Religion en Allemagne

Religion en Allemagne

En Allemagne, la religion est un symbole d’identité collective, un signe d’appartenance familiale et régionale, un critère d’affirmation et de distinction[1]

Sommaire

L'organisation de la vie religieuse

Les traités de Westphalie ont permis de stabiliser les religions états par états. Ainsi se découpe une carte des religions dans laquelle le nord-est de l'Allemagne est fortement protestant tandis que le sud-ouest est majoritairement catholique[2]. Les deux tiers de la population allemande sont de confession chrétienne. 31,4 % sont catholiques, 30,8 % appartiennent à l'Église évangélique en Allemagne, et 2,1 % appartiennent à d'autres communautés chrétiennes[3]. Le tiers restant n'a aucune religion déclarée ou fait partie d'une communauté religieuse non chrétienne, comme l'islam ou le judaïsme. La loi fondamentale de 1949 établit la liberté de culte. Il n'existe pas donc de religion d'état en Allemagne mais des partenariats entre Églises et État. Celui-ci peut, par exemple, aider aux financements d'établissements d'enseignement gérés par des Églises. Celles-ci ont, par ailleurs, la possibilité de prélever des impôts. L'État se charge généralement de les encaisser mais facture aux Églises les frais de leur recouvrement. Le clergé est formé en majeure partie dans les universités publiques. Les Églises disposent cependant d'un droit de regard pour la désignation des professeurs de théologie[4].

Communautés religieuses

Des panneaux indiquent les cultes locaux.

Les communautés chrétiennes

En Allemagne, l'Église catholique romaine est organisée en sept archevêchés et vingt évêchés. Sa grande fierté est l'élection le 19 avril 2005, d'un Allemand à la tête de l'Église catholique. Le pape actuel, Benoît XVI, né Joseph Alois Ratzinger en 1927, est, en effet, un Bavarois[4].

Les églises luthériennes, réformées et unies se regroupent dans une communauté de 23 églises appelée Église évangélique en Allemagne (Evangelische Kirche in Deutschland (EKD)). Chaque église conserve son autonomie mais des décisions collectives sont prises dans des collèges élus démocratiquement: Synode, conseil, conférence d'église. Dans l'ancienne RDA, l'Église protestante a joué un rôle capital dans la contestation du régime communiste et sa chute en 1989. En effet, elle a accueilli en son sein non seulement des fidèles mais aussi, des activistes et d’autres gens, dégoûtés par le régime communiste et qui ont engagé ce qui a été appelé la révolution pacifique. Les prières pour la paix à Saint-Nikolai, à Leipzig, ont été le germe des manifestations du lundi 25 septembre 1989. Cependant l’Allemagne de l’Est a été profondément sécularisée depuis 1990. La majorité de sa population se caractérise par sa non affiliation, son indifférence religieuse et surtout son athéisme[5]. La sécularisation touche aussi certaines villes de l'Ouest. Ainsi à Hambourg, une ville traditionnellement luthérienne, la majorité de la population est sans confession[6].

L' Église évangélique luthérienne indépendante (Selbständige Evangelisch-Lutherische Kirche (SELK)) est l'église luthérienne confessionnelle en Allemagne.

Le judaïsme allemand

Le nombre d'Allemands de confession juive avant l'avènement du nazisme était d'environ 530000. Il est tombé à quelques milliers à la suite du génocide dont a été victime cette communauté. Actuellement, on dénombre environ 105000 juifs vivant en Allemagne dont des fortes communautés à Berlin, Munich et Francfort-sur-le-Main[4]. La réunification de 1990 a permis aux communautés juives d'Allemagne de l'Est de se développer. Les communautés juives de l'ex-Allemagne de l'Est de Dresde et Leipzig, peuvent de nouveau développer une vie communautaire active. À Leipzig la communauté juive est passée de 40 membres en 1989, à 1 200 membres en 2007[5]. Aujourd’hui la plupart des membres sont des migrants. L'Allemagne est le seul pays d'Europe où le nombre de juifs augmente, alors qu'il diminue partout ailleurs[7].

Le Conseil central des Juifs en Allemagne coordonne la vie des différentes communautés juives installées sur le sol allemand. Symbole du renouveau du judaïsme allemand, la plus grande synagogue d'Allemagne a rouvert ses portes, vendredi 31 août 2007 à Berlin, après plus de trois années de travaux de restauration[8].

La relation de L'État allemand avec sa communauté juive est très influencée par son passé récent (shoa)[9]. Celle-ci reçoit donc une aide particulière pour favoriser son développement . L'État contribue ainsi à hauteur de trois millions d'Euros au budget du conseil central des juifs en Allemagne[10], entretient aussi les cimetières des communautés juives allemandes disparues et offre chaque année à l'État d'Israël plusieurs millions d'euros. Parmi les missions du Conseil central des Juifs en Allemagne, on trouve donc tout naturellement la promotion de la tolérance et de la lutte contre le racisme et l'antisémitisme[4].

Les communautés musulmanes

Selon l'institut de recherche musulman allemand, le Zentralinstitut Islam-Archiv-Deutschland, la communauté musulmane du pays est composée de près de 3,5 millions de personnes[11]. 81 % d'entre eux sont sunnites et 19 % chiites toutefois l'Institut compte parmi les chiites les 400 000 alévis de Turquie[11]. Cette communauté provient en grande partie de l'immigration turque et pour une moindre part de musulmans de l'ancienne Yougoslavie[10].

Leur présence a entrainé la naissance d'un grand nombre d'organisations musulmanes qui gèrent les mosquées et s'occupent des affaires religieuses. Les quatre principales organisations musulmanes sont le conseil de l'islam (Islamrat), le conseil central des musulmans (ZMD), l'union turque islamique des affaires théologiques (Ditib) et l'association des centres culturels islamiques (VIKZ). Elles rassemblent 2 000 mosquées sur un total de 2 900. Elles se sont regroupées au sein d'un conseil de coordination (KRM) en avril 2007[12] mais il n'existe en fait aucune organisation nationale pour représenter l'ensemble des musulmans. Il faut dire que le nombre de pratiquants est très faible. Le taux de participation des musulmans à la prière du vendredi ne dépasserait pas les 8,25 % même si 74 % d'entre eux disent se sentir liés à leur foi[11].

Ces dernières années, la construction de mosquées a fortement augmenté. À côté de 2.300 salles de prière installées dans des locaux aménagés, il y avait en 2002, 77 mosquées classiques alors qu'il n'y en avait que 26 en 1996. 123 nouvelles mosquées seraient en construction ou à l'étude[11].

Dans un souci d'intégration, le gouvernement fédéral encourage le dialogue interreligieux, soutient les organisations islamiques favorables au dialogue et intègre celles-ci dans sa politique de lutte contre contre la violence et la xénophobie[4].

Références

  1. Étienne FRANÇOIS, L’Allemagne du XIVe au XXe siècle , dans Identités religieuses en Europe, Paris, La Découverte, 1996, p. 65-88.
  2. Sandrine Kott, Éléments pour une histoire sociale et culturelle de la religion en Allemagne au XIXe siècle, Revue d'histoire moderne et contemporaine Supplément 2001-4bis
  3. Christen in Deutschland 2005
  4. a, b, c, d et e tatsachen, « Les Églises et les communautés religieuses » sur [1]. Consulté le 31 octobre 2007
  5. a et b 29e Conférence de la Société Internationale de Sociologie des Religions, Juillet 2007 à Leipzig, Allemagne
  6. http://www.ekd.de/download/kimi_2004.pdf page 7
  7. Heureux comme les juifs en Allemagne ?, le Monde du 13 septembre 2007
  8. La plus grande synagogue d'Allemagne rouvre ses portes à Berlin, Le Monde, 1er septembre 2007
  9. Dans L'Impossible Retour, publié chez Flammarion en 2007, Olivier Guez écrit que les juifs ont été érigés, malgré eux, en sismographes de sa sincérité démocratique.
  10. a et b http://www.fides.org/aree/news/newsdet.php?idnews=9946&lan=fra
  11. a, b, c et d Religioscope, « Allemagne: environ 3,5 millions de musulmans », 1er novembre 2002
  12. Cécile Calla, L'islam devrait rejoindre les autres religions au programme des écoliers allemands, Le Monde, 18 mars 2008

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Religion en Allemagne de Wikipédia en français (auteurs)

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