Piraterie

Piraterie

Pirate

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Voir « pirate » sur le Wiktionnaire.

Stéréotype : le pirate creusant, à la recherche d'un trésor (Howard Pyle, Harper's Magazine, 1894)

Dans leur sens les plus connus et qui est l'objet de cet article, les mots pirate et piraterie désignent une forme de banditisme pratiquée sur mer. Cependant, les pirates ne se limitent pas seulement aux pillages de bateau mais parfois attaquent de petites villes côtières.

Sommaire

Étymologie et définitions

Le mot pirate provient à la fois du terme grec πειρατής (peiratês), lui même dérivé du verbe πειράω (peiraô) signifiant « s'efforcer de », « essayer de », « tenter sa chance à l'aventure » et du latin pirata : celui qui tente la fortune, qui entreprend.

Les pirates ne doivent pas être confondus avec les corsaires qui sont des civils faisant la guerre sur mer avec l'autorisation de leur gouvernement, selon les lois de la guerre, avec un statut équivalent aux militaires mais sans être soumis à l'autorité d'un état major mais au contraire d'une façon indépendante. La confusion résulte du fait que les Corsaires faisaient la guerre aux nations ennemies en s'attaquant à leur commerce. Cette apparence ne doit pas faire oublier qu'ils respectaient les vies et les biens personnels ; seul le navire et le fret faisaient l'objet de la prise, une enquête établissait si la prise avait été légitime et le bien était rendu si tel n'avait pas été le cas.

La piraterie connut plusieurs périodes fastes, à la fin du Ier siècle av. J.-C. en Méditerranée, et au XVIIIe siècle dans les Antilles et l’Océan Indien puis peu à peu disparut de ces régions, du fait du quadrillage des marines d'État.

Le mot pirate est utilisé aussi dans différents contextes autres que maritime : le « pirate de la route », que l'on appelait autrefois « voleur de grand chemin », le pirate informatique qui est un individu s'adonnant à des détournements de fonds effectués par Internet, ou des copies d'œuvres sans respecter le droit d'auteur ou le copyright. On parle parfois de pirates dans le cas d'actes politiques et terroristes : c'est le cas des pirates de l'air. Toutefois, il s'agit ici d'une déformation du sens de pirate car il s'agit d'actions terroristes, politiques et non de crimes de droit commun.

Historique de la piraterie maritime

La piraterie existait déjà dans l'Antiquité. Toutes les civilisations anciennes ayant possédé une marine l'ont connue, les Phéniciens comme les Mycéniens.

Jules César dut lui-même affronter la piraterie. Lors d'un voyage vers l'Orient entre les années 75 av. J.-C. et 74 av. J.-C., il fut capturé par ceux-ci, à hauteur de l'île de Pharmacuse, à proximité de la ville de Milet en Asie Mineure. Dès sa libération contre rançon, il entreprit de se venger. Après avoir réuni en toute hâte une flottille, il surprit et captura les pirates qu'il fit exécuter.

Pompée se rendit célèbre en nettoyant la Méditerranée des pirates ciliciens.

La première pirate femme fût Hannah Augustin

Terminologies : boucaniers, flibustiers

Article détaillé : Piraterie dans les Caraïbes.
Article détaillé : Piraterie dans l'océan Indien.

Les boucaniers : les pirates qui sévissaient dans la mer des Caraïbes étaient parfois appelés abusivement boucaniers. A l'origine soit aventuriers, soit déserteurs des différentes nations européennes, les boucaniers vivaient sans chef, et s'occupaient surtout du ravitaillement en viande fumée ("boucanées", d'où leur nom) des équipages de passage quels qu'ils soient. Ils élevaient des bœufs et chassaient les petits cochons sauvages. Ils se trouvaient au nord-ouest de Saint-Domingue et dans la baie de Campeche, mais ils avaient souvent leurs comptoirs à la Tortue. À l'occasion, il leur arrivaient de se mêler à une expédition, mais ce n'était pas leur activité principale.

Les flibustiers : le mot flibustier est dérivé du néerlandais vrijbuiter (« qui fait du butin librement »)[1]. Certaines sources citent comme origine le mot flibot (sorte de petit bateau), d’autres préfèrent free booter (libre pillard). Le mot apparaît lorsque les Hollandais révoltés contre la domination espagnole avaient armé des navires corsaires pour lutter contre l'Espagne. Mais les Pays Bas n'existant pas en tant qu'Etat indépendant reconnu avant 1648, leur statut de corsaire n'était pas reconnu. Les Espagnols les considéraient comme pirates pendant que les alliés des Hollandais les voyaient comme des corsaires. Toute une population va naître à mi chemin entre piraterie, aventure, guerre de course. Le flibustier est un aventurier qui peut se louer en tant que corsaire au plus offrant en temps de guerre, qui peut naviguer comme marin de commerce comme s'adonner à la piraterie.

Organisation sociale

Contrairement à l'image répandue par les fictions cinématographiques, du fait même de leur mode de vie, peu de pirates mangeaient à leur faim ou devenaient riches, la plupart mourraient jeunes en combat, luttes intestines ou pendus.

De nombreux clans de pirates élisaient les dirigeants. La légitimité du pouvoir ne pouvant exister dans de telles sociétés, le chef s'imposait par son savoir-faire marin, son audace, son autorité naturelle. On élisait le capitaine ainsi que le quartier-maître qui détenait un contre-pouvoir, secondait le chef auprès de l'équipage pour faire régner l'ordre et était le seul à pouvoir convoquer l'Assemblée.

Dans cette assemblée, chaque homme avait le droit à la parole et chaque membre de l'équipage, hormis les mousses et les marins pas encore totalement intégrés, avait une voix dans le vote tout comme le capitaine.

Dans certains équipages pirates, il y avait un conseil : une assemblée où uniquement les officiers et artisans pouvaient siéger avec quelques marins expérimentés.

Le quartier maître élu pouvait aussi faire entamer un procès contre le capitaine. Si le capitaine refusait le procès, il était reconnu coupable et était marronné sur une île le plus souvent.

De nombreux groupes de pirates partageaient les butins obtenus en suivant un schéma préalable. Les pirates blessés au cours d'une bataille recevaient parfois une prime spéciale. Le butin pouvait être partagé de manière à ce que le capitaine reçoive tout au plus 1,5 fois ou 2 fois plus que les autres, mais jamais plus[2].

Cependant, ces pratiques égalitaires ne se limitaient qu'à très peu des aspects de la vie des pirates, et n'atténuaient pas réellement la rudesse de leur moeurs.

Voir aussi : Liste de pirates célèbres

Stéréotypes sur les pirates

Drapeau de Jack Rackham.
  • Le pirate est souvent dépeint avec une balafre au visage, borgne avec un cache sur l'œil, et amputé d'une main, remplacée par un crochet. Il a aussi souvent perdu une jambe à cause de la gangrène ou d'un boulet, et s'appuie alors sur une jambe de bois. Cette image, quoi qu'en partie vraie, était aussi valable pour les marins du roi.
  • Tout au début, chaque bateau de pirates avait son propre drapeau, et les victimes ne savaient pas ce que cela voulait dire. Peu à peu, les drapeaux sont devenus généraux et ils avaient chacun une signification différente.
  • Les pirates utilisent un drapeau noir représentant des ossements humains (comme le Jolly Roger et ses dérivés), car ils sont réputés pour ne pas faire de prisonniers.
  • Les pirates utilisent de redoutables flottes et navires de guerre.
  • Les pirates cachent leur trésor sur une île et ils marquent son emplacement sur une carte au trésor.
  • Les pirates sont souvent accompagnés d'un perroquet.
  • Le capitaine est un homme avare, cruel et méchant qui rafle la majorité du butin.
  • Les pirates boivent du rhum dans d'énormes bouteilles ou dans de petites fioles, afin de se donner du courage !
  • En fin de soirée, les pirates sont alors souvent pris de nostalgie quant aux pensées cruelles que les femmes leur infligent. La boisson n'arrange rien, ils deviennent alors quelque peu stupides.

Piraterie moderne

Contrôle d'un boutre indien par l'US Navy dans le cadre de la lutte contre la piraterie.
Article détaillé : Piraterie moderne.

Les chiffres de l'année 2008 concernant la piraterie sont les plus élevés depuis le début du recensement du Bureau maritime international avec 293 attaques de navires, 49 capturés, 889 marins pris en otage, 11 tués, 21 disparu et présumés morts [3].

Lorsqu'il a été détourné par des pirates somaliens le 15 novembre 2008, Le Sirius Star est devenu le plus grand navire de l'histoire moderne capturé par des pirates[4]

La piraterie et le droit international

Dans le domaine du droit international la piraterie est généralement considérée comme le plus ancien exemple d'utilisation du principe de juridiction universelle. Piller les navires en haute mer, bloquer les routes commerciales ou mettre en danger les communications maritimes était considéré par les états souverains comme étant hosti humanis generis (crimes contre l'humanité). Puisque la piraterie, par définition, est pratiquée en dehors des juridictions nationales, les poursuites engagées par des états souverains contre des pirates constituent une situation juridique exceptionnelle.

Convention des Nations unies sur le droit de la mer

Les articles 100 à 108 traitent de la piraterie, en voici des extraits :

  • Article 100 : Obligation de coopérer à la répression de la piraterie
Tous les États coopèrent dans toute la mesure du possible à la répression de la piraterie en haute mer ou en tout autre lieu ne relevant de la juridiction d'aucun État.
  • Article 101 : Propriété de la piraterie
On entend par piraterie l'un quelconque des actes suivants :
  • tout acte illicite de violence ou de détention ou toute déprédation commis par l'équipage ou des passagers d'un navire ou d'un aéronef privé, agissant à des fins privées, et dirigé :
    • contre un autre navire ou aéronef, ou contre des personnes ou des biens à leur bord, en haute mer,
    • contre un navire ou aéronef, des personnes ou des biens, dans un lieu ne relevant de la juridiction d'aucun État ;
  • tout acte de participation volontaire à l'utilisation d'un navire ou d'un aéronef, lorsque son auteur a connaissance de faits dont il découle que ce navire ou aéronef est un navire ou aéronef pirate ;
  • tout acte ayant pour but d'inciter à commettre les actes définis aux lettres a) ou b), ou commis dans l'intention de les faciliter.

(texte complet)

En droit pénal français

La piraterie, définie comme « le fait de s'emparer ou de prendre le contrôle par violence ou menace de violence d'un aéronef, d'un navire ou de tout autre moyen de transport à bord desquels des personnes ont pris place, ainsi que d'une plate-forme fixe située sur le plateau continental », est punie de 20 ans de réclusion criminelle par l'article 224-6 du code pénal français. La loi pénale française est applicable aux infractions commises à bord des navires battant un pavillon français, ou à l'encontre de tels navires, en quelque lieu qu'ils se trouvent (article 113-3 du code pénal français).

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Les ouvrages sur le sujet sont très nombreux. Seuls quelques exemples sont donnés ici.

  • Ouvrages généraux.
    • Les pirates, G Lapouge,
    • D'or, de rêves et de sang, M. Le Bris,
    • Histoire de la flibuste, G. Blond,
    • pirates & flibustiers des caraïbes, catalogue de l'exposition, Abbaye de Daoulas 2001.
    • Pirates & Corsaires, Olivier &Patrick Poivre d'Arvor, Édition Place des Victoires, 2004.
    • Une histoire des pirates, J.-P. Moreau, Points Histoire, 2007
  • Mémoires & récits.
    • Histoire générale des plus fameux pirates - A General History of the Pirates, Daniel Defoe
    • Les Flibustiers du Nouveau Monde, A.O. Œxmelin,
    • Voyage aux Isles, JB Labat,
    • Histoire du sieur de Montauban, capitaine flibustier, par lui-même,
    • Un flibustier français dans la mer des antilles, par JP moreau.
  • Ouvrages plus spécialisés.
    • L'aventure de la flibuste, colloque de Brest 2001,
    • Marins et flibustiers du Roi-Soleil, carthagène 1697, JY Nerzic & Ch. Buchet,
    • Sous le pavillon noir, pirates & flibustiers, Ph. Jacquin,
    • Utopies pirates, Peter lamborn wilson,
    • La course et la piraterie en Méditerranée, R. Coulet du Gard,
    • Corsaires & marchands, les relations entre Alger et les Pays-Bas 1604-1830, G. van Krieken,
    • La piraterie sur l'Atlantique au XVIIIe, L. Vignols.
  • Ouvrages de fiction.
    • L'île au trésor, Robert Louis Stevenson
  • Piraterie moderne
    • Pirates des mers d'aujourd'hui, Jean-Michel Barrault, éd. Gallimard, 174 pages.
    • Pirate de Légines (Océan Indien austral), Jacques Nougier, éd. l'Harmattan, 2003, 201 pages; ISBN : 2-7475-4459-1

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