Paint it Black

Paint it Black

Paint It, Black

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Paint It, Black
Single par The Rolling Stones
extrait de l’album Aftermath (US)
Face A Paint It, Black
Face B Long Long While (UK)
Stupid Girl (US)
Sortie Royaume-Uni 7 mai 1966
États-Unis 13 mai 1966
Durée 3:47
Genre(s) Rock psychédélique
Format 45 tours
Auteur(s) Mick Jagger et Keith Richards
Producteur(s) Andrew Loog Oldham
Label Decca
London Records
Classement #1 (UK, US)
Singles de The Rolling Stones
19th Nervous Breakdown
(1966)
Mother's Little Helper
(1966)
Pistes de Aftermath (US)
Stupid Girl
Stupid Girl
Stupid Girl

Paint It, Black (connue également sous son vrai titre Paint It Black, sans virgule) est une chanson du groupe de rock britannique The Rolling Stones, créditée Jagger/Richard bien que tous les membres du groupe aient contribué à sa composition, notamment Bill Wyman et Brian Jones. La chanson sort en single successivement des deux côtés de l'Atlantique à une semaine d'intervalle en mai 1966, et atteint dans les deux cas la première place. En juin 1966, le titre est intégré à l'édition américaine de l'album Aftermath.

Paint It, Black est une des chansons les plus connues des Rolling Stones, apparaissant fréquemment sur des compilations et étant désormais quasi systématiquement interprétée lors des concerts du groupe.

Sommaire

Genèse de la chanson

Originellement nommée Paint It Black, c'est le manager du groupe, Andrew Loog Oldham, qui décide pour une raison obscure d'ajouter une virgule au titre[1]. Keith Richards déclare à ce propos à l'époque : « Ne me demandez pas à quoi sert la virgule du titre — il faut poser la question à Decca »[2]. Oldham, de même que le groupe, était d'ailleurs à l'époque très porté sur les titres à virgules, en témoignent le titre Ride On, Baby, de même que la face B de Paint It, Black dans le simple britannique, qui devait à l'origine s'appeler Long, Long While (mais qui fut finalement écrite Long Long While, sans la virgule[1]).

La présence de la virgule change du tout au tout le sens du titre. Sans la virgule, le titre se traduit par « Peins ça en noir », alors qu'avec, il signifie « Peins ça, noir ». C'est une nouvelle fois source de controverse pour le groupe puisque ses membres sont traités de racistes par quelques activistes noirs américains, qui intérprètent le titre en « Peins cela, nègre »[1] (Paint it, nigger). En conséquence, lors de la sortie d'Aftermath aux États-Unis, la virgule est retirée de la pochette.

Enregistrement

Composée par Mick Jagger et Keith Richards en 1965-1966, Paint It, Black est enregistrée, avec des ajouts mélodiques des autres membres du groupe, lors des sessions de mars 1966 aux studios de RCA Records, à Hollywood. L'idée de base de Jagger et Richards au moment de l'écriture du titre était d'en faire une chanson de soul classique, lente[3].

Lors de l'enregistrement, c'est véritablement Bill Wyman qui dirige les évolutions mélodiques et instrumentales. Il joue de l'orgue Hammond en voulant parodier le co-manager du groupe de l'époque, Eric Easton, qui avait été organiste dans un cinéma[4]. Charlie Watts accompagne l'orgue en jouant une partie de batterie inspirée des sonorités du Moyen-Orient[3] (Même si on peut parfois réentendre la même partition que celle utilisée pour (I Can't Get No) Satisfaction) ; c'est d'ailleurs la partie de batterie de Watts qui devient la base de la chanson finale. Ces ambiances sonores moyen-orientales contrastent fortement avec l'ambiance sombre et morbide des paroles de la chanson. Après plusieurs heures de travail, Wyman suggère une accélération du tempo de la chanson[1], celle-ci quitte alors sa dimension soul. Ce dernier joue des pédales basses de l'orgue (avec ses poings), d'une guitare basse et ajoute un overdub de basse, qui contribuent également à l'importance de la section rythmique du groupe sur cette chanson.

Une autre version de l'histoire, propre à Richards et démentie par Wyman, voudrait que Richards imagina la mélodie de Paint It, Black lors des sessions d'enregistrement et que le titre n'était pas pré-écrit[4].

Brian Jones, qui s'intéressait aux instruments de musique exotiques ou rares, ajoute à la chanson une de ses caractéristiques principales : le riff de sitar, instrument qu'il découvrit lors d'un voyage du groupe à Fidji du 3 au 5 mars 1966 (c'est-à-dire juste avant l'enregistrement d'Aftermath) où les Stones furent intrigués par sa fragilité et son processus de fabrication[3]. Il déclara au Beat Instrumental Magazine de juin 1966 : « Sur Paint It, Black, j'ai utilisé une position de frette de tierce mineure. Le son que l'on obtient d'un sitar est une progression de blues classique, qui consiste en l'abaissement de la tierce et de la septième, résultat de la superposition de la vieille gamme pentatonique [cinq notes] d'Orient et de la gamme diatonique d'Occident, bien plus familière »[5]. Ce n'est que lors de l'enregistrement que le groupe pense à incorporer un sitar à cette chanson, puisqu'il permet d'obtenir un son « traînant », impossible à avoir avec une guitare classique[4]. En fait, le riff d'introduction de « Paint It, Black » est exécuté seul par Keith Richards à la guitare électrique (avec un capodastre à la troisième frette)[1], et c'est la répétition de ce riff, simultanément par Richards à la guitare et par Jones au sitar qui crée l'atmosphère générale de la chanson.
Cette utilisation du sitar dans Paint It, Black vient renforcer la fausse opposition entre les Rolling Stones et les Beatles, la presse ayant accusé le groupe, et notamment Brian Jones, d'avoir « copié » l'usage que George Harrison avait fait de cet instrument sur Norwegian Wood (This Bird Has Flown) (de l'album Rubber Soul, sorti six mois avant Aftermath)[6].

Malgré les participations importantes de Bill Wyman, de Brian Jones et de Charlie Watts, cette chanson ne fut jamais créditée « Nanker Phelge », pseudonyme utilisé pour créditer un travail du groupe entier, même si l'usage de ce pseudonyme avait déjà été minimisée à l'époque, au profit d'un Jagger/Richard omniprésent[7].

Vers la fin de la chanson, on retrouve le même thème que dans le Boléro de Maurice Ravel. Peut-être les membres du groupe s'en sont-ils inspirés, mais cela reste encore à démontrer.

Musiciens

L'enregistrement ayant été réalisé en stéréo, l'instrumentation diffère entre les plages droite et gauche. Ci-dessous un tableau reprenant les musiciens ayant participé à l'enregistrement original[1].

Instrument Gauche Droite
Chant
Mick Jagger
Chœurs
Mick Jagger et Keith Richards
Guitare électrique Keith Richards
Guitare acoustique Keith Richards et Brian Jones
Sitar Brian Jones
Guitare basse Bill Wyman
Overdub de basse Bill Wyman
Pédales basses d'orgue Hammond Bill Wyman
Piano
Jack Nitzsche
Batterie Charlie Watts
Percussions
Mick Jagger et Charlie Watts (et/ou Brian Jones[8])

Analyse des paroles

La chanson raconte les impressions d'une personne dépressive qui veut que tout ce qu'elle voit devienne noir, en accord avec son humeur. Les paroles se rapportent apparemment soit à un homme pleurant sa petite amie qui l'a quitté ou qui est décédée[9], soit à une personne elle-même en train de mourir[3].

Jagger a tiré du roman Ulysse de James Joyce (1922) la ligne « I turn my head until my darkness goes »[3].

Mick Jagger chante toute la chanson en utilisant le verbe paint (peindre) sauf au cinquième et dernier couplet, où il utilise le verbe taint (salir, souiller). La très grande majorité[10] des transcriptions sur Internet ne relève pas ce détail et ne mentionne que des painted, la subtilité étant difficile à percevoir à l'écoute.

Parution et réception

La première commercialisation du titre Paint It, Black se fait aux États-Unis, en simple (le onzième simple US des Stones), avec en face B le titre Stupid Girl, le 7 mai 1966. Le simple a un beau succès, détrônant le 11 juin When a Man Loves a Woman de Percy Sledge de la première place du Billboard Hot 100. Deux semaines plus tard, il se fait ravir la meilleure place du classement par les Beatles et leur Paperback Writer[11]. Il reste en tout 11 semaines dans les classements américains[12].

Une semaine après son homologue américain, à savoir le 13 mai 1966, paraît le simple britannique de Paint It, Black (le dixième simple britannique du groupe), avec la ballade « soul » Long Long While en face B, qui reçoit aussi un bon accueil du public. Les disquaires enregistrent en effet la semaine de sa sortie 200 000 réservations du simple[6] et celui-ci se classe pour une semaine à la première place des classements anglais le 27 mai, précédé par Pretty Flamingo de Manfred Mann et suivi par Frank Sinatra et le célèbre Strangers in the Night[13]. En tout, le simple demeure 10 semaines dans le hit-parade britannique[12].

Le 20 juin 1966, Paint It, Black est placée en ouverture de la version américaine de l'album Aftermath, à la place de Mother's Little Helper, mais pas dans la version britannique : le fait d'incorporer des morceaux sortis en simple dans un album n'est pas très en vogue au Royaume-Uni à l'époque.

On peut trouver deux versions de cette chanson selon les supports : une version longue, en stéréo et une version courte en mono. Cette dernière est une version dégradée de l'enregistrement original, réalisé en stéréo. La différence réside dans la longueur du coda (fin de la chanson)[1].

La critique encense le titre, à l'instar du Melody Maker du 14 mai 1966 qui qualifie Paint It, Black de « flamboyante foire raga-rock » ou encore du NME qui déclare que le titre « manque d'arracher le disque à la platine »[14].

En 2004, Paint It, Black est classée à la 174e position de la liste des 500 plus grandes chansons de tous les temps du magazine Rolling Stone[15].

Autres publications

En concert

Interprétée lors des concert du groupe dès la tournée américaine de promotion d'Aftermath, en juin-juillet 1966, Paint It, Black resta interprétée régulièrement jusqu'en mars-avril 1967 (même si elle ne figure pas sur l'album Got Live if you Want it!, retraçant la tournée britannique de septembre-octobre 1966), dernière tournée européenne avant une « pause » des Rolling Stones au niveau des concerts (notamment à cause des abus de drogue et des assignations en justice de Jagger, Richards puis Jones) qui dura jusqu'à la mort de Brian Jones et le concert de Hyde Park (été 1969). À partir de ce moment, Paint It, Black fut écartée des concerts au profit de nouveaux tubes tels que Jumpin' Jack Flash ou Sympathy for the Devil.

C'est lors de la tournée d'août à décembre 1989 en Amérique du Nord (l'époque étant pour les Stones à la fois un retour aux sources et un retour au succès), lors de la tournée Steel Wheels/Urban Jungle, que cette chanson revint dans les concerts du groupe dans une version remise au goût du jour, réarrangée et avec plus de guitares ; elle est depuis presque constamment jouée lors des tournées mondiales du groupe. Elle fut en effet jouée régulièrement lors des tournées Bridges to Babylon (1997-1998), No Security (1999), Licks (2003) et A Bigger Bang (2006-2007)[16], comme en témoigne sa présence sur les albums live Flashpoint (1991) et Live Licks (2004).
L'interprétation de Paint It, Black est un des moments fort des concerts des Stones, Keith Richards prenant généralement plaisir à effectuer des mouvements de guitare d'inspiration espagnole avant d'entamer le célèbre riff.

Reprises

De par son succès, Paint It, Black a été reprise par de nombreux groupes depuis sa création.

Dès 1966, Chris Farlowe sortit un simple de Paint It, Black, avec I Just Need Your Loving en face B, le disque étant produit par Mick Jagger lui-même, sous la direction du producteur des Stones, Andrew Loog Oldham et sous le label de ce dernier, Immediate Records.

En 1967, le groupe de rhythm and blues britannique The Animals intégra dans son album Winds of Change une reprise live de Paint It, Black, avant qu'une fois les Animals séparés le nouveau groupe du chanteur Eric Burdon, War, n'en publie une version studio sur The Black-Man's Burdon (1970).

Les Flamin' Groovies firent également une reprise de cette chanson, qui figure sur l'album Now (1978).

Une reprise de Paint It, Black par le groupe U2 figure en face B de leur simple de Who's Gonna Ride Your Wild Horses (novembre 1992).

Parmi les nombreux autres groupes ayant repris Paint It, Black, on trouve des formations de heavy metal ou de hard rock, telles The Agony Scene, The Black Dahlia Murder, Rage, Deep Purple, Helloween, Judas Priest, W.A.S.P., Led Zeppelin, Trust, Rush ou Inkubus Sukkubus, de punk (Face to Face, Skrewdriver, The Unseen), de pop-rock (Jonny Lang, Vanessa Carlton, Duran Duran, Echo & the Bunnymen, Half Japanese, R.E.M.) ou encore de styles très variés, comme 3 Steps Ahead (techno hardcore), Karel Gott (en une version en allemand dont le titre est Schwarz und Rot, littéralement noir et rouge), Utada Hikaru (Jpop), The Residents, Ottmar Liebert, Marc Almond, The Tea Party ou encore l'Orchestre symphonique de Londres. Angèle Dubeau et la Pièta ont repris Paint It Black et ont changé le titre pour Sympathy for the Devil.

Paint It, Black a donné son nom à un album du label Virgin Records sorti le 3 octobre 2006, Paint It Black, qui contient des reprises de chansons connues des Rolling Stones par divers artistes.

Dans la culture populaire

Cette chanson reste associée à la guerre du Viêt Nam[9], notamment à cause de sa présence au générique de fin de Full Metal Jacket et en ouverture de la série L'Enfer du devoir. Elle fut également utilisée en 2004 à la fin d'un épisode de Mes plus belles années, lorsqu'un des personnages principaux disparaît au Viêt Nam. Les autres apparitions cinématographiques de la chanson incluent For Love of the Game (1999) et le générique de fin de L'Associé du diable (1998). Le titre, repris par Gob, figura également dans le film Stir of Echoes (1999). Une version française de la chanson, interprétée par Marie Laforêt sous le titre "Marie Douceur, Marie Colère", apparaît enfin dans le film Talladega Nights (2006).

Paint It, Black figure également dans plusieurs bandes sons de jeux vidéos. Conflict: Vietnam utilise la chanson durant sa séquence d'ouverture, alors que Twisted Metal: Black utilise le début du titre dans son écran d'ouverture, puis la totalité de la chanson en générique de fin. Une version du jeu de karaoké SingStar contient aussi Paint It, Black. La chanson apparait également dans le jeu vidéo Guitar Hero III.

Voir aussi

Notes et références

  1. a , b , c , d , e , f  et g D'après le site godgammeldags.nu, menu "After-songs" puis "Paint It, Black".
  2. Cité dans le livre de Bill Wyman et Richard Havers, Rolling with the Stones, EpA, 2003, page 234.
  3. a , b , c , d  et e (en)D'après le site internet Songfacts.com.
  4. a , b  et c D'après L'Intégrale Rolling Stones, de Daniel Ichbiah, City éditions, 2006
  5. cité dans le livre de Bill Wyman et Richard Havers, Rolling with the Stones, EpA, 2003, page 234
  6. a  et b D'après le livre de Bill Wyman et Richard Havers, Rolling with the Stones, EpA, 2003, page 234
  7. Voir l'article sur la chanson Jumpin' Jack Flash, dont le riff principal a été inventé par Bill Wyman mais qui fut créditée Jagger/Richards
  8. D'après ce site internet
  9. a  et b (en) Cet article est en partie issu d'une traduction de l'article en anglais « Paint It, Black ».
  10. Par exemple les sites lyrics007.com, lyricsfreak.com et asklyrics.com, parmi d'autres.
  11. Voir le classement hebdomadaire du Bilboard Hot 100 pour 1966 sur la Wikipedia anglophone.
  12. a  et b D'après cette discographie des Rolling Stones sur la Wikipedia anglophone
  13. Voir le classement hebdomadaire des meilleures ventes britanniques pour 1966 sur la Wikipedia anglophone.
  14. Cités dans le livre de Bill Wyman et Richard Havers, Rolling with the Stones, EpA, 2003, page 234.
  15. Voir la liste complète des 500 meilleures chansons sur le site internet de Rolling Stone
  16. (en)D'après le site www.timeisonourside.com.

Liens externes

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