Pierre ier de russie

Pierre ier de russie

Pierre Ier de Russie

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Pierre Ier
Empereur de toutes les Russies
Peter der-Grosse 1838.jpg
Pierre Ier de Russie peint par Paul Delaroche.

Règne
7 mai 1682 - 8 février 1725
Couronnement 25 juin 1682
Dynastie Romanov
Prédécesseur Fédor III
Successeur Catherine Ire
Héritier Alexis Petrovitch, tsarevitch

Autres fonctions
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Biographie
Nom de naissance Piotr Alekseïevitch Romanov
Naissance 9 juin 1672
Moscou
Décès 8 février 1725 (à 52 ans)
Saint-Pétersbourg
Père Alexis Ier (1629-1676)
Mère Natalia Narychkina (1651-1694)
Consort(s) Eudoxie Lopoukhine
Catherine Ire
Descendance Alexis Petrovitch
Anna Petrovna
Elizaveta Petrovna

Blason Russie XVIIIe siècle.svg
Monarques de Russie

Pierre Ier de Russie (Piotr Alekseïevitch Romanov, en russe : Пётр Алексеевич Романов), plus connu en français sous le nom de Pierre le Grand (Piotr Veliki, en russe : Пётр Великий) est né le 30 mai/9 juin? 1672 à Moscou et est mort le 28 janvier/8 février 1725 à Saint-Pétersbourg.

Il est le fils d'Alexis Ier dit « le tsar très paisible » (1629-1676) et de Nathalie Narychkine (1651-1694). Il fut le tsar de Russie dès 1682 et le premier empereur de l'empire russe de 1721 à 1725.

Il a profondément réformé son pays et a mené une politique expansionniste qui a transformé la Russie en puissance européenne importante.

Dès 1731, Voltaire écrivit de Pierre le Grand qu'il était beaucoup plus grand homme que le roi de Suède Charles XII, qui fut son grand adversaire.

Sommaire

Jeunesse

À la mort d'Alexis Ier en 1682, celui-ci laisse deux fils survivants nés de ses deux épouses successives : Ivan, fils d'Alexis Ier et de Maria Miloslavskaïa, et Pierre, fils du tsar et de Natalia Narychkina. Âgés respectivement de 16 et 10 ans, ils sont proclamés conjointement Tsars, cas unique dans l'histoire de la Russie.

Suite à la Révolte de Moscou de 1682, la sœur d'Ivan V, Sophia Alexeievna, écarte Natalia de la régence et assure celle-ci de 1682 à 1689. La régente Sophie signe avec l'Union de Pologne-Lituanie le traité de paix éternelle de 1686, par lequel la Russie agrandit ses territoires et intègre une coalition comprenant l'Autriche, la Pologne et Venise, qui mène bataille contre les Turcs. La régente Sophie ordonne aussi des expéditions contre le khanat de Crimée, et signe avec la Chine des Qing le traité de Nertchinsk (1689), qui conduit la Russie à perdre l'accès à la Mer du Japon mais lui permet d'établir des relations commerciales avec l'Empire du Milieu.

Pendant ce temps, elle confine le jeune Pierre et sa mère au village de Préobrajenskoïé, dans les environs de Moscou. Pierre était alors abandonné aux soins d'un médiocre précepteur nommé Zotov.

À l'été 1689, le jeune Pierre décide de profiter de l'affaiblissement de la régente, consécutive à l'échec des campagnes de Crimée, pour s'emparer du pouvoir. Mis au parfum, la régente Sophie conspire avec les streltsy pour écarter Pierre, mais celui-ci se réfugie au monastère de Laure de la Trinité-Saint-Serge, à environ 90 km de Moscou, où il rassemble ses alliés, dont le général de l'armée impériale russe Patrick Gordon, qui devient à cette occasion son fidèle allié. Il parvient avec son frère à forcer la régente à se retirer, en 1689, dans un couvent. Les deux tsars partagèrent alors le pouvoir pacifiquement jusqu'à la mort d'Ivan, devenu invalide, en 1696.

Mais en 1689, Pierre remet aussitôt le pouvoir à sa mère Nathalie Narychkine, préférant vivre une jeunesse mouvementée avec Alexandre Menchikov et d'autres compagnons de débauche, dont le Genevois François Lefort, l'Écossais Patrick Gordon, ainsi que les Russes Nikita Zotov, Fédor Romodanovski, Gabriel Golovkine, Fédor Golovine et Pierre Tolstoï. Outre le calviniste Lefort et le catholique Gordon, le jeune Pierre rencontre aussi, dans la Nemetskaïa sloboda (« quartier des étrangers »), le Strasbourgeois Timmermann, les Hollandais Winnius, Brandt, etc., qui l'initièrent à la culture européenne, l'instruisirent en art militaire et de navigation, et deviendront ses futurs généraux et ingénieurs. L'Europe l'intéresse, non par sa civilisation spirituelle ou artistique, mais comme la patrie de bons techniciens dont la Russie est dépourvue[1].

Curieux de toutes les nouveautés, Pierre trouva dans la maison de son aïeul, Nikita Romanov, un canot anglais d'une structure particulière, qui fut à l'origine de sa passion pour la navigation. Sa passion était née sur le petit lac Plechtcheïevo ; mais il va aller aussi au nord, à Arkhangelsk en 1693-1694, seul port maritime de l'époque, donnant sur la Mer Blanche [2]. Il se rend compte alors de la nécessité pour la Russie d'ouvrir d'autres voies maritimes plus faciles d'accès, alors que la Mer Baltique est alors contrôlée par l'Empire de Suède et la Mer Noire par l'Empire Ottoman et le khanat de Crimée.

Prise effective du pouvoir (1694) et première campagne contre les Tatars (1689-1696)

Lefort, profitant de son goût pour les jeux militaires, forma avec cinquante de ses jeunes compagnons une compagnie qui fut le noyau du fameux régiment Préobrajensky ; un autre groupe fut le noyau du régiment Séméniovsky. Lorsqu'il reprend définitivement le pouvoir, en 1694, ils deviennent ses collaborateurs les plus dévoués et Menchikov est son favori.

Devenu seul souverain, le jeune géant (il mesurait deux mètres) allait mener les réformes qui transformeraient la Russie et en feraient une grande puissance européenne.

Capture d'Azov en 1696, qui donne à la Russie un accès à la Mer Noire. Tableau de Robert Ker Porter (1775-1842).

Au printemps 1695, Pierre envoie une armée contre les Tatars de Crimée pour détourner l'attention des Turcs et se dirige vers la forteresse d'Azov qui, située sur le fleuve Don à 16 km de la mer d'Azov, offre un accès indirect à la mer Noire. Cependant il ne parvient pas à prendre la ville. Il se décide alors à construire une flotte, installant un chantier naval à Voronej, situé sur un affluent du Don, et associe tout le pays à cette œuvre nationale: c'est la création officielle de la Marine impériale de Russie. La ville sera prise l'année suivante, en juin, et Pierre Ier fonde la première base navale russe à Taganrog en septembre 1698. Celle-ci est commandée de 1698 à 1702 par l'amiral Golovine et le vice-amiral Cornelius Cruys en devint le premier gouverneur en 1711.

Par le traité de Constantinople (1700), qui met fin à la Guerre russo-turque de 1686-1700, les Russes se voient reconnaître par la Sublime Porte la possession d'Azov et de la base de Taganrog, et obtiennent en outre le droit de conserver et d'avoir un ministre permanent dans l'Empire Ottoman. Cette campagne marqua la première offensive militaire réussie par l'armée russe sur un sol étranger depuis plusieurs siècles, et établit la Russie comme étant un pays important dans la diplomatie européenne. Toutefois, le contrôle de la seule mer d'Azov ne lui offrait pas une voie suffisante pour le commerce, tandis que la paix avec le sultan Mustafa II permet à Pierre de se tourner vers la mer du Nord.

La « Grande Ambassade » (mars 1697-septembre 1698)

Le 16 décembre 1696, Pierre annonce à la Douma des boyards la création d'une « Grande Ambassade », formée des trois diplomates François Lefort, Fédor Golovine (qui devient son ministre des Affaires étrangères de 1700 à 1706) et Prokopy Voznitsine et les courtisans, ainsi que son intention d'en faire partie, faisant de lui le premier tsar à quitter l'Empire depuis le grand-duc Iziaslav de Kiev, à la fin du XIe siècle. Il vise par-là d'abord à nouer des alliances avec différents États d'Europe afin de mener une guerre contre l'Empire Ottoman, raison pour laquelle il écarte la France de Louis XIV de son voyage, celle-ci s'étant tourné vers la Sublime Porte pour prendre ses ennemis à revers. Le voyage est ensuite l'occasion d'approcher la culture occidentale, d'apprendre différents métiers manuels et de recruter des spécialistes étrangers, surtout pour la marine de guerre. Chaque visite était l’occasion de projets divers.

Il partit ainsi, incognito, sous le nom de Pierre Mikhaïlov, en mars 1697, en Prusse, et y étudia essentiellement l'artillerie, tandis que ses diplomates tentent de nouer une alliance avec Frédéric III de Brandebourg, futur roi de Prusse. Puis il alla dans l'Empire des Habsbourg, aux Pays-Bas, où il travailla comme simple ouvrier dans les chantiers navals de la Compagnie hollandaise des Indes orientales, près de Zaandam, et étudia la construction navale à Amsterdam. En Angleterre, il approfondit ses connaissances théoriques en matière de construction navale à Deptford (Londres) et visita l'université d'Oxford ainsi que la maison de Newton. Il se rendit ensuite à Vienne, ayant une entrevue décevante avec Léopold Ier du Saint-Empire.

En effet, tous les regards sont tournés vers la succession du trône d'Espagne, qui oppose les Bourbons aux Habsbourg. L'enjeu, considérable, éclipse l'intérêt d'une guerre contre l'Empire Ottoman, et explosera dans la Guerre de Succession d'Espagne à partir de 1701.

Retour en Russie

La « Grande Ambassade » fut écourtée lorsque Pierre apprit la nouvelle de la révolte des streltsy (les gardes impériaux russes), qui avaient l'intention de replacer l'ex-régente Sophie sur le trône. Pierre, qui se dirigeait vers Venise, rentra précipitamment à Moscou le 5 septembre 1698, afin d'écraser définitivement la révolte. Celle-ci fut finalement réprimée en son absence, de façon sanglante (tortures et exécutions publiques), notamment par le général Patrick Gordon, d'origine écossaise [3].

De plus, Pierre Ier fait enfermer sa femme, Eudoxie Lopoukhine, au monastère de Souzdal, l'accusant d'avoir comploté contre lui avec les streltsy, et divorce avec elle. Il confie alors son fils, Alexis Petrovitch, à sa tante Natalia Alexeievna. Il ne tarde pas à rencontrer, en 1703, Marthe Skavonskra, ancienne paysanne catholique d'origine lituanienne, domestique et maîtresse de son ami Alexandre Menchikov. Il se marie avec elle en 1712, celle-ci se convertissant à l'orthodoxie et prenant le nom de Catherine. Déjà mère d'un enfant de Pierre, Anna, elle donna à l'empereur six autres enfants; outre Anna, seule la future Élisabeth Ire de Russie survécut.

L'année d'avant, en 1711, il marie son fils Alexis à Charlotte de Brunswick-Wolfenbüttel, belle-sœur de l'empereur Charles VI, se rapprochant ainsi des Habsbourg, qui avait réuni les possessions autrichiennes et espagnoles (avant que Charles VI ne fut forcé d'abandonner ses prétentions sur l'Espagne par le traité de Rastadt de 1714). Nommé gouverneur de Moscou par son père, en 1708, Alexis se désintéresse cependant de sa fonction, et prend le parti, avec sa mère, des opposants aux réformes de Pierre le Grand.

La Grande Guerre du Nord (1700-1721)

Article détaillé : Grande guerre du Nord.

La Russie, alliée au Danemark et à la Pologne, entre en guerre contre la Suède du jeune Charles XII en 1700. Les Suédois s'étant emparé de territoires russes des rivages de la mer Baltique cinquante ans auparavant, Pierre voulait laver ce qui était pour lui un affront. De plus, la région occupée constituait un obstacle pour le tsar qui rêvait de faire de la Russie une puissance navale. Étant donné que la Suède avait une armée importante et était dirigée par un roi jeune et volontaire, Charles XII, la guerre fut plus longue et plus dure que ne le prévoyait Pierre.

Monument dédié à Pierre le Grand par Mark Antokolski à Taganrog.

L'armée russe non préparée à la guerre devait faire face à une importante armée suédoise professionnalisée, commandée par leur roi Charles, qui se révélait être un brillant stratège (il fut un adversaire important de Pierre).

La première tentative pour s'emparer de la côte baltique se termina par la bataille de Narva en 1700, au cours de laquelle 8 000 Suédois battirent 38 000 Russes. Charles attaqua alors Pierre et son allié, le roi Auguste II de Pologne. Pendant les huit années qui suivirent, les Suédois ravagèrent la Pologne et la Saxe et forcèrent Auguste à abandonner son trône polonais. Finalement en 1708, Charles envahit la Russie afin de prendre Moscou et de détrôner Pierre.

Carte de la baie de Saint Pétersbourg, fondée en 1703, avec l'île de Kotline, fortifiée par Pierre le Grand.

Dans le même temps, Pierre engagea une nouvelle campagne dans les pays baltes contre un nombre réduit de soldats suédois. Il conquit alors les terres de l'actuelle Estonie et l'embouchure du fleuve Néva, où il fonda la ville de Saint-Pétersbourg en 1703, ainsi que la forteresse Pierre-et-Paul qui y est sise, conçue par l'architecte suisse Domenico Trezzini (voir ci-dessous). Il fortifia à la même occasion l'île de Kotline dans le golfe de Finlande, à 20 km de St-Pétersbourg (la forteresse sera rebaptisée Kronstadt). Pensant qu'il pourrait battre Pierre à tout moment, Charles ignora ces campagnes.

Après l'avoir rencontré en Russie en 1708, Charles battit Pierre à Golovtchine le 3 juillet 1708, mais essuya sa première défaite à la Bataille de Lesnaya le 28 septembre 1708, lorsque Pierre écrasa l'aile gauche de l'armée suédoise qui s'en allait rejoindre l'armée principale de Charles à Riga. En raison de cette défaite, Charles fut forcé d'abandonner sa marche sur Moscou. Ne pouvant plus avancer vers l'est, Charles envahit l'Ukraine, appelée alors Petite Russie.

Pierre utilisa alors la technique de la terre brûlée qui eut comme conséquence l'impossibilité pour l'armée suédoise de se ravitailler. L'armée suédoise souffrit considérablement de l'hiver particulièrement froid de 1708-09, mais reprit la campagne ukrainienne pendant l'été 1709, espérant forcer Pierre à abdiquer.

Lorsque Charles eut repris la campagne, il trouva Pierre beaucoup plus belliqueux et les deux armées se livrèrent bataille à Poltava, le 27 juin 1709. Les années de labeur de Pierre pour améliorer l'armée russe furent récompensées lorsqu'il infligea une défaite écrasante aux Suédois, causant près de 10 000 morts et capturant la plupart des soldats restants dans l'armée ennemie. Aidé de diplomates autrichiens et français, Charles s'enfuit alors dans l'Empire ottoman, neutre jusqu'alors, et demanda de l'aide au sultan Ahmet III pour une nouvelle campagne. Convaincu par l'empereur de la Suède, celui-ci déclara la guerre à St Petersbourg le 20 novembre 1710, déclenchant la guerre russo-turque de 1710-1711.

Campagne du Prout de Pierre Ier en Moldavie (1710-1711). Pierre obtient la défection de l'hospodar de la Moldavie Dimitrie Cantemir, ce qui ne l'empêche pas d'être défait par le sultan Ahmet III.

Dirigée par Boris Cheremetiev (en), les troupes russes, auxquelles se jointes les troupes moldaves de Dimitrie Cantemir, qui a fait défection au sultan, sont défaites à Stănileşti en juillet 1711. Le traité de Prout (23 juillet 1711) entérine la victoire de Constantinople: la Russie lui concède les ports d' Azov et de Taganrog dont elle s'était emparé en 1697. En échange, Pierre 1er obtint d'Ahmet III qu'il s'abstienne d'ingérence dans le conflit entre la Russie et le tsar. En 1714, le sultan expulse Charles XII de Suède de son empire.

Au nord, les armées de Pierre conquirent la province suédoise de Livonie (la moitié nord de la Lettonie et de l'Estonie méridionale actuelles) et attaquèrent à nouveau les Suédois dans leur province de Finlande. Charles refusait toujours de signer un traité de paix et ce fut sa mort en 1718 qui permit l'arrêt des hostilités. Sa sœur, Ulrique Eléonore lui succéda et en 1721, le traité de Nystad mit fin à la "Grande guerre du Nord" et les côtes de la mer Baltique qui vont jusqu'à la frontière finlandaise et qui appartenaient alors à la Suède furent cédées à la Russie.

Empereur de toutes les Russies

Le 2 novembre 1721, le sénat de Russie accorda à Pierre le titre d'« Empereur de toutes les Russies », qui remplaça le traditionnel titre de Tsar qui lui était jusque-là accordé, manifestant ainsi la fascination de Pierre le Grand pour l'Europe de l'Ouest. Il fut rapidement reconnu comme tel par les rois de Pologne, de Prusse et de Suède. En 1724, il couronna sa seconde femme Catherine du titre d'impératrice.

La modernisation de la Russie

Les premières réformes

Pierre le Grand interrogeant le tsarévitch Alexis. Tableau de Nikolaï Gay, 1871.

Pierre commença à réformer la Russie dès le début de son règne, poussant le pays vers la modernité. Fortement influencé par ses conseillers occidentaux, il réorganisa l'armée russe le long des lignes européennes et rêva de faire de la Russie une puissance maritime importante. Il fit face à l'opposition de beaucoup de politiques russes et réprima brutalement toutes les rébellions envers son autorité, dont la révolte importante d'Astrakhan en 1705 (la rébellion Boulavine (en), du nom du Cosaque don éponyme) et celle des Bachkirs en 1707.

L'opposition de son fils Alexis et le procès de celui-ci (1716-1718)

En 1716, Pierre le Grand somma Alexis Petrovitch, son fils issu de son premier mariage, de choisir entre l'adoption sincère des nouvelles idées ou la renonciation au trône. Mais ce dernier profita d'un séjour de son père au Danemark pour fuir chez son beau-frère Charles VI à Naples. Des émissaires du tsar, dont Pierre Tolstoï (qui avait été ambassadeur à Constantinople) le convainquirent de rentrer en Russie, où il fut immédiatement enfermé à la forteresse Pierre-et-Paul.

Pierre l'obligea à dénoncer ses complices dans sa fuite, et fit parler la maîtresse d'Alexis, Euphrossine, celle-ci impliquant dans un complot de trahison tout le clan des Lopoukhine, dont Eudoxie (la première femme de Pierre), l'évêque de Kiev, le capitaine Glébov (ancien amant d'Eudoxie), cinquante religieuses et des centaines de boyards. Tous sont soupçonnés d'avoir voulu renverser Pierre pour mettre Alexis à sa place. Celui-ci aurait alors annulé toutes les réformes et fait de Saint-Pétersbourg un désert.

Une commission d'enquête, présidée par Menchikov, fût instituée; Pierre voulait en fait établir la culpabilité d'Alexis afin de pouvoir le déshériter sans appel. Pour ce, le prisonnier fut fouetté quotidiennement dans le but de le faire avouer, ce qu'il finit par faire.

Le 28 juin 1718, le procès d'Alexis débuta. Le 7 juillet, ce dernier est jugé « coupable de crime contre la sûreté de l'État » et condamné à être fouetté « jusqu'à ce que mort s'ensuive ». En réalité, il venait de mourir des suites de ses tortures [réf. nécessaire].

Afin de tenter de masquer les faits, un document diplomatique énoncera qu'Alexis est mort « après avoir confessé ses fautes et obtenu la grâce de son père » [réf. nécessaire].

Quant à Pierre Tolstoï, son aide lui valut d'être nommé à la tête de la Chancellerie secrète, comparable au Cabinet noir en France, mais avec des pouvoirs redoutables de police. Proche de Menchikov, Tolstoï tomba en disgrâce à la mort de Catherine Ire (1727).

Réformes spécifiques

Pour changer les vieilles coutumes russes, Pierre appliqua des mesures draconiennes. Il imposa dès le 5 septembre 1698 un impôt particulier pour les Russes les plus riches. Ceux-ci, sauf les prêtres, devaient payer cent roubles par an, alors que le reste de la population ne devait s'acquitter que d'un kopeck par tête. Cette taxe, avec bien d'autres, permit la modernisation de la Russie. Durant le règne de Pierre, le servage fut aussi réinstauré. Dès 1699, il promulgua également un oukase autorisant les russes à voyager à l'étranger.

Le 24 janvier 1722, il crée la Table des rangs afin de réduire le pouvoir des boyards. Le rang de noblesse n'était plus alors simplement héréditaire, mais déterminé par la fonction officielle de la personne, permettant ainsi éventuellement à des roturiers d'être anobli en étant nommé à des positions supérieures. Celle-ci demeura en vigueur jusqu'à la chute du tsarisme en 1917.

L'un des exemples les plus significatifs des réformes de Pierre pour abolir les anciennes coutumes, fut l'instauration en 1704 d'un impôt spécial sur le port de la barbe[4], considérant que celle-ci était un signe rétrograde par rapport aux autres européens. Jusqu'à cette époque, les hommes étaient très attachés à cet aspect de leur personnalité.

Ce sont les ciseaux ramenés dans ses valises depuis son voyage en Hollande, qui donnèrent à Pierre l'idée de l'oukase. Seul les récalcitrants souhaitant « conserver une ressemblance avec le Créateur », devaient s'acquitter d'une taxe annuelle proportionnelle à leur rang social, allant de cent roubles pour les nobles à 1/2 kopeck pour les paysans.

Face à l'impopularité de la mesure, Pierre publia un rectificatif, dispensant les religieux de l'oukase, et donc de la taxe.

Une bonne partie de la société russe accepta petit à petit cette contrainte, alors que l'hostilité du petit peuple restait manifeste. Pierre Ier réagit alors en éditant quelques oukases supplémentaires plus dissuasifs, tandis que le port du long vêtement traditionnel aux larges manches (le caftan, кафтан) fut également interdit au profit du costume porté à l'époque en Occident.

Tentatives de réformes juridiques

Pierre le Grand, conscient des retards de la Russie dans le domaine juridique tenta en 1700 de moderniser le code de 1649 en y incorporant les oukases promulgués depuis. Il réunit pour ce faire une première commission qui n'aboutit pas. Une seconde commission réunie en 1714 ne parvint pas non plus à rédiger un corps de lois suffisamment clair. En 1720, Pierre le Grand réunit une troisième commission dont le but était de rédiger un code général de lois russes sur le modèle suédois, puis danois. Ce fut à nouveau un échec.

Réformes économiques et techniques

Influencé par le mercantilisme, il tenta aussi d'encourager l'industrie et le commerce, malgré une faible proportion de négociants, ainsi que l'enseignement et la science (en incluant les inventions d'Isaac Newton qu'il avait apprises en Europe de l'Ouest) - il envoyait les jeunes à l'étranger afin d'améliorer leurs connaissances. Son règne connut par ailleurs l'adoption du calendrier julien, la simplification de l'alphabet cyrillique, l'introduction des chiffres arabes et la publication du premier journal en langue russe.

Réformes religieuses

L'Église orthodoxe russe était fortement opposée aux réformes de Pierre. Elle les estimait néfastes pour la survie des vieilles traditions russes et dangereuses pour sa puissance (Pierre ordonna même de fondre les cloches en bronze des églises pour fabriquer des canons). Après la mort du patriarche Adrien en 1700, Pierre ne nomma pas de successeur, et en janvier 1721, il établit le Saint Synode pour régir l'Église (provoquant un schisme de Vieux-Croyants ), ce qui fut par ailleurs l'étape finale de ses réformes.

Fondation de Saint-Pétersbourg

Statue équestre de Pierre Ier à Saint-Pétersbourg

L'une des œuvre majeure du règne de Pierre le Grand fut la construction d'une nouvelle ville sur les rives de la Mer Baltique, au fond du Golfe de Finlande. La cité qu'il baptisa Saint-Pétersbourg, devait être résolument tournée vers l'occident et la modernité. Elle devint aussitôt la capitale de l'Empire russe et le resta jusqu'à 1917.

Dès 1703, Pierre ordonna dans un temps la construction de fortifications à l'embouchure de la Néva, destinées à abriter l'armée durant la Grande Guerre du Nord contre la Suède. Il construisit la forteresse de Schüsselbourg (la ville-clé) et fit fortifier l'île de Kotline.

Puis l'idée de construire une ville sur les marécages environnant lui vint en 1706, sans doute parce que l'emplacement de Saint-Pétersbourg en faisait un port maritime le plus souvent libre des glaces et bien relié par la Néva au réseau fluvial de la Russie. L'édification de la ville releva du défi et engouffra une grande partie des ressources de la Russie dans la tradition autocratique des tsars, sans ménager le sang de son peuple : 30 000 serfs en 1706, puis 40 000 en 1707, seront enrôlés de force pour édifier la ville [réf. nécessaire].

Saint-Pétersbourg fut construite sur pilotis comme le faisaient les Hollandais. La pénurie de maçons étaient telle que la construction de bâtiments en pierre demeura interdite jusqu'en 1714 dans toute la Russie, tant que les travaux sur les fondations de la ville étaient en cours. Au total, dit-on [Qui ?], cent mille ouvriers périrent dans les marécages pour l'édification de Saint-Pétersbourg.

Anecdotes

Détail de la statue de Pierre le Grand due à Zourab Tsereteli et située sur les bords de la Moskova, à Moscou

Lorsque Pierre Ier effectuera un séjour en principauté de Liège, à Spa, en 1714, pour y « prendre les eaux », il acheta une multitude d’objets provenant de l’artisanat local (Jolités de Spa), et fit le projet d’ouvrir un Spa russe à Olonets (la source la plus célèbre de Spa, porte d'ailleurs le nom de « Pierre le Grand ». Un buste du tsar, offert par le prince Anatole Demidoff, y fut placé en 1856).

Lors de sa visite de trois mois en France, en 1717, Pierre le Grand fit la connaissance du « premier acteur tragique de Paris », Michel Baron, et lui donna son épée en signe de reconnaissance pour son talent[5].

Succession

Étant donné que la descendance de Pierre ne comportait en 1722 que trois filles, dont une mourra bientôt, l'empereur promulgua une loi [réf. nécessaire] selon laquelle le souverain régnant devait désigner lui-même son successeur, à l'encontre de la tradition russe. Il réussit à marier Anna Petrovna, sa fille née, hors mariage, de sa seconde femme, et alors âgée de 16 ans et demi, avec Charles Frédéric de Holstein-Gottorp, qui avait échoué à prendre la succession de son oncle Charles XII de Suède à sa mort en 1718, et avait alors quitté la Suède, devenant commandant des troupes de la Garde à St-Petersbourg. Le contrat de mariage stipulait qu'Anna et Charles Frédéric devait abandonner toute prétention au trône de la Russie, et Pierre le Grand obtient à la suite de cette clause [réf. nécessaire] le droit de nommer son successeur. De ce mariage naquit le futur Pierre III de Russie en 1728, et Anna mourut peu après, à l'âge de 20 ans.

Comme le tsar mourut en janvier 1725, frappé d'une nouvelle crise d'urémie, sans avoir désigné d'héritier, le trône échut à sa seconde femme, Catherine, que la garde proclama impératrice.

Après la mort de Pierre en 1725, sa seconde femme, nommé impératrice l'année précédente, monta sur le trône en tant que Catherine Ire de Russie et mourut deux ans après. La descendance de la maison Romanov a ensuite été assurée par Pierre II de Russie, fils d'Alexis Pétrovitch et de Charlotte de Brunswick-Wolfenbüttel, et désigné héritier par Catherine Ire. Trop jeune pour gouverner, celui-ci laisse d'abord les reines du pouvoir à la famille Dolgoroukov, qui prend le contre-pied de la politique de Pierre le Grand et de Catherine Ier, avant de s'en emparer et de poursuivre l'œuvre de Pierre, en étant notamment conseillé par Menchikov, qui avait été nommé chef du gouvernement par Catherine Ier.

Pierre III Fiodorovitch, duc de Holstein-Gottorp (en) à partir de 1739, monta enfin sur le trône de Russie en 1762, succédant à plusieurs souverains depuis Pierre II (Anne Ire, nièce de Pierre le Grand et fille d'Ivan V, qui avait partagé le trône de Russie avec Pierre le Grand jusqu'à sa mort en 1696; puis Ivan VI, petit-neveu d'Anne Ire; enfin Elisabeth Ire, fille de Pierre le Grand et de Catherine Ire).

Bibliographie

  • Pierre Kovalevsky, Histoire de Russie, Librairie des Cinq Continents, Paris, 1970
  • Alla Nikolaïévna Tchesnokova, Les étrangers et leurs descendants à Saint-Pétersbourg,

Editions Satis, Saint-Pétersbourg, 2003 (ouvrage en russe).

  • Robert K. Massie "Pierre le Grand " Fayard 1985

Notes et références

  1. Kolavevsky (1970), op. cit. p.  207
  2. Kovalevsky, Pierre (1970), Histoire de Russie, Librairie des Cinq Continents, Paris, p.  208
  3. (en) Michael C. Paul, "The Military Revolution in Russia 1550-1682," in The Journal of Military History 68 No. 1 (January 2004): 9-45, p.21
  4. Aloïse Prümm (2002), L'impôt sur la barbe.
  5. Tchesnokova, Alla Nikolaïévna (2003), Les étrangers et leurs descendants à Saint-Pétersbourg, Editions Satis, Saint-Pétersbourg, 2003 (ouvrage en russe), p.  169
Précédé par Pierre Ire Suivi par
Fédor III
Tsar, puis empereur de Russie
1682-1721
(avec Ivan V 1682-1696)
Catherine Ire
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