Arthur, prince de Galles

Arthur, prince de Galles

Arthur Tudor

Page d'aide sur l'homonymie Pour les autres membres de la famille, voir : Tudor.
Arthur Tudor

Arthur Tudor (20 septembre 14862 avril 1502), prince de Galles et duc de Cornouailles, il est le fils aîné d'Henri VII Tudor et d'Élisabeth d'York.

Il épouse Catherine d'Aragon le 14 novembre 1501. Elle est la fille des souverains espagnols Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille. De constitution fragile, il meurt de la suette.


Sommaire

Naissance

Henri VII charge ses généalogistes de démontrer que sa lignée remonte à Cadwaladr et aux anciens rois britanniques, afin d'affermir ses prétentions au trône. Au cours de cette recherche, ils identifient Winchester comme la localisation de la mythique Camelot, et ce fut là que nait le premier prince de Galles Tudor, Arthur, fils d'Henry VII et de son épouse, Élisabeth d'York, fille d'Edouard IV. Il reçoit le prénom Arthur en référence au roi Arthur de la Table ronde, manière pour son père d'ancrer sa dynastie dans l'histoire légendaire de l'Angleterre, en espérant vivement faire renaître la grandeur du royaume.

On le baptise à la cathédrale de Winchester; et il a pour parrains Thomas Stanley, premier comte de Derby, et John de Vere, treizième Comte d'Oxford, qui est d'ailleurs en retard à la cérémonie.Elizabeth Woodville, sa grand-mère maternelle, le porte pendant la cérémonie. Il est fait chevalier de l'ordre du Bain par la même occasion. On ignore si Arthur est robuste à sa naissance. Francis Bacon l'affirme « né en son huitième mois, selon les médecins », mais « fort et agile ». Cependant, des historiens suggèrent qu'il a toujours été faible, ce qui le conduisit à sa mort. Le seul portrait qui lui soit contemporain montre un adolescent en train de grandir, mais il ne semble pas bien vigoureux. Son apparence diffère effectivement de celle de son cadet, le futur Henri VIII. On ignore si Arthur est sportif, mais il est possible qu'il aime le tir à l'arc. Dans son portrait, il a la chevelure rousse des Tudor, de petits yeux, et un long nez. Il ressemble à son père et à son frère.

Fiançailles et union

Le père d'Arthur, Henri VII, désire ardemment consolider son royaume par une alliance avec l'Espagne nouvellement unifiée ; chacun a besoin de l'assistance de l'autre face à la France, dont on appréhende une possible agression. C'est pourquoi on signe le traité de Medina del Campo[1] le 27 mars 1489 ; une de ses clauses prévoit le mariage du prince de Galles (âgé de trois ans à peine) avec l'infante Catherine (qui en a trois et demi). Le traité est plutôt favorable à l'Angleterre. Henri VII étant d'une avarice sordide(??), les tractations durèrent des années, on marchande âprement sur tout : le montant de la dot, les modalités de son versement, le douaire de l'infante, l'âge pour les fiançailles, la valeur des mariages par procuration successifs. Catherine est la plus jeune fille d'Isabelle et de Ferdinand et ses parents sont peu pressés de la voir mariée, et, bien que le traité soit signé, il restent ouverts à d'autres possibilités. Ferdinand est même plus que prêt à rompre ce traité si tous les prétendants au trône d'Angleterre ne sont pas éliminés. De fait, en 1499, Edouard Plantagenet, dix-septième Comte de Warwick est décapité, et le prétendant au trône Perkin Warbeck, que certains contemporains affirment être un fils illégitime d'Édouard IV, est pendu.

Enfance

Le jeune prince est titré le 29 novembre 1489 prince de Galles et comte de Chester, à cinq ans, en 1491, il est fait chevalier dans l'ordre de la Jarretière. Il reçoit une éducation soignée en tant qu'héritier. Ses tuteurs sont John Rede et le poète aveugle Bernard André. Quand il a quatorze ou quinze ans, Thomas Linacre commence à lui enseigner. Son tuteur, Bernard André, écrit une biographie inachevé d'Henry VII, dans laquelle il mentionne qu'Arthur est familier des meilleurs auteurs latins et grecs. Sir Henry Vernon est le gouverneur et le trésorier du prince. Arthur réside probablement fréquemment chez Henry Vernon, à Haddon Hall ; on y trouve un appartement appelé « La Chambre du Prince » où les armoiries d'Henry sont visibles à plusieurs endroits.


Mariage

Pendant deux ans, Arthur écrit de nombreuses lettres à sa fiancée, laquelle y répondit régulièrement.

Cependant, le jeune couple ne s'est jamais rencontré, les lettres sont écrites sur les recommandations de leurs tuteurs respectifs et leur ton est plus poli que passionné. C'est bien à contrecoeur et en ayant encore atermoyé pendant des mois que le roi d'Aragon et la reine de Castille se résolvent à laisser partir leur fille pour l'Angleterre. Le 21 mai 1501, l'infante quitte l'Alhambra de Grenade ; le 27 septembre sa flottille met la voile vers l'Angleterre au départ de La Corogne, Catherine ne reverra plus jamais le ciel d'Espagne.

Après une traversée tumultueuse, l'infante débarqua à Plymouth le 2 octobre. Le couple se rencontre pour la première fois au manoir de Dogmersfield, dans le Hampshire. On ne sait pas grand chose de ce qu'ils ressentent l'un pour l'autre, mais Arthur écrit à son beau-père et à sa belle-mère qu'il sera un « époux bon et aimant », il dit plus tard à ses parents qu'il est très heureux de voir le visage de sa ravissante épouse. Quant à Henri, il admire beaucoup sa beauté autant que ses manières agréables et distinguées.

Le 12 novembre la princesse fait son entrée dans la capitale accompagnée d'un cortège de prélats, de hauts dignitaires, de nobles et de chevaliers, au milieu des acclamations et d'un concours de peuple qui est qualifié de « si grand que jamais on n'eut rien vu de tel en Angleterre ». Le 14 novembre 1501, Arthur et Catherine sont mariés à la Cathédrale Saint-Paul. Les souverains espagnols payent aussitôt la moitié de la dot comme convenu, soit 100 000 couronnes. À la fin des festivités, vient la cérémonie du lit, où les jeunes époux sont mis au lit par la cour. C'est une des nuits de noces les plus controversées de l'Histoire.

Décès et postérité

Les deux jeunes mariés partent sans tarder pour le château de Ludlow, aux confins des marches galloises ; c'est la résidence officielle du prince de Galles, des appartements tristes et froids aménagés dans une tour de l'imposante forteresse développée autour de son donjon. Le prince de Galles vient y présider le conseil du pays de Galles et des marches, établi par Henri VII pour amortir l'action de la noblesse locale.

Mais le 2 avril 1502, il meurt soudainement au château de Ludlow au jeune âge de quinze ans. La cause de sa mort reste indéterminée, bien que l'on évoque la tuberculose, le diabète, ou la mystérieuse suette, que les théories modernes décrivent comme un hantavirus. Catherine est aussi malade, mais à l'inverse de son infortuné époux, elle survit. Le frère d'Arthur, Henry, n'est fait prince de Galles que lorsque l'on est sûr que Catherine n'est pas enceinte. Il va monter sur le trône en 1509. Peu préparé à cette charge, il était initialement prévu qu'il entre dans les ordres et devienne peut-être Archevêque de Cantorbéry. Ce manque de préparation et d'éducation se voit à la lourde influence des conseillers plus âgés, comme le cardinal Thomas Wolsey pendant les premières années du règne d'Henry. Catherine épouse Henry (de six ans plus jeune) huit ans plus tard, mais entre-temps elle vit dans une relative pauvreté.

Funérailles

Arthur est inhumé dans la cathédrale de Worcester. Sir Griffith Ryce, un membre de la maison d'Arthur, conduit la cérémonie, il sera inhumé près d'Arthur. Son père le roi, n'assiste pas aux funérailles. On ignore pourquoi, bien que plusieurs raisons soient évoquées : le voyage est trop long, ou Henry VII est trop abattu. La mère d'Arthur, Elizabeth d'York, n'assiste pas non plus à l'enterrement, et comme c'est la coutume, sa veuve Catherine reste cloîtrée chez elle.


Le problème de la consommation

L'immense controverse concernant la consommation du mariage d'Arthur et de Catherine est liée à l'importance capitale de ce dernier point, puisque l'histoire de l'Angleterre, et même de la Chrétienté britannique a été lourdement influencée par le sujet.

Certains pensent qu'un couple de quinze ans partageant le même lit a naturellement eu des relations sexuelles, d'autant plus que Catherine et Arthur savaient pertinemment qu'il était essentiel pour eux de donner des héritiers à l'Angleterre. Il était très fréquent à cette époque pour une jeune fille de se marier et de consommer l'union à un âge précoce, Margaret Beaufort a par exemple douze ans quand elle épouse Edmond Tudor, et treize ans quand il meurt en la laissant enceinte de 7 mois.

La duègne de Catherine, Doña Elvira, affirma que le mariage n'a pas été consommé, mais plusieurs historiens opposent à ce témoignage le fait qu'elle n'a jamais été proche de la jeune fille, qu'elle trahira par la suite. Arthur lui-même, avant la nuit de noce, se dit « robuste et amoureux », et ses amis affirment que le lendemain, il demanda fièrement de l'eau, expliquant qu'il « avait été en Espagne » et qu'être époux était un « travail assoiffant ». Il n'y a pas moyen de savoir si Arthur a fait cette plaisanterie dans le simple but de cacher son incapacité à accomplir son devoir conjugal.

Des historiens affirment au contraire qu'Arthur est fragile, comme le frère de Catherine, Jean, Prince des Asturies. Ce dernier est marié à l'Archiduchesse Marguerite d'Autriche et décède au bout de six mois de mariage. On pensa pour un temps que Marguerite avait détruit la santé de Jean par une activité sexuelle trop intense. Ces historiens pensent qu'Arthur et Catherine ont eu des relations sexuelles normales tout au long de leur mariage, et que, comme pour le frère de Catherine, cela avait affaibli Arthur. D'autres encore suggèrent qu'ils avaient des relations inachevées.

Mais ce qui est le plus difficilement imaginable, c'est que la pieuse Catherine, qui clame que son mariage avec Arthur n'a jamais été consommé, ait menti. Le Lévitique, 20,21 stipule qu'il est malsain pour un homme d'épouser la femme de son frère, et que s'il agit ainsi, le mariage sera stérile (cependant le Deutéronome 25,5 ordonne au contraire d'épouser la veuve de son frère qui n'a pas d'enfants, afin que la lignée de l'homme décédé continue. Les contradictions de la Bible sur ce point sont le sujet majeur de la procédure de divorce.) Catherine soutint pour la première fois que son mariage avec Arthur n'a pas été consommé quand Henry demande le divorce ; le sujet n'a pas été soulevé auparavant, et plusieurs historiens pensent que Catherine peut mentir pour sauver sa réputation, son mariage avec Henry, et les droits de sa fille unique, Marie Ire. Dire autre chose est un aveu de fornication et une condamnation de la princesse à l'illégitimité. Catherine affirme qu'elle et Arthur ont partagé leur lit pendant seulement sept jours, mais ce n'est attesté par aucune mention historique.

Henry veut un fils, puisqu'il a des raisons historiques de penser que l'Angleterre n'acceptera pas une femme pour monarque. Pendant son mariage, Catherine a eu plusieurs enfants, mais seule Marie a survécu à la petite enfance. Les années passant, Henri réalise que Catherine, qui n'est plus toute jeune, ne sera probablement pas à même de lui fournir un fils héritier. Son divorce d'avec Catherine est basé sur la supposition qu'ils n'ont pas eu de fils parce qu'il a désobéi aux Écritures en épousant la veuve de son frère - ce que Catherine aurait uniquement été, si Arthur et elle avaient consommé leur mariage.

Ce débat, et le refus du pape d'accorder à Henry la dissolution du mariage, est une des principales raisons de la Réforme anglaise. Le point principal, à savoir si Henry a oui ou non trouvé Catherine vierge lors de leur nuit de noce, n'a jamais été évoqué. Cependant, lorsqu'il essaye d'annuler son mariage, il ordonne que des draps tachés de sang, supposément ceux de la nuit de noce de son frère, soient exhibés dans son palais comme preuve de la consommation. Comment et pourquoi ces draps auraient été conservés pendant tant d'années n'est pas expliqué.

Recherches

Christopher Guy, l'archéologue de la Cathédrale de Worcester, dit trouver étrange que, si Arthur est en petite santé, il soit envoyé dans la froideur de Ludlow Castle. Peter Vaughan, du Worcester Prince Arthur Committee, trouve aussi cela bizarre. Il remarque : « Il n'avait pas une forte personnalité, comme son jeune frère. Aurait-il été possible que son père soit assez fort pour voir que l'intérêt des Tudor était d'être servis par Henry, Duc d'York, plutôt que par Arthur?  ». Cependant, des historiens comme David Starkey et Julian Litten ont repoussé ces théories de négligence ou de meurtre.

Notes

  1. Le traité de Medina del Campo ne fut ratifié par Henri VII que le 23 septembre 1490 ; bien qu'il ne fût jamais accepté dans son intégralité par les deux parties, il établit les thèmes directeurs dans les relations anglo-espagnoles à la fin du XVe siècle et au début du XVIe.

Sources

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Arthur, Prince of Wales ».

The earlier Tudors. 1485-1558. J.D. Mackie. Clarendon Press, Oxford, 1952.

Calendar of State Papers, Spain, vol.I, 1485-1509. Edité par G.A. Bergenroth, Institute of Historical Research, 1862. Disponible aussi sur British History Online.

Lire aussi les premiers chapitres des nombreuses biographies de Henri VIII.

Ce document provient de « Arthur Tudor ».

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Arthur, prince de Galles de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем решить контрольную работу

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Prince de galles — Pour les articles homonymes, voir Prince de Galles (homonymie). Insigne (badge) des Princes de Galles …   Wikipédia en Français

  • Prince de Galles — Pour les articles homonymes, voir Prince de Galles (homonymie). Insigne des Princes de Galles. Traditionnellement, le fils aîné du souverain britannique reçoit le titre de p …   Wikipédia en Français

  • Charles, Prince De Galles — Charles de Galles Charles …   Wikipédia en Français

  • Charles, Prince de Galles — Charles de Galles Charles …   Wikipédia en Français

  • Charles, prince de Galles — Charles de Galles Charles …   Wikipédia en Français

  • Charles, prince de galles — Charles de Galles Charles …   Wikipédia en Français

  • Trophee Prince de Galles — Trophée Prince de Galles Le Trophée Prince de Galles Le Trophée Prince de Galles (Prince of Wales Trophy) est le trophée qui a changé le plus souvent de définition au cours de l histoire. À l origine (de 1923 24 à 1926 27), le trophée était remis …   Wikipédia en Français

  • Trophée prince de galles — Le Trophée Prince de Galles Le Trophée Prince de Galles (Prince of Wales Trophy) est le trophée qui a changé le plus souvent de définition au cours de l histoire. À l origine (de 1923 24 à 1926 27), le trophée était remis au champion de la Ligue… …   Wikipédia en Français

  • Arthur Tudor — Pour les autres membres de la famille, voir : Tudor. Arthur Tudor …   Wikipédia en Français

  • Prince des Gallois — Prince de Galles Pour les articles homonymes, voir Prince de Galles (homonymie). Insigne (badge) des Princes de Galles …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”