Place Royale (Nantes)

Place Royale (Nantes)
Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Place Royale.
Place Royale
Image illustrative de l'article Place Royale (Nantes)
La place Royale de Nantes
Situation
Coordonnées 47° 12′ 52″ N 1° 33′ 30″ W / 47.2145111, -1.558333347° 12′ 52″ Nord
       1° 33′ 30″ Ouest
/ 47.2145111, -1.5583333
  
Pays Drapeau de France France
Région Pays de la Loire
Ville Nantes
Morphologie
Type Place
Histoire
Monuments Fontaine

Géolocalisation sur la carte : Loire-Atlantique

(Voir situation sur carte : Loire-Atlantique)
Place Royale

Géolocalisation sur la carte : France

(Voir situation sur carte : France)
Place Royale

Géolocalisation sur la carte : Nantes

(Voir situation sur carte : Nantes)
Place Royale

La Place Royale, située au cœur de Nantes, a été conçue en 1788 par l’architecte nantais Mathurin Crucy.

Sommaire

Présentation

Crucy, également le concepteur de la Place Graslin, la relia à la place Royale par la rue Crébillon.

Il respecta, pour la place Royale, les principes de l’architecture classique : symétrie des façades, rigueur du plan, ouverture des perspectives. Une fontaine, symbole de la ville, trône en son centre.

La fontaine

Erigée en 1865, la fontaine monumentale symbolise la vocation fluviale et maritime de Nantes. La ville, sous les traits d’une femme couronnée, veille sur la Loire et ses affluents : l’Erdre, la Sèvre, le Cher et le Loiret. Huit génies de l’industrie et du commerce rappellent le rôle majeur du port dans l’économie de la cité.

Les statues sont l’œuvre des sculpteurs Daniel Ducommun de Locle et Guillaume Grootaërs, ainsi que du fondeur nantais Jean Simon Voruz, le créateur de l’escalier du Passage Pommeraye.

Historique

Statue allégorique de la Loire sur la fontaine de la Place Royale. Fontaine de Daniel Ducommun de Locle, Guillaume Grootaërs et Simon Voruz (1865)
Vue générale de la place Royale
Place Royale de nuit (éclairage à LEDs)

À l'origine, l'emplacement était occupé par le Boulevard Saint-Nicolas, bastion avancé construit vers 1500, défendant l'accès de la Porte Saint-Nicolas, elle-même percée dans l'enceinte de Pierre Ier de Bretagne, et reconstruite depuis 1144 (celle-ci s'ouvrait entre deux tours baptisées en l'honneur du Baillistre et de son épouse : Tour de Pierre de Bretagne, au nord, et Tour d'Alix de Bretagne, au sud). Cette porte et ses deux tours furent démolies en 1790. Puis, le conseil municipal du 3 octobre 1791 évoque la nécessité de déblayer «  les pierres qui y sont empilées provenant de la démolition du Cavalier (bastion fortifié) qui existait sur cette place » ; le même conseil vote la construction d'un corps de gardes nationaux avec adjonction d'une fontaine destinée à remplacer le puits situé antérieurement sur le parvis de l'église Saint-Nicolas toute proche, aujourd'hui dénommé Place Félix Fournier.

Le projet avorte mais est remis à l'ordre du jour quelque cinquante-huit ans plus tard, le 27 avril 1849, par l'architecte en chef de la ville, Driollet, qui propose l'édification d'une fontaine monumentale et une nouvelle disposition de la place désormais baptisée « de l'Égalité » (elle prendra son nom actuel vers 1851). Son projet prévoit la mise en place de larges trottoirs avec bancs en pierre tout autour de la place, un nouveau nivellement, une nouvelle disposition du pavage et enfin une fontaine monumentale en fonte de fer combinant dans le même ensemble la lumière d'un brillant éclairage comme point central de la place : « le fond du bassin serait garni d'une platebande de gazon avec fleurs de saison et allée sablée d'entourage ; l'emplacement du plateau destiné à recevoir la grande vasque en tablier serait planté pyramidalement une corbeille d'arbustes fleuris de différentes espèces qui serait éclairée par une première ceinture de candélabres qui remplaceraient provisoirement les figurines portant des lanternes au gaz ; une deuxième ceinture de candélabres serait également placée en dehors du trottoir ». La fontaine en elle-même est ainsi décrite : « Au sommet du monument, une statue allégorique de la ville de Nantes ; à ses pieds, sur trois piédestaux correspondant aux carrefours des trois voies principales, sont groupées nos trois rivières, la Loire, dans l’axe de la rue Crébillon ; l’Erdre, dans l’axe du carrefour des rues Saint-Nicolas et de l’Arche-Sèche ; la Sèvre, dans l’axe du carrefour de la rue d’Orléans et de la rue de La Pérouse ; les trois nymphes qui représentent ces rivières portent trois urnes, d’où s’échappent trois chutes d’eau, qui retombent dans une large vasque ornée de six rostres de navires surmontés de lanternes à gaz. L’eau se trouve ainsi divisée par les rostres en six nappes séparées, laissant entre elles un espace qui permet de juger le piédouche de la vasque. Ce piédouche porte sur un vaste stylobate divisé par six riches piédestaux en consoles, supportant six génies assis sur des dauphins jetant de l’eau. Ces génies pourraient personnifier les principales branches commerciales et industrielles de Nantes ».

Mais la Ville recule devant la dépense et demande à l'architecte d'étudier l'idée d'un « grand candélabre monumental réunissant vingt-quatre lanternes en un faisceau lumineux ». Le projet est lui aussi remisé.

En 1854, le statuaire Daniel Ducommun de Locole et Driollet reviennent à la charge. S'ensuivent plusieurs années de discussions, d'atermoiements et de demandes de modifications. Ainsi, le 24 mars 1857, la commission départementale des bâtiments civils « approuve la disposition générale et les proportions du projet. C’est une véritable fontaine dans laquelle l’eau joue le rôle qui lui appartient, tout en laissant à la sculpture et à la décoration une large place. La sculpture ajoutera une valeur immense à la fontaine de la place Royale. Le programme, la composition, l’agencement des statues n’ont donné lieu à aucune observation. La figure de la Loire seule a été l’objet de critiques. La majorité des membres présents est portée à penser que la fontaine ne pourrait que gagner à la suppression pure et simple de cette statue. On rétablirait ainsi l’ordonnance symétrique qui convient à une fontaine isolée. La face principale serait suffisamment indiquée par la statue debout, tournée vers la rue Crébillon. Dans cette hypothèse, la Loire couchée prendrait place sur l’un des piédestaux, ou serait substituée au centre de la fontaine à la statue banale de la Ville de Nantes. D’autres membres au contraire insistent pour conserver la figure de la Loire qui forme, avec les figures voisines de l’Erdre et de la Sèvre, l’idée fondamentale de la composition et son motif capital. Toutefois, si la figure de la Loire est conservée, elle devra subir des modifications et dans son attitude et dans son drapée. Elle est trop nue, serait mal accueillie par une grande partie de notre excellente population. Il semble d’ailleurs que notre fleuve serait beaucoup mieux personnifié sous des traits masculins que sous les traits d’une jeune femme, et la composition ne pourrait que gagner à ce changement ».

Le 28 septembre 1859, l'évêque de Nantes exprime au maire « le regret profond » qu'il aurait « de voir s’élever, dans la ville de Nantes, un monument en opposition avec les sentiments religieux de la population ou avec les règles de la morale publique. Vous avez bien voulu me donner l’assurance que vous feriez tous vos efforts pour que les statues, destinées à l’ornement de la fontaine, n’offrissent rien de répréhensible sous le rapport de la décence. Vous comprenez, comme moi, quel fâcheux effet produiraient, au milieu d’une population religieuse et jusqu’à présent heureusement étrangère à de telles représentations, des statues demi-nues ou exécutées dans des attitudes inconvenantes. Les parents en seraient réduits à redouter pour leurs enfants ce dangereux spectacle(...) ». Le sénateur-maire Ferdinand Favre rassure le saint homme : « Cédant aisément à mes observations qui s’appuyaient d’ailleurs sur l’avis du Conseil des Bâtiments civils, l’habile statuaire n’a point hésité à s’engager à draper entièrement la statue de la Loire qui doit surmonter le monument. Je viens d’écrire néanmoins à M. Ducommun pour appeler toute son attention sur l’attitude des figures allégoriques qui seront placées aux quatre angles de la fontaine. Je le prie de vouloir bien faire en sorte que ces figures ne présentent aucune signification blessante pour la pudeur, en ce qu’elles soient voilées s’il le faut autant que peuvent l’admettre les convenances de l’art. » En 1861, le projet prend tournure. La fonte de fer sera remplacée par du bronze, l'exécution de l'ouvrage est confiée au fondeur Voruz. Chaque statue est coulée au fur et à mesure de l'exécution des modèles. Au début du mois de mars 1865, l'édification du monument s'achève, commentée ironiquement par Le Phare de la Loire (8 mars 1865) : « On a placé, ce matin, sur le sommet de la fontaine de la place Royale une statue qui, telle qu’elle est, remplit entièrement le programme de nos pudibonds ennemis des nudités sculpturales. Cette statue se trouve, en effet, recouverte d’un voile épais. Elle tient dans ses mains emmaillotées un bouquet de fleurs naturelles ; on dirait un domino gris s’apprêtant à aller au bal masqué de la Mi-Carême. Dans tous les cas, nous nous ferions un reproche de trahir son incognito ». La fontaine est inaugurée le 16 mars. Les quolibets continuent, la statue de la Loire est surnommée « Mme Jacquemet » (du nom de l'évêque à l'origine de son « emballage » dans d'épaisses draperies). Mort deux ans plus tôt, Driollet ne verra pas la concrétisation de son projet.

La place depuis 1945

Le 16 septembre 1943, les bombardements ravagent le quartier (tout comme la rue du Calvaire et la basilique Saint-Nicolas qui sont attenantes), détruisant huit des neuf immeubles qui entourent la place. Il est décidé après guerre de la reconstruire à l'identique, sous la direction de l'architecte en chef Michel Roux-Spitz.
Cependant les immeubles sont reconstruits cette fois-ci en béton, légèrement en retrait par rapport à leurs anciens alignements et comportent quelques modifications tel que l'agrandissement des fenêtres et des lucarnes, ainsi de l'accès des immeubles qui se fait désormais à l'arrière (l'entrée de ceux se trouvant à l'est de la place se fait, par exemple, rue du Couëdic) pour privilégier les commerces côté place. Ce faisant, cette derniere dotée de large trottoirs, est agrandie pour faciliter la circulation[1].
La fontaine a elle aussi subit quelques dommages dus au souffle des bombes : des statues sont déplacées, un des génies est décapité ; la statue du Loiret est particulièrement touchée, le parement de granit est criblé d'éclats, le soubassement s'affaisse. Devant coût de la restauration du monument, la nécessité de le conserver fut sérieusement remis en cause. Face à l'attachement des nantais à cette fontaine, la municipalité put obtenir de la « Commission régionale des dommages de guerre » qu'elle accepte de financer la réfection du bassin de granit, tandis que la restauration des éléments sculpturaux jugés comme somptuaires resta à la charge de la ville. Les travaux furent effectués en 1961 et 1962[1].

Rebaptisée – temporairement – « place du Peuple » en mai 68, la place Royale est associée à tous les mouvements sociaux et événements d'ampleur. Quant à sa fontaine, longtemps cantonnée au rôle d'ornement de rond-point, elle a été rénovée durant la fin de l'année 2006 afin de la rendre plus piétonnière. Cette transformation a été inaugurée par Jean-Marc Ayrault, le 6 avril 2007. La fontaine de la place a été rénovée durant l'été 2007.

Dans le cadre de la biennale de l'art contemporain Estuaire 2007, la place Royale a accueilli la création de Tatsu Nishi, Hôtel Nantes.

Références

  1. a et b Cf. Brochure des Archives municipales sur la reconstruction de Nantes, pp. 40-41]

Sources

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Place Royale (Nantes) de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужно решить контрольную?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Place Royale — may refer to:*Place Royale (Montreal) *Place Royale (Nantes) *Place Royale (Pau) …   Wikipedia

  • Place royale — Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom. Le nom de place Royale est porté par différentes places publiques de par le monde : Sommaire 1  Belgique 2  Canada …   Wikipédia en Français

  • Place Royale — Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom. Le nom de place Royale est porté par différentes places publiques de par le monde : Sommaire 1  Belgique 2   …   Wikipédia en Français

  • ibis Styles Nantes Centre Place Royale — (Нант,Франция) Категория отеля: 3 звездочный отель Адрес: 3 r …   Каталог отелей

  • Nantes — Naoned, Naunnt Bandera …   Wikipedia Español

  • Place Louis-XV — Place de la Concorde Pour les articles homonymes, voir Concorde (homonymie). 48° 51′ 56″ N 2° 19′ 16″ E …   Wikipédia en Français

  • Place de la Révolution — Place de la Concorde Pour les articles homonymes, voir Concorde (homonymie). 48° 51′ 56″ N 2° 19′ 16″ E …   Wikipédia en Français

  • Place de la Révolution (actuelle place de la Concorde) — Place de la Concorde Pour les articles homonymes, voir Concorde (homonymie). 48° 51′ 56″ N 2° 19′ 16″ E …   Wikipédia en Français

  • Place de la Révolution (actuelle place de la Concorde ) — Place de la Concorde Pour les articles homonymes, voir Concorde (homonymie). 48° 51′ 56″ N 2° 19′ 16″ E …   Wikipédia en Français

  • Place de la concorde — Pour les articles homonymes, voir Concorde (homonymie). 48° 51′ 56″ N 2° 19′ 16″ E …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”