Racisme antiblanc

Racisme antiblanc

Le racisme antiblanc est un concept qui tend à désigner un racisme et/ou une intolérance spécifiquement tourné vers les blancs[1].

L’utilisation de ce terme procèderait d’une réarticulation du sens du mot « racisme » dans lequel le racisme dirigé contre les blancs serait vu comme un phénomène distinct du racisme général[1], voire comme une forme de retournement du racisme[2]. Des personnalités d’extrême droite comme Jean-Marie Le Pen décrivent, par exemple, ce racisme comme un « racisme à l’envers »[3].

Dans son sens commun, le terme « racisme » englobe normalement déjà les formes d’hostilité et d’intolérance dirigées contre les Blancs. Mais Damien Charrieras pose la question de savoir ce qui se joue à travers cette articulation momentanée et conjoncturelle entre la notion générale de racisme d'une part, et la notion d'intolérance dirigée envers les Blancs d'autre part, « dans un contexte où les discriminations envers les minorités et les Français noirs ou arabes issus de l’immigration existent toujours »[1]. Toujours selon Damien Charrieras, cette question doit être examinée en en analysant plus largement l'usage du concept de racisme antiblancs par diverses instances médiatiques et politiques qui décident d'en faire un enjeux de débat important à la suite de ce que certains médias avaient décrit comme l'agression de lycéens blancs par des jeunes de banlieues en marge des manifestations étudiantes de mars 2005 en France[4]

Selon le psychosociologue Erwan Lecoeur[5], cette notion a été inventée[2] par l’extrême-droite[6] dans une stratégie de retournement victimaire des accusations de racisme qui lui sont souvent portées[2]. Cette notion a été largement défendue et instrumentalisée par des groupes apparentés à l’extrême-droite française[1],[6] (le FN, le MNR, l’AGRIF, le Bloc identitaire…). Mais l’emploi de ce terme s’est répandu et popularisé en dehors de la sphère de l’extrême-droite en 2005 suite à un article paru dans Le Monde et à l’appel du 25 mars contre le racisme antiblanc[1] soutenu par des personnalités de gauche. Pourtant, ce terme reste controversé parmi certaines associations et intellectuels, non pas parce qu'ils nient forcément l'existence de ce racisme, mais plutôt parce qu'ils considèrent que la notion est instrumentalisée et qu’elle favorise un antagonisme communautaire en faisant des distinctions entre les types de racismes[1],[7].

Sommaire

La notion dans le monde

En France

En 1983, l’écrivain Pascal Bruckner avait déjà utilisé le terme de « racisme anti-Blancs » dans son livre Le Sanglot de l'homme blanc[8]. Mais selon le Dictionnaire de l’extrême droite du psychosociologue Erwan Lecoeur, la notion de « racisme antiblanc » aurait été introduite à l’origine par l’association d’extrême-droite, l’AGRIF[2], au côté de termes comme « racisme antifrançais » et « racisme antichrétien » [9]. D’après cet ouvrage, l'emploi de ces notions s’inscrit dans une stratégie de « retournement victimaire »[10] contre l’antiracisme pour « sortir du piège de l’accusation récurrente de racisme » [11] et « la retourner par tous les moyens possibles »[10]. La notion a été largement propagée et instrumentalisée[pas clair] par l’extrême droite[1],[6] (notamment dans le sillage de la nouvelle droite), en réponse à l’émergence du thème de l’antiracisme[6]. Jean-Marie Le Pen le leader du FN affirmait à ce propos:

« L’antiracisme, instrument politique d’aujourd’hui, comme le fut l’antifascisme avant guerre n’est pas un non-racisme. C’est un racisme inversé, un racisme antifrançais, antiblanc, antichrétien. »[3]

Mais l’emploi de ce terme s’est répandu et popularisé en dehors de la sphère de l’extrême-droite en 2005, suite aux violences des manifestations lycéennes du 8 mars 2005 et leur médiatisation. L'article du journaliste Luc Bronner paru dans le quotidien français Le Monde le 15 mars 2005, « Manifestations de lycéens : le spectre des violences anti-Blancs » a provoqué une controverse médiatico-politique en France quant à la labellisation « anti-Blancs » de ces violences. Cet article mentionne les propos de jeunes des cités affirmant avoir participé aux violences[12].

"Dans le discours de ces jeunes se cumulent des explications économiques ("se faire de l'argent facile"), ludiques ("le plaisir de taper") et un mélange de racisme et de jalousie sociale ("se venger des Blancs")"[12]

Un journaliste du Nouvel Observateur a également interrogé des lycéennes sur ces événements. Selon l'une d'elles, les casseurs « s'attaquent aux Blancs parce qu'ils sont plus faciles à choper, que ce sont des bourgeois, qui ont peur », alors que les Arabes sont susceptibles de se défendre et qu'« on ne se vole pas entre Arabes et Noirs ». D'autres personnes interrogées déclarent que « tout ce qui est blanc, c'est notre ennemi » en raison de l'esclavage ou que, les Blancs ayant volé les richesses de l'Afrique, « on va foutre la merde ici jusqu'à ce qu'ils soient fatigués »[13].

À la suite de l'article de Luc Bronner, un certain nombre de personnalités de gauche comme Ghaleb Bencheikh, Alain Finkielkraut, Bernard Kouchner et Jacques Julliard ont lancé, le 25 mars 2005, un « Appel contre les "ratonnades anti-Blancs" », appel soutenu et relayé par le mouvement sioniste de gauche Hachomer Hatzaïr et la radio communautaire juive Radio Shalom[1],[14]. L'appel formulait le problème en ces termes:

"[A]ujourd’hui les manifestations lycéennes sont devenues, pour certains, le prétexte à ce que l’on peut appeler des « ratonnades anti-blancs ». Des lycéens, souvent seuls, sont jetés au sol, battus, volés et leurs agresseurs affirment, le sourire au lèvres : « parce qu’ils sont Français ». Ceci est un nouvel appel parce que nous ne voulons pas l’accepter et parce que, pour nous, David, Kader et Sébastien ont le même droit à la dignité. Écrire ce genre de textes est difficile parce que les victimes sont kidnappées par l’extrême droite. Mais ce qui va sans dire, va mieux en le disant : il ne s’agit pas, pour nous de stigmatiser une population quelle qu’elle soit. À nos yeux, il s’agit d’une question d’équité. On a parlé de David, on a parlé de Kader mais qui parle de Sébastien ?" [14]

Suite à cet appel,Pascal Bruckner réagissait dans un article publié par le Nouvel Observateur en 2005[15],

« Il y a vingt-trois ans, je publiais Le Sanglot de l’Homme blanc, où je dénonçais déjà la culpabilisation de l’Occident, accusé de tous les maux de la terre parce que lui et lui seul pratique l’autocritique et le repentir. J’y évoquais déjà, à l’époque, le racisme anti-Blancs dont je demandais qu’il soit dénoncé au même titre que les autres. Je fus, pour cet essai, mis au ban de la gauche pendant des années, y compris dans ce journal. Alain Finkielkraut lui-même jugea le livre, à l’époque, excessif. Je constate qu’il m’a rejoint sur ce point. » [15],

« Et comment ne pas avoir la plus grande méfiance, le plus grand dégoût vis-à-vis de tout mouvement, toute révolte qui proclame son anti-occidentalisme a priori et prend le caractère macabre d’une croisade raciale contre l’homme blanc ? Quand l’ONU inscrira-t-elle l’antioccidentalisme et le racisme anti-Blancs au rang des crimes contre l’humanité ? » [15],

Mais même après la médiatisation sans précédent de cette notion, elle reste malgré tout controversée parmi de nombreuses associations de droit de l’homme et de lutte contre le racisme ainsi que parmi de nombreux intellectuels[1] non pas parce que l’existence du racisme visant les Blancs est niée en tant que tel, mais parce que le concept de racisme antiblanc, qui prétend rendre compte de ce racisme, l’envisage comme un racisme à part et adopte un point de vue communautariste qui fait des distinctions entre les différents types de racisme et ses différentes victimes, et attise ainsi les antagonismes communautaires[1]. Dans cette perspective, le concept de racisme antiblanc est contesté au profit d’une vue qui considère le racisme envers les Blancs comme étant un racisme comme les autres. A cet égard[réf. nécessaire] Samuel Thomas, l'un des leaders de SOS Racisme reconnaît que le racisme se trouve dans toutes les couches de la population française, y compris dans celles issues de l'immigration[pas clair]. Il considère donc nécessaire d'éduquer aussi bien les uns que les autres. Il refuse toutefois la notion de « racisme antiblanc  » parce que non seulement elle privilégierait une logique communautariste, mais aussi parce que la notion aurait été instrumentalisée par l'extrême-droite. Peu de temps après la pétition de 2005 contre les "ratonnades anti-blancs", il déclara à ce sujet :

"SOS Racisme n’a jamais pratiqué l’angélisme sur les formes variées de racisme. Nous voulons éduquer les Français, mais aussi les publics issus de l’immigration.[...]La pédagogie antiraciste ne peut supporter le discours de «victimisation », qui encourage les gens à ne défendre que leur communauté. Il faut défendre tout le monde.[...]Nous ne pouvons accepter la notion de racisme anti-blanc parce qu’elle est une thèse défendue depuis longtemps par l’extrême droite" [16]

L'historien Pap Ndiaye souligne également les sous-entendus idéologiques souvent impliqués dans l'emploi de l'expression "racisme antiblanc":

"Il faut être très précautionneux : parler de racisme antiblanc me semble être une formule problématique, lourde de sous-entendus et qui reprend des thématiques qui ont cours depuis longtemps dans l’extrême droite."[17]

L'appel et la parution de l'article dans le Monde ont créé un tollé parmi de nombreux intellectuels, notamment les sociologues comme Esther Benbassa, Michel Kokoreff ou Laurent Mucchielli. La sociologue et historienne Esther Benbassa dénonce la logique communautariste qui, selon elle, sous-tend cette pétition:

"Cette pétition qui se prétend pétition de rassemblement et qui au départ voulait peut-être créer du rassemblement et de la solidarité, est une pétition communautariste." [18]

Un collectif d’auteurs dans les colonnes de Libération a vivement réagi à cet appel et au traitement médiatique de la notion de racisme antiblanc qu’ils jugent symptomatique « d’une lepénisation des esprits » [19]

"La lecture raciale des violences lors des manifestations lycéennes du 8 mars est irresponsable. Disons-le d'emblée : l'appel contre des "ratonnades anti-Blancs" lancé par des organisations communautaires et signé par des personnalités réputées de gauche nous paraît particulièrement inquiétant. […]En clair, on peut en même temps désapprouver avec force les agressions dont de nombreux lycéens ont été les victimes, et considérer le texte comme "simpliste", "idiot", "irresponsable". Ce texte n'est pas seulement choquant moralement: il est à la fois sociologiquement inexact et politiquement dangereux. Sous couvert d'équité, anticipant la stigmatisation à laquelle il participe pourtant pleinement, il peut être considéré comme un symptôme. Il traduit en effet un profond bouleversement des représentations des rapports sociaux et des clivages politiques traditionnels. Là comme ailleurs, il s'agit de minimiser les déterminations proprement sociales des phénomènes de violence et des conduites délinquantes pour n'en saisir que les dimensions ethniques et raciales. Dans le même temps, le traitement médiatique a rebondi sur les questions sécuritaires et xénophobes. Toute une série de textes (communiqués, articles, points de vue) a contribué à la construction médiatique de la figure des "violences raciales": dans le rôle des agresseurs, des "Noirs", dans celui des victimes, des "Blancs". Quelques "portraits" esquissés dans l'urgence et quelques citations permettaient d'en convaincre. Du coup, on en oubliait le projet de loi Fillon, les critiques qu'il a suscitées, les dérives qu'il comportait, et le fait qu'il a pourtant été voté avec peu d'adaptations à l'Assemblée." [19]

Le sociologue Michel Kokoref, un des signataires du précédent article ajoutait dans un autre de ses écrits:

"Dans ce débat, on a eu tendance (une nouvelle fois) à tout mélanger. Assimiler des actes de délinquance (vols avec violence, agressions physiques, insultes) à l’origine ou à la couleur de peau est une confusion exaspérante. De même, considérer les comportements de ces groupes de jeunes comme l’expression d’une « haine raciale », voire d’un « mouvement judéophobe et francophobe », est une lecture pour le moins partielle et partiale qui relève plus d’une prise de position idéologique que d’un constat sociologique avéré. Racisme, antisémitisme, xénophobie, « communautés », toutes ces catégories, entérinées sans discussion, à force d’être utilisées se vident de leur substance, non sans produire des effets pernicieux. Elles contribuent, paradoxalement, à alimenter une racialisation des rapports sociaux plutôt qu’à prendre du recul pour en comprendre les mécanismes. On l’a vu à travers l’appel lancé contre les « ratonnades anti-blancs » : cette initiative participe elle-même d’une démarche communautaire incitant à l’exaspération et à la crispation identitaire sous couvert d’équité." [20]

L'association antiraciste la LICRA, pour sa part, n'adhère pas aux critiques formulées contre l'appel et considère comme avéré le caractère raciste des agressions. L'Agence France Presse en reporte les propos :

"Pour la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme,"il n'y a pas là matière à polémique. Les faits parlent d'eux-mêmes: de jeunes lycéens manifestants dans les rues de Paris ont été agressés en raison de leur appartenance réelle ou supposée à une nation et à une race". La Licra demande en conséquence aux pouvoirs publics d'"engager l'enquête et les poursuites qui s'imposent". Elle dénonce en outre "avec la plus grande fermeté la cécité répétitive d'organisations qui trouvent de pseudo excuses sociales à des agressions à caractère raciste""[21].

Selon les centaines de témoignages que Tarik Yildiz, diplômé de Sciences-Po Paris et doctorant en sociologie politique, a reçus depuis son premier reportage sur le racisme blanc d'octobre 2010, les actes de ce type de racisme et une certaine pression sociale que vivent certains « Français de souche[réf. nécessaire][pas clair] » de certains banlieues défavorisées d'Île-de-France les poussent à déménager vers des des lieux jugés plus tranquilles[22]. Toutefois, d'après le témoignage des deux musulmans que Yildiz a interrogés pour son livre, il s'agit plus largement d'intolérance de la part de membres du groupe généralement majoritaire de ces endroits que sont les populations musulmanes envers ceux qui vivent différemment qu'eux[23]. Ainsi pour échapper à la même pression sociale, les musulmans non orthodoxes quittent aussi ces lieux pour d'autres estimés plus tranquilles[24]. Ces deux types de phénomènes contribuent à une perte de diversité des endroits qu'ils quittent[25].

L'affaire de racisme sur l'île de Saint-Martin

En 2006, sur l’île franco-néerlandaise de Saint-Martin, l’attitude de certains badauds suite à l’accident qui a entraîné la mort du gendarme Raphael Clin a soulevé l’indignation et déclenché la polémique quant à la présence d’un racisme local à l’égard des blancs. Le gendarme Raphael Clin a été percuté par une moto tandis qu’il cherchait à s’interposer dans un run (une course sauvage) [26]. Des témoignages font état de propos racistes et haineux de la part de certains badauds se réjouissant de la mort du gendarme. Une information judiciaire a été ouverte le 7 mars 2006 par le parquet de Basse-Terre (Guadeloupe) pour déterminer les circonstances[27]. Rodolphe Geisler du Figaro reporte que les premières enquêtes semblent confirmer la teneur raciste de ces propos :

« Après plus de vingt jours d'investigations ininterrompues, il est maintenant vérifié» que certaines personnes se trouvant sur les lieux de l'accident et à l'hôpital «se sont ouvertement réjouies de voir un gendarme mortellement blessé», indique le texte. Selon le procureur de la République, Patrick Quincy, ces personnes ont tenu «des propos hostiles, menaçants et racistes à l'égard des autres gendarmes présents». Outrages et menaces Il précise toutefois que «ces individus étaient peu nombreux, vraisemblablement moins d'une dizaine» et qu'«ils s'exprimaient, pour la plupart, en langue anglaise». L'un d'entre eux serait originaire de Sainte-Lucie, une petite île indépendante située à 600 kilomètres au sud de Saint-Martin. Enfin, précise le communiqué, si «tous ne sont pas encore identifiés», ils seront poursuivis pour outrages et menaces à agents de la force publique, injures raciales et provocations à la haine raciale[28].

Comme le reportent Le Figaro et Le Nouvel Observateur, le 28 février, l’association Sos racisme a réagi et dénoncé l’attitude raciste des badauds et a proposé de se constituer partie civile dans cette affaire pour soutenir la plainte de la femme du gendarme[26],[29]. :

«SOS Racisme a annoncé dans la soirée par voie de communiqué qu"après avoir contacté la famille du défunt", elle avait décidé de se porter partie civile. L'association s'est déclarée "indignée de l'attitude raciste et inhumaine des gens qui ont hué Raphaël Clin après qu'il se fut fait heurter par une moto"[29].

Quelques jours plus tard, Ivan Rioufol, dans Le Figaro, commente les réactions des associations antiracistes. Il y juge qu’elles n’ont pas été assez rapides à réagir sur l'affaire- ce qui serait, selon lui, la preuve de leur myopie :

« SOS-Racisme s'est « indigné » de « l'attitude raciste et inhumaine des gens qui ont hué» le gendarme Raphaël Clin durant son agonie. Réprobation reprise par la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) et la Ligue des droits de l'homme. Il aura fallu plus de deux semaines à ces organisateurs d'émotions pour réagir au drame, qui s'est déroulé le 12 février sur l'île antillaise de Saint-Martin et qui aurait vu des Noirs applaudir à la mort d'un Blanc » [30]

Sur l'île les élus locaux de tout bord ont condamné « avec la plus grande fermeté » les attitudes racistes et les propos jugés « indignes »[31]. Mais ils disent aussi s’insurger contre certains amalgames propagés par les médias de la métropole, au regard de certaines accusations qui chercheraient, selon eux, à faire une généralisation de ce racisme dans l’île[32]. Le Figaro reporte notamment les propos de Maurice Michaud, sous-préfet de Saint-Martin:

« "Il n'y a pas, comme dans certaines banlieues de métropole, de climat insurrectionnel" dans l'île, ni de racisme anti-Blancs même si "il peut y avoir parfois quelques manifestations d'hostilité de la part de jeunes asociaux"» [31]

Diffusion dans des chansons de rap

En France, plusieurs chanteurs de rap (comme le groupe Sniper) ont été accusés d’incitation à la haine et de racisme envers les personnes ayant une couleur de peau blanche. Ils ont notamment fait l’objet de poursuites judiciaires de la part de députés UMP, à l’initiative de l’un d’entre eux, François Grosdidier. Les propos de certaines de leurs chansons pouvant sembler flous quant à la cible, entre les Blancs (« Français de souche »[réf. nécessaire]), les policiers et la France en tant qu’État. La qualification raciste de ces propos est sujette à controverses[réf. nécessaire]. Voici un exemple parmi les propos incriminés, où Ministère Amer semble[non neutre] viser le gouvernement[réf. nécessaire], selon une de leurs interviews[réf. nécessaire] :

« Dommage mon petit que ta mère ne t’ait rien dit sur ce putain de pays
24 heures par jour et 7 jours par semaine
J’ai envie de dégainer sur des faces de craie. » (Ministère Amer, Stomy Bugsy, Flirt avec le meurtre).

La plainte de François Grosdidier n’a pas été reçue, au motif que « le tribunal a jugé irrecevable son action en justice, estimant que les poursuites en sa qualité de député n’étaient pas fondées et qu’il n’avait pas d’intérêt personnel à le faire, n'étant plus le père d'enfants mineurs[33]. »

En Belgique

Dans un article publié sur le site du parti communiste belge, Oscar Hammerstein évoque l'existence d'un « sentiment anti-blanc dans certains milieux d'origine immigrée (Afrique du nord et Afrique noire)[34]. » Afin d'éviter toute généralisation abusive, il précise toutefois:

Tout autant il est stupide de prétendre que 'les Belges' sont (sous-entendu : tous) racistes, tout aussi ridicule est la généralisation du 'racisme anti-blanc' à l'ensemble des populations allochtones, comme le fait le Père Samuel, le grand copain de Jean-Claude Van Cauwenberghe[34].

Claude Demelenne, dans un article publié sur le journal La Libre Belgique, note quant à lui une recrudescence de violences visant les « blancs » notamment à l'occasion des incidents de plus en plus violents qui marquent le ramadan à Bruxelles[35].

Comme dans d'autres pays, on note également une instrumentalisation[pas clair] du phénomène par l'extrême-droite. On a par exemple relevé que le meurtre de Joe Van Holsbeeck a été l'occasion pour le mouvement Nation de stigmatiser un crime raciste[pas clair] à l'occasion de la confusion ayant suivi le meurtre (on avait erronément décrit les suspects comme des Maghrébins) [36].

Des analystes modérés regrettent que le débat sur le sentiment antiblanc et ses conséquences soit rendu difficile ou simplement impossible notamment par la culpabilité par association qui les lie à l'extrême droite [37].

Aux États-Unis

Aux États-Unis, des chercheurs en sociologie comme Jessica T. Simes ou en psychologie comme Len Lecci et James D. Johnson ont abordé la question dans certains articles. Ils désignent ce phénomène en utilisant les expressions "antiwhite sentiment" [38] ou "antiwhite attitude" [39] Il existe des Black supremacists prônant la supériorité de la « race noire ». Il s’agit de groupes organisés comme les Black Muslims et Nation of Islam. Nation of Islam fut notamment représenté par Khalid Abdul Muhammad qui tient des discours antiblancs[40].

Au Zimbabwe

Le président Mugabe a mis en œuvre au Zimbabwe une réforme agraire en 2000 visant essentiellement les grands fermiers du pays, spécifiquement les fermiers blancs qui avaient été maintenus sur leurs terres à l’occasion de l’indépendance. Les redistributions de terre se sont passées de manière semi-anarchique en ce sens que, souvent, des groupes ou milices notamment d’anciens combattants de la guerre d’indépendance prenaient purement et simplement possession de la terre, chassant les fermiers blancs et leurs employés[41]. Certains fermiers et aussi certains de leurs employés noirs ont été confrontés à la violence, et il y eut des morts sans que les autorités interviennent autrement que pour soutenir les envahissements - ou en limogeant un ministre qui s’était élevé contre les confiscations de fermes aux Blancs[42]. Robert Mugabe et son parti ont donc été accusés de complicité au moins de fait dans les meurtres survenus et de mener une politique raciste ; cette dernière accusation est renforcée par une décision d’un tribunal régional pour l’Afrique australe en décembre 2008[41]. La force publique a refusé d’appliquer des décisions de justice donnant raison à des fermiers blancs qui contestaient leur expropriation[41].

Cette réforme, conjuguée à la corruption et au népotisme généralisés, a eu des conséquences catastrophiques sur la situation alimentaire du pays[43]. De plus, suite à la dégradation de la situation politique, et notamment aux élections truquées de 2002, le pays s'est vu suspendu de sa participation au Commonwealth. Suite à cet événement et à la levée de bouclier que cette politique a provoqué dans le monde, les autorités zimbabwéennes dénoncent un complot des « pays blancs » (notamment ceux du Commonwealth, le Canada, la Grande-Bretagne, et Australie). En 2005, il reste encore environ 400 fermiers blancs au Zimbabwe (sur 4 500 avant la réforme agraire), et le président Mugabe a exprimé son souhait de les « chasser » à court terme. En 2005, le parti au pouvoir, le ZANU-PF a lancé une campagne appelé « Tous les Blancs dehors en 2005 ».

Par ailleurs, le président du Zimbabwe, Robert Mugabe a fait à de nombreuses reprises des déclarations racistes[44] :

  • « Notre parti doit continuer de faire entrer la peur dans le cœur de l’homme blanc, notre véritable ennemi » (s’adressant au ZANU-PF)
  • « Le seul homme blanc que vous pouvez croire est l’homme blanc mort »
  • « L’homme blanc est ici comme le second citoyen : vous êtes en numéro un. Il est numéro deux ou trois. C’est ce qui doit être enseigné à nos enfants »

En juillet 2007, Mugabe et son parti le ZANU-PF proposent au parlement de voter une loi qui interdira toute fusion, restructuration ou acquisition d’une entreprise si 51 % de son capital n’est pas en possession de Zimbabwéens noirs[45]. Puis, en septembre 2008, un accord conclu avec l’opposition du MDC fait quelque peu marche arrière sur la confiscation des fermes aux Blancs même si le ministre de la Justice affirme le contraire[46], que l’accord souligne le caractère raciste-colonialiste de la répartition précédente des terres, et qu’aucune restitution ne se fera en tant que telle[47]. En décembre 2008, le Zimbabwe rejette le jugement du tribunal de la Communauté de développement d’Afrique australe qui a estimé que les confiscations terriennes étaient discriminatoires[48],[41].

Voir aussi

Article connexe

Notes et références

  1. a, b, c, d, e, f, g, h, i et j Damien Charrieras,« Racisme ? Une étude rhétorique critique de la polémique sur le racisme anti-Blancs en France », in COMMposite V2007.1, p. 40-73 (ISSN 1206-925) Charreras Précise à propos de l'emploi du terme blancs: "Précisons que dans cet article, l’utilisation des termes « Blancs », « Noirs », « Arabes » ou « Juifs » renvoie moins à un groupe d’individus essentialisé par des attributs physiques précis qu’à un objet d’interpellation rhétorique existant par l’interpellation performative même dont il fait l’objet." Op.cit p.42
  2. a, b, c et d LECOEUR Erwan (éd.) Dictionnaire de l‘extrême-droite, Paris, Larousse, 2007, p.50
  3. a et b Discours de Jean-Marie Le Pen, lors de l’université d’été de 1998 du FN, accédé en 2005 sur le site du Front national, plus disponible en juin 2006 Archive du discours de Jean-Marie Le Pen, sur web.archive.org, archive crée le 4 juin 2004
  4. Damien Charrieras,« Racisme ? Une étude rhétorique critique de la polémique sur le racisme anti-Blancs en France », in COMMposite V2007.1, p. 51-52 et 57(ISSN 1206-9256)
  5. voir aussi Damien Charrieras,« Racisme ? Une étude rhétorique critique de la polémique sur le racisme anti-Blancs en France », in COMMposite V2007.1, p. 49(ISSN 1206-9256)
  6. a, b, c et d LECOEUR Erwan (éd.) op.cit.
  7. Damien Charrieras,« Racisme ? Une étude rhétorique critique de la polémique sur le racisme anti-Blancs en France », in COMMposite V2007.1, p. 66(ISSN 1206-9256) « Sans nier l’existence d’intolérances envers les communautés juives ou envers les Blancs, nous avons constaté que la généralisation actuelle de l’emploi du concept de racisme pour étiqueter des réalités très hétérogènes peut contribuer à aviver des tensions communautaires et informer de nouvelles logiques de mobilisation. Particulièrement dans une France contemporaine qui prend peu à peu conscience de son multiculturalisme. »
  8. Pascal Bruckner, Le Sanglot de l'homme blanc, édition poche, « Points Actuels », p. 246, chapitre « La fin du messianisme » / « Les mains sales »
  9. LECOEUR Erwan (éd.) op.cit., pp.50-51; p.249
  10. a et b LECOEUR Erwan (éd.) op.cit., p. 51
  11. LECOEUR Erwan (éd.) op.cit., p.51
  12. a et b Bronner Luc, "Manifestations de lycéens : le spectre des violences anti-"Blancs"" in Le Monde, 16 mars 2005 http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-401648,0.html
  13. Caroline Brizard, « "Les Blancs sont plus faciles à choper" », Le Nouvel Observateur, 14 avril 2005
  14. a et b "Un Appel Controversé contre le racisme Anti-blanc" in Le Nouvel Observateur 31 mars 2005
  15. a, b et c Pascal Bruckner, « Finkielkraut, le Sarkozy des intellos », Le Nouvel Observateur no 2143, 1er décembre 2005.
  16. CASADESUS Frédérick, "Disputatio - Quand le racisme en voit de toutes les couleurs. Le pont de vue de Samuel Thomas" in Reformes, n°3031, juin, 2005
  17. article "il n’y aura pas une histoire pacifiée" sur le site de la ligue des droits de l'homme de Toulouse
  18. GROSJEAN Blandine entretien avec Esther Benbassa "On crée des compétitions de victimes", in Libération 26 mars 2005
  19. a et b Marie Bastianelli, Manuel Boucher, Christophe Daadouche, Maryse Esterle-Hedibel, Yazid Kherfi, Michel Kokoreff, Laurent Mucchielli, Marwan Mohammed, Laurent Ott « la dérive ethnique » in Libération 5 avril 2005
  20. KOKOREV Michel, "La banalisation raciale. À propos du racisme "anti-blanc" , in Mouvements, n° 41, septembre-octobre, 2005, p. 128
  21. "Appel contre "ratonnades anti-blancs": "polémique surprenante" (Licra) in AFP, 30 mars 2005
  22. Tarik Yildiz, Le racisme anti-blanc Ne pas en parler : un déni de réalité, les Éditions du Puits de Roulle, 2010, (ISBN 978-2-919139-04-0), p.  11, 51 et 53-54
  23. Tarik Yildiz, op. cit., p.  30 et 52-53
  24. Tarik Yildiz, op. cit., p.  54
  25. Tarik Yildiz, op. cit., p.  53
  26. a et b Geisler Rodolphe « Sur l'île de Saint-Martin, l'affaire du gendarme Clin » in Le Figaro, 1er mars 2006
  27. «Le drame filmé par un des badauds » in Le Monde 25 mars 2006
  28. Geisler Rodolphe « A Saint-Martin, le procureur évoque des injures raciales », in Le Figaro, 8 mars 2006
  29. a et b "Un témoin de la mort du gendarme Clin aurait été identifié, selon Nicolas Sarkozy", in Le Nouvel Observateur, 1 mars 2006.
  30. Ivan Rioufol « Le bloc-notes d'Ivan Rioufol- L’imposture des "antiracistes" » in Le Figaro 3 mars 2006
  31. a et b Geisler Rodolphe « Saint-Martin réfute le racisme anti-Blancs » in Le Figaro, 27 février 2006
  32. Geisler Rodolphe « Saint-Martin réfute le racisme anti-Blancs » in Le Figaro, 27 février 2006
  33. Mustapha Kessous,«  Les poursuites contre le rappeur Monsieur R. jugées irrecevables », Le Monde, 28 juin 2006
  34. a et b Hammerstein Oscar cet article sur le site du Parti Communiste belge
  35. Voir cette tribune de Claude Demelenne, rédacteur en chef du Journal du mardi, publiée dans La Libre Belgique du 3 septembre 2009. L'article relève également, sans en tirer de conclusion, l'utilisation de l'expression Visages pâles par le président du MRAX
  36. Voir article de Resistance.be
  37. article précité sur le site du Parti Communiste belge
  38. SIMES Jessica, "Does anti-Semitism among African Americans simply reflect anti-White sentiment?" in The Social Science Journal, N°46, 2009, pp.384–389
  39. LECCI Len Lecci et JOHNSON James D., "Black anti-White attitudes: The influence of racial identity and the Big Five" in Personality and Individual Differences, N°44, 2008, pp.182–192.
  40. (en) ADL ALERTS NATION’S ACADEMIC LEADERSHIP ABOUT VIRUS OF BIGOTRY BEING SPREAD BY KHALID ABDUL MUHAMMAD
  41. a, b, c et d (en) BBC NEWS ¦ Africa ¦ Zimbabwe vows to defy land ruling
  42. (en) BBC NEWS ¦ Africa ¦ Upset over latest Zimbabwe farm death
  43. (en) BBC NEWS ¦ Africa ¦ Zimbabwe’s famished fields
  44. www.racismeantiblanc.bizland.com - Compilation d’articles relatifs au Zimbabwe
  45. (en) BBC NEWS ¦ Africa ¦ Mugabe vows to save sick economy
  46. (en) BBC NEWS ¦ Africa ¦ What’s the lie of Zimbabwe’s land?
  47. (en) BBC NEWS ¦ Africa ¦ Zimbabwe Deal: Key Points
  48. Mike Campbell (Pvt) Ltd and Others v Republic of Zimbabwe (2/2007) [2008] SADCT 2 (28 novembre 2008)

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