Pierre Faillant de Villemarest

Pierre Faillant de Villemarest

Pierre de Villemarest

Pierre de Villemarest
Naissance 10 décembre 1922
Décès 22 février 2008
Nationalité France France
Profession(s) Journaliste
Essayiste

Pierre Faillant de Villemarest, né à Chalon-sur-Saône le 10 décembre 1922 et mort le 22 février 2008[1], est un ancien résistant, membre des services de contre-espionnage français, devenu journaliste et écrivain, spécialiste des relations internationales.

Sommaire

Biographie

Résistance et renseignement

Issu d’une famille très ancienne, Pierre Faillant de Villemarest a suivi des études en droit et en sciences politiques, études qui furent interrompues par son engagement contre l’occupation nazie de la France[2].

En septembre 1940, il participe à la création de « la Dernière Colonne », un petit groupe de résistants dont les fondateurs étaient Emmanuel d’Astier de La Vigerie et Édouard Corniglion-Molinier. On y trouve également Lucie Aubrac, Louis Aragon et André Philip. Ce groupe deviendra Libération-Sud. À la suite d’un différend politique, Villemarest rejoint l’Armée secrète dont il commande en 1943 un groupe franc dans le Vercors. Agent P2 du réseau Kléber, spécialisé dans le renseignement, il participe à la dénazification de l’Allemagne et de l’Autriche, et tisse des liens avec les services américains et anglais dès cette époque.

Après la guerre, il est décoré de la croix de guerre 1939-1945, de la Croix du combattant volontaire de la Résistance et de la médaille des engagés volontaires[3].

De 1945 à 1950, il est membre du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE). Il est emprisonné pendant la guerre d’Algérie pour son appartenance à l’Organisation armée secrète(OAS), après son passage au Mouvement populaire du 13-Mai (MP-13) de Robert Martel. En 1968, il épouse Danièle Martin, fille du docteur Martin, cofondateur de la Cagoule et membre de l’OAS.

Pierre de Villemarest était membre de l’Amicale des anciens des services spéciaux de la Défense nationale (ASSDN).

Journalisme

Devenu journaliste, il travailla à partir de 1951 au service étranger de l’Agence France-Presse (AFP), et collabora à diverses publications dont L’Aurore, Valeurs actuelles, Défense de l’Occident, La Vie française, Le Quotidien de Paris, Historia[4].

Il a aussi fait partie du comité de rédaction du journal Monde & Vie, « bimensuel catholique et national » de Claude Giraud, animatrice à Radio Courtoisie. Avec sa femme Danièle Martin, Pierre de Villemarest anima par ailleurs un Libre journal sur cette radio. Lors d’une émission animée par Claude Giraud le 20 mars 1997, il tint des propos considérés comme révisionnistes sur les chambres à gaz nazies[5], ce qui entraîna une mise en demeure de la part du CSA[6], et une plainte en 1997 de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation dans le cadre d’« actions juridiques contre le négationnisme[7] ». Dans une lettre adressée au Réseau Voltaire, l’intéressé écrira n’avoir « jamais nié l’holocauste », mais posséder « [des] chiffres qui ne correspondent pas à ceux qui sont habituellement cités »[8].

Pierre de Villemarest était le directeur du Centre européen d’information (CEI), basé à Cierrey, dans l’Eure, qu’il fonda en 1970. La Lettre du Centre européen d’information, dont il était le rédacteur en chef[9], décrit notamment les activités de la Trilatérale et du Groupe Bilderberg. Il lui fut reproché par ses opposants de diffuser des théories conspirationnistes[10].

Pierre de Villemarest était vice-président du Syndicat national de la presse privée, membre de la Société des auteurs et créateurs de Normandie, et l’un des animateurs du Centre de recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001[11]. Il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, très diffusés dans certains pays d’Europe de l'Est, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, portant sur les sujets dont il était un spécialiste reconnu, tels que les services de renseignement soviétiques[12], la Gestapo[13], l’espionnage contemporain, le terrorisme, ou encore les rapports URSS-Allemagne[14].

Théories

Guerre russo-japonaise

Villemarest désigne la banque Kuhn, Loeb & Co comme ayant favorisé la guerre russo-japonaise en assurant aux Japonais qu’ils pouvaient compter sur son financement en cas de conflit avec la Russie[15].

La Triple Entente

Pour Villemarest, citant l’historien Carroll Quigley[16], des cercles bancaires internationaux influents inspirèrent la Triple Entente en la faisant précéder par la création d’« une multitude de réseaux discrets »[17].

Les emprunts russes

Villemarest désigne la banque Rothschild qui, après avoir incité le public français à souscrire les emprunts russes, se désintéressa totalement de lui au moment où les bolcheviques commencèrent à recevoir de l’argent de milieux bancaires internationaux de Londres et de Stockholm[18].

La Synarchie

Pierre de Villemarest désigne l’identité foncièrement semblable de phénomènes comme la nouvelle politique économique (NEP) en URSS, le fascisme en Italie, le nazisme en Allemagne, le New Deal aux États-Unis et la révolution nationale en France et déclare qu’il s'agit de phénomènes voulus et provoqués simultanément par une organisation nommée Synarchie, sans doute liée à des hautes loges de type maçonnique d’obédience martiniste[19]. [Voir aussi : l’Ordre martiniste synarchique, fondé par Victor Blanchard en 1920, dans l’article Martinisme.] Villemarest a accusé Hjalmar Schacht, Otto Abetz, Ernst Achenbach d’en faire partie. Il se dit persuadé de l’existence de cette organisation et déclara que, pour avoir publié le livre Le 14e complot du 13 Mai, en 1960, qui révélait que cette organisation avait des membres jusque dans l’entourage du général de Gaulle, il avait été interrogé plus de cent heures d’affilée au motif de « complot », sur ordre du ministre de l’Intérieur Roger Frey qui apparemment cherchait à connaître ses sources et les documents en sa possession[20]. Villemarest a soutenu qu’il avait circulé à Vichy vers le mois de décembre 1943 un fascicule à tirage restreint de 55 pages, divisé en onze chapitres et intitulé L’Impérialisme allemand et les Sociétés secrètes germaniques, décrivant l’action de ces sociétés secrètes du Moyen Âge à 1939 et leurs ramifications jusqu’au niveau d’Adolf Hitler, correspondant à la définition du complot de la Synarchie. Ce fascicule aurait été rédigé à l’inspiration de milieux militaires français[21].

Financement du nazisme

Villemarest a souligné que les cotisations des membres du NSDAP, même augmentées des droits d’auteur de Mein Kampf, furent très insuffisantes pour financer la propagande, l’équipe attachée à Hitler et les milliers de permanents, y compris après 1930 où le nombre de cotisants avait franchi les 200 000 membres. Il dénonce comme mensongère l’affirmation de Hjalmar Schacht au Tribunal de Nuremberg selon laquelle Hitler et ses cadres ne vivaient que des cotisations du parti[22]. Villemarest a évoqué la parution en Hollande d’un opuscule sous le pseudonyme de Sydney Warburg, De Geldbronnen van het nationaal-sozialism: drie gesprenken met Hitler, aux éditions Van Hokelman & Warendorf qui aurait presque aussitôt disparu de librairie car acheté en masse dès sa sortie et traitant des ressources financières du nazisme en 1929, 1931 et 1933, apparement rédigé par un infiltré[23] qui pourrait être George Bell, agent de Henri Deterding, ou les frères Otto Strasser et Gregor Strasser, vicitimes de l'épuration au sein du NSDAP un an après la sortie de l’opuscule[24]. Il rappelle qu’en janvier 1932 Paul Faure intervint vivement à la Chambre des députés en accusant le groupe Creusot-Schneider d’aider au réarmement allemand, via ses implantations en Tchécoslovaquie et en Hongrie, tandis qu’un de ses associés aux Pays-Bas drainait des fonds pour le NSDAP[25].

Ouvrages

  • Le 14e complot du 13 Mai, Presses continentales, 96 p., 1960.
  • Histoire intérieure de l’U.R.S.S. depuis 1945, éd. Les Sept couleurs, 315 p., 1962.
  • L’Espionnage soviétique en France 1944-1969, Nouvelles éditions latines, 319 p., 1969.
  • La Marche au pouvoir en U.R.S.S., éd. Les Grandes Études contemporaines, 466 p., 1969.
  • La Terreur en URSS, NKVD contre Internationale communiste, 1930-1940.
  • Le NKVD dans la guerre. Les guérillas en Europe centrale 1941-1953, éd. Beauval/Ferni, Paris/Genève, 1976/1978.
  • Histoire secrète des internationales terroristes 1945-1975 (4 volumes Amérique latine, Moyen-Orient, Europe), éd. Beauval/Famot, Paris/Genève, 1976.
  • Les Stratèges de la peur, éd. Voxmundi, Genève, 1980.
  • Le tsarévitch n’est pas mort ou le Revenant d’octobre, éd. Crémille/Famot, Genève/Paris, 1984.
  • Manuel de politique internationale, éd. Nouvelle Acropole, 68 p., 1977.
  • Exploits et bavures de l’espionnage américain : les espions du Président, l’O.S.S., la C.I.A., éd. Famot, 3 volumes de 250 p., 1978.
  • Quand l’URSS était l’alliée des nazis, éd. Crémille/Famot, Genève, Paris, 1984.
  • Les Sources financières du communisme. Quand l URSS était l’alliée des nazis, éd. CEI, 255 p., 1984. (ISSN 09859470)
  • Les Sources financières du nazisme, éd. CEI, 93 p., 1984.
  • Avec Clifford A. Kiracoff, GRU : le plus secret des services soviétiques 1918-1988, éd. Stock, 335 p., 1988. (ISBN 2234021197)
  • Avec Danièle de Villemarest et Clifford A. Kiracoff, Le Coup d’État de Markus Wolf : la guerre secrète des deux Allemagnes, 1945-1991, éd. Stock, 389 p., 1991. (ISBN 223402224X)
  • Polyarnik : histoire d’un chef d’État espion épisodique de Moscou. Une contre-enquête à propos de Willy Brandt, éd. Godefroy de Bouillon, 191 p., 1999. (ISBN 2841910946)
  • Le Mondialisme contre nos libertés, réédition complétée en 2001. (ISBN 2909341259)
  • Le Dossier Saragosse : Martin Bormann et Gestapo-Muller après 1945…, avant-propos de Vladimir Boukovsky, collection « Renseignement & Guerre secrète », éd. Lavauzelle, 2002, 262 p. (ISBN 2702505783)
  • Avec Danièle de Villemarest et William D. Wolf, Faits et chroniques interdits au public, éd. Aquilion, 124 p., 2003. (ISBN 2951741510)
  • Avec Danièle de Villemarest et William D. Wolf, Faits et chroniques interdits au public : les secrets de Bilderberg, éd. Aquilion, 172 p., 2004. (ISBN 2951741529)
  • Avec Danièle de Villemarest, Le KGB au cœur du Vatican, Éditions de Paris, 310 p., 2006. (ISBN 2851620525) [présentation en ligne]

Références

  1. Dépêche AFP du 24 février 2008 sur spyworld-actu.com
  2. Annuaire de la Société des auteurs et créateurs de Normandie.
  3. Présentation sur le site Centre de recherches sur le terrorisme
  4. Henry Coston, Dictionnaire de la politique française, tome V, 2000
  5. Voir Nicole Vulser, « Le CSA est décidé à sanctionner Radio Courtoisie pour des propos négationnistes tenus à l’antenne », dans Le Monde, 9 avril 1997. Extrait : « À propos du génocide perpétré par les nazis contre les juifs au cours de la seconde guerre mondiale, l’un des invités habituels de la station, Pierre de Villemarest, a affirmé : “Je ne dis pas qu’il n’y a pas eu de chambres à gaz, je dis qu’il y a eu des essais de chambres à gaz. […] Je connais deux ou trois cas d’essais et ce sont des témoignages allemands. […] J’ai les chiffres précis […], qui démentent tous les chiffres qu’on a donnés.” »
  6. « Radio Courtoisie mise en demeure pour diffusion de propos révisionnistes », Lettre du CSA, n°  92, 2  avril 1997
  7. Actions juridiques contre le négationnisme, par la Fondation pour la mémoire de la déportation
  8. « Pierre de Villemarest nous écrit », Réseau Voltaire, 15 avril 1997
  9. Pierre Faillant de Villemarest. Tři Internacionály proti našim svobodám (Akta Evropského informačního střediska, série 1993-1994)
  10. « Les dérapages incontrôlés de Radio Courtoisie », par Tristan Mendès France et Michaël Prazan
  11. Site internet
  12. « URSS: M. Leonid Chebarchine nouveau chef du KGB », Le Monde, 24 août 1991.
  13. (en) « The one who got away », The Sunday Times, 8 mai 2005.
  14. « Le GRU : le plus secret des services soviétiques, 1918-1988 ».
  15. Pierre de Villemarest, Les Sources financières du nazisme, éd. CEI, 1984, p. 18
  16. Carroll Quigley Tragedy and Hope, éd. The MacMillan Company, New York, 1966.
  17. Pierre de Villemarest, Les Sources financières du nazisme, éd. CEI, 1984, p. 17.
  18. Pierre de Villemarest, Les Sources financières du nazisme, éd. CEI, 1984, p. 17
  19. Pierre de Villemarest, Les Sources financières du nazisme, éd. CEI, 1984, p. 65
  20. Pierre de Villemarest, Les Sources financières du nazisme, éd. CEI, 1984, p. 53.
  21. Pierre de Villemarest, Les Sources financières du nazisme, éd. CEI, 1984, p. 53
  22. Pierre de Villemarest, Les Sources financières du nazisme, éd. CEI, 1984, p. 38
  23. Pierre de Villemarest, Les Sources financières du nazisme, CEI, 1984, p. 27
  24. Pierre de Villemarest, Les Sources financières du nazisme, CEI, 1984, p. 28
  25. Pierre de Villemarest, Les Sources financières du nazisme, éd. CEI, 1984, p.  27.
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