Saadia Ben Joseph Gaon

Saadia Ben Joseph Gaon

Saadia Gaon

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Saadia Gaon (hébreu רב סעדיה בן יוסף גאון סורא Rav Saadia ben Yosseph Gaon Soura, arabe سعيد إبن يوسف الفيّومي Sa`īd ibn Yūsuf al-Fayyūmi), dit le Rassag (רס״ג), est un rabbin du Xe siècle (Égypte, 882 ou 892[Note 1]Babylonie, 942 EC).
Gaon (directeur académique) de Soura, il est considéré comme l'une des plus hautes autorités spirituelles[1] et scientifiques de la période des Gueonim[2].

Sa vie et son œuvre sont une suite de luttes et de batailles, pour assurer la survie et la pérennité du judaïsme rabbinique babylonien[3].
Celui-ci peine en effet à faire face à la civilisation arabo-musulmane, alors à son apogée politique et culturelle. Outre les nombreuses conversions à l'islam dont s'accompagne la récente conquête arabe, l'instabilité politique qui en résulte entraîne chez les Juifs de nombreuses luttes d'influence, entre le centre juif de la terre d'Israël et celui de Babylone, entre instances temporelles (représentées par l'exilarque, dirigeant des exilés juifs de Babylonie) et spirituelles (les Gueonim, directeurs des académies talmudiques en Babylonie), etc.
Le judaïsme est d'autre part confronté à une crise interne, avec la montée des Karaïtes (Fils de l’Ecriture), qui rejettent la tradition orale rabbinique au profit des seules Écritures. Face à un judaïsme rabbinique élitiste, figé dans son interprétation traditionnelle et mysticisante, donc perçue comme irrationnelle, le karaïsme rencontre un succès croissant.

Saadia est obligé de se retirer provisoirement devant l'exilarque David ben Zakkaï.
Il devient en revanche le premier adepte du judaïsme rabbinique à produire une œuvre susceptible de faire pièce à l'influence intellectuelle et religieuse du karaïsme et, accessoirement, de l'islam. Il systématise, voire innove, dans des domaines aussi divers que la polémique religieuse, l'exégèse biblique, la philologie hébraïque, la loi juive, la poésie liturgique, et la philosophie juive. Il est principalement connu pour ses travaux philosophico-théologiques, en particulier le Sefer Emounot veDeot, première tentative majeure de conciliation entre la tradition juive rabbinique, le Logos (la raison, telle que prônée dans la philosophie grecque) et la science.

Si Saadia n'a pas eu, à l'extérieur des communauté juives, l'influence de celle de penseurs juifs médiévaux ultérieurs, comme Abraham ibn Ezra ou Gersonide, ceux-ci sont fortement tributaires du renouveau de la civilisation juive et de l'âge d'or de la culture juive en Espagne dont l'œuvre de Saadia avait jeté les bases. Il a acquis une place et une réputation dans l'histoire et la pensée juive orientales et andalouses à laquelle seul Moïse Maïmonide a pu prétendre par la suite[4].

Sommaire

Biographie

Les sources principales sur la vie de Saadia sont, jusqu'au XIXe siècle, la Lettre de Sherira Gaon, qui évoque Saadia de manière concise, et élogieuse, et le Sefer HaQabbala (« Le Livre de la Transmission ») d'Abraham ibn Dawd Halevi, qui reprend le contenu de la Lettre. Saadia lui-même n'a guère laissé, à l'exception de quelques indications dans son Sefer HaGalouï (« Le Livre Ouvert, » cf. infra), de notes à ce sujet, et la biographie de Saadia rédigée par son fils Dossa à la demande de Hasdaï ibn Shaprut, a disparu.

Au XIXe siècle, l'orientalisme scientifique permet de redécouvrir l'œuvre de Saadia dans le texte, et de nouvelles études[5] sont consacrées par les adeptes de la Wissenschaft des Judentums (« science du judaïsme ») à celui qu'ils considèrent comme un pionnier de la science et de la civilisation juives. Elles se basent, outre les témoignages traditionnels, sur la littérature polémique de l'époque, et le récit de Nathan HaBavli, légèrement postérieur à celui de Sherira[Note 2], et plus circonstancié. L'étude des documents de la Gueniza du Caire[Note 3], entreprise vers la fin du XIXe siècle mais véritablement lancée au début du XXe siècle par Solomon Schechter, et en cours jusqu'aujourd'hui, permet de recouvrer des œuvres auparavant considérées comme perdues, voire inconnues, ainsi que des pièces de correspondance et de nombreux autres documents jetant un éclairage neuf sur la vie de Saadia et de son époque.

Jeunes années

De nombreuses légendes entourent la vie de Saadia avant 921 EC. Seul le lieu de sa naissance, le village de Dilatz dans le Fayyoum, est certain.

Saadia a écrit dans son Sefer HaGalouï descendre de personnages illustres, Shelah fils de Juda[6], et Hanina Ben Dossa, un Hassidéen du Ier siècle célébré dans maints récits du Talmud (il avait, pour cette raison, nommé l'un de ses fils Dossa).
Ses détracteurs assuraient cependant tenir de source sûre que sa famille était convertie au judaïsme de fraîche date, et que son père, modèle de débauche, aurait exercé divers vils métiers, avant d'être contraint par la pauvreté de quitter l'Égypte pour Jaffa, et de mourir en terre d'Israël dans le dénuement[Note 4].
Pour Henry Malter[7], s'il n'est pas implausible que Saadia ait pu descendre de prosélytes, les autres affirmations sont gratuites et malveillantes, motivées par une rivalité personnelle, abandonnées après le conflit, et contredites par d'autres sources, dont la Lettre de Sherira[8],[9]. L'historien Moshe Gil rejoint également Sherira en suggérant que le père de Saadia était un homme pieux et instruit[Note 5].

Âgé d'une vingtaine d'années, Saadia laisse en Égypte sa famille et ses disciples, afin d'étudier auprès des maîtres de l'Ouest (c'est-à-dire de la terre d'Israël), auxquels se rattachaient alors les Juifs d'Égypte. On apprend par une mention de l'historien et voyageur arabe Al-Masudi, qui a polémiqué avec un certain Abou Kathir Yaḥia al Kathib, que celui-ci a Saadia pour disciple[10].
Abou Kathir pourrait avoir été un Massorète - et aurait enseigné à Saadia la massora[1] (système de lecture, de prononciation, de récitation et de conservation du texte biblique) dont celui-ci fera usage dans ses œuvres ultérieures, notamment grammaticales[11] - ou un philosophe[12], mais il n'était point son premier maître.

On sait aussi que Saadia entretient avant son arrivée en Babylonie une correspondance avec le philosophe néoplatonicien Isaac Israeli[Note 6], et qu'il aurait rencontré un autre philosophe, David ibn Merwan Al-Mukkamas[Note 7], mais rien ne permet d'indiquer avec certitude qu'ils l'aient inspiré[1] (bien qu'il paraisse vraisemblable que Saadia ait lu les oeuvres d'Al-Mukkamas avant de composer les siennes[13]).

L'acquisition des connaissances littéraires, rabbiniques et karaïtes, et scientifiques de Saadia, que celui-ci manifeste dès ses premiers ouvrages, et l'identité de ses premiers maîtres, sont donc sujettes à diverses spéculations[1],[8],[9],[14],[15], certaines relevant nettement de la légende polémique[Note 8].

Âgé de vingt ans, Saadia compose le Sefer Egron (que Graetz lit « Iggaron[14] »), premier lexique hébraïque connu, et, trois ans plus tard[Note 9], alors qu'il est en Égypte, le Livre de la Réfutation d'Anan. Outre cette attaque en règle contre Anan ben David, traditionnellement considéré comme le précurseur, sinon le fondateur du karaïsme, Saadia aurait débattu publiquement avec des érudits karaïtes[16]. Cette même année, il quitte l'Égypte pour la terre d'Israël avec l'intention de s'y fixer, peut-être par suite de représailles de la part de Karaïtes[1],[9].

La dispute du calendrier

Article détaillé : Aaron ben Meïr.

A Alep, Saadia apprend que le Rav Aaron ben Meïr, Nassi (« Prince » dirigeant) de la communauté palestinienne et directeur de la yeshiva de Ramle, a proclamé la modification d'une règle concernant le calcul du calendrier hébreu, selon laquelle la nouvelle année peut encore être proclamée si le molad (la conjonction lunaire) se produit après la douzième heure du jour. D'apparence mineure, les répercussions sur la fixation jours de fêtes juives sont d'autant plus conséquentes, que le judaïsme babylonien, qui assurait la fixation du calendrier depuis des siècles, refuse cette modification. L'influence de Ben Meïr aidant, sa directive se propage, malgré les appels répétés de la direction babylonienne au centre palestinien.
Les enjeux de cette dispute sont à la fois religieux et politiques, car celui qui parvient à convaincre les membres, a fortiori les dirigeants et notables, de communautés juives obtient de facto la prééminence sur celles-ci.

Convaincu de la justesse des calculs babyloniens (il a adressé une missive à Yehouda Gaon quatre ans plus tôt au sujet de leur méthode[17]), Saadia tente de raisonner Ben Meïr, l'adjurant de ne pas causer de nouveau schisme au sein du judaïsme, mais sans succès. Il rédige aussi des lettres circulaires adressées à de nombreuses communautés, les priant de ne pas adopter l'innovation proposée (ce fait est révélateur du prestige dont il jouit déjà dans le monde juif[18]). La querelle s'envenime, et les attaques personnelles se multiplient[Note 10].
Les autorités religieuses babyloniennes, incapables de contenir Ben Meïr envisagent de faire appel au gouvernement, puis, pour une raison inconnue, chargent Saadia d'écrire en 922, au plus fort de la crise, le Sefer Zikkaron ouMeguila LeDorot (Livre [de] mémorial et Rouleau pour les générations), à l'intention des communautés de la diaspora. Ce livre, dont il ne reste que des fragments, devait être lu le 20 Eloul. Il rappelle les « méfaits » de Ben Meïr depuis le début de la controverse, et est assorti d'un avertissement contre des troubles de ce genre à l'avenir. Par ailleurs, Saadia compose aussi un ouvrage intitulé Sefer haMo'adim (Livre des Temps fixés).
Ces livres firent leur effet, puisque l'agitation se calme, les Juifs de la terre d'Israël adoptent définitivement le calcul babylonien, et Ben Meïr n'est plus désormais mentionné[18]. Selon Alexander Marx, les deux livres sont rédigés alors que la controverse avait déjà été réglée[17].

La fin de la controverse est la première étape dans l'adoption de la Halakha babylonienne par l'ensemble des communautés juives, de la terre d'Israël comme de la diaspora. Elle se traduit par l'ascension de Saadia, l'assurant de la faveur de l'exilarque David Ben Zakkaï, qui lui ouvrira la voie vers le gaonat[18].

Carrière académique et nomination au poste de Gaon

À Poumbedita

Les services rendus par Saadia en faveur de la cohésion communautaire, ainsi que la reconnaissance de ses compétences dans les domaines d'études scientifiques et juives, valent à Saadia d'être élevé au rang d'Alouf et de Resh Kalla[Note 11] à l'académie de Poumbedita, l'un des deux pôles du savoir juif en Babylonie.

Saadia peut entreprendre son œuvre éducative : tout en continuant ses polémiques avec les Karaïtes, il apprend à ses étudiants, très majoritairement arabophones, à redécouvrir la Bible hébraïque selon la tradition rabbinique. Pour ce faire, il facilite d'une part leur apprentissage à l'hébreu biblique, en rédigeant les premiers ouvrages systématiques de grammaire hébraïque, réunis sous le nom de Kitāb faṣīḥ lughat al-ʿibrāniyyīn (Livre de l'Élégance de la Langue des Hébreux), et d'autre part la compréhension du Texte en écrivant la première traduction en arabe de la Bible, appelée le « Tafsir » (arabe : تفسير exégèse), accompagnée d'un commentaire qui s'appuie, pour la première fois, autant sur le Texte que sur la tradition[19].
Afin de réduire les différences intercommunautaires, il compose aussi un livre de prières[20], visant à obtenir un rite de prières unique, valable toute l'année et pour l'ensemble de la Diaspora juive.
Il écrit enfin une réfutation aux 200 questions de Hiwi al-Balkhi, un Juif afghan précurseur de la critique biblique, dont il a découvert que les enseignements étaient repris par certains instituteurs de Poumbedita[21].

À Soura

À la mort du Gaon Yom Tov Kahana bar Yaaqov, en 926, l'académie de Soura est arrivée à un tel stade de déclin que l'exilarque David ben Zakkaï envisage un temps, sur les conseils du Gaon de Poumbedita, Mar Cohen Tzedek, de fermer cette école autrefois brillante, fondée par Rav, le père des études talmudiques en Babylonie[22]. Le décès du candidat au gaonat honoraire, survenant avant même sa prise de fonction, l'en dissuade[14].

L'exilarque impose Saadia deux ans plus tard, malgré les nombreuses voix qui s'élèvent pour protester contre la nomination d'un « étranger » (c'est-à-dire Juif égyptien et non babylonien) à un poste qui, d'habitude, revient uniquement aux membres de certaines familles[14], et la réticence de Nissim Nahrawani, Resh Kallah de Soura qui craint que la forte personnalité de Saadia ne soit incompatible avec la docilité que David ben Zakkaï attend d'un Gaon[23].

L'activité de Saadia se concentre principalement sur la Halakha (loi juive). Il rédige non seulement de nombreux responsa, mais aussi les premières monographies en la matière, privilégiant pour la première fois le judéo-arabe au judéo-araméen babylonien, dans un souci d'accessibilité.

Le choix de Ben Zakkaï se révèle initialement particulièrement judicieux, l'académie retrouvant sa prédominance sous la direction de Saadia[24]. Cependant, une dispute ne tardera pas à éclater entre Saadia et Ben Zakkaï, comme le craignait Nissim Nahrawani.

Dispute avec David ben Zakkaï

Selon le récit de Nathan HaBavli, tout commence par une affaire d'héritage, où Saadia refuse de contresigner une ordonnance déjà signée par l'exilarque, estimant que David use de sa position pour en percevoir un bénéfice important. Les deux hommes campent sur leurs positions et le ton monte.
David ben Zakkaï dépose Saadia, nommant à sa place Yosseph ben Yaacov ibn Satya, érudit mineur mais frère de l'ancien gaon, Yom Tov Kahana. Saadia dépose David, nommant à sa place son frère cadet, Yoshia (Hassan) ben Zakkaï.
Il est possible, au vu de l'évènement relativement insignifiant qui la déclenche, que des tensions se fussent déjà produites entre les deux hommes[25], à moins que leur controverse n'ait pas tant porté sur une divergence idéologique que sur une lutte d'infuence[26].
L'affaire est débattue deux ans durant à la cour du calife Al-Muqtadir, et se double d'une campagne de propagande publique, au cours de laquelle David ben Zakkaï et son principal soutien, Aaron ibn Sarjadou, se répandent en pamphlets haineux contre Saadia[27]. Leurs attaques, en particulier celles d'Aaron ibn Sarjadou, sont si féroces qu'un Karaïte contemporain a jugé bon de la recopier, en raillant l'intensité des disputes chez les Rabbanites[28]. Saadia ne manque pas de leur répondre, composant son Sefer HaGalouï.

L'affaire prend un tournant décisif en 932, à l'accession au pouvoir du calife Al-Qahir. Celui-ci, en besoin de fonds, accueille volontiers le « présent » apporté par les partisans de l'exilarque, alors que l'influence des fils de Netira, partisans de Saadia, décline. Il exile Hassan ben Zakkaï, qui mourra dans le Khorassan. Comme cela ne ramène pas le calme au sein du judaïsme babylonien, il en fait de même pour Saadia, et l'empêche de prendre la moindre part à la vie publique.
C'est donc en exil que Saadia, mettant à profit son congé forcé, rédige le commentaire au Sefer Yetsirah, achevé en 931, et son œuvre maîtresse, le Emounot veDeot deux ans plus tard.

Selon Nathan HaBavli[29], il se produit en 937 une résurgence de la dispute lors d'un procès, où l'un des partis réclame l'arbitrage de Saadia, malgré la colère de David ben Zakkaï.
Bishr ben Aaron ben Amram, financier de la cour, et incidemment beau-père d'Ibn Sardjadou, convoque l'exilarque, et lui somme de mettre un terme à la querelle.
La réconciliation entre Saadia et Ben Zakkaï a lieu le jour du jeûne d'Esther, et Saadia sera l'hôte de David lors de la fête de Pourim (Sorts). Il reprend la direction de Soura quelques temps plus tard.
Saadia semble n'avoir gardé aucune rancœur vis-à-vis de Ben Zakkaï, soutenant l'investiture de Juda en 940, après la mort de son père. Lorsque Juda est assassiné, quelques mois plus tard, Saadia s'occupe personnellement d'élever et d'éduquer son petit-fils Hizkiya[14].

Affaibli par une vie de luttes, Saadia Gaon décède à Soura le 26 Iyar 4602[30] (ce qui correspond au 21 mai 942[31]), de « bile noire », selon une tradition rapportée par Ibn Dawd, et dont la source est vraisemblablement Dossa.

Le voyageur Benjamin de Tudèle dit avoir vu sa tombe à Mata Mehassia, aux côtés de celles de Sherira Gaon, Haï Gaon et Samuel ben Hofni[32].

Après Saadia

Après sa mort, Ibn Satya reprend la direction de Soura, mais il n'a pas l'envergure de Saadia, et l'académie ferme pendant 45 ans. Une ultime tentative, menée de concert par le collège de Soura et celui de Poumbedita, de relever Soura a lieu sous la tutelle de Samuel ben Hofni, institué en urgence par son beau-fils, Haï Gaon. Dossa lui succédera pendant 6 ans[33].

C'est dans ce contexte que quatre étudiants de Soura, partis en mer afin de récolter des subsides, auraient été capturés en mer par l'amiral andalou Ibn Ruḥamis, avant d'être rachetés par les communautés de divers pays, où ils auraient érigé d'importantes académies talmudiques[Note 12]). L'un de ceux-ci, Moshe ben Hanokh, transmet en Espagne l'héritage des Gueonim, et fait connaître à Hasdaï ibn Shaprout l'œuvre de Saadia. D'autres élèves, en particulier Dounash ben Labrat, popularisent l'enseignement de Saadia en Espagne, où il fait l'effet d'une révolution, de laquelle naîtra l'âge d'or de la culture juive en Espagne.

Œuvre

La production de Saadia est estimée à environ cent ouvrages, la plupart perdus ou à découvrir. Elle touche à de nombreux domaines qu'il n'a pas, comme l'en crédite la littérature rabbinique[34], inventés[13],[35]. Son influence est cependant si importante, tant auprès de ses sectateurs que de ses adversaires, qu'il en a effectivement fait oublier la plupart de ses prédécesseurs.

S'il a composé des pièces liturgiques et des responsa en hébreu, Saadia a le plus souvent écrit en judéo-arabe, privilégiant la langue vernaculaire des Juifs au judéo-araméen, langue par trop littéraire. Ses thèmes, les méthodes de son enseignement, ainsi que ses grandes lignes de pensée, les questions qu'il se pose sont elles aussi fortement teintées de la culture arabe de son temps, mais les réponses, si elles ne sont pas nécessairement originales, demeurent profondément ancrées dans la tradition juive.
L'œuvre entière de Saadia vise à la survie spirituelle d'un judaïsme fidèle à sa tradition dans un monde nouveau avec lequel il est possible de réaliser une relation mutuellement profitable[3].

Polémique

La polémique parcourt l'œuvre de Saadia, certains ouvrages y étant exclusivement consacrés.
Bouillante lorsqu'elle est dirigée contre des individus, plus posée lorsqu'elle réfute des doctrines, sa plume est principalement dirigée, outre ses luttes personnelles, contre le karaïsme, et dans une moindre mesure, le scepticisme rationaliste, le christianisme et l'islam.

Œuvres anti-karaïtes

Les Karaïtes refusaient, à l'image des Sadducéens avant eux, l'autorité de la Torah orale, tradition d'exégèse de la Miqra (Bible hébraïque), pilier du judaïsme pharisien, puis rabbinique. Ayant développé une interprétation de la Miqra se voulant basée sur le texte de la Miqra elle-même, libre de toute tradition imposée, et en accord avec la raison, le karaïsme, bien que n'existant que depuis un siècle et demi à l'époque de Saadia, avait gagné de nombreux pans de la communauté juive, et menaçait l'existence même des académies babyloniennes, centres de la vie juive d'alors. L'œuvre de Saadia laissa une trace si profonde dans la conscience karaïte, et ce jusqu'au XIXe siècle, qu'un karaïtologue de cette époque, Samuel Poznanski, avait rassemblé des fragments d'ouvrages de plus de quarante-neuf auteurs dirigés contre ses idées[17]. Réciproquement, la seule mention d'un auteur dans une diatribe de Saadia était considérée par de nombreux savants, dont Graetz[14], comme une preuve solide de l'adhésion de cet auteur au karaïsme[Note 13].

Les trois pamphlets de Saadia les plus fréquemment cités dans la littérature karaïte sont réunis sous le nom de Kitab al-Radd (Livre de la Réfutation).
Le premier, Kitab al-Radd 'alei Anan (Livre de la Réfutation d'Anan), a été rédigé en 905, vraisemblablement en Égypte. Il est dirigé contre le fondateur présumé du karaïsme, Anan ben David, et a probablement valu à Saadia de se voir, erronément, attribuer le récit des origines du karaïsme[36], selon lequel Anan aurait fondé le karaïsme suite à des ambitions politiques frustrées[14],[37]. Les deux autres, le Kitab al-Radd 'alei Ibn Saḳwyh (Livre de la Réfutation d'Ibn Saḳouyah ou Saḳawayh), et le Kitab al-Radd 'ala mutaḥamil hayyum (Livre de la Réfutation d'un assaillant acharné), ont été rédigés en Babylonie. Selon Marx, qui cite Israël Davidson, tous deux sont dirigés contre le même auteur, Ibn Saḳouyah, identifié à Salman ben Yerouham[17]. Ces livres ne sont plus connus, outre quelques fragments publiés, que par les allusions qu'y font les auteurs karaïtes ultérieurs[17].

Le Kitab al-Tamyiz (appelé en hébreu Sefer haHakkarah ou Sefer HaMivḥan, le Livre de Distinction), rédigé en 926, couvre en huit traités la plupart des différences et points d'achoppement entre Rabbanites et Karaïtes[17]. Ce livre, probablement le plus complet de Saadia en matière de polémique, était encore cité au XIIe siècle, notamment dans les commentaires bibliques du Hakham karaïte Yaphet ben Ali[38].

Saadia consacre également des ouvrages à des points doctrinaux plus particuliers, dont le Kitāb Taḥṣīl al Sharā'i al-Sam'iyya (Livre de la Compréhension des Commandements Révélés), et le Kitāb al-'Ibbour (Livre du Calendrier ). Dans le premier, il réfute que le sens des commandements révélés (dont la signification n'est pas accessible à la raison immédiate) puisse être déduit par la seule analogie sémantique (qiyās), bien qu'il ne soit pas interdit de recourir à la spéculation rationnelle pour tenter de les élucider[39] ; le second était, d'après les citations qu'en fait Yaphet, dirigé contre la méthode de fixation des mois et années par les Karaïtes, par l'observation du premier croissant de lune et de la maturation des épis de blés, respectivement[38].

La réfutation de Ḥiwi al-Balkhi

Le scepticisme rationaliste, dirigé tant contre la Torah orale que contre la Miqra, était également répandu dans la société et se retrouvait jusqu'aux manuels d'apprentissage de certains enseignants académiques, sous la forme des deux cents questions de Ḥiwi al-Balkhi, qui remettaient en cause la pertinence de nombreux récits miraculeux (notamment sur le serpent parlant d'Eden et l'ânesse de Balaam, les miracles du livre de l'Exode, la sorcière d'Endor, etc.).
Ḥiwi est un adversaire idéologique récurrent de Saadia, non seulement dans un livre intitulé Kitāb al-Radd 'ala Ḥawaya al Balkhi (Livre de la Réfutation de Ḥiwi al Balkhi), dont d'importants fragments ont été publiés en 1915 par Israël Davidson[40], mais aussi dans son Emounot veDeot.

Saadia écrira être particulièrement fier d'avoir contrecarré l'influence de Ḥiwi[17]. Cependant, le rationalisme radical défendu par Ḥiwi s'insinuera jusqu'au commentaire biblique de Samuel ben Hofni Gaon[41], et Abraham ibn Ezra devra encore réfuter, au XIIe siècle, les idées de Ḥiwi, qui semblent n'avoir rien perdu de leur pouvoir de séduction[42].

Autres ouvrages de polémique

Le Sefer HaMoa'dim (Livre des Moments Fixés), dont de grands fragments ont été découverts dans la Gueniza du Caire, est un ouvrage commandité à Saadia par les instances juives de Babylone, suite à la controverse du calendrier qui a opposé le centre juif babylonien à Aaron ben Meïr. Il est écrit en hébreu biblique, divisé en versets, vocalisé et accentué.

Le Sefer haGalouï (Livre Ouvert), écrit dans le même style, est rédigé en réponse à l'exilarque David ben Zakkaï et ses partisans. Ce livre, dont il ne reste que des fragments, comportait sept chapitres. Le second est une chronologie, et a probablement donné au livre son nom arabe de Kitab al-Ta'rikh[43] ; dans le troisième, Saadia décrit l'infortune qui accable un peuple gouverné par un despote (probablement David ben Zakkaï) ; dans le quatrième, il écrit que Dieu appointe à chaque génération un Sage (lui-même, en l'occurrence) qu'Il inspire et illumine pour guider le peuple juif dans le droit chemin. Saadia ne manque pas à cette occasion d'énumérer ses mérites personnels dans la lutte contre les « hérésies » ; dans le sixième, il décrit les souffrances que lui infligent ses adversaires, avant de les mettre en garde dans le dernier chapitre, car Dieu punit sévèrement ceux qui oppriment injustement l'innocent.
De l'assurance qui émane de ce livre, et de son absence d'agressivité (à l'exception de jeux de mots sur les noms de ses adversaires ; le plus célèbre de ceux-ci est Kelev met, « chien crevé, » pour désigner Aaron ibn Sardjadou, dont le prénom arabe est Halaf[Note 14]), on peut supposer qu'à ce moment de la controverse, Saadia tient aisément tête à ses antagonistes[25],[44].

Linguistique

Les Karaïtes basant leur exégèse sur l'analyse lexicale et grammaticale du Texte, l'un des premiers soucis de Saadia fut de fournir à ses étudiants, exclusivement arabophones pour la plupart, une compréhension de la langue hébraïque et de sa grammaire. Il a réalisé pour cela, en s'inspirant fortement des études de la grammaire arabe, les premières présentations systématiques sur le sujet, allant bien au-delà des notions contenues dans la Massora et de la tradition grammaticale karaïte[35].

Outre ses nombreuses notes, ses trois contributions majeures dans ce domaine sont :

  • le Sefer haEgron (hébreu: ספר האגרון Livre de la Collection[45]), est un ouvrage lexicographique rédigé en 903, conçu pour aider les Juifs à rédiger des poèmes. La seconde version de l'Egron, comprenant la traduction arabe de chaque mot, et appelée Kitab Atsoul al-Shir al-Ivrani, est considéré comme le premier dictionnaire hébreu-arabe[1].
    Le terme d'ègron, vraisemblablement inventé par Saadia, a été repris par les Karaïtes pour désigner un ouvrage lexicographique[46], et désigne en hébreu moderne un lexique[47]. Il a été édité par N. Allony en 1969, avec annotations critiques[48].
  • le Kitāb faṣīḥ lughat al-ʿibrāniyyīn (arabe: كتب اللغة ; hébreu, ספר צחות הלשון העברים Sefer ẓaḥout halachon ha'Ivrim, Livre de l'Élégance de la Langue des Hébreux), ensemble d'ouvrages rédigés afin « d'expliquer l'irab (inflexion grammaticale) de la langue des Hébreux. » Saadia y enseigne notamment que les verbes se conjuguent à partir de la forme infinitive (et non, comme le disent les Karaïtes, à partir de l'impératif[49]).
    Ce travail, le plus ancien traité de grammaire hébraïque recensé, cité à plusieurs reprises par Saadia dans son commentaire au Sefer Yeẓirah, et critiqué par Dounash ben Labrat[44], a été édité en 1997 sur base de manuscrits originaux et des recherches du professeur Aron Dotan[50].
  • le Tafsir al-Sab'ina Lafẓah (arabe: تفسير السبعين لفظة ; en hébreu, פתרון שבעים מילים Pitaron chiv'im millim, Exégèse (ou Résolution) des 70 mots) liste de 70 (en réalité 90) hapax legomena (termes hébraïques et araméens n'apparaissant qu'une fois dans la Bible hébraïque), que Saadia explique au moyen de la littérature traditionnelle, en particulier des néo-hébraïsmes de la Mishna[51], entendant prouver que les Karaïtes ne peuvent se fier à leur exégèse personnelle pour comprendre ces mots sous peine d'erreur. Ce petit livre a connu de fréquentes réimpressions, notamment celle de Dukes & Ewald, en 1844[52]. Il a été traduit en anglais et commenté par Samuel Krauss[53].

Étant « le premier grammairien », le travail de Saadia comporte de nombreuses erreurs. Dounash démontre que son maître se méprend souvent sur le sens d'un terme ou d'un passage dans sa traduction arabe de la Bible, et que dans sa recherche philologique, il s'appuie abusivement sur des ressemblances superficielles entre racines hébraïques et arabes, quand bien même leurs significations réelles seraient totalement différentes[54]. Cependant, ces erreurs-là mêmes ont été, selon Graetz, « utiles à ses successeurs[14]. »

Exégèse

Article détaillé : Tafsir (Saadia).

Dans le même contexte de lutte contre le karaïsme, Saadia réintroduit l'exégèse de la Bible hébraïque[Note 15]. Il produit une traduction commentée de la Bible (à l'exception, semble-t-il, des Chroniques) en arabe et en caractères arabes, accessible à tous, Juifs comme Arabes chrétiens et musulmans.

La traduction est assez libre, particulièrement dans la syntaxe, Saadia n'hésitant pas à traduire d'une pièce des versets et des fragments de versets, afin de former un tout compréhensible[19]. Saadia l'a voulue commentaire en elle-même, d'où son nom de Tafsir (arabe : تفسير Commentaire). Suivant de près l'interprétation rabbinique traditionnelle, en particulier le Targoum Pseudo-Jonathan, il « fait souvent dire au texte plus et autre chose qu’il ne dit en réalité[14], » mais peut-être est-ce afin de se prémunir contre les critiques de Mahométans qui jugeraient les Juifs incapable de comprendre leurs propres Écritures si le Tafsir était trop compliqué[55].

Saadia y adjoint en outre un commentaire, s'appuyant sur la tradition et la philosophie, qui établit l'interprétation traditionnelle du Texte et réfute les objections des Karaïtes et des sceptiques contre celle-ci, ainsi que les lectures anthropomorphiques.

Le Tafsir joue également une autre fonction importante dans l'acculturation des Juifs, familiarisant l'esprit juif avec la culture arabe, en un temps où ils étaient considérés incompatibles[56]. Saadia les ouvre à la spéculation philosophique, tout en répondant aux arguments de sceptiques rationalistes.
Réciproquement, cette traduction introduit l'esprit juif, et Saadia, dans le monde arabe non-juif : Al-Masudi, un musulman contemporain de Saadia donne des détails sur sa vie, et un auteur du Xe siècle, Mohammed ibn Iṣḥaḳ al-Nadim, donne, dans son Fihrist al-'Ulum, une liste de onze œuvres de Saadia.

Le Tafsir demeura longtemps la traduction arabe de base des communautés juives du Yemen, qui la faisaient figurer au côté du Targoum d'Onkelos[57]. La traduction en hébreu du commentaire de la Torah a été éditée dans le Torat Hayim du Mossad HaRav Kook.

Poésie et liturgie

La contribution la plus connue de Saadia à la liturgie, avant l'étude des manuscrits de la Gueniza du Caire, est son siddour (livre de prières), le Kitāb Jamīʿ al-Ṣalawāt wa al-Tasabīḫ (Livre de la Collection de Toutes les Prières et Louanges). Son commentaire, rédigé en judéo-arabe, semble avoir été prisé, bien que l'arrangement du rituel que proposait Saadia n'ait jamais été accepté[20].
Le livre a été réédité, sur base d'un manuscrit quasi-complet, conservé à Oxford, et de fragments retrouvés dans la Gueniza, par Davidson, Assaf et Yoel, sous le titre de Siddour Rav Saadia Gaon (Jérusalem, 1941), avec une traduction hébraïque des sections rédigées en judéo-arabe dans les colonnes en vis-à-vis.

Saadia était également renommé pour ses poèmes liturgiques, qu'il a composés dans l'ensemble des genres (baḳḳashot, hoshanot, azharot, etc.). Son style est une tentative, moyennement réussie, de s'émanciper du style, reconnu mais hermétique, d'Eleazar Hakalir et ses prédécesseurs. Bacher, citant Zunz, le qualifie de « curieux mélange de simplicité biblique et d'affectation payytanique[44], » empruntant à la Bible ses tournures narratives et son vocabulaire, reprenant les artifices stylistiques de ses prédécesseurs. Cependant, Abraham ibn Ezra louera Saadia dans son commentaire sur Ecclésiaste 5:1, alors qu'il se livre à une critique ravageuse des anciens poètes liturgiques[58].
Saadia est le premier à introduire des thèmes et idées philosophiques dans ses poèmes, inspirant des poètes liturgiques espagnols majeurs, dont Salomon ibn Gabirol et Juda Halévi.

Les azharot sur les 613 commandements et le Shir shel HaOtiyot (Poème des Lettres) occupent une place particulière dans son œuvre : le premier sera repris et amplifié par Yerouham Fischel Perla, qui en fera un véritable Sefer Hamitzvot laRassag (Livre des Commandements du Rassag), avec un commentaire fort complet, qui effectue entre autres une comparaison entre le comput des 613 mitzvot de Saadia Gaon et celui des rabbins du Haut Moyen Âge[25] ; le second se démarque par son sujet, grammatical plutôt que liturgique, et sa maîtrise des enseignements massorétiques, pouvant être lu comme une méthode mnémonique du nombre de chaque lettre dans la Torah ou un hymne édifiant[25].

Halakha

Les travaux de Saadia en matière de Halakha (Loi juive) se trouvent encore pour la plupart à l'état manuscrit, dispersés dans des milliers de fragments de Gueniza attendant d'être étudiés, ou découverts[25]. Cependant, le peu qu'on en connaît permet de se faire une idée générale de leur nature et leur dimension.

La contribution la plus importante de Saadia dans le domaine consiste vraisemblablement en traités sur les préjudices, financiers et autres, les prêts, les droits de succession etc., ainsi que la pureté rituelle et l'impureté liée aux menstrues, l'abattage rituel et les chairs impropres à la consommation, l'inceste, les festivals et la proclamation du nouveau mois. Seuls le Kitab al-Mawarith (traité des successions) et le traité sur les lois de l'abattage ont été partiellement conservés et édités[59].
Avec ces traités, Saadia est l'un des pionniers, sinon le créateur, de la littérature rabbinique, le premier à écrire des « livres » au sens moderne du terme, et à établir une approche systématisée de son travail. En assignant un sujet par livre, il invente de ce fait la monographie halakhique. En divisant ces livres en sections et sous-sections, qu'il définit, explicite et appuie sur des preuves talmudiques, il leur fournit une structure véritable, contrairement aux codes de l'époque gaonique, les Halakhot Guedolot et les Halakhot Pesouḳot, qui étaient modelées sur les discussions talmudiques[60]. Sa méthode, et l'usage du judéo-arabe, seront quasi-unanimement adoptés par ses successeurs[25],[60].

Saadia a par ailleurs contribué au fleuron de la littérature gaonique, les responsa (réponses à des questions portant le plus souvent sur un point de Halakha, adressées par un individu ou une communauté), dont cinquante ont été préservés[61] ; rédigés en hébreu, ils suivent la même structure que ses traités.

Saadia est également l'un des premiers à rédiger des manuels destinés à faciliter l'apprentissage et la compréhension du Talmud de Babylone. Son commentaire des treize principes d'herméneutique attribués à Rabbi Ishmaël, préservé en hébreu uniquement, a été inclus dans les Œuvres Complètes[62]. Une autre méthodologie est mentionnée par H.Y.D. Azoulaï sous le nom de « Klalei haTalmud[63], » mais n'est connue que par les quelques citations faites par Beẓalel Ashkenazi, dans un travail similaire[64].
Selon le voyageur Petahia de Ratisbonne, Saadia aurait aussi produit une traduction de la Mishna en judéo-arabe, encore en usage à Bagdad au XIIe siècle[44].

Philosophie juive

Outre les nombreuses notes philosophiques dispersées dans ses œuvres, Saadia rédige vers la fin de sa vie deux livres consacrés à la spéculation philosophique dans le cadre du judaïsme.

Le Tafsīr Kitāb al-Mabādiʾ (Commentaire du Livre de la Création), rédigé en 932, est présenté par l'auteur comme un travail d'établissement du texte du Sefer Yetzira, dont il existe de nombreuses versions. Bien que ce livre, dont le premier chapitre contient la doctrine des Sefirot, soit considéré comme l'un des ouvrages fondamentaux de la Kabbale[65], il semble que Saadia, qui rejetait la doctrine de la métempsycose, n'avait aucune connaissance des théories ésotériques qui ne s'enseignaient, dans la période gaonique, qu'à des cercles fort restreints d'initiés[66]. Son commentaire, exposant la doctrine de la création ex nihilo qu'il défend au moyen de la tradition et du rationalisme contre les tenants de l'éternité du monde, vise au contraire à limiter la spéculation, tant philosophique que mystique, sur les sujets abordés dans le livre, et semble tout particulièrement dirigé contre la théorie des Idées[67], c'est-à-dire la philosophie platonicienne, dont les kabbalistes provençaux tireront au XIIe siècle l'interprétation mystique des Sefirot[65].
Le livre a été traduit en 1891 par Mayer Lambert, en français, sous le titre de « Commentaire sur le Sefer Yesira par le Gaon Saadya[68]. »

Le Kitāb al-Amānāt wal-lʿtiḳādāt (Livre sur les Articles de Foi et les Doctrines du Dogme), rédigé en 934 est, de toutes les œuvres de Saadia, celle dont la pérennité est la plus importante. Portant la marque de l'école motazilite d'al-Dubbaï dans sa méthode, comme dans son découpage et dans son choix des thèmes, il montre également des influences stoïciennes, platoniques et aristotéliciennes. Son objet est moins d'établir le « premier système complet de philosophie religieuse[14] » (ce qu'il n'est d'ailleurs pas[25]), que d'expliquer comment la philosophie, si souvent utilisée pour déstabiliser le juif dans sa foi, peut au contraire, si elle est guidée par la foi, confirmer les vérités de la Révélation et réfuter les objections faites par les incrédules contre celle-ci[14].
C'est pourquoi la réfutation des arguments des Karaïtes, des sceptiques comme Ḥiwi al-Balkhi, des chrétiens, et, accessoirement, des musulmans, jouxte les « preuves » rationnelles destinées à conforter les dogmes de la Torah écrite et de la Torah orale, et prend une place tout aussi importante.
Ce faisant, Saadia expose et développe une vision personnelle sur des points authentiquement philosophiques, dont une théorie de la connaissance, la création du monde, la nature de Dieu, celle de l'homme et le problème du mal ; il réalise donc bien la première présentation systématique des principes de foi du judaïsme[25].
Comme Philon, auquel il a souvent été comparé[44], Saadia intègre au judaïsme des éléments de philosophie grecque. Cependant, la Raison étant, chez Saadia, subordonnée à la Révélation, la philosophie n'est qu'un outil qui confirme la tradition, et celui qui en fait usage n'est pas en rupture mais en continuité avec elle, selon le principe qu'« un sage est préférable à un prophète[69].
C'est pourquoi ce livre, traduit en hébreu par Juda ibn Tibbon sous le nom de Sefer haemounot vehadeot, « Livre des croyances et convictions ») aura laissé une trace bien plus profonde dans le monde juif[70]. Ses idées influenceront des philosophes juifs néo-platoniciens, dont Baḥya et Abraham ibn Ezra, et jusqu'à Abraham ibn Dawd, partisan d'Aristote[25]. Maïmonide critiquera son approche kalamite, qui consiste à produire des « preuves » rationnelles s'accordant avec des prémisses doctrinaux préétablis, une telle méthode invalidant, aux yeux de Maïmonide, ses propres résultats, et n'étant pas compatible avec une démarche philosophique sérieuse[71]. Cependant, l'Emounot veDeot sera fréquemment cité jusqu'à la Haskala, et bien qu'éclipsé par le Guide des Égarés de Maïmonide, les opposants philosophiques à ce dernier s'en servirent comme source doctrinale alternative[25].

Influence

Saadia participe, tant par ses écrits que par les réactions qu'ils suscitent, à la naissance d'une riche littérature judéo-arabe, qui aborde autant les sujets profanes que traditionnels[72]. Une dispute autour de ses écrits, menée par son disciple Dounash ben Labrat contre Menaḥem ben Sarouḳ, est à l'origine d'un important développement de la grammaire, la philologie et la poésie hébraïques[73]. Selon Alexander Marx, Moïse Maïmonide lui-même représente la culmination de ce que Saadia a entamé[17].

L'influence de Saadia est initialement moindre dans le centre franco-allemand du judaïsme ashkénaze, où le judéo-arabe est une langue étrangère. Rachi ne connaissait vraisemblablement pas Saadia[Note 16], bien qu'il en ait subi l'influence indirecte, via les ouvrages grammaticaux et lexicographiques de Menaḥem ben Sarouḳ et Dounash ibn Labrat, cités à plusieurs reprises dans son commentaire biblique.
Un siècle plus tard, les travaux de Saadia étaient connus des Tossafistes, qui leur réservent un accueil comparable à celui des Juifs d'Espagne[2].

Les chercheurs de la Wissenschaft et leurs successeurs voient en lui l'initiateur de la civilisation juive médiévale[14] et moderne[74].

Saadia est également une figure importante du judaïsme orthodoxe moderne, qui y voient un farouche opposant à l'assimilation (mais non à l'acculturation) des Juifs[75],[76],[77], demeurant néanmoins ouvert au monde et aux sciences[78], champion de l'unité d'un peuple juif observant les préceptes de la Bible et de la tradition[79]

Voir aussi

Bibliographie

Outre les ouvrages, articles et sites mentionnés dans les références, ont également été consultés :

  • (en) Pessin S., Saadya (Saadiah), The Stanford Encyclopedia of Philosophy, Edward N. Zalta (ed. 2003)
  • (he) Cet article comprend du texte provenant d'Otzar Israël de 1912 article "Rav Saadia", une publication tombée dans le domaine public.
  • (he) Saadia sur le site de l'encyclopédie juive Daat
  • Sylvie Anne Goldberg La Clepsydre II, Albin Michel, 2004, p. 181-195
  • Yaffa Ganz & Berel Wein, Sand and Stars, The Jewish Journey, pp. 94-99, Mesorah Publications 1994, Brooklyn NY, ISBN 0-89906-036-6
  • Berel Wein, Herald of Destiny: The Story of the Jews 750-1650, pp. 4-12, Shaar Press 1993, Brooklyn, NY, ISBN 0-89906-237-7
  • S. Munk, Notice sur R. Saadia Gaon, Paris, 1838; (voir aussi les additions à la Notice, Paris 1843)
  • (he) Weiss, Dor, iv. ch. 13-16, pp. 115-143 ;
  • Erwin Isak Jakob Rosenthal, Saadya Studies, 1980 (réimpression du n° 282 des Publications of the University of Manchester, 1943, en l'honneur du millénaire du décès de Saadia).

Articles connexes

Liens et documents externes

Notes, références et citations de l'article

Notes

  1. Selon les sources traditionnelles, c'est-à-dire le Sefer HaQabbala d'Abraham ibn Dawd, Saadia était âgé d'« environ cinquante ans » à son décès.
    Cependant, Jocob (Jacob) Mann découvre en 1921 dans la gueniza du Caire, un fragment daté de 1113 EC contenant un fihrist (inventaire) des œuvres de Saadia, établi par ses fils She'erit et Dossa onze ans après sa mort, survenue à ses « soixante ans moins quarante… jours, » ce qui situerait sa naissance à 882 — Jocob Mann, A fihrist of Sa'adya's works, The Jewish Quarterly Review new series 11 (1921) 423-428.
    Henry Malter, biographe de Saadia, rejetait 882, qui entraînait des conflits avec d'autres événements de la vie de Saadia, et croyait à un lapsus calami du copiste — Henry Malter, "Postscript", Saadia Gaon: His life and works (1921) 421–428.
    882 est toutefois la date généralement retenue, car le fragment de la gueniza est plus proche tant dans le temps que dans l'espace, de sa mort.
  2. Tous deux parlent des mêmes personnages, mais Sherira ne connaît pas Nathan — (he) Yehouda David Eisenstein, Otzar Israël, Nathan Habavli
  3. Il s'agit d'une importante collection de plus de 100 000 pages, feuillets et fragments de manuscrits religieux et textes médiévaux de littérature juive, entreposés dans une annexe prévue à cet usage de la synagogue Ben Ezra du Vieux Caire, parce qu'ils ont été jugés impropres à l'usage, périmés ou simplement dignes d'être conservés
  4. Ces assertions avaient été répétées à plusieurs reprises par Aaron ben Meïr dans au moins deux missives à ses élèves (cf. Note 10), et reprises par Aaron ibn Sardjadou - Malter, Saadia, his life and works, p. 27
  5. Saadia signait ses lettres « Saïd ibn Yussuf Alluf, » et non « Saïd Alluf. » Moshe Gil y voit un indice que Saadia appliquait ce titre à son père, et non à lui-même — Moshe Gil, Jews in Islamic Countries in the Middle Ages (traduit par David Strasler), p. 350, Brill 2004, ISBN 900413882X
  6. Dans son introduction au Sefer Yetzira, Dounash ibn Tamim fait référence à la correspondance entre Saadia et son maître, Isaac Israeli, qui s'est tenue lorsque Dounash avait environ 20 ans, et qui a eu lieu avant l'arrivée de Saadia en Babylonie[1]. Ce fait est également confirmé par un autre commentateur de ce même livre, Jacob ben Nissim[2].
  7. D'après une note de Juda ben Barzilaï dans son commentaire sur le Sefer Yetzira — Henry Malter, op. cit., p. 67
  8. Les Karaïtes lui ont attribué comme maître son futur antagoniste, Salman ben Yerouham — cf. Review: The Milḥamōth ha-Shēm of Salmon ben Jeroham by Leon Nemoy, The Jewish Quarterly Review, New Series, Vol. 28, No. 1 (Jul., 1937), pp. 91-94 ; Nemoy rapporte une contre-légende rabbinique, selon laquelle Salman ben Yerouḥam aurait été l'un des leurs, devenu karaïte par suite à un conflit personnel avec son rival Saadia ; il se pourrait toutefois qu'Abou Kathir ait été un Karaïte, Simhah Pinsker l'identifiant au grammairien Juda ben Eli — cf. S. Stroumsa, 2003
  9. Selon le Yessod Mispar d'Ibn Ezra , Saadia l'aurait écrit à 23 ans — cf. SAADIA B. JOSEPH, in Jewish Encyclopedia ; ceci correspondrait à la fin du règne des Toulounides, sous lesquels le karaïsme fut particulièrement encouragé en Égypte — cf. Moshe Gil, Jews in Islamic Countries in the Middle Ages, p. 353, note 211
  10. C'est Ben Meïr qui, le premier, diffame Saadia et sa famille, affirmant « de source sûre » que son père était muezzin au service des Mahométans, se rendait impur en ingurgitant des abominations, jusqu'à ce qu'il soit expulsé d'Égypte, et meurt à Jaffa. Saadia riposte, en traitant Ben Meïr d'« obscurantiste » et de « maudit, » toutes deux étant des allusions satiriques au nom Meïr (« éclairant »), et ses fils de « veaux ». -- Henry Malter, op cit., p. 88, note 188
  11. Alouf est le titre donné dans les académies babyloniennes au juge en chef, troisième en rang derrière le Gaon — Louis Ginzberg ALLUF
    Le Resh Kallah est l'un des sept érudits siégeant au premier rang lors de la kallah, assemblée d'étude qui se tient deux mois par an dans les académies, lors de la morte-saison agricole. Il a pour fonction d'expliquer aux étudiants les sujets d'étude sélectionnés par le gaon lors de la kallaWilhelm Bacher & Schulim Ochser, RESH KALLAH
  12. L'historicité de ce récit est controversée par la majorité des érudits de la Wissenschaft des Judentums, qui n'y voient qu'un mythe étiologique expliquant le transfert des centres de savoir en Europe et en Afrique du Nord — Houshiel, in Jewish Encyclopedia
  13. C'est, par exemple, le cas d'Aaron ben Asher, le Massorète dont le code fait autorité en matière de rédaction des rouleaux de Torah. Aron Dotan a cependant produit des arguments en faveur de l'adhésion d'Aaron ben Asher au judaïsme rabbinique, et argué que le Ben Asher invectivé par Saadia est un certain Abul Tayyib Samuel ben Asher al-Jabali — Moshe Gil, A History of Palestine, 634-1099, p. 182.
    La controverse académique se poursuit à ce jour.
  14. Ce surnom lui est si bien resté que Graetz (voir références) prend Kalb (ou Caleb) pour l'autre prénom d'Ibn Sardjadou
  15. Cependant, l'opinion de Simhah Pinsker, selon laquelle tout érudit du Texte antérieur à Saadia aurait été karaïte, est fortement exagérée — Bernard Revel, Karaite Halakah and its relation to Sadducean, Samaritan and Philonian Halakah, p. 2, Philadelphia 1913
  16. Il existe plusieurs mentions de Saadia dans le commentaires de Rachi. Néanmoins, pour celle du Psaume 45:10, il s'agit vraisemblablement d'une interpolation de copistes — (he) A. Dotan, Niqqud rav Seʿadya : fact or fiction ?, Tarbiz 1997, vol. 66, no2, pp. 247-257. Quant au Saadia, que Rachi dit avoir personnellement rencontré, il aurait été identifié par Ḥayyim Michael à un homonyme, Saadia ben Naḥmani (Executive Committee & M. Seligsohn, SAADIA BEN NAḤMANI, in Jewish Encyclopedia, 1901-1906)

Références

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  5. Notamment Toledot R. Sa'adyah Gaon de S.J.L. Rapoport, in Bikkure ha-'Ittim, 1828, ix. 20-37
  6. Genèse 38:5, 46:12 et 1 Chroniques 4:21
  7. Malter, op. cit., p. 27
  8. a  et b Iggeret deRav Sherira Gaon (Épître de Sherira), ed. Neubauer, Medieval Jewish Chronicles I, 40
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  12. Henry Malter, op. cit., p. 36
  13. a  et b Sarah Stroumsa, Saadia and Jewish Kalam, in Frank, Daniel H. & Leaman, Oliver, The Cambridge Companion to Medieval Jewish Philosophy, Cambridge: Cambridge University Press, pp. 71–90, ISBN 978-0521652070
  14. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k  et l Heinrich Graetz, Histoire des Juifs, troisième période, deuxième époque, chapitre premier
  15. Gil, op. cit., p. 350
  16. Abraham ibn Ezra, commentaire sur Exode 21:24, « Œil pour œil. » — voir (he) Ben Zouta, sur le site daat
  17. a , b , c , d , e , f , g  et h Alexander Marx, « Saadia Gaon » in Jacob Neusner, Understanding Rabbinic Judaism, from Talmudic to Modern Times, pp. 149 - 171
  18. a , b  et c Henry Malter, op. cit., pp. 70-88, consultables en ligne
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  21. Abraham ibn Dawd, in Medieval Jewish Chronicle i. 66
  22. Solomon Schechter and Max Schloessinger, KOHEN ẒEDEḲ II. KAHANA BEN JOSEPH, Jewish Encyclopedia, 1901-1906
  23. Récit de Nathan HaBavli, inclus dans les Youḥassin d'Abraham Zacuto, section 3
  24. Iggeret de Rav Sherira Gaon, pp. 39-40 de l'édition Oxford ; Abraham ibn Dawd, Sefer HaKabbala, éd. Cohen 1967, 79
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  26. Voir Ellis Rivkin, The Saadia-David ben Zakkaï Controversy : A Structural Analysis, in Studies and Essays in Honor of Abraham A. Neuman, President, Dropsie College for Hebrew and Cognate Learning, Philadelphia, p. 388, E.J. Brill, Philadelphia, 1962
  27. Abraham Harkavy, Zikaron la-Rishonim (St. Petersburg, 1892), 5:230
  28. D.S Margoliouth, cité par Henry Malter, op. cit., p. 114
  29. Ed. Neubauer, pp. 81-82
  30. Passing of R. Saadia Gaon
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  32. The Itinerary of Rabbi Benjamin of Tudela, Berlin, 1840, p.111
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  37. Voir Harkavy, ANAN BEN DAVID, in Jewish Encyclopedia
  38. a  et b Salomon Munk, Additions à la Notice sur Rabbi Saadia Gaon, in La Bible Cahen, Tome douzième, pp. 104-114
  39. Moshe Zucker, Ketaïm meKitāb Taḥṣīl al Sharā'i al-Sam'iyya, in Tarbiz 41, 1972, 373-410
  40. Israel Davidson, Saadia's Polemic Against Hiwi Al Balkhi: A Fragment Ed. from a Genizah Ms, publié par Jewish Theological Seminary of America, 1915. Cette publication comporte aussi des fragments de la littérature anti-karaïte de Saadia
  41. Bacher & Schlœssinger, SAMUEL BEN ḤOFNI, in Jewish Encyclopedia, 1901-1906
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  69. T.B. Baba Batra 12a ; voir Harold Weil, Raison et Révélation - Hommage aux grands maîtres: Saadia Gaon
  70. Ivry, Alfred L., The contribution of Alexander Altmann to the study of medieval Jewish philosophy, in The Leo Baeck Institute Year Book XXXIV, Arnold Paucker, London, 1989 .
  71. Moïse Maïmonide, Le Guide des Egarés, pp. 174-175, éd. Verdier
  72. cf. Malter, op. cit., p. 294
  73. (he) Menahem ben Sarouk et Dounash ben Labrat : la controverse, sur le site daat
  74. Robert Gordis, Saadia in the light of today, in Rab Saadia Gaon: Studies in His Honor, chap VI, p.171
  75. Saadia Gaon, dans la Jewish Virtual Library
  76. (he) S.K. Mirski, Rav Saadia Gaon (millénaire de sa mort), éd. Vaad Haḥinoukh Haḥaredi, New York, 1942
  77. (he) Yehezqel Isidore Epstein, Rav Saadia Gaon et notre génération
  78. Préface du Rabbi Dr. Tzvi Hersh Weinreb au livre The Challenge of Creation de Nosson Slifkin
  79. Cf. Emounot veDeot 3:7 : « Notre Nation n’est nation qu’au travers de ses lois. »

Citations
(en) Cet article comprend du texte provenant de la Jewish Encyclopedia de 1901–1906, article « SAADIA B. JOSEPH (Sa'id al-Fayyumi) » par Wilhelm Bacher, une publication tombée dans le domaine public.


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