Rebiya Kadeer

Rebiya Kadeer
Ellen Sauerbrey (à gauche) Secrétaire d'État adjointe à la population, aux réfugiés et à la migration, rencontrant Rebiya Kadeer (au centre) et Alim Seytoff, secrétaire général du Uyghur Human Rights Project (UHRP)

Rebiya Kadeer (née le 21 janvier 1947) est une militante des droits de l'homme de l'ethnie ouïgoure[1]. Depuis 2006, elle est la présidente du Congrès mondial des Ouïghours.

Sommaire

Biographie

Née dans une famille pauvre, Rebiya Kadeer épouse à 15 ans un petit fonctionnaire, dont elle a 6 enfants[2]. Avec son premier mari elle vit dans la région chinoise du Xinjiang, qui est habitée majoritairement par les Ouïgours. Alors qu'elle revend les vêtements qu'elle fabrique, elle est arrêtée par le gouvernement chinois, les Ouïgours n'ayant pas à cette époque le droit de commercer. Elle raconte qu'elle a dû alors quitter sa famille pour permettre à son mari de conserver son emploi.

Seule, elle lave du linge pour gagner sa vie et réussit, lorsque les Ouïgours obtiennent l'autorisation de commercer en République populaire de Chine, à ouvrir une blanchisserie, puis à gérer un centre commercial et enfin à mener à bien une carrière d'entrepreneur.

Rebyia Kadeer gagne bien sa vie mais elle ne néglige pas pour autant de s'engager dans des actions de soutien à la communauté ouïgoure, notamment la création d'un système de microcrédit qui permet aux femmes ouigoures de créer de petites entreprises. Elle épouse en secondes noces Sidik Rouzi[2], intellectuel ouïgour qui a fait dix ans de camp de travail. Elle monte ensuite un bazar pour femmes[2].

Son statut de femme d'affaires incite les autorités chinoises à la désigner comme membre de la délégation chinoise auprès de la Quatrième conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes, organisée à Pékin en 1995. Elle est également membre de la Conférence consultative politique du peuple chinois, lorsqu’elle se rend en février 1997 à Gulja (Yining) après la répression sanglante d’une manifestation connue sous le nom d'Incident de Guldja.

Son statut d'élue lui permet de rencontrer des témoins de l'affaire et la police lui projette une vidéo des tirs de la police sur les manifestants[2]. Elle dénonce à la tribune de l’Assemblée les crimes de la police chinoise[2]. En 1998, les autorités chinoises empêchent sa réélection à la Conférence consultative politique du peuple chinois parce qu'elle refuse de condamner son mari, Sidik Hadji Rouzi, qui s'est enfui aux États-Unis où il fait des déclarations qui ne plaisent pas au pouvoir.[réf. nécessaire]

Arrestation en 1999

En août 1999, Kadeer est arrêtée à Urumqi, capitale du Xinjiang, et condamnée à 8 ans de prison pour avoir « divulgué des secrets d’État » parce qu'elle a envoyé des coupures de presse à son mari. Aux États-Unis, celui-ci participe à des émissions en langue ouïgoure sur Radio Free Asia, dans lesquelles il condamne durement la politique des autorités chinoises envers la population ouïgoure. Kadeer est arrêtée alors qu'elle va rencontrer une délégation du Congrès américain venue évaluer la situation des droits de l'homme au Xinjiang. Les autorités chinoises prétendent que Kadeer est en possession d'une liste de 10 personnes « soupçonnées d'activités séparatistes. »

En 2004, sa peine est réduite d'un an en raison de sa bonne conduite en prison. La même année, elle obtient le prix Rafto pour sa défense des droits de l'Homme.

Libération en 2005

Le 14 mars 2005, elle est libérée avant la fin de sa peine, selon la version officielle pour raison médicale, mais en fait sous la pression des États Unis, notamment du ministre des affaires étrangères Condoleezza Rice. La Fondation Dui Hua a également œuvré à sa libération[3]. Au cours du séjour de six ans que Rebiya Kadeer a fait en prison, elle a passé deux ans dans une cellule complètement obscure. Elle-même n'a pas été soumise à la torture mais elle a vu que d'autres prisonniers y étaient soumis.

Par ailleurs, sa mise en liberté est assortie d'un bannissement de son propre pays : le 17 mars, elle est mise dans un avion à destination des États-Unis, où habitent déjà son mari et 5 de ses 11 enfants. Ses autres enfants vivent encore au Xinjiang, où ils sont de fait des otages du gouvernement chinois garantissant la « bonne conduite » de Rebiya Kadeer. Cependant, la cause de son peuple opprimé lui tient tellement à cœur qu'elle ne se tait pas malgré de telles menaces.

Les organisations des droits de l'homme telles que Amnesty International et Human Rights Watch critiquent le fait que les États-Unis, en échange de la mise en liberté de Rebiya Kadeer, aient consenti à retirer un projet de résolution de l'ONU, condamnant sévèrement la façon dont les autorités chinoises traitent les populations minoritaires dans leur pays.

Rebiya Kadeer est la présidente, élue en 2006, du Congrès mondial des Ouïghours, organisation internationale de Ouïghours en exil représentant l'intérêt collectif du peuple ouïghour.

D'après Rebiya Kadeer, dans un reportage télévisé diffusé sur la chaîne Arte le 4 juin 2009[4], l'arrestation de 2 de ses enfants le jour de la Journée internationale des enfants est clairement un message du gouvernement chinois ; celui-ci l'avait prévenue que ses enfants seraient victimes de représailles si elle reprenait la vie politique après avoir publiquement promis de ne pas le faire.

Les émeutes au Xinjiang en juillet 2009

Controverses sur les origines des émeutes

En juillet 2009, les autorités chinoises considèrent que les émeutes au Xinjiang relèvent d'« une action criminelle violente, préméditée » qui était « pensée et dirigée depuis l'étranger, et commise par des hors la loi au sein du pays ». Ainsi les autorités chinoises accusent Rebiya Kadeer, leader des ouïghours en exil aux États-Unis, d’être l’instigatrice de ces violences et de les avoir orchestrées.

Kadeer a récusé ces accusations, ajoutant que le catalyseur de ces tensions est le mécontentement suscité par la façon dont le gouvernement chinois a traité la mort des deux travailleurs ouïghours dans le Guangdong[2].

Le sinologue Jean-Luc Domenach indique qu'il s'agit de tensions entre l'ethnie Han et la minorité Ouïghour liées notamment à la sinisation de la région. Rebiya Kadeer précise que le catalyseur de ces tensions est le mécontentement suscité par la façon dont le gouvernement chinois a traité la mort des deux travailleurs ouïghours dans le Guangdong[5].

Le 29 juillet 2009, le Dalaï Lama a affirmé que Rebiya Kadeer soutient la non-violence et ne cherche pas la séparation de la Chine[6].

Les interventions de Rebiya Kader

Rebiya Kadeer a été invitée par une organisation japonaise à s'exprimer lors d'un colloque à Tokyo le 29 juillet 2009. L'ambassadeur de Chine à Tokyo a demandé l'annulation de cette intervention :« Si vous lui offrez une tribune, les relations politiques et économiques entre la Chine et le Japon en souffriront. C'est une criminelle »[7]. En visite au Japon, Rebiya Kadeer a déclaré à des sénateurs et parlementaires que la répression contre les Ouïghours se poursuit dans le Xinjiang. Elle a demandé au Parti libéral-démocrate japonais, au pouvoir au Japon, de demander la libération des milliers de Ouïghours arrêtés et de faire dépêcher des représentants de l’ONU[8]. Lors de son intervention Rebiya Kader a indiqué que « près de 10.000 personnes avaient disparu » pendant les émeutes du Xinjiang[9].

Afin de s'opposer à la présence dans les prochains jours de Rebiya Kadeer au festival de Melbourne en Australie, Pékin a convoqué l'ambassadeur d'Australie pour lui exprimer son mécontentement. Rebiya Kadeer doit assister à la projection d'un film documentaire relatant ses relations avec son mari, le militant Sidik Rouzi et les conséquences sur ses enfants de son combat pour le peuple Ouïgour. Actuellement trois de ses enfants sont emprisonnés en Chine[10].

Rebiya Kadeer est invitée au festival du voyage, Le Grand Bivouac à Albertville en France le 22 octobre 2010, pour parler des tensions actuelles dans la région de Xinjiang.

Son activisme la fait figurer chaque année sur la liste des personnes proposées pour le prix Nobel de la paix[2].

Bibliographie

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Notes

  1. Amnesty International
  2. a, b, c, d, e, f et g Brice Pedroletti, « Rebiya Kadeer, la "mère des Ouïgours", qui fait peur au régime chinois », Le Monde, 10 juillet 2009, p 8, [1]
  3. Dui Hua Press Statements & Prisoner Cases
  4. L'ennemie publique n°1 de la Chine, Rebiya Kadeer ou la cause ouïgoure, 4 juin 2009, Arte
  5. Source : Le Figaro du 8 juillet 2009
  6. Uighur leader against violence, says Dalai Lama in Warsaw
  7. RFI
  8. Frédéric Charles, A Tokyo, Rebiya Kadeer accuse Pékin, RFI
  9. AFP, Rebiya Kadeer à Tokyo : Pékin convoque l’ambassadeur du Japon, Aujourd'hui le Japon, article paru le 30 juillet 2009, consulté le 4 août 2009
  10. JDD.fr, La Chine dénonce une visite en Australie de Kadeer, Le Journal du dimanche, article paru le 31 juillet 2009, consulté le 4 août 2009

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Rebiya Kadeer de Wikipédia en français (auteurs)

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