Samory Toure

Samory Toure

Samory Touré

Samory, le Coran entre les mains
Sofa de Samory-Woyowoyanko

L'Almamy Samory Touré (ou Samori Touré), né en 1830 à Miniambaladougou, dans l'actuelle Guinée, décédé le 2 juin 1900 au Gabon, fut un souverain et un combattant contre la colonisation française en Afrique de l'Ouest.

Sommaire

Biographie

Origines

Fils d’un colporteur dioula du bas Konyan et d’une mère malinké animiste, il devient un habile marchand ambulant en 1848. Vers 1850, sa mère est capturée au cours d’une guerre par Séré-Burlay, du clan des Cissé. Afin d’obtenir sa libération, il s’engage au service des Cissé où il apprend le maniement des armes et entre en contact avec l’islam. Selon la tradition, il reste « 7 années , 7 mois , 7 jours » avant de s’enfuir avec sa mère.

Il s’engage alors dans l’armée des Bérété, ennemis des Cissé, pendant deux ans avant de rejoindre son peuple, les Kamara. Il prête serment de protéger son peuple contre les Bérété et les Cissé et est nommé Kélétigui (keletigi : chef de guerre) en 1861 à Dyala.

Conquêtes

Il crée une armée de métier et place aux postes de commandement des proches, notamment ses frères et ses amis d’enfance. Il commence alors sa conquête en combattant en premier ses ennemis Bérété et Cissé. Ses conquêtes successives lui permettront de créer son empire, le Wassoulou, dont la capitale sera Bissandougou. Cet empire s’étendra de la Guinée à la Haute-Volta (actuel Burkina Faso) et de la forêt tropicale au Sahara sur près de 400 000 km². Des échanges commerciaux et politiques auront lieu avec l’État Toucouleur, dirigé par El Hadj Oumar Tall.

Si ces campagnes militaires sont sanglantes, il a l’habileté de conserver les organisations des sociétés traditionnelles des peuples battus. Cependant les populations animistes sont islamisées. En 1868, Samory Touré prend le titre d’Almamy, commandeur des croyants. Il se heurte à Tiéba Traoré, roi de Kénédougou (Sikasso) à l’est, aux Français au nord à Bamako. L’empire de Samory est dirigé de sa capitale, Bissandougou, grâce à une administration efficace et une armée d'une part ravitaillée par la côte en armes modernes et d'autre part fabricant elle-même ses propres armes par imitation des fusils de traite.

Samory Touré conclut avec comme « facilitateur » la médiation des « Touré » de Marabadiassa le pacte de non-agression avec son homologue le Roi Gossan Kwa Gbeke de Gbekekro (Bouaké).

Résitance à la colonisation

À partir de 1880, l’ambition de Samory Touré est contrariée par la pénétration coloniale française au Soudan français (actuel Mali). Il entre alors en résistance contre l’armée coloniale qu’il défit à plusieurs reprises, notamment à Woyowoyanko le 2 avril 1882, malgré la supériorité des français qui disposaient d’artillerie lourde.

La « guerre du refus »

En dehors de l'islamisation forcée, Samory n'a jamais réussi à apporter une cohérence à ses conquêtes. Il doit affronter ses sujets animistes qui refusent qu'on leur impose l'Islam. Les Djimini ont par exemple payé un très lourd tribut à la rage sanguinaire de Samory pour n'avoir pas voulu traiter avec lui. Les Djimini se sont alors tournés vers la religion de leurs libérateurs (les français). Au sein même de sa famille, la fracture est importante et il fait exécuter son fils Dyaulé Karamogho, qu'il avait envoyé en France et qu'il soupçonne de le trahir au profit des Français.

La chute

Il est contraint cependant à céder du terrain à l’armée coloniale française en signant différents traités entre 1886 et 1889. Pourtant, il persiste à attaquer les régions pacifiées dès qu'il le peut, en s'en prenant aux civils ; la chronique de l'époque recense de nombreux massacres et actes d'antropophagie. La chute des différents résistants, notamment Babemba Traoré à Sikasso, permet à l’armée coloniale d’attaquer de façon définitive Samory Touré. Suite au massacre d'une colonne française commandée par le Capitaine Menard, une traque est lancée contre Samory. Il sera capturé le 29 Septembre 1898 par le Commandant Gouraud et exilé au Gabon. Il meurt en captivité le 2 Juin 1900 d’une suite d’une pneumonie.

Il devient un héros de la résistance contre le colonialisme et sera reconnu par ses ennemis comme un redoutable guerrier.

Bibliographie

  • (es) Silvio Castro, La Larga Guerra de los Sofas del Almany Samory Touré, La Havane, Ediciones Unión, 1986, 457 p.
  • (fr) Khalil I. Fofana, L'Almami Samori Touré Empereur : récit historique, Paris, Présence africaine, 1998, 133 p. (ISBN 2708706780)
  • (fr) Yves Person, Samori. Une révolution dyula, Dakar, IFAN, Université de Dakar, 1968, 3 tomes, t.I, 1-600 ; t.II, 601-1271 (Mémoire IFAN n°80), t.III, 1272-2377 (Mémoire IFAN n°89) parue en 1968 (t.I et II) et 1975 (t.III) (Thèse d’État)
  • (fr) Centenaire du souvenir "Almami Samori Touré 1898-1998" : symposium international de Conakry du 29 septembre au 1er octobre 1998 : les actes du symposium, Conakry, Éditions universitaires, 2000, 266 p.

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