Nuage

Nuage
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Stratocumulus perlucidus, vu d'une fenêtre d'avion.

Un nuage est une grande quantité de gouttelettes d’eau (ou de cristaux de glace) en suspension dans l’atmosphère. L’aspect d'un nuage dépend de la lumière qu’il reçoit, de la nature, de la dimension, du nombre et de la répartition des particules qui le constituent. Les gouttelettes d’eau d’un nuage proviennent de la condensation de la vapeur d’eau contenue dans l’air. La quantité maximale de vapeur d’eau (gaz invisible) qui peut être contenue dans une masse d'air est fonction de la température : plus l’air est chaud, plus il peut contenir de vapeur d’eau (Voir Pression de vapeur saturante et Formule de Clapeyron).

On parle aussi de nuages de fumées et de nuages de poussière, par analogie avec les formes que prennent les nuages atmosphériques (amas, filaments, volutes). Toujours par analogie, on parle de nuages de sauterelles (déplacement de grands nombres de criquets) et de nuages de points (regroupement de points sur des diagrammes mathématiques).

Sommaire

Formation des nuages

Article détaillé : Physique des nuages.
Un nuage en formation.
Épaisseurs des nuages en avril 2001

La formation de nuages résulte du refroidissement d’un volume d’air jusqu’à la condensation d’une partie de sa vapeur d’eau. Si le processus de refroidissement se produit au sol (par contact avec une surface froide, par exemple), on assiste à la formation de brouillard. Dans l’atmosphère libre, le refroidissement se produit généralement par soulèvement, en vertu du comportement des gaz parfaits dans une atmosphère hydrostatique, selon lequel un gaz se refroidit spontanément lorsque la pression baisse. Inversement, la dissipation des nuages se produit lorsqu’un réchauffement permet aux gouttelettes ou aux cristaux de glace de s’évaporer. Les nuages peuvent aussi perdre une partie de leur masse sous forme de précipitations, par exemple sous forme de pluie, grêle ou neige.

La condensation de la vapeur d’eau, en eau liquide ou en glace, se produit initialement autour de certains types de microparticules de matière solide (aérosols), qu’on appelle des noyaux de condensation ou de congélation. La congélation spontanée de l’eau liquide en glace, dans une atmosphère très pure, ne se produit pas au-dessus de -40 °C. Entre 0 et -40 °C, les gouttes d’eau restent dans un état métastable (surfusion), qui cesse dès qu’elles rentrent en contact avec un noyau de condensation (poussière, cristal de glace, obstacle). Lorsque ce phénomène se produit au sol, on assiste à des brouillards givrants.

Juste après la condensation ou la congélation, les particules sont encore très petites. Pour des particules de cette taille, les collisions et l’agrégation ne peuvent pas être les facteurs principaux de croissance. Il se produit plutôt un phénomène connu sous le nom de « effet Bergeron ». Ce mécanisme repose sur le fait que la pression partielle de saturation de la glace est inférieure à celle de l’eau liquide. Ceci signifie que, dans un milieu où coexistent des cristaux de glace et des gouttelettes d’eau surfondue, la vapeur d’eau ambiante se condensera en glace sur les cristaux de glace déjà existants, et que les gouttelettes d’eau s’évaporeront d’autant. On voit ainsi que le soulèvement est doublement important dans la formation de nuages et de précipitation : en premier lieu comme mécanisme de refroidissement, et ensuite comme porteur de gouttelettes d’eau liquide jusqu’au niveau où elles deviennent surfondues.

Le soulèvement peut être dû à la convection, à la présence de terrains montagneux faisant obstacle à l’écoulement de l’air ou à des facteurs de la dynamique atmosphérique, comme les ondes baroclines (aussi appelées « ondes frontales »).

Types de nuages

Les nuages se forment selon deux processus : la convection et le soulèvement progressif de la masse d'air.

Le soulèvement convectif est dû à l'instabilité de l'air. Il est souvent vigoureux et au déclenchement abrupt. Il produit des nuages caractérisés par une extension verticale élevée, mais une extension horizontale limitée. Ces nuages sont désignés génériquement par le terme « cumulus ». Ils peuvent se développer à différent niveaux de la troposphère, là où l'instabilité existe.

Le soulèvement dit synoptique est le résultat des processus de la dynamique en atmosphère stable, dans un écoulement stratifié. Ce soulèvement est graduel, produisant des systèmes nuageux d'une texture uniforme, pouvant couvrir des milliers de kilomètres carrés. Ces nuages sont désignés génériquement par le terme « stratus ». Il arrive parfois que ce soulèvement graduel déstabilise la couche atmosphérique, donnant lieu à des nuages convectifs imbriqués dans le nuage stratiforme.

Classification troposphérique

Classification des nuages par altitude d'occurrence

Au XIXe siècle, une classification assez complexe des nuages a été développée. Elle était basée sur leur apparence et faisait usage de termes en latin. Cette nomenclature a été simplifiée en répartissant les nuages selon les deux types de nuages, cumulus et stratus, et en les divisant en quatre groupes selon la hauteur de leur base, non l'altitude de la cime.

Les nuages élevés commencent par le préfixe cirrus, auquel on ajoute le «genre» cumulus ou stratus. Les nuages d'altitude moyenne ont comme préfixe altus mais il n'existe pas de préfixe pour les nuages bas. Finalement, il y a les nuages à développement vertical. À ces classes générales, peuvent s'ajouter une «espèce» qui en décrit l'aspect. Ce système a été proposé en 1802 par Luke Howard.

Nuages élevés (Famille A)

Ils se forment au-dessus de 5 000 mètres dans la région froide de la troposphère. Ils sont classés en utilisant le préfixe cirro- ou cirrus. À cette altitude, l'eau gèle quasiment toujours : les nuages sont donc composés de cristaux de glace.

Les nuages dans la famille A sont :

Moyens (Famille B)

Ils se développent entre 2 000 et 5 000 mètres et sont classés en utilisant le préfixe alto-. Ils sont formés de gouttelettes d'eau.

Les nuages dans la famille B sont :

Bas (Famille C)

Ce sont des nuages de basses altitudes (jusqu'à 2 000 mètres). Lorsque ces derniers rencontrent la terre, on les appelle brouillard.

Les nuages dans la famille C sont :

  • Genre stratus : nuages bas à texture uniforme, souvent accompagnés de brouillard au sol
    • Espèces : stratus fractus, stratus nebulosus ;
    • Variétés : stratus opacus, stratus translucidus, stratus undulatus ;
    • Caractéristique supplémentaire : stratus praecipitatio.

Moyen développement vertical (Famille D1)

Ce sont des nuages de basses à moyens altitudes (base jusqu'à 3 000 mètres, sommet jusqu'à 6 000 mètres). Le cumulus se forme généralement à basse altitude sauf lorsque l'air fait très sec et alors elle peut se retrouver à l'étage moyen. Le nimbostratus se forme à partir de l'altostratus de altitudes moyennes qui s'épaissit et dont la base s'approche du sol avec les précipitations.

Grand développement vertical (Famille D2)

Ces nuages peuvent avoir de forts courants verticaux et s'élèvent bien au-dessus de leur base (généralement de basse à moyenne altitude jusqu'à 3 000 mètres) et sommet de plus de 6 000 mètres.

Les nuages dans la famille D2 sont :

  • Genre cumulus : Espèces cumulus congestus;
    • Variétés et caractéristiques supplémentaires : les mêmes que le genre cumulus de famille D1.

Ambiguïtés liées au mode de formation des nuages

Article détaillé : Castellanus.

La classification des nuages date du XIXe siècle et était à l'origine purement visuelle. À cette époque il n'y avait ni sondage, satellite ou planeur. La dernière version de l'Atlas international des nuages[2] date de 1956 et à cette époque, il n'y avait pas de satellite. Depuis, de grands progrès on été faits et les sondages atmosphériques sont de nos jours publiés sur internet. Ainsi, l'Atlas définit les cumulus comme étant des nuages de l'étage inférieur (i.e. leur base est à moins de 2 km de hauteur) tandis que les altocumulus castellanus sont des nuages de l'étage moyen (i.e. leur base est entre 2 et 5 km). Cette définition fait fi de leur mode de formation et peut provoquer des confusions. En Arizona des cumulus véritables peuvent avoir leur base à 4 km de hauteur tandis que certains altocumulus castellanus peuvent avoir leur base à 2 km voire même moins (dans ce cas, ce sont des stratocumulus castellanus). C'est pourquoi des auteurs comme Scorer[3] ou Corfidi[4] plaident pour une définition physique des nuages. Ceci est aussi le cas pour les pilotes de planeur. Le même problème apparaît pour les cumulonimbus.

Au-dessus de la troposphère

Nuages stratosphérique

Nacrés : se développent entre 15 000 et 25 000 mètres.

Nuages mésosphérique

Nuages noctulescents : se développent entre 80 000 et 85 000 mètres.

Nébulosité et opacité

Nuages colorés par le coucher de Soleil

Dans les rapports météorologiques, les METAR, la nébulosité et l'opacité des nuages sont signalés. La nébulosité, ou couverture nuageuse, est la fraction du ciel couverte par les nuages d'un certain genre, d'une certaine espèce, d'une certaine variété, d'une certaine couche, ou d'une certaine combinaison de nuages. La nébulosité totale est la fraction du ciel cachée par l'ensemble des nuages visibles[5]. Les deux se mesurent en octas, soit le un huitième de la voûte céleste, ou en dixième.

L’opacité est la visibilité verticale à travers les nuages. Les nuages peuvent être minces et transparents comme les cirrus ou bloquer complètement la lumière.

La nébulosité et l'opacité sont estimées en général par un observateur. Cependant, la nébulosité peut être calculée par la fraction de l'heure où un célomètre enregistre des nuages. De façon alternative, la nébulosité totale peut être estimée par un instrument qui mesure E, l'éclairement sur une surface horizontale, par des estimations de la forme[6] :

\textstyle N = (1,4286 \frac{E_{diffus}}{E_{global}}-0,3)^{0,5}

Couleurs des nuages

Panorama de stratocumulus avec mamma en formation.

La diffusion de la lumière par les gouttelettes des nuages selon la théorie de Mie se fait surtout vers la direction d'où vient la lumière et dans la direction où elle va. Ainsi, la blancheur des nuages est maximale lorsque l'observateur dirige son regard dans un axe aligné avec le soleil, soit dans le dos ou devant lui. À tout autre angle, il reçoit seulement une fraction de la luminosité.

La dispersion de la lumière à travers les cristaux de glace des cirrostratus, obéit quant à elle à la diffusion de Rayleigh qui est isotrope selon l'angle mais dépend de la longueur d'onde. C'est pourquoi on voit souvent des halos circulaires autour du soleil lorsque ce type de nuage s'interpose.

Bibliographie

  • Jean-Pierre Chalon, Combien pèse un nuage? ou pourquoi les nuages ne tombent pas, EDP Science (ISBN 2-86883-610-0) 

Notes et références

  1. (fr)La Terre vue de l'Espace : Traînées de condensation, ESA Informations locales, Agence spatiale européenne, 12 septembre 2008. Consulté le 2009-07-06
  2. (fr)OMM, Atlas international des nuages, Genève, Organisation météorologique mondiale, 1975, 1975e éd. (ISBN 92-63-20407-1), p. 17 
  3. (en)Richard R Scorer, Clouds of the world;a complete color encyclopedia, Stackpole books, 1972, 176 p. (ISBN 0-8117-1961-8), p. 31-33 
  4. (en)Stefen F. Corfidi, « Elevated Convection and Castellanus: Ambiguities, Significance, and Questions », WEATHER AND FORECASTING, 23, NOAA. Consulté le 2010-06-26
  5. (fr)Nébulosité et nébulosité totale, Glossaire de la météorologie, EUMETCAL. Consulté le 2008-03-20
  6. Ici avec l'exemple pris dans le manuel de TRNSYS

Voir aussi

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