- Oies du Capitole
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Vers 390 av. J.-C., des Gaulois, originaires d'europe centrale, envahirent le nord de l'Italie et décimèrent l'armée romaine. Ils réussissent le premier sac de Rome. L'épisode est raconté notamment par Polybe, Diodore de Sicile et Tite-Live.
Sommaire
Entre histoire et légende
Pour Nicholas M. Horsfall[1], cet épisode de l'histoire romaine serait marqué de manière inextricable par la légende, les apologies familiales et les transferts de l'histoire grecque. Le nom du chef des Sénons Brennos (Brennus) est probablement emprunté à celui du chef des Celtes qui ont envahi la Grèce en 280/279. Si, dans la légende, le Capitole est sauvé par la vigilance des oies, le siège de Rome ne sera levé dans la réalité qu'après qu'une attaque des Venetes eut contraint les Sénons de traiter avec les Romains. L'ensemble du récit est centré autour du paiement de la rançon, moment peu glorieux pour les Romains, l'or gaulois et la construction du temple de Junon Moneta qui éclaire l'ensemble de l'épisode.
Voici l'histoire racontée par Lhomond[2] :
Contexte
En -390, les Gaulois Sénons se présentent devant la ville étrusque de Clusium (aujourd'hui Chiusi), qui est dans la sphère d’influence romaine. Rome envoie une ambassade, chargée d’offrir sa médiation. Mais les ambassadeurs violent la neutralité en intervenant les armes à la main contre les Gaulois, qui demandent réparation à Rome. Devant son refus, les Gaulois marchent sur la ville. L’armée romaine se porte à leur rencontre et prend position, en avant de Véies, près du ruisseau de l’Allia. Il n’y a pas de combat. Effrayées par les cris des Gaulois et déconcertées par leur impétuosité, les troupes romaines se débandent et cherchent précipitamment un abri à Rome ou dans les villes voisines.
Le sac de Rome par les Gaulois
Dès lors, le reste des soldats présents à Rome se barricada dans le Capitole, laissant femmes, vieillards et enfants dans la ville à la merci des « barbares » qui les massacrèrent sous leurs yeux. Les barricadés virent également les Gaulois incendier leurs temples.
Pendant la nuit, les assaillants tentèrent d'escalader incognito les murs de la citadelle, mais les oies sacrées de Junon les en empêchèrent en criant à qui mieux mieux. Un civil honorable, ancien consul de la ville, avertit alors les soldats romains qui repoussèrent les envahisseurs en les faisant tomber des murailles.
Brennus, chef gaulois, conduisait alors le siège de Rome. Les Romains, affamés, demandèrent à ce dernier de renvoyer ses troupes hors de la ville. Brennus accepta, mais leur demanda alors en échange une forte somme d'or.
La transaction eut donc lieu hors des murs de la cité : quelques poids furent posés sur une balance et, de l'autre côté, les Romains versèrent leur or, jusqu'à ce qu'ils découvrent qu'une épaisse plaque de plomb lestait l'un des plateaux de la machine. On cria à la supercherie et on demanda à Brennus de l'enlever immédiatement.
Celui-ci, hors de lui, jeta son épée sur les poids et hurla la phrase devenue désormais célèbre : « Vae Victis ! » (« Malheur aux vaincus ! »).
Les oies du Capitole et le culte
Selon la légende[3], les oies sacrées du Capitole auraient donné l'alerte, sauvant la ville d'une invasion gauloise menée par Brennos.
Ces oies étaient consacrées au culte de Junon. Après cet épisode, le temple de Junon a été appelé temple de Junon Moneta « Junon au collier ». Jean Haudry à la suite de Jean Gagé récuse l'interprétation ancienne par le nom d'agent de monere, Moneta « qui avertit »[4].
C'est dans ce temple que furent frappées les premières monnaies romaines, le terme monnaie étant une déformation de moneta.
Des oies consacrées à Junon depuis au moins cette date sont entretenues par l'État au Capitole, sous la responsabilité des censeurs. Pour commémorer cet événement, les romains organisaient une procession annuelle où une oie sacrée était transportée sur une litière luxueuse. Des chiens étaient crucifiés vivants sur des poteaux de sureau le long du trajet. Pour les anciens, les chiens payaient pour leur négligence, pour n'avoir pas aboyé quand le Capitole était menacé.
Interprétation du rituel
La signification originelle de ce rituel surprenant a été rapproché du symbolisme respectif des deux espèces animales impliquées. Dans le monde romain et plus généralement dans le monde indo-européen, le chien symbolise la malchance, l'échec, la négligence et la mort. Inversement, l'Oie sauvage représente le retour annuel du Soleil. Le rituel serait une réinterprétation d'une fête de fin de moisson afin d'obtenir une bonne récolte où le symbolisme de la vie et de la vigilance prend le dessus sur la torpeur et la mort. Le rituel aurait été de longtemps antérieur aux faits qui sont censés le justifier.
Articles connexes
Notes et références
- Nicholas M. Horsfall, From History to Legend : M. Manlius and the Geese, 1987
- De viris illustribus, « Les débuts de la République : Marcus Furius Camillus ». Lhomond,
- Tite-Live : « Les Gaulois commencèrent à escalader le Capitole mais les oies de Junon entendirent les ennemis et elles avertirent Manlius, le célèbre consul, du danger. Il appela tous les citoyens aux armes. » Rapportée notamment par
- ISBN 88-7252-224-2) Jean Haudry, Juno Moneta. Aux sources de la monnaie, Milan et Paris, Archè / Edidit, « Études indo-européennes », 2002. (
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