Saint-ganton

Saint-ganton

Saint-Ganton

Saint-Ganton
Administration
Pays France
Région Bretagne
Département Ille-et-Vilaine
Arrondissement Redon
Canton Pipriac
Code Insee abr. 35268
Code postal 35550
Maire
Mandat en cours
Bernard Gefflot
2008-2014
Intercommunalité Communauté de communes du canton de Pipriac
Démographie
Population 408 hab. (2006[1])
Densité 29 hab./km²
Aire urbaine 12 899 hab.
Géographie
Coordonnées 47° 45′ 57″ Nord
       1° 53′ 20″ Ouest
/ 47.7658333333, -1.88888888889
Altitudes mini. 25 m — maxi. 102 m
Superficie 14,08 km²

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Saint-Ganton(Sant-Weganton) est une commune française, située dans le département d'Ille-et-Vilaine et la région Bretagne.

Sommaire

Géographie

Histoire

Saint-Ganton vient de saint Guenganton ou Hingueten, moine de l'abbaye de Saint-Méen ou évêque de Vannes au VIIe siècle.

Saint-Ganton, ancienne trève de Pipriac, est un démembrement de la paroisse primitive de Pipriac. Au tout début du XIe siècle, les religieux bénédictins de l'abbaye de Saint-Méen fondent un prieuré sur le territoire de Pipriac. Ce prieuré est placé sous le patronage de saint Gwenganton (abbé et restaurateur de Saint-Méen, de 1008 à 1040). Saint Gwenganton ou Guéganton ou Hingueten, d'origine bretonne, était semble-t-il un des premiers successeurs de saint Méen au couvent de Saint-Jean de Gaël. A noter que Hingueten, abbé de Saint-Jacut, est chargé en 1008 par la duchesse Havoise et par les princes Alain et Eudon, ses enfants, de rétablir le monastère de Saint-Méen et de Saint Judicaël. C'est donc après cette époque qu'il faut fixer la date de la fondation du prieuré, qui lui est dédié en la paroisse de Pipriac.

Vers le XVIIIe siècle l'on administrait tous les sacrements à Saint-Ganton, et le curé du lieu essaya même pendant quelque temps de se dire recteur ; mais les recteurs de Pipriac s'opposèrent à cette tentative et vinrent dès lors prendre possession de l'église de Saint-Ganton après s'être installés dans celle, de Pipriac. En 1803 seulement, Saint­Ganton fut érigé en paroisse, dépendant de l'évêché de Saint-Malo (Pouillé de Rennes).

En 1440, les seigneuries de Bossac et de La Thébaudais (ou Thébaudaye) sont réunies en une seule châtellenie. La Thébaudaye devient la demeure des seigneurs de Bossac suite à la destruction du château de Bossac en Bruc-sur-Aff pendant les guerres du Moyen Age. En 1637, Jean Peschart obtient l'érection de cette terre en vicomté.

Administration

Liste des maires successifs
Période Identité Parti Qualité
mars 2001 Bernard Gefflot[2] Retraité
Toutes les données ne sont pas encore connues.

Démographie

Évolution démographique
(Source : INSEE[3])
1962 1968 1975 1982 1990 1999 2006
476 490 461 405 381 388 408
Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes

Lieux et monuments

L'église Saint-Quentin

L'église Saint-Quentin (vers 1669 – 1831 – 1857 – 1861), œuvre de l'architecte Joseph Fleury Chanantais. A l'origine, cette église avait pour patron un saint breton, saint Guenganton, confesseur, fêté le 10 mai dans l'abbaye de Saint-Méen ; mais le curé Thomas Cochet, ayant rebâti cet édifice, s'avisa de dédier sa nouvelle église à saint Quentin, dont le patronage subsiste encore. Il appela même sa trève « paroisse de Saint-Quentin », et signa toujours « recteur de Saint-Quentin » ; mais ses supérieurs firent bonne justice de ses prétentions au rectorat, et les habitants de Saint-Ganton n'admirent point le changement de nom de leur localité. Ce fut vers 1669 que fut rebâtie l'église de Saint-Ganton, en grande partie grâce aux générosités de Gabriel Peschart et de Renée Dollier, seigneur et dame de la Thébaudaye. Aussi en 1675 le seigneur de la Thébaudaye avait-il tout droit de prétendre aux honneurs de la supériorité et de la fondation, et aux prééminences en cette église. Il possédait dans le chanceau un banc et un enfeu où avaient été inhumés, du côté de l'évangile, Georgine Tillon, dame de la Thébaudaye, décédé en 1648, et du côté de l'épître François Peschart, seigneur de la Thébaudaye, son mari, décédé en 1649. On a, de nos jours, surhaussé cet édifice, auquel a été ajoutée une petite tour avec flèche en pierre, qui produit bon effet. On rend de temps immémorial en cette église un culte tout particulier à saint Eutrope. La fontaine du bienheureux avoisine l'église et est ornée d'une croix de pierre avec tronc également en pierre, qui semble une oeuvre du XVe siècle. Jadis les paroisses voisines, notamment celle de Guipry, venaient processionnellement à Saint-Ganton à la fête de saint Eutrope, et à la fin du XIXe siècle encore une grande foire s'y tient ce jour là. La statue primitive du saint, en granit et très-grossièrement taillée, est certainement fort antique ; elle était naguère très-honorée et placée dans l'église près de l'autel de Saint-Eutrope, mentionné en 1651. Il y avait autrefois quelques fondations dans cette église, mais la fabrique n'avait pas de revenu fixe (Pouillé de Rennes). L'église comprend une nef à chevet droit et un transept. Le maître-autel date du XIXe siècle. La sacristie date de 1846. Le clocher date de 1857-1861. On y trouve une croix du XVe siècle. Les seigneurs de la Thébaudaye possédaient jadis un enfeu dans le chœur ;

L'ancien prieuré

L'ancien prieuré de Saint-Ganton, aujourd'hui disparu, et jadis membre de l'abbaye de Saint-Méen. Les Déclarations de l'abbaye de Saint-Méen mentionnent le prieuré de Saint-Guenganton, membre de ce monastère ; nous regardons comme presque certain qu'il s'agit ici de l'église de Saint-Ganton, jadis trève de Pipriac et aujourd'hui église paroissiale. Le nom de cette localité rappelle bien, en effet, celui de saint Guenganton, confesseur, dont les moines de Saint-Méen faisaient l'office de douze leçons, le 10 mai, et l'on y retrouve encore le souvenir d'une très-ancienne maison religieuse disparue depuis plusieurs siècles. D'après cette tradition locale, le prieuré de Saint-Ganton se trouvait à côté et au Nord de l'église, là où s'éleva plus tard la chapelle Saint-Michel et où se trouve à la fin du XIXe siècle la maison d'école des religieuses. Il ne reste malheureusement aucune trace de ce monastère ; mais il est vraisemblable que les biens du prieuré de Saint-Ganton furent aliénés dès avant le XIVe siècle et qu'ils donnèrent naissance à la petite seigneurie de même nom, dont le manoir, encore fort intéressant, avoisine l'église. Quant à cette église elle-même, d'abord priorale, puis tréviale et enfin paroissiale, elle n'offre pas de traces d'architecture fort antique. Remarquons seulement qu'en construisant la maison d'école sur l'emplacement de l'ancien monastère, l'on a trouvé, en 1865, dans de vieilles fondations d'édifice, beaucoup de monnaies carlovingiennes (abbé Guillotin de Corson) ;

La chapelle Saint-Mathurin

La chapelle Saint-Mathurin (XVII-XXème siècle), propriété de la baronnie Bossac-La Thébaudais. Saint-Mathurin était une chapelle frairienne mentionnée en 1636. Située sur les limites de Saint-Ganton et de Saint-Just, elle était disputée par ces deux paroisses. On dit qu'elle fut fondée par une dame des environs. Le seigneur de la Thébaudaye avait droit de tenir à côté deux foires, aux fêtes de saint Mathurin et de saint Louis. La chapelle qui renferme encore les statues de ces deux bienheureux est un édifice du XVIIe siècle sans caractère, mais entretenu (Pouillé de Rennes) ;

L'ancienne Chapelle de la Rochelle

La chapelle de la Rochelle, sise au village de ce nom, dépendait, d'après la tradition locale, d'un couvent de femmes sur lequel nous n'avons aucune donnée historique ;

L'ancienne chapelle de Saint-Michel

Cette chapelle passait pour avoir, à l'origine, dépendu d'un monastère, probablement du prieuré de Saint-Ganton ; mais au XVIIe siècle elle était considérée comme frairienne. Ayant été rebâtie à cette époque, elle fut bénite le 19 octobre 1653 par Thomas Cochet. Interdite vers 1750, elle n'existe plus aujourd'hui (Pouillé de Rennes) ;

L'ancien château de La Thébaudaye

L'ancien château de la Thébaudais ou Thébaudaye (XVe siècle - 1619). Reconstruit vers 1619 (avec six tourelles, quatre pavillons, des douves, des pont-levis, une chapelle privée et deux colombiers), le château est incendié lors de la Révolution, en 1790. Il s'agit à l'origine d'un manoir construit par la famille Thebaud, propriété au XVe siècle de la famille Bossac, et détruit durant les guerres de succession de la Bretagne. La seigneurie de Thébaudaye est unie à la seigneurie de Bossac, dès le début du XVe siècle et jusqu'en 1789. La seigneurie de Bossac est vendue à Jean Peschart. Le fils de ce dernier, Gabriel Peschart (époux de Renée Dollier et baron de Bossac en 1685), est assassiné à La Thébaudais en 1692, et on prétend depuis ce jour que les ruines de la Thébaudaye sont hantées de fantômes. La chapelle Saint-Roch de la Thébaudaye se trouvait dans la cour de ce manoir. Le 24 juillet 1642, François Peschart et Georgine Tillon, seigneur et dame de la Thébaudaye, fondèrent en cette chapelle, « bastie en l'honneur de Dieu et de Messieurs sainct Roc et sainct François », deux messes par semaine, les lundis et vendredis. En 1653, Georges Gérard desservait cette chapelle, dans laquelle se marièrent en 1666 Charles Jolliff, seigneur de la Daudaye, et Julienne de la Bigotaye ;

La mairie

La mairie (XVII-XIXème siècle), encore surnommée La Roche. Cet édifice est l'ancienne chapelle Saint-Michel, encore appelée "chapelle des Forêts" qui remonte à la fondation du prieuré au Xe siècle. Cette chapelle sert d'abord d'église paroissiale pendant la construction de la nouvelle église en 1669, puis d'école en 1847. Les biens du prieuré avaient été aliénés avant le XIVe siècle et donneront naissance au manoir de Saint-Ganton ou de la Roche. L'ancien manoir de Saint-Ganton conserve deux tourelles du XVe siècle. Propriété successive des familles le Febvre (en 1427 et en 1513), Lescundet (en 1613), Peschart seigneurs de la Durantaye (en 1652), du Fresne seigneurs de Virel (au XVIIIe siècle) ;

A signaler aussi

  • La croix de Saint-Eutrope (XVIe siècle)
  • La fontaine Saint-Eutrope (XIXe siècle)
  • Le four (XXe siècle), situé au lieu-dit Beaucel
  • Le moulin à vent de la Tombe et le moulin à eau des Forges
  • La chapelle Saint-Cornély (1895)
  • La découverte de pièces de monnaies carolingiennes près de la chapelle Saint-Michel ;
  • La découverte de scories dans le bois de Beaucel, attestant l'existence d'anciennes forges ;
  • L'ancienne carrière de schiste bleu ;

Personnalités liées à la commune

Personnalités religieuses

Liste non exhaustive des recteurs de la paroisse de Saint-Ganton :

  • Joseph Coignard (1803, décédé en 1815)
  • Jacques-Mathurin Janvier (1815-1824)
  • Joseph Le Breton (1824-1837)
  • Julien Juhel (1837, décédé en 1852)
  • Joseph Gérard (1852, décédé en 1868)
  • Pierre Gaudin (à partir de 1868)

Noms de quelques curés de Saint-Ganton avant 1790 :

  • Mathurin Macéot (1613), décédé le 19 mars 1648 et inhumé dans l'église, devant l'autel de Notre-Dame
  • Thomas Cochet (1648), décédé le 21 septembre 1671, inhumé dans l'église, près du chanceau
  • Jean Juin (1671-1681)
  • Jean Hervé (1682), décédé le 6 décembre 1713 et inhumé dans l'église
  • Julien Gefflot (1715-1754)
  • Guillaume Barre (1754)
  • Julien Laurent (1776)
  • Joseph Coignard (1777), qui devint recteur en 1803

Ancienne noblesse de Saint-Ganton

La seigneurie de la Thébaudaye : Le manoir de la Thébaudaye (ou Thébaudais) construit sur le territoire de Saint-Ganton, ancienne trève de Pipriac, érigée plus tard en paroisse, devait son nom à un Thébaud dont l'histoire n'a pas gardé souvenir. Ce dut être d'ailleurs à l'origine une maison noble de peu d'importance appartenant dès le commencement du XVe siècle aux seigneurs de Bossac, en Bruc. Mais le château de Bossac ayant été détruit par les guerres du Moyen Âge, ses possesseurs vinrent s'établir à la Thébaudaye qui prit de leur séjour un air de grandeur. Dès 1440 ils y habitaient ordinairement et les deux seigneuries de Bossac et de la Thébaudaye ne formèrent plus alors qu'une seule châtellenie qualifiée baronnie d'ancienneté. Nous avons déjà fait connaître les premiers sires de Bossac et de la Thébaudaye appartenant successivement aux familles de la Motte, du Perrier, de Laval et de Coligny. En 1630, Françoise de Coligny, veuve de René de Talensac, vendit Bossac et la Thébaudaye à François Peschart, seigneur de Bienassis, en Pipriac.

Ces seigneurs demeurant habituellement à la Thébaudaye, firent de ce manoir une importante maison. Quatre cours closes de murs entouraient le principal logis seigneurial, reconstruit vers 1619 ; ce grand carré de murailles était flanqué de six tourelles et de quatre pavillons en forme de bastions ; des douves profondes cernaient cet ensemble de constructions dans lesquelles on ne pénétrait qu'au moyen de ponts-levis. Dans les cours s'élevaient deux colombiers et une chapelle dédiée à saint Roch. Autour s'étendaient de vastes jardins et deux parcs « en partie cernés de murs » (nota : Une légende populaire attribue la discontinuité de ces murs du parc de la Thébaudaye au chagrin qu'une dame du lieu éprouva en apprenant à la vue d'une pie morte qu'elle mourrait un jour. Cette légende de La dame et la pie se retrouve ailleurs, en Bretagne, au bord des tronçons de voies romaines et nous avons raconté celle de la Thébaudaye dans nos Traditions et légendes de Haute-Bretagne, 175) contenant ensemble cent journaux de terre. De cette belle résidence seigneuriale, il ne reste aujourd'hui que d'informes ruines ; mais sur ces murailles croulantes l'imagination du peuple voit certaines nuits apparaître de grands fantômes revêtus de suaires ensanglantés ; ce sont d'anciens seigneur et dame de la Thébaudaye meurtris, puis assassinés dans leur propre demeure. Voici l'origine historique de ces effrayantes traditions populaires. Nous venons de dire que François Peschart acquit en 1630 la seigneurie de la Thébaudaye ; il vint habiter ce manoir avec sa femme Georgine Tillon qu'il perdit en 1648 ; lui-même mourut l'année suivante ; leurs corps furent inhumés au chanceau de l'église de Saint-Ganton dont ils étaient les insignes bienfaiteurs. Leur fils Gabriel Peschart devint alors baron de Bossac et propriétaire de la Thébaudaye. Étant encore mineur, on lui donna pour curateur son parent Louis du Bouëxic, seigneur de la Chapelle, né en 1623 de Claude du Bouëxic, conseiller au Présidial de Rennes, et de Marie Peschart. Ce Louis du Bouëxic épousa en 1650 Marie Cybouault, fille du seigneur de Pinieux. De bonne heure, Gabriel Peschart fit de grandes dépenses et contracta des dettes. Voulant se rendre acquéreur des fiefs que le baron de Renac possédait en Pipriac et Bruc et désirait vendre, il fit un emprunt et obtint de Louis du Bouëxic un cautionnement de 28 625 livres. C'est en 1659 que le baron de Bossac acheta les fiefs de Renac ; deux ans plus tard, le 30 avril 1661, il épousait à Nantes Renée Dollier de Casson, fille de Claude Dollier et de Françoise des Cailluns, seigneur et dame du Plessix, en Casson, et de la Dévoriaye, en Fougeray. Les nouveaux époux vinrent résider à la Thébaudaye où leur naquit un fils nommé, le 16 février 1662, Louis-François, sur les fonts baptismaux de Saint-Ganton. Puis ils allèrent habiter Rennes, et ils y eurent sept enfants, tous baptisés en l'église Saint-Etienne de cette ville : Gabriel en 1663, Marie en 1665, René en 1668, Louise en 1670, Marguerite en 1671, Suzanne en 1674, et une autre Marguerite en 1676[5]. Ces nombreux enfants moururent relativement jeunes ; Louise décéda la dernière en 1701.

Devenu chevalier des Ordres de Saint-Lazare et du Mont-Carmel, Gabriel Peschart obéra de plus en plus sa fortune. De nombreux créanciers, le seigneur de la Chapelle en tête, manifestèrent des craintes et voulurent être remboursés. Le baron de Bossac n'avait pas les fonds nécessaires ; il cherchait à s'excuser, prétendant que ses biens avaient été mal administrés pendant sa minorité. M. et Mme du Bouëxic lui demandèrent alors de leur céder la baronnie de Bossac et la Thébaudaye pour se libérer, mais il refusa de le faire. Cependant, en 1677, se trouvant un jour au manoir de la Chapelle, chez Mme du Bouëxic, Gabriel Peschart fut tellement pressé par cette dame qu'il promit de lui vendre Bossac et la Thébaudaye au prix de 130 000 livres. L'acte de vente à ce prix fut, en effet, rédigé et signé le 23 juin 1677, mais à condition de réméré pendant neuf ans, « entre Gabriel Peschart, baron de Bossac, et dame Marie Cybouault, épouse séparée de biens de Louis du Bouexic, seigneur de la Chapelle »[6]. Un an plus tard décédaient les seigneur et dame de la Chapelle : Louise Cybouault la première, le 29 avril 1678, et Louis du Bouëxic le 23 octobre suivant[7]. Ils laissaient pour héritiers deux enfants. Louis du Bouëxic, seigneur de Pinieux, qui, devenu conseiller au Parlement, épousa, en 1683, Susanne Grout, — et Marie du Bouëxic, dame de la Chapelle. Qu'arriva-t-il ensuite ? Il paraît que Gabriel Peschart refusa de laisser M. et Mlle du Bouëxic prendre possession de la Thébaudaye, qu'il avait vendue à regret à leur mère. Il quitta d'ailleurs la Bretagne et se retira à Paris ; mais il y fut arrêté, le 11 avril 1679, sous l'accusation de « rebellion et de parjure » et fut par ordre du Roi enfermé au Fort-l'Evêque. Relâché toutefois pendant qu'on instruisait son affaire, il vit alors commencer contre lui une procédure qui durait encore plus de vingt ans après. Quant à sa femme Renée Dollier, elle demeurait en Bretagne et continuait d'habiter la Thébaudaye. Cependant M. de Pinieux, ne pouvant jouir paisiblement de cette maison qu'il prétendait lui appartenir, résolut d'y entrer par force. Le vendredi 28 janvier 1685, cinq ou six cavaliers vinrent heurter à la porte de l'une des cours du manoir, mais sur le refus qu'on fit de leur ouvrir ils s'en allèrent. « Deux jours après qui était un jour de dimanche, sur les deux ou trois heures après midi, le sieur de Pinieux revint audit château de la Thébaudaye, accompagné de trente à quarante personnes armées d'épées, de fusils, de mousquetons et de pistolets ; tous lesquels s'étant approché de la même porte de ladite cour, demandèrent avec colère qu'on leur ouvrit », ce qu'on leur refusa. Et alors sollicita M. de Pinieux de parler à la dame de Bossac « laquelle approcha de la porte et lui fit réponse que s'il n'avoit que son train ordinaire elle lui ouvriroit, mais que dans l'état où il étoit, elle avoit tout à appréhender et qu'elle ne lui ouvriroit point. Et au même instant ayant le sieur de Pinieux crié à ses gens : enfonce la porte, tue, tue, mordieu ! ils enfoncèrent ladite porte et entrèrent en ladite cour confusément, l'épée nue à la main, les pistolets bandés et les fusils en joue... Et étant au perron de la maison, ils montèrent le degré et avec des haches et des soliveaux, ils rompirent et enfoncèrent la porte et entrèrent dans le corps du logis » (nota : Ces faits et ceux qui suivent sont extraits d'un Mémoire imprimé, adressé à l'évêque de Vannes par Renée Dollier de Casson, dame de Bossac en 1702. Dans ce volumineux Mémoire se trouvent rapportées les dépositions d'un grand nombre de témoins de toute condition, prêtres, gentilshommes, bourgeois, artisans et laboureurs, du pays de Pipriac). Effrayée à juste titre, la baronne de Bossac s'était réfugiée dans un appartement du château, en compagnie d'un ancien garde-du-corps du Roi, Henri Héban, seigneur du Breil-Guiron, et de quelques domestiques, mais « ayant ouvert la fenêtre de la chambre où elle étoit », elle fut assaillie d'injures et même de pierres et dut se retirer au fond de l'appartement. Ainsi fut enfermée Mme de Bossac, prisonnière dans son propre château du seigneur de Pinieux qui fut rejoint par sa femme à la Thébaudaye. Renée Dollier eut beaucoup de peine durant son incarcération à trouver sa subsistance. La servante qu'elle envoya chercher du pain à la boulangerie du château la trouva vide et dut rentrer au plus vite près de sa maîtresse pour éviter de mauvais traitements. Mathurin Moulin, son domestique, ne fut pas plus heureux ; accablé de soufflets et de coups de pied, il fut mis à la torture : on lui passa entre les doigts trois morceaux de bois liés avec une ficelle qu'on serrait si fort que la douleur lui fit pousser des cris : il fallut que Mme de Pinieux s'interposât pour faire cesser ce violent supplice qui avait pour but de forcer Moulin à déclarer quelles étaient les personnes accompagnant la baronne de Bossac et en quels lieux cette dame avait mis en sûreté les récoltes de grains et de vins de la terre de la Thébaudaye. Le bruit de cette violente prise de possession et de cet emprisonnement de Mme de Bossac, qu'on disait souffrir de la faim, se répandit bientôt dans le pays. La plupart des gentilshommes semblèrent, il est vrai, prendre parti pour le seigneur de Pinieux, mais le clergé resta fidèle à la baronne de Bossac. Messires Allot, prêtre de Pipriac ; Jean Juin, recteur de Saint-Ganton ; Julien Janvier, prêtre de Massérac ; Laurent, Paumier et Moisson résolurent d'aller à la Thébaudaye en compagnie de deux hommes portant des provisions de viande et de pain. « Etant arrivés audit château, ils trouvèrent les portes des cours ouvertes et brisées et celle de l'appartement où étoit ladite dame de Bossac fermée ; à laquelle ayant heurté, une personne demanda d'une voix plaintive : Qui va là ? A quoi ayant fait réponse que c'étoit les prêtres de Pipriac et de Saint-Ganton, à l'instant ladite porte fut ouverte, et leur dit ladite dame qu'elle n'avoit eu de pain que ce que lui en avoit apporté par une fenêtre un nommé Bonamy, depuis le jour de dimanche jusqu'à présent qui étoit le mercredi, et qu'elle n'avoit mangé de viande que ce qui étoit resté de la provision du dimanche, ni autre chose, sinon quelques galettes qu'elle avoit faites d'un reste de farine. Puis ladite dame de Bossac reçut les vivres et provisions que lesdits déposants prêtres lui firent porter et les remercia, après quoi ils s'en retournèrent » (Mémoire précité). Un gentilhomme du voisinage, Gabriel Fabroni, seigneur du Plessix, en Pipriac, put aussi parvenir jusqu'à Mme de Bossac. Mais « le sieur de Pinieux vint à sa rencontre, ayant un pistolet dans son manchon et accompagné de sept ou huit personnes armées de fusils, lesquels lui crièrent d'abord que personne n'entroit et qu'on ne parloit point à la dame de Bossac, parce qu'ils étoient en guerre ». M. Fabroni persistant à vouloir entrer, on le conduisit « jusqu'à l'appartement de ladite dame à laquelle il donna des lettres que lui envoyoit son frère (François Dollier, seigneur du Plessix-Casson), et en s'en retournant lui fut dit par le sieur de Pinieux que si ladite dame ne lui signoit pas ce qu'il vouloit dans le jour, il enfonceroit la porte sur elle » (Mémoire précité). Il s'agissait toujours, semble-t-il, du renoncement à la propriété de la Thébaudaye par M. et Mme de Bossac. Nous ignorons si M. de Pinieux l'obtint de cette dame et nous ne savons pas non plus combien de temps Renée Dollier demeura prisonnière. Elle le fut certainement au moins trois semaines, car Henri Héban déposa que « pendant les trois semaines qu'il fut à la Thébaudaye, à la prière de ladite dame de Bossac, elle fut tellement captive qu'ils ne purent aller entendre la messe les jours de dimanches et fêtes » (Mémoire précité). Tel fut en 1685 le premier acte du drame de la Thébaudaye ; le second fut plus tragique encore en 1692.

A cette époque, malgré l'opposition de Gabriel Peschart, le seigneur de Pinieux fit saisir les terres de la Thébaudaye et de Bossac et en poursuivit la vente en qualité de syndic des créanciers de M. de Bossac. Le 21 août 1692, il obtint du Présidial de Vannes l'arrêt suivant, qui révoquait une sentence plus favorable au baron de Bossac rendue par les mêmes juges le 23 juillet précédent : « Le Siège, oui le procureur des créanciers, attendu le trouble fait par ledit de Bossac, a définitivement permis à ces créanciers, conformément aux précédents jugements, de mettre les par-corps vers lui énoncés à exécution, et lui fait défense d'être dans l'étendue de ses terres et d'en approcher de plus de deux lieues, et à tous vassaux, fermiers et lieutenants d'icelles de se dessaisir de leurs routes et prestations en d'autres mains qu'en celles de l'adjudicataire dudit bail, et à tous recteurs, curés et prêtres de publier aucuns ordres ni mémoires dudit de Bossac ou gens de sa part ; et ordonné que la présente sera lue et publiée aux prones des grandes messes des paroisses desdites terres, et enjoint aux curés et recteurs de ce faire » (Mémoire précité). Lorsque cette sentence fut signifiée au baron de Bossac il se trouvait retiré au village de la Rairie, en Pipriac, chez son ancien homme d'affaires Julien Thélohan, notaire et procureur de plusieurs juridictions, « qui lui avoit donné retraite dans sa maison par reconnaissance ou par pitié ». Il dut chercher asile ailleurs, car la Rairie fut envahie par ses ennemis et Julien Thélohan, obligé lui-même de prendre la fuite, demeura plusieurs jours « caché dans les bois sans pouvoir rentrer chez lui » (Mémoire précité). Quant à Gabriel Peschart, il se retira en la paroisse de Fougeray, dans le petit manoir de la Dévoriaye appartenant à sa femme. Malheureusement pour lui il revint à la Thébaudaye le samedi, 30 août 1792, en compagnie d'un domestique nommé Pierre Baudu ; là le rejoignit François Moreau, greffier de la juridiction de Bossac. Le dimanche passa tranquillement, mais dans la soirée on apprit au baron de Bossac que le lendemain devaient venir des « huissiers des Rennes et des sergents de Lohéac » pour le constituer prisonnier. M. Peschart assura qu'on ne pouvait lui faire aucun mal, ni même l'arrêter, parce qu'il avait entre les mains des arrêts enlevant ce pouvoir à ses ennemis. Néanmoins, par précaution, le malheureux seigneur fit transporter du cabinet où il couchait — un peu en dehors de la métairie de la Porte de la Thébaudaye — un matelas pour reposer dans le grenier de cette métairie occupée par le métayer Jean Racapé. Le lundi matin, 1er septembre, arrivèrent à la Thébaudaye les huissiers et sergents annoncés. Avec eux se trouvaient deux gentilshommes de la paroisse de Pipriac et dix ou douze autres personnes, tous armés les uns de fusils, les autres d'épées et de pistolets ; il est à remarquer que M. de Pinieux ne faisait point partie de cette bande. Ils demandèrent au métayer où se trouvait M. de Bossac ; Jean Racapé, pour sauver son maître, répondit qu'il était allé à la messe à Saint-Ganton. Mais les sergents et huissiers entrèrent dans la métairie pour y faire une perquisition. Les apercevant, Gabriel Peschart ne chercha pas à fuir ; il leur dit tranquillement qu'il avait sur lui « une sentence rendue au Présidial de Vannes le 23 juillet précédent, l'élargissant avec défense à tous ses créanciers et autres d'user envers lui de contrainte par corps ». « Permettez, dit-il, que je la fasse voir à ces messieurs qui sont dans la cour ». A peine le baron de Bossac fut-il sorti de la métairie, sans armes ni épée et ses papiers à la main, qu'il fut atteint par les coups de fusils que dirigeaient contre lui les deux gentilshommes ; l'infortuné s'écria d'abord : « hé ! quoi ! Messieurs ! ». Puis il tomba disant : « Jésus ! Maria ! je suis mort ! ». A quoi répliquèrent les assassins : « Voila le b... à bas, retirons nous ». A ce moment le greffier Moreau et le métayer Racapé s'écrièrent : « Vengeance ! Vengeance ! » et assaillirent l'un des gentilshommes que délivrèrent facilement ses nombreux compagnons (Mémoire précité). Ainsi périt tragiquement le dernier Peschart, baron de Bossac. Sa veuve Renée Dollier et sa fille Louise Peschart essayèrent en vain de venger sa mémoire et de faire punir ses assassins. Ceux-ci s'enfuirent en pays étranger et leurs familles firent courir le bruit qu'ils y étaient morts sur mer, victimes d'un naufrage. Mlle Peschart mourut elle-même à Versailles, le 23 décembre 1701, et sa mère continua vainement les procédures entreprises contre ceux qui l'avaient tant fait souffrir. Le 10 septembre 1701, Louis du Bouëxic, seigneur de Pinieux, toujours en qualité de « syndic des créanciers de feu Gabriel Peschart, baron de Bossac, et cessionnaire de tous ses biens pour solder ces créanciers », fit vendre judiciellement « les terres et seigneuries de Bossac, la Thébaudaye, la Pommeraye et le fief de Renac, en Pipriac et Bruc » ; le tout fut adjugé pour 160 200 livres à Noël Danycan, sieur de l'Epine, conseiller secrétaire du Roi (Archives d'Ille-et-Vilaine[8].

Trois ans plus tard, Guyonne Danycan, fille de cet acquéreur, épousait, le 17 juin 1704, Charles Huchet, seigneur de la Bédoyère, et lui apportait la baronnie de Bossac et le manoir de la Thébaudaye ; la famille Huchet de la Bédoyère les conserva jusqu'au XIXe siècle. Mais à cette dernière époque la Thébaudaye n'était plus qu'un amas de ruines, ayant été incendiée en janvier 1790 par des paysans révolutionnaires des alentours. Il est difficile de savoir au juste aujourd'hui en quoi consistait la seigneurie de la Thébaudaye. Cette terre et ses fiefs ayant été unis pendant plus de quatre cents ans et jusqu'en 1789 à la terre et aux fiefs de Bossac, on ne peut plus spécifier ce qui à l'origine constituait chacun de ces domaines féodaux. La Thébaudaye relevant comme Bossac directement du duc de Bretagne, puis du roi de France, leurs possesseurs vendaient en bloc leurs aveux sans faire de distinction entre les deux seigneuries. Il semble toutefois certain que les grands droits féodaux appartenaient à Bossac (Voir Les grandes seigneuries de Haute-Bretagne, II, 79) et que la Thébaudaye, d'abord simple manoir, n'acquit d'importance qu'en devenant la résidence des barons de Bossac ; c'est aussi ce qui lui valut le titre de château, comme chef-lieu d'une châtellenie ou baronnie d'ancienneté, quoique ce ne fut, jamais une forteresse ou château proprement dit (abbé Guillotin de Corson).

Dans la liste des feudataires (teneurs de fief) des évêchés de Saint-Malo et Dol en 1480, on ne comptabilise la présence d'aucun noble de Saint-Ganton. Saint-Ganton dépendait jadis de la paroisse de Pipriac.

Voir aussi

Notes et références

  1. données officielles 2006 sur le site de l’INSEE
  2. « Les maires élu du 1er tour », dans Dimanche Ouest-France, no 534, 15 mars 2008, p. 10-11 (ISSN 1285-7688) 
  3. Saint-Ganton sur le site de l'Insee
  4. Louis Diard, La flore d'Ille-et-Vilaine, Atlas floristique de Bretagne, Rennes, Siloë, 2005, p. 64.
  5. Registres paroissiaux de Saint-Ganton et de Saint-Étienne de Rennes
  6. Archives d'Ille-et-Vilaine, fonds Collobel
  7. Archives d'Ille-et-Vilaine, fonds de la Bigne-Villeneuve
  8. G – Archives du Morbihan, B 1067 et 1075

Liens externes


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