Prisme (optique)

Prisme (optique)
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3 prismes différents
Décomposition de la lumière blanche à travers un prisme. (figure 1)

Un prisme est un élément optique utilisé pour réfracter la lumière, la réfléchir ou la disperser en ses constituants (les différents rayonnements de l'arc-en-ciel pour la lumière blanche). C'est traditionnellement un prisme (solide) droit à base triangulaire, constitué d'un matériau transparent : verre, plexiglas, notamment.

Du point de vue de l'optique géométrique, un prisme est l'association de deux dioptres plans non parallèles.

Lorsque la lumière passe de l'air au verre, par exemple, elle est réfractée. Lorsqu'elle ressort par l'autre face, elle est de nouveau réfractée. Le rayon ou faisceau incident est donc dévié. Mais l'indice de réfraction n'est pas le même pour les différentes longueurs d'onde. De sorte que, un faisceau de lumière blanche est séparé en ses composantes : le bleu est plus dévié que le jaune, lui-même plus dévié que le rouge (cf figure 1). Dans ces conditions, le prisme peut être utilisé pour analyser un rayonnement visible polychrome (spectroscopie).

Sommaire

Histoire

Avant Isaac Newton, on pensait que le prisme ajoutait des couleurs au faisceau de lumière blanche. Newton place alors un deuxième prisme de telle manière qu'il ne soit atteint que par une seule couleur et découvre que la couleur reste inchangée. Il en conclut que les prismes permettent de disperser les couleurs. Il utilise ensuite un deuxième prisme et réussit à recomposer un faisceau blanc à partir de l'arc-en-ciel généré par le premier prisme : la démonstration était faite que les couleurs ne sont pas le résultat d'une action du prisme sur la lumière blanche, mais bien que c'est la lumière blanche qui est composée de plusieurs couleurs.

Aujourd'hui, on parle de composantes monochromatiques et de spectres lumineux. Le spectre de la lumière solaire est un spectre continu, tandis que le spectre des émissions atomiques (lampe au mercure, au sodium, par exemple) est constitué de raies correspondant à des longueurs d'ondes précises. C'est ce phénomène qui a amené Niels Bohr à imaginer la quantification de l'énergie des atomes, nouvelle physique connue désormais sous le terme de physique quantique.

Géométrie

Définition des angles (figure 2). On note : * i l'angle d'incidence, * i′ l'angle du rayon émergent, * r l'angle de la 1re réfraction, * r′ l'angle de la 2e réfraction, * A l'angle au sommet du prisme, * D l'angle de déviation entre le rayon émergent et le rayon incident.

On suppose le prisme placé dans l'air (indice 1). Le rayon incident suit la loi de Snell-Descartes de la réfraction au passage du premier dioptre, donc les angles i et r sont tels que :

 \sin{i} = n \sin{r} \, (1)

(cf. figure 2).

De même, à la sortie du second dioptre :

 n \sin{r'} = \sin{i'} \, (2)

La géométrie impose par ailleurs les relations :

A = r + r′ (3)

et

D = i + i′ - A (4)

À partir de ces relations, un calcul simple dans l'approximation des petits angles permet de déterminer l'ordre de grandeur de l'angle de déviation :

sin ii ; sin i′i′ ; sin rr ; sin r′r′

soit

inr d'après (1)
i′nr′ d'après (2)

l'équation (4) devient donc

D = n⋅(r + r′) - A

soit d'après (3)

D = (n-1)⋅A

l'angle A étant en radian. Dans l'approximation des petits angles, la déviation est indépendante de l'angle d'incidence.

Si on ne peut pas faire l'approximation des petits angles, la déviation est :

D = i + \arcsin \left [  n \cdot \sin \left ( A - \arcsin \frac{\sin i}{n} \right ) \right ]- A

Le minimum de déviation

On constate expérimentalement l'existence d'un minimum de la valeur de D lorsqu'on fait varier l'angle d'incidence. On note Dm ce minimum de déviation.

Le principe du retour inverse de la lumière montre alors simplement que la configuration pour ce minimum est nécessairement symétrique. Ceci a donc lieu quand

i = i′,
r = r′.

Des relations précédentes on déduit facilement que ce minimum dépend de l'indice et de l'angle du prisme A :

n⋅sin(A/2) = sin((A + Dm)/2)

Réciproquement, on peut dire que le minimum de déviation dépend de l'indice. Celui-ci n'ayant pas la même valeur selon les composantes monochromatiques, on peut utiliser le prisme comme élément dispersif pour faire de la spectroscopie. Le prisme est alors placé dans un goniomètre.

Conditions d'émergence

Suivant l'angle du prisme, suivant son indice, un rayon arrivant sous une incidence trop faible peut ne pas émerger par la face opposée : il est réfléchi par le dioptre et émerge donc par la base du prisme.

Pour qu'un rayon émerge du prisme il faut que l'angle d'incidence i soit compris entre io et 90° :

io = arcsin [n⋅sin(Â - arcsin 1/n)]

avec

  •  : angle du prisme ;
  • n : indice de réfraction.


Cette condition d'émergence impose également un angle au sommet maximum pour le prisme :

 ≤ 2⋅arcsin (1/n)

Dispersion chromatique

Dispersion de la lumière blanche à travers un prisme.
Reflexion de la lumière un prisme.

L'indice de réfraction d'un verre varie en fonction de la longueur d'onde, ce qui provoque une dispersion chromatique.

D'après la loi de Cauchy, on a :

n(λ) = a + b/λ²

a et b sont des constantes dépendant du verre, soit, dans l'approximation des petits angles :

D = (a + b/λ²-1)⋅Â

Utilisations

Les prismes sont utilisés pour dévier ou réfléchir la lumière dans différents dispositifs optiques (les jumelles, par exemple) ; ils sont une alternative aux miroirs.

On les utilise parfois pour réaliser une anamorphose.

En ce qui concerne la propriété de dispersion des couleurs, en spectroscopie, les prismes ont souvent été remplacés par les réseaux. Toutefois, les réseaux présentent plusieurs ordres de diffraction qui font qu'une même déviation peut correspondre à plusieurs longueurs d'onde différentes, on utilise donc parfois un prisme après un réseau pour séparer les ordres; la déviation du prisme est perpendiculaire à la déviation du réseau.

Pour certaines démonstrations, on utilise un « prisme à vision directe » : c'est un assemblage de 3 prismes qui permet de minimiser la déviation tout en offrant une bonne dispersion.

Certains matériaux présentent une biréfringence : on met alors à profit la limite de réflexion totale pour diviser un rayon lumineux en deux rayons de polarisations différentes (voir prisme de Nicol).

En lumière polarisée, en particulier avec un laser, on utilise généralement le prisme à une incidence proche de l'angle dit de Brewster afin de minimiser les pertes par réflexion. Si le prisme est utilisé au minimum de déviation, il est possible d'être exactement à l'angle de Brewster sur les deux faces du prisme, à condition d'avoir un angle au sommet bien déterminé. Dans un verre d'indice 1,7, cet angle est très proche de 60°, c'est-à-dire que le prisme doit être équilatéral.

Fabrication

Le choix du matériau dépend des conditions de température, de la précision de la géométrie recherchée et du spectre du faisceau incident. Parmi les matériaux utilisés, on trouve

Voir aussi

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