Armistice de 14-18

Armistice de 14-18

Armistice de 1918

Cette photographie a été prise après la signature de l'armistice à la sortie du « wagon de l'Armistice » du train d'État-Major[1] du maréchal Ferdinand Foch (deuxième à partir de la droite).

L'armistice, signé le 11 novembre 1918 à 5 h 15, marque la fin de la Première Guerre mondiale (1914-1918) et la capitulation de l'Allemagne. Le cessez-le-feu est effectif à onze heures, entraînant dans l'ensemble de la France des volées de cloches et des sonneries de clairons annonçant la fin d'une guerre qui a fait plus de 18 millions de morts et des millions d'invalides ou de mutilés. Les généraux allemands et alliés se réunissent dans un wagon-restaurant aménagé du maréchal Foch, dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne. Plus tard en 1919, à Versailles, ils signeront le traité de Versailles.

Sommaire

Chronologie

Première page du New York Times le 11 novembre 1918.

Le traité de Brest-Litovsk conduisant à la reddition de la Russie permet à l'Armée allemande de se concentrer sur le front de l'Ouest mais l'échec des offensives allemandes en juin et juillet 1918, le renfort des alliés américains et anglais retire à l'Allemagne tout espoir de victoire. En outre, la révolution ouvrière de Berlin précipite le pays dans la tourmente. Durant le mois d'octobre, les Allemands et le président américain Wilson échangent des notes dans lesquelles ce dernier est chargé, dans la lignée de ses quatorze points proposés en janvier dans un discours retentissant, de prendre en main le rétablissement de la paix.

Le 3 octobre 1918, l'empereur Guillaume II nomme un nouveau chancelier : Max de Bade. Mais cela ne suffit pas à contrôler le pays, dont de nombreux marins et soldats refusent d'aller au combat, en particulier à Kiel.

Le 5 novembre 1918, à 6 heures du matin, Maurice Hacot, habitant d'Auchel et caporal affecté au centre radio-télégraphique de la tour Eiffel reçoit un message morse émis de Spa en Belgique. Il s'agit la demande d'armistice de l'État-Major[1] allemand. Il transmet le message au colonel Ferrié[2].

Le 7 novembre, le maréchal Paul von Hindenburg, chef de l'État-Major[1] allemand, propose une rencontre à Foch.

Cinq voitures traversent sous escorte la zone dévastée du Nord de la France pour se rendre au lieu de rencontre jusque-là tenu secret, une futaie de la forêt de Compiègne abritant deux petites voies ferrées parallèles, utilisées pour le tir de longue portée et où ont été acheminés deux trains, le train du maréchal Foch et un train aménagé pour la délégation allemande. Durant les trois jours, les Allemands n'ont que peu d'occasions de véritablement négocier. Ils doivent rapidement se plier aux conditions développées dans un texte qui leur est soumis. Ce texte avait été établi en dernier lieu par Foch, au titre de commandant suprême des forces alliées, après un mois de positions divergentes de Wilson, Clemenceau, Orlando et Lloyd George.

Le 9 novembre, le Prince de Bade conseille au Kaiser l'abdication. Celui-ci part en exil en Hollande. Cet événement est un élément de pression important vis-à-vis des délégués allemands réunis dans le wagon de Compiègne. Le lendemain, le nouveau chef du Gouvernement allemand, Friedrich Ebert, signe un pacte avec les dirigeants de son armée et implore son représentant à Rethondes de clore sans tarder les négociations.

Le 11 novembre, entre 5 h 12 et 5 h 20 du matin, l'armistice est signé, avec une application sur le front fixée à 11 h du matin, et ce pour une durée de 36 jours. À la suite de cet armistice est signé le traité de Versailles, le 28 juin 1919.

Participants

Tableau représentant la signature de l’Armistice de 1918 dans le wagon-salon du maréchal Foch. Derrière la table, de droite à gauche, le général Weygand, le maréchal Foch (debout) et les amiraux britanniques Rosslyn Wemyss et G. Hope. Devant, le ministre d’État allemand Matthias Erzberger, le général major Detlof von Winterfeldt (avec le casque) de l’Armée impériale, le comte Alfred von Oberndorff des Affaires étrangères et le capitaine de vaisseau Ernst Vanselow de la Marine impériale.

Du côté des alliés, des militaires :

Du côté allemand, le représentant plénipotentiaire était civil, assisté de conseillers militaires :

Les principales clauses

Retrait des troupes allemandes après la signature de l'armistice
  • A) Sur le front d'occident
    • I) Cessation des hostilités, sur terre et dans les airs, six heures après la signature de l'armistice.
    • II) Évacuation immédiate des pays envahis : Belgique, France, Luxembourg, ainsi que de l'Alsace-Lorraine, réglée de manière à être réalisée dans un délai de quinze jours à dater de la signature de l'armistice. [...]
    • IV) Abandon par les armées allemandes du matériel de guerre en bon état. [...]
    • V)Évacuation des pays de la rive gauche du Rhin par les armées allemandes. Les pays de la rive gauche du Rhin seront administrés par les autorités locales, sous le contrôle des troupes d'occupation des Alliés et des États-Unis. [...] [qui] assureront l'occupation de ces pays par des garnisons tenant les principaux points de passage du Rhin (Mayence, Coblentz, Cologne) avec, en ces points, des têtes de pont de 30 kilomètres de rayon. [...]
    • VI) Dans tous les territoires évacués par l'ennemi, toute évacuation des habitants sera interdite ; il ne sera apporté aucun dommage ou préjudice à la personne ou à la propriété des habitants. Personne ne sera poursuivi pour délit de participation à des mesures de guerre antérieures à la signature de l'armistice. Il ne sera fait aucune destruction d'aucune sorte. [...]
    • VII [...] Il sera livré aux puissances associées : 5 000 machines montées et 150 000 wagons en bon état de roulement [...] et 5 000 camions automobiles en bon état. [...]
  • B) Dispositions relatives aux frontières orientales de l'Allemagne.
    • XII) Toutes les troupes allemandes qui se trouvent actuellement dans les territoires qui faisaient partie avant guerre de l'Autriche-Hongrie, de la Roumanie, de la Turquie, doivent rentrer immédiatement dans les frontières de l'Allemagne telles qu'elles étaient au 1er août 1914. Toutes les troupes allemandes qui se trouvent actuellement dans les territoires qui faisaient partie avant la guerre de la Russie devront également rentrer dans les frontières de l'Allemagne définies comme ci-dessus, dès que les Alliés jugeront le moment venu, compte tenu de la situation intérieure de ces territoires. [...]
  • C) Dans l'Afrique orientale.
    • XVII) Évacuation de toutes les forces allemandes opérant dans l'Afrique orientale dans un délai réglé par les Alliés. [...]
  • F) Clauses navales.
  • G) Durée de l'armistice.
    • XXXIV) La durée de l'armistice est fixée à trente-six jours, avec faculté de prolongation.

Derniers morts au combat

Le dernier jour de guerre a fait près de 11 000 tués, blessés ou disparus, soit plus que lors d'une opération majeure comme le Jour J en 1944. Certains soldats ont perdu la vie lors d'actions militaires décidées par des généraux qui savaient que l'armistice avait déjà été signé[3]. Par exemple le général Wright de la 89e division américaine prit la décision d'attaquer le village de Stenay afin que ses troupes puissent prendre un bain, ce qui engendra la perte de 300 hommes[3].

À 10 h 45 du matin, soit 15 minutes avant l'heure du cessez le feu, Augustin Trébuchon a été le dernier soldat français tué, estafette de la 9e compagnie du 415e régiment de la 163e division d'infanterie, il est tué d'une balle dans la tête alors qu'il porte un message à son capitaine[4]. Le dernier britannique, George Edwin Ellison a été tué à 9 h 30 alors qu'il faisait une reconnaissance non loin de Mons en Belgique. Le dernier soldat canadien a été George Lawrence Price, deux minutes avant l'armistice. Il a d'abord été enterré à Havré avant d'être transféré à Saint-Symphorien (Belgique), au cimetière militaire. Sa pierre tombale d'Havré est exposée au musée d’Histoire militaire de Mons. Enfin l'américain Henry Gunther est généralement considéré comme le dernier soldat tué lors de la Première Guerre mondiale, 60 secondes avant l'heure d'armistice, alors qu'il chargeait des troupes allemandes étonnées parce qu'elles savaient le cessez le feu imminent[3],[5].

La date de décès des morts français du 11 novembre a été antidaté au 10 novembre par les autorités militaires pour qui il n'était pas possible ou trop honteux de mourir le jour de la victoire[4],[3].

Événements ultérieurs

Hommages et commémorations

Le 11 novembre 1920 apparaît l'idée de rendre hommage aux soldats morts pour la France mais non identifiés. La dépouille mortelle d'un soldat parmi plusieurs autres, choisi dans la citadelle de Verdun, est inhumée sous l'Arc de Triomphe dans la tombe du Soldat inconnu. Ce n'est que trois ans plus tard qu'est allumée la flamme qui ne s'éteint jamais, donnant au tombeau du Soldat inconnu une forte portée symbolique et politique.

Le 11 novembre est un jour férié en France (jour du Souvenir depuis la loi du 24 octobre 1922), en Belgique et au Canada. Aux États-Unis, sa commémoration a été étendue à tous les vétérans de guerre.

Assassinat de Matthias Erzberger

Matthias Erzberger, signataire civil plénipotentiaire pour les Allemands et député ayant fait voter une motion pour la paix dès juillet 1917, est assassiné le 26 août 1921 par des nationalistes d'extrême droite appartenant à l'Organisation Consul.

Références

  1. a , b  et c Typographie selon le Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale, 2007 (ISBN 978-2-7433-0482-9), p. 79 et 133, car il s'agit du Grand État-Major du généralissime des armées alliées le maréchal Foch, ou de l'État-Major allemand.
  2. La Voix du Nord du 11 novembre 2008
  3. a , b , c  et d (en)The last soldiers to die in World War I, BBC News (29 octobre 2008). Consulté le 6 novembre 2008.
  4. a  et b « 11 novembre 1918 : Vrigne-Meuse, la bataille de trop » sur liberation.fr. Mis en ligne le 11 novembre 2008, consulté le 11 novembre 2008
  5. (en)Michael Palin: My guilt over my great-uncle who died in the First World War, The Telegraph (1er novembre 2008). Consulté le 1er novembre 2008.

Liens externes

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