Relativisme historique

Relativisme historique

Relativisme

Page d'aide sur l'homonymie Ne doit pas être confondu avec Théorie de la relativité ou relativiste.

Le relativisme est un « mouvement de pensée qui traverse les siècles depuis l'antiquité gréco-romaine »[1], pour désigner un ensemble de doctrines variées qui ont pour point commun de défendre la thèse selon laquelle le sens et la valeur des croyances et des comportements humains n’ont pas de références absolues qui seraient transcendantes. Le succès du relativisme culturel à partir la seconde moitié du siècle, et à visée politique dans les années 80, en Occident, a assuré la primauté et même l’exclusivité à ce sens du mot. Les idéologues anti-relativisme ont, eux aussi, souvent usé du terme « relativisme » de façon laxiste parce qu'il se rattache à l’historicisme, un des traits « le plus accusé de notre temps »[2].

En effet, le relativisme concerne tous les domaines de la philosophie, il existe donc un relativisme cognitif épousant un point de vue selon laquelle « la connaissance est le produit d'une construction qu'elle ne saurait pour cette raison être tenue pour objective, et un relativisme culturel affirmant que les normes et les valeurs sont propres à chaque « "culture" ou "sous-culture" et qu'elles ne peuvent par suite être considérées comme fondées objectivement »[3].

Sommaire

Histoire

« L' homme est la mesure de toute chose ». Ce sont avec ces mots, attribués au sophiste Protagoras, qu'est formulée la première philosophie relativiste.

Le gnostique Carpocrate et ses adeptes soutiennent par exemple que Bouddha, Moïse, Mani et Jésus avaient la même valeur sur le plan humain[4].

Les arguments relativistes

Un des arguments du relativisme est que nos propres biais cognitifs nous empêchent d’être objectifs, nos propres sens s’interposent entre nous et l’observé. De plus un biais de notation, à travers le langage utilisé, s’applique à ce que nous avons appris. Enfin, il nous reste un biais culturel partagé avec les autres observateurs de la même culture mais qui peut différer selon les cultures et nous ne pouvons pas espérer lui échapper complètement.

Les sceptiques affirment par contre que les certitudes subjectives et les objets concrets font partie de notre vie quotidienne et qu’il n’y a donc pas grande valeur à vouloir écarter des concepts comme l’objectivité et la vérité. Les objectivistes considèrent qu’il n’y a aucun moyen de prouver l’introduction de biais par nos sensations ; une telle preuve ne serait pas valide car les connaissances nécessaires à cette preuve ont été acquises via nos perceptions et dans un tel système philosophique les perceptions sont considérées valides axiomatiquement.

Les relativismes

Relativisme épistémologique

Le relativisme épistémologique, avant d’être revendiqué, a été une accusation, formulée en particulier contre Thomas Kuhn (défi relevé par Paul Feyerabend).

George Lakoff définit le relativisme dans son livre Metaphors We Live By (Les métaphores par lesquelles nous vivons), comme un rejet du subjectivisme et de l’objectivisme pour se concentrer sur les relations entre elles, c’est-à-dire comment nous mettons en relation notre expérience courante avec la précédente. Cette attitude le rapproche de l’anti-réalisme de Pierre Duhem et de Henri Poincaré (cités par Alan Chalmers dans What is this thing called Science?) : la valeur d’une théorie scientifique est comparable à celle du catalogue d’une bibliothèque, c’est son utilité, et non pas le fait de savoir si elle est vraie ou fausse. Bruno Latour fait remarquer quant à lui, que le contraire du relativisme n’est pas l’universalisme, mais l’absolutisme.

Relativisme culturel

Article détaillé : relativisme culturel.

Le concept de relativisme culturel a de l’importance pour les philosophes, psychologues, sociologues et anthropologues. Les philosophes explorent comment la vérité de nos croyances dépendent ou non de, par exemple, notre langage, notre vision du monde, notre culture... ; le relativisme éthique en fournissant un exemple. De leur côté, les anthropologues essaient de décrire le comportement humain. Pour eux le relativisme se réfère à une méthodologie avec laquelle le chercheur tente de suspendre (ou de mettre entre parenthèses) son propre biais culturel pour comprendre les croyances et comportements dans leurs contextes locaux.

Relativisme moral

Le relativisme moral (ou éthique) est la position de pensée qui consiste à dire qu'il n'est pas possible d'ordonner les valeurs morales par l'utilisation de critères de classement.

Des penseurs idéalistes, comme Kant, chercheront à démontrer l'unicité de "la Morale" en laïcisant la morale chrétienne qui se veut unique et universelle.

Des penseurs matérialistes, comme Spinoza ou Nietzsche, conserveront la pluralité des morales humaines tout en tachant de trouver des critères permettant d'évaluer une valeur ("Quelle est la valeur d'une valeur morale ?"). La favorisation ou la nuisance à la vie, est le critère le plus souvent rencontré chez les penseurs matérialistes.

Critiques du relativisme

Les détracteurs du relativisme, comme Alan Sokal, ont fait remarquer que l'affirmation selon laquelle « il n'existe aucune vérité absolue » est trivialement autocontradictoire. En effet, si la proposition est admise comme vraie, alors elle doit s'appliquer à elle-même, et est en conséquence fausse.

L'énoncé simplificateur « Tout est relatif » pourrait être soumis à cette démonstration. En fait, cet énoncé n'est jamais employé par les relativistes, sauf par boutade. Il faut d'ailleurs signaler que cet énoncé est également employé, de manière encore plus erronée, à propos de la théorie de la relativité. En fait, la relavité au sens d'Albert Einstein s'attache au contraire à montrer l'existence d'invariants.

Parmi les opposants revendiqués au relativisme, le pape Benoît XVI a dénoncé dans un discours prononcé le 18 avril 2005, la veille de son élection « une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui donne comme mesure ultime uniquement son propre ego et ses désirs. »[5]

Références bibliographiques

  • Georg Simmel, Les problèmes de la philosophie de l’histoire, P.U.F. (1984), Paris, 1892.
  • Raymond Boudon, Le juste et le vrai. Études sur l’objectivité des valeurs et de la connaissance, Fayard, Paris, 1995.
  • Raymond Boudon, Le Relativisme, P.U.F., « Que sais-je ? ».

Voir aussi

Notes

  1. Raymond Boudon, Relativisme, Dictionnaire des sciences humaines, P.U.F., "Grands dictionnaires".
  2. Jean-François Mattéi, La trahison du relativisme, Magistro, le 02 Septembre 2009.
  3. Raymond Boudon, Relativisme, Dictionnaire des sciences humaines, P.U.F., "Grands dictionnaires".
  4. Madeleine Scopello, Églises et identités culturelles in Les premiers temps de l'Église, collectif, Folio Histoire, 2004, p. 565
  5. La dictature du relativisme, Benoît XVI

Corrélats

Liens externes

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