Samuel Adams

Samuel Adams
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John Singleton Copley, Samuel Adams, (127 x 102,2 cm), 1772, Musée des Beaux-Arts de Boston. Toile commandée par John Hancock, Samuel Adams y est représenté en train de montrer la charte octroyée par Guillaume III d'Angleterre à la colonie du Massachusetts[1].
Signature de Samuel Adams

Samuel Adams (né le 27 septembre 1722 à Boston — mort le 2 octobre 1803 à Boston) était un homme politique, écrivain et philosophe américain, né dans le Massachusetts en Nouvelle-Angleterre. Considéré comme patriote et l’un des Pères fondateurs des États-Unis, Samuel Adams mena la fronde anti-britannique avant et pendant la Révolution américaine. Ses talents d’orateur et d’écrivain lui permirent de s’imposer dans les assemblées et les réunions ; il rédigea des pétitions et des résolutions qui firent avancer le processus révolutionnaire et l’organisation politique du pays. Il signa la Déclaration d'indépendance américaine, collabora à la rédaction de la constitution du Massachusetts et des Articles de la Confédération. Il termina sa carrière comme gouverneur du Massachusetts de 1793 à 1797. Samuel Adams est considéré comme l’un des principaux architectes du républicanisme et fut l’une des grandes figures politiques du Massachusetts et des États-Unis au XVIIIe siècle.

Sommaire

Origines familiales et jeunesse

Samuel Adams est né le dimanche 16 septembre 1722[2] ; ses parents, Mary Fifield et Samuel Adams, eurent de nombreux enfants, mais Samuel Adams fut le deuxième qui réussit à dépasser l’âge de trois ans[3]. Mary Fifield, la fille d’un homme d’affaires nommé Richard Fifield, était très pieuse et l’éleva dans la tradition puritaine. Son père, Samuel Adams Sr., officiait comme diacre et était un notable influent. Il était étroitement lié à la Old South Congregation Church de Boston, qu’il aida d’ailleurs à construire en 1715[4]. Samuel Adams fut baptisé à l'Old South Church (Boston) et c'est depuis la tour de cette congrégation qu'il lancera ses appels à la résistance, peu avant le début de la Boston Tea Party. Le père de Samuel Adams exerçait une grande influence sur la vie de Boston, une cité portuaire de la colonie du Massachusetts, et siégeait au board of selectmen, l’assemblée coloniale. Le père de Samuel Adams s’engagea également dans plusieurs organisations à vocation politique et critiquait la politique impérialiste menée par la Grande-Bretagne dans les treize colonies[5].

Formation

La Boston Latin School, de nos jours

Samuel Adams fit ses études à la prestigieuse Boston Latin School, où il se distingua par son goût pour la littérature antique grecque et latine, dont les influences apparaissent dans ses futurs écrits[6]. À cause de l’éducation religieuse qu’il reçut, Samuel Adams fut attentif à l’impact des offices religieux et des sermons sur les paroissiens. Il se rendit compte du pouvoir que les discours peuvent avoir et voulut d’abord devenir prêtre.

En 1736, il entra à Harvard à l’âge de 14 ans afin de suivre des études de théologie. C’est dans ce collège que Samuel Adams commença à s’intéresser aux théories politiques[7]. Il continua son cursus dans l’enseignement supérieur après avoir reçu son diplôme Baccalauréat ès arts en 1740. Il développa alors ses idées sur les droits des colons et sur le contrôle britannique sur les Treize colonies. Comme bien d’autres Pères fondateurs des États-Unis, il fut influencé par les œuvres de John Locke, en particulier par son Traité du gouvernement civil[8], dans lesquels le philosophe anglais justifie la Glorieuse Révolution de 1688. Selon les écrits de John Locke, tous les Hommes naissent égaux avec des droits naturels : la vie, la liberté, l’égalité et la propriété[9]. Les gouvernements doivent protéger ces droits pour le bien commun et sont liés au peuple par un contrat.

Après avoir obtenu sa maîtrise en arts, sa mère voulut qu’il s’investisse dans la vie de son Église, il tomba amoureux d’Elizabeth Checkley, la fille du révérend de sa paroisse. Le père de Samuel Adams souhaitait qu’il poursuive des études de droit et s’arrangea pour qu’il travaille dans le bureau des comptables de Thomas Cushing. Mais ce dernier le renvoya parce qu’il était manifestement plus intéressé par la politique que par les affaires[10]. Samuel Adams reçut 1000 livres de son père afin qu’il fonde sa propre affaire, mais il prêta la moitié de cette somme à un ami en difficulté et ne fut jamais remboursé. Il dilapida l’autre moitié et travailla dans la brasserie familiale sur Purchase Street, à Boston. En 1746, il fut choisi comme employé du marché de Boston et travailla au service de deux futurs membres de la Chambre des Représentants du Massachusetts[11].

Il était aussi membre de la franc-maçonnerie[12].

Premiers écrits politiques

En janvier 1748, Samuel Adams lança avec quelques amis un hebdomadaire d’opinion, The Public Advertiser[13]. Cette publication contenait essentiellement des éditoriaux et des commentaires politiques de tendance whig, favorables à la liberté dans les treize colonies. Samuel Adams y critiquait le Parlement anglais qui ne respecteait pas selon lui les droits des colons américains. Il pensait que la Charte du Massachusetts (1691) octroyait davantage de droits qu’en avaient les sujets du roi en Angleterre. Il se fondait sur ce texte pour exiger la démission du gouverneur royal de l’époque, William Shirley, qui outrepassait ses pouvoirs et limitait ceux de l’assemblée coloniale. Samuel Adams était par ailleurs convaincu que si la Nouvelle-Angleterre abandonnait ses valeurs puritaines, elle finirait comme l’empire romain. Il comparait même les débuts de la colonie puritaine au XVIIe siècle à l’apogée de l’Empire romain[14].

Vie familiale

À la mort de son père en 1748, Samuel Adams hérita de la brasserie familiale et d’une partie des propriétés foncières, qu’il partagea avec sa sœur et son frère cadet Joseph. Il fut libéré par le testament de sa dette de 1000 livres. Il épousa Elizabeth Checkley le 17 octobre 1749[15]. En septembre 1750, le couple eut son premier enfant, baptisé Samuel, mais celui-ci mourut quelques jours après sa naissance. Ils eurent d’autres enfants, parmi lesquels survécurent Samuel (né le 16 octobre 1751) et une fille, prénommée Hannah. Elizabeth mourut le 25 juillet 1757 à l’âge de 32 ans. À cette époque, Samuel Adams avait dilapidé le patrimoine familial et était couvert de dettes. Il vivait dans l’indigence et travaillait comme percepteur (17561764) ; il se servit de cette fonction pour faire valoir ses idées politiques sur les taxes imposées par Londres. En 1761, Samuel Adams fit la rencontre d’Elizabeth Wells, une jeune femme de 18 ans sa cadette[16] qu’il épousa le 6 décembre 1764.

Période pré-révolutionnaire (1763-1774)

Engagement contre les taxes britanniques

Dans les années 1760, Samuel Adams se distinguait déjà par son activité dans les town meetings et au Caucus Club de Boston[17]. Il s’illustra dans l’opposition aux taxes imposées par Londres dans les treize colonies. En effet, l’Angleterre s’était endettée pour gagner la guerre de Sept Ans et comptait faire payer les colons américains. Le 5 avril 1764, le Sugar Act fut voté par le Parlement anglais ; il étendait les taxes à des produits comme le sucre, certains vins, le café, les textiles, etc. La réglementation sur les exportations de bois et de fer fut également renforcée[18]. Il s’agissait pour le gouvernement de contrôler le commerce dans les colonies et d'accroître les revenus de la Couronne britannique. Cette loi avait aussi pour but de favoriser l'importation de mélasse provenant de colonies britanniques, en vertu du monopole économique et du mercantilisme alors en vigueur. La décision souleva le mécontentement de Samuel Adams qui entra en contact avec deux délégués de l’assemblée du Massachusetts, James Otis et Oxenbridge Thacher. Il essaya de les convaincre que le Sugar Act constituait une violation des droits des colonies, qui n’avaient pas été consultées. Il pensait aussi que le manque de réaction en Amérique conduirait l’Angleterre à imposer de nouvelles taxes et un contrôle plus étroit des colonies. Il chercha à gagner d’autres soutiens dans les town meetings et rédigea un texte de protestation présenté à l’assemblée du Massachusetts. Ce document est le premier à mettre en cause l’autorité du Parlement anglais sur la question des taxes. Il appelle pour la première fois à l’unité des colons américains contre leur métropole. Il fut publié dans la presse et repris dans de nombreux pamphlets. James Otis remit le document à l’assemblée du Massachusetts où il fut approuvé le 14 juin 1764[19]. L’assemblée proposa également de réunir les délégués des treize colonies en Congrès, mais elle en fut empêchée par le gouverneur royal, Francis Bernard, qui prononça sa suspension. Cependant le texte de Samuel Adams fut largement diffusé en dehors du Massachusetts et contribua à la rébellion contre le Sugar Act. À Boston, Samuel Adams réussit à convaincre les marchands de boycotter les marchandises anglaises et le Sugar Act fut finalement abrogé ; mais la politique de taxation ne fut pas abandonnée.

En effet, en 1765, le Stamp Act imposa un droit de timbre sur tous les documents officiels et imprimés (permis, contrats, journaux, testaments, etc.). Samuel Adams appela à nouveau les colons à défendre leurs droits et libertés. Avec d’autres représentants, il lança l’idée d’un Stamp Act Congress, une réunion des délégués des treize colonies, afin de discuter de la nouvelle taxe. L’assemblée du Massachusetts approuva cette décision. Neuf colonies sur treize envoyèrent des représentants au Stamp Act Congress qui se tint à New York en octobre 1765. Les 27 délégués des colonies adoptèrent une Déclaration des Droits et des Griefs (Declaration of Rights and Grievances) et envoyèrent des lettres ainsi que des pétitions en Angleterre[20]. En réalité, les boycotts des produits anglais eurent plus d’effet que les pétitions, et la loi fut finalement abrogée le 18 mars 1766, sous la pression des marchands britannique. Mais la question de la représentation politique des Américains n’était pas réglée.

Après la mort d’Oxenbridge, Samuel Adams se présenta pour le remplacer à l’assemblée et fut élu par 265 voix contre 18, à l’issue du second tour[21]. Il acquit ainsi une position de leader politique. Il restait fermement opposé à l’autorité du Parlement anglais et ses décisions furent entérinées par les représentants de la colonie sous le nom de « Massachusetts Resolves » (Résolutions du Massachusetts). Ses adversaires, comme le loyaliste Thomas Hutchinson, commençaient à dénoncer l’emprise de Samuel Adams sur l’assemblée coloniale. Ce dernier fut réélu en mars 1766, avec James Otis et Thomas Cushing. En 1768, Samuel Adams rédigea un projet de déclaration dans lequel il évoquait les questions du pouvoir colonial, des libertés, des droits et de l’autodétermination[22]. L’assemblée examina ce texte, l’amenda pour finalement l’approuver le 12 janvier 1768 ; il fut expédié au roi d’Angleterre. Le 4 février, l'assemblée vota en faveur d’une circulaire sur la politique coloniale, également rédigée par Samuel Adams. Ce document fut adressé aux autres colonies et reçut un accueil favorable ; il fut publié par Thomas Hollis à Londres, avec une pétition du Massachusetts, sous le titre The True Sentiments of America[23]. Cette œuvre eut un grand retentissement en Angleterre comme en Amérique et fut considérée par la Couronne comme un acte de défiance : en mai 1768, des troupes furent envoyées à Boston.

« Massacre » de Boston

Le « massacre » de Boston en 1770
Article détaillé : Massacre de Boston.

La présence des troupes britanniques, les protestations et la formation par Samuel Adams de l'Association de Non-Importation, précipitèrent le Massacre de Boston, une formule inventée par Samuel Adams. Après l'incident, Adams présida une réunion qui déposa une pétition auprès du gouverneur par intérim Thomas Hutchinson, demandant le retrait de deux régiments britanniques de la ville de Boston. Hutchinson déclara d'abord qu'il ne pouvait prendre une telle décision, arguant de son statut de gouverneur temporaire, mais indiqua qu'il voulait bien déplacer un régiment ; la réunion fut à nouveau convoquée et Samuel Adams parvint à décider une foule de plus de 5 000 personnes à rester ferme sur ses décisions : « Les deux régiments ou rien ! » Craignant des manifestations de violence, Hutchinson retira les deux régiments et les envoya au Castle William, un vieux fort sur une île dans le port de Boston. Ces régiments furent par la suite surnommés les « Régiments de Sam Adams », par le Parlement britannique.

En 1772, après l'annonce par les Britanniques que les juges seraient rétribués par la Couronne et non plus par l'assemblée coloniale, la population de Boston réclama une session spéciale de cette assemblée pour débattre du problème, ce que refusa Thomas Hutchinson. C'est cet évènement qui poussa Samuel Adams à envisager un système de comités de correspondance chargé d'observer les activités britanniques et au sein desquels les villes du Massachusetts pourraient se tenir au courant des sujets politiques. Une telle structure, techniquement légale au regard de la loi britannique, conduisit de facto à la formation d’assemblées indépendantes du pouvoir anglais. Ce système fut ensuite adopté par chacune des treize colonies.

Boston Tea Party

Article détaillé : Boston Tea Party.

Samuel Adams joua un rôle déterminant dans l’un des événements les plus connus de la Révolution américaine, la Boston Tea Party du 16 décembre 1773. En mai 1773, le Parlement anglais votait le Tea Act, qui permettait à la Compagnie anglaise des Indes orientales de vendre son thé aux colonies de l'Amérique du Nord sans acquitter de taxes. En réaction, Samuel Adams fit circuler une lettre dans les colonies montrant que cette nouvelle loi anéantirait le commerce américain mais aussi augmenterait les revenus de l’État anglais. Grâce à l’action des comités de correspondance, la rébellion américaine fut pour la première fois unie autour d’une même cause. Samuel Adams prononça plusieurs discours devant les fils de la Liberté, une organisation secrète qui contestait la suprématie anglaise, parfois avec violence.

Le 16 décembre 1773, soixante Bostoniens grimpèrent à bord de trois navires (le Dartmouth, l'Eleanor et le Beaver)[24] costumés en Amérindiens. Ils ouvrirent les caisses contenant le thé et le jetèrent par dessus bord. En représailles, le Parlement britannique vota les Intolerable Acts qui révoquaient la charte coloniale du Massachusetts et fermaient le port de Boston[25]. Les colons décidèrent de réunir un congrès continental. Le 17 juin 1774, l’assemblée du Massachusetts se réunit à Salem pour en discuter. Samuel Adams ferma les portes du bâtiment et proposa d'envoyer une délégation pour le Congrès. Il fut aussi l’auteur de la plupart des Suffolk Resolves (résolutions du Suffolk), en réponse aux Intolerable Acts et qui furent adoptées en septembre 1774[26]. Samuel Adams s'opposa aussi au compromis proposé par Joseph Galloway qui prévoyait un simple boycott des importations britanniques par les associations continentales.

Samuel Adams et la Révolution américaine (1774-1803)

Article détaillé : Révolution américaine.
Remise du brouillon de la déclaration d'indépendance lors du Congrès Continental
Signatures de la Déclaration d'indépendance : la signature de Samuel Adams figure à la 3e position de la dernière colonne


En septembre 1774, Samuel Adams fut choisi pour représenter la colonie du Massachusetts au premier Congrès continental réuni à Philadelphie[27]. Il fut l’un des premiers à proposer l’indépendance américaine. Il siégea également au second Congrès continental et servit au conseil de guerre, entre 1775 et 1781.

À Boston, le général britannique Thomas Gage devint commandant en chef des armées du Massachusetts en 1774 et remplaça le gouverneur civil Thomas Hutchinson. À ce titre, il fut chargé d’appliquer les Intolerable Acts. Thomas Gage reçut l'ordre d'arrêter John Hancock et Samuel Adams, mais ces derniers s’enfuirent à temps et se réfugièrent à Lexington. Les colons avaient quant à eux rassemblé pendant l'hiver des armes, des munitions et de la poudre à Concord. Dans la soirée du 18 avril 1775, Thomas Gage envoya 700 hommes vers ces deux villes, situées à quelques kilomètres à l'ouest de Boston. Leur but était de détruire le stock de munitions mais aussi de capturer Samuel Adams et de John Hancock. Cependant, ces derniers furent informés à temps par Paul Revere et William Dawes que les troupes anglaises arrivaient. Après la bataille de Lexington et Concord, le gouverneur Thomas Gage garantit une amnistie à ceux qui manifesteraient leur loyauté à l’égard de la Couronne ; mais John Hancock et Samuel Adams était exclus de cette proposition.

Samuel Adams apposa sa signature à la Déclaration d’indépendance en 1776[28]. Il se révéla méfiant vis-à-vis du projet d’un gouvernement fort et soutint les Articles de la Confédération, le premier texte constitutionnel des États-Unis, qu’il signa en 1777[29]. Il critiqua le general George Washington ainsi que les troupes de l’armée américaine[30]. En 1781, il fut élu au Sénat de l’État du Massachusetts, dont il fut le président pendant une année jusqu’en 1788[31].


Au moment de l’élaboration de la constitution américaine, Samuel Adams était considéré comme un anti-fédéraliste, un groupe politique opposé à un gouvernement central fort, sans être aussi radical que certains autres personnages. Ainsi, il continua de soutenir les Articles de la Confédération jusqu’à la fin de sa carrière : ses contemporains l’avaient surnommé « le dernier puritain[32]. » Il se dressa d’abord contre le projet de constitution fédérale élaboré à la convention de Philadelphie en 1787. Après plusieurs mois de débats, Samuel Adams décida finalement de donner son aval à la Constitution, avec la garantie qu’une déclaration des droits serait ajoutée au texte. Le Massachusetts la ratifia d’une courte majorité puis se dota d’une constitution locale rédigée par une Convention dont Samuel Adams fit partie.

En 1786, Samuel Adams soutint la proposition du gouverneur James Bowdoin d’envoyer 4 000 miliciens afin de mater la révolte des fermiers endettés, menées par Daniel Shays. En tant que Président du Sénat du Massachusetts, il écrivit même une déclaration contre la rébellion de Shays. Par la suite, la santé de Samuel Adams se détériora. En janvier 1788, il perdit son fils, Samuel Adams Jr. Ce dernier avait étudié la médecine avec le docteur Joseph Warren, camarade patriote et ami d'Adams ainsi que de son cousin John Adams (futur Président des États-Unis). Samuel Adams Jr. fut également chirurgien dans l'armée de Washington.

Samuel Adams perdit les élections à la Chambre des Représentants du premier congrès contre le fédéraliste Fisher Ames[33]. Il fut cependant nommé lieutenant-gouverneur du Massachusetts de 1789 à 1793 et seconda le gouverneur John Hancock. En 1790, toujours influencé par le puritanisme, il fit partie des opposants à l’ouverture de théâtres publics à Boston. Il assura l’intérim comme gouverneur du Massachusetts à la mort de John Hancock en 1793 et, l’année suivante, il fut élu à cette charge qu’il occupa jusqu’en juin 1797. Lors de son discours inaugural, il déclara vouloir laisser le pouvoir de décision à l’assemblée de l’État. En 1795, il critiqua résolument le traité de Jay approuvé par une majorité de Sénateurs le 24 juin. Ce document mettait fin à tous les contentieux nés de la Révolution américaine. Les Britanniques acceptaient d’évacuer les forts occidentaux et de compenser les propriétaires de navires américains. En échange ils reçurent des Américains le statut commercial de la nation la plus favorisée. Samuel Adams avait soutenu la France dans cette affaire et il gagna pour cette raison la sympathie de Républicains comme Thomas Jefferson et James Madison[34].

La plaque funéraire de Granary Burying Ground


La même année, Samuel Adams fut réélu à une large majorité, malgré les attaques des Fédéralistes[35]. En 1796, il se présenta à l’élection présidentielle américaine et arriva en cinquième position avec 15 suffrages. Il prit sa retraite politique en 1797 et commença à présenter les symptômes de l’infirmité motrice cérébrale ou de la maladie de Parkinson, si bien que sa fille Hannah devait signer pour lui[36]. Il mourut à l’âge de 81 ans le 2 octobre 1803 et fut enterré au Granary Burying Ground de Boston[37].

Héritage

Le Faneuil Hall de Boston et la statue de Samuel Adams

Samuel Adams reste une figure controversée de l’histoire américaine. L’historien Mark Puls, dans sa biographie intitulée Samuel Adams: Father of the American Revolution (2006), le décrit comme un leader politique et un précurseur de la Révolution américaine. Thomas Jefferson le comparait à un « patriarche de la liberté » (Patriarch of Liberty) ; John Adams le qualifiait de « Père de la Révolution américaine » (Father of the American Revolution)[38].

Samuel Adams fut le premier à proclamer que le Parlement anglais ne disposait d'aucune autorité légitime sur les treize colonies. Il utilisa la presse pour diffuser ses idées révolutionnaires. L’historien George Bancroft, dans son History of the United States from the Discovery of the American Continent, écrit qu’il eut une influence considérable sur l’opinion publique pendant la révolte anti-anglaise[39]. Pour John Fiske, Samuel Adams est le personnage le plus important pour la fondation des États-Unis, derrière George Washington[40].

Depuis, le rôle de Samuel Adams dans l’histoire du pays a été réévalué par les historiens : Ralph V. Harlow le décrit comme un zélote et un propagandiste de l’indépendance américaine[41]. John C. Miller reprend cette vision dans sa biographie publiée en 1936[42]. Russel Kirk démontre qu’il utilisa l’indépendance pour servir ses propres ambitions politiques et l’accuse de démagogie[43]. Pauline Maier dans The Old Revolutionaries: Political Lives in the Age of Samuel Adams (1980) soutient que Samuel Adams ne fut ni un révolutionnaire, ni un meneur. Selon l'historienne, il ne fit que reprendre à son compte la tradition anglaise de révolution conservatrice, à l'image de la Glorieuse Révolution de 1688-1689.

Enfin, le nom de Samuel Adams fut repris pour des usages commerciaux : une marque de bière américaine, la Sam Adams, produite par la Boston Beer Company[44] reprend l'activité de brasseur qu'il exerçait dans sa jeunesse.

Plusieurs associations se réfèrent également à Samuel Adams : the Sam Adams Alliance et the Sam Adams Foundation rendent hommage à sa capacité d'organiser les citoyens au niveau local pour atteindre un but national[45].

Voir aussi

Sources

Ouvrages ayant servi à la rédaction de l’article :

  • John K. Alexander, Samuel Adams: America's Revolutionary Politician, Lanham, Maryland, Rowman & Littlefield, 2002, (ISBN 074252115X).
  • Thomas Fleming, Samuel Adams: Father of the American Revolution, New York, HarperCollins, 2005, (ISBN 0060829621).
  • James K. Hosmer, Samuel Adams, Boston, Houghton Mifflin, 1885, édition en ligne
  • John C. Miller, Sam Adams, Pioneer in Propaganda, Boston, Little, Brown and Company, 1936
  • Mark Puls, ‘’Samuel Adams: Father of the American Revolution’’, New York, Palgrave Macmillan, 2006, (ISBN 1403975825)

Bibliographie

  • Steward Beach, Samuel Adams, The Fateful Years, 1764-1776 (1965),
  • David Hackett Fischer. Paul Revere's Ride (1994)
  • Dennis Brindell Fradin. Samuel Adams: The Father of American Independence (1998) for middle school audience
  • Benjamin H. Irvin. Sam Adams: Son of Liberty, Father of Revolution Oxford University Press, 2002. Pp. 176.
  • Pauline Maier. From Resistance to Revolution: Colonial Radicals and the Development of American Opposition to Britain, 1765-1776 (1992)
  • Pauline Maier, The Old Revolutionaries: Political Lives in the Age of Samuel Adams (1980) chap. 1: "A New Englander as Revolutionary: Samuel Adams, ” pp 3-50

Liens internes

Liens externes

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Notes et références

  1. (en) Robert Hugues, American Visions. The Epic History of Art in America, New York, Alfred A. Knopf, 1997 (ISBN 0679426272) , p.86-87
  2. La date de naissance de Samuel Adams varie selon les sources : pour certaines, il est né le 16 septembre 1722, pour d’autres le 27 septembre 1722. Cet écart de 11 jours s’explique par la différence entre le calendrier julien et le calendrier grégorien, dont l’application en Angleterre et dans les colonies britanniques fut tardive (milieu du XVIIIe siècle)
  3. La mortalité infantile était en effet très élevée à l’époque moderne. Lire Mark Puls, Samuel Adams ..., 2006, p.22
  4. Mark Puls, Samuel Adams ..., 2006, p.21
  5. Mark Puls, Samuel Adams ..., 2006, p.23
  6. James K. Hosmer, Samuel Adams, 1888, p.15
  7. Mark Puls, Samuel Adams ..., 2006, p.25
  8. Two Treatises of Government
  9. John Locke, Two Treatises of Government, 1689, Londres, p.191
  10. Thomas Fleming, Samuel Adams, 2005, p.77
  11. John C. Miller, Sam Adams... , 1936, p.22
  12. Explore the History of the Masons
  13. James K. Hosmer, Samuel Adams, 1888, p.33
  14. John C. Miller, Sam Adams..., 1936, p.19
  15. Mark Puls, Samuel Adams ..., 2006, p.31-32
  16. Mark Puls, Samuel Adams ..., 2006, p.36
  17. Claude Fohlen, Les Pères de la Révolution américaine, Paris, Albin Michel, 1989, (ISBN 2226036644), p.42
  18. (en) Thomas Kindig, « The Sugar Act. Titled The American Revenue Act of 1764 », Independence Hall Association, 1999-2007. Consulté le 26-06-2007
  19. Mark Puls, Samuel Adams ..., 2006, p.42
  20. Mark Puls, Samuel Adams ..., 2006, p.57
  21. James K. Hosmer, Samuel Adams..., 1888, p.54
  22. Mark Puls, Samuel Adams ..., 2006, p.71-72
  23. Colin Bonwick, English Radicals and the American Revolution, Chapel Hill, North Carolina, University of North Carolina Press, 1997, p.276
  24. (en) December 16, 1773, Boston Tea Party Ship & Museum. Consulté le 7 juillet 2007
  25. (en) John Bull & Uncle Sam, Library of Congress. Consulté le 7 juillet 2007
  26. Doris Devine Fanelli, Karie Diethorn, History of the Portrait Collection, Independence National Historical Park, Philadelphia, American Philosophical Society, 2001, p.78, (ISBN 0871692422)
  27. John K. Alexander, Samuel Adams: America's Revolutionary Politician, 2002, p.135-136
  28. Dennis Brindell Fradin, Samuel Adams: The Father of American Independence, New York, Clarion Books, 1998, (ISBN 0395825105), p.129
  29. (en) The Organic Laws of the United States of America, 02/01/2001. Consulté le 28/04/2007
  30. John C. Miller, Sam Adams... , 1936, p.345
  31. (en)Samuel Adams Biographical Information, Congrès des États-Unis. Consulté le 13/04/2007
  32. The last Puritan. John P. McWilliams, New England's Crises and Cultural Memory: Literature, Politics, History, Religion, 1620–1860, Cambridge, United Kingdom, Cambridge University Press, 2004, (ISBN 0521826837), p.5
  33. Mark Puls, Samuel Adams ..., 2006, p.221
  34. Mark Puls, Samuel Adams ..., 2006, p.227
  35. James K. Hosmer, Samuel Adams..., 1885, p.405
  36. Harry A. Cushing (éd.), The Writings of Samuel Adams, New York, G. P. Putnam's Sons, 1908, Vol. 4, lettre à John Adams, 2 septembre 1790
  37. James K. Hosmer, Samuel Adams..., 1885, p.416-417
  38. George W. Carey, The Political Writings of John Adams, 2000, Washington, D.C., Regnery Gateway, p.697, (ISBN 0895262924)
  39. George Bancroft, History of the United States from the Discovery of the American Continent, 1882, Vol. 3, p.77
  40. James K. Hosmer, Samuel Adams..., 1885, p.370
  41. Ralph V. Harlow, Samuel Adams - Promoter of the American Revolution: A Study of Psychology and Politics, 1923, cité dans Mark Puls, Samuel Adams ..., 2006, p.15
  42. John C. Miller, Samuel Adams: A Pioneer in Propaganda, 1936, cité dans Mark Puls, Samuel Adams ..., 2006, p.16
  43. Russel Kirk, The Roots of American Order, 1974
  44. (en) The Boston Beer Company - About Us, Boston Beer Company. Consulté le 01/06/2007
  45. (en) The Sam Adams Alliance - Why Sam Adams?, The Sam Adams Alliance. Consulté le 01/06/2007


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  • Samuel Adams (Gouverneur) — Samuel Adams Samuel Adams (* 5. Juni 1805 im Halifax County, Virginia; † 27. Februar 1850 im Saline County, Arkansas) war ein US amerikanischer Politiker und 1844 amtierender Gouve …   Deutsch Wikipedia

  • Samuel Adams-Nye — (Born 31 August 1992) is the leading singer in the ban Angelis. His common name is Sam Adams Nye. Sam was the Chorister of the year in 2005. This had attracted Simon Cowell to find a band which does pop and classic songs. Sam is currently… …   Wikipedia

  • Samuel Adams Holyoke — was the son of Rev. Elizur Holyoke and Hannah Peabody. He was born on 15 October 1762 in Boxford, Massachusetts, in Essex County, and died on 22 February 1820, Concord, New Hampshire, in Merrimack County. He never married.Holyoke prepared for… …   Wikipedia

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