Pieds-Noirs

Pieds-Noirs
Page d'aide sur l'homonymie Cet article traite des Européens d'Algérie. Voir aussi l’article consacré aux amérindiens Pieds-Noirs (peuple)
Pieds-Noirs
Sidiferuch landing 1830.jpg
Débarquement de Sidi-Ferruch, le 14 juin 1830
Populations
Population totale 2 000 000[réf. nécessaire]
Flag of France.svg Algérie française  (1830-1962)
Drapeau de France France
Drapeau d'Espagne Espagne
Drapeau d'Argentine Argentine
Autre
Région d'origine Europe
Langue(s) français, pataouète
alsacien, arabe algérien, lorrain, corse, espagnol, catalan, maltais, italien, allemand, anglais, flamand
Religion(s) Catholicisme, Judaïsme, Protestantisme
Groupe(s) relié(s) Français, Espagnol, Anglo-Maltais, Italien, Allemand, Suisse, Anglais, Belge
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« Pied-noir » désigne informellement, parfois un Français de souche européenne installé en Afrique française du Nord jusqu'à l'indépendance, c'est-à-dire jusqu'en mars 1956, pour le protectorat français de Tunisie et protectorat français du Maroc, et juillet 1962 pour l'Algérie française et le Sahara français, parfois un Français originaire d'Algérie (Français d'Algérie).

Sommaire

Définitions de « Pied-Noir »

Vue de la colonie de La Calle, chef-lieu de la Compagnie Royale d'Afrique sur la côte de la barbarie. 1788

Deux définitions contradictoires de « pied-noir » indiquent assez bien l'imprécision de ce terme.

D'après le dictionnaire Larousse, « pied-noir » (et « pieds-noirs ») est un nom et un adjectif qui signifie[1]:

« Français d'origine européenne installé en Afrique du Nord jusqu'à l'époque de l'indépendance. »

D'après le Dictionnaire de la langue française, « pied-noir » est un nom masculin, dont le sens moderne, apparu vers 1955, est:

« Français vivant en Algérie (et considérant l'Algérie française comme sa patrie); puis Français originaire d'Algérie. Les pieds-noirs rapatriés - Au féminin Une pied-noir (rare: Une pied-noire)[2]. »

Le seul groupe commun aux deux définitions est celui des Français d'Algérie descendants d'émigrants européens, et « rapatriés » dans les années 1960.

L'exclusion, par l'une ou l'autre définition, des rapatriés du Maroc et de Tunisie, ou des Juifs sépharades et des descendants d'autochtones de citoyenneté française « rapatriés » d'Algérie, reflète l'attitude d'acceptation ou de refus de l'expression « pied-noir » par les membres de ces groupes. Ainsi, selon Hubert Hannoun, écrivain, « l'expression de pieds-noirs ne peut être employée pour désigner les Juifs originaires d'Algérie. Les pieds-noirs sont les descendants de tous les Européens – majoritairement français – qui, à partir de 1830, se sont installés en Algérie pour en faire une colonie de peuplement. Les Juifs, eux, sont présents dans le pays dès le IIe ou IIIe siècle, donc bien avant les Français, les Turcs et les Arabes. Leur histoire n'est pas celle des pieds-noirs »[3].

D'autre part, les deux définitions n'ont pas la même extension temporelle: Le Robert réserve l'appellation aux personnes contemporaines de la Guerre et du départ d'Algérie, alors que Larousse semble lui donner une valeur rétroactive.

Dès lors, selon la définition du Larousse, les colons installés dès 1560 dans les « possessions françaises sur la côte septentrionale de l'Afrique », telles que le Bastion de France et La Calle, sont considérés comme des Pieds-noirs qui s'ignoraient.

Distinctions

Usage

Le terme "Pied-noir" étant d'origine incertaine, son usage courant est donc générique et imprécis. Il convient donc d'établir des distinctions pour en apprécier la portée. D'une part, certains membres de cette communauté considèrent l'appellation « Pied-noir » comme péjorative voire offensante y préférant la dénomination, plus formelle, de « Français d'Algérie », beaucoup plus conforme à la réalité. D'ailleurs, beaucoup d'entre eux ont sur leur numéro d'INSEE : leur numéro de département de naissance: 91 Alger, 92 Oran, 93 Constantine, 94 Territoires du Sud. D'autre part, certains rapatriés israélites séfarades ne se considèrent pas « Pieds-noirs » puisqu'ils se définissent eux-mêmes, ou sont définis, comme « Juifs d'Algérie »[4],[5].

Au contraire, en 1987 l'emblématique Enrico Macias, qui malgré son pseudonyme à consonance hispanique est un rapatrié israélite séfarade, voudrait que[6] « les Pieds-Noirs c'est pas seulement les catholiques, c'est aussi les musulmans et les israélites », car selon lui « toutes ces communautés forment la communauté nord- africaine ».

Rapatriés et immigrés

Les rapatriés sont une catégorie particulière de réfugiés, en ce sens que leur pays d'accueil est leur patrie, c'est-à-dire le pays dont ils ont la nationalité.

Depuis la Révolution de 1789, la population française est officiellement répartie en deux grands groupes : les Français et les étrangers, non dotés de la nationalité française. Dans certains tableaux de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), la distinction est faite parmi les Français entre les Français de naissance y compris par réintégration, et les Français par acquisition c'est-à-dire par naturalisation, mariage, déclaration ou à leur majorité. La population étrangère est définie en fonction d’un critère de nationalité : « est étrangère toute personne résidant en France qui n’a pas la nationalité française. Un étranger peut acquérir la nationalité française au cours de sa vie, en fonction des possibilités offertes par la législation. Il devient alors français par acquisition ». Le critère du lieu de naissance permet de définir la population immigrée :

« est immigrée toute personne née étrangère, dans un pays étranger, qui vit en France. Cette population se compose pour la plus grande partie d’étrangers mais aussi de personnes qui ont acquis la nationalité française. Tout étranger n’est pas nécessairement un immigré, et tout immigré n’est pas forcément un étranger ».:

Toutefois, cette définition très restrictive de l'immigration est spécifique à la France. Selon la définition internantionale des Nations Unies, qui n'intègre pas de critère de nationalité dans sa définition :

« est immigrée toute personne née dans autre pays que celui où elle réside ».:

Selon la définition française, les rapatriés d'Algérie (Européens, Juifs et Harkis) ne sont pas considérés comme immigrés puisqu'ils étaient Francais en arrivant en métropole alors qu'ils le sont selon la définition internationale des Nations Unies. Ceci explique leur présence à la Cité de l'Immigration. D'autre part une bonne partie des rapatriés européens étaient déjà issus de l'immigration espagnole, italienne, maltaise etc.

Rapatriés d'Algérie et Pieds-Noirs

Dans l'usage courant « pied-noir » est un quasi synonyme de « rapatrié d'Algérie ». « Rapatrié » fait référence à un statut administratif qui a concerné, à partir de 1962, les « Français d'Algérie » originaires des départements français d'Algérie et du Sahara au moment de l'indépendance de ces deux entités le 5 juillet 1962.

Parmi les rapatriés d'Algérie, qui étaient tous de nationalité française, sont englobés la majorité des « Européens » et des juifs séfarades et un nombre limité de « musulmans » (arabes et berbères), plus souvent désignés par le terme générique de harkis, c'est-à-dire ceux des militaires, anciens supplétifs de l'armée française, et leurs familles qui ont pu trouver asile en métropole. La différence de statut civique entre « européen » et « harki  » fait que le second n'est que supplétif de l'armée française (contractuel) et non membre à part entière de l'armée française. Il est à noter que quelques milliers de musulmans étaient citoyen de droit commun et ont donc conservé automatiquement leur nationalité française en 1962 (essentiellement des militaires, des caïds comme la famille du recteur actuel de la Mosquée de Paris Dalil Boubakeur ou les parents de Yazid Sabeg, commissaire à la diversité). La majorité des musulmans, citoyens de droit local, ont perdu leur nationalité française en 1962.

Les « Européens » rapatriés sont de culture chrétienne ou juive, ils sont d'origine française (en provenance de toutes les régions de la métropole mais en particulier d'Alsace et de Lorraine[7]) ou étrangère. La proportion d'étrangers monte en 1886 à 49 % des Européens d'Algérie, pour décroître après la loi sur les naturalisations du 26 juin 1889. En 1884, on recense un peu plus de 48 % d'étrangers parmi les 376 772 Européens, avec des différences notables selon les départements : 40 % dans le département d'Alger (56 751 étrangers et 84 816 Français), plus de 59 % dans le département d'Oran (84 881 étrangers et 58 085 Français — la proportion monte à 68 % pour la seule ville d'Oran), 43 % dans celui de Constantine (39 722 étrangers et 52 517 Français)[8] (principalement d’Espagne mais aussi de Malte, d’Italie, d’Allemagne de Suisse et d'Angleterre). Les motifs d'installation en Algérie des colons sont variés, attrait pour les concessions, incitation et facilité d'installation par les autorités françaises (en particulier Allemands et Suisses), élévation du niveau de vie (Maltais), fuite de la guerre civile (guerres de succession d'Espagne 1833-1840 — à laquelle la France prend part — 1846-1849, 1872-1876, guerre d'Espagne 1936-1939), déportation des résistants au coup d'État du 2 décembre 1851 sous Napoléon III) ou annexion du territoire (Anglo-Maltais, Alsaciens et Lorrains suite à la guerre franco-prussienne de 1870). La politique d'assimilation de la France en Algérie se traduit par la naturalisation des étrangers suite au décret Crémieux de 1870 et loi du 26 juin 1889, les colons détenaient 90% des meilleures terres agricoles (région d'Alger, Tiaret, Oran, etc.) dans l’arrondissement d’Aïn Temouchent par exemple, les Européens, soit 15 % de la population, possédaient plus de 65 % de l'ensemble des terres[9].

Selon les historiens Guy Pervillé et Benjamin Stora [10], les colons méprisaient les algériens qui leur font peur et sont indifférents face à leur revendications .

Différences de statut entre les départements français d'Algérie-Sahara et protectorats de Tunisie-Maroc

La fin du protectorat français de Tunisie (1881-1956) et du protectorat français du Maroc (1912-1956) a entraîné en 1956 le rapatriement des français de souche européenne. Ces deux pays étaient placés sous protectorat et ne relevaient pas du statut de colonie, alors que l'Algérie fait, de 1848 à 1962, partie intégrante du territoire national.

Durant l'intervalle compris entre 1830 et 1848, la conquête de l'Algérie — ou plus exactement du protectorat ottoman nommé Régence d'Alger — se poursuit et les nouveaux espaces conquis sont appelés « possessions françaises » : il s'agit alors de « colonies » et de « provinces » (1848). Après la création des départements français d'Algérie, cette France d'outre-mer avant la lettre disposait d'un statut plus proche d'un territoire tel que la Corse, sous statut métropolitain et acquis de la république de Gênes par la France en 1769, que d'une colonie.

En réaction aux premiers attentats indépendantistes marquant le début de la guerre d'Algérie (1954-1962), le 12 novembre 1954, Pierre Mendès France (Radical-Socialiste), président du Conseil s'adressant à l'Assemblée nationale, exprime clairement la distinction entre l'Algérie d'une part, la Tunisie et le Maroc d'autre part [11],[12],[13],[14]:

« On ne transige pas lorsqu'il s'agit de défendre la paix intérieure de la Nation, l'unité, l'intégrité de la République. Les départements d'Algérie constituent une partie de la République Française. Ils sont Français depuis longtemps et d'une manière irrévocable. Leurs populations qui jouissent de la citoyenneté Française et sont représentées au Parlement ont d'ailleurs donné dans la paix, comme autrefois dans la guerre, assez de preuves de leur attachement à la France pour que la France à son tour, ne laisse pas mettre en cause cette unité. Entre elles et la métropole, il n'y a pas de sécession concevable. Jamais la France, aucun gouvernement, aucun Parlement Français, quelles qu'en soient d'ailleurs les tendances particulières, ne cédera sur ce principe fondamental. J'affirme qu'aucune comparaison avec la Tunisie ou le Maroc n'est plus fausse, plus dangereuse. Ici c'est la France. »

« Français d'Algérie » et « Français de France »

Si le regard porté, aussi bien par le français métropolitain que par le nationaliste algérien, tunisien ou marocain, sur la communauté pied-noire ne distingue pas - comme en atteste la définition du Larousse et les attentats du FLN - dans cette société coloniale composite le colon métropolitain récemment installé (à l'image de l'instituteur Guy Monnerot originaire de Limoges venu enseigner dans un hameau algérien et victime de la Toussaint rouge en 1954) du colon vivant depuis plusieurs générations (tel le général Edmond Jouhaud natif de Bou Sfer descendant de pionniers originaires de Limoges ayant émigré en Algérie et acteur du putsch des généraux en 1961), le Pied-Noir, lui, fait la distinction entre « Français d'Algérie » et « Français de France ».

« Pieds-Rouges » et « Pieds-Gris »

Article détaillé : Pieds-Rouges.

Le terme « Pieds-Rouges » désigne les Pieds-Noirs communistes révolutionnaires (membres du Parti communiste algérien extrêmement minoritaires, trotskystes ou maoïstes) et anticolonialistes qui ont soutenu le mouvement indépendantiste et/ou ont refusé le rapatriement pour demeurer en République algérienne. Cette expression est utilisée dans plusieurs ouvrages dont Le pied-rouge[15] (1974) de Bernard Lecherbonnier, Le Pied-Rouge[16] (1999) de François Muratet, Vergès: le maître de l'ombre[17] (2000) de Bernard Violet, Les Russes du Kazakhstan[18] (2004) de Marlène Laruelle et Sébastien Peyrouse ainsi que dans Algérie, les années pieds-rouges: Des rêves de l'indépendance au désenchantement, 1962-1969[19] (2009) par Catherine Simon.

Dans son ouvrage Parcours d'une intellectuelle en Algérie: nationalisme et anticolonialisme, Monique Gadant s'interroge sur l'origine de l'expression et en propose une définition: « d'où sort ce terme de pieds-rouges dont les Français sont subitement affublés ? Il est plutôt péjoratif car il est censé désigner des gens qui seraient venus en Algérie, dit-on, avec l'intention de ce pays comme banc d'essai de leurs théories révolutionnaires ou parce qu'ils auraient été frustrés d'une révolution qu'ils n'auraient pas pu faire chez eux. »[20]. En 1976, lors de l'émission Apostrophes, le célèbre humoriste et comédien, Guy Bedos s'adressant à Michel Jobert, pied-noir du Maroc et gaulliste de gauche, déclare « je suis pied-noir et rouge moi »[21].

Une autre expression dérivée de Pieds-Noirs désignerait les « petits pieds-gris, enfants issus de pieds-noirs et de métropolitains aux pieds blancs »[22]. Une toute autre définition de « Pieds-Gris » est rapportée par le sociologue René Domergue dans L'intégration des pieds-noirs dans les villages du Midi et le chapitre "C'est Nous Les Vrais Pieds-Noirs: La Diversité pied-noire : Tunisiens, Marocains, Oranais, Bônois..." où l'auteur retranscrit la déclaration de Sabine[4]:

« Je suis Pied-Gris. Je viens de Tunisie, je suis arrivée en 62. Je faisais partie de la masse des rapatriés. Je me suis d'abord assimilée à eux. Les Pieds-Noirs d'Algérie m'ont tout de suite fait savoir que non. Quand je disais je suis pied-noire, la personne en face de moi me disait : Oui mais d'où ? Quand je répondais "de Tunisie", elle me disait : Mais ceux de Tunisie ne sont pas des Pieds-Noirs. C'est pourquoi je me suis appelée Pied-Gris ».

« Les vrais Pieds-Noirs »

L'étude sociologique de René Domergue met en évidence à la fois les distinctions que font entre eux les rapatriés ainsi que les problèmes liés à l'évolution de la définition même de Pied-Noir. Ainsi le chercheur rapporte d'abord le cas de Marie, rapatriée installée dans les Cévennes; alors qu'il lui demande si elle est pied-noire, celle-ci lui répond: « Non, pas du tout... Je suis née en Tunisie. Les Tunisiens ne sont pas des Pieds-Noirs. Le terme est réservé aux Algériens »[4]. Dans un second temps, s'intéressant aux rapatriés du Maroc, l'un d'entre eux prénommé Raymond, affirme au sociologue: « Je suis Pied-Noir. [...] Je suis né au Maroc, en 1947. C'est nous les vrais Pieds-Noirs. [...] Le mot Pied-Noir était connu au Maroc bien avant d'être connu en Algérie. Je l'ai toujours entendu, bien avant 62 »[4].

Enfin, recueillant le point de vue de rapatriés israélites séfarades, la fille d'un couple d'entre eux, Corinne, déclare: « Je récuse le terme [pied-noire]. Je me sens d'origine africaine. Pied-Noir est un terme inventé par les métropolitains. L'identité de ma famille n'est pas là. Nous sommes Français juifs d'Algérie. Nous n'avons pas du tout la même culture que les non-juifs »[4].

Origines du terme

Apparition

L'Empereur Napoléon III salue les "colons français et les Arabes" depuis le balcon de la sous-préfecture de Mostaganem (département d'Oran) lors de sa visite officielle en Algérie le 20 mai 1865. Croquis de M. Moulin paru dans Le Monde Illustré, 1865

L'apparition de ce terme pour désigner les Français d'Algérie est datée, selon Paul Robert, qui était lui-même pied-noir, de 1955.

Pour d'autres, ce terme aurait déjà été en usage vers 1951-1952, dans les casernes en Métropole, bien avant de parvenir en Algérie, pour désigner les recrues françaises originaires d'Afrique du Nord.

Il n'y avait en Algérie, avant la guerre d'indépendance, aucun sobriquet d'usage courant pour désigner les Français d'Algérie eux-mêmes, si ce n'est les appellations d' « Algériens » ou de « Nord-Africains », désignant alors seuls les Français d'Algérie ou d'Afrique du Nord, alors que les autochtones étaient désignés comme « Arabes », ou « musulmans ». Avant et durant la guerre de 14-18, le terme péjoratif d'arbicot était utilisé dans les casernes à l'encontre des Français d'Algérie et celui de bicot à l'encontre des musulmans ; ce dernier est resté dans un certain langage raciste et il convient de noter qu'il ne fut pas pratiqué par les Français d'Algérie ; de leur part, un sobriquet nettement moins insultant était le terme de tronc ou tronc de figuier, pour évoquer l'habitude des indigènes de bavarder longuement sous un arbre. À noter que les musulmans parlaient de gaouris ou roumis pour les chrétiens et de judis pour les juifs.

Les Pieds-Noirs se considéraient à une époque comme les « Vrais Algériens », excluant les musulmans (algériens) qu'ils considéraient comme « Indigènes ». Ainsi on rapporte un dialogue entre un étudiant d’Alger et une étudiante métropolitaine lors du Congrès de l’UNEF en 1922 :

«  - Ainsi, vous êtes Algérien..., mais fils de Français, n’est-ce-pas ?
- Bien sûr ! Tous les Algériens sont fils de Français, les autres sont des Indigènes [23],[24]!. »

Cependant, après la Seconde Guerre mondiale, les Pieds-Noirs ont commencé à éviter d'utiliser ce terme afin de ne pas être confondus avec les travailleurs Indigènes (algériens)venus en métropole [25],[24].

L’écrivain Kabyle Mouloud Feraoun décrit ce double langage dans son roman Les chemins qui montent :

« C’est nous les Algériens, disent-ils aux Français de France. L’Algérie, c’est nous. Voyez ce que nous avons fait. Remerciez-nous, Messieurs de France, et ne vous avisez pas de nous juger. Malheureusement, ils ne tiennent pas le même langage avec nous. Dès que nous leur disons que nous sommes Algériens nous aussi, ils nous rétorquent : - Vous en êtes ? C’est bon. Tas d’Indigènes, que supposez-vous? Nous sommes Français, nous. Arrière, et garde à vous! Vous voulez nous f... à la mer, bande d’infidèles et d’ingrats. Mère patrie, du secours [26],[24] ! »

Les Français d'Algérie, au contraire, utilisaient de leur côté plusieurs surnoms pour désigner les Français de Métropole tels que « Français de France », « Françaoui » ou encore « Patos ».

Le surnom de « pieds-noirs » semble n'être parvenu en Afrique du Nord, qu'après 1954, peut-être apporté par les soldats métropolitains venus en nombre. Toutefois son usage ne s'est vraiment répandu en Algérie que dans les toutes dernières années de la présence française et surtout en métropole, après le rapatriement.

Quoi qu'il en soit, les premières attestations certaines de ce terme, dans cette acception, sont à ce jour les suivantes:

Explications proposées

Alger, scène à l'arrivée d'un steamer. circa 1899
Emblème Pieds-Noirs utilisé par les associations.

Des explications plus ou moins crédibles, probablement imaginées après coup, ont alors été avancées : allusion aux souliers supposés vernis ou aux bottes noires des premiers immigrants ou aux brodequins noirs des soldats de l'armée d'Afrique, aux jambes des colons, noircies en défrichant les marécages, etc. Certains évoquent même les amérindiens pieds-noirs (Black-Feet) d'Amérique, qui auraient été présents dans les contingents américains qui débarquèrent en Afrique du Nord en 1942. Toutes ces explications sont probablement fausses puisque, si elles étaient vraies, la dénomination de « pieds-noirs » aurait été connue en Algérie, bien avant la guerre d'indépendance.

Selon d'autres attestations, le terme aurait désigné, vers 1901, des « Arabes », chauffeurs sur les bateaux à vapeur traversant la Méditerranée aux pieds nus salis par le charbon. Selon Guy Pervillé « "Pieds noirs" (pieds sales) était l’un des nombreux sobriquets injurieux attribué aux "Arabes" par les Européens d’Algérie ; mais son application à ces derniers - peut-être par des métropolitains mal informés - est attestée peu avant 1954 »[27],[28]. Selon un article récent « Vous avez dit pieds-noirs », paru dans le magazine Pieds-Noirs d'Hier et d'Aujourd'hui de janvier 1999, on explicite l'origine de ce sobriquet utilisé dans le jargon de la marine, mécanisée dès la fin du XIXe siècle : les marins d'Algérie habitués aux températures torrides auraient été affectés aux machines à charbon, comme les « gueules noires » des mines, tandis que les marins métropolitains, armés de l'écouvillon pour graisser les canons, se seraient vu baptiser bouchons gras puis à terre : les patos » de l'espagnol « canard », à cause de leur démarche chaloupée acquise sur le pont par suite du roulis. Une photographie de 1917, portant cette mention, y est insérée. Cette dernière explication est peut-être valable pour le mot « patos », très utilisé sur place avant 1949, mais vraisemblablement pas pour le terme « pied-noir » qui était rigoureusement inconnu à Alger jusque vers la moitié des années cinquante. Précisément une explication moins connue concorde avec cette datation. C'est celle d'un article de l'Express naissant, dans laquelle l'auteur se livre à une vive diatribe contre les habitants français d'Algérie, les comparant aux indiens de la tribu des Pieds-Noirs tels qu'ils sont montrés de façon caricaturale par Hergé dans Tintin en Amérique, oisifs profiteurs du pétrole découvert sous leurs terres[réf. nécessaire]. Le cliché dénoncé par Albert Camus du colon milliardaire fumant cigare à bord de sa Cadillac viendrait de ce même article.

Mais alors, les intéressés eux-mêmes, à l'heure où leur destin était menacé, s'en sont saisi, au tout départ les étudiants d'Alger, pour en faire l'étendard de leur identité, comme en témoignent les noms de nombreuses associations.

Communauté pied-noire

Visite de touristes américains à Alger en 1936. (film muet)

Français d'Algérie et du Sahara (1830-1962)

Européens français et étrangers

Le parc de Philippeville est fréquenté par une population mixte. circa 1860-1900
Un jongleur Arabe à Alger, deux soldats français en uniforme (en bas) s'approchent de trois colons pieds-noirs en habits bruns et chapeaux mous; . circa 1899
Un pêcheur pied-noir sur le môle, au fond le phare d'Alger. circa 1899
Les premiers pieds-noirs sont les enfants des militaires français débarqués en 1830. Ici quatre enfants sur un chariot tiré par deux ânes communs. circa 1905
Un sergent américain distribue des canettes de lait (rations) à des enfants pieds-noirs d'Oran, après les débarquements de l'Opération Torch. circa 1942

Les pieds-noirs d'Algérie représentaient au moment de l'indépendance une population d'environ un million de personnes.

La communauté européenne résultait du brassage de populations d'origines européennes variées mais à forte dominante méditerranéenne : Français dont des Alsaciens et des Lorrains (dont une partie expatriée après la défaite de 1870 et l'occupation prussienne[7]), migrants des départements méridionaux, Corses, mais aussi des Espagnols (majorité étrangère), Anglo-Maltais (Malte étant une colonie britannique), Italiens, Allemands, Suisses et Anglais.

Jules Ferry à ce sujet, le 28 juillet 1885, lors d'un débat à la Chambre des députésà sourcer: Les colons doivent être recrutés non seulement parmi les Français, mais aussi parmi les étrangers, notamment les Allemands, aux qualités solides, les Maltais et les Mahónnais, moins recommandables, mais s'adaptant facilement au pays. Du reste il serait imprudent de se montrer exigeant sur la qualité là où on a besoin de la quantité.

Une des premières communautés à s'installer en Algérie dès le début de la colonisation, furent des Espagnols originaires des Baléares. L'arrière-garde du corps expéditionnaire français était stationnée à Mahón sur l'île de Minorque. Les habitants de Mahón furent donc les premiers à s'embarquer avec les navires français dès la conquête de 1830. Ces Mahonnais marquèrent profondément la région de l'Algérois et fut une communauté spécialisée dans la production de primeurs. Cette immigration fut la plus forte entre 1830 et 1845. Cette communauté s'intégrera rapidement grâce au service militaire et à l'école.

Si les migrants de nationalité française étaient majoritaires, les étrangers formèrent longtemps un pourcentage important de cette population jusqu'à atteindre 49 % en 1886[8]. Après la loi de naturalisation automatique de 1889, leur nombre diminuera rapidement. Cette intégration des pieds-noirs, qui n'était pas évidente au début de la colonisation (certains politiciens locaux parlèrent de « péril étranger ») tant les tensions raciales étaient fortes entre les Français et les étrangers européens d'une part, entre les Européens locaux et les Juifs d'autre part, a probablement été favorisée par deux facteurs :

  • la politique du gouvernement français qui, inquiet à une certaine époque de voir l'élément français débordé démographiquement, a pris des mesures pour naturaliser de façon automatique les enfants d'étrangers nés sur le sol algérien (lois de 1889 et 1893) et accorder en bloc aux juifs, qui avaient accueilli les Français en libérateurs en 1830 et avaient depuis lors massivement adopté la culture française,[réf. nécessaire]
    le statut de citoyens français (Décret Crémieux de 1870).
  • le sentiment d'une communauté de destin face à la population indigène musulmane dans un système colonial.

Par contre, aucune fusion ne s'est produite avec les Algériens issus de la culture musulmane alors désignés sous le terme générique de « Français musulmans ». Cela résulte au fait que les autorités musulmanes ont donné l'ordre aux musulmans algériens de refuser la citoyenneté française à cause de la barrière de la religion dans une population islamisée de longue date.[réf. nécessaire]

Protestants d'Algérie

Les descendants des colons français (alsaciens, mosellans, vaudois et protestants des Hautes-Alpes, cévenols, dauphinois...), suisses, italiens vaudois, néerlandais, britanniques et allemands de confession protestante (réformés et luthériens), arrivés depuis 1830, formaient la communauté protestante d'Algérie, composée de 21 paroisses protestantes et 8 000 fidèles (très majoritairement nés en Algérie) en 1960.

Juifs séfarades

S'y ajoutait la communauté juive plus anciennement installée, les Juifs toshavim (antérieurs) avant la conquête arabe au VIIe et les Sépharades chassés d'Espagne fin XVe siècle. entièrement acquise à la présence française après le Décret Crémieux, et dont elle avait adopté la culture et avait pris part aux combats de 1914-1918 et 1939-1945.

Français de Tunisie (1881-1956)

Français du Maroc (1912-1956)

Histoire

Concessions françaises sur la Côte de Barbarie (1560-1829)

Articles détaillés : Bastion de France et La Calle.

Conquête de l'Algérie par la France (1830-1848)

Entre-deux-guerres (1848-1954)

Article détaillé : Algérie française.

Le 28 juin 1889 marque l'adoption d’une nouvelle loi sur la nationalité qui renoue avec le droit du sol, après près d'un siècle d'interruption. Elle attribue la nationalité française à tous les individus nés en France (l'Algérie fait partie de la France à cette époque), sauf s’ils la refusent dans l’année qui suit leur majorité.

Guerre d'Algérie (1954-1962)

Répartition démographique contrastée

Non musulmans en Algérie par département, selon le recensement de 1954:      0 % - 2 %      2 % - 5 %      5 % - 10 %      10 % - 30 %      plus de 30 %

En 1959, les pieds-noirs étaient 1 025 000, soit 10,4 % de la population vivant en Algérie. Leur poids relatif était en baisse après un maximum atteint de 15,2 % en 1926. La démographie en pleine expansion de la population musulmane contribuait à cette situation. Toutefois, la distribution de la population résultait en des régions à forte concentration de pieds-noirs. Bône, (Annaba), Alger, et surtout l'Oranie. La population d'Oran était européenne à 49,3 % en 1959.

De cette répartition démographique inégale découle, en 1961, le plan de partition de l'Algérie soutenu par le Premier ministre d'Israël David Ben Gourion puis le député UNR Alain Peyrefitte[29]:

« On regroupe entre Alger et Oran tous les Français de souche, avec tous les musulmans qui se sont engagés à nos côtés et veulent rester avec nous. On transfère dans le reste de l'Algérie tous les musulmans qui préfèrent vivre dans une Algérie dirigée par le FLN. [...] On pourra partager Alger, comme Berlin ou Jérusalem : la Casbah d'un côté, Bab El-Oued de l'autre, une ligne de démarcation au milieu. »

Mais le projet est finalement rejeté par le président de Gaulle[29]:

« [...] Vous imaginez ça ! Les pieds-noirs veulent que notre armée les défende, mais ils n'ont jamais éprouvé le besoin de se défendre eux-mêmes ! Vous les voyez se poster à leurs frontières pour prendre la relève de l'armée française ? [...] En Algérie, les Arabes ont l'antériorité ; tout ce que nous avons fait porte la tache ineffaçable du régime colonial ; le foyer national des Français d'Algérie, c'est la France. »

Le même De Gaulle déclarant après le 19 mars, toujours selon Peyrefitte, que « l'histoire des Français d’Algérie ne se confondait plus avec l'histoire de La France ».

Terrorisme

À partir du 1er novembre 1954, date dite du massacre de la Toussaint rouge, l'Algérie plonge dans la violence. Les revendications indépendantistes de mai 1945 d'une minorité de la population musulmane (marquée par la répression de Sétif dans le Constantinois) ne marquèrent pas une rupture criante entre les Algériens issus d'une culture musulmane et les pieds noirs européens et juifs; c'est à partir des attentats d'août 1955 dans le Constantinois que l'Algérie s'enfonce véritablement dans le chaos. Les massacres épouvantables de plusieurs centaines de pieds-noirs et de musulmans modérés perpétrés par le FLN le 20 août 1955 dans la région de Constantine, notamment à Philippeville et à El-Halia, auront une incidence lourde sur la suite du conflit[30]. En France, les images de ces événements sont pourtant censurées[réf. nécessaire]. À l'époque, on parle d'« événements » pour qualifier un conflit qui évolue petit à petit en une véritable guerre civile (rôle des harkis, des moghazis et des fonctionnaires du côté des communautés musulmanes, puis plus tard en 1960, formation de l'OAS du côté pied noir).

« Je vous ai compris ! »

Beaucoup de pieds-noirs se sentirent floués par l'attitude du président Charles de Gaulle. L'ambiguïté du "Je vous ai compris" sur le forum d'Alger le 4 juin 1958 devant des communautés qui fraternisent, et surtout le "vive l'Algérie Française ! " proclamé à Mostaganem, les trompent, ainsi que les affiches de propagande insistant sur « 10 millions de français à part entière ». Mais, ces discours et textes laissaient présager dès 1943 (accord de l'indépendance au Liban) son opinion sur la future indépendance de l'Algérie, pour ensuite approuver le principe du droit à l'autodétermination du peuple algérien et finalement de l'indépendance de l'Algérie, alors même qu'il ne pouvait en méconnaître les conséquences concrètes (massacre d'Oran) et qu'il s'était aussi servi de la frange la plus radicale des partisans de l'Algérie française pour revenir aux affaires (putsch d'Alger du 13 mai 1958) et des notables musulmans favorables à la France.

Activisme politique

Articles détaillés : Parti communiste algérien, Mouvement libéral algérien et OAS.

Face au désengagement des autorités françaises et à l'absence de mesures concrètes visant à protéger la minorité politique qu'ils représentaient, de nombreux pieds-noirs surtout après le 19 mars 1962, en particulier à Oran, ont soutenu l'Organisation armée secrète (OAS) et sa politique de terre brulée et de terreur envers les musulmans nationalistes, ne cédant en rien à celle du FLN[31].

Cependant il convient de nuancer l'engagement politique puisque, de la même façon qu'il y eut des musulmans luttant aux côtés des français (Front Algérie Française), il y eut quelques Pieds-Noirs, plutôt de gauche, qui se sont engagés dans la lutte pour l'indépendance en soutenant le FLN contre l'armée française; les activistes du Parti communiste algérien (Henri Maillot, Henri Alleg, Maurice Audin, etc.) ou du Mouvement libéral algérien (Pierre Popie et Centres Sociaux Educatifs).

Entre le cessez-le-feu et l'indépendance (mars-juillet 1962)

Certains pieds-noirs détruisirent leurs biens avant d'embarquer, en signe de désespoir et de terre brûlée, mais la plupart partirent en laissant intacts leurs patrimoines, leurs cimetières, leur terre natale. Beaucoup, en effet, espéraient que les promesses du gouvernement gaulliste pouvaient être tenues, au moins partiellement, et qu'ils pourraient revenir. Mais dès le mois de juin 1962, les ultras du FLN dénoncent les accords d'Évian, les considérant comme une plate-forme néocoloniale, et ne respectent pas les garanties concédées aux Pieds-Noirs (et aux Harkis) figurant dans les accords d'Évian. Certains Algériens libéraux se félicitaient de l'application de l'amnistie et souhaitaient que les Pieds-Noirs restent pour les « aider à édifier une Algérie nouvelle » estimant que ceux qui sont partis « avaient le devoir de revenir »[32],[33].

Camps de réfugiés

Les scènes de dizaines de milliers de réfugiés paniqués campant pendant des semaines sur les quais des ports d'Algérie en attendant une place sur un bateau vers la France devinrent habituelles entre juin et août 1962.

À Oran est créé un camp de réfugiés nommé « Centre Accueil »[34].

Exode

Articles détaillés : Exode des Pieds-Noirs et Massacre d'Oran.

En quelques mois, entre la fin du printemps et septembre 1962, 800 000 Français, Européens et Juifs, quittèrent le pays dans un mouvement de désespoir.


Selon l'historien Guy Pervillé, le slogan La valise ou le cercueil, qui trouve des traces chez certains nationalistes algériens bien avant la guerre d'Algérie [35],[36], et la vision de certains dirigeants algériens envers les colons européens n'était pas toujours favorable[37],[38], a résumé par anticipation le sentiment d'abandon total ressenti par cette population. En 1961, la trêve unilatérale ordonnée par le général de Gaulle s'accompagne d'une recrudescence des attentats du FLN, permettant à l'OAS de se présenter comme seul défenseur des Français d'Algérie[35]. Le début de 1962 voit une escalade des terrorismes réciproques, les attentats de l'OAS dépassant à la mi-janvier ceux du FLN qui décroissent en avril et mai. Après le 19 mars, les attentats de l'OAS prennent un aspect aveugle auxquels le FLN prétend répondre par des attaques ciblées sur les commandos de l'OAS, mais qui atteignent finalement tout Européen, quel qu'il soit, notamment par de nombreux enlèvements qui s'accroissent dans la deuxième semaine de mai 1962[39]: on estime le bilan de l'OAS pendant sa période d'activité à 2200 tués (dont 85% de musulmans et 71 tués en France métropolitaine)[40], et également à environ 2200 les disparus définitifs parmi les Français d'Algérie enlevés du 19 mars au 31 décembre 1962[41]. Du fait de l'insécurité généralisée, la population s'élance dans un exode soudain et massif, dont le pic se situe en mai et juin 1962. Certains auteurs nient que cette fuite ait été provoquée par un sentiment d'insécurité, réelle ou supposée, car les pieds-noirs n'auraient pas eu connaissance des attentats et des enlèvements[42] , et mettent en avant «  leur incapacité à effectuer une réversion mentale (...) partager toutes choses avec des gens qu'ils avaient l'habitude de commander et de mépriser[43]. »

La population d'origine européenne et juive s'est donc massivement réfugiée en France en quelques années : aux 150 000 ayant quitté l'Algérie avant 1962, s'ajoutent les 650 000 pied-noirs qui rejoignent la rive Nord de la Méditerranée avant l'indépendance, plus quelques dizaines de milliers dans les décennies suivantes. En septembre 1962, Oran, Bône, ou Sidi-bel-Abbès étaient à moitié vides. Toutes les administrations, police, écoles, justice, activités commerciales s'arrêtèrent en trois mois.

En cumulant les rapatriés d'Algérie, Tunisie et Maroc, on arrive à un total d'environ 1,5 million personnes, soit environ 3 % de la population française.

Exode à l'étranger

Une minorité de Pieds-Noirs, s'estimant trahis par la France, s'est établie en Espagne alors gouvernée par Franco. Elle s'est installée principalement dans la région d'Alicante d'où étaient originaires un nombre important de colons d'Oranie[44].

Une autre minorité s'est établi en Amérique dans des pays tels que le Canada ou l'Argentine. La majorité 800 000 s'est installé dans l'Hexagone.

Les Juifs d'Algérie ont massivement choisi la métropole (plus de 95 %) et peu sont partis en Israël. Au total environ 130 000 Juifs d'Algérie sont venus en France[45].

En cumulant les rapatriés d'Afrique française du Nord on arrive à un total d'environ 1,5 million personnes, soit environ 3 % de la population française[46].

Les derniers Pieds-Noirs, restés en République algérienne (1962/2011)

Toutefois, une proportion non-négligeable de Français d'Algérie y sont restés après l'indépendance : d'environ 200 000 personnes en octobre 1962[47], dont 15 000 des 22 000[48] colons[49], ils sont encore 50 000 à 60 000 au 31 juillet 1965[47]. Entre temps, en novembre 1963, est survenue la nationalisation des biens fonciers des Français, et les clauses des Accords d'Evian relatives à la nationalité des Français de droit commun d'Algérie, reprises dans le Code de la Nationalité algérien de 1963 (seule clause des accords intégrée au droit interne algérien[50]), ont reçu une application étriquée, en raison des lenteurs de l'administration, et des réticences politiques: les premières demandes aboutissent en juillet 1963, et au 1er octobre 1963, 16 Français ont obtenu la nationalité algérienne, dont 8 Français d'Algérie. À l'échéance finale du 31 juillet 1965, 500 Français auront obtenu cette nationalité, dont 200 nés en Algérie[47]. En 1993, cette population est estimée à 30 000 personnes[51], et en 2008 entre 300 (source du consulat de France) et 4500 (source ADFE Oran)[52] .

Ce dernier carré des « Pieds-Noirs » d'Algérie, fréquemment sollicité par les médias, vit bien intégré dans le pays[52].

Depuis, des Européenscombien? vont à nouveau s'établir là-bas[réf. nécessaire], la libéralisation de l'économie attire aussi de plus en plus les investisseurs.

Situation en France métropolitaine (1962~)

Aides gouvernementales à l'installation

Le gouvernement avait estimé à 200 000 ou 300 000 le nombre de rapatriés temporaires en France. Aussi, rien n'était prévu pour leur arrivée. Beaucoup durent dormir dans les rues à leur arrivée en France, où la majorité n'avait jamais mis les pieds et n'avait ni famille, ni soutien. Certains souffrirent également du ressentiment des métropolitains qui n'étaient généralement pas favorables à la guerre et avaient souffert des appelés morts ou blessés en Algérie. Ils bénéficièrent cependant d'aides à l'installation (qui par contrecoup générèrent des jalousies en Corse qui aida au décollage du nationalisme corse).

Le gouvernement répond à l'afflux inattendu de rapatriés en métropole par la création du Secrétariat d'État aux Rapatriés ainsi que l'Action Sociale Nord-Africaine. Une allocation de subsistance a été accordée par le Ministère des Rapatriés pour une durée de 12 mois à compter du rapatriement en métropole[53].

Villes nouvelles

Articles connexes : Ville nouvelle et Carnoux-en-Provence.

Les besoins importants en logement pour héberger les rapatriés entraînent la création de villes nouvelles telles Carnoux-en-Provence en 1966[54],[55].

Quête des origines

Registre d'état civil d'Alger "Registre Européen" Tome 1: Naissances-Décès-Mariages de 1832. Après avoir été inaccessibles, les registres des Pieds-Noirs ont été rapatriés et sont dorénavant consultables en ligne[56].

À l'indépendance de l'Algérie, le 5 juillet 1962, les autorités françaises laissèrent toutes les archives administratives au nouveau gouvernement algérien. Ce qui signifia pour les pieds-noirs, l'absence d'accès à leurs actes de naissance et autres actes d'état-civil. Certains eurent du mal à prouver leur nationalité française. Beaucoup se sentirent apatrides.

Devant l'incongruité de la situation, dans les années 1970, le gouvernement français décida finalement d'envoyer une mission dans les grandes communes d'Algérie pour copier les registres d'état-civil. Les mairies des petites communes ne furent pas visitées, ce qui explique les problèmes rencontrés face à l'administration jusqu'à aujourd'hui par certains.

Le Centre des Archives d'Outre-Mer (CAOM) d'Aix-en-Provence, conserve les archives de l'Algérie comportant tous types d'actes (naissance, décès, mariage, divorce, etc.). En 2003, dans le cadre culturel de « l’année de l’Algérie en France », les registres pieds-noirs numérisés ont été indexés et sont désormais librement consultables sur le site web des Archives Nationales d'Outre-Mer (ANOM)[56] ce qui permet aux populations concernées de faire des recherches généalogiques et ainsi retrouver l'identité et l'origine des pionniers[56]:

« De 1830 à 1962 les registres d’état civil dit « européen » ont été établis en deux exemplaires selon la règle métropolitaine. Lors de l’accession de l’Algérie à l’indépendance, ces registres sont restés en Algérie où ils sont conservés. Le ministère des Affaires étrangères a entrepris entre 1967 et 1972 la reproduction sur microfilm d’une partie de ces registres, environ les deux tiers. Certaines communes manquent en totalité et d’autres sont incomplètes. Ce sont ces microfilms qui ont fait l’objet d’une numérisation. A l’initiative du ministère de la Culture, il a été établi en 2003 une base alphabétique des actes de 1830 à 1904, aux noms et prénoms, qui facilite l’accès aux images numérisées. »

Racisme

Généralement les pieds-noirs se sentirent rejetés à leur arrivée en France alors qu'ils composaient 25 % de l'Armée d'Afrique en 1944, avec les plus grosses pertes (8 000 tués). Ils eurent à affronter les invectives, notamment de la gauche communiste, qui les caricaturaient comme des colons profiteurs. À l'été 1962, les pieds-noirs désespérés et démunis, arrivés sur des bateaux surchargés, furent reçus, à l'initiative des dockers CGT, par des pancartes hostiles (« les pieds-noirs à la mer ») à l'entrée du port de Marseille. Beaucoup virent leurs containers trempés dans la mer par ces mêmes dockers.

Malgré les préventions qu'affichaient certains hommes politiques (comme le maire socialiste de Marseille, Gaston Defferre, qui déclarait en juillet 1962 : « Marseille a 150 000 habitants de trop, que les pieds-noirs aillent se réadapter ailleurs. ») à l'égard d'une population qu'ils ne connaissaient pas vraiment et cataloguée sur des préjugés comme étant constituée de colons « faisant suer le burnous », d'être raciste, violente et machiste, et dont la structure socioprofessionnelle ne devait pas faciliter l'intégration dans une économie moderne.

Nom d'emprunt

Concernant l'intégration des rapatriés d'Algérie en métropole, un phénomène révélateur est à noter. Plusieurs rapatriés d'Algérie, principalement exerçant dans le milieu du spectacle et des médias, de leur propre initiative ou suite à la "suggestion" de leur agent ou producteur, masquent leur patronyme réel, dont la consonance pourrait être perçu comme "exotique", par l'utilisation d'un pseudonyme.

Les patronymes concernés sont israélites et espagnols; des exemples types sont l'écrivain et journaliste Jean Daniel (Jean Daniel Bensaïd) ou l'actrice Françoise Fabian (Michèle Cortes de Leone y Fabianera).

Intégration

Pourtant les pieds-noirs s'adaptèrent rapidement, et ces sombres prévisions ont été démenties par les faits.

En réalité, la vaste majorité des pieds-noirs appartenait à la classe ouvrière ou à une communauté petite bourgeoise. La population était urbaine à 85 %, composée de petits fonctionnaires, artisans et commerçants, dont le revenu moyen était inférieur de 15 % à celui des Français métropolitains. Le niveau d'instruction dépassait rarement le certificat d'études primaires. 5 % seulement étaient des agriculteurs propriétaires et les très grandes fortunes se comptaient sur les doigts d'une main.

Cependant, après l'âpre accueil reçu, les pieds-noirs s'intégrèrent rapidement, contribuant à l'essor économique des années 1960, notamment dans les régions de Provence, et de Languedoc-Roussillon. Des villes auparavant endormies ont connu un coup de fouet économique qui a contribué à leur dynamisme actuel (Montpellier, Perpignan, Nice, et particulièrement Marseille). Leur intégration en Corse resta plus difficile notamment pour les pieds-noirs se lançant dans l'agriculture.

Les grands ensembles de Sarcelles accueillirent la majorité des pieds noirs venus s'installer en région parisienne.

Les pieds-noirs restent une communauté singulière. Assimilés français dans une France qui n'existe plus, ils ont dû s'intégrer ensuite dans l'ancienne métropole hostile à leur égard. Leur numéro d'INSEE comporte le numéro de leur ancien département de naissance. En 1993, Charles Pasqua voulut imposer le numéro 99 sur leur immatriculation. Devant le tollé, l'État remit pour les Francais d'Algérie qui en firent la demande, leur numéro de département de naissance : 91 (Alger), 92 (Oran), 93 (Constantine) et 94 (Territoires du Sud). La chanson d'Enrico Macias Mon pays résume tout leur drame.

Patrimoine culturel

Augustine Arsène Potel est officiellement la première Pied-Noire née en Algérie française[57]. Fille de dame Louise Potel, blanchisseuse originaire de Paris et domiciliée Rue de La Casbah chez un maure, Augustine Arsène est née à Alger, le 1er janvier 1832, soit un an et demi après la prise de la capitale de la Régence par les troupes françaises. Le nourrisson décède le 17 juillet de la même année, la mortalité infantile est élevée chez les colons européens.

Extinction des Pieds-Noirs

Si l'on s'en tient à la définition du dictionnaire Larousse qui fixe les limites chronologiques de 1956 et 1962 à l'attribution de la dénomination Pieds-Noirs aux « européens » d'Afrique du Nord, alors l'"extinction définitive" du groupe ethnique - à considérer qu'il s'agisse d'un groupe ethnique, point non explicitement exprimé par le Larousse et pourtant vérifié par l'Histoire, - est programmée pour l'horizon 2082; cette estimation adopte la fourchette la plus large en prenant l'exemple d'un enfant pied-noir né en Afrique du Nord en 1962 - et y ayant vécu quelques mois avant l'indépendance - et bénéficiant d'une durée de vie de 120 ans.

Culture pied-noire

Creuset méditerranéen

Ni ségrégation raciale, ni apartheid en Algérie où 1 million de Pieds-Noirs vivent côte-à-côte avec 10 millions de musulmans. Scènes de rue à Alger, quartiers européen et musulman (Bab el Oued et Casbah), avant les évènements novembre de 1954.

Au-delà de la communauté pied-noir, celle des rapatriés qui sont appelés à disparaître dans la deuxième partie du XXIe siècle, subsiste un patrimoine culturel pied-noir fondé sur un métissage spécifique des cultures méditerranéenne, européenne, catholique, séfarade et orientale; les sociétés coloniales d'Afrique française du Nord étant démographiquement et civiquement inégales, mais mixtes (exceptée la période vichyste de l'AFN de 1940 à 1943) et non basée sur l'acculturation (voir Aborigènes d'Australie) ou sur un régime d'apartheid tel que celui instauré par les colons européens (dont des français huguenots) en Afrique du Sud, où ils se sont par ailleurs maintenus.

En 1843 le saint-simonien Prosper Enfantin, décrit cette spécificité de la colonisation française par rapport aux méthodes anglaise et espagnole - entre autres - dans son ouvrage Colonisation de l'Algérie[58]:

« il ne s'agit plus de dépouiller ou d'exterminer des peuples, ni de leur donner des chaînes, mais de les élever au sens de la civilisation, d'association, dont nous fûmes toujours les représentants les plus généreux, et je dirai aussi les plus persévérants [...]. Le mot de colonisation ne représente donc pas pour moi l'idée [...] que devaient en avoir les Anglais de la compagnie des Indes, ou les Anglo-Américains exterminateurs des Peaux-Rouges, ou bien les Espagnols ou les Portugais, lorsqu'ils ravageaient, à la suite de Colomb et de Vasco de Gama, les Indes Occidentales, et Orientales. »

Mémoire recomposée

Cette culture méditerranéenne se manifeste, essentiellement depuis l'exil et les années 2000 amorçant l'extinction des pieds-noirs, par la parution d'ouvrages consacrés à l'histoire des pieds-noirs, gage d'une volonté de conservation du patrimoine, mémoire de 132 ans de présence française en AFN[59],[60], mais également à « la cuisine pied-noire », recensant les « recettes de grands-mères »[61],[62],[63], « le parler pied-noir », recueilli dans des lexiques d'« expressions de là-bas »[64],[65].

Cuisine

Le chef Léon Isnard distingue trois cuisines d'Afrique du Nord et par delà trois cultures, « arabe, juive et pied-noir »[66]. Selon lui les recettes pied-noires « rassemblent des plats venus de Languedoc et de Provence, d'Espagne et d'Italie, mêlant paellas, gaspachos, méchouis, brochettes, grillades, arrosés de blancs de Tlemcen, de rouges de Mascara ou de gris de Boulaouane. Dans les faits, la cuisine pied-noire regroupe des recettes des trois cultures. Les dernières grands-mères survivantes, savent à la fois faire la chorba,la daube, le couscous ou la salade juive. »[66].

Pataouète

A Oran, le Fort de Santa Cruz, datant des présides espagnols (1509–1790), surplombe la chapelle Santa Cruz, érigée en 1850 par les Pieds-Noirs. La ville d'Oran et la province de l'Oranie sont caractérisées par une forte influence culturelle espagnole qui s'explique essentiellement par leurs emplacements géographiques proches des côtes espagnoles.

Selon le dictionnaire Larousse, le « pataouète » est le « parler populaire des Français d'Algérie »[67]. Ce terme serait la déformation phonétique française du mot catalan « patuet (ca) », lui-même diminutif de « patuès » et ayant pour origine étymologique « patois »; la signification exacte de pataouète (ou « pataouette »[68]) serait donc « petit patois ».

Le pataouète est un sabir, plus précisément une lingua franca (langue franche), et il constitue une variante du catalan spécifique à l'Algérie. La langue catalane y est introduite par les nombreux colons mahonnais, roussillonnais (Algérois) et alicantais (Oranie), de l'italien et subit les influences du français (langue officielle) et de l'arabe dialectal (langue majoritaire) pour former un argot pied-noir. Les trois mots les plus célèbres du vocabulaire pataouète sont la « tchatche », la « scoumoune » et la « rabia ».

Des exemples typiques du parler pied-noir incluent les fameuses interjections, « popopopopo ! »[4], « la purée de nous'aut'es ! »[69] et sa variante « la purée de toi ! »[4], ou bien encore les verbes « péguer »[4] et « rouméguer »[4] qui sont tous deux dérivés de l'occitan[4], mais aussi les expressions « à voir si... »[70] et « faire marronner »[71] qui elles sont des tournures dérivées de l'espagnol.

À ce propos, certains mots espagnols passent directement dans le langage courant, en particulier dans le domaine culinaire, tel le « chumbo »[72] qui désigne la figue de barbarie ou la « kémia » qui est une sorte d'amuse-gueule caractéristique. À noter que certains noms d'aliments en espagnol sont utilisés comme insulte ou juron servant à ponctuer une phrase exprimée en français ; par exemple respectivement « nöra » (prononcé "gnorra") qui n'est autre qu'un poivron et « leche ! »[72] (prononcé "létché") qui désigne le lait. Des mots tels que la « popa », c'est-à-dire la poupe, et qui est employé pour désigner de manière métaphorique, et dans une certaine mesure poétique, le postérieur féminin, dénotent un sociolecte particulier, ici celui des marins et pêcheurs espagnols.

Des exemples de jurons significatifs en français d'Algérie sont « punaise ! »[72] (similaire à « la purée ») et dans un registre nettement plus blasphématoire, « la con de Manon ! »[4] et sa variante « la con de ta sœur ! »[4] ainsi que la forme contractée « d'ta mèr' ! »[4] (voir sa version contemporaine "ta mère"). Dans un registre moins ordurier et plus métaphorique, citons « margaillon »[73], qui désigne un palmier nain[73], et est employé dans le même sens que son homophone métropolitain merdaillon, c'est-à-dire à l'encontre d'un "morveux". Il arrive qu'une expression soit composée de deux mots venant de langues différentes, à l'image de « malafatche »[72] de l'espagnol « mala » et du provençal « fatche » et qui signifie « sale gueule ».

En outre, ce parler souvent imagé se caractérise par des intonations[4] et une gestuelle particulières, influencé par les arabes et les italiens[74],[68],ainsi qu'un volume sonore plutôt élevé[4].

Sous-culture

À noter la présence d'une sous-culture pied-noire issue des spécificités du peuplement de l'Oranie (proche de l'Espagne) par rapport à l'Algérois (proche des Baléares et de la Corse) et au Constantinois (proche de la Sardaigne, de Malte et de l'Italie), avec un parler et un accent particulier[75],[76] et une "rivalité" emprunte de chauvinisme entre Alger la capitale et Oran[44] seconde ville la plus peuplée et plus important foyer démographique européen.

Cette rivalité entre les deux métropoles peut être comparée à celle qui oppose Paris à Marseille[4] et est finalement assez fréquente puisqu'on la retrouve aux antipodes, et dans une toute autre culture, avec le duo Tokyo-Osaka[77].

Représentation dans la culture populaire

Dans la propagande

Dans la comédie et le cinéma

L'humoriste et comédien de la communauté pied-noire européenne (et pied-rouge) Guy Bedos a contribué à l'édification de stéréotypes. C'est le cas de célèbres scènes comiques interprétées dans les années 1960 à 1970 dont Vacances à Marrakech.

De ce patrimoine culturel spécifique découle une représentation du Pied-noir dans la culture populaire française avec particulièrement un « humour pied-noir » caractérisé par un accent, un phrasé et une gestuelle[78] comme en atteste l'humoriste israélien[79] israélite installé à Marseille, Alain Kakou (plus connu sous le pseudonyme d'Élie Kakou[80]). Ce dernier, bien que né en Tunisie quatre ans après le rapatriement des Français à la fin du protectorat se définit lui-même comme Pied-Noir[78]. Il est fameux, entre autres pour son incarnation d'un personnage pied-noir, Madame Sarfati, caricature et imitation d'une grand-mère de la communauté israélite séfarade ; les origines du comédien. Dans ce registre du rôle de composition et de l'imitation par des non-rapatriés citons également le cas de l'humoriste Florence Foresti et son personnage Myriam, belle-mère de la communauté israélite séfarade[81] ou bien encore Jacques Martin imitant un guitariste d'Enrico Macias[82] en 1968 ou Pascal Sellem imitant l'accent pied-noir en 1991[83].

Parmi les précurseurs les plus connus se trouvent des humoristes et comédiens Pieds-Noirs authentiques, tels Roger Lévy (alias Roger Hanin) et Robert Moyal (alias Robert Castel) en duo avec sa femme Lucette Sahuquet, tous natifs d'Alger et pour les deux premiers, issus de la communauté israélite séfarade de l'Algérois.

Deux Pieds-Noirs européens de la Casbah d'Alger vus par Hollywood en 1938 dans l'adaptation américaine de Pépé le Moko. À gauche, l'acteur français Charles Boyer (Pépé Le Moko, « Français de France ») et à droite l'acteur pennsylvanien Stanley Fields (Carlos, « Français d'Algérie »).

Depuis le XXe siècle, la popularité du cinéma contribue grandement a façonner les stéréotypes du pied-noir dans l'imaginaire collectif. Ainsi dès 1937, le film Pépé le Moko avec Jean Gabin et René Bergeron produit une des premières représentations des Pieds-noirs dans ce média, suivi de son adaptation hollywoodienne Casbah (1938) avec Charles Boyer, puis c'est au tour de Casablanca (1942) avec Humphrey Bogart. Avant le rapatriement, radio Alger où l'oncle de Guy Bedos animait une émission et la famille Hernandez avec ses tournées en métropole commencent à populariser l'accent.

Depuis la période du rapatriement, le premier film à parler de cette communauté est "Le coup de Sirocco ", d'Alexandre Arcady 1979, sans exclusive religieuse où tous les Francais d'Algérie se sont reconnus. Ensuite, le personnage du pied noir est essentiellement abordé à travers la communauté particulière du « Juif pied-noir »[84], c'est le cas du film policier Le Grand Pardon (1981) et sa suite Le Grand Pardon 2 (1992) avec Roger Hanin, Richard Berry, Jean-Pierre Bacri et Gérard Darmon, puis plus tard les comédies La Vérité si je mens ! (1997) et La Vérité si je mens ! 2 (2001) avec entre autres Richard Anconina, Vincent Elbaz, José Garcia, Bruno Lassalle (dit Bruno Solo) et Élie Kakou. Ces derniers fils très proches de la caricature.

Moins représentée, la communauté pied-noire « européenne », comprend néanmoins des comédiens et humoristes célèbres tels Guy Bedos (natif d'Alger mais ayant grandi à Bône dans le Constantinois puis en métropole) et Marthe Villalonga (née à Fort de l'eau en périphérie d'Alger). À noter que, bien qu'étant de culture européenne et catholique, ces acteurs interprètent souvent le personnage du pied-noir dans un rôle de composition quand il s'agit de la caricature de l'israélite séfarade, comme en atteste Marthe Villalonga qui, à propos de son interprétation du personnage Mouchy, mère de Simon (Guy Bedos) dans Nous irons tous au paradis en 1977, aurait déclaré « Je ne suis ni mère, ni juive ! ». Ces propos sont à mettre en parallèle avec les sketches de Guy Bedos, en particulier Je m'appelle Simon Bensoussan[85] (1989) où il interprète « l'histoire d'un séfarade tellement écartelé entre ses origines qu'il se défini[t] comme un territoire occupé »[86], se plaint de l'antisémitisme et du racisme de métropolitains catholiques, « un peu cons » (dit-il), et qui place sur un pied d'égalité « lorsque les soldats allemands envahissaient la France » et « quand l'armée française occupait l'Algérie » (1940-1945); ce dernier effet comique repose sur un amalgame audacieux, les habitants des départements français d'Algérie étant français depuis l'Ordonnance royale du 24 février 1834, il ne s'agit donc pas d'occupation fait politique qui concerne nécessairement une puissance étrangère[87]. Il part en métropole à l'âge de 15 ans en 1949. Dans les années soixante, celles de sa période du duo comique qu'il formait avec sa compagne d'alors Sophie Daumier (non pied-noire et originaire de métropole), il exploite déjà cette thématique; notamment dans Vacances à Marrakech (circa 1960-70) qui décrit un couple de Francais moyens, néo-colonialiste, raciste et partisan de l'apartheid[88]. À ses débuts, les scènes comiques de l'artiste sont plutôt consacrées à des personnages pied-noirs israélites séfarades comme dans English spoken (Le retour de Londres)[89] et Pauvre gosse. En 1976, Guy Bedos déclare « je me sens tout de même plus proche d'Albert Camus que d'Enrico Macias »[21].

Durant les années 1980, les annonces publicitaires pour des produits entrant dans la composition du couscous, plat maghrébin, utilisaient souvent l'image du Pied-noir israélite séfarade rapatrié. Ici recette revisitée par un Pied-noir européen.

Parmi les célèbres humoristes et comédiens de cette communauté européenne mais issus d'une génération plus récente, sont notables deux Pieds-noirs natifs d'Alger bien qu'ayant essentiellement grandi en métropole comme Guy Bedos mais après la guerre d'Algérie et le rapatriement, Didier Bourdon (Les Inconnus) et Bruno Carette (Les Nuls). Le second restant fameux pour son personnage de "Super Pied Noir", parodie de super héros, et ayant comme partenaire Alain Chabat (natif d'Oran) issu de la même génération mais originaire de la communauté séfarade. Pendant de longues saisons Roger Hanin incarna le commissaire pied noir Navarro à la telévision.

Dans la publicité

Mis à part l'humour pied-noir, la représentation du pied-noir dans la culture populaire passe aussi par la cuisine pied-noire et une spécialité berbère associée, probablement transmise aux européens par les israélites et les kabyles, le couscous. Dans les années 1980, le personnage du pied-noir, là-aussi israélite séfarade, est donc utilisé par les publicitaires dans la commercialisation d'ingrédients associés à ce plat culinaire oriental (semoule dont sont produits les fameuses « boulettes » et épices) telle la marque Amora[90] ou Garbit dont l'accroche est restée fameuse, « couscous Garbit, c'est bon comme là-bas dis ! »[91].

Une autre spécialité, celle-là de tradition maghrebine, la merguez qui peut accompagner le couscous ou se consommer à l'occasion de grillades, est également associée au pied-noir dans la réclame publicitaire[92].

Pieds-Noirs célèbres

Notes et références

  1. Définition du Dictionnaire Larousse en ligne
  2. Dictionnaire de la langue française Le Robert, édition 1990, définition 3 de Pied-noir
  3. Hubert Hannoun, La déchirure historique des Juifs d'Algérie, Le quotidien d'Oran,24 juin 2004 Lire en ligne
  4. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o et p L'intégration des pieds-noirs dans les villages du Midi, René Domergue, Collection Histoire et perspectives méditerranéennes, Editions L'Harmattan, 2005, p.86-88
  5. Voir les titres d'ouvrages sur le sujet dont à titre d'exemple celui de Benjamin Stora: Les trois exils, Juifs d'Algérie paru en 2008 ou celui de Léon Isnard: Les 3 cuisines du Maghreb: 600 recettes arabes, juives et pied-noir publié en 2006.
  6. Plateau Mamère, Villalonga, Macias 1 en direct de Nice, MIDI 2 - 27/06/1987]
  7. a et b D'après la thèse de Fabienne Fischer, Alsaciens et Lorrains en Algérie, histoire d'une migration, 1830-1914, l'immigration des Alsaciens et Lorrains aurait représenté entre un cinquième et un quart de la population française d'Algérie de 1845 à 1860, et le cinquième après cette période. En chiffre absolu, ils auraient été environ 33 000 migrants de 1830 au début du XXe siècle, dont 12 000 à 15 000 après 1870 (6000 de 1870 à 1874). in Guy Pervillé "L'Alsace et l'Algérie: de la réalité au mythe" Lire en ligne
  8. a et b d'après le Tableau général des communes de l'Algérie — 1884 — Lire en ligne
  9. Michel Launay, Paysans algériens, Paris, Le Seuil, 1962, p. 64,p68.
  10. Oran, la ville où Camus s'ennuie
  11. L'Afrique française: bulletin mensuel du Comité l'Afrique française et du Comité du Maroc, Volumes 61-65, Comité du Maroc, Comité de l'Afrique française, 1957, p.10
  12. Les mots des uns, les maux des autres: la France et l'Algérie, Michel Delenclos, Godefroy de Bouillon, 2008, p.537
  13. Le livre blanc de l'armée française en Algérie, Michel de Jaeghere, Contretemps, 2001, p.47
  14. Pierre Mendès France (N.R.F. biographies), Éric Roussel, Gallimard, 2007, p.352
  15. Le pied-rouge, Bernard Lecherbonnier, Denoël, 1974, p.188
  16. Le Pied-Rouge, François Muratet, Volume 13 de Serpent noir, Serpent à plumes, 1999, p.131
  17. Vergès: le maître de l'ombre: L'épreuve des faits, Bernard Violet, Seuil, p.127
  18. Les Russes du Kazakhstan: identités nationales et nouveaux états dans l'espace post-soviétique, Maisonneuve & Larose, 2004, p.263
  19. Algérie, les années pieds-rouges: Des rêves de l'indépendance au désenchantement, 1962-1969, Catherine Simon, La Découverte, Cahiers libres, 2009, p.4ème de couverture
  20. Parcours d'une intellectuelle en Algérie: nationalisme et anticolonialisme dans les sciences sociales, Monique Gadant, Collection Histoire et perspectives méditerranéennes, Editions L'Harmattan, 1995, p.72
  21. a et b Guy Bedos à propos de son livre "Je craque", Apostrophes - 12/03/1976
  22. Ouvertures: cours intermédiaire de français, H. Jay Siskin, Harcourt College Publishers, 2001, p.217
  23. Alger étudiants, n°16, 16 juin 1923, p. 14.
  24. a, b et c http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3?id_article=34#nb31
  25. Jean Pomier, « Algérien ? Un mot qui cherche son sens », in Afrique, Alger, 1946, réédité dans L’Algérianiste, n°98, juin 2002, pp. 82-92
  26. Mouloud Feraoun, Les chemins qui montent, Le Seuil, 1957, pp. 208-209.
  27. Guy Pervillé, Comment appeler les habitants de l’Algérie avant la définition légale d’une nationalité algérienne ? (1996)
  28. « Le terme, attesté en 1917 selon le dictionnaire de Paul Robert (lui-même français d’Algérie) désignait alors les chauffeurs de bateaux indigènes, aux pieds nus salis par le charbon. Sens confirmé par un article du journal indigène La Défense, n°3, février 1934, p. 2 (« Un geste révoltant » ) qui cite « pied-noir » dans la liste des insultes racistes » , Note de Guy Pervillé
  29. a et b Alain Peyrefitte, C'était de Gaulle, Quarto Gallimard, 2002
  30. Guy Pervillé: Le terrorisme urbain dans la guerre d'Algérie - citation " Le 20 août 1955, des milliers de fellahs encadrés par les troupes de l’ALN s’attaquèrent aux « forces de l’ordre » et aux civils français dans une vingtaine de centres urbains et ruraux, notamment à Philippeville et à Constantine. Les meurtres et les massacres (dont les plus importants et les plus epouvantables furent ceux d’El Halia et de Aïn Abid), provoquèrent la répression attendue et les effets escomptés:la rupture entre les communautés.. Le 20 août 1955 fut le point de non-retour de l’insurrection. Le même jour, des attentats visant à Constantine plusieurs notables algériens modérés, qui avaient signé un appel condamnant « toute violence d’où qu’elle vienne », confirmèrent le choix d’une stratégie du pire."
  31. Yves Courrière, La guerre d'Algérie (tome 4, Les feux du désespoir)[réf. incomplète]
  32. Algérie : interview Pajard, 01/06/1962
  33. INTERVIEW D'UNE ALGEROISE EUROPEENNE ET D'UN MUSULMAN, JT 20H - 30/09/1961
  34. CAMP DE REFUGIES D'ORAN, JT 20H - 17/07/1962
  35. a et b Guy Pervillé "Pieds Noirs : la valise ou le cercueil" (2004)
  36. Paul Fortu, Un enseignant en Kabylie, Paris, Editions L'Harmattan, 2004 (ISBN 2747574229)(ISSN 9782747574228) [lire en ligne], chap. Graveurs de mémoire, p. 13 
  37. Ben Bella a déclaré dans l'émission de France-Culture, réalisée par Patrice Gélinet, le 21 août 1987 qu'il n'imaginait pas qu'une Algérie indépendante pût continuer d'abriter tant d'Européens.
  38. Savoir lire entre les lignes - Programme de Tripoli de juin 1962 sur site Présidence algérienne extraits, au chapitre II: Abstraction faite de toute qualification technique, l’écrasante majorité des Français d'Algérie, en raison même de leur mentalité colonialiste et de leur racisme, ne seront pas en mesure de se mettre utilement au service de l'État algérien. ; au chapitre III, §2 La liquidation de l'OAS, qui est une immédiate, laisse entier le problème posé à la Révolution par la présence du peuplement français d'Algérie. Les garanties données à ce dernier par les accords d’Evian imposent son maintien dans notre pays en tant que minorité de privilégiés ( ...) Beaucoup d’entre eux iront s'installer en France, mais une importante fraction restera en Algérie (...) Les Français d'Algérie ne seront pas considérés tout fait comme des étrangers (...) Cette particularité propre à I'Algérie confère au problème en question sa complexité et en fait I'un des plus graves que l’Etat algérien aura à résoudre. La prépondérance des Français d'Algérie demeure de rasante (sic! écrasante ?) dans les domaines économique, administratif et culturel et va l’encontre des perspectives fondamentales de la Révolution.
  39. Guy Pervillé " Le terrorisme urbain dans la guerre d’Algérie (2000) " [1]
  40. Guy Pervillé "OAS, le terrorisme du désespoir (2004)" [2]
  41. Guy Pervillé "Le point sur... la guerre d’Algérie (1983)" [3]
  42. Pierre Daum, « Trois événements traumatisants », Le Monde diplomatique, mai 2008, p. 16
  43. Hélène Bracco, chercheuse citée par Aurel et Pierre Daum, « Sans valise ni cercueil, les pieds-noirs restés en Algérie », Le Monde diplomatique, mai 2008, p. 16-17, opus cité
  44. a et b Alicante des pieds noirs, Panorama - 18/12/1969
  45. Claude Tapia, Les juifs sépharades en France, 1965-1985: études psychosociologiques et historiques, Editions L'Harmattan, 1986, p.27
  46. "Les rapatriés forment dans notre hexagone national une masse de population d'environ 1 500 000 personnes, venant d'Afrique du Nord (Algérie, Tunisie, Maroc)", Association for the Study of the World Refugee Problem, A.W.R. bulletin, Volumes 21-22, Fürst Franz Josef von Liechtenstein Stiftung, 1974, p.186
  47. a, b et c Jean-Louis Planche Français d'Algérie, Français en Algérie (1962-1965), in colloque Les accords d'Evian: en conjoncture et en longue durée - éditions René Gallissot -1997 - pp. 104-105 [4]
  48. Mémoires d'Ahmed Ben Bella, en septembre 1962, « 7000 des 22000 agriculteurs n'étaient pas rentrés, bien qu'en accord avec le gouvernement français, j'avais indiqué dans mes discours que ceux qui abandonnaient leur terre ne seraient pas indemnisés. »
  49. Sens d'usage, en Algérie de l'époque, de propriétaire-exploitant agricole.
  50. Bruno Etienne , Succession d'Etat et conditions des habitants - Aix en Provence - haut de page 29 [5]
  51. Pierre Daum, « Combien sont-ils ? », Le Monde diplomatique, mai 2008, p. 17
  52. a et b Aurel et Pierre Daum, « Sans valise ni cercueil, les pieds-noirs restés en Algérie », Le Monde diplomatique, mai 2008, p. 16-17
  53. Où en sont les rapatriés, Cinq colonnes à la une - 03/05/1963
  54. Naissance d'un village : Carnoux, Cinq colonnes à la une - 07/10/1966
  55. ROBERT BOULIN A MARSEILLE, JT 13H - 11/12/1961
  56. a, b et c Etat civil ALGERIE
  57. Registre civil des naissances d'Alger de 1832
  58. Colonisation de l'Algérie, Prosper Enfantin, P. Bertrand, 1843, p.32-33
  59. L'histoire des pieds-noirs d'Algérie, 1830-1962, Raphael Delpard, Michel Lafon, 2002
  60. La mémoire des pieds noirs de 1830 à nos jours, Joëlle Hureau, Librairie Académique Perrin, Tempus, 2010
  61. Recettes Pieds-Noirs de nos Grands-Mères, Louis Gildas, CPE, Reflets de Terroir, 2007
  62. Cuisine pied-noir, Christophe Certain, Edisud, 2001
  63. La cuisine pied-noir, Irène Karsenty, Denoël, Cuisine, 2001
  64. Le parler pied-noir: mots et expressions de là-bas, Léon Mazella, Rivages, Region, 2005
  65. Le parler des Pieds-Noirs d'Oran et d'Oranie, Amédée Moréno, Vents Contraires, 1999
  66. a et b Les trois cuisines du Maghreb: 600 recettes arabes, juives et pieds-noirs, Léon Isnard, Presses du Languedoc, Gastronomie, 2006, Montpellier, Quatrième de couverture
  67. Définition de "pataouète" dans le dictionnaire Larousse en ligne
  68. a et b Gestes d'Algérie, Marie Virolle-Souibès, KARTHALA Editions, 2007, p.166
  69. Trésors des racines pataouètes, Roland Bacri, Volume 5 de Le français retrouvé, Belin, 1983
  70. Le parler des Pieds Noirs d'Oran et d'Oranie: memento, lexique avec anecdotes, histoires & souvenirs de là-bas, Volume 2, Amédée Moréno, Vents contraires, 1999, p.84
  71. Les Français d'Algérie: vie, mœurs, mentalité de la conquête des Territoires du Sud à l'indépendance, Pierre Mannoni, Collection Histoire et perspectives méditerranéennes, Editions L'Harmattan, 1993, Page 73
  72. a, b, c et d Autrefois, la Mékerra, Raph Soria, BoD - Books on Demand France, 2009, Petit lexique: p.188 à 198 (ISBN 2810602549)
  73. a et b Les Pieds-Noirs dans le monde, Léo Palacio, J. Didier, 1968, p.125
  74. Gage Patrick Bruel, Tout le monde en parle - 25/02/2006
  75. Le parler des Pieds-Noirs d'Oran et d'Oranie: Tome 1, Amédée Moréno, Vents Contraires, 1999
  76. Le parler des Pieds-Noirs d'Oran et d'Oranie: Tome 2, Amédée Moréno, Vents Contraires, 1999
  77. Bulletin de la Société Paul Claudel, Numéros 169-172, Société Paul Claudel, 2003, p.8
  78. a et b Interview Elie Kakou sur l'humour pied-noir, 14/06/1995]
  79. Site officiel d'Elie Kakou : Elie Kakou, la bio
  80. Site officiel d'Elie Kakou: Elie Kakou, la bio
  81. [Florence Foresti Myriam : les mère juives n'existent pas]
  82. Jacques Martin "Tu t'laisses aller" façon pied-noir, Palmarès des chansons - 04/01/1968
  83. Séquence pré générique Sellem, Double jeu - 16/11/1991
  84. Le Sentier de la gloire, par Grassin Sophie, Médioni Gilles, L'Express, publié le 01/05/1997
  85. Je M'appelle Simon Bensoussan, Guy Bedos, Bedos au Zénith - 1990, Barclay, 2008
  86. Qu'il fasse du mime!, Guy Bedos, propos recueillis par Gilles Médioni, publié le 19/01/2004 dans L'Express
  87. Définition d' "occupation": politique) fait pour une puissance étrangère d'envahir un pays militairement et de s'y maintenir par la force.
  88. Vacances à Marrakech, Bedos & Daumier, Guy Bedos et Sophie Daumier, Universal, 2005
  89. Guy Bedos "English spoken, Discorama - 07/03/1965
  90. AMORA : épices : le pied noir
  91. GARBIT : COUSCOUS TABOULE PLAT CUISINE, 01/06/1987
  92. PAGES JAUNES ANNUAIRE PTT : Pied noir

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