Assassinat du président Kennedy

Assassinat du président Kennedy

Assassinat de John F. Kennedy

L'assassinat du président John Fitzgerald Kennedy, trente-cinquième président des États-Unis, eut lieu le vendredi 22 novembre 1963 à Dallas, au Texas à 12 h 30 (Central Standard Time). Après que le cortège présidentiel eut traversé à basse vitesse le centre de la ville et alors que la voiture présidentielle, décapotée, passait sur Dealey Plaza, John F. Kennedy fut mortellement blessé par des tirs d'arme à feu. Il est le quatrième président des États-Unis à être victime d'un assassinat et le huitième à décéder en exercice.

La voiture présidentielle dans le cortège de Dallas

Sommaire

Le contexte

John Fitzgerald Kennedy, né en 1917, fut élu en 1960 en réussissant tout d'abord à s'imposer face aux ténors du Parti démocrate, tels que les sénateurs Hubert H. Humphrey, Lyndon B. Johnson[1] et Adlai Stevenson, puis en battant de justesse le candidat républicain, Richard Nixon.

Malgré cette victoire à l'arraché (à propos de laquelle un rapport du FBI de mars 1960 fait état d'un soutien financier du candidat démocrate par des membres du milieu de Chicago dont Joe Fischetti un associé de Sam Giancana.[2]), Kennedy devint rapidement un président très populaire quoique controversé.

Sa popularité était due à sa jeunesse, sa maîtrise des médias (on attribue souvent sa victoire électorale à un débat télévisé resté célèbre), son dynamisme (il forgea notamment le concept de Nouvelle Frontière qui donna un objectif à l'Amérique : envoyer un américain sur la Lune) et les espoirs de paix qu'il semblait incarner dans les temps troublés de la Guerre froide. Le couple qu'il formait avec son épouse Jackie ainsi que son approche simple et directe achevèrent de faire de Kennedy l'incarnation des espoirs d'une génération qui voulait sortir de la Guerre froide.

En revanche, sa politique, aussi bien étrangère qu'intérieure, était perçue comme «molle» à l'égard du communisme par les conservateurs. Pourtant, entré en fonction en janvier 1961, Kennedy avait lancé en mars un important programme d’armement et se déclarait prêt à s'opposer à la progression du communisme. En novembre 1961, les États-Unis déployèrent d'ailleurs en Europe 45 missiles Jupiter dont la portée permettait d'atteindre le territoire soviétique (quinze en Turquie et trente en Italie). Mais lorsque Kennedy accepta l'exécution d'un plan d'invasion de Cuba préparé par la CIA, l'opération, connue sous le nom de son lieu de débarquement, la Baie des Cochons, fut un fiasco retentissant qui entraîna le limogeage d'Allen Dulles, directeur de la CIA. De leur côté, la CIA et les exilés cubains qui avaient payé le prix fort et la droite conservatrice rendirent Kennedy directement responsable de cet échec, car ce dernier avait refusé un soutien aérien à l'opération. Au cours des mois qui suivirent, l'administration Kennedy tenta à plusieurs reprises de faire assassiner Fidel Castro et la crise des missiles de Cuba fut l'occasion, pour le jeune président, de montrer qu'il pouvait résister fermement à l'Union Soviétique. Toutefois, les conservateurs américains lui reprochèrent, à nouveau, son incompétence et le fait qu'il ait concédé le démantèlement des missiles installés en Turquie. Enfin en août 1961, alors que commençait la construction du Mur de Berlin et bien que cet acte fut contraire aux accords entre les grandes puissances, Kennedy ne réagit pas autrement que par des discours, même si le fameux « ich bin ein Berliner », prononcé lors d'une visite dans la ville, marqua les esprits.

Au Viêt Nam, considéré comme un point chaud de la lutte contre l'avancée du communisme, la politique de Kennedy ne semblait pas claire, puisque d'une part il permit le renversement de Ngô Đình Diệm, hostile à l'intervention directe des États-Unis, par une clique de généraux corrompus, alors qu'il semblait envisager la possibilité d'évacuer les conseillers militaires américains en 1964.

Sur le plan intérieur, le point le plus novateur de la politique de l'administration Kennedy fut le processus de déségrégation raciale. En septembre 1961, des agents fédéraux furent mandatés pour permettre l'inscription d'un étudiant noir à l’université d’État du Mississippi et le président se prononça pour les droits civiques des Noirs.

Aussi, lorsqu'en novembre 1963, John F. Kennedy entama la campagne en vue de sa réélection par un voyage au Texas, il était un président très populaire dont la politique était durement contestée par la droite réactionnaire et que certains représentants considéraient comme un traître [3] ; il comptait des ennemis farouches d'un bord à l'autre de l'échiquier politique, de Fidel Castro (dont il a ordonné à la CIA de se débarrasser) aux cubains anti-castristes et à la CIA – qui ne lui pardonnaient pas la Baie des Cochons en passant par la mafia qui commençait à souffrir des coups de boutoir du département de Justice sous les ordres de l'Attorney General, son frère Robert Kennedy, sans oublier tout ce que les États-Unis comptaient d'éléments racistes et réactionnaires, comme la John Birch Society [4].

Les faits

Le voyage à Dallas

Arrivée du président et de Jackie à Love Field, Dallas

Le président Kennedy avait choisi de visiter Dallas le 22 novembre 1963 dans le cadre d’une tournée électorale au Texas. Le motif de cette tournée était la levée des fonds pour la campagne présidentielle démocrate et la préparation de la réélection lors du scrutin de 1964.

Article détaillé : Cortège présidentiel de Dallas.

Le cortège présidentiel devait traverser la ville et amener le président au Trade Mart pour un déjeuner. La voiture était une Lincoln Continental décapotable de 1961. Dans la voiture du président, outre son épouse Jacqueline Kennedy et lui, avaient pris place le gouverneur du Texas, John Connally, Sr. et son épouse Nellie ainsi que deux agents du Secret Service (département chargé de la sécurité présidentielle), Roy Kellerman et Bill Greer (conducteur).

La ville de Dallas était considérée comme une destination relativement risquée car peu acquise aux idées de Kennedy[5]. Caractéristiques de cette atmosphère chargée, la publication dans un journal de la ville, le jour du voyage, d’un encart payant critiquant le président avec une grande violence[6] et l’agression, lors d’une manifestation, d'Adlai Stevenson, ambassadeur des États-Unis aux Nations unies.

Pourtant, c'est une ville amicale que le cortège avait traversée, acclamé par une foule enthousiaste avec très peu de manifestations négatives.

L’assassinat

Vers la fin du trajet, le cortège et la voiture du président Kennedy quittèrent Main Street et tournèrent à droite sur Houston Street. Après quelques dizaines de mètres, le véhicule présidentiel négocia un virage serré à gauche sur Elm Street, contournant ainsi Dealey Plaza.

À ce moment, Nellie Connaly, soulagée comme tous les occupants par l'accueil du cortège, fit remarquer au président qu’il ne pourrait pas dire que Dallas ne l’aimait pas [7].

Dealey Plaza vue du ciel

La voiture qui avait fortement décéléré (environ 15 km/h) passa devant le dépôt de livres scolaires («Texas School Book Depository» ou «TSBD»). Il était 12 h 30 et devant celle-ci, se profilait le pont de chemin de fer sous lequel passe Elm Street. Dans une des voitures de sécurité, un agent du Secret Service annonça dans un micro que dans quelques minutes le président serait au Trade Mart [8].

Elm Street. Le X marque l'endroit du tir mortel

Soudain, un coup de feu retentit, qui évoqua pour beaucoup la pétarade d'un moteur. Même les agents du Secret Service restèrent tout d’abord interdits et réagirent seulement lorsque d’autres coups de feu claquèrent. En tout, selon la version officielle, trois coups de feu furent tirés .

Le président avait été touché. Beaucoup le virent se tasser légèrement sur son siège et porter les mains à la gorge : selon la version officielle une balle l’avait frappé dans le haut du dos et était ressortie par la gorge [9], mais certains estiment que la balle à la gorge a été tirée par devant et que c'est une autre balle qui l'a frappé au dos. Le gouverneur Connally, assis juste devant le président, a également été touché : une balle l'a frappé dans le dos à droite de la clavicule droite, a traversé le poumon et fracturé une côte en ressortant, son poignet droit a été transpercé (le radius fut fracturé) et la balle a terminé sa course en pénétrant superficiellement sa cuisse gauche [10]. Selon les conclusions officielles de la commission Warren (en 1964) et du House Select Committee on Assassinations (en 1979), la même balle aurait traversé les deux hommes.

Il ne s'était passé que quelques secondes et c'est alors que les agents commencèrent à réagir. L'agent qui conduisait la voiture n'accéléra pas immédiatement, au contraire il se retourna, lâcha sans doute l'accélérateur ce qui fit ralentir la voiture (certains pensent que le chauffeur a même freiné).

Le gouverneur Connally s'écroula dans les bras de son épouse, tandis que Clint Hill, un des agents du Service Secret qui voyageait sur le marchepied gauche de la voiture qui suivait celle de Kennedy, se précipita vers le véhicule présidentiel.

Quelques instants après, une balle atteignit le président à la tête, détruisant une bonne partie du cerveau (l'emplacement de la blessure à la tête est également sujet à controverse, voir ci-dessous). Les dégâts provoqués sont tels que du sang, des fragments d'os et de la matière cérébrale furent projetés jusqu'à plusieurs mètres de hauteur (des morceaux d'os furent retrouvés par des passants [11]).

Connally et son épouse, tassés sur les sièges avant, furent aspergés de sang et de particules.

Durant la scène, un tailleur nommé Abraham Zapruder avait l’œil rivé à sa caméra, il était tétanisé et filmait les évènements ; il produisait ainsi ce qui peut être considéré comme le film amateur le plus célèbre de tous les temps [12]. Les images qu’il saisit du tir mortel alimentent encore les polémiques.

Selon les estimations, il s’est passé de l'ordre de 6 à 9 secondes entre le premier et le dernier coup de feu [13].

Jackie quitta la banquette et rampa à quatre pattes sur le coffre arrière de la voiture (il semble qu'elle ne se souvint plus de cet épisode par la suite). Le véhicule présidentiel accéléra au moment où Clint Hill l'atteignait, celui-ci grimpa sur le coffre arrière pour contraindre la première dame à rejoindre sa place.

Le cortège fonça vers l’hôpital Parkland. Le président respirait encore, mais il était déjà moribond. Le gouverneur, qui était gravement blessé au poumon, allait survivre et pouvoir témoigner. À l’hôpital, les médecins de la salle des urgences n°1 tentèrent désespérément de sauver Kennedy, mais se rendirent rapidement compte de l’inutilité de leurs efforts qui durèrent malgré tout 20 minutes. Vers 13 h, tout était fini, Kennedy fut déclaré mort.

Dealey Plaza. En partant du "triple passage" sous le pont du chemin de fer, à l'extrême gauche de la photo, et en allant vers la droite en suivant Elm Street, on peut voir: les arbres qui surplombent les palissades derrière lesquelles certains pensent qu'il y avait un tireur, la butte herbeuse avec son petit monument blanc, le côté du bâtiment rouge du Texas School Book Depository à l'extrême droite. L'endroit ou le président a été mortellement touché se trouve à gauche du petit monument blanc (la "pergola"), entre les deux réverbères. Abraham Zapruder se tenait sur le socle en béton blanc situé derrière le réverbère au centre de la photo.

Le départ de Dallas

Lyndon Johnson prêtant serment à bord de Air Force One. Jackie est à ses côtés et porte sa robe tachée de sang

Vers 14 heures, après une brève altercation entre les agents du Secret Service et la police de Dallas, le corps de Kennedy fut emporté vers l'aéroport de Love Field et embarqué dans l'avion présidentiel Air Force One. L'origine de cette altercation était le fait qu’en 1963, l'assassinat d'un président des États-Unis n'était pas encore considéré comme un crime fédéral et que l'enquête sur l'assassinat aurait dû avoir lieu au Texas. De ce fait, l'autopsie du corps du président n'eut pas lieu sous l'autorité de la police de Dallas, ce qui eut certaines conséquences et sera interprété, plus tard, comme un des éléments d'un complot tendant à couvrir les véritables circonstances de l'assassinat.

Quelqu'un prétendit même dans un essai que le corps du président aurait été maquillé lors du transfert vers Love Field, mais cette hypothèse extrême fut réfutée depuis [14].

Lyndon B. Johnson, présent dans le cortège deux voitures derrière celle de Kennedy, ne fut pas blessé . Il était le successeur de Kennedy désigné par la constitution, c'est pourquoi juste avant que l'avion ne décolle de l'aéroport de Love Field, il prêta serment à bord de l'avion Air Force One, devenant ainsi le nouveau président des États-Unis. À ses côtés se trouvait l'épouse du président assassiné, portant encore sa robe tachée de sang qu'elle conserva jusqu'à son retour à la Maison Blanche le lendemain.

L’arrestation et la mort d’Oswald

Arrestation de Oswald

Entre-temps, les évènements se précipitaient sur Dealey Plaza. Des témoins avaient entendu des coups de feu venant de devant le cortège, peut-être de derrière la barrière de bois sur le monticule herbeux à droite de Elm Street. D'autres avaient vu un homme (certains avaient vu une arme) à une fenêtre du 5e étage du dépôt de livres scolaires ou croyaient que les coups de feu venaient de là. On trouva trois douilles et un fusil au 5e étage du bâtiment.

La police commença à rechercher les employés du dépôt qui manquaient, dont un certain Lee Harvey Oswald.

Entre 13h00 et 13h15, un agent de la police de Dallas, J.D. Tippit, fut abattu dans le quartier d'Oak Cliff. Le suspect, qui s'était fait remarquer par le vendeur de chaussure John Brewer à cause de son comportement bizarre en entrant sans payer dans le cinéma Texas Theater, est signalé à la police par celui-ci[15]. Le suspect fut maîtrisé par les policiers dans la salle de cinéma alors qu’il sortait son arme.

Il s'appelait Lee Harvey Oswald. C'était un jeune homme de 24 ans qui avait été du corps des marines et avait, après son départ de l'armée, émigré en Union soviétique où il avait épousé une jeune femme, nommée Marina et d'où il était revenu vers les États-Unis un peu plus d'un an plus tôt. Il fut d'abord suspecté du meurtre du policier, puis de celui de Kennedy.

Meurtre de Oswald

On trouva en sa possession une fausse pièce d'identité au nom d'Alek James Hidell, identité utilisée pour commander le fusil Carcano qui a servi à assassiner le président ainsi que le revolver avec lequel il a tué J. D. Tippit [16].

Son empreinte digitale fut retrouvée sur le fusil, mais cette découverte fait l'objet de certaines réserves mettant en doute sa matérialité.

Oswald nia tout ce dont on l'accusait et déclara être un « bouc émissaire » [17]. Il fut interrogé dans l'immeuble de la police de Dallas jusqu'au dimanche matin 24 novembre.

Le matin du 24 novembre, pendant son transfert vers la prison du comté de Dallas, il fut abattu dans les sous-sols du commissariat. Oswald, touché au ventre, tomba dans le coma. Transporté à l’hôpital Parkland, il y mourut le jour même. L’assassin d’Oswald était Jack Ruby, propriétaire d’une boîte de nuit, bien connu des policiers. Les motivations de Jack Ruby ne furent jamais clairement élucidées, même si certains estiment qu’il était téléguidé par des conspirateurs et se basent par exemple sur les relations de Ruby avec la Mafia pour voir dans Ruby un instrument de celle-ci dans sa vengeance contre les Kennedy. Lui-même affirmait avoir voulu éviter à Mme Kennedy la douleur d’un procès public [18]. Même si cette justification paraît fantaisiste, Ruby semblait s'attendre à être félicité pour avoir fait justice [19].

Condamné à mort, Ruby fit appel et mourut d’une embolie pulmonaire consécutive à un cancer pendant l'instruction de son procès en appel. Son décès fut aussi parfois attribué à un complot.

L'autopsie

Air Force One atterrit sur la base d'Andrews, près de Washington, et le corps de Kennedy fut transporté à l'hôpital naval de Bethesda afin de pratiquer son autopsie (l'hôpital de Bethesda fut choisi par Jackie du fait de la carrière navale de son époux).

L'autopsie fut pratiquée par trois médecins de Bethesda dans la nuit du 22 novembre. Leurs conclusions furent que le président avait été touché par deux projectiles tirés de l'arrière. Le premier l'avait frappé dans le haut du dos au dessus de la clavicule droite, avait traversé les muscles de la base du cou, avait légèrement endommagé le sommet du poumon droit sans traverser celui-ci, et était sorti par le cou par une blessure qui avait été détruite par la trachéotomie [20]. Le second avait frappé la tête à l'arrière droit causant d'importants dégâts, considérés mortels, au cerveau, des morceaux du projectile étant sortis par une grande blessure à l'avant droit du crâne [21].

Les circonstances de l'autopsie et ses conclusions attirèrent un grand nombre de critiques. Plus tard, la seconde enquête gouvernementale sur l'assassinat (le House Select Committee on Assassinations) relèvera notamment le fait que les médecins chargés de l'autopsie n'avaient pas les compétences nécessaires pour faire l'autopsie d'un individu tué par balles, que des photos nécessaires n'avaient pas été prises et que l'emplacement des blessures n'avait pas été décrit par rapport à des repères anatomiques invariants ; il n'avait pas été non plus procédé à la reconstruction du crâne pour déterminer l'emplacement de l'orifice de sortie [22].

Ce dernier point rendit les analyses ultérieures des événements particulièrement difficiles et sujettes à discussions. Ainsi, le panel médical du HSCA aboutirait à certaines conclusions relativement à l'emplacement précis des blessures, mais ces conclusions seront critiquées tant par les défenseurs de la thèse de l'assassin unique que par leurs opposants.

Premières réactions

L'époque étant à la Guerre froide exacerbée, les premières réactions, avant même que la mort du président soit annoncée, dénotent une grande confusion. Le pire, une attaque contre le pays, fut même envisagé [23] et la première préoccupation fut d'assurer la sécurité du nouveau président, Johnson.

Les funérailles de Kennedy

La nouvelle de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy stupéfia le monde entier. Aux États-Unis, les gens pleuraient dans les rues et s'agglutinaient autour des postes de télévisions devant les devantures des magasins [24]. Les trois jours suivant l'assassinat, les trois réseaux de télévision nationaux annulèrent leurs programmes pour assurer une couverture permanente des évènements, faisant de la couverture télévisée de l'assassinat la plus longue jamais réalisée, triste record qui ne fut battu que par les attentats du 11 septembre 2001 [25].

Des services religieux furent célébrés dans la plupart des pays du monde et le jour des funérailles, le 25 novembre, fut déclaré journée de deuil aux États-Unis et dans beaucoup d'autres pays [26].

Funérailles

Après l'autopsie réalisée à l'hôpital naval de Bethesda, le corps de Kennedy fut embaumé pour les funérailles et ramené à la Maison Blanche. Le dimanche 24, le cercueil fut transporté jusqu'au Capitole, où pendant toute la journée et la nuit, des centaines de milliers de personnes se pressèrent pour rendre un dernier hommage au président défunt. Les représentants de 90 pays assistèrent aux funérailles le 25 novembre 1963. Le président fut enterré au cimetière national d'Arlington.

Enquêtes, critiques et théories

La Commission Warren

Article détaillé : Commission Warren.

L'assassinat du président John Fitzerald Kennedy provoqua une émotion énorme dans la société américaine. Lyndon Johnson, nouveau président des États Unis, nomma une commission d'enquête fédérale chargée de faire la lumière sur l’assassinat. Elle portera officieusement le nom de son président, Earl Warren. En septembre 1964, la commission remit son rapport au président Johnson (un volume de rapport et 26 volumes de témoignages et de pièces).

Les conclusions du Rapport Warren sont simples : Lee Oswald avait agi seul. Il n'avait pas eu de complice. Il avait tiré trois fois, du cinquième étage du dépôt de livres scolaires. Une balle avait manqué la limousine et deux balles avaient touché le président (une au cou, une à la tête). L'une de ces deux balles l'avait frappé dans le haut du dos, était ressortie par la gorge et avait ensuite causé les blessures du gouverneur Connally. Jack Ruby avait lui aussi agi seul, et n'avait pas non plus de complice. Ruby et Oswald ne se connaissaient pas.

Les premières critiques

Il suffit à peine de quelques mois après sa parution pour que le rapport Warren soit durement critiqué.

Les objections ne manquaient pas : la Commission avait travaillé très vite, et les objectifs politiques qui avaient présidé à sa création étaient évidents (la découverte d’un complot communiste aurait pu signifier une guerre avec l'Union soviétique). Les éléments troublants ne manquaient pas : le moindre n’était pas l’autopsie du président, effectuée à l’hôpital militaire naval de Bethesda par des médecins militaires n’ayant pas les compétences nécessaires, bâclée, et dont certains éléments (dont des photos) furent perdus à jamais. L’imbroglio était tel qu’encore à l’heure actuelle, il n’y a pas d’accord sur des points aussi élémentaires que la nature et la position exacte des blessures du président. Pour la blessure à la tête par exemple, quoique les images du film pris par Zapruder semblent montrer une blessure à droite et plutôt vers l'avant du crâne, ce qui est confirmé par l'autopsie, certains se basent sur des témoignages, notamment du personnel médical de Dallas, pour affirmer la présence d'une blessure majeure à l'arrière du crâne, ce qui tendrait à appuyer la thèse d'une balle tirée face au président [27].

Balle magique-Balle unique

Article détaillé : Théorie de la balle unique.
La trajectoire de la balle unique selon le House Select Committee on Assassination

La balle censée avoir provoqué les blessures à la gorge et au dos du président et l'ensemble des blessures du gouverneur Connally aurait été retrouvée sur un brancard à l'hôpital [28] - elle serait tombée selon la Commission de la blessure à la cuisse du gouverneur. Cette balle a été surnommée « balle magique » par les analystes critiques du rapport. Ce surnom fait référence au trajet de la balle, balistiquement impossible, et à l'état de celle-ci (« quasiment intacte ») : aplatie et légèrement courbée, du plomb ayant été extrudé par sa base alors que les critiques estiment qu'une balle ne saurait causer tant de blessures sans subir plus de dommages. Pour illustrer cette polémique, des chercheurs tirèrent une balle à travers le poignet d'un cadavre humain [29]. Les conclusions montrèrent que la balle était plus abîmée que la « balle magique ». D'autres chercheurs cependant, insistèrent sur le fait que la balle avait, avant de frapper le poignet de Connally, traversé deux corps humains (le cou de Kennedy, la poitrine de Connally) et avait donc été ralentie [30]. Des test effectués avec des balles ainsi ralenties aboutirent alors à un résultat que ces chercheurs jugèrent comparable à celui observé sur la balle magique [31].

Ces premières critiques des conclusions de la Commission Warren, postulent, contrairement aux conclusions de la Commission Warren, qu'une telle trajectoire est impossible pour une balle.

Le tir mortel

Image z313 du film de Zapruder, le tir mortel. Malgré la mauvaise qualité de la reproduction, on aperçoit la gerbe de sang vers le haut et l'avant

Un autre point de discussion est l'emplacement des blessures à la tête et, de manière générale, les éléments qui indiqueraient que la balle mortelle aurait été tirée de l'avant.

Un des éléments pouvant être révélateur de la trajectoire de la balle est l'emplacement de la blessure à la tête. Alors que les résultats des enquêtes officielles placent la blessure dans le quart avant droit du crâne, un certain nombre d'éléments sont avancés pour affirmer que l'essentiel de la blessure se trouverait à l'arrière.

Parmi ceux-ci

  • des témoignages de personnel médical de Parkland ; cependant il est devenu difficile avec le temps de déterminer jusqu'à quel point ces témoignages tardifs ont été sollicités [32]. Certains de ces témoins, cités par des auteurs conspirationistes comme décrivant des plaies béantes à l'arrière du crâne, affirment devant d'autres chercheurs que le rapport d'autopsie correspond à ce qu'ils ont vu [33];
  • le fait que du sang et de la matière cérébrale auraient été projetés vers l'arrière ; cependant, les époux Connally, à l'avant, ont été arrosés de sang, et on peut constater, sur le film de Zapruder, qu'une gerbe de sang est projetée quasi verticalement, jusque 3 mètres de hauteur. La limousine et les motards de la police auraient été éclaboussés en traversant ce brouillard de matière qui retombait.

Toutefois, un des éléments les plus frappants sera apporté par le film de Zapruder dont les premières copies "pirates" de mauvaise qualité deviendront disponibles à partir de 1975. On y voit en effet le brusque mouvement du corps du président vers l'arrière, ce qui laisserait supposer que le tir venait de devant. De la butte herbeuse par exemple, où certains témoins affirment avoir vu de la fumée ou des personnes avec une arme.

C'est notamment la publication de ce film qui finit par provoquer la mise en place de la seconde commission d'enquête, le House Select Committee on Assassinations. Sur ce point particulier, et alors que la plupart des chercheurs travaillaient avec de mauvaises copies [34], les experts désignés par le HSCA analysèrent des copies de haute qualité du film [35] et relevèrent que le mouvement du président vers l'arrière était précédé, au moment de l'impact de la balle, par un bref et rapide mouvement en avant de la tête, ce qui laisserait supposer l'impact d'un projectile venant de l'arrière ce qui est conforme à la thèse officielle (il s'agit d'un mouvement de la tête de l'ordre de 6 cm qui survient dans un temps de l'ordre de quelques centièmes de seconde).

Selon les interprétations, le mouvement vers l'arrière qui suit le premier mouvement vers l'avant pourrait être dû à divers éléments, dont un spasme neuromusculaire consécutif à la destruction du cerveau [36] ou...à une autre balle tirée de l'avant [37].

L'enquête de Jim Garrison et le procès Clay Shaw

Jim Garrison, procureur (District Attorney) de la Nouvelle-Orléans, fut la seule personne à l'origine de poursuites dans l'affaire de l'assassinat du président [38].

En 1968, Jim Garrison accusa l'homme d'affaires louisianais Clay Shaw d'avoir été un agent de la CIA et d'avoir comploté l'assassinat de Kennedy avec les exilés cubains. Garrison affirma l'impossibilité qu'Oswald ait pu tirer et tenta même de donner l'emplacement des tireurs et le nombre de balles. Il accusa de complicité les membres les plus haut placés de l'administration, soit J. Edgar Hoover et même Lyndon B. Johnson dans l'exécution d'un coup d'État.

Clay Shaw fut acquitté et obtint ensuite la condamnation de Garrison pour harcèlement [39], mais mourut, ruiné et épuisé, avant la confirmation en appel. Les méthodes peu orthodoxes de Garrison[40] firent beaucoup de tort à l'hypothèse de la conspiration.

Le seul mérite que la plupart des chercheurs de la conspiration reconnaissent à Garrison et au film JFK aujourd'hui est d'avoir popularisé la recherche sur l'affaire[41] et d'avoir permis la création de l'Assassination Records Review Board.

La seconde commission d’enquête

Il fallut attendre 1976 pour que le Congrès américain décide, à la suite des révélations relatives à des activités illégales de la CIA [42] (dont des tentatives d’assassinat sur des dirigeants étrangers), de créer un comité chargé d’enquêter sur les assassinats de John Fitzgerald Kennedy et du Dr Martin Luther King. Le U.S. House of Representatives Select Committee on Assassinations (HSCA) reprit les enquêtes à zéro, réexamina les pièces, réentendit certains témoins [43], et fit examiner tous les éléments par des panels d’experts médicaux, balistiques, photographiques, et autres.

Les conclusions du HSCA

En résumé, le HSCA confirma l’essentiel des conclusions techniques de la Commission Warren sur les circonstances de l’assassinat.

La théorie de la « balle unique », notamment, est validée par une analyse par activation neutronique comparative qui conclut que les fragments retrouvés dans le poignet du gouverneur proviennent de la balle retrouvée à Parkland (cette analyse et sa méthode ont été également critiquées).

Une analyse fine du film de Zapruder, dont des copies correctes sont enfin disponibles, aboutit à la conclusion que la tête du président est, au moment du tir à la tête, projetée brièvement vers l'avant, ce qui correspond aux autres analyses, notamment médicales, qui identifient les blessures comme correspondant à un tir de l'arrière. Le mouvement vers l'arrière est considéré comme explicable par un spasme neuromusculaire consécutif à la destruction du cerveau.

Les panels d'experts médicaux et balistiques, tout en critiquant durement la façon dont notamment l'autopsie avait été menée, valident aussi les conclusions de la Commission et le fait que le président a été touché par deux balles tirées par Lee Harvey Oswald à partir d'une fenêtre au 5e étage du dépôt de livres scolaires [44].

Pourtant, le HSCA conclut qu’il y eut bien une conspiration au cours de laquelle quatre coups de feu ont été tirés.

Le HSCA conclut en effet que Oswald a tiré les coups de feu n° 1, 2 et 4 (et donc tué Kennedy et blessé Connally) depuis le dépôt de livres, et qu’un assassin inconnu a tiré un coup de feu de derrière la palissade de bois (sur la butte herbeuse) et a raté sa cible [45].

Cependant, ce dernier point a été abondamment critiqué parce que le seul élément qui l’appuyait était un enregistrement censé avoir été fait sur Dealey Plaza le jour de l’assassinat à travers le micro resté ouvert d’une moto de police [46].

La critique des conclusions du HSCA

Outre que la technique utilisée fut critiquée (aucun coup de feu ne se trouve sur la bande, il s’agit d’une interprétation d’impulsions sonores), il s’est avéré depuis que la moto censée avoir été celle du micro ne se trouvait sans doute pas sur la Plaza, et que la bande comporte, à l’instant où des coups de feu ont été « détectés », des dialogues dont on sait qu’ils sont survenus plusieurs minutes après l’attentat. Un panel subséquent formé par l’Académie Nationale des Sciences rejeta les conclusions des experts acoustiques du HSCA.

Les hypothèses de complot

Depuis l’assassinat, des dizaines de chercheurs et auteurs se sont succédé et des centaines de livres ont été écrits.

Contre la version officielle, qui affirme que Lee Oswald a tué Kennedy, les thèses du complot se multiplient et se confrontent.

Au cours des années plusieurs thèses de la conspiration ont été envisagées ; il a été affirmé que de 3 à 15 projectiles furent tirés par 2 à 10 tireurs travaillant selon différentes combinaisons. Ils ont tiré du dépôt de livres, du bâtiment Dal-Tex, du tertre herbeux, des rails de trains sur le pont, des toits d'au moins deux bâtiments. Ils ont travaillé indépendamment ou par équipe coordonnées par radio.

Les commanditaires envisagés incluent Lyndon Johnson, Cuba, l’Union soviétique, la mafia de Chicago, les anti-castristes, la CIA, le complexe militaro-industriel, l’extrême droite, les juifs, les Illuminati, les riches Texans du Sud, le FBI, les gauchistes.

Un des exemples de thèse de complot est donné par l'enquête de Jim Garrison.

Le magazine français « Science & vie » illustre involontairement le flottement sur le sujet : quelque temps après l'affaire, il publie un article détaillé à base de considérations balistiques titrant « Pourquoi Oswald n'a pas pu tuer Kennedy ». Trente ans plus tard, il en publiera un autre expliquant pourquoi c'est Oswald qui a tué Kennedy, sans faire référence au premier article.[47]

Entre incompétence, prudence politique et opération de couverture

Outre les éléments factuels qui font toujours doute plus de quarante ans après les évènements, la manière dont les enquêtes ont été menées par les diverses agences gouvernementales n'est pas étrangère au développement des théories de la conspiration.

Certains des reproches faits aux enquêtes sont de l'ordre de l'hypercritique, comme le reproche fait à la police de Dallas de ne pas avoir pris de note ou enregistré les interrogatoires d'Oswald[48].

Il est avéré, notamment par l'enquête ultérieure du HSCA, que des informations ont été cachées par la CIA et le FBI [49] : Certains auteurs, affirmant avoir découvert des liens entre la CIA et Oswald, ont répondu à la question à leur façon.

Le bureau du FBI de Dallas a détruit, quelques jours après l'assassinat, une note déposée au bureau par Oswald peu de temps avant, l'incident est révélateur des erreurs que les agences gouvernementales ont commises.

Une des craintes de Johnson était que l'on découvre un complot communiste et que cette crainte fut communiquée à Earl Warren lors de la constitution de sa commission [50]. Une des apparences de la commission est dès lors celle d'un corps gouvernemental dont la tâche est de valider la thèse du tireur unique ou de montrer qu'il n'y a pas eu complot. Le HSCA, tout en relevant des carences dans les conclusions de la Commission, valida l'essentiel de ses résultats en concluant cependant à un complot avec un second tireur qui avait raté la cible.

Les suspects

Dans l'hypothèse de l'existence d'un complot, plusieurs suspects potentiels ont été cités par divers auteurs ou chercheurs.

Le vice-président et successeur de Kennedy figure parmi ceux-ci : Lyndon B. Johnson, dont l'accession à la présidence mit une fin à certains problèmes que le vice-président semblait avoir, liés à des problèmes de corruption. Cette thèse, récemment remise à jour par William Reymond [51], implique Malcolm Wallace, un homme dangereux, condamné pour assassinat, ayant travaillé pour Lyndon B. Johnson et dont une empreinte aurait été retrouvée au 5e étage du dépôt de livre.

Parmi les premiers suspects possibles, on relève aussi la mafia. Cette théorie a été notamment développée en 1981 par Robert Blakey, directeur du House Select Committee on Assassinations, qui penche pour un complot ourdi par les chefs mafieux Carlos Marcello, Santo Trafficante Jr et Sam Giancana. La rumeur place la mafia quasiment partout dans la carrière de Kennedy, depuis les relations de Joe Kennedy avec la mafia de Chicago, jusqu'à l'aide apportée par les relations de Joe à la campagne de John, en passant par une maîtresse, Judith Campbell Exner [52], commune au président et au parrain de Chicago Sam Giancana, au grand dam du FBI. L'ingratitude du clan Kennedy, et la "croisade" contre le crime organisé de Robert Kennedy, frère et attorney general (ministre de la Justice) de John, avaient mis les chefs de la mafia hors d'eux. Carlos Marcello, parrain de la Nouvelle-Orléans, déporté par Robert au Guatemala, et principal mafieux cité dans cette affaire, aurait, selon plusieurs témoins, fréquemment prononcé des menaces de mort à l'adresse des Kennedy. On lui attribue cette métaphore : « Un chien continue à mordre si tu lui coupes la queue », sous-entendant par là que pour neutraliser Robert Kennedy, il valait mieux éliminer directement son frère. Des liens entre Jack Ruby, l'assassin d'Oswald, et le milieu mafieux de Dallas, sont également souvent évoqués [53], même si, pour les sceptiques, ces liens n'étaient pas autres que ceux pouvant lier un tenancier de boîte louche et les milieux criminels [54].

Souvent citée avec la mafia, la CIA est aussi un des suspects favoris parce que souvent liée à des opérations troubles avec la mafia, et devenue particulièrement hostile au président depuis la Baie des Cochons. Le président Kennedy avait par ailleurs entrepris de réduire les pouvoirs de la CIA et avait forcé son directeur, Allen Dulles, figure tutélaire de la CIA et futur membre de la commission Warren, à la démission. Le lendemain de l'assassinat, Robert Kennedy rend visite au nouveau directeur de la CIA, John Mc Cone, en lui posant cette question : "Est-ce que mon frère a été assassiné par la CIA?"[55] La suspicion vis-à-vis de l'agence de renseignement, s'appuie également sur le fait que les années avant et pendant le mandat de Kennedy sont une des périodes durant laquelle la CIA a produit le plus de « coups tordus », notamment au Viêt Nam, au Congo, et à Cuba.

L'image d'un complot se précise si on ajoute les liens de la CIA, non seulement avec la mafia, mais aussi avec la droite et le complexe militaro-industriel qui souhaitait l'extension du conflit vietnamien (alors que selon certaines sources [56], le président voulait retirer le pays de ce bourbier). Les milieux anticastristes, ainsi que le FBI de John Edgar Hoover sont aussi souvent mentionnés comme impliqués avec ou sans la CIA. Cuba a cristallisé de nombreuses hypothèses autour d'un complot, avec l'épisode de la baie des Cochons (Kennedy a refusé au dernier moment de soutenir l'opération par des bombardements), qui lui a valu l'hostilité des anticastristes (sacrifiés pour rien), de la CIA (par anticommunisme), de la mafia (qui souhaitait récupérer ses revenus liés au jeu et à la prostitution sous Fulgencio Batista), des castristes (qui en ont retenu l'agression par les États-Unis).

Parmi les thèses les plus insolites, il y a la « thèse montréalaise ». Cette thèse affirme que JFK était opposé aux militants sionistes et que ceux-ci ont décidé de l'assassiner. Les assassins auraient fui vers Montréal et vers l'Europe avec l'aide de la famille Bronfman. [57]

L'assassinat aujourd'hui

Un doute jamais levé

Selon divers sondages [58], alors que la majorité des citoyens américains croient qu'Oswald a participé à l'assassinat, seulement entre 20 et 30% d'entre eux croient que Oswald était le seul assassin du président Kennedy.

De fait, malgré le fait que la culpabilité d'Oswald semble faire peu de doute actuellement, beaucoup de chercheurs pointent un certain nombre d'éléments qui indiquent, selon eux, la possibilité de l'existence d'une conspiration pour assassiner le président Kennedy. Les chercheurs qui estiment qu’Oswald a agi seul soulignent, quant à eux, que malgré le nombre de dossiers rendus publics depuis 41 ans, l’hypothèse de la conspiration n’a pu jusqu’ici être démontrée de manière satisfaisante.

Le passage du temps et la disparition d’éléments matériels et des témoins empêcheront peut-être à jamais d’atteindre une conclusion qui puisse satisfaire le besoin de chacun de donner un sens à cet événement terrible. Tous les ans, pourtant, voit son cortège de publications et de prétendues révélations.

La publication des archives

Sans doute à la suite de la nouvelle émotion soulevée par le film JFK, le Congrès américain passa en 1992 une loi intitulé le JFK Assassination Records Collection Act of 1992 qui créait un Assassination Records Review Board.

Le congrès avait conclu que le secret avait conduit le public américain à croire que le gouvernement avait quelque chose à cacher, et chargea l'ARRB de rassembler toutes les informations disponibles, d'en collecter de nouvelles, et de mettre ces informations à la disposition du public, l'ensemble des documents devant être publics au plus tard en 2017.

L'ARRB n'était donc pas chargé de déterminer qui avait tué le président Kennedy, ni pourquoi, mais de rassembler des informations. L'ARRB mena certaines enquêtes, et notamment entendit le témoignage d'un certain nombre de personnes qui avaient témoigné déjà devant une des commissions d'enquête (tels que les médecins urgentistes ayant traité Kennedy) et commença à rendre les documents publics.

Documents

À l'heure actuelle, si une grande quantité de documents ont été rendus publics, cependant un nombre encore plus important doit encore l'être, au plus tard en 2017 :

Le 19 février 2007, un film amateur resté inédit jusqu'alors est rendu public, tandis que son original est donné au musée consacré à l'assassinat à Dallas [59]. Le film, dont certaines images ont été tournées 90 secondes avant l'assassinat, a été tourné en couleur avec une caméra 8 mm par un amateur appelé George Jeffries, et offre un nouvel angle de vue qui laisse apparaître le pli apparent sur la veste du président.

Les conséquences à long terme de l'assassinat

L'assassinat du président Kennedy eut un impact non seulement sur tous les Américains, mais aussi potentiellement sur la population du monde entier. La plupart des gens en âge de s'en souvenir peuvent se rappeler les circonstances exactes du moment où ils ont appris la terrible nouvelle.

La confusion et les doutes qui entourèrent l'assassinat de John Kennedy et de son assassin présumé, Lee Harvey Oswald, marquèrent l'apparition des premières failles dans le rêve américain et, finalement, dans le rêve de paix qu'il avait porté, et le début du déclin de la confiance que le citoyen américain accordait à son gouvernement.

Au cours des 5 années suivantes, l'assassinat du frère du président, Robert Kennedy, et du meneur du mouvement des droits civiques, le pasteur Martin Luther King, allaient être de nouveaux coups aux espoirs de changement politique et social tandis que les doutes grandissants à l'égard de la guerre du Viêt Nam aggravaient encore le déficit de confiance du gouvernement.

Le scandale du Watergate, en 1974, fut le point d'orgue de ce processus de rupture entre le peuple et le gouvernement américain, mais la fin des années 1960 verrait un certain aboutissement de ce processus : émeutes raciales, révolte étudiante, troubles sociaux qui en définitive se propagèrent au monde entier.

Dans la culture populaire

Films

Les doutes engendrés par l'assassinat s'exprimèrent, entre autres, au cinéma et dans des fictions télévisées. En 1973 David Miller réalise le premier film traitant de l'assassinat de Kennedy intitulé Complot à Dallas (vo: Executive Action) inspiré par l'ouvrage de Mark Lane Rush to judgement présentant l'organisation et l'exécution d'un complot par des membres d'une organisation d'extrème droite et de milliardaires texans destiné à assassiner Kennedy. En 1991 le réalisateur Oliver Stone réalisa un film à thèse, JFK à partir du livre On the Trail of the Assassins de Jim Garrison. John Mackenzie réalise Ruby (1992) sur l'assassinat par Jack Ruby d'Oswald avec Danny Aiello dans le rôle titre. Le film de Charles Binamé, Le Piège américain (2008), évoque la thèse d'une implication du traficant d'armes Lucien Rivard dans l'assassinat de Kennedy.

Plusieurs films se sont inspiré de l'assassinat de Kennedy, sans pour autant l'évoquer directement. Arthur Penn qui avait été le réalisateur choisi par Kennedy lors du débat télévisé contre Nixon, s'est inspiré de l'assassinat dans trois de ses films : La poursuite impitoyable (1966) où la scène du meurtre du fugitif joué par Robert Redford par un des lyncheurs fait directement référence à l'assassinat d'Oswald par Ruby, la fusillade finale dans Bonnie and Clyde (1967) et La Fugue (1975) sur l'analyse d'un film amateur révélant un complot[60].

Brian De Palma y fait référence dans Greetings (1968) à travers le personnage de Lloyd Clay qui est persuadé que les preuves de la conspiration de l'assassinat de JFK se trouvent dans les images prises le 22 novembre à Dealey Plaza. Dans Blow Out (1981), et dans Snake Eyes (1998).

À cause d'un assassinat (1973) de Alan J. Pakula raconte sur le thème de la conspiration, l'enquète d' un journaliste sur la disparition de témoins de l'assassinat d'un sénateur trois ans après les faits. Le film français I comme Icare (1979), met en scène une situation comparable à l'attentat. Le personnage joué par Clint Eastwood (1998) dans le film Dans la ligne de mire de Wolfgang Petersen est un ancien agent du Secret Service qui se reproche de ne pas avoir pu empécher l'assassinat de Kennedy à Dallas.

En 2009, le film de Zack Snyder, the watchmen montre l'assassinat de JFK ainsi que d'autres évènements majeurs du XXè siècle allant d'Enola Gay à la mission Apollo 11.

Séries télévisées et téléfilms

Le téléfilm de Mel Stuart Ruby and Oswald (1978) est une des rares fictions sur l'assassinat à se baser sur les conclusions officielles du rapport Warren.

Des créateurs et scénaristes de séries télévisées mirent leurs opinions en images : Donald Bellisario et Clément Malliet écrivirent trois épisodes relatifs à Lee Harvey Oswald dans la série Code Quantum, où il décrivait ce dernier de manière négative. La série à succès X-Files, dans sa tradition du thème de la conspiration mondiale, contredit la thèse du tueur unique, et explore l'hypothèse du complot militaire[61].

Autres médias

D'autres œuvres se sont inspirées de l'assassinat sans pour autant chercher à le commenter. Le clip Coma White du groupe Marilyn Manson s'inspire des images devenues célèbres de John F. Kennedy et sa femme dans leur voiture. De même, la bande-dessinée XIII reprend le thème de l'assassinat d'un président des États-Unis lors de circonstances semblables à celle de 1963. Plus récemment, l'écrivain américain James Ellroy a publié une trilogie intitulée Underworld USA. Celle-ci relate sous forme d'une fiction élaborée à partir de la réalité historique la vie politique américaine de la fin des années cinquante au début des années soixante-dix. L'ascension politique de John Kennedy est le fil conducteur du premier tome American Tabloïd. L'assassinat du président est l'élément de transition entre ce premier volume et le suivant American Death Trip.

Annexes

Bibliographie

  • (en) Vincent Bugliosi, Reclaiming History - The Assassination of President John F. Kennedy, W.W.Norton & Company, 2007, (ISBN 978-0-393-04525-3) (thèse du tireur solitaire)
  • (en) Gerald Posner, Case Closed, 1993, (ISBN 1-4000-3462-0) (thèse du tireur solitaire)
  • (en) Anthony Summers, The Kennedy Conspiracy, 1980 (révisé en 1998), (ISBN 0-7515-1840-9) (thèse conspirationiste)
  • (en) Michael L Kurtz, Crime of the Century, 1982, (ISBN 0-87049-824-X) (thèse conspirationiste)
  • Thierry Lentz, Enquêtes sur l'assassinat d'un président, (ISBN 2-8647-7149-7)
  • Thierry Lentz, L'affaire Kennedy, (ISBN 2130456928)
  • William Reymond, Autopsie d'un crime d'état, (ISBN 2-0806-7506-0) (thèse conspirationiste)
  • William Reymond et Billie Sol Estes, JFK, le dernier témoin, (ISBN 2-08-067940-6) (thèse conspirationiste)
  • William Manchester, Mort d'un président, (ISBN B0000DOMA2)
  • Mark Lane, L'Amérique fait appel, (ISBN B0000DOJ4V) (une des premières critiques du rapport Warren)
  • Pierre Nau, JFK retour sur l'assassinat, 2005, (ISBN 2748157923)
  • Pierre Nau, Lee Harvey Oswald, pour une place dans l'Histoire, 2008, (ISBN 2304023223)
  • François Carlier, Elm Street. Oswald a tué Kennedy !, 2008, (ISBN 2-7483-4096-5) (thèse du tireur solitaire)
  • Frédéric Kiesel, Dallas, un crime sans assassin, Pierre De Meyère, Bruxelles, 1966

Articles connexes

→ D'autres articles audio

Liens externes

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Filmographie

Notes et références

  1. qui sera son colistier et son vice-président puis son successeur
  2. T. Lentz (1995), Kennedy enquête sur l'assassinat d'un président p. 219
  3. C'était apparemment le cas du Général Charles Cabell, beau-frère du maire de Dallas et directeur adjoint de la CIA limogé après la baie des Cochons
  4. Article sur la John Birch Society, organisation d'extrême-droite que le général Edwin Walker, limogé par Kennedy, venait de rejoindre. Voir aussi le rapport du HSCA sur le sujet ainsi que cet article sur les milices d'extrême-droite américaines
  5. Voir notamment le rapport de la Commission Warren
  6. Édité par l'American Fact-Finding Committee, une émanation de la John Birch Society. L'encart est reproduit ici
  7. Témoignage de Mme Connally devant la Commission Warren
  8. Témoignage de Forrest Sorrels, un agent du Secret Service
  9. Voir le rapport du HSCA
  10. Voir description des blessures de Connally dans le rapport du HSCA, ici, cette radio du poignet et de la cuisse
  11. Voir notamment la description faite par Bobby Hargis, un des motards de la police de Dallas qui suivait la voiture présidentielle; voir aussi la photo d'un de ces fragments dans le rapport du HSCA
  12. Article sur Abraham Zapruder et son film
  13. Voir les conclusions de la Commission Warren sur ce point
  14. Voir cette page sur la théorie de David Lifton
  15. T. Lentz Kennedy enquête sur l'assassinat d'un président p.145
  16. Voir ce site
  17. Voir ce site relatif aux déclarations de Oswald
  18. Témoignage de Forest Sorrels devant la Commission Warren
  19. Voir Case closed, p. 397
  20. Témoignage Dr Marion Jenkins devant la Commission Warren ; voir aussi les travaux du HSCA sur le sujet
  21. Voir les travaux du HSCA
  22. Voir les travaux du HSCA
  23. Voir cet entretien où il est fait mention du passage de l'armée en DEFCON 3 (DEFCON 2 correspond à la crise des missiles de Cuba).
  24. Voir notamment ce témoignage où il est question du passage de l'armée en DEFCON 3
  25. Voir article de la (en) Wikipédia en anglais
  26. (en) Idem
  27. Pour une synthèse des différentes hypothèses, voir ce site, ce site qui expose le sujet au départ du contenu du film JFK et celui-ci par le Dr Gary Aguilar, médecin ophtalmologue partisan de la théorie de la conspiration qui a fourni d'intéressantes recherches
  28. Des critiques estiment que les circonstances dans lesquelles la balle a été retrouvée ne sont pas claires
  29. Voir par exemple le résultat d'un test fait pour la Commission Warren
  30. Voir les travaux du panel de légistes du HSCA
  31. Voir ce texte qui expose la reproduction des blessures du président Kennedy et du sénateur Connally par le Dr Lattimer, et voir le résultat du tir dans un poignet d'une balle avec une vélocité de 1 100 pieds par seconde.
  32. Voir cet article sur la fragilité des témoignages, qui mentionne notamment un phénomène d'interférence rétroactive. Outre les témoignages qui varient avec le temps, l'affaire Kennedy a vu apparaitre des témoins "tardifs", tels ceux décrits dans ce site, tel Gordon Arnold, apparu en 1978 et dont la présence sur les lieux n'a jamais pu être démontrée.
  33. Voir ce site qui relate la réaction des docteurs de Parkland devant le matériel d'autopsie original
  34. Jusqu'à la mise à disposition publique d'un film de qualité ("Image of an assassination"), les seules copies qui circulaient étaient pour la plupart des copies d'une copie pirate faites par Robert Groden (voir ce site)
  35. Rapport fait au HSCA par Malcolm McCamy, l'expert désigné par le HSCA. Les experts du HSCA étudièrent une copie de première génération du film de Zapruder
  36. Voir ce site qui expose le sujet en partant de l'exposé fait dans le film JFK. Ce site fait un résumé des diverses opinions formulées au cours des diverses enquêtes au sujet de ce mouvement
  37. Voir ce site par exemple
  38. Voir ce site consacré à l'enquête de Garrison et au procès
  39. Voir ce site qui relate un des procès gagnés ensuite par Clay Shaw
  40. Voir par exemple la manière dont Perry Russo, un des témoins clé de Garrison pendant le procès de Shaw, décrit les pressions qu'il a subi. Cette manière de se créer des témoignages ne fut pas unique, puisqu'un des témoins de Garrison, Charles Spiesel, apparut clairement pendant le procès comme étant un paranoïaque qui se croyait poursuivi par le FBI et prenait les empreintes digitales de sa fille pour s'assurer qu'elle n'avait pas été remplacée. Cette page relate ce que les jurés du procès pensaient de l'accusation. Ce site reproduit un article de David Lifton, chercheur conspirationiste, qui relate certaines de ses expériences les plus bizarres avec Garrison
  41. les partisans de la conspiration sont parmi les critiques les plus durs de Garrison (voir aussi l'article de Lifton cité plus haut)
  42. Voir notamment cet article sur le Church Committee
  43. L'ensemble des travaux du HSCA sont disponibles en ligne
  44. Voir les conclusions clés du HSCA
  45. Voir le rapport du HSCA qui conclut que les tirs ayant porté ont été tiré de derrière mais qu'il y a eu un autre tir provenant de la butte herbeuse
  46. Voir l'article Preuves acoustiques dans l'assassinat de Kennedy
  47. Aufrère, Dominique, "Oswald n'a pas pu tuer Kennedy !", Science & Vie n°567, 1964. Dorozynski, Alexandre, "Oswald était bien seul", Science & Vie, no 913, octobre 1993, pp. 74-75.
  48. Cependant, il est apparu ultérieurement que des notes grossières avaient été prises et conservées par le capitaine Fritz, et celles-ci furent rendues publiques par l'ARRB
  49. Voir le rapport du HSCA sur le sujet
  50. D'après la biographie de Earl Warren, mentionné sur ce site. Voir aussi Case Closed, page 403.
  51. Dans JFK, le dernier témoin
  52. Voir cette page relative à Judith Exner et ses relations avec Kennedy
  53. Voir les liens mentionnés sur cette page
  54. Voir notamment ce site
  55. in CIA, Guerres secrètes - 1947-1977, Opérations clandestines, réalisé par William Karel
  56. Ce site tente d'éclaircir la question
  57. [1]
  58. Voir notamment ce sondage de ABC News ou celui de Fox News en 2003
  59. Voir article du Monde
  60. J.B. Thoret (2003) 26 seconde L'Amérique éclaboussée p.72
  61. Dans l'épisode L'homme à la cigarette (saison 4) par exemple.
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