Ouvrage de Rimplas

Ouvrage de Rimplas
Ouvrage de Rimplas
Gros-ouvrage de Rimplas.JPG Vue de l'ouvrage

Type d'ouvrage Gros Ouvrage d'artillerie
Secteur
└─ sous-secteur
secteur fortifié des Alpes-Maritimes
└─ sous-secteur de la Tinée - Vésubie
Année de construction 1927-1937
Régiment 65e BAF et 167e RAP
Nombre de blocs 5
Type d'entrée(s) Entrée Mixte
Effectifs 334 hommes et 8 officiers

L'ouvrage de Rimplas est un ouvrage fortifié de la ligne Maginot alpine, situé à 1 102 mètres d'altitude sur la commune de Rimplas dans le département des Alpes-Maritimes. L'ouvrage fait partie du secteur fortifié des Alpes-Maritimes.

Sommaire

Construction

D'abord dénommé ouvrage de la Madeleine[1], c'est le premier ouvrage de la ligne Maginot, sa construction ayant commencé dès 1928 par décision à effet immédiat du gouvernement français en date du 3 septembre 1927, suite aux multiples déclarations de Mussolini pendant toute l'année sur l'origine italienne de la région de Nice[2].

Entrées de l'ouvrage.

En raison de l'urgence déclarée par le gouvernement, le projet fut d'abord pris en charge par la Direction des Travaux de Fortification de Nice en fondant son étude préalable sur le « Programme réduit de défense de Nice » établi en août 1927 par le général Degoutte. Les travaux de fouille commencèrent le 4 septembre 1928[3] mais le projet initial fut vivement critiqué et rapidement arrêté. La Commission d'Organisation des Régions Fortifiées (CORF) hérita alors du dossier et fit approuver une solution d'ensemble par le ministre de la Guerre, Paul Painlevé, le 12 février 1929 .

L'ouvrage de Rimplas a servi, en quelque sorte, de prototype à la Commission d'organisation des régions fortifiées (CORF) car, à ce moment, elle n'avait pas encore totalement défini le schéma des futurs ouvrages, étant elle-même dans l'ignorance des spécifications techniques des armements à mettre en place. Plusieurs plans de l'ouvrage de Rimplas furent donc établis, mais ce n'est qu'en novembre 1929 que le plan définitif fut adopté.

Créneau et volet blindés d'action fontale.

Cet ouvrage n'illustre d'ailleurs pas les concepts mis en œuvre dans les fortifications ultérieures car il s'agit d'un fort monobloc entouré de murs d'escarpe et dont les blocs sont en action frontale. Il s'agit de véritables casemates blindées en acier d'une épaisseur de 20cm noyées dans le béton et qui se prolongent à l'intérieur en enveloppant le canon ; l'embrasure est fermée par deux volets également blindés[4].
La construction du fort se heurta aussi à de nombreux problèmes dus à la friabilité du sol, qui obligea à bétonner les fouilles en plusieurs endroits, et aux infiltrations d'eau à fort débit ; en juillet 1936, des fissures furent encore constatées dans les bétons.
Le fort ne sera remis officiellement qu'en août 1937 au 74e BAF, les travaux n'étant cependant pas totalement achevés. Le coût de l’ouvrage terminé était de 34 186 000 Frs.

Mission

L'ouvrage de Rimplas offre des vues sur la Haute-Tinée, au Nord, et jusqu’à Saint-Dalmas-le-Selvage et La Colmiane, à l’Ouest ; il pouvait donc battre de ses feux la route de la Haute Tinée et celle menant à Saint-Martin-Vésubie.

Il pouvait également faire du tir d’action frontale en direction de la frontière qui, avant la rectification de 1947, passait à moins de 5km de l’ouvrage et longeait l’actuelle D2565 à 1km au plus, la ville de Saint-Martin-Vésubie étant quant à elle pratiquement encerclée aux trois-quarts par la frontière. Entre Isola, où se trouvait une casemate, et Valabres, au débouché du vallon de Mollières[5], la frontière longeait la route.

Composition

Le gros ouvrage de Rimplas est composé de cinq blocs reliés à une infrastructure de galeries sous roc et de quelques autres aménagements, intérieurs ou extérieurs :

Le bloc 5.
  • Bloc 5 : 2 créneaux pour canon-obusier de 75 mm, modèle 1933, 1 créneau pour canon-obusier de 75 mm, modèle 1931, 1 cloche GFM et 1 cloche d'observation (à l'exception de la cloche GFM, ce bloc est identique au précédent). Les 75/33 prenaient la frontière en enfilade jusqu'au delà de Saint-Martin-Vésubie ;
  • Un poste optique, situé sur la face Ouest, à l'extérieur, constitué par une casemate sous roc fermée par un masque de béton. Les 75/33 prenaient en enfilade toute la frontière au Nord-Est
  • Une issue de secours, situé au-dessus de la falaise Ouest, près de l'actuel relai téléphonique ;
  • Une casemate en maçonnerie et couverte d'une dalle en béton armé, située avant le virage de la route qui débouche sur l'esplanade.
  • Le casernement de sûreté situé au village de Rimplas.

Les locaux souterrains renferment tous les moyens logistiques habituels dans un ouvrage de cette taille, et il y avait même un bloc opératoire. Les galeries et les alvéoles de cette vaste infrastructure souterraine se situent sur trois niveaux.

L'ensemble est complété par un téléphérique à un seul câble du constructeur Brien-Anzun dont la recette inférieure est toujours visible en bordure de la route de la Haute-Tinée. Il avait une longueur de 878 m, pour un dénivelé de 602 m, et pouvait transporter 52 tonnes de munitions ou de ravitaillement par jour avec 21 wagonnets. L'entraînement était assuré par deux moteurs thermiques.

En 1939, l'ouvrage de Rimplas avait une grosse garnison de 334 soldats et de 8 officiers appartenant au 84e Bataillon Alpin de Forteresse (BAF) et du 167e Régiment d’Artillerie de Position (RAP).

Les combats

Article connexe : Histoire de la ligne Maginot.

En juin 1940, la zone frontalière, entre Saint-Étienne-de-Tinée et Valdeblore, est tenue par quatre Sections d’Éclaireurs Skieurs (SES) appartenant au 84e BAF et au 55e RIA : I/55 au Mont Raja, II/55 au Collet de la Sagne, III/55 au Bifarquet et celle du 84e BAF aux Cabanes de Lenton. Elles ont en face d'elles le bataillon Val Elero du 1er Alpini.

L’Italie a déclaré la guerre à la France le 10 juin, mais l’offensive réelle ne débute que le 20 juin. Ce jour là, des unités de la division Livorno franchissent la frontière prés d’Isola et remontent la Tinée jusqu’à mi-chemin de Saint-Étienne-de-Tinée, cherchant à s'engager sur le sentier de Roya à Péone par Tolondet, sachant certainement que cette zone n’était pas couverte par les tirs de Rimplas[6]. Ils sont cependant arrêtés au niveau du Pont-Rouge, avant Douans. Aucune source ne fait état de combats dans le secteur les jours suivants et jusqu’à l’armistice.

Le fort de Rimplas est intervenu dans les combats par quelques feux d’interdiction sur la frontière. L’ouvrage lui même n’a jamais été menacé par l’avance ennemie qui n’a pas débouché de la frontière dans ce secteur.

État actuel

Mur d'escarpe camouflé et faux créneaux de tir.

Désarmé après l’armistice du 17 juin 1940, les Italiens ont démonté et emporté les canons de 75 mm[7].
Le fort de Rimplas a été réarmé partiellement en 1947 et il a été entretenu par le génie jusqu’à sa déclassification du domaine public militaire en 1972, date à laquelle il est vendu à la commune de Rimplas ; celle-ci le loue alors à une société qui l'utilisa comme champignonnière, l'humidité ainsi entretenue contribuant à dégrader les équipements.

Le fort été en grande partie ferraillé et il ne reste donc que peu de choses à l'intérieur, mais les peintures de camouflage et les faux créneaux sont toujours bien visibles sur les murs d'escarpe.

L'ouvrage de Rimplas a ensuite été racheté par le Conseil général des Alpes-Maritimes qui envisagerait d'en faire un « lieu de mémoire ».
Une association créée début 2008, « Les Amis de l’Ouvrage Maginot de la Madeleine », a entrepris des travaux de réhabilitation à l'intérieur et à l'extérieur et a ouvert les portes de l’ouvrage à l’occasion des Journées du patrimoine 2009.

Actuellement de gros travaux de rénovation sont en cours, peinture, rénovation électrique, monte charge, etc.

Galerie

Notes et références

  1. Du nom de la cime sur laquelle se situe le fort, à proximité de la chapelle de la Madeleine.
  2. Le gouvernement français décida également : 1)- la réoccupation des postes de haute montagne (Gondran, les Accles, le Janus, etc.) inoccupées depuis 1912. 2)- la construction par la MOM d'une ligne d'avant-postes sur la position retenue auparavant par la XVe Région Militaire (Voir : Jean-Yves Mary, La ligne Maginot, ce qu’elle était, ce qu’il en reste, SERCAP, 1985, p. 342).
  3. Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, Tome 1, Histoire et Collections, 2005, p. 26.
  4. Philippe Truttmann, La ligne Maginot ou la Muraille de France, Gérard Klopp éditeur, 1985, p. 189.
  5. Il y avait deux casemates, Valabres Nord et Valabres Sud.
  6. Le sentier de Tolondet à Péone aurait dû être couvert par le petit ouvrage du Co de Crous qui n’était pas achevé en 1940 (seul le bloc 4 avec deux créneaux pour jumelage de mitrailleuses Reibel était terminé).
  7. * Philippe Truttmann, La ligne Maginot ou la Muraille de France, Gérard Klopp éditeur, 1985, p. 189.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Yves Mary, La ligne Maginot, ce qu’elle était, ce qu’il en reste, SERCAP, 1985.
  • Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, Tome 1, Histoire et Collections, 2005.
  • Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, Tome 4, Histoire et Collections, 2009.
  • Général Etienne Plan et Eric Lefevre, La bataille des Alpes, 10-25 juin 1940, Charles Lavauzelle, 1982.
  • Philippe Truttmann, La ligne Maginot ou la Muraille de France, Gérard Klopp éditeur, 1985.

Liens externes

Articles connexes


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