Richesse

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La richesse est l'abondance de biens ou de revenus[1].

Sommaire

Historique

La répartition de la richesse a fait l'objet de réflexions de la part de penseurs depuis l'Antiquité. Selon Platon, la richesse devait être distribuée de façon égalitaire, alors que selon Aristote, elle devait être distribuée proportionnellement à l'effort de chacun[2]. En introduisant la notion de chrématistique, Aristote a condamné la pratique visant à l'accumulation de richesses pour elles-mêmes, et non en vue d'une fin autre que le plaisir personnel.

An Moyen Âge, saint Thomas d'Aquin a cherché à réconcilier la pensée d'Aristote avec la doctrine chrétienne, et a ainsi développé la philosophie scolastique. Dans ce cadre, il a repris les idées d'Aristote sur l'économie, et a tenté de faire évoluer la pensée de l'Église dans le domaine des taux d'intérêt.

Du XVIe siècle jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, la doctrine économique du mercantilisme a prôné l'enrichissement des États-nations d'abord au moyen de l'or importé des colonies (bullionisme développé surtout en Espagne et au Portugal), puis du commerce, mais aussi de l'industrialisation.

Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, Adam Smith, fondateur de l'école dite classique d'économie, a critiqué le mercantilisme, et en particulier le bullionisme, en déniant à l'or et à l'argent leur valeur de mesure de la richesse, et soulignant qu'il s'agit d'une richesse essentiellement princière. Il explique que l'origine de la richesse des nations vient plutôt du travail (concept de division du travail), de l'accumulation du capital, et de la taille du marché[3].

Par la suite, la production de richesses sera associée à la notion de facteurs de production, qui sont essentiellement le capital et le travail.

La richesse dans l'économie actuelle

Pour la science économique actuelle, la richesse économique correspond à l'ensemble des biens dont l'usage ou la propriété correspond à la satisfaction de besoins. Elle est donc constituée par le stock d'actifs économiques détenus par un ou plusieurs agents économiques[4]. La richesse s'analyse économiquement à travers plusieurs dichotomies :

  • On peut analyser la richesse au niveau d'un individu, d'un ménage, d'une entreprise, d'une nation ou encore de l'humanité entière.
  • On peut analyser soit la richesse détenue (le patrimoine), soit la création de richesses (le revenu). Autrement dit, on peut étudier soit le stock de richesses, soit le flux de richesses nouvelles[5].
  • On peut analyser soit la richesse financière (titre de propriété ou créance donnant droit à un revenu), soit la richesse « réelle » (biens) des agents économiques[5].

Au-delà de la richesse financière et de la richesse en biens, et dans un contexte de raréfaction des ressources naturelles, la richesse des nations en matières premières et en minerais doit également être prise en considération.

Statistiques

Le rapport annuel sur la richesse mondiale établi par Capgemini et Merrill Lynch définit les « personnes à patrimoine net élevé » (l'expression « personne riche » sera utilisée comme synonyme dans la suite de cette section) comme celles possédant au moins un million de dollars américains[6] de patrimoine financier et autres actifs investissables, excluant leur résidence principale et leurs biens durables[7]. Pour les personnes ultra-riches, il fixe le minimum à 30 millions de dollars. Au niveau mondial, le nombre total de personnes riches a augmenté de 8,8 millions en 2005 à 9,5 millions en 2006 et 10,1 millions en 2007, pour revenir à 8,6 millions en 2008, soit une baisse de près de 15 % en un an. Entre 2007 et 2008, le nombre de personnes ultra-riches baissait de 103 000 à 78 000, soit près de 25 %. La fortune collective possédée par les personnes riches était de 33 400 milliards de dollars en 2005, 37 200 milliards en 2006, 40 700 milliards en 2007, pour retomber à 32 800 milliards en 2008, un montant plus faible qu'en 2005[8].

En 2008, 29 % des personnes riches résidaient aux États-Unis, 16 % au Japon, 9 % en Allemagne, environ 4,2 % en Chine et également au Royaume-Uni, et 4 % en France. Dans ce dernier pays, le nombre de personnes riches a baissé de 396 000 à 346 000 entre 2007 et 2008[9].

Nombre de personnes riches par pays, 2007 et 2008 (milliers)
2007 2008
États-Unis 3 019 2 460
Japon 1 517 1 366
Allemagne 833 810
Chine 413 364
Royaume-Uni 491 362
France 396 346
Canada 281 213
Suisse 212 185
Autres pays 2 900 2 500
Monde 10 100 8 600

Le rapport 2010 sur la richesse mondiale de Citi Private Bank et Kinght Frank, qui définit autrement les « riches » et utilise une méthodologie différente, fournit d’autres chiffres, mais une répartition par pays comparable[10]. Selon ce rapport, le nombre de « riches » aurait décru de nouveau d'environ 17 % entre 2008 et 2009 - de 3 110 000 à 2 519 000 aux États-Unis et de 309 000 à 266 000 en France.

A l'inverse, mais utilisant une autre définition, le Boston Consulting Group estime le nombre des « riches » à 9,8 millions en 2008 et 11,2 millions en 2009, soit un rebond de 14 %. 42 % de ces très riches seraient aux États-Unis (un peu moins de 30 % d’après CapGemini). Le même groupe estimait la fortune mondiale (actifs sous gestion) à environ 111 500 milliards de dollars en en 2009, en hausse de 11,5 % par rapport à 2008, retrouvant presque le niveau de 2007[11].

Les trois organismes cités prévoient que, dans l’ensemble, la crise financière de 2007-2010 aura provoqué une redistribution des cartes parmi les riches, mais que, globalement, leur situation d’ensemble est probablement revenue en 2010 au niveau de 2007.

Notes et références

  1. Trésor de la langue française informatisé, entrée richesse.
  2. Les deux formes d'acquisition des richesses selon Aristote
  3. Adam Smith, La Richesse des Nations, livre IV
  4. (en) Donald Rutherford, Routledge Dictionary of Economics, Routledge, 1995, p. 599.
  5. a et b C.-D. Échaudemaison (dir.), Dictionnaire d'économie et de sciences sociales, 7ème édition, Nathan, 2006, p. 434.
  6. Ce montant n’est ajusté ni pour les parités de pouvoir d’achat, ni pour l’inflation.
  7. D'où le titre de « millionnaires » parfois octroyé par certains commentateurs.
  8. La baisse réelle de ce patrimoine serait plus forte encore si l'inflation était prise en compte.
  9. CagGemini & Merrill Lynch “World Wealth Report 2009”, June 2009, pp.3-5. (aussi disponible ici)
  10. Citi Private Bank & Kinght Frank, “The Wealth Report 2010. A Global Perspective on Prime Residential Property and Wealth”, March 2010, 25 pp. (disponible aussi ici .
  11. Giannone , Joseph A. « La richesse mondiale en hausse de 12% en 2009 », Nouvel Obs.com, 10 juin 2010. Tsr.ch « Des millions de millionnaires dans le monde ». 11 juin 2010, Lauer, Stéphane « Retour à meilleure fortune pour les millionnaires dans le monde ». Le Monde, 12 juin 2010.

Voir aussi

Liens externes



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