Percee de Sedan

Percee de Sedan

Percée de Sedan

Percée de Sedan
Informations générales
Date 13 mai 1940
Lieu Sedan, département des Ardennes
Issue Percée décisive des forces allemandes
Belligérants
Flag of France.svg France Flag of Germany 1933.svg Allemagne
Seconde Guerre Mondiale
Batailles
Bataille de France et campagne des 18 jours‎
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Guerre en Asie et dans le Pacifique


Guerre sino-japonaise

La percée de Sedan est une offensive majeure et décisive pendant la Seconde Guerre mondiale, lancée le 10 mai 1940 par la Wehrmacht depuis l'Allemagne en traversant le Luxembourg et la Belgique (Province de Luxembourg) en direction de Sedan ; les troupes allemandes traversent le massif des Ardennes, jugé infranchissable par l’État-major français, et évitent ainsi la ligne Maginot car le dernier fort de cette ligne (Ouvrage de la Ferté) se situe à environ 20 km de Sedan près de Carignan [1],[2].

Sommaire

Stratégie d'ensemble

Depuis la déclaration de la guerre le 3 septembre 1939 par la France et le Royaume-Uni en réaction de l'invasion de la Pologne par les Allemands, aucune action d'envergure n'a été tentée par les belligérants. À part la timide offensive de la Sarre du 7 au 21 septembre 1939, les Français sont restés à l'abri sur leur frontière, les Allemands après leur expéditive victoire à l'est en Pologne se regroupent à l'ouest[1].

Du côté français et alliés sous l'autorité du général Gamelin, commandant en chef de la défense nationale, et du général Georges, commandant en chef du front Nord et Est, les forces sont réparties en trois groupes d'armées (GA) : au nord, le GA n° 1 du général Billotte, au nord-est derrière la ligne Maginot, le GA n° 2 du général Prételat et le GA n° 3 du général Besson au sud de l'Alsace face à la Suisse. En tout 130 divisions y compris les 9 divisions du corps expéditionnaire britannique du général Lord Gort intégrées au GA n° 1 et les forces belgo-hollandaises[1].

Du côté allemand, le maréchal von Brauchitsch est le commandant en chef et son chef d'état-major est le général Halder disposent de 136 divisions en 3 GA : le GA A au nord, le GA B au centre et le GA C au sud[1].

Le 10 mai 1940, à l'aube, la Wehrmacht déclenche une offensive avec le GA B du général Fedor von Bock en envahissant au nord les États neutres de Hollande et de Belgique. La violation de la neutralité belgo-hollandaise par ces deux armées allemandes constituant ce GA B (généraux Walther von Reichenau et von Klüchler respectivement 6e et 18e armées et fortes de 28 divisions dont 3 Panzerdivisionen, provoque la manœuvre dite Dyle-Breda de la part des Alliés. Cette manœuvre va engager une grande partie des forces du GA n° 1 du général Billotte à la rencontre des forces allemandes car, en croyant à la réédition du plan Schlieffen d'août 1914, le chef d'état-major (EM) français, le général Gamelin engage aussi dès le premier jour de la bataille son armée de réserve, la VIIe du général Giraud qui doit se positionner à la frontière belgo-hollandaise près de la Dyle. La 1re armée du général Blanchard ainsi qu'une partie du corps expéditionnaire anglais vont soutenir les armées belges. Une partie de la 9e armée du général Corap prend position du saillant des Ardennes jusqu'à la trouée de Gembloux. La manœuvre Dyle-Breda engage toutes les meilleures unités d'active, constituées de divisions modernes, mobiles et bien équipées (3 divisions légères mécaniques, une division cuirassée et 5 divisions d'infanterie (DI) motorisée[1],[2].

Le reste du dispositif français au sud de la région de Givet jusque Longuyon est protégé par des éléments fixes d'une partie de la 9e armée et la 2e armée du général Huntziger constituée de divisions de série A ou B couvertes par des divisions mixtes à cheval et motorisées. Ce dispositif protège la jonction entre la ligne Maginot et la frontière belge[1]. C'est le Xe corps d'armée (CA) du général Gransard qui se trouve sur le secteur de Sedan au petit ouvrage de la Ferté[3].

L'attaque au nord faisant croire au plan Schlieffen est un leurre car les stratèges allemands ont modifié leur plan au début de 1940 et vont faire porter sur ce secteur d'environ 150 km l'assaut principal au groupe d'armée du centre, le GA A du général Gerd von Rundstedt (la 4e de von Kluge, la 12e du général List, la 16e du général Busch et le groupement blindé général von Kleist) fort de 44 divisions dont 7 panzerdivisions[1].

Prémices de la percée

Le 10 mai, alors que toute l'attention de l'état-major français est monopolisée par les combats en Belgique centrale (manœuvre Dyle-Bréda), d'importantes divisions blindées (DB) allemandes accompagnées de troupes d'élite motorisées traversent sans déclaration de guerre le Luxembourg et le sud de la Belgique orientale. En conséquence de la stratégie française, ce secteur charnière entre la ligne Maginot et la frontière est fort mal défendu par des troupes ayant une valeur combative inférieure aux armées françaises déployées en Belgique et surtout bien moins équipées en matériels modernes, notamment en DCA et canons antichars. La stratégie est guidée par une doctrine erronée de l'état-major français qui considère que le massif ardennais est infranchissable par des blindés, or ceux des Allemands le traverseront en deux jours. Selon le général Delmas dans son article "les trois premières semaines de guerre, 10 mai-3 juin 1940" c'est la conséquence d'une doctrine que résume cette phrase du maréchal Pétain dans les années 1930, « si des armées importantes s'aventurent dans le massif ardennais, on les pincera à la sortie[1],[2] ».

Dés l'aube du 10 mai 1940 au commencement du conflit, le Xe CA est mis en alerte, le général Huntzinger envoie des troupes soutenir les chasseurs ardennais belges qui tentent de résister à l'invasion allemande à Bodange. La 3e brigade de spahis, la 5e DLC et la 1re brigade de cavalerie pénètrent en Belgique mais, après avoir transpercé le maigre rideau des chasseurs ardennais, les Allemands sont déjà au contact et bousculent aisément les unités françaises par des unités blindées. Le 11 mai, La 1re Panzerdivision (PzD) repousse les troupes françaises sur l’autre rive de la rivière Semois.

Le 12 mai, la 10e PzD traverse la rivière Semois dans le secteur de Cugnon/Herbeumont et rejoint la Meuse au sud de Sedan dans la soirée. La 1re PzD établi une tête de pont dans la nuit du 11 au 12 à Mouzaive en suivant le repli de la 3e brigade de Spahis et traverse la Semois à 6 h du matin, prenant de flanc la 5e DLC qui ignore le retrait des Spahis. Les forces aériennes françaises attaquent le pont de Bouillon dans la matinée sans parvenir à le détruire[4]. L'artillerie lourde située sur le secteur de Sedan intervient aussi pour essayer de stopper la progression des troupes allemandes et protéger la retraite des troupes françaises intervenues en Belgique. Ces dernières repassent la Meuse le 12 mai sous le pilonnage incessant de l'aviation allemande. Les Allemands poursuivent leur avancée. Le Kampfgruppe Krüger, formé des Panzer-Regiment (PzR) 1, I/SR 1, III/SR 1 et II/AR 73 traverse la Semois à Bouillon. Il sera attaqué, sans succès, à plusieurs reprises et parviendra finalement à maintenir ses positions à la maison fortifiée "La Hatrelle" Le Kampfgruppe (KG) Keltsch, formé des II/PzR 2, II/SR 1, I/AR 73 et Kradschtz btl 1 rencontre des fortifications françaises (maisons fortes) au nord de Saint-Menges qui se rendent après un rapide combat. À 14h30 Saint-Menges est pris et les premiers éléments du KG Keltsch fondent sur Sedan via Floing. Lorsque les premiers éléments rejoignent la Meuse, l’artillerie lourde française ouvre le feu et les ponts sur la Meuse sont détruits. En fin de soirée, tous les éléments de la division se trouvent à Sedan. Fleigneux est sécurisé avant la nuit. Pendant la nuit, les forces allemandes préparent la traversée de la Meuse. La 2e PzD traverse la Semois à Vresse-sur-Semois mais prend du retard et n’arrivera à Sedan qu’après les deux autres divisions[4].

Près de 300 chars, 3000 véhicules et 10 000 hommes se dirigent droit sur Sedan. Ils sont suivis de forces bien plus importantes encore et destinées à déferler sur la France, une fois la percée accomplie[5].

Toute la population civile du secteur de Sedan reçoit l'ordre d'évacuer dans les villes de repli en-dessous de la Loire selon les plans d'évacuation prévus[6].

Le 12 mai, le haut commandement français commence à se rendre compte que l'attaque principale est dirigée sur Sedan et non vers la Belgique du nord comme en août 1914 avec le plan Schlieffen. Il estime cependant qu'il faudra plusieurs jours aux Allemands pour concentrer les troupes et surtout l'artillerie nécessaires pour forcer le passage de la tranchée de la Meuse selon les méthodes traditionnelles de la guerre précédente. Le plan de bataille allemand, dit Fall Gelb (plan jaune), est le résultat d'une réflexion du général von Manstein soumis à Hitler en février 1940. Ce dernier, qui avait envisagé une stratégie similaire, adopte l'idée et la fait mettre en œuvre par son état-major. Ce plan, dit aussi Sichelschitt (coup de faucille en allemand), prévoit de leurrer l'état-major français en simulant l'attaque principale par les Pays-Bas et la Belgique, d'y attirer les meilleures unités françaises et britanniques et de les prendre ensuite à revers en les enfermant en Belgique. Ce plan très audacieux est à l'origine d'un des plus grands désastres militaires de la France[1],[2].

Les forces en présence

La région de Sedan se trouve pratiquement à la charnière de deux secteurs, le secteur fortifié de Montmédy et le secteur défensif des Ardennes[2].

En 1933 lors de l'avènement au pouvoir d'Hitler, les forces allemandes sont quasi inexistantes. Dans les années suivantes, elles ont grandi trop vite et, malgré l'équipement moderne des unités d'élite, le gros des troupes est à l'unisson des armées françaises. Cependant, les stratèges allemands vont utiliser le défaut de la cuirasse française, les forces attaquant le 10 et le 13 mai 1940 agissent dans une tactique d'ensemble et sont bien équipées et soutenues par une forte concentration aérienne. Face à eux à Sedan, les Français vont leur opposer des troupes à la combattivité incertaine. Certaines montreront beaucoup de valeur, d'autres se débanderont presque sans combattre[1].

Côté français, la région est défendue par la 2e Armée (secteur de Longuyon jusqu'aux environs de Donchery) commandée par le général Huntziger et la 9e armée (secteur de Donchery jusqu'à Dinant en Belgique) du général André Georges Corap. La vallée de la Bar, un petit affluent de la Meuse, matérialise la limite des deux secteurs, l'attaque allemande va se concentrer quasiment à la jonction de ces deux armées composées essentiellement d'unités d'infanterie de faible valeur militaire. En arrière, dans la région de Chalons-sur-Marne la 3e division cuirassée (équipée principalement de chars B1) est disposée en réserve[2].

Le secteur de Sedan (Dom-le-Mesnil, Remilly-Aillicourt) en suivant le cours de la Meuse rive gauche est défendu par la 55e DI du général Lafontaine, formée essentiellement de troupes d'infanterie de 2e réserve dont beaucoup de soldats sont originaires de la région[7]. La 55e DI est composée de réservistes de classes anciennes, très mal instruits, et de 4 % d'officiers d'active. Leur armement est incomplet, il n'y a pas de canon de 25 dans les régiments d'infanterie (RI), on déplore aussi des déficits en matériel de topographie et d'observation, en habillement et les approvisionnements sont incomplets. Malgré quelques efforts pour améliorer l'instruction (envoi des régiments dans la zone arrière du CA), celle-ci reste rudimentaire. Au 10 mai 1940, les unités sont à 80 ou 85 % de leur effectif théorique (nombreux permissionnaires). La dotation en mines antichars n'est pas réalisée. L'armement en canons antichars de 25 mm est incomplet au 147e régiment d'infanterie de forteresse (RIF) et au 11e BM et inexistant dans les régiments organiques de la division[4].

La trouée de Sedan, véritable terre d'invasion notamment en 1870 et 1914, est pourtant assez négligée. Pour les Allemands, Sedan est une ville symbole de victoire. En outre, beaucoup de stratèges allemands comme Guderian ont séjourné à Sedan pendant la Première Guerre mondiale, c'était une zone d'instruction allemande derrière le front, ils connaissent bien cette contrée et Guderian plus particulièrement encore[5].

Le secteur de Sedan est divisé en trois sous-secteurs : Villers-sur-Bar, Frénois et Angecourt. Le 10 mai, des unités françaises accomplissent un ordre du général Huntziger qui modifie le dispositif de défense en place, ce qui engendre de nombreux bouleversements et des mouvements de troupes et de leur matériel. En effet, la médiocre 71e DI auparavant postée en réserve vient s'intercaler entre la tout aussi médiocre 55e DI et l'excellente 3e division d'infanterie nord-africaine (DINA)[8] dans le secteur Noyers-Pont-Maugis, au Nord de Mouzon, rive gauche de la Meuse et de son affluent la Chiers. La 3e DINA se repositionne sur le secteur restant jusqu'à l'ouvrage de la Ferté[5].

Beaucoup d'unités changent de position et de cantonnement, elles doivent aussi remettre en place les postes de tir et aussi se réadapter au nouveau terrain. La 71e DI en particulier, qui vient s'intercaler entre la 55e DI et La 3e DINA, doit s'accoutumer au terrain et aux positions. Le mouvement des troupes se termine le 12 mai mais encombre les routes et s'effectue dans la confusion suscitée par l'évacuation des populations civiles belges puis sedanaises. Cela ne facilite pas une mise en place rapide des régiments. En outre, l'attaque allemande se passe en fin de semaine pendant le week-end de Pentecôte et il y a de nombreux permissionnaires, en particulier dans la 71e DI, qui n'ont pas tous rallié leurs unités. Les militaires qui rejoignent leurs compagnies doivent souvent rechercher où elles se trouvent[2].

Le poste de commandement (PC) principal du général Lafontaine se trouve dans la commune de Raucourt-et-Flaba située à environ 10 km au sud de Sedan et le PC de combat est installé au lieu dit Fond Dagot à côté du village de Bulson[2]. Le PC de la IIe Armée se trouve à Senuc, un village près de la ville de Vouziers

Le long du cours de la Meuse, des ouvrages fortifiés, casemates et fortins en béton armé ont été construits dès 1938 et surtout lors de la drôle de guerre[9]. Ces ouvrages sont en quelque sorte une prolongation du secteur fortifié de Montmédy, là où s'arrête matériellement la ligne Maginot, mais les ouvrages fortifiés sont construits par de la main-d'œuvre militaire, c'est-à-dire la troupe en garnison à Sedan, et sont mal conçus : ils n'ont aucune couverture mutuelle et leur face arrière n'a pas de meurtrière. En tout, 62 ouvrages ont été construits entre Donchery et Noyers-Pont-Maugis sur la rive gauche de la Meuse mais si le gros-œuvre est achevé, beaucoup ne sont pas totalement terminés. La construction de nombreuses casemates en béton armé a été entreprise dès la déclaration de guerre mais l'hiver rude de 1939-1940 a retardé les travaux. Le 13 mai, certaines sont tout juste décoffrées et encore remplies de gravats[5]. L'équipement et les finitions sont aussi disparates : peu d'ouvrages sont équipés correctement et ils n'ont pas leur livrée de camouflage, le béton est d'une clarté étincelante et aisément repérable sur les coteaux et les vertes prairies. Certains n'ont même pas de portes blindées, aucun bloc ne possède d'armement adapté, ceux en place en mai 1940 sont fournis par les unités affectées aux blocs[5].

Les lignes de défense manquent de profondeur et de cohérence, des fossés anti-chars aménagés par les troupes se sont pratiquement rebouchés lors des intempéries automnales, les berges de Meuse ne sont pas protégées par des fils barbelés, les tranchées ne sont pas reliées entre elles. Mais la plus grande lacune réside sans doute dans l'absence de tout champ de mines. Les troupes n'en disposent que de peu mais même ce peu ne sera pas utilisé. Les fantassins sont cependant soutenus par une importante artillerie (canons de 75, 105 et 155 mm) soit un peu plus de 200 pièces qui se trouvent sur un secteur au sud de Sedan entre les villages de Frénois et Bulson dans la forêt de la Marfée[10], et sur Cheveuges, Chéhéry et Chémery-sur-Bar. Toutes les transmissions se font par lignes téléphoniques enterrées et non par radio[5].

Malgré de nombreuses interrogations du rapporteur de la commission de la défense nationale à la chambre des députés, Pierre Taittinger, sur la défense de ce secteur, les autorités militaires ont négligé cet endroit stratégique. Dès le 10 mai 1940, les observations aériennes des Alliés indiquent que de nombreux blindés et des troupes allemandes s'acheminent en direction du massif ardennais mais l'état-major français ne renforce pas le secteur de Sedan[7].

Les Allemands ont compris l'importance stratégique de ce secteur : des troupes d'élite de haute valeur militaire, très aguerries et entrainées, vont se concentrer sur le sous-secteur de Frénois entre Donchery et Wadelincourt. En fer de lance suivies de troupes d'assaut, les 1re, 2e et 10e PzD du général Guderian se dirigent vers Sedan[11]. Le plan d'attaque va se focaliser sur une zone de 5 km à vol d'oiseau (10 km en suivant le cours de la Meuse) entre les villages de Donchery et de Wadelincourt situés de part et d'autre de la ville de Sedan. Sur les sept DB du GA A, trois sont concentrées sur le secteur de Sedan, la 1re DB, renforcée du régiment Grossdeutschland, passera à l'ouest de Sedan entre Glaire et Torcy, la 2e à Donchery, et la 10e à Wadelincourt[7],[2].

Les combats

Les avant-gardes allemandes sont tout près de la frontière belgo/française (à environ 15 km de Sedan) quand tous les ponts du secteur de Sedan sont détruits le 12 mai en fin d'après-midi. L'armée française repliée attend l'assaut allemand sur la rive gauche de la Meuse[12].

Le lundi 13 mai à l'aube, les observateurs français voient de nombreuses colonnes allemandes apparaître à la lisière des forêts au nord de Sedan. L'artillerie française intervient et tire efficacement, gênant un instant la progression des troupes allemandes[2].

La riposte allemande ne vient pas d'un duel d'artillerie comme lors de la Première Guerre mondiale mais d'un bombardement aérien nettement plus massif que les jours précédents. Plus de 1 500 avions du Ier et IIe Fliegerkorps vont supporter cet assaut durant la journée. On comptera 600 bombardiers (He 111 , Do 17, Ju 88), 250 Ju 87 Stukas, 500 chasseurs Me 109 et 120 chasseurs Me 110, réalisant 1 215 sorties d’attaque au sol. À 7 h, des Dornier 17 préparent l’attaque allemande pour traverser la Meuse à Sedan. La préparation par bombardement va durer plusieurs heures, causant une nette diminution des tirs d’artillerie français. Les hommes doivent se mettre à l’abri, le fracas des explosions continues est terrible, les hurlements des sirènes des Stukas mettent les nerfs à rude épreuve. Le pilonnage va être terrible et va avoir une part prépondérante dans la réussite du franchissement de la Meuse.

Des Dornier, Heinkel et Junkers envahissent le ciel et s'acharnent méthodiquement et avec brutalité sur tous les dispositifs de défense français, les bombardiers sont protégés de la chasse aérienne française et anglaise par des Messerschmitt Bf 109. L'aviation alliée, engagée sur tous les autres secteurs, semble absente du ciel selon des témoignages oculaires mais, en réalité, le peu de chasseurs qui ont échappé aux Allemands se sacrifie sans résultat positif[2].

Par vagues de 40 à 50, les Heinkel et Dornier bombardent pendant des heures la ville de Sedan puis s'archarnent sur les abords des casemates, fortins situés sur les coteaux de Meuse. De Dom-le-Mesnil à Frénois jusque Noyers-Pont-Maugis, toutes les fortifications et lignes de défense sont attaquées par des groupes de 9 bombardiers guidés par des avions de reconnaissance Fieseler Fi 156. Les points les plus visés sont Wadelincourt, Frénois et le lieu-dit Bellevue ainsi que les 4e et 6e batteries avancées du 99e régiment d'artillerie (RA) du village de Frénois, du mont de la Croix-Piot, de Cheveuges, les batteries d'artillerie lourde de la Marfée et celles situées en arrière du front. Les pièces de 75 mm situées à Frénois et sur le mont Piot sont détruites dès les premières minutes du bombardement[2],[7].

Aussitôt délestés de leurs bombes, les bombardiers repartent et sont remplacés par d'autres. Les pilonnages sont exécutés méthodiquement par tranche de terrain sur tous les ouvrages de défense, points d'appui, observatoires, postes de combat et batteries d'artillerie avancées. Le lieutenant-colonel Laffont, commandant le sous-secteur de Villers-sur-Bar reçoit selon son témoignage plusieurs centaines de bombes à proximité de son PC de Moulin-Mauru[2].

De courts répits entre les vagues ne permettent pas aux Français de se réorganiser ni de réagir efficacement. Car aussi s'alternent par vagues quelque 200 bombardiers en piqué Stukas Ju 87 qui ajoutent avec leurs sirènes hurlantes un effet démoralisateur et angoissant pour les défenseurs. Dès qu'un objectif est repéré par les avions de reconnaissance, il est systématiquement attaqué par les Stukas de plus en plus nombreux. Selon de nombreux témoignages, chaque combattant avait l'impression d'être visé personnellement par l'avion qui piquait sur sa position[13]. L'artillerie anti-aérienne française tente d'intervenir mais la dotation en petites quantités sur ce secteur et surtout inadaptée à tirer sur les bombardiers en piqué ne réussit pas à libérer le ciel. En outre, les batteries de DCA françaises sont tout de suite attaquées par des nuées de Stukas dès qu'elles sont repérées par les avions de reconnaissance.

La maîtrise des airs permet aux chars et canons autotractés allemands d'arriver pratiquement sans pertes en bordure de la Meuse. Malgré l’ampleur des bombardements, aucune casemate n'est complètement détruite et on ne déplore que peu de victimes. Cependant, beaucoup d'ouvrages bétonnés sont recouverts de terre, les créneaux sont obstrués, les armes faussées, de nombreux abris de fantassins sont touchés, parfois pulvérisés, les batteries de 75 sont soit détruites soit bouleversées[2].

L'effet moral du pilonnage sur les troupes se terrant est considérable. Le système défensif est désorganisé, les lignes téléphoniques enterrées sont arrachées, les installations radio détruites. Durant l'attaque des avions, les blindés allemands sur la rive droite de la Meuse commencent à harceler les embrasures des casemates par des tirs directs qui aveuglent les défenseurs ; toutefois, la plupart de celles-ci résistent bien sous les bombardements aériens et terrestres[2],[5].

Les objectifs arrière sont aussi visés : les batteries d'artillerie lourde afin d’éviter qu'elles n’immobilisent les assauts par leurs tirs. Ni le PC de CA du général Grandsard à La Berliére, ni ceux de l'artillerie de CA à Flaba près de Raucourt et de la 55e division à Font-Dagot près de Bulson ne sont épargnés. Pas plus que les quartiers généraux (QG) de la 55e division à Raucourt, de la 71e à Beaumont. Tous les PC régimentaires sont aussi attaqués par des Stukas ainsi que l'arrière immédiat du front, empêchant la progression de troupes de soutien[4]. Seul le PC de la IIe armée à Senuc est épargné.

De Flize à Bazeilles en suivant la Meuse soit sur environ 15 km et sur une profondeur de 30 km, les appareils allemands se sont acharnés méthodiquement sur le dispositif de défense.

L'artillerie allemande vient renforcer ce maelström en tirant des collines du versant droit de la Meuse. Pendant le bombardement, onze bataillons d'assaut arrivent et s'amassent sur la rive droite de la Meuse et se préparent à passer à l'offensive[2],[7].

Depuis plusieurs heures, à l'orée de la Marfée sur les hauteurs du village de Frénois, le PC de combat du 147e RIF où se trouve le lieutenant Michard est soumis à un martelage effrayant et est complétement isolé, plus de lignes téléphoniques pour pouvoir coordonner la riposte des casemates et dans cet enfer pas de possibilité d'envoyer des liaisons à pied. Dans les abris, tous les hommes sont hagards et ne semblent plus réagir, de plus en plus hébétés. Puis peu à peu, les explosions s'espacent et les avions disparaissent. Selon Michard, il a l'impression de sortir d'un rêve, souffrant d'accouphéne et, malgré le soleil de mai, il ne voit plus rien car les fumées noirâtres et denses couvrent tout le sous-secteur de Frénois. La plupart des défenseurs sont comme Michard et ses hommes et une nouvelle phase de la bataille va commencer.

Pendant l'attaque aérienne, une concentration immense de véhicules allemands de toute sorte s'est réalisée dans Sedan, Donchery, Saint-Menges, Floing. Des camions chargés d'hommes et de matériel s'amassent et se préparent à l'assaut.

Vers 16 heures (heure allemande), sous le couvert d'obus fumigènes et des fumées d'incendies, les fantassins d'assaut allemands par groupe de quatre à six hommes traversent le fleuve à bord de radeaux, de bateaux gonflables dans les trois secteurs prédéfinis (Bellevue, Floing, Wadelincourt).

La tâche de traverser la Meuse est allouée aux trois PzD et leurs fantassins et plus particulièrement au régiment d'élite Grossdeutchland ainsi qu’au Schtz Rgt 1 et Sturmpionier Btl 43 (de la 10e PzD).

Les troupes d'assaut de la Ire PzD sur le secteur de Floing se préparent à traverser le fleuve mais, malgré les bombardements massifs, quasiment toutes les casemates françaises sont toujours opérationnelles et empêchent la première vague d’assaut de traverser la Meuse. Des canons de 88 sont installés afin de faire taire les blockhaus français (le 211 sera détruit). Les Sturmpioniers tentent une nouvelle fois la traversée mais échouent. La mort du Lt Graf von Medem permet d’identifier la position d’une mitrailleuse, de l’éliminer et d'enfin pouvoir effectuer la traversée. La 7e Cie du II/GD, suivie de la 6e Cie va ainsi pouvoir attaquer les positions Pont-Neuf et Cimetière de Torcy. Les unités suivent la direction Sedan-Donchery où elles seront à nouveau stoppées par l'artillerie française. Mais beaucoup de batteries de soutien sont soit détruites, soit désorganisées et nécessitent leur redéploiement. C'est sur ce secteur de Glaire que le dispositif français va craquer. Entre deux casemates, la 305 de Glaire et la 211 de Torcy soit environ un vide de 1 8OO m, il aurait fallu une réponse plus énergique de l'artillerie or les groupes d'assaut allemands du 2e bataillon Grossdeutschland progressent rapidement[4]. Sans ordre, le IIIe Bn (Olt Korthals) attaque les blockhaus sur l’axe Sedan-Donchery et se déplace dans la zone d’attaque de la 2e PzD. Korthals décide alors de prendre à revers les casemates françaises afin de faciliter la traversée des troupes de la 2e PzD puis pousse vers Donchery.

Dans l’après-midi, la IIe PzD parvient à Donchery mais, lorsque les premiers chars s’approchent de la Meuse, l’artillerie lourde française les stoppe[14]. Des tirs de contre-batterie sont impossibles car l’artillerie divisionnaire est affectée à la 1re PzD et les 24 obusiers arrivant vers 16 h sont à court de munitions. Cependant vers 16 h 30, quelques volontaires traversent à la nage la Meuse mais sont repoussés par les bunkers français situés à Frénois sur les coteaux de Meuse qui contiennent les assaillants allemands de la IIe PzD sur le secteur de Donchery-Bellevue. Assez rapidement, ces unités allemandes ayant traversé la Meuse entre Glaire et Torcy neutralisent les casemates en les prenant à revers. A 19 h, les bunkers 104 et 7 bis sont pris, ce qui permet à la 2e PzD de traverser la Meuse. Avec la 8e Cie, les Allemands attaquent la colline 247 et la prennent vers 20 h. Epuisées, les troupes du II/GD ne peuvent poursuivre vers le Bois de la Marfée, pendant que le III/GD est empêtré dans des furieux combats de rue à Torcy, au sud de Sedan.

La 10e PzD est divisée en deux KG. Le KG 1 avec le Schtz Rgt 86 sur la droite attaque du sud de Sedan jusqu'à Balan. Le KG 2 avec le Schtz Rgt 69 attaque de Bazeilles à Pont-Maugis, ce régiment sera stoppé dans sa tentative par l’artillerie française coulant une cinquantaine de canots. Cependant, un petit groupe de sapeurs du 49e Bn (Fw. Rubarth, 2e Cie) parvient a traverser la Meuse. Sous un feu très nourri, la première ligne de bunkers est prise. Une contre-attaque française cause de lourdes pertes a ce groupe. Un deuxième groupe d’assaut (Lt. Hanbauer) vient renforcer le premier. Rubarth parvient ainsi à conquérir la seule tête de pont sur la rive ouest de la Meuse entre Wadelincourt et Pont-Maugis. Hanbauer prend la casemate 220 de Wadelincourt et tente de prendre le plateau de la Prayelle[4].

Les Allemands ont subi quelques pertes sous la riposte française mais, après avoir subi les bombardements, les lignes de défense françaises sont complètement désorganisées et ne réagissent pas toutes avec suffisamment de vigueur. Les groupes d'assaut allemands atteignent rapidement les fortins, les casemates, et tranchées qu'ils contournent si ceux-ci résistent trop. Beaucoup de défenseurs français sont hagards et abasourdis, des casemates et points d'appui sont vite mis hors d'état de nuire, d'autres se défendent héroïquement mais ont souvent manqué de soutien. Les demandes de tirs de barrage de certaines sont vaines car beaucoup de liaisons téléphoniques sont coupées et, quand ce n'est pas le cas, les tirs d'artilleries de couverture, à défaut de renseignements précis, sont peu efficaces. Pour pallier la destruction des lignes téléphoniques, les fusées éclairantes demandant du soutien d'artillerie soit sont mal interprétées soit passent inaperçues.

La confusion est quasi générale du côté français, les tranchées reliant les casemates sont détruites, beaucoup de fantassins sont tués et blessés, les survivants tentent de combattre mais de nombreuses unités en arrière du front se sont débandées et de nombreux soldats sont fait prisonniers pendant que d'autres se défendent héroïquement[2],[7],[5].

Le 13 mai, un mouvement de panique engendré par suite au rapport du capitaine Daumont a affecté, peu après 18 heures (heure française), une batterie du 404e RA DCA dont les véhicules passent à toute allure devant le PC de la 55e DI (Casemate de Font-Dagot). « Des grappes d’hommes accrochées aux véhicules, ces gens affolés, hurlent que l’ennemi, avec des chars, vient d’atteindre Bulson ». Il semblerait que le mouvement de panique ait pris son origine au 169e RAP. Le capitaine Fouques, observant des explosions d’obus à quelques centaines de mètres au nord de la position des 7e et 8e batteries du régiment (Plateau de la Renardière) supposa qu’il s’agissait d’impacts de projectiles de chars. Cette information qu’il transmit par radio se répandit bien vite comme une traînée de poudre mais sous une forme tronquée. Les impacts d’obus devinrent des éclairs sortant des canons de chars allemands qui semblaient venir du plateau de la Renardière pour attaquer Bulson, en passant par Chaumon. Puis partout couraient des rumeurs : « les chars sont à Bulson », « les chars sont là », « tout le monde se replie », « les Boches arrivent ». Ces rumeurs engendrées par les unités débandées ont aussi affecté les troupes françaises placées en retrait de la ligne de front qui ne se sont pas repliées en ordre, à tel point que deux PC de division et deux PC d'artillerie lourde sont abandonnés. Des batteries d'artillerie n'ayant pas eu à subir de gros dégâts sont détruites et abandonnées par leurs servants qui s'enfuient. Peu se replient en bon ordre et quand elles le font, elles sont gênées par les unités débandées, ce qui ajoute à la confusion,[5],[7].

En quelques heures de combat, tous les ouvrages de défense entre Donchery et Wadelincourt sont tombés. Dès 16 h 30, des camions de pionniers allemands ont commencé à débarquer leur matériel dans la cour d'une usine située à Floing. Des pontons sont assemblés et, à minuit, un premier pont flottant est construit à l'ouest de Sedan, près du village de Floing au bord de la Meuse, au lieu dit Gaulier. Il peut permettre le passage de véhicules légers et de l'artillerie sur l’autre rive. Les panzers se rassemblent dans la cour de l'usine de l'Espérance[2],[5].

A 20 h 10, le Schtz Rgt 1 a sécurisé le Frenois et, après de sévères combats jusqu'à 22 h 40 environ, la colline 301 est prise au sud du Frénois avec des troupes exténuées. Durant la soirée, la 1re PzD va établir une forte tête de pont avec 6 bataillons sur une large part des hauteurs de la Marfée. À minuit, des unités d'assaut allemandes sont déjà au col de la Boulette à 3 km au sud de Sedan, une poche s'est créée. Quelques troupes françaises résistent dans la Marfée mais il n'y a plus de cohésion dans les lignes de défense qui sont réduites peu à peu.

Les Allemands ont établi une solide tête de pont sur la rive gauche de la Meuse en moins d'une journée. Toutefois le 13 mai au soir, aucun char allemand n'a encore traversé la Meuse mais le sous-secteur de Frénois est enfoncé[2].

Il n'y a pas trois jours que les véritables combats ont débuté et la débâcle commence à faire son œuvre.

Tentative de contre-attaque

Au Grand Quartier Général de Vincennes, les combats de Sedan sont analysés comme un incident local, la manœuvre Dyle-Breda occupe toujours toute l'attention. Le PC du général Gamelin apprend avec plusieurs heures de retard les événements dans le secteur de Sedan. Lorsque le généralissime se rend vers 10h00 à la Ferté au PC du général Georges, il ignore que les Allemands font subir au secteur de Sedan un bombardement aérien massif et méthodique. Même le PC de de la 2e Armée du général Huntzinger ne l'apprendra que dans le courant de l'après-midi, alors que les premiers fusiliers allemands franchissent la Meuse et réduisent les casemates françaises au silence. Ce n'est que vers 21 heures que la G.Q.G Français apprend qu'il y a "un pépin assez sérieux" au sud de Sedan. De Chalons, la 3e D.C.R est appelée en renfort car le commandement français vient de se rendre compte de l'importance de "l'incident local"  : si le front est percé dans le secteur de Sedan, la manœuvre Dyle-Breda devient un piège[2]. Gamelin va s'apercevoir de l'ineptie de la stratégie qu'il a mise au point avec son état-major durant la drôle de guerre, la manœuvre de rencontre qui se fait avec ses meilleures unités combattantes n'est pas encore terminée, il est tombé dans le piège de ce que d'aucuns nomment la muleta du toréro : les Allemands ont agité un chiffon rouge au nord mais le danger venait du sud.

À Sedan, la situation est gravissime, les réserves sont quasi inexistantes, des officiers essaient de réorganiser des unités avec les fuyards. À 21 heures les nouvelles du front sont confuses, même au P.C de la 2e Armée les bruits les plus affolants sont colportés, certains voient déjà les chars sur la rive gauche alors qu'il ne passeront la Meuse qu'à six heures du matin. Une contre-attaque est décidée à l'aube du 14 mai, mais pendant ce temps les blindés de Guderian commencent à passer sur la rive gauche de la Meuse. Solidement implantés sur la rive gauche de la Meuse, les Allemands ont disloqué le dispositif français à la jonction des armées Corap et Huntziger et l'ont enfoncé de plusieurs km[2]. Le général Huntziger va prendre une décision surprenante, en effet, en plein combat dans la nuit du 13 au 14 mai, il va déménager son P.C. De Senuc au fort de Landrecourt au sud de Verdun.

À part quelques résistances éparses et héroïques, la 55e division n'a plus de cohésion ayant subi beaucoup de pertes humaines tant au combat que par défection. La 71e division n'est guère en meilleur état et les unités d'infanterie, démoralisées, refluent dans un désordre qui ne permet pas de reformer des unités sur une seconde ligne de résistance solide. Seules quelques sections voire des compagnies reprises en main par des chefs valeureux s'apprêtent à résister, mais le combat face aux unités allemandes aguerries est une mission de sacrifice[5],[2].

Toute l'aviation de bombardement française est, dès le début de la matinée du 14, mobilisée pour détruire les ponts de bateaux établis dans la nuit par l'ennemi sur la Meuse de Sedan : à Gaulier où passent déjà depuis l'aube les chars de la Ire Panzer, à Donchery et Wadelincourt où s'achèvent les ponts de bateaux où passeront la IIe et Xe Panzer. Neuf Breguet d'assaut du II/54 partent à 9 h 30 bombarder le « quadrilatère Bazeilles, Sedan et la voie ferrée au sud de la Meuse »[15]. Puis vers 12 h 30 cinq Léo 45 des GB I/12 et II/12 effectuent la mission et perdent un appareil[16]. Au même moment les quatre Groupes de bombardement de nuit I/34, II/34, I/38 et II/38, équipé des vieux Amiot 143 peint en marron foncé, font partir dix-huit équipages, là encore non pas bombarder les ponts de bateaux comme prévu le matin, mais « la zone Sedan, Givonne, Bazeilles » par suite d'une information affirmant que « les ponts de bateaux étaient démolis »[17]. Seuls les quatre Amiot des GB I/34 et II/34 effectueront complètement la mission ; l'appareil du commandant de Laubier[18], chef du GB II/34, sera abattu par la flak postée aux abords du pont de Gaulier[19]. Cette « mission de sacrifice » ne servira à rien par suite de ce malencontreux changement de l'objectif à atteindre et du comportement non conforme aux ordres donnés dans la plupart des unités. Le total des pertes d'aviateurs français ce jour-là est de deux officiers et de trois sous-officiers[20]. Enfin, à la nuit tombée, six Farman des GB I/15 et II/15 lachent leur bombes au-dessus de Sedan[21].

Les Français tentent de se regrouper aux abords du village de Chéhéry dans la vallée de la Bar. À 7 h, une reconnaissance aérienne allemande identifie des chars français au sud de Chéhéry qui monte en ligne, traversant la vallée de la Bar, via les hauteurs de Bulson, vers le bois de la Marfée. Immédiatement, Guderian envoie la seule formation de chars disponible (4/PzRgt 2, Olt.Krajewski) reçoit l’ordre d’attaquer en direction de Bulson, et repousser les chars français. La contre-attaque est menée par un bataillon de chars de reconnaissance français, en majorité des FCM 36. A 8 h 45, la compagnie de chars allemande parvient aux hauteurs de Bulson, opposée à une faible résistance. Lorsque les Français aperçoivent les chars allemands, ils se retirent de Bulson. Krajewski traverse Bulson et, lorsqu’il parvient aux hauteurs au sud-ouest, ses chars sont pris à partie par des canons antichars français. La 4/pzRgt 2 rencontre en fait deux compagnies de chars françaises et de l’infanterie équipée de canons antichar. Les chars allemands se positionnent entre les collines 320 et 322 et commencent à ouvrir le feu sur les FCM36 français. Mais l’artillerie française ouvre le feu et détruit tous les chars allemands sauf un. Vers 9 h 15, la 2/PzRgt 2 (V.Grolman) arrive et stoppe la contre-attaque française.

A 13 h, une troisième compagnie de chars et des éléments de la Grossdeutchland arrivent et débutent une contre-attaque dans le bois Rond-Caillau, appuyés par des éléments du Pz.Jg.Abt 37. Au même moment, le Kpfgr Beck-Broichsitter avance en direction de Chéhéry et entre en contact avec les troupes française 3 km avant Chéhéry. 13 chars français et de l’infanterie sont identifiés. Une barriere de 6 canons antichars de 37 mm est formée et parvient a stopper, au début, les Français. Mais les canons allemands de 37 mm sont assez peu efficaces face aux chars FCM 36 et ces derniers tentent de déborder leurs positions. Certains chars entrent dans Connage pendant que de l’infanterie attaque du sud-est. A 9 h 15, deux compagnies du Sturmpionnier Btl 43 arrivent et s’opposent à l’infanterie française. Enfin, à 9 h 45, la 8e Cie du pzRgt 2 (Olt. von Kleist) arrive et repousse les chars français pendant que les sturmpioniers font reculer l’infanterie française vers Chéhéry, dans la forêt de Naumont. Les renforts arrivent unité après unité. Les canons antichars allemands s’installent sur les hauteurs de Bulson avec des canons de 88 et ouvrent le feu sur les cibles françaises. Vers 12 h, 30 chars français sont détruits et Chéhéry est prise.

A 12 h 30, des éléments du PzRgt 2 se tournent vers l’ouest et rejoignent le canal des Ardennes à Malmy . A 14 h 30 le GD arrive à la bordure sud du bois et avance en direction de Maisoncille-et-Villers. Le régiment s’installe en fin de journée au sud et à l’ouest d’Artaise. Il doit rejeter une éventuelle autre attaque blindée française. Le PzRgt 1 traverse la Meuse vers 10 h et va sur Vendresse (ouest de Malmy). Il sera stoppé par de l’artillerie antichar française de 25 mm. Plusieurs contre-attaques avec chars sont rejetées[4].

La tête de pont allemande prend désormais forme, des unités de reconnaissance allemandes trouvent deux ponts intacts sur le canal des Ardennes, près d'Omicourt et de Malmy. Guderian envoie immédiatement des chars et des unités motorisées qui filent plein ouest vers la mer du Nord.

La progression allemande n'est pas stoppée. Les troupes françaises reculent, la contre-attaque est avortée[4]. Le front se perce à la limite des 2e et 9e armée.

La percée de Sedan va totalement déstabliser le front ; en effet, le général Corap n'ayant plus de liaison vers Sedan, débordé au nord et menacé au centre, ordonne un repli précipité sur la frontière française. l'ordre de repli va dégarnir la 1re armée qui résiste en Belgique et oblige celle-ci à abandonner ses positions sur la trouée de Gembloux le 15 mai pour se replier sur la rive gauche de l'Escaut[1],[4]. À partir de ce moment, la percée du secteur de Sedan est patente, le front du GA n°1 se disloque[2],[1].

Dans des sursauts d'agonie, quelques unités vont essayer de stopper l'avance des troupes allemandes à La Horgne et Bouvellemont. Le 15 mai, au sud de Sedan dans le secteur de Stonne, Tannay, Sy des chars lourds B1 montent en ligne ainsi que des fantassins français, dont beaucoup de troupes coloniales. Le but est de reprendre Stonne et de là entamer une contre-attaque vers le nord sur le flanc gauche des unités allemandes. Stonne changera dix-sept fois de main mais la véritable contre-attaque ne sera jamais réellement lancée. Les blindés de la 3e D.C.R affrontent d'abord la 10e Panzer et le régiment Grossdeutschland mais ne parviennent pas à repousser les Allemands sur la Meuse et la trouée reste ouverte. Les troupes françaises réussissent cependant à stabiliser la partie sud du front pendant 10 jours au prix de furieux combats. Engagée par petits paquets, la 3e D.C.R perd graduellement toute valeur stratégique malgré le courage de ses soldats.

La débâcle fait son œuvre et va continuer à s'amplifier.

La débâcle

Du 10 au 14 mai, en 4 jours de combats après avoir combiné les actions aéroportées, blindées et de bombardement, le G.A de von Bock contraint les forces hollandaises à déposer les armes. La 7e armée de Giraud n'a même pas pu leur porter secours et se retrouve engagée à la frontière hollandaise. Dans le même temps l'armée belge subit les combats le long du canal Albert et de la Meuse, le fort d'Ében-Émael est pris par des commandos aéroportés. Dans le même temps les corps blindées du général Hoeppner (2 pzd) s'emparent de Maastricht et des rives de la Meuse. En moins de 24 heures la situation est compromise alors que les unités françaises et anglaises ne sont pas encore installées solidement. Dés le 11 mai les corps de cavalerie du général René Prioux 2e et 3e DLM sont déjà au contact des Allemands, il en fait part au général Billotte, malgré cela la manœuvre continue. Les Anglais se positionnent sur la Dyle et la 1ère armée dans la trouée de Gembloux.

La percée du front le 15 mai dans le secteur de Sedan va faire éclater tout le dispositif allié tout d'abord, le Gal Corap décroche de son secteur entrainant l'abandon de la trouée de Gembloux par le général Blanchard. Le groupement d'armée N°1 et notamment toutes ces meilleures unités sont engagées au nord en Belgique et la percée de Sedan va les prendre au piége. Le plus grave c'est qu'il y a pas vraiment d'armée de réserve car Gamelin l'a engagée dès le 10 mai dans la manoeuvre Dyle et elle se trouve près de la frontiére hollandaise quand la percée de Sedan est patente. Elle se replie sur la Somme, mais cette retraite précipitée va largement entamer ses forces.

Pendant ce temps une partie des unités blindées allemandes ayant percé le front à Sedan se dirigent vers l'estuaire de la Somme avec une progression foudroyante qui effraie même l'état-major allemand qui s'attend à des contre-attaques sur le flanc gauche, car un long couloir large de 100 km à 40 km s'étend de Sedan en direction de l'estuaire de la Somme. Mais Guderian profite de la surprise et de la confusion créées par sa tactique et ne s'arrête pas. Le 17 mai, une contre-attaque limitée à Montcornet est lancée par la 4e division cuirassée de réserve commandée par le colonel Charles de Gaulle, toutefois ce succès localisé, répété ensuite à proximité d'Abbeville, n'est pas suffisant pour contrarier les plans allemands.

le 19 mai, le généralissime français Gamelin sort de sa torpeur et décide une manœuvre en tenaille depuis Arras mais Gamelin est limogé le soir même avant que sa décision ne soit effective et il est remplacé par le général Weygand. Après le dislocation du front va s'ajouter le flou dans la tactique à utiliser, à un moment où les Alliés ne peuvent se permettre la confusion. Les allemands eux ne tergiversent pas, le 20 mai les avant-gardes allemandes atteignent Abbeville et l'embouchure de la Somme, les meilleures unités alliées, coupées de leur état-major, sont désormais prises au piège dans une énorme poche. Le 21 mai Weygand reprend finalement le plan Gamelin ordonnant au G.A n°1 de descendre au sud et à la 7e armée reconstituée sur la Somme de remonter au nord. Cependant avant d'agir, il veut rencontrer les Alliés et le général Billotte, mais le changement de commandant en chef et cette volonté de consulter ses alliés retardent la mise au point de la manœuvre, en outre des aléas malheureux s'en mêlent car Lord Gort est introuvable et le général Billotte se tue dans un accident de voiture au retour de la rencontre. Le G.A/A poursuit sa progression et renforce ses positions et commence à remonter vers le nord pour réduire la zone. Les chances de s'échapper de celle-ci pour les Alliés se réduisent, le 25 mai, Lord Gort décide de manière unilatérale le repli de son corps expéditionnaire sur Dunkerque. Le 28 mai le roi des Belges Léopold III capitule avec son armée, sans prévenir au préalable ses Alliés. Acculé dans un secteur qui se réduit au nord et au sud, Weygand se résout à ordonner au G.A. n°1 de se replier aussi sur Dunkerque et à participer à l'opération Dynamo laissant le matériel de 18 divisions franco-britanniques et 1 million de prisonniers. En à peine plus de deux semaines de combat, les Alliés ont un genou à terre et sont au bord du K.O.

Un miracle comme celui de la bataille de la Marne en 1914 n'aura pas lieu, c'est plutôt l'esprit de la bataille de Sedan en 1870 qui a prévalu durant ces trois semaines de batailles. Ensuite, exécutant le plan Fall Rot les Allemands vont déferler sur la France bousculant la ligne de défense mis en place par Weygand qui va de l'embouchure de la Somme jusqu’à Vouziers dans les Ardennes. Le mal était patent depuis la percée de Sedan car aucune contre-attaque d'envergure n'avait tenté depuis le percement du front à Sedan. Les Alliés n'ont réagi que sporadiquement et dans de nombreuses situations les combattants ont combattu vaillamment et stoppant parfois les Allemands mais la débâcle avait déjà fait son œuvre, tout va s'effondrer non seulement militairement mais aussi toutes les autorités administratives et sociales qui précèdent parfois leurs administrés dans leur fuite[1]. Pour la France, la guerre va encore continuer quelques semaines, mais le pays est complètement désorganisé, quasiment 8 millions de réfugiés errent sur les routes, dans les gares. Des divisions constituées en hâte vont être balayées par la Wehrmacht. C'est non seulement une défaite mais le délitement d'une nation.

Les conséquences de la percée de Sedan

La percée allemande, dite "percée de Sedan", s'est effectuée en fait sur un front qui va de Sedan au sud à Dinant au nord, avec notamment comme points de passage principaux Dinant et Monthermé. Toutefois c'est sur le secteur de Sedan que les Allemands ont concentré leur forces de pénétration. Cette opération n'était que l'élément essentiel d'un plan d'ensemble qui a remarquablement fonctionné et, surtout a créé une confusion et un manque de réaction rapide des Alliés. Cette défaite s'explique aussi par la faute stratégique de l'état-major français (généraux Gamelin et Georges), d'avancer les meilleures troupes en Belgique et aux Pays-Bas à la rencontre supposée du gros des forces allemandes. L'essentiel de l'offensive allemande se concentre sur le point le plus faible du dispositif français, bien plus au sud, dans le secteur des Ardennes, tenu par de faibles troupes d'infanterie à la valeur combative incertaine et surtout très mal équipées qui vont faire face aux meilleures unités allemandes concentrées sur ce point de gravité du front. Des reconnaissances aériennes alliées avaient pourtant repéré les importants mouvements des unités allemandes à travers l'Eifel et le Luxembourg dès le 10 mai.

La surprise de la percée de Sedan, le manque de réaction rapide et l'usage dispersé des divisions cuirassées françaises mal soutenues par l'aviation lors des contre-attaques, expliquent que les effets de la faute stratégique initiale n'aient pas pu être corrigés et la brèche « colmatée ». La doctrine de l'état-major français était fondée sur la défensive et aucune leçon n'avait été tirée du début du conflit en Pologne en septembre 1939. Pendant plusieurs mois, les belligérants se sont regardés l'arme au pied, permettant aux Allemands de reconstituer leurs stocks divers. Toutefois les Français ont eux aussi profité de cette période pour compléter leur armement et constituer quelques divisions blindées mais ne fera pas évoluer sa stratégie. Cette période, appelée la « drôle de guerre », va brutalement cesser le 10 mai 1940. Car les allemands vont utiliser une tactique brutale qui vont leur apporter un avantage décisif. C'est par l'utilisation combinée des chars de combat et de l'aviation comme fer de lance dans un secteur et ensuite d'exploiter la confusion et la surprise créées par cette tactique dite Blitzkrieg pour remporter la décision. Cette tactique était vitale pour les Allemands selon K.J Müller car l'offensive en Pologne a largement entamée les réserves, et certains généraux allemands se méfient de la France qui est à l'époque une des premières puissances militaires mondiales. Les équipements des divisions attaquant le 10 mai sont remarquables mais le gros des troupes est à l'instar des divisions de série B françaises, mal équipés et utilisant largement la traction hippomobile. La drôle de de guerre a aussi permis aux divisions de panzer de se réorganiser et de gommer les erreurs tactiques.

Certains historiens pensent que la France était plus préparée pour une guerre longue, les effectifs en hommes étaient équilibrés et de valeur égale, les matériels étaient de valeurs équivalentes. Mais, mal employées face à des Allemands qui ont exploité à merveille la ruse du plan jaune, les armées françaises vont subir la plus grande défaite de leur histoire et un effrondrement sans précédent. Les pertes humaines françaises sont considérables, car en un peu plus d'un mois de guerre effective plus de 60 000 combattants seront tués, plus de 100 000 prisonniers et plus de 200 000 blessés. Cela démontre que malgré la débâcle les Français se sont défendus et battus avec acharnement. En effet, ces chiffres dépassent les pertes mensuelles les plus sanglantes pendant la Première guerre. Les Allemands perdront près de 55 000 hommes[22]. Cependant, certains vont douter que l'armée française et l'État aient pu sombrer aussi facilement. L'éminent historien Marc Bloch professeur à la Sorbonne, mobilisé pendant ces heures sombres va même parler de « l'étrange défaite » dans son ouvrage éponyme. À travers son expérience personnelle, il y dénonce la sclérose des élites militaires et civiles[23]. Il décrit de façon lucide, dès juillet 1940, dans un procès-verbal les raisons de la défaite. Toutes les institutions de la nation y sont critiquées et en particulier l'institution militaire.

Toutefois il faut aussi noter que la France, bien qu'ayant été victorieuse lors de la Première Guerre mondiale, a subi l'essentiel des dégâts de la guerre sur ses territoires du nord et de l'est. Les pertes humaines l'ont privé quasiment d'une génération d'hommes en perdant 1 800 000 combattants (tués ou disparus), soit 10% de sa population active masculine[1]. En outre, Les bassins industriels, miniers du nord et de l'est ont subi beaucoup de destructions. Pendant l'entre-deux-guerres, le pays est traumatisé et sort très affaibli de la grande guerre, l'opinion générale se dit plus jamais cela, le sentiment pacifiste est quasi-général. Les politiques comme Aristide Briand suivent l'opinion, les militaires se souviennent aussi des pertes humaines et adoptent plutôt une doctrine défensive et la tactique militaire n'évolue pas assez, bien que l'industrie lui fournisse des armements modernes. En résumé la France est entrée en guerre avec des outils de la 2e guerre mais avec la tactique de la 1ère guerre. Par contre l'Allemagne n'a pas accepté la défaite et surtout les conséquences du traité de Versailles qui va engendrer un sentiment de revanche. Les Allemands n'ont subi aucun dégât sur leur sol et n'ont pas été envahis, les troupes rentrent avec leur armement, la défaite est surtout due aux remous politiques interne et aussi à l'affaiblissement économique qui entrainèrent la demande d'armistice militaire. L'après-guerre en Allemagne sera incertain politiquement et économiquement, cela va engendrer un régime politique totalitaire.

La France ne mettra pas à profit sa victoire partagée avec les Alliés, affaiblie la IIIe République n'a su préparer le pays à un bouleversement annoncé avec la montée des dictatures Allemande, Soviétique, Italienne et Espagnole. Max Gallo la qualifie de modèle illustrant « l'incapacité de toute une classe politique à saisir la nouvelle donne qui change le jeu du monde ». Il pense que Briand (né en 1862), comme Pétain (né en 1856), étaient des hommes, nés sous le Second Empire, qui n'ont pas eu à « passer le témoin à des hommes » plus jeunes — morts dans les tranchées de 14-18 — et ils « tenaient encore la barre » dans les années 1930 et 1940. Finalement de « trop vieux capitaines pour une mer déchainée. Elle les a engloutis.»

Pratiquement 70 ans auparavant, Sedan avait été le théâtre d'opérations militaires décisives pour les Allemands. Lors de la bataille de Sedan du 31 août au 1er septembre 1870, une coalition des États allemands avait mis en déroute l'armée française précipitant la chute du Second Empire et l'avènement de la Troisième République. Ce 13 mai 1940, bien que le front fut plus étendu, l'effort principal de l'armée allemande s'est concentré sur le secteur de Sedan. Cette bataille fut aussi décisive et est restée dans l'histoire comme la percée de Sedan. Le seul nom de la ville va être synonyme de défaite et de honte pour beaucoup de français de cette époque. Une nouvelle fois, la ville de Sedan va être à l'origine de l'agonie d'un régime politique qui sera aboli de fait le 10 juillet 1940 par l'Assemblée nationale (Chambre des députés et Sénat réunis) qui donna les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Ce dernier demande un armistice qui est signé le 22 juin 1940 dans la clairière de Rethondes et donne naissance au régime de Vichy.

Sources

  • Ouvrages :
    • Gérald Dardart, Glaire, Vilette et Iges sur le boulevard des invasions ville de Glaire éditeur.
    • Frénois Animation et son groupe Racines, Guerres et Misères, « Il était une fois Frénois », juin 1991, Service reprographique de la ville de Sedan.
    • Claude Gounelle, Sedan Mai 40, Presse de la Cité, 1980.
    • Paul Berben et Bernard Iselin, Les panzers passent la Meuse, Laffont, 1967.
  • Articles :
    • général Delmas, « Les trois premières semaines de guerre », Historia Spécial n°5 mai-Juin 1990.
    • « Le Printemps de La défaite 10 mai-25 juin 1940 », Historia Spécial n°5 mai-Juin 1990.
    • Daniel Laurent et Alain Adam, « Mai 1940 : La débandade ? ».
  • Documents :
    • Situation des troupes du 21 août 1939 au 5 juin 1940, service historique des armées.

Notes et références

  1. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l , m  et n Historia Spécial n° 5 mai-juin 1990, « Le printemps de la défaite, 10 mai-25 juin 1940 »
  2. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l , m , n , o , p , q , r , s , t , u , v  et w Claude Gounelle, Sedan Mai 40, Presse de la Cité, 1980.
  3. Composée de la 55e DI, la 71e DI, la 3e division d'infanterie nord-africaine, 5e division légère de cavalerie (DLC), de deux bataillons de chars de combats (4e et 7e), du 12e groupe de reconnaissance de CA, de régiments d'artillerie, de compagnies de génie et toutes les unités d'intendance)
  4. a , b , c , d , e , f , g , h  et i Daniel Laurent et Alain Adam, « Mai 1940 : La débandade ? »
  5. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j  et k Gérald Dardart, Glaire, Villette et Iges sur le boulevard des invasions, ville de Glaire éditeur.
  6. Frénois Animation et son groupe Racines, Guerres et Misères, « Il était une fois Frénois », juin 1991, Service reprographique de la ville de Sedan : « La proximité de la frontière avait nécessité ces plans d'évacuation si des combats devaient s'y dérouler. Pratiquement toute la population ardennaise part en exode, les habitants ne veulent subir la dure occupation subie 25 ans plus tôt et qui est encore dans la mémoire collective. En effet, lors de la Première Guerre mondiale, le département était devenu un vaste camp de travail obligatoire. Dans chaque commune, les habitants étaient obligés de travailler pour l'occupant. Par contre, dans d'autres régions françaises aucun plan d'évacuation n'avait été prévu. À part quelques habitants des zones frontalières du nord et de l'est, l'exode s'est effectué dans la plus totale désorganisation et parfois de façon irrationnelle. »
  7. a , b , c , d , e , f  et g Frénois Animation et son groupe "Racines", Guerres et Misères, « Il était une fois Frénois », juin 1991, Service reprographique de la ville de Sedan.
  8. C'est une division d'active. Référence : situation des troupes du 21 août 1939 au 5 juin 1940, service historique des armées.
  9. De nos jours beaucoup sont encore visibles des routes qui suivent le cours de la Meuse.
  10. Lieu historique car il y eut la bataille de la Marfée en 1641 ; Le 1er septembre 1870, le futur Kaiser Guillaume 1er et son état-major observèrent non loin de cette forêt le déroulement de la bataille de Sedan ; de furieux combats s'y déroulèrent lors de la bataille des Frontières entre le 26 et le 29 août 1914.
  11. Selon le professeur Klaus Jurgen Müller de l'université de Hambourg dans un article de la revue Historia N°5, il était nécessaire que la Wehrmacht utilise une tactique offensive destinée à bousculer rapidement les défenses françaises
  12. Voir lien animation sur site externe
  13. Témoignage du lieutenant Henri Michard du 147e RIF : « ... Les bombes sont de tous les calibres. Les petites sont lâchées par paquets. Les grosses ne sifflent pas : en tombant, elles imitent à s'y méprendre le grondement d'un train qui s'approche. Par deux fois, j'ai de véritables hallucinations auditives : je suis dans une gare, un train arrive ; le fracas de l'explosion secoue ma torpeur et me ramène brutalement à la réalité ... Le fracas des explosions maintenant domine tout ... Bruit hallucinant de la torpille dont le sifflement grossit, s'approche, se prolonge ; on se sent personnellement visé ; on attend les muscles raidis ; l'éclatement est une délivrance. Mais un autre, deux autres, dix autres ... Les sifflements s'entrecroisent en un lacis sans déchirure ; les explosions se fondent en un bruit de tonnerre. Lorsqu'un instant son intensité diminue, on entend les respirations haletantes ... Les Stukas se joignent aux bombardiers lourds. Le bruit de sirène de l'avion qui pique vrille l'oreille et met les nerfs à nu. Il vous prend envie de hurler ... »
  14. pratiquement toute l’artillerie lourde française encore opérationnelle fera feu sur la 2e PzD
  15. Journal de marche du II/54 aux Archives de Vincennes
  16. Journaux de marche du I/12 et II/12 aux Archives de Vincennes
  17. Messages téléphonés à 9 h 45 et 10 h 45 par le général commandant la 1re division aérienne aux commandant des GB I/12, II/12, I/34, II/34, I/38 et II/38 (Archives de Vincennes)
  18. La Base aérienne 901 de Drachenbronn a choisi en 1991 le nom de tradition « Commandant de Laubier ».
  19. Journaux de marche des GB I/12, II/12, I/34, II/34, I/38 et II/38 (Archives de Vincennes)
  20. Commandant de Laubier, Lieutenant Vauzelle, Sergent-chef Occis du II/34, Adjudant Jacquemin et Sergent Lebeaupin du GB I/12
  21. Revue Historique des Armées, « Le bombardement français sur la Meuse le 14 mai 1940 », 3/1985
  22. article de Jean-Baptiste Duroselle, Historia spécial n° 5 mai-juin 1990, « Neuf jours pour deux armistices »
  23. Citation de Marc Bloch qui écrit dans L'Étrange Défaite « ... Nos chefs ne sont pas seulement laissé battre. Ils ont estimé très tôt naturel d'être battus. En déposant, avant l'heure, les armes, ils ont assuré le succès d'une faction. D'autres cependant, dans le haut commandement, presque tous dans les rangs de l'armée, étaient loin de poursuivre consciemment d'aussi égoïstes desseins. Ils n'ont accepté le désastre que la rage au cœur. Ils l'ont cependant accepté, trop tôt, parce qu'ils lui trouvaient ces atroces consolations: écraser, sous les ruines de la France, un régime honni; plier les genoux devant le châtiment que le destin avait envoyé à une nation coupable ... »

Voir aussi

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