paris, 2003 (ISBN 978-2290329054)
  • Jacques Lorcey, Sarah Bernhardt, l'art et la vie, préface d'Alain Feydeau, éd. Séguier, Paris, 2005 (ISBN 2-84049-417-5)
  • Henry Gidel, Sarah Bernhardt, Flammarion, coll. « Grandes biographies », Paris, 2006 (ISBN 978-2080685315)
  • Hélène Tierchant, Sarah Bernhardt : Quand même, éd. SW-Télémaque, coll. « Grands docs », 2009 (ISBN 978-2753300927)
  • Pascale Védère d'Auria, Il était une fois Sarah Bernhardt, Gulf Stream éditeur, Saint-Herblain, 2009 (ISBN 978-2354880569)

Liens externes

Notes et références

  1. ou Henriette Marie Sarah selon certaines sources. De confession juive, elle fut baptisée en 1857 et son nom francisé en Bernard mais ne renia jamais ses origines, comme l'indique le choix de son pseudonyme.
  2. Rue Saint-Honoré selon la comédienne ; au 5, rue de l'école de médecine selon d'autres sources.
  3. L'Intermédiaire des chercheurs et curieux (juillet 1902) [1] et [2] sur Gallica. Sources à prendre avec précaution.
  4. « Les fichiers secrets de la Préfecture de police » sur le site de France Info.
  5. Certains disent qu'il s'agissait d'un Français, officier de marine, du nom de Morel. [réf. nécessaire]
  6. Jean-Marie Lebel, Québec 1608-2008 : Les Chroniques de la capitale cité par Baptiste Ricard-Châtelain dans Le Soleil, 13 juillet 2008.
  7. de Costa C, Miller F, Sarah Bernhardt's missing leg, Lancet, 2009;374:284-285
  8. Courrier International
  9. Alain Decaux dans Victor Hugo, Perrin, 1984.
  10. Les deux femmes réalisèrent également un bronze d'après le moulage de leurs mains jointes, aujourd'hui disparu. [3]
  11. Fiche de Sarah Bernhardt, registre des courtisanes, Paris SAM Série BB, registre n°1 ; cité dans Courtisanes sous surveillance, in Dans les secrets de la police par Gabrielle Houbre
  12. Sacha Guitry, Si j'ai bonne mémoire, Libraire académique Perrin, 1965, pp. 112-113.


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