Saint-Ange-et-Torçay

Saint-Ange-et-Torçay

48° 38′ 18″ N 1° 13′ 34″ E / 48.6383, 1.2261

Saint-Ange-et-Torçay
Administration
Pays France
Région Centre
Département Eure-et-Loir
Arrondissement Dreux
Canton Châteauneuf-en-Thymerais
Code commune 28323
Code postal 28170
Maire
Mandat en cours
Bernard Crabé
2001-2008
Intercommunalité Communauté de communes du Thymerais
Démographie
Population 277 hab. (2007)
Densité 17 hab./km²
Géographie
Coordonnées 48° 38′ 18″ Nord
       1° 13′ 34″ Est
/ 48.6383, 1.2261
Altitudes mini. 125 m — maxi. 180 m
Superficie 16,61 km2

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Saint-Ange-et-Torçay est une commune française, située dans le département d'Eure-et-Loir et la région Centre.

Sommaire

Géographie

La commune de Saint-Ange-et-Torçay est située au sud-ouest de Dreux, en Eure-et-Loir, dans la région naturelle du Thymerais, qui constitue autour de Châteauneuf, Maillebois, Brezolles, une zone de transition ouverte aux influences du Pays Chartrain, de la Normandie, du Perche, de la Beauce et, de plus en plus, de la région parisienne, désormais à moins d’une heure par la RN 12 ou le train.

Elle est constituée de deux villages : le plus important est Torçay où se situe la Mairie, le second, Saint-Ange, accueille l’église. Au-delà de ceux-ci, la commune regroupe les hameaux de Groslu, du Coudray, d’Épineux, du Tartre, de Champagne ainsi que les lieux-dits du Mesnil, de Palisay, de Mongneau et de Sainte-Marie.

L’Université Chartraine du Temps Libre donne les précisions suivantes sur l’origine des noms de ces divers hameaux :

Le Tartre : Son nom est consécutif à sa situation sur une élévation du terrain qui domine la Blaise.

Le Coudray : Il s’agit d’un site à coudriers ou noisetiers. E. Lefèvre indique qu’il y avait encore un château en 1766, dit du Coudray en 1552, déjà Coudreium en 1297.

Épineux : Ce sont les épines et broussailles qui ont donné le nom au lieu.

Groslu : Cité au début du IXe siècle sous le vocable de Nigri Lucus (bois noir), puis Groslu vers 1080, Grossus Lucus (Gros bois : Lucus ou Lu, bois sacré gaulois) qui lui donne probablement un rôle druidique ; au XIIIe siècle Grossus Lupus (peut être Loup ou Lépre), Enfin Grouslu en 1552. On trouve aussi un Grosleu sur un document du XVe siècle conservé aux Archives Départementales.

Le Mesnil : encore seigneurie en 1552, le Mesnil a comme sens habituel celui d’habitation champêtre, de manoir, en vieux français.

Palisay : Palisiacus en 1024, Palissay en 1297, puis Pallesy et Pallisey en 1456. On peut en déduire un lieu protégé par des pieux ou pals, formant un palis pour protéger une zone ferme d’un marécage. Le terme actuel de plessis aurait la même origine.

Champagne : ferme dont le nom pourrait signifier lieu de campagne, de campania, plaine en latin, par opposition aux sites boisés voisins.

Histoire

Saint-Ange, Sanctus Angelus, en l'honneur de saint Michel archange, et Torçay, bas latin Turciacus, gentilice Turcius et suffixe acus, le domaine de Turcius. Les deux paroisses de Saint-Ange et de Torçay fusionnèrent au XVIe siècle, mais les 2 collectes d’imposition ou paroisses fiscales subsistèrent : Saint-Ange dépendante de Verneuil, et Torçay dépendante de Dreux, réunies en janvier 1790 pour former la commune de Saint-Ange-et-Torçay.

Le nom de Torçay évolua ainsi : Torciacum en 1118, Torceium en 1202, puis Torcellum en 1300, Torcé ou Torcey à partir du XVe siècle.

Saint-Ange doit son nom à saint Michel Archange, ou l’Ange (il en était le principal dans la hiérarchie angélique) et donc à un prieuré aujourd’hui détruit. Sa chapelle, située sur le coteau de la Blaise est devenue, après la destruction de l’église de Torçay, le chef-lieu de la paroisse de la commune.

De très anciens titres de propriété et quelques chartes aujourd’hui conservées dans les archives départementales d'Eure-et-Loir, donnent à Torçay le titre de « ville ». Ce fut probablement une ville forte, en grande partie détruite lors de la guerre de Cent Ans. Les ruines nombreuses et très étendues, tant du côté de la vallée qu’à l’arrière de la ferme dite « du Chapître », indiquent son ancienne importance, à laquelle paraît avoir beaucoup contribué le voisinage de la résidence des seigneurs du Thimerais.

Avant 1790

On peut encore trouver sur le territoire de Saint-Ange-et-Torçay quelques ruines éparses, modestes restes de plusieurs châteaux qui attestent d’un passé riche et mouvementé, dans le village de Torçay, dans le bois de Groslu, dans les bois de Caupré… La rumeur fait état de nombreux souterrains dans le sous-sol de la commune. D’ailleurs, ce bois de Caupré, rappelle le nom d’un ancien château-fort, qui aurait été construit à partir des ruines du château primitif de Torcé, en éminence au-dessus de la vallée de la Blaise. L’origine du nom peut venir de Copeure, couper des arbres pour la construction ou de Copel, cime, monticule, déformé en Coprel.

C’est probablement au XVIe siècle, pendant les guerres de religion que ces différents édifices ainsi que l’église paroissiale qui était située dans la plaine à l’ouest, entre Torcé et le Tartre, ont été détruits.

La région a été particulièrement ravagée sous les règnes de Charles IX et Henri III de France.

Les archives, quant à elles, sont pauvres en ce qui concerne la commune sous l’Ancien Régime. Il est cependant avéré qu’il y avait un bailliage à Saint-Ange. Le bailliage abritait le tribunal civil où était rendue la justice. De nombreux jugements ont été rendus à Saint-Ange ainsi qu’en attestent les archives départementales. Ils concernent la vie quotidienne : père attaquant l’homme qui a détourné sa fille mineure, problème de mitoyenneté, de dettes…

Les recherches effectuées ont permis aussi de retrouver trace de la famille Philemain (ou Philmain) dont les fils semblent avoir assuré la fonction de « maire ». Ce mot existait avant la Révolution française. En effet, selon le dictionnaire de l’Académie de 1778, le maire était le « premier officier d’une maison de ville qui avait la disposition de toutes les affaires d’État sous le nom du roi ». Du XVIe siècle (1568) au XVIIIe siècle (1738), les Philemain semblent être les sieurs de Copprèe (orthographe de l’époque).

Après la Révolution française

Comme dans la plupart des communes, le fait marquant est celui de la vente des biens nationaux. Les possessions du clergé et des nobles ont été réquisitionnées, elles sont vendues à partir de l’an II. On trouve trace de la vente des moulins, de terres, de fermages, de bois, de maisons… Un nouveau pouvoir, aux mains des industriels, fondé sur l’énergie hydraulique, apparaît.

Les informations sont plus riches à partir de la Troisième République. On connaît mieux les préoccupations de la municipalité. Elles concernent les grands sujets d’actualité du moment : l’installation de la mairie et de l’école, la création d’une mare municipale, l’acquisition d’une pompe à incendie… Intéressons nous à l’école et à la mairie.

En 1838, M. David, maire, signe l’acte d’acquisition d’une maison au centre du village pour y installer une école et une mairie. En 1895, le maire, M. Delay, fait construire une école mixte qui coûte 280.874,93 francs ! Une cantine scolaire complète le dispositif en 1924. Onze ans après, l’école est dotée d'un préau.

L’électricité arrive à Torçay en 1930, le logement de l’instituteur en est équipé en priorité.

Administration

Liste des maires successifs
Période Identité Étiquette Qualité
mars 2001   Bernard Crabé    
Toutes les données ne sont pas encore connues.

Démographie

La population d’un peu plus de 300 habitants en 2007 est en progression régulière : 203 habitants en 1962, 210 en 1975, 224 en 1982, 243 en 1990, 277 en 1999. Durant les quinze dernières années, la part des résidences principales a largement progressé : de 65% en 1990, elle représente maintenant plus de 80%. La commune a une superficie de 1661 hectares. La surface agricole en représente près des trois quarts.

Évolution démographique
(Source : INSEE[1])
1962 1968 1975 1982 1990 1999 2007
203 219 210 224 243 277 277
Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes

Lieux et monuments

Le patrimoine religieux

Saint-Ange-et-Torçay possède deux édifices religieux datant des XVIe et XVIIe siècles : L’église Saint-Michel et la chapelle Sainte-Madeleine.

L’église Saint-Michel

C’est le monument le plus ancien et le plus intéressant de la commune. Située sur le coteau de la Blaise, à Saint-Ange, elle apparaît comme une élégante construction dominée par son clocher qui, comme beaucoup d’églises du Thymerais, est recouvert d’ardoises et dont la charpente descend jusqu’au sol. L’église Saint-Michel a été l’objet, tout récemment, d’une remarquable restauration.

On peut penser que le choix de saint Michel comme saint patron est lié au nom de Saint-Ange car saint Michel est le patron des anges. Il est connu pour avoir terrassé le dragon : dans l’Apocalypse, (12-7) il est écrit « Il y eut un combat dans le ciel : Michel et ses anges combattirent contre le dragon. Et le dragon lui aussi combattait avec ses anges ; mais il n'eut pas le dessus ; il fut précipité en bas ».

L’église était, à son origine, la chapelle du prieuré de Saint-Ange, dépendant de l’abbaye de Saint-Laumer de Blois. Au XIe siècle, les religieuses qui demeuraient près de la Blaise, au Mesnil, accédaient par une porte dont les traces sont encore visibles sur le mur nord. Quant à la maison située au nord-ouest de l’église, elle est toujours désignée comme l’ancien prieuré.

L’église Saint-Michel est devenue celle des deux communes réunies de Torçay et de Saint-Ange après la destruction de l’église paroissiale de Torçay pendant les guerres de religion au XVIe siècle. Elle est alors modifiée et prolongée à l’est, ce qui explique le style gothique flamboyant de cette partie. La structure actuelle apparaît : un chœur gothique terminé par une abside à trois pans destiné aux religieuses qui y accèdent par une nouvelle porte et une nef romane pour les paroissiens. Les fenêtres gothiques du chevet et le vitrail de saint Michel datent de cette époque. On installera deux autels latéraux, l'un dédié à la Vierge, l'autre à saint Nicolas (aujourd'hui saint Joseph), un banc d’œuvre et une porte avec cintre qui délimitait les deux parties de l’église. Les panneaux en bois entourant le chœur sont datés de 1611 et 1613 (ou 1618) Ces dates sont gravées dans le bois, à côté d’un monogramme. Un intéressant siège en bois, pour le célébrant, y est encastré.

On possède peu de documents écrits avant 1787, date à laquelle le « Conseil de fabrique » passe une commande, importante et détaillée pour faire peindre et décorer l’ensemble de l’église et de ses ornements par un peintre en bâtiment du nom de Fradier. Ces travaux sont terminés le 29 novembre 1787. Il faut préciser que la « fabrique », au sein d'une communauté paroissiale, désignait un ensemble de décideurs, clercs et laïcs, nommés pour assurer la responsabilité de la collecte et l'administration des fonds et revenus nécessaires à la construction puis à l'entretien des édifices religieux de la paroisse. Les revenus de la fabrique provenaient des quêtes et offrandes. Mais pas seulement, la location des places de bancs dans l'église pouvait, par exemple, être un revenu pour la fabrique.

Un inventaire établi en 1790 décrit avec précision l’intérieur de l’église en cette fin du XVIIIe siècle ; peu de choses diffèrent avec l’installation actuelle du mobilier.

Au XIXe siècle, l’état de l’église devient préoccupant et nécessite des travaux conséquents. Des changements sont apportés au mobilier : le portique du chœur est déplacé vers les fonts baptismaux et remplacé par un arc de chœur qui porte actuellement un Christ aux bras levés ; une petite tribune est créée permettant une sorte de vestibule d’entrée, de narthex. Une sacristie est construite ; auparavant elle devait être dans l’espace étroit derrière le retable.

En 1835, comme l’ancienne maison presbytérale avait été vendue en l’an IV de la République comme bien national, un presbytère est construit grâce aux dons des habitants de la commune. Il est édifié sur un terrain cédé par Maurice de Verdun. Pour les remercier, l’évêque de Chartres s’engage à célébrer « à perpétuité » un service solennel le 25 septembre et, pendant quinze ans, une messe le 2 octobre, jour de la fête des Saints Anges Gardiens.

On peut s’interroger sur la tombe située devant l’église. Il s’agit de celle de la Comtesse de Rotalier née Charlotte Luce de Jarry, décédée en 1839 et belle-mère de Maurice de Verdun. Auparavant, sa sépulture était dans l’enceinte du château de Torçay, propriété de la famille de son gendre. Lorsque celui-ci fit construire la chapelle du château en 1847, le tombeau fut déplacé à son emplacement actuel. Il accueillera ensuite sa dépouille en 1853, et celle de son épouse, née Angélique de Rotalier, en 1855.

En 1852, la foudre s’abat sur le clocher qu’elle endommage sérieusement, ainsi que l’ensemble de la charpente qu’il faudra consolider et modifier. En 1862, le clocher sera renforcé et élargi ; la cloche, Marie-Anne-Pétronille, bénie en 1738 est refondue pour une nouvelle cloche d’un diamètre supérieur.

Le XXe siècle est lui aussi marqué par de nombreux travaux de réparation et d’entretien.

En 1903, le cimetière est déplacé car « les terres trop fouillées du cimetière près de l’église, provoquent des éboulements continuels ». Il est installé de l’autre côté de la Blaise. En 1905, à la Séparation des biens de l’Église et de l’État a lieu l’inventaire des biens de la Fabrique par le percepteur de Châteauneuf. Les membres du Conseil de Fabrique, opposés aux nouvelles dispositions, refusent de signer l’inventaire. En 1906 M. Appel, en tant que maire de la commune, prend possession de ces biens : l’église, le presbytère, les fermages, des terres et autres bâtiments. La même année, on trouve trace de baux relatifs à certains de ceux-ci.

La gestion des biens a changé de mains mais la vie religieuse continue. En 1926, on bénit une statue de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus offerte par la veuve Houret en remerciement d’une guérison obtenue dans sa famille. Sont également bénis de nouveaux vitraux, certains cédés par le curé de Laons qui venaient d’en faire placer de superbes dans son église et un autre offert par un particulier. Il s’agit du Christ en Croix qui avait été admiré à l’exposition des Arts décoratifs à Paris.

En 1937, c’est une statue de Notre Dame de Chartres (Virgini pariturae) d’un mètre de haut qui est offerte à l’église sur l’initiative d’une paroissienne. Celle-ci, malade, s’était vu proposer un pèlerinage à Lourdes payé par la Ligue d’action féminine catholique. Elle en revint en bien meilleure santé.

En 1942, le dimanche 13 septembre, monseigneur Harscouët, évêque de Chartres, bénissait un chemin de croix payé 2500 francs par souscription paroissiale. De mémoire d’homme, on ne se souvenait pas qu’un évêque ait été reçu dans l’église de Saint-Ange. « Malheureusement, à cause de la guerre, des difficultés de transport, du manque de pneus et de l’interdiction aux autos de circuler le dimanche, il n’y avait que 180 personnes ».

En 1984, quatre vitraux, dont celui du XVIe siècle figurant le saint patron, sont déposés. Seul ce dernier est remis en place. En 1999, la tempête cause de sérieux dégâts à la toiture qui est totalement remaniée en 2000.

Début 2005, devant l’état de délabrement de l’édifice, le maire, Bernard Crabé est contraint de fermer l'église. Un grand projet de réhabilitation est mis en place. Les contreforts et les façades sont repris ainsi que les enduits intérieurs. Les baies sont ornées de vitraux au plomb identiques à l'origine. Toutes les boiseries sont soit restaurées soit remplacées. C’est le cas de la superbe voûte en châtaignier en forme de carène inversée. L'éclairage est repensé.

Le 21 octobre 2006, l’église Saint-Michel, magnifiquement restaurée, rouvre officiellement ses portes. Le 24 février 2007, monseigneur Pansard, évêque de Chartres, se rend sur place pour bénir l'église.

Après cette approche historique, visitons maintenant l’intérieur de notre église. Le mobilier date des XVIIe et XVIIIe siècles, les objets cultuels et décoratifs sont d’époques diverses.

Ce qui frappe en entrant dans l’église Saint-Michel, c’est la luminosité relayée par la voûte claire en bois et les quatre baies romanes qui ont été mises au jour lors de la restauration.

Commençons par le chœur. On y trouve, en particulier :

  • un retable plat surmonté d’un fronton trapézoïdal denticulé sur lequel sont représentés deux anges autour de Dieu le Père. L’entablement est soutenu par quatre colonnes corinthiennes gris et or. Sur la partie centrale une huile sur toile représente les pèlerins d’Emmaüs. Sur les côtés se trouvent deux statues, l’une de saint Michel terrassant le dragon et l’autre d’un évêque, peut-être saint Blaise ;
  • un tabernacle architecturé à cinq pans et trois frontons réunis par une balustrade sur lequel sont représentés les quatre Évangélistes et, sur la porte, « Le Bon Pasteur » ;
  • un original arc de chœur en bois léger supportant un Christ les bras levés et décoré de cœurs stylisés ;
  • un lutrin rustique qui devait recevoir les livres de messe.

Retournons-nous pour étudier la nef et admirer une magnifique série de bancs clos de bois, probablement de la fin du XVIIIe siècle, en très bon état, destinés à accueillir les fidèles. Sur le côté nord, un banc d’œuvre a été aménagé face à la chaire. Il accueille la copie de la Vierge noire de Chartres et était réservé aux membres de la Fabrique qui y rangeaient les documents de gestion des biens de l’église. Une fente à la surface permettait de recevoir les offrandes des paroissiens. À l’ouest, les fonts baptismaux méritent un attentif coup d’œil.

Sur chaque côté, rappelant le retable et de même époque (XVIIe siècle) deux autels latéraux en bois sculpté et peints. Une niche a été aménagée dans l’un des deux, au XIXe siècle, pour loger la statue de sainte Marie. L’autre est dédié à saint Joseph portant l’Enfant Jésus. Sous chaque autel on peut voir un tableau de Bertoux, du XIXe siècle, l’un représentant la grotte de Lourdes et l’autre un paysage de montagne.

N’hésitez pas à aller admirer la vue de la tribune ! Plus près de la voute, vous profiterez pleinement des volumes et de la lumière.

Jusqu’à récemment, on pouvait voir sur le mur Nord, un tableau de l’Annonciation, datant de la fin du XVIIe ou du début du XVIIIe siècle. Celui-ci, en mauvais état, a cependant attiré l’attention de regards éclairés. Actuellement en cours de restauration, il retrouvera sa place dans les mois qui viennent.

Intéressons-nous de plus près à cette œuvre : le thème de l’Annonciation a inspiré de nombreux artistes au cours des siècles : l’archange Gabriel vient à Nazareth, envoyé par Dieu, visiter Marie, jeune vierge fiancée à Joseph. Il lui annonce qu’elle va être enceinte et donner le jour à un fils du nom de Jésus. Genou ployé devant cette toute jeune fille, tenant dans sa main un lys immaculé, il lui apporte une nouvelle qui bouleversera sa vie.

L’iconographie de l’Annonciation présente toujours une séparation entre l’Archange et la Vierge ; parfois, elle est composée de deux tableaux : l’un représentant Marie et l’autre Gabriel.

L’église Saint-Michel possède une œuvre qui figure l’Archange Gabriel. L’autre tableau, celui de la Vierge, a disparu et nul ne se rappelle son existence.

La restauration de tableaux est un magnifique métier d’art que maîtrisent quelques hommes et femmes passionnés. C’est à Étienne Lebrun, restaurateur non loin de Neuilly-sur-Eure, qu’a été confiée cette mission. Le parcours de cet homme modeste et souriant débute à l’école Boulle où il apprend l’histoire de l’art, l’ébénisterie et le dessin. Il acquiert ensuite les techniques de la restauration et travaille pour des musées de grandes villes. La restauration est une tâche longue, de patience et de soins et qui doit être réversible car une œuvre appartient à toutes les générations qui pourront l’admirer dans le futur. Elle doit permettre aussi de retrouver le chromatisme d’origine.

Toutes les couleurs utilisées par Étienne sont naturelles : le blanc est de l’oxyde de titane, le noir, de l’ivoire calciné, le jaune de Naples, de l’antimoniate de plomb… Des terres apportent les bruns foncés (terre de Kassel), les bruns moyens (terre de Sienne), les cuivrés (terre verte). Elles résistent parfaitement aux ultraviolets.

Parlons des rouges et d’abord de la laque de garance : ce beau rouge foncé a connu son heure de gloire quand il s’affichait sur les pantalons des soldats de l'armée française, au début de la guerre de 14-18 ! Le pourpre est fabriqué à partir de petits mollusques qui vivent en Méditerranée : c’était la couleur réservée aux empereurs !

La palette d’Étienne va permettre de trouver la nuance exacte, de faire revivre les harmonies créées par l’artiste. Après de nombreuses heures de travail minutieux et une dernière couche de vernis, il ne reste plus qu’à admirer !

Revenons à notre visite de l’église Saint-Michel. Deux statues, de facture dite d’art rural, retiendront notre attention : une Vierge à l’enfant en bois peint qui porte un manteau rouge, décoré de petites fleurs, de polychromie récente Une autre à laquelle nul ne sera indifférent. Il s’agit de saint Yves, en bois peint, d’un mètre de haut, vêtu d’une robe noire, ceinturée d’un cordon et ornée d’un galon. Il tenait dans sa main un objet aujourd’hui disparu.

Les processions ont eu une large part dans la pratique religieuse. À Saint-Michel, comme dans nombre d’autres églises de la région, on trouve des bâtons de procession. Il s’agissait de bâtons surmontés d’une statuette, généralement sous un dais, dont le choix était souvent lié à une confrérie et qui, pendant les processions, étaient portés par ses membres. L’un des bâtons représente une sainte Catherine, portant une épée et un livre. Il semble provenir de la chapelle de Groslu. L’autre représente sainte Barbe couronnée, que l’on reconnaît à la tour dans laquelle la légende veut qu’elle fut enfermée. Elle a la réputation de protéger de la foudre. Plusieurs bannières, du XVIIIe ou du XIXe siècle, finement brodées, méritent aussi d’être découvertes.

Quelques jours avant l’inauguration du 21 octobre 2006 les artisans qui ont œuvré sur le chantier ont découvert, derrière le retable, une fresque du XVIIe siècle en assez mauvais état, qui représente saint Pierre tenant les clés de l’Église.

La chapelle Sainte-Madeleine

L’autre édifice religieux de la commune, beaucoup plus modeste mais cependant intéressant, est la chapelle Sainte-Madeleine de Groslu.

Groslu était un prieuré dépendant de l’abbaye de Saint Père (Pierre) de Chartres dont les droits et possessions étaient très étendus dès le XIIIe siècle. Les terres, bois et prés du prieuré s’étendaient jusqu’à Palisay, Maubert, Brezolles et Boutry (Bouteri). Il possédait aussi des droits de chasse, de pêche, le droit de moudre au Moulin de Palisay, un logis « prioral » ainsi qu’une maison au Coudray, et ses appartenances près de la léproserie de Saint-Lazare de Châteauneuf. On possède sur ce prieuré des informations, dès 1202. Il s’agit d’un acte de don par l’abbaye de Saint Vincent d’un bras d’eau dit des Forestiers au prieuré de Groslu. En 1236, on a la trace d’un accord entre le prieur de Groslu et le curé de Saint-Ange pour la chapelle de Groslu, « super capella de Grosso Luco ». Le prieur pourra célébrer la messe dans ladite chapelle, mais tous les dons appartiendront au curé de Saint-Ange. Le document porte le sceau de l’official du chapitre de Chartres.

La chapelle Sainte-Madeleine, rectangulaire, est petite : 4m70 sur 10m60. Elle date sans doute du XVIe ou du XVIIe siècle d’après le vantail de la porte et ne peut être assimilée à la chapelle primitive du prieuré dont on ignore l’emplacement. La voûte est plâtrée et elle n’est éclairée que par une seule fenêtre, petite, au chevet. Une autre fenêtre se trouve au-dessus de l’entrée.

Un campanile, de petite taille, en briques, surmonte la porte d’entrée et renferme une cloche ; au-dessus, une croix en fonte. Le toit est couvert de tuiles de pays et les murs sont enduits.

La chapelle contient un autel en menuiserie simple et droit datant du XVIIe ou XVIIIe siècle. Un Christ en bois, très rustique, avec de jolis restes de polychromie, domine la voûte et est éclairé par un vitrail malheureusement très endommagé. Voilà ce qui reste des pillages successifs de la chapelle ! On a pu sauver quelques objets déposés à l’église de Saint-Ange.

Si aujourd’hui la chapelle est surtout connue des chasseurs qui viennent garer leur voiture aux abords en hiver, on y célébrait, une fois par an, un pèlerinage, jusqu’à une date assez récente. Il se déroulait le 22 juillet, jour de la fête de la Sainte. Les fidèles sollicitaient sa protection contre les orages. C’était l’époque des moissons et la pluie n’était pas la bienvenue ! Ils empruntaient la rue qui a pris le nom de route des pèlerins pour se rendre à la chapelle.

Qu’il s’agisse de l’église Saint-Michel ou de la chapelle de Groslu, ce riche patrimoine qui date d’une période où la population était fortement engagée dans la pratique religieuse, mérite d’être préservé et entretenu. Au même titre que les moulins ou que le monument aux morts du combat de Torçay, il appartient à notre histoire communale. Il témoigne du quotidien des générations successives qui nous ont précédées et auxquelles nous nous devons de rendre hommage. C’est également un moyen de préserver des métiers artisanaux qui disparaîtraient sans ces champs d’action. Et puis l’esthétique de la voûte en châtaignier de l’église de Saint-Ange ou le charme rustique de la chapelle de Groslu peuvent toucher chacun de nous !

Les moulins

Durant des siècles, l’eau des rivières a été une des sources importantes d’énergie. Le moulin désignait un dispositif qui utilisait cette énergie.

Certains (et c’est à ceux-là que l‘on pense immédiatement) produisaient de la farine mais ce n’était pas, loin de là, l’affectation exclusive des « moulins ».

Dans toute la région du Drouais, et en particulier dans les vallées de l’Eure, de l’Avre et de la Blaise, les moulins sont apparus dès le Moyen Âge mais surtout à partir du XVIIIe siècle.

Les moulins des trois vallées étaient, selon les emplacements, des forges, des moulins à tan, des moulins à foulon, des moulins à papier ou, évidemment, des moulins à céréales. Les dispositifs utilisaient tous l’énergie hydraulique, mais, selon les cas, actionnaient des soufflets, des battoirs ou des meules. Plus tard, ils feront tourner des turbines.

Les forges

Dès le Moyen Âge, la proximité des forêts qui fournissaient le bois, la présence dans le sous sol de marne et de minerai de fer, en particulier dans la région de Senonches, a incité à la création de fours à chaux et de fonderies. Jusqu’au début du XIXe siècle, la Normandie, grâce à la présence associée de tous ces éléments, a été la première région sidérurgique de France.

Dès 1466 on mentionne « la maison de la forge du bois » à Dampierre. Mais c’est en 1670 qu’y est créé le grand établissement dont nous conservons encore des traces. C’’est alors la deuxième plus importante forge du royaume. On retrouve, pour la première fois réunies, les différentes activités sidérurgiques : fonderie, affinerie, fenderie et fabrication de divers matériels. Toutes les activités sont installées au pied de la digue de retenue de l’étang et utilisent l’énergie hydraulique. Leur construction répond au souhait de Colbert, alors ministre de la marine de Louis XIV, de pouvoir couler de grosses pièces et, en particulier des canons pour la flotte royale. La production s’élève à une tonne par jour.

En 1770, les forges de Dampierre-sur-Blévy sont rachetées par Louis XV qui les offre à son petit-fils, futur Louis XVIII. Vingt ans plus tard, après la Révolution française elles sont vendues en tant que bien national. Le maître de forges Goupil et son associé, Canuel, en prennent possession. Ils exploiteront les deux sites de Dampierre et Broussard. Dix ans plus tard, les hauts-fourneaux s’éteignent et les aléas économiques conduisent à l’arrêt complet des forges en 1865.


Les moulins à foulon

Déjà en l’an IX (1801), le conseiller d’état Lacué, en mission dans le département signalait que « ceux qui habitent la fertile contrée de la Beauce, sont très laborieux, francs et hospitaliers. Ils ne s’occupent que de travaux de l’agriculture, quelques-uns font commerce des laines et de la bonneterie. Ceux qui avoisinent l’ancienne province de Normandie sont actifs et industrieux, et s’adonnent plus volontiers aux arts mécaniques et au négoce. Beaucoup s’occupent de la fabrication des étoffes ».

Depuis de nombreuses années la ville de Dreux était réputée pour sa manufacture de draps et serges qui avait vu le jour à l’époque de Louis XIV. Le roi l’avait fortement encouragée et sa production était très importante. La présence de moutons en Beauce toute proche avait favorisé la fabrication d’étoffes de laine. Des teintureries et des moulins à foulon se sont donc implantés sur les rivières autour de Dreux et, tout naturellement, la Blaise a été concernée par ces implantations.

L’existence d’une manufacture imposait des règles strictes : comme les ouvriers tisserands travaillaient à domicile, toute pièce de drap qu’ils fabriquaient devait posséder une marque qui était apposée au moyen d’un sceau. Celui-ci était conservé à l’Hôtel de Ville, il portait les armes du roi et les armoiries de la ville de Dreux.

Chaque pièce était marquée du nom et de l’initiale du drapier pour lequel travaillait l’ouvrier ; ces inscriptions étaient tissées (et non brodées) avant que la pièce ne soit portée au foulon.

D’après un document de 1710, la manufacture de Dreux employait environ 3000 personnes tant à préparer la laine qu’à fabriquer les étoffes. On comptait près de 600 tisserands. A la fin de la période révolutionnaire, ils ne sont plus que 220, 35 autres fabriquent des couvertures de laine.

C’est alors qu’apparaissent les filatures de coton. Elles sont équipées de machines perfectionnées d’importation anglaise, mues par l’énergie hydraulique. L’arrivée de ces machines entraîne la réorganisation de la production : les ouvriers se regroupent, un système plus productif mais sans doute moins humain se met en place. La Manufacture de Dreux ferme.

Les moulins de l’industrie du papier et du cuir

C’est principalement au XVIe siècle que l’industrie du papier semble avoir connu une certaine importance. Les moulins assuraient alors la préparation de pâte à papier par broyage et écrasement de chiffons. Cette pâte permettait la fabrication des feuilles de papier par étalement puis séchage.

Beaucoup plus importante, l’industrie du cuir était à l’origine de la création de nombreux moulins à tan (Ecorce de chêne pulvérisée utilisée pour la préparation des cuirs) dans la région.

Cette industrie avait eu son heure de gloire au XVIIIe. Il est signalé, en 1780, que le lieutenant de police de la ville de Dreux a été amené à prendre des mesures pour limiter les désagréments créés par cette industrie auprès de ses voisins. En effet, l’odeur dégagée par ces tanneries était si désagréable que les tanneurs se voyaient interdire de vider leurs cuves avant 10 h du soir et ils devaient retirer les peaux mises à tremper dans la rivière avant 4 h du matin.

On connaît avec certitude l’activité de certains « moulins » sur plusieurs communes : Il y eut à Blévy une filature de laine, qui fut plus tard transformée en fabrique de lacets. À Saulnières une fonderie de fonte de fer était encore active dans le dernier quart du XXe siècle. À Crécy-Couvé, il existait une filature de coton qui fut transformée en filature de bourres de soie puis en fabrique de machines à coudre. À Vernouillet, deux fonderies de fonte de fer ont été actives : une a été achetée par la ville de Dreux qui en a fait la machinerie de son service des eaux. Toujours sur la commune de Blévy, la minoterie du Moulin Brulé fonctionnait encore il y a peu : la plupart des habitants de Saint-Ange et Torçay s’en souviennent.

Sur tout le cours de la Blaise, de nombreux moulins ont fait de la farine de céréales pour la consommation de la ferme à laquelle ils étaient rattachés. Cette production pouvait être uniquement locale, en particulier pour nourrir les animaux, mais elle était parfois commercialisée. Durant les deux guerres du XXe siècle, il semble que certains moulins qui avaient cessé de produire aient plus ou moins repris leur activité clandestinement : les meules travaillaient nuitamment !

Le moulin de Palisay

Il apparait dans l’inventaire des biens du prieuré de Groslu en 1267. On le retrouve après la Révolution lors de la vente des biens nationaux comme possession des Bénédictins anglais. C’est Georges Delisle qui est meunier. Le moulin est réquisitionné et vendu le 14 messidor de l’an IV (1796) au citoyen François Marie Simon Paris Mainvilliers. En 1847, c’est M. Deparis qui en est propriétaire. Entre le XIIIe et le XVIIIe siècle, on ne sait rien de son activité : moulin à blé ? à papier ? à tan ? à foulon ? Place à l’imagination ! Le dispositif du moulin de Palisay a été parfaitement entretenu et les propriétaires actuels utilisent l’électricité que produit leur turbine.

En aval du moulin, au lieu-dit Les Plaquères, des restes imposants de vannages nous interrogent : y avait-il autrefois un moulin ? Aucune trace sur l’Atlas de la Blaise de 1824, aucun écrit retrouvé. Il y a une réponse : la Vallée de la Blaise a toujours fourni du fourrage de qualité et la relative proximité de la capitale l’avait fait choisir pour approvisionner la cavalerie napoléonienne. Il fallait donc produire au maximum. La mise en place de vannages permettait d’irriguer les prés et donc d’avoir plusieurs fenaisons successives. Certains de ces vannages d’irrigation fonctionnent encore. Des habitants de la commune se souviennent d’avoir vu détruire le vannage des Plaquères ; souhaitons que ceux qui demeurent soient entretenus et subsistent comme témoins de ce riche passé.

Le moulin de Saint-Ange

Le premier acte retrouvé date de l’époque post révolutionnaire où le moulin « faisant de blé » et qui appartenait au prieuré de Saint-Ange est vendu, en 1792, à Jean-Baptiste Fillon. En 1847, il est entre les mains de M. Hautennier.

Les informations sont plus précises à partir de 1892. Une famille d’origine vendéenne, « les Guérinot », achète alors le « Moulin de Saint-Ange » et le gardera jusqu’au milieu du XXe siècle. Le mari étant décédé jeune, son épouse, née Roux, prit en charge l’affaire. Femme de tempérament, elle développa l’activité. Avant la Seconde Guerre, la famille Guérinot possédait plusieurs moulins et bâtiments dans la vallée : le « moulin de Saint-Ange » qui était une laiterie où l’on fabriquait des fromages, des produits laitiers puis de la charcuterie, « Le Mesnil » où l’on élevait les cochons pour la charcuterie, le moulin de Mongneau où était moulue l’orge qui servait à les nourrir mais aussi à engraisser les rats qui y proliféraient, le moulin des Îles où vivaient des vaches dont le lait approvisionnait la laiterie de Saint-Ange.

La laiterie fonctionnait aussi avec le lait de la ferme de Champagne que la famille Guérinot avait en fermage ainsi qu’avec celui d’autres exploitations de la commune.

Avec le XXe siècle, on passe de la roue classique à la turbine et, en 1911, on retrouve trace de la réponse positive de l’administration à la demande formulée par Paul Guérinot pour installer une deuxième turbine.

Avant guerre, les affaires sont prospères. En 1945, des changements se font jour à la tête de l’entreprise et la production évolue. Outre la laiterie on fabrique des gâteaux, puis c’est le temps des moteurs, des avions… jusqu’au dépôt de bilan en 1955.

Les propriétés de « Mongneau », du «Mesnil » et des « Îles » sont vendues. La laiterie change de mains, mais la fabrication des fromages continue. Elle est ensuite revendue à la société Kraft, qui produit des fenêtres en aluminium. Diverses activités sont essayées mais sans réel succès.

Le propriétaire actuel, en arrivant vers 1990, trouve les restes d’équipements destinés à traiter les métaux et une turbine qui fonctionne. Les bâtiments étant en très mauvais état, il va les raser et réaliser un nouvel ensemble de qualité. On y fabrique maintenant du matériel d’agencement de magasins haut de gamme.

Si l’on continue à suivre la rivière, nous rencontrons ensuite le Moulin de Mongneau. Son existence est avérée dans un acte de 1678 qui concerne l’adjudication du Moulin, alors orthographié Monneau, « à la requête des religieux de Saint-Vincent-aux-Bois. » Le 26 mars 1791, le moulin « de blé farine » est vendu pour la somme de 10 000 livres à la veuve Charles Delisle. Il apparaît nettement sur l’Atlas de la Blaise en 1824. En 1847, il appartient à M. Bonneville, et on le retrouve dans le patrimoine des Guérinot au XXe siècle.

Pour le moulin des Îles, d’aucuns pensent, à tort, qu’il n’a jamais été en activité. En l’an V du calendrier révolutionnaire (1797), le moulin à blé est acheté par Julien Maran père, receveur général de contributions à Chartres. Le moulin appartenait à « l’émigré » Fitz-Jamesle et Pierre Buet en était meunier.

En 1876, Jean-Victor Maugin en est le propriétaire et Jean-Baptiste Charpentier le fermier. Aujourd’hui, il reste seulement trace de l’axe de la roue sur le mur du bâtiment.

Le moulin de Torçay

Le moulin de Torçay a, lui, une riche histoire. Dès 1374, le chapitre, autorité religieuse et temporelle de l’époque, « consent et permet que le doyen de Chartres, Philipe de Talaru, réédifie et rétablit à ses frais le moulin banal de Torcey ». Cette autorisation suivait la destruction du moulin « pendant les guerres ». La guerre de Cent Ans avait ravagé la région et il est plus que probable que de nombreux bâtiments avaient été détruits en particulier ceux qui avaient un rôle économique.

En 1640, les moulins de la Forge et de Torçay commencent à être associés. La forge a donc fonctionné avant cette époque. Les prés environnants recèlent encore aujourd’hui des résidus de traitement du métal. À cette date, Jacques Cloustiou est foulon au moulin de la forge. En 1671, un bail est établi concernant le « moulin à foulon » de Torçay. Cet acte nous précise donc la fonction de foulon des deux moulins en ce XVIIe siècle.

En 1781, par bail de neuf ans, le moulin de Torçay est confié à Nicolas Louis Canuel, meunier, et Marie Angélique Drouin, sa femme, ainsi que les bâtiments de la Forge et les dépendances. Le couple y est en fait installé depuis 1767.

Dix ans après, en mars 1791, ils en deviennent propriétaires : le moulin était devenu bien national et la vente s’est faite « à la bougie » : le bien devait être vendu avant que la bougie ne s’éteigne ! Cette méthode est encore d’actualité pour la cession de certains biens immobiliers.

Dans plusieurs documents de 1847, on trouve les noms des propriétaires de l’époque : c’est toujours la famille Canuel. Le fermier est M. Tessier. On se rappelle que la famille Canuel était associée aux Goupil dans l’achat des forges de Dampierre. On peut faire l’hypothèse qu’il s’agit de la même famille.

On ne sait pas jusqu’à quelle date les activités de foulon se sont poursuivies, mais on sait que les deux moulins étaient des manufactures : le chemin creux qui relie le moulin de Torçay au village s’appelle le « chemin des vieilles rues » et certains ont entendu parler d’une cité ouvrière, installée à cet endroit, qui a probablement disparu avant le XXe siècle.

Enfin, des textes du XIXe siècle nous indiquent que le moulin de Torçay a été menacé de fermeture car il semble que M. Canuel ne respectait pas les obligations liées aux hauteurs d’eau et largeur de retenue. Le texte du procès verbal indique que «l’usine sera mise en chômage » si les travaux ne sont pas effectués immédiatement.

Au début du XXe siècle, le moulin est devenu une résidence secondaire. C’est alors la famille Lotti qui en est propriétaire. Le nom des Lotti est associé à celui d’un hôtel prestigieux à Paris, dans le quartier de la place Vendôme, non loin de l’Opéra. On dit que toutes les pommes servies à l’hôtel venaient alors de la vallée de la Blaise car ils y possédaient des vergers.

Le moulin de Torçay changera plusieurs fois de propriétaires au siècle dernier. Ses vannages, toujours entretenus, et qui ont été fabriqués à la fonderie de Saulnières, restent une superbe illustration de ce dispositif.

Personnalités liées à la commune

Voir aussi

Notes et références

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