Architecture Chinoise

Architecture Chinoise

Architecture chinoise

L’architecture chinoise traditionnelle et le confucianisme

La Cité interdite à Beijing

Sommaire

Chamanisme, taoisme et géomancie

Giant Wild Goose Pagoda 大雁塔

C'était par la géomancie superposée à la géographie que l'aiguille aimantée fut utilisée pour orienter les demeures.

Le confucianisme et le code confucéen

(770-476 av. J.-C.). Le confucianisme fut élevé au rang d’idéologie officielle d’état sous la dynastie des Han par l’empereur Han Wudi, qui régna de 149 à 87 av. J.-C., et continua à être révéré à travers les dynasties suivantes. La philosophie confucéenne attache une grande importance à l’éthique et aux relations humaines, et représente l’un des principaux piliers de la culture chinoise. Les valeurs du confucianisme imprégnèrent progressivement le quotidien, le mode de pensée, et les coutumes du peuple chinois. Parmi les principes fondamentaux de la philosophie confucéenne figurent la fidélité, la piété filiale, l’intégrité morale, la droiture, la soumission absolue du domestique au maître, de l’enfant au père, de l’épouse au mari, ainsi que la bienveillance, la sagesse, la foi et enfin l’adhésion au code confucéen.
Dans la Chine classique, des arches furent érigées à la mémoire de personnages illustres. Sur ces voûtes étaient inscrites les noms et les exploits des personnes honorées, témoins des valeurs sociales de l’époque.
Toute personne désireuse d’édifier une voûte commémorative devait dans un premier temps soumettre une demande aux autorités féodales locales. Après un premier aval, la demande suivait son cours dans la chaîne bureaucratique. C’est seulement avec l’approbation finale de l’empereur, que la voûte pouvait être enfin être construite. Elle était conçue selon le rang de la personne à qui l’on rendait les honneurs. Pour une famille ou un village, être honoré par un mémorial était considéré comme la forme suprême de reconnaissance.

L’idéologie confucéenne dans la conception de l’habitat : l’exemple des maisons traditionnelles avec cour

L’idéologie confucéenne fut le noyau du système social hiérarchique de la Chine féodale. Les maisons traditionnelles avec cour furent fortement influencées par le code de conduite hiérarchique du confucianisme qui marquait une stricte distinction entre l’intérieur et l’extérieur, le supérieur et l’inférieur, l’homme et la femme. Ces lieux clos formaient un monde à part, reclus et isolé du monde extérieur.
Le code de conduite confucéen fut un système institutionnalisé de règles qui gouverna tous les rapports interpersonnels de la société féodale de Chine. Son but, basique, concernait l’établissement et le maintien d’un système social hiérarchique.
Les maisons avec cour furent les expressions matérielles de l’idéologie confucéenne. Dans l’architecture traditionnelle chinoise, le centre, le nord, la gauche, et l’avant de la maison sont considérés comme supérieurs, et les côtés, le sud, la droite, l’arrière comme inférieurs.
Dans les maisons traditionnelles, l’aile nord-est la plus souhaitable car elle fait face au sud et reçoit le plus de lumière du soleil. La chambre centrale de l’aile nord, en tant que pièce la mieux localisée, faisait office de salle de réception ou de salle des ancêtres. Les chambres est de l’aile nord de la maison étaient occupées par les grands-parents, et celles de l’ouest, par le chef de famille. Les générations les plus jeunes logeaient dans les ailes est et ouest. Le fils aîné et sa famille vivait dans l’aile est, et le cadet et sa famille dans l’aile ouest. L’aile sud abritait les chambres d’amis, les salles d’études, les cuisines et les réserves. Son entrée principale et ses chambres publiques étaient déviées de la cour intérieure par un mur et une porte décorative, isolant les chambres intérieures d’une intrusion extérieure. Les femmes n’étaient pas autorisées à quitter la cour centrale, et les invités n’avaient pas la permission d’y entrer. De plus grandes enceintes avaient souvent des cours secondaires et des bâtiments utilisés pour loger les fils et les filles célibataires ou servaient alors à divers usages.
Les fenêtres des chambres donnaient toutes sur la cour centrale. Des murs écrans furent dressés dans les portes principales pour empêcher la vue depuis l’extérieur. La vie à l’intérieur de la cour était un monde confiné qui soulignait la différence de statut entre les jeunes et vieilles générations, les fils aînés et cadets, les hommes et les femmes. Ces logements incarnaient l’organisation patriarcale, hiérarchique, de la société féodale chinoise, notamment la distinction entre le supérieur et l’inférieur, l’intérieur et l’extérieur, l’homme et la femme, le maître et le domestique.

La Cité Interdite : l’incarnation de l’idéologie confucéenne

La Cité interdite représente l’expression architecturale suprême de l’idéologie confucéenne. Ce complexe de cours massif représente clairement l’importance confucéenne accordée à la stricte division des classes et la position de l’individu pris dans un système hiérarchique.
Cette Cité Interdite de Pékin, fut conçue par l’architecte Kuai Xiang de la Dynastie Ming (1368-1644), qui vécut de 1397 à 1481. La construction du complexe commença en 1406. Le palais impérial représente la plus grande construction en bois de complexe royal au monde.
La Cité Interdite servit de résidence impériale et de siège du gouvernement durant les règnes des vingt-quatre empereurs des dynasties Ming et Qing, de 1368 à 1911. Ce complexe inclut des salles de cérémonie, des bureaux, des logements pour les domestiques et le personnel, ainsi que les palais et les cours intérieures dans lesquels vivaient les membres de la famille royale. Ces derniers y travaillaient aussi, y vouaient leur culte, s’y divertissaient.

La Cité Interdite couvre une surface de 720 000 m² et contient 9999,5 chambres. Il fallut 300 000 travailleurs et quatorze années pour compléter ce gigantesque/massif projet de construction. La Cité Interdite représente les distinctions confucéennes entre le souverain/chef et le fonctionnaire/employé, l’homme et la femme, les épouses principales/officielles et les concubines. L’endroit où l’empereur traitait les affaires officielles était localisé à l’avant du complexe de la Cité Interdite. Les importantes cérémonies et le public constitué de militaires et de civils étaient reçus dans trois grands halls construits sur une terrasse élevée du sud au nord le long de l’axe central de la Cité Interdite. La somptuosité de leur construction, de même que leur situation centrale, étaient l’expression du respect au pouvoir impérial.
Derrière ces trois hall principaux se trouvaient les palais des empereurs et impératrices, ainsi que les nombreux auxiliaires des cours centrales. Cette configuration était l’expression du concept confucéen du « public devant, privé derrière ». La classe dirigeante de la chine ancienne pratiquait la polygamie, avec une femme principale et de multiples concubines dans une même famille. Seulement l’impératrice, en tant que seule et unique épouse officielle de l’empereur, avait ses quartiers situés sur l’axe central vénéré de la Cité Interdite. Les résidences des concubines impériales se trouvaient dans douze cours intérieures à l’est et l’ouest de la ligne centrale. Cet aménagement était la représentation graphique de la supériorité de l’épouse principale dans ses relations avec les concubines.

Les distinctions hiérarchiques dans l’architecture

Le système pinia calata hiérarchique chinois engendra un système très restrictif de réglementations architecturales. Toutes les constructions étaient contrôlées par un code de construction détaillé qui différenciait clairement le rang et le statut.
Ce code appliqué comme loi dès le VIIe siècle après J-C, régissait tous les aspects de la conception et de la construction, depuis l’échelle à respecter, le plan, jusqu’aux formes du toit et la décoration. Les transgressions de ce code étaient considérées comme un crime et passibles de peine de mort dans certains cas. L’architecture devint l’un des symboles les plus reconnaissable de la société féodale chinoise fondée sur la classe sociale.
Les lions de pierre sont communs en Chine. On en voit à l’entrée des restaurants et des hôtels, accueillant les clients dans un symbole de culture traditionnelle chinoise. Dans le passé, pourtant, seuls les fonctionnaires du cinquième rang et plus étaient autorisés à placer les lions de pierres somptueux devant les portes de leur maisons. Le nombre de rangées de crinières de lions donnait de plus amples informations sur la position sociale du propriétaire de la maison. Les lions de l’Empereur en avaient treize, les ducs et les princes, douze, et celles des fonctionnaires variaient selon leur rang.

Les constructions traditionnelles chinoises ont souvent des figurines de céramique représentant des créatures légendaires placées le long des avant-toits. La première fonction de ces figures était de protéger les clous sous les tuiles du toit. Plus tard, elles furent utilisées comme décorations et pour signifier la position sociale des occupants. Durant la dynastie des Qing (1636-1911), les règles furent établies en reliant le nombre et le type de figures aux fonctions des bâtiments. Seulement le Palais de l’Harmonie Suprême, dans lequel l’empereur réalisait des rituels sacrificiels, possédait tous ces types de créatures, de même que des statues de dieux. On exigeait de tous les autres bâtiments qu’ils en aient moins.

Les temples de Confucius

Le Temple de Confucius à Qufu offre une exception apparente au code de construction confucéen. N’importe quelle personne familière de la culture traditionnelle chinoise reconnaîtra ces colonnes de dragons sculptés, symboles de l’empereur. Or ces dix colonnes de dragon sont localisées dans le Temple de Confucius à Qufu et non pas dans l’un des plais impériaux. N’est-ce pas là une violation du code confucéen ? En fait, pas vraiment, dans la mesure où ces colonnes de dragons furent érigées en l’hommage de Confucius et l’idéologie confucéenne.
L’idéologie confucéenne et son code de conduite s’avérèrent être des moyens très efficaces pour maintenir l’ordre et la stabilité de la société féodale chinoise. En tant que système approuvé par l’état qui combinait la politique, la philosophie, et la morale, le Confucianisme atteignit progressivement le statut de religion et son fondateur, Confucius, fut vénéré comme une divinité. Le culte du peuple chinois voué à Confucius conduisit peu à peu à sa déification. Parmi ses nombreux titres figurent le « Seigneur par qui rayonne la Culture », « le Grand Talentueux », « Le Sage Parfait » et le « Premier Maître », le «Sage ». Ses descendants directs furent gratifiés de titres héréditaires de noblesse par divers empereurs tout au long de l’histoire de Chine. En 1055, sa 46ème génération de descendant fut honorée du titre de Duc Yansheng, ce qui signifie, « Abondance de sainteté ». Tout ce temps, la Résidence de la Famille de Confucius devint la plus grande résidence officielle de Chine après celle de l’empereur. Les descendants de Confucius conservèrent cette position durant les 880 années suivantes, avec 36 générations servant au plus haut rang officiel du public de la hiérarchie impériale. La famille de Confucius est la seule de l’histoire de Chine à ne pas avoir perdu ses titres de noblesse alors que les dynasties connaissaient des apogées et des déclins, ce qui est beaucoup plus éloquent que ce qui pourrait être dit de nombreuses familles royales qui ont traversé les siècles.

En 476 av. J.-C., deux ans après la mort de Confucius, sa résidence fut transformée en temple suite à un décret officiel. Les empereurs des dynasties suivantes dépêchèrent souvent des fonctionnaires pour offrir des sacrifices à ce temple, et beaucoup d’empereurs le visitèrent en personne. Ainsi, les colonnes de dragon du Temple de Confucius ne représentent pas une violation du code hiérarchique accentué par l’idéologie confucéenne. Au contraire, ils honorent la personne de Confucius.

Le code confucéen et l’organisation de la ville

La majeure partie de l’histoire chinoise fut placée sous l’autorité centrale des dynasties féodales. L’organisation de la ville entrait dans les fonctions du gouvernement, et rares étaient les villes où les plans de développement urbain n’existaient pas. Par conséquent, l’agencement de la ville reposait essentiellement sur le code confucéen qui sous-tendait le système féodal.
En 1267, Hu Bilie, le premier empereur de la dynastie Yuan commença à construire sa capitale de Dadu sur le site de l’actuelle Beijing. Il lui fallut douze ans. La ville se trouvait sur un espace carré et couvrait une superficie d’environ 50km². Une haute muraille entourait toute la ville, avec trois portes à l’est, à l’ouest et au sud, des remparts, et deux entrées au nord de la ville. Des vestiges archéologiques attestent que les voies principales, qui formaient un axe nord-sud et est-ouest à travers la ville, mesuraient 28 mètres de large. Les rues secondaires faisaient 14 mètres et les ruelles 7. L’ordonnancement de la ville était extrêmement rigoureux, avec des rues et des quartiers nettement démarqués. Dadu a été conçue à grande échelle. Beijing, la capitale des dynasties Ming et Qing qui suivirent, fut construite sur les fondations de la capitale des Yuan. La ville de Dadu fut construite au XIIIe siècle selon les principes du grand classique de Confucius, Zhou Li, Kaogong Ji, Le rite des Zhou, les compétences techniques. Cet ouvrage, écrit il y a 1800 ans énonce : « Pour concevoir une capitale, il faudra qu’elle repose sur un terrain carré mesurant neuf li de côté (environ 4,5 kilomètres), avec trois portes de chaque côté de ses remparts. Il devra y avoir neuf rues et neufs avenues, suffisamment larges pour que neuf charrettes de chevaux côte à côte puissent y passer. Le palais se situera au cœur de la ville, avec le temple ancestral sur la gauche, le temple des dieux sur la droite, les bureaux à l’avant, et la place du marché à l’arrière ».

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