Nomadic

Nomadic
Nomadic
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Le Nomadic dans le port de Cherbourg

Autres noms Nomadic (1910 - 1934)
Ingénieur Minard (1934 - 1974)
Nomadic (1974 - en service)
Histoire
Quille posée 22 décembre 1910
Lancement 25 avril 1911
Mise en service 27 mai 1911
Statut En cours de restauration
Caractéristiques techniques
Longueur 67,06 m entre perpendiculaire et 71,17 m hors tout
Maître-bau 11,28 m
Tirant d'eau 1,85 m en lège et 2,46 m en charge
Port en lourd 376,94 tonnes
Tonnage 1 273 tjb
Propulsion 2 machines à vapeur à double expansion compound
Puissance 550 cv
Vitesse 10 nœuds
Ponts 4
Autres caractéristiques
Passagers 1 000
Équipage 14
Chantier naval Harland and Wolff, Belfast
Armateur White Star Line (1911 - 1927)
Société cherbourgeoise de transbordement (1927 - 1934)
Société cherbourgeoise de remorquage et de sauvetage (1934 - 1940)
Royal Navy (1940 - 1945)
Société cherbourgeoise de remorquage et de sauvetage (1945 - 1974)
Pavillon Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni

Le SS Nomadic, parfois surnommé le « petit frère du Titanic », est un navire à vapeur de la White Star Line mis en service en 1911. C'est un transbordeur mis en service pour embarquer les passagers des nouveaux paquebots de classe Olympic dans le port de Cherbourg inadapté à leur grande taille. Il fonctionne à cette époque en duo avec le Traffic : le Nomadic se charge de transporter les passagers de première et deuxième classe tandis que le second transporte les passagers de troisième et les bagages. En 1927, la White Star Line le revend à la Société cherbourgeoise de transbordement qui l'utilise dans le même but et avec le même nom. En 1934, il est à nouveau vendu, cette fois à la Société Cherbourgeoise de Remorquage et de Sauvetage qui le renomme Ingénieur Minard.

Lors de la Deuxième Guerre mondiale, le navire parvient à fuir en Grande-Bretagne où il est utilisé par la Royal Navy. Il est ensuite rendu au port de Cherbourg qui l'utilise notamment comme transbordeur pour le Queen Mary et le Queen Elizabeth. Retiré du service en 1968, il est revendu à un particulier six ans plus tard. Celui-ci le transforme en restaurant flottant sur la Seine. Vingt-cinq ans plus tard, destiné à la casse, il est sauvé par l'action d'associations qui conduisent à son renvoi à Belfast pour y être restauré dans son état d'origine. Le Nomadic est le dernier bâtiment restant de la White Star Line qui soit toujours à flot.

Sommaire

Histoire

Conception et construction

Thomas Andrews est le concepteur du Nomadic.

En 1907, Joseph Bruce Ismay et William James Pirrie, respectivement directeurs de la White Star Line et des chantiers Harland & Wolff, décident de la construction de trois navires géants qui formeront la classe Olympic : l’Olympic, le Titanic et le Gigantic (renommé Britannic durant sa construction)[1]. Les navires étant trop volumineux pour le port de Cherbourg, escale des transatlantiques de la compagnie, un transbordeur est nécessaire pour transférer les passagers du quai au navire. La White Star possède déjà le Gallic, construit en 1894 et acheté par la compagnie en 1907[2]. Cependant, celui-ci est vieux et inadapté à des navires tels que ceux de la classe Olympic.

Le 25 juin 1910, Ismay et Pirrie rencontrent Thomas Andrews et Alexander Carlisle, les architectes des nouveaux navires[3]. Les concepteurs en profitent pour proposer à la White Star la construction de deux nouveaux transbordeurs, le Nomadic et le Traffic. Le premier doit transporter les passagers de première et deuxième classe, le second se charge des passagers de troisième classe et des bagages[4]. La commande du Nomadic est faîte sur le moment, celle du Traffic suit un mois plus tard[5].

Le Nomadic et son jumeau sont construits dans les chantiers Harland and Wolff de Belfast et se doivent d'être prêt pour la mise en service de l’Olympic en juin 1911. Le Nomadic est lancé le 25 avril 1911. Il accompagne ensuite le paquebot lors de ses essais en mer, et effectue sa tâche dans le port de Cherbourg dès la première traversée transatlantique du géant[6].En effet, le port français ne peut accueillir sur son quai les grands transatlantiques car son bassin n'est pas assez profond à cette époque.

Pour la White Star Line (1911 - 1927)

Le Nomadic a été construit pour embarquer les passagers à bord des nouveaux paquebots de la classe Olympic (ici, le Titanic lors de son unique escale à Cherbourg).
John Jacob Astor et son épouse Madeline font partie des célébrités transbordées à bord du Titanic par le Nomadic le 10 avril 1912.

Avec son jumeau le Traffic, le Nomadic est donc utilisé comme un transbordeur à Cherbourg. Il débute son service à l'occasion du voyage inaugural de l’Olympic, le 14 juin 1911, lors de l'escale du géant en France[7]. Le luxueux intérieur du Nomadic est conçu pour transporter les passagers de première et deuxième classe, tandis que le Trafic est utilisé pour les passagers de troisième classe et les bagages[8],[9]. Le premier service du transbordeur laisse cependant à désirer, le chargement et déchargement des passagers n'ayant alors pas trouvé de cadence appréciable[6]. Le Nomadic se montre également malchanceux : le 13 novembre 1911, il heurte le Philadelphia de l'American Line, qu'il était en train de charger[10] ; la collision endommage légèrement sa proue[11].

Le 10 avril 1912, le Titanic quitte Southampton pour son unique traversée. Il atteint Cherbourg vers 18 heures 30. Les passagers embarquant depuis la France, parmi lesquels de célèbres milliardaires tels que John Jacob Astor et Benjamin Guggenheim ainsi que Margaret Brown, ont été priés d'embarquer dans les transbordeurs une heure auparavant[12],[13],[14],[15]. Le transbordement se fait en à peine trois quarts d'heure : le Traffic passe en premier, puis vient le Nomadic[12]. Il ramène au retour les quelques passagers qui ne font que la traversée de la Manche[16].

Malgré le naufrage du Titanic, la White Star maintient son service transatlantique, et le Nomadic poursuit sa carrière. Pendant la Première Guerre mondiale, il est réquisitionné par la marine française et sert dans le port de Brest avec le Traffic, notamment au transbordement des troupes venues d'Amérique[17]. Après la guerre, le Nomadic reprend son service cherbourgeois pour la White Star Line, transbordant des passagers à bord des paquebots affectés à la ligne Southampton - New York, l’Olympic, l’Homeric et le Majestic. En 1927, la White Star est vendue par l'International Mercantile Marine Company, sa compagnie mère, à Lord Kylsant, propriétaire britannique[18]. Le Nomadic et le Traffic sont vendus à la Société cherbourgeoise de transbordement, la compagnie ayant besoin de faire des économies. Le nom des navires reste cependant inchangé, de même que leur fonction. Le 29 novembre 1931, le Nomadic heurte le Minnewaska, navire qu'avait précédemment heurté le Traffic deux ans plus tôt[11].

L'Ingénieur Minard (1934 - 1974)

Le Queen Mary est l'un des derniers navires servis par l’Ingénieur Minard.

En 1934, le Nomadic est revendu à la Société cherbourgeoise de remorquage et de sauvetage. Il est alors rebaptisé Ingénieur Minard[6]pour honorer le responsable de la mise en eaux profondes du port. Sa fonction ne change cependant pas jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. L’Ingénieur Minard sert alors à évacuer des troupes de France jusqu'au Royaume-Uni en 1939[17]. À partir de 1940, il sert la Royal Navy comme navire de patrouille[9].

Après la guerre, il reprend ses fonctions dans le port de Cherbourg, servant les navires de la Cunard, les prestigieux Queen Mary et Queen Elizabeth. Les deux paquebots, à cause de la forte progression du trafic aérien, sont retirés du service en 1967 et 1968, signant de fait la fin de carrière de l’Ingénieur Minard après 57 ans de service[11].

Le transbordeur est ainsi vendu à la compagnie de démolition Somairec, au Havre, la même année[6]. Cependant, cette démolition n'a jamais lieu. Le navire est un temps laissé à l'abandon dans le port de Conflans-Sainte-Honorine[19]de 1969 à 1974.

Du restaurant à l'inactivité forcée

Le Nomadic est longtemps resté sur les bords de Seine.

En 1974, le navire est acheté par un particulier, Yvon Vincent, qui le transforme en restaurant sur la Seine et lui rend son nom d'origine. Le restaurant ouvre en 1977, et connaît une longue carrière sous trois noms différents (le Shogun, Le Colonial et Le Transbordeur du Titanic)[17]. Il est également utilisé comme local de bureaux et comme salle de réceptions[19].

25 ans plus tard, le restaurant est fermé : de nouveaux règlements exigeaient que les bateaux de la Seine soient inspectés périodiquement, et cela est impossible pour le Nomadic. En effet, ses superstructures l'empêchent de passer sous les ponts de Paris. Le Nomadic reste alors dans un état d'abandon sur les quais de Seine[17].

Alerté par l'Association française du Titanic, le ministère de la Culture en France le place en instance de classement aux monuments historiques pendant un an, le temps de trouver un repreneur. L'association médiatise l'affaire dans la presse, sur le web, sur les radios et télévisions françaises : Le tout premier livre est publié Le S/S Nomadic, petit-frère du Titanic (de Fabrice Vanhoutte & Philippe Melia) et des projets sont alors énoncés dont un retour à Cherbourg et son intégration à la Cité de la Mer qui n'aura finalement pas lieu[19].

Un appel aux dons est également lancé par l'Association sans but lucratif Belfast Industrial Heritage avec la collaboration de passionnés britanniques, irlandais et belges, pour que le Nomadic retourne dans les chantiers Harland and Wolff pour être restauré et transformé en musée.

En 1999 est décidé de faire examiner la coque du Nomadic en cale sèche avant une éventuelle réouverture au public. Le 17 septembre 2002 le port autonome de Paris débute les travaux de découpage des superstructures du Nomadic afin de lui permettre de passer sous les ponts. Le 1er avril 2003 le Nomadic quitte Paris pour Le Havre et passe en cale sèche entre janvier et février 2004[19].

Le nouveau départ

Le 26 janvier 2006, le Nomadic est acquis aux enchères par le Department of Social Development of Northern Ireland (Northern Ireland Office). Le navire a été acheté 171 320 £ (soit 250 001 €).

La municipalité de Belfast a estimé à 7 millions de £ (plus de 10 millions de €) le coût de la restauration du Nomadic.

Belfast Industrial Heritage a finalisé la campagne de financement et sa collaboration avec White Star Memories et d'autres passionnés par la constitution de la Nomadic Preservation Society (Société de préservation du Nomadic) dans le but de contribuer financièrement à la restauration du navire.

Il est prévu que le Nomadic figure sur le British Historic Ship Register (Registre des Navires historiques britanniques). Ceci permettra également l'octroi de subsides permettant sa restauration complète.

Le Nomadic dans le port du Havre.

Le Nomadic a été chargé sur une barge immergeable le 9 juillet 2006 et a quitté Le Havre le 12 juillet 2006 à 7 heures. Il arriva à Belfast le samedi 15 juillet 2006 vers midi.

Dès son arrivée, le navire fut débarrassé de la multitude d'algues et de coquillages qui souillaient sa coque. Ces travaux eurent lieu sous une chaleur extrême et un ouvrier chargé du nettoyage succomba à une crise cardiaque.

Une célébration discrète, rendant également hommage à la victime, eu lieu le 18 juillet 2006 en présence du ministre Hanson et d'une foule d'invités. Pour ce faire, le Nomadic — toujours placé sur sa barge — fut montré au public au cœur de Belfast.

Le navire resta amarré au Queen's Quay durant deux jours. On estime que plus de 8 000 visiteurs firent le déplacement pour voir le dernier vestige de la White Star Line. Le Nomadic fut ensuite transféré dans les installations de Harland and Wolff Technical Services afin d'être déchargé et placé en cale sèche pour inspection.

Malgré l'inactivité apparente autour du Nomadic durant les vacances d'été, la Nomadic Preservation Society travailla d'arrache-pied pour organiser une soirée de gala le 25 novembre 2006 à l'occasion du passage de la comédie musicale Titanic à Belfast, pour organiser la première Convention internationale du Nomadic en avril 2007 et pour être représenté au sein du Trust chargé du projet de restauration du navire.

Fin 2009, de mauvaises nouvelles parviennent cependant du chantier qui ne semble pas avancer. Le navire n'est en effet pas traité avec soin, et une vidéo choque particulièrement, montrant des fuites d'eau importantes dans le navire, dont le gardien a été remercié en octobre[20]. La Nomadic Preservation Society annonce cependant une importante célébration du centenaire de ce joli bateau à Belfast le premier week-end de mai 2011. (voir ce site).

Il sera aussi une attraction au parc Titanic Quarter à Belfast pour le centenaire du Titanic.

Caractéristiques

Notes et références

  1. Gérard Piouffre 2009, p. 35 - 36
  2. (en) « Gallic » I of the White Star Line, Titanic-Titanic.com. Consulté le 5 novembre 2009
  3. Gérard Piouffre 2009, p. 49
  4. Gérard Piouffre 2009, p. 50
  5. Gérard Piouffre 2009, p. 51
  6. a, b, c et d Mark Chirnside 2004, p. 306
  7. Mark Chirnside 2004, p. 47
  8. (en) White Star Line 3rd class passenger tender Traffic 1911-1935, White Star Ships. Consulté le 23 décembre 2009
  9. a et b (en) The White Star Line Passenger Tender, « Nomadic », White Star Ships. Consulté le 23 décembre 2009
  10. La White Star et l'American Line appartiennent toutes deux au même trust, l'International Mercantile Marine Company, ce qui explique que le Nomadic serve une autre compagnie que celle dont il arbore le pavillon.
  11. a, b et c (en) « Nomadic » & « Traffic », The Great Ocean Liners. Consulté le 23 décembre 2009
  12. a et b Gérard Piouffre 2009, p. 104
  13. (en) Colonel John Jacob Astor, Encyclopedia Titanica. Consulté le 23 décembre 2009
  14. (en) Mr Benjamin Guggenheim, Encyclopedia Titanica. Consulté le 23 décembre 2009
  15. (en) Mrs Margaret "Molly" Brown, Encyclopedia Titanica. Consulté le 23 décembre 2009
  16. Gérard Piouffre 2009, p. 106
  17. a, b, c et d (en) « Nomadic » of the White Star Line, Titanic-Titanic.com. Consulté le 23 décembre 2009
  18. (en) An Era Ends: The Final Demise of the White Star Line, White Star Ships. Consulté le 23 décembre 2009
  19. a, b, c et d (fr) Le « Nomadic » et le « Traffic », Le Site du Titanic. Consulté le 24 décembre 2009
  20. (fr) « Nomadic » en danger, Association française du Titanic. Consulté le 27 décembre 2009

Annexes

Articles connexes

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Bibliographie

  • (en) Mark Chirnside, The Olympic-class ships: « Olympic », « Titanic », « Britannic », Tempus, 2004, 349 p. (ISBN 0-7524-2868-3) 
  • Gérard Piouffre, Le « Titanic » ne répond plus, Larousse, 2009, 317 p. (ISBN 978-2-03-584196-4) 

Liens externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Nomadic de Wikipédia en français (auteurs)

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