Artistes

Artistes

Artiste

Un artiste est un individu faisant (une) œuvre, cultivant ou maîtrisant un art, un savoir, une technique, et dont on remarque entre autres la créativité, la poésie, l'originalité de sa production, de ses actes, de ses gestes. Ses œuvres sont source d'émotions, de sentiments, de réflexion, de spiritualité ou de transcendances. Depuis le XVIIIe siècle, l'expression est principalement utilisée à propos des accomplissements de l'humanité différent des sciences et du droit[1], bien que pour l'anthropologue Lévi-Strauss[2] la démarche de l'artiste relève à la fois de celle du bricoleur[3] et du scientifique.

Les caractères utilisés à propos des artistes sont particulièrement variables dans l'histoire et n'ont pas de définitions universelles (de même que pour l'art, un « faux concept[4] » anhistorique). Ils ont comme origine une expérience, une appréciation personnelle, un regard[5] et sont la conséquence d'un intérêt collectif propre à une culture[6]. De plus, la notion d'artiste – ou son absence – et l'imaginaire qui l'accompagne, est liée à l'idée de sujet et d'altérité chez un groupe humain, à une époque déterminée.

Certains usages traditionnels distinguent l'artiste de l'artisan[7] en se fondant sur sa condition d'auteur, d'interprète. Soit un producteur de « créations de l’esprit[8] » en opposition aux travailleurs manuels, aux exécutants[9] anonymes, à ce qui est utile ou fonctionnel.

Dans un sens commun, et plutôt péjorativement ou disqualifiant, on parle également d'un artiste à propos d'une personne étrange, marginale, oisive, rêveuse, qui fait « n'importe quoi[10] » ou n'a pas le sens des réalités, des règles, parfois même rebelle ou folle[11].

Sommaire

Le statut de l'artiste

Dans l'Antiquité gréco-romaine ceux que l'on nommes aujourd'hui artistes « ont cherché à s'élever au-dessus de cette condition commune » (Agnès Rouveret[12]). Aristote évoquant « ceux qui furent exceptionnels[13] », s'interrogeait aussi sur l'équilibre mental de certains, sur leur mélancolie. Plus tard, du XIIIe siècle au XVe siècle européen, le statut social de l'artiste se résume essentiellement à celui de « simples artisans ou domestiques de cour[14] ».

Mais, au cours la Renaissance italienne, l'image des artistes est façonnée par des personnalités tel que Léonard de Vinci, Raphaël et Michel-Ange, dont l'influence sur leurs contemporains dépasse ce qui a précédé, ainsi que par l'apport de théoriciens comme Baldassare Castiglione, Dante Alighieri, Cennino Cennini, Lorenzo Ghiberti et Leone Battista Alberti[15] inscrivant le « pouvoir créateur de l'esprit humain[16] » au cœur de la culture humaniste.

Quelques points de repères

En 1571, un fait marquant est le décret pris par Côme de Médicis exemptant les peintres et sculpteurs florentins d'appartenir à une corporation, huit ans après la fondation de l'Accademia del Disegno par Giorgio Vasari[17], prémices de la fin du système médiéval des guildes d'artistes et de leurs accès au rang d'hommes de science[18].

De même, trois personnages sont significatifs de la transformation du statut des artistes en occident, entre le Moyen Âge et la période contemporaine : Albrecht Dürer affirmant la « valeur ajoutée » qu'il apporte à l'œuvre, au delà de la qualité des matériaux ; Nicolas Poussin, avec sa célébrité inédite, obligé de fuir ses commanditaires ; et Pierre Paul Rubens pour l'importance prise par la vie sociale et intellectuelle, autour de l'artiste, désormais concurrente de l'œuvre elle même[19].

Avec Vincent van Gogh, la représentation que l'on se fait de l'artiste se combine avec l'ancien mythe du poète maudit[20], très vivant depuis le XIXe siècle, vers une figure de l'artiste en martyr, en marginal.

Aujourd'hui

La sociologue Nathalie Heinich[21] propose plusieurs angles pour comprendre la place des artistes dans les sociétés modernes : « conditions de travail, statut juridique, encadrement institutionnel, position hiérarchique, catégorie d'appartenance, fortune, mode de vie, accès à la notoriété, critères d'excellence, représentation qu'eux-mêmes, et les autres, se font de leur position – et jusqu'à leur caractère ou leur aspect physique... »

Les statuts professionnels dans le monde

En France

La France, par le code général des impôts[22] et les organismes de sécurité sociale (Maison des Artistes et AGESSA), définit administrativement une ébauche de statut professionnel social et fiscal de l'artiste actuel. |

Histoire francophone du terme « artiste »

Avant le XVIIIe siècle, le terme[23] concernait les étudiants des arts libéraux[24], les artisans, etc. Du Bos, en 1719[25], utilisait toujours l'expression « artisan illustre » pour un membre de la famille des peintres et poètes.

Après diverses variantes et en rupture avec le passé[26], « artiste » prend le sens moderne de praticien des beaux-arts[27] à la fin du XVIIIe siècle. C'est au début du XIXe siècle qu'il concernera aussi les musiciens et les comédiens, puis tous les créateurs et interprètes. Au même moment apparaît l'adjectif « artistique ».

En parallèle, Balzac, dans Le Curé de village de 1841, observe l'ignorance des sociétés sur l'origine du génie :

« L'homme de génie se révélera toujours en dehors des écoles spéciales. Dans les sciences dont s'occupent ces écoles, le génie n'obéit qu'à ses propres lois, il ne se développe que par des circonstances sur lesquelles l'homme ne peut rien : ni l'État, ni la science de l'homme, l'anthropologie, ne les connaissent. Riquet, Perronet, Léonard de Vinci, Cachin, Palladio, Brunelleschi, Michel-Ange, Bramante, Vauban, Vicat, tiennent leur génie de causes inobservées et préparatoires auxquelles nous donnons le nom de hasard, le grand mot des sots[28]. »

Certains[29] constateront que cette appellation « finira par équivaloir, dans la modernité, à une sorte de titre nobiliaire », et que les frontières délimitant le monde de l'art, dans les faits, sont fondées selon l'activité (art et métiers d'art) ou l'implication de la personne (amateur ou professionnel), bien qu'une conception « vocationelle » (donc individualiste[30]) s'est imposée en France, par exemple.

Définition internationale

L'Unesco a proposée une définition ouverte, déterminée par la conscience individuelle, dans sa Recommandation relative à la condition de l'artiste (adoptée à Belgrade, le 27 octobre 1980[31]) :

« On entend par artiste tout personne qui crée ou participe par son interprétation à la création ou à la recréation d'œuvres d'art, qui considère sa création artistique comme un élément essentiel de sa vie, qui ainsi contribue au développement de l'art et de la culture, et qui est reconnue ou cherche à être reconnue en tant qu'artiste, qu'elle soit liée ou non par une relation de travail ou d'association quelconque. »

Entre la « volonté de l'artiste » et la « volonté de l'œuvre »

Des esthéticiens, auteurs[32] d'un rapport académique sur ce thème, rappellent :

« Si par « être un artiste », on entend plutôt un statut, la question peut alors relever d’une approche objective, à la fois historique et sociologique. On sait bien que le statut de l'artiste a une histoire, où se succèdent de grandes figures sans que jamais aucune ne soit entièrement abolie ou périmée par celles qui l'ont remplacée. [...] Cependant, le statut de l'artiste est toujours associé à une valeur. Car soutenir que tel individu est un artiste, c'est afficher la reconnaissance publique de quelque chose dont le nom a varié au fil des époques, et n'est jamais très sûr : aptitude, compétence, puissance, don... C'est sur ce plan de la valeur que Kant[33] a repris la vieille question du génie[34], développée dans les oppositions de l’artiste et du savant, du talent et du cerveau, de la manière et de la méthode ; oppositions contestées presque terme à terme par Valéry dans son Introduction à la méthode de Léonard de Vinci[35]. Enfin, il [parait] difficile de passer sous silence la critique opérée par Dubuffet, non seulement du génie unique, mais aussi de l'idéalisme créateur, et du métier qui l'accompagne, en vertu duquel une œuvre résulte d'un plan intellectuel dont elle ne serait que la simple mise en application. Le théoricien italien Luigi Pareyson a finement montré que la création est le lieu sensible d'un débat dialectique[36] entre la « volonté de l'artiste » et la « volonté de l'œuvre », entre liberté et nécessité : « l'artiste est d'autant plus créateur qu'il est plus soumis à la volonté de l'œuvre » (Conversations sur l'esthétique[37]), attentif en somme à la résistance de la matière, comme à ses potentialités. »

À propos du « pouvoir créateur de valeur de l'artiste »

Pierre Bourdieu termine sa conférence Mais qui a créé les créateurs ? (p. 221) par :

« Bref, il s'agit de montrer comment s'est constitué historiquement le champ de production artistique qui, en tant que tel, produit la croyance dans la valeur de l'art et dans le pouvoir créateur de valeur de l'artiste. Et l'on aura ainsi fondé ce qui avait été posé au départ, au titre de postulat méthodologique, à savoir que le « sujet » de la production artistique et de son produit n'est pas l'artiste mais l'ensemble des agents qui ont partie liée avec l'art, qui sont intéressés par l'art, qui ont intérêt à l'art et à l'existence de l'art, qui vivent de l'art et pour l'art, producteurs d'œuvres considérées comme artistiques (grands ou petit, célèbres, c'est-à-dire célébrés, ou inconnus), critiques, collectionneurs, intermédiaires, conservateurs, historiens de l'art, etc. »

À propos des « différences de qualité »

En conclusion de son chapitre sur les Professionnels intégrés, francs-tireurs, artistes populaires et naïfs, Howard Becker (p. 275) recapitule :

« Ce ne sont pas les différences de qualité qui séparent toutes ces sortes d'art. On trouve des œuvres plus ou moins intéressantes dans chaque catégorie. Mais nous considérons toujours les œuvres hétérodoxes (celles qui ne sont pas réalisées sous les auspices d'un monde de l'art) selon une esthétique qui émane d'un monde, probablement un monde de l'art, auquel nous participons. C'est cette esthétique qui nous permet d'opérer une sélection dans l'énorme production de toutes les personnes qui ne sont pas des professionnels intégrés, de reconnaître que quelques œuvres sont dignes d'intérêt et méritent de sortir de la marginalité. À un autre moment, les membres d'un autre monde de l'art feront une sélection différente, si tant est que les mécanismes de conservation permettent aux œuvres de survivre pour pouvoir être choisies (cf. Moulin[38], 1978, p. 244-247). »

À propos des théories « chamaniques » des artistes

Jean-Loïc Le Quellec[39] note (en référence à Richard Borshay Lee[40]) après sa Petite histoire de la lecture chamanique de l’art préhistorique :

« Le réductionnisme biologique ne sachant voir dans l’art que le produit d’une alchimie cérébrale provoquée par la transe conduit à dénier aux artistes la possibilité d’une expression libre, originale, portant sur des thématiques variées et non inféodées à des lois neuropsychologiques universelles, contrairement à ce qui est généralement admis pour les autres cultures. »

Annexes

Les activités d'artistes

Les artistes sont présents dans diverses activités

Pistes bibliographiques

Voir plus de références ici.

  • Ernst Kris et Otto Kurz[41], L'Image de l'artiste : légende, mythe et magie. Un essai historique, Paris, 1987 (ISBN 2-86930-098-0).
    Trad. de Legend, Myth and Magic in the Image of the Artist : An Historical Experiment, New Haven, Londres, 1979 ; trad. basé sur Die Legende vom Künstler : ein geschichtlicher Versuch, Vienne, 1934.
  • Paul Oskar Kristeller[42], Le système moderne des arts : étude d'histoire de l'esthétique, Nîmes, 1999 (ISBN 2-87711-207-1).
    Trad. de The modern system of the arts, dans Journal of the History of Ideas, 12 et 13, 1951 et 1952, p. 496-527 et 17-46 ; rééd. 1965 et 1980 ; nouv. éd. 1990.
  • Claude Lévi-Strauss :
    • La Pensée sauvage, Paris, 1962, en part. p. 26-33.
    • Regarder écouter lire, Paris, 1993 (ISBN 2-259-02715-6).
  • Pierre Bourdieu, voir parmi ses nombreux textes à ce sujet :
  • Howard Becker, Les Mondes de l'art, Paris, 1988 (ISBN 978-2-0808-0149-4) (critique par Pierre-Jean Benghozi) ; trad. de Art Worlds, Berkeley, 1982 (ISBN 978-0-520-05218-5).
  • Magiciens de la terre : [exposition, 18 mai-14 août 1989], Centre Georges Pompidou, Musée national d'art moderne, La Villette, la Grande halle, sous la dir. de Jean-Hubert Martin, Paris, 1989 (ISBN 2-85850-498-9) (notice).
  • Agnès Rouveret, Critique d'art (Antiquité gréco-romaine), dans Encyclopædia Universalis, Paris, av. 1992 [consulté dans l'éd. 2004].
  • Nadeije Laneyrie-Dagen, L'artiste. La formation, la question sociale, dans La peinture, sous la dir. de Jacqueline Lichtenstein, Paris, 1995, p. 721-723 et sq. (Textes essentiels) (ISBN 2-03-741027-1).
  • Nathalie Heinich aborde ce sujet dans plusieurs ouvrages, dont :
    • L'Élite artiste. Excellence et singularité en régime démocratique, Paris, 2005 (ISBN 2-07-077492-9).
    • Être artiste : les transformations du statut des peintres et des sculpteurs, Paris, 1996 ; repr. 2005 (50 questions) (ISBN 2-252-03532-3).
      Ouvrage pratique et de synthèse, reprenant ses études détaillés précédentes : Du peintre à l'artiste : artisans et académiciens à l'âge classique, Paris, 1993 (ISBN 2-7073-1454-4) ; La gloire de Van Gogh : essai d'anthropologie de l'admiration, Paris, 1991 (ISBN 2-7073-1398-X).
  • Marie Buscatto, L’art et la manière : ethnographies du travail artistique [L’art au travail. Introduction], dans L’art au travail, Paris, 2008, p. 5-13 (Ethnologie française, 38) (ISBN 2-13-056598-7) (en ligne).


Quelques autres approches consultées pour rédiger cet article 
  • Morris Weitz, The Role of Theory in Aesthetics, dans Journal of Aesthetics and Art Criticism, 15-1, Philadelphia (PA), 1956, p. 27–35 (en ligne).
  • Xavier Desjeux, La Convention de Rome (10-26 Octobre 1961) : Étude de la protection des artistes, interprètes ou exécutants, des producteurs de phonogrammes et des organismes de radiodiffusion, Paris, 1966.
  • Michèle Vessillier-Ressi, La condition d'artiste : regards sur l'art, l'argent et la société. Les écrivains, peintres, sculpteurs, graphistes, cinéastes, photographes, compositeurs... vus par eux-mêmes, Paris, 1997 (ISBN 2-84001-104-2) (extraits ; critique par Bernard Lahire).
  • Philippe Pujas, Jean Ungaro et Karelle Ménine, Une éducation artistique pour tous ?, Ramonville Saint-Agne, 1999 (ISBN 2-86586-701-3).
  • Marc Perrenoud, Partitions ordinaires. Trois clivages habituels de la sociologie de l’art questionnés par les pratiques musicales contemporaines, dans Sociétés, 85 (2004-3), Louvain-la-Neuve, Paris, 2004, p. 25-34 (ISBN 2-8041-4591-3) (en ligne).
  • Sophie Lugon-Moulin, Naissance et mort de l’artiste. Recherche sur les Vies de Vasari [Thèse de Doctorat sous la dir. de Victor I. Stoichita et Pascal Griener], Fribourg, 2005 (texte en ligne).
  • Les peuples de l'art : actes du colloque de Nantes, novembre 2002, sous la dir. de Joëlle Deniot et Alain Pessin, Paris, 2006, 2 vol. (ISBN 2-296-00228-5 et ISBN 2-296-00229-3) (et un événement autour du colloque par Carole Launai).
  • Pierre Lauret et Olivier Schefer, Rapport sur l’épreuve écrite d'esthétique et sciences de l'art : Suffit-il, pour être artiste, de le vouloir ? et texte de Jean Dubuffet (L’homme du commun à l’ouvrage, Gallimard, Paris, 1973, pp. 98-99), II. Éléments de réflexion sur le sujet, dans Agrégation arts, concours externe, option Arts plastiques : sessions 2006. Rapport, dir. Hélène Sorbe, Paris, 2006, p. 28-30 et bibliogr. p. 6 [Question au programme des sessions 2004-2005-2006 : « L’artiste »] (pdf en ligne).
  • Interviews [137 interviews d'artistes qui font la culture d'aujourd'hui : 1987-2007], dir. Christian Fevret et Pascal Bertin, Paris, nov. 2007 (Les Inrockuptibles. Hors-série collector) (ISSN 0298-3788) (annonce).
  • Philippe Pataud Célérier, L’art (contemporain) de bâtir des fortunes avec du vent. Qui fixe la valeur d’une création ?, dans Le Monde diplomatique, Paris, août 2008, p. 22-23 (en ligne).
  • Jean-Michel Lucas[44], Repenser la place de l’art et de la création dans la société et auprès de la population [Séminaire aux Halles de Schaerbeek], Bruxelles, 2008 (en ligne).

Notes et références

  1. Cf. Fr. Haskell (en) (L'historien et les images, Paris, 1995, p. 273 (ISBN 2-07-073355-6)) en référence à Voltaire (Le Siècle de Louis XIV, 1752).
  2. Cf. 1962, p. 26-33 et en:Bricolage#Philosophy. Voir aussi Marie Carani, De l'histoire de l'art à la sémiotique visuelle, Paris, 1992 (ISBN 978-2-921114-77-6) (partiellement en ligne).
  3. Voir, par exemple, Carole Launai, De la bricole à l’œuvre, dans Les peuples de l'art, Paris, 2006.
  4. cf. Françoise Bardon : « En vérité, l'art, qui est un faux concept, est ramené à l'objet et y inscrit une connotation idéaliste, parce que l'art devient l'objet séparé du travail qui l'a produit. » (Le concert champêtre. Vol. 1, Un défi à l'histoire de l'art, Paris, 1995, p. 168 (ISBN 2-911105-01-X)). Voir aussi Weitz, 1956, p. 30.
  5. Cf. Hans Belting et Roland Recht.
  6. Voir Bourdieu, 1984, Anthropologie de l'art et Buscatto, 2008.
    Plus récemment, Richard Florida (The Rise of the Creative Class, 2002) propose de les considérer au sein d'une classe créative : « Le noyau de cette nouvelle classe est composé de scientifiques, d’ingénieurs, de professeurs d’université, de poètes, de romanciers, d’artistes, d’acteurs, de designers et d’architectes, d’avocats, etc. ». Cf. Julie Delporte, Villes créatives, dans Quartier libre, 13–6, Montréal, 16 novembre 2005 (en ligne).
  7. Mais le débat est toujours d'actualité, voir par exemple chez Bernard Lafargue (L'artiste en artisans, dans Figures de l'Art 7, Pau, 2004 (ISBN 2-908930-87-0)) à propos des enjeux depuis le Quattrocento :
    « Plus encore qu'une lutte de savoir-faire, de canons, de recettes ou de dextérité, c'est une lutte de miroirs et de lumières. Une lutte théologique entre la Lumière qui vient de Dieu et la lumière qui vient de l'homme. Plus encore qu'une lutte des classes, c'est une lutte métaphysique entre des arts serviles qui relèvent de la main, de la matière et de la répétition machinale et des arts libres qui relèvent de l'esprit, des idées et de l'invention. »
    Et, plus bas, il interroge le rôle de l'artiste :
    « Qu'est ce qu'un artiste (nous) fait ? est une question philosophique cruciale. Elle a quatre entrées. La première relève de l'ontologie : qu'est-ce-qu'un objet d'art ? Question à laquelle on ne peut répondre qu'en se demandant : qu'est-ce-que l'art ? La seconde de l'anthropologie : qu'est-ce que vivre/créer/penser en artiste ? La troisième du politique : quelle place une culture peut-elle ou doit-elle donner à ses artistes ? La quatrième de la prospective : qu'est-ce-que l'art (nous) annonce ? »
  8. Voir la définition de l'OMPI.
  9. Cf. Nathalie Heinich, L'Élite artiste, 2005.
  10. Maxime de l'art contemporain : "Fais n'importe quoi", sur idixa.net.
  11. Voir Poète et wikt:artiste.
  12. Selon Agnès Rouveret, « Pour les Anciens, en effet, peinture et sculpture se rangent parmi les activités techniques, et rien ne les valorise par rapport aux autres pratiques artisanales. Elles sont des « arts » au sens classique du terme, c'est-à-dire un ensemble de règles et de recettes dont la mise en œuvre produit un résultat spécifique et déterminé au préalable. Le même mot de téchne s'applique aux arts plastiques, à la danse, à la musique comme à la médecine ou au dressage des chevaux. Il est probable que, en écrivant des traités sur leur art, les architectes, les peintres ou les sculpteurs ont cherché à s'élever au-dessus de cette condition commune, en essayant de constituer en véritable science leur savoir technique. La démarche est manifeste chez Vitruve. Elle était déjà revendiquée par les peintres-savants du IVe siècle av. J.-C. : Euphranor d'Athènes, dont l'œuvre est au centre de l'opuscule de Plutarque, Sur la gloire des Athéniens, ou les artistes de l'école de Sicyone. » (Critique d'art (Antiquité gréco-romaine), dans Encyclopædia Universalis).
    On peut élargir la question au statut de l'objet, ainsi « selon Belting, ce n'est qu'avec la Renaissance et la Réforme et, au fond, qu'avec l'essor des collections et la naissance de l'histoire de l'art comme genre littéraire [que les notions d'art ou d'œuvre d'art] prennent corps, envahissant le langage des contemporains et se substituant aux concepts et aux vocables qui s'étaient jusque-là imposés. Ce qui des siècles durant avait été désigné comme trace, empreinte ou réceptacle du sacré devient un objet artificiel, fait par l'homme pour son plaisir, et tirant précisément de cette origine sa dignité. Révolution radicale. Les mots de l'image sont bel et bien faits de main d'homme, résume l'historien. » (Olivier Christin, rencontre avec Hans Belting, Un historien d'art sans frontières, dans Le Monde, Paris, 11 avril 2008 (texte payant en ligne).
  13. Cf. Aristote, Problème, XXX, I (partiellement en ligne).
  14. D'après N. Laneyrie-Dagen, 1995, p. 721. Cf. L'artiste et le commanditaire aux derniers siècles du Moyen Âge : XIIIe-XVIe siècles, dir. Fabienne Joubert, Paris, 2001 (ISBN 2-84050-187-2).
  15. Voir Julius von Schlosser, La littérature artistique : manuel des sources de l'histoire de l'art moderne, Paris, 1984 (1re éd. 1924) ; réimpr. 1996 (ISBN 2-08-012602-4).
  16. Frédérique Lemerle-Pauwels, Alberti (Leon Battista) 1404-1472, dans Encyclopædia Universalis, Paris, av. 2004 [env. 1998].
  17. cf. Nikolaus Pevsner, Les académies d'art, Paris, 1999 (1re éd. 1940), p. 59-64 et 225-231 (ISBN 2-85226-520-6) et Sylvie Deswarte-Rosa, "Idea" et le Temple de la Peinture. I. Michelangelo Buonarroti et Francisco de Holanda, dans Revue de l'Art, 92, 1991, p. 20-41 (en ligne) :
    « Jusqu'à cette date, ils étaient donc de jure des artisans, praticiens d'un art mécanique au même titre que les cordonniers ou les tisserands. À la différence des académies littéraires fondées pour « cultiver les lettres » ou pour « fuir l'oisiveté », et qui serviront par la suite à « diffuser » et à « contrôler » la langue, les Académies d'art reflètent le besoin réel et urgent de définition professionnelles et d'affirmation sociale. » (p. 34).
  18. Pevsner, 1999, p. 63.
  19. N. Laneyrie-Dagen, Ibid.'
  20. Voir Pascal Brissette, « Poète malheureux, poète maudit, malédiction littéraire », dans COnTEXTES, Varia, mis en ligne le 12 mai 2008. Consulté le 16 décembre 2008.
  21. Cf. Heinich, 1996, p. 9.
  22. Article 1460-2° du Code Général des Impôts et l'instruction du 30 décembre 1975, (6 E-7-75, § 91) : À propos de « [ceux] considérés comme artistes et ne vendant que le produit de leur art. » Voir l'irma, par exemple.
  23. Terminologie historique d'après Heinich, 1996, p. 29.
  24. Cf. Sophie Lugon-Moulin, 2005, p. 5-8.
  25. « La vénération que j'y témoigne pour les arts qu'ils professent, leur fera voir que c'est uniquement par la crainte de répéter trop souvent la même chose, que je ne joins pas toujours au nom d'artisan le mot d'illustre ou quelqu'autre épithète convenable. » Dans Jean-Baptiste Dubos, Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Paris, 1719, p. 4 (Texte en ligne).
  26. Par exemple le très court article artiste, dans l'Encyclopédie, t. 1, dir. par Diderot et D’Alembert, Paris, 1751, p. 745 (mais art fait quatre pages, et aborde le sujet : « Les Artisans se sont crus méprisables, parce qu’on les a méprisés ; apprenons-leur à mieux penser d’eux-mêmes : c’est le seul moyen d’en obtenir des productions plus parfaites. », p. 717). Voir aussi l'article plus conséquent de Claude-Henri Watelet dans son Encyclopédie Méthodique : beaux-arts, t. 1, Paris, Liège, 1788, p. 39-45 (texte en ligne).
  27. Cf. Louis-Abel Fontenai de Bonafous, abbé de Fontenay (1736-1806), Dictionnaire des artistes. Notice historique et raisonnée des architectes, peintres, graveurs, sculpteurs, musiciens, acteurs & danseurs ; imprimeurs, horlogers & méchaniciens, Paris, 1776 : repr. Genève, 1972.
  28. Bibliothèque de la pléiade, t. IX, Paris, 1978, p. 804 (Wikisource).
  29. N. Heinich, Ibid.
  30. À propos des théories « structurelles » et « individualistes » des sciences cognitives, voir par exemple Nicolas J. Bullot, Roberto Casati, Jérôme Dokic, Pascal Ludwig, Art et cognition : deux théories, dans Approches cognitives de la création artistique, Mardaga, 2005, p. 45-48 (Institut Jean Nicod).
  31. Section I.1 : Définition, p. 24. En pdf sur le site de l'Unesco. Voir aussi la déclaration finale du Congrès mondial sur l'application de la Recommandation relative à la condition de l'artiste, Paris, 1997 (texte en ligne).
  32. Cf. Pierre Lauret et Olivier Schefer, 2006, p. 28.
  33. Voir quelques extraits de Kant, à ce sujet, dans Penser le rapport des mathématiques et de l'art, site crdp.ac-creteil.
  34. Voir dans la base du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  35. Voir aussi son article Notion générale de l’art, dans Nouvelle Revue française, 266, Paris, 1er novembre 1935, p. 683-693 (en ligne) ; Œuvres 1, Paris, 1957, p. 1404-1412 (Bibliothèque de la Pléiade).
  36. Voir, à ce sujet, Bruno Péquignot, La question des œuvres en sociologie des arts et de la culture, Paris, 2007, p. 32 (ISBN 2296029337 ) (cité par Buscatto, 2008 : Compte-rendu) : « l’artiste n’existe pas avant l’œuvre, de même que l’œuvre n’existe pas avant l’artiste, la production de l’un est production de l’autre ».
  37. Luigi Pareyson, Conversazioni di estetica, Milan, 1966 ; trad. Gilles A. Tiberghien, Paris, 1992 (ISBN 2-07-072517-0).
  38. Raymonde Moulin, La genèse de la rareté artistique, dans Ethnologie française, t. 18, n° 2-3, 1978, p. 241-258 (tables).
  39. Cf. Jean-Loïc Le Quellec, L’extension du domaine du chamanisme à l’art rupestre sud-africain, dans Afrique & histoire [Dossier : Chamanisme et art rupestre], 6, 2006/2 (en ligne).
  40. Voir en:Richard Borshay Lee et Correlations Between the ‘Real’ and ‘Unreal’ in San Rock Art, dans Rock Art : The Way Ahead [Proceedings of the South African Rock Art Research Association First International Rock Art Conference, 25-31 August, 1991, Cathedral Peak], dir. Shirley-Ann Pager, B. K. Swartz Jr. et A. R. Willcox, Parkhurst, 1991, p. 61-70 (Occasional SARARA Publication, 1).
  41. À propos d'Otto Kurz (1908-1975), voir (en) dictionaryofarthistorians et en:Otto Kurz.
  42. À propos de Paul Oskar Kristeller (1905-1999), voir en:Paul Oskar Kristeller.
  43. Voir en:Paolo Fossati et dir. avec Giulio Bollati, chez Giulio Einaudi, de Storia dell'arte italiana, Turin, 1979-1983 (12 tomes en 14 vol.).
  44. Voir le site de l'IRMA.

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