Röhm

Röhm

Ernst Röhm

Ernst Röhm.
Ernst Röhm en 1933
Adolf Hitler et Ernst Röhm en 1933
Kurt Daluege, Heinrich Himmler et Ernst Röhm en 1933

Ernst Röhm (ou Roehm), né le 28 novembre 1887 à Munich et abattu le 2 juillet 1934 à la prison de Stadelheim à Munich, était un officier allemand, fondateur des Sturmabteilung (SA) nazies.

Sommaire

Début avec Hitler

Ernst Röhm, officier allemand lors de la Première Guerre mondiale, n'a jamais accepté la défaite de son pays. En 1919, il devient membre de l’état–major de la Reichswehr en Bavière, et c’est là qu’il fait la connaissance d’Adolf Hitler. Celui-ci était chargé par les services de renseignement de l'armée allemande d'enquêter sur le Deutsche Arbeiterpartei ou DAP (Parti des Travailleurs Allemands), petit groupe politique qui venait juste d'être fondé par un serrurier de Munich, Anton Drexler. Tous deux impressionnés, ils rejoignirent ce parti.

Sections d'assaut

En 1921, Adolf Hitler évince Anton Drexler et prend la tête du parti nazi. Il le réorganise pour en faire un parti de masse, recrutant des cadres, rachetant et animant un hebdomadaire, le Völkischer Beobachter. Ensemble, Röhm et Hitler forment les sections d'assaut, la Sturmabteilung ou SA, ou les « chemises brunes », véritable milice chargée d'assurer l'ordre dans les meetings et dans la rue.

En novembre 1923, suite à l'occupation de la Ruhr par les troupes françaises et belges, Adolf Hitler profite de l'émoi du peuple allemand pour renverser le gouvernement de Bavière. Cette tentative de coup d'État, connue sous le nom de « Putsch de la Brasserie », se solde par un échec et conduit Hitler à être condamné et incarcéré durant 13 mois. Ernst Röhm s'exile quelques années en Bolivie. Röhm, homosexuel et pédophile, était de ce fait même assez mal vu de la population.

Après le succès électoral de septembre 1930, Adolf Hitler le rappelle pour reprendre en main les SA. En 1932, les sections d'assaut comptent près de 400 000 hommes, dont les méthodes brutales et souvent incontrôlables, ont une influence négative sur les résultats électoraux.

Mais Ernst Röhm souhaite pousser encore plus loin l'élan révolutionnaire en absorbant la Reichswehr, et fait des SA le bras armé de l'aile socialisante du NSDAP. Dans le même temps, Hermann Göring (président du Reichstag) et Heinrich Himmler (chef des SS) s’inquiètent des prétentions d'Ernst Röhm et finissent par convaincre Hitler que le chef de la SA complote afin de l’éliminer. En effet, dès 1932, Röhm s'est opposé à Hitler lorsque celui-ci a signifié aux milieux d'affaires qu'il ne souhaitait pas rejeter le capitalisme ni opérer les larges nationalisations espérées par Röhm.

Nuit des Longs Couteaux

Article détaillé : Nuit des Longs Couteaux.

Début 1934, Adolf Hitler, devenu chancelier, décide de se séparer des SA et de les liquider afin d'unifier politiquement le parti. C’est pourquoi, dans la nuit du 29 au 30 juin 1934, appelée la nuit des longs couteaux, il lance les SS d'Heinrich Himmler, avec le soutien de l'armée, dans une opération d'envergure ; de Berlin à Munich, plusieurs centaines de SA et d'opposants devront être arrêtés ou assassinés. Pour ce faire, Himmler et son adjoint direct, Reinhard Heydrich, chef du service de sécurité de la SS, fabriquent un dossier de fausses preuves prétendant que Röhm avait été payé douze millions de marks par la France pour renverser Hitler, dossier que les principaux dirigeants de la SS découvrent le 24 juin, ce qui fonde l'accusation contre Röhm suspecté de fomenter un complot contre le gouvernement (le Röhm-Putsch)[1].

Le 30 juin à 6 h 30, Hitler arrive à la pension Hanselbauer à Bad Wiessee où les SA avaient l'habitude de séjourner ensemble pour leurs vacances. Pistolet au poing, il entre en trombe dans la chambre de Röhm, le traite de traître et le déclare en état d'arrestation[2]. Hitler, le pistolet toujours au poing, poursuit sa course et cogne contre la porte d'une chambre voisine[3] : il y découvre le chef de la SA de Breslau, Edmund Heines, qui a manifestement passé la nuit avec un membre de la SA de 18 ans[4].

Röhm est brièvement emprisonné à la prison de Stadelheim à Munich, Hitler hésitant sur le sort à lui réserver, notamment compte tenu des services rendus par Röhm au mouvement nazi. Röhm ne peut pas être retenu en détention indéfiniment, ni exilé ; un procès public rendrait inévitable un examen minutieux de la purge, ce qui n'est évidemment pas souhaitable[5]. Sous la pression de Göring, Himmler et Heydrich, Hitler ajoute le nom de Röhm à la liste des personnes à exécuter, sur laquelle il ne figurait pas[6].

Le 2 juillet, à la demande de Hitler, Theodor Eicke, le commandant du camp de concentration de Dachau, et Michel Lippert rendent visite à Röhm dans sa cellule. Ils lui remettent un pistolet chargé d'une seule balle et la dernière édition du Völkischer Beobachter et lui expliquent qu'il a dix minutes pour se suicider, pour éviter une exécution. Röhm refuse et déclare que « si je dois être tué, laissez Adolf le faire lui-même »[7]. Après le temps imparti, les tueurs reviennent dans la cellule de Röhm où ils le trouvent torse-nu dans un geste de bravade[8]. Les derniers mots de Röhm sont « Mon Führer, mon Führer », auxquels Eicke répond par « Il fallait songer à tout cela un peu avant, maintenant il est un peu tard »[9]. Lippert l'assassine à bout portant.

Officiellement, il fut exécuté pour homosexualité, mais Hitler cache au peuple allemand que ces pratiques étaient répandues chez les hauts dignitaires nazis et dans les jeunesses hitlériennes[10]. Pour les chefs nazis, cette exécution prouve que Hitler n'est pas un simple chancelier, mais qu'il est le Führer et que personne ne doit se mettre en travers de son chemin ; pour les Allemands, ce massacre renforce leur confiance dans le régime, la grande majorité estimant que Hitler a sauvé l'Allemagne du chaos[11].

Bibliographie

En français

  • Mario R. Dederichs, Heydrich, Tallandier, Paris, 2007
  • Max Gallo, La nuit des longs couteaux, Robert Laffont
  • Heinz Höhne, L'ordre noir, Histoire de la SS, Casterman, Tournai, 1972
  • Jean Mabire, Rohm, l'homme qui inventa Hitler, Éditions Fayard

En anglais

  • (en) Richard Evans, The Third Reich in Power, New York : Penguin Group, 2005
  • (en) Joachim Fest, Hitler, New York : Harcourt, 1974
  • (en) Ian Kershaw, Hitler : 1889–1936 Hubris, New York : W. W. Norton & Company, 1999
  • (en) Ian Kershaw, The « Hitler Myth » : Image and Reality in the Third Reich, Oxford University Press, 2001
  • (en) William L. Shirer, The Rise and Fall of the Third Reich, New York : Simon and Schuster, 1960

Références

  1. (en) Richard Evans, The Third Reich in Power, New York : Penguin Group, 2005, p. 30
  2. (en) Ian Kershaw, Hitler : 1889–1936 Hubris, New York : W. W. Norton & Company, 1999, p. 517, p. 727
  3. Heinz Höhne, L'ordre noir, Histoire de la SS, Casterman, Tournai, 1972, pp 78-79
  4. Joseph Goebbels soulignera plus tard dans la propagande ce fait, justifiant la purge comme une lutte contre la turpitude morale des SA, cf. (en) I. Kershaw, op. cit., p. 514
  5. (en) Joachim Fest, Hitler, New York : Harcourt, 1974, p. 458.
  6. Mario R. Dederichs, Heydrich, Tallandier, Paris, 2007, p.82
  7. (en)William L. Shirer, The Rise and Fall of the Third Reich, New York : Simon and Schuster, 1960, p. 221
  8. (en) R. Evans, op. cit., p. 33.
  9. Heinz Höne, op. cit., p. 84
  10. Harry Oosterhuis, Medecine, Male Bonding and Homosexuality in Nazi Germany, Journal of Contemporary History, Vol. 32, N°2 (avril 1997), p.187-205
  11. (en) Ian Kershaw, The « Hitler Myth » : Image and Reality in the Third Reich, Oxford University Press, 2001, p. 87 : « Il était clair que la propagande délibérément mensongère du régime faisait l'objet d'une large acceptation » ??
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