Nicolas Louis Jordy

Nicolas Louis Jordy
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Nicolas Louis Jordy, né à Abreschviller (Meurthe) le 14 septembre 1758, militaire français.

Il entra an service le 15 août 1774 comme chirurgien aux hôpitaux militaire de Schelestadt et de Strasbourg ; mais entraîné par son goût pour la vie aventureuse, il s'engagea, le 9 avril 1778, dans le régiment d'Alsace en qualité de soldat, et il avait fait deux campagnes d'Amérique, lorsque, le 23 août 1782, son père acheta son congé et lui procura les moyens de se livrer au commerce.

Ayant embrassé avec chaleur les principes de la Révolution française, ses concitoyens l'élirent, le 6 mai 1790, capitaine au bataillon du canton de Lorquin, avec lequel il contribua, le 31 août 1791, à rétablir la tranquillité dans Nancy, lors de la révolte du régiment suisse Château-Vieux. Le courage et l'énergie qu'il déploya dans cette circonstance fixèrent sur lui les suffrages des volontaires du 10e bataillon de la Meurthe, qui le nommèrent leur commandant le 19 août 1792. Ce corps, dirigé sur Metz, reçut ordre de camper sous le fort Sainte-Croix avant d'avoir reçu des armes. Jordy, pénétrant les secrets desseins du gouverneur, qui méditait une trahison, réclama avec énergie l'armement de sa troupe, et l'obtint. À peine avait-il distribué les armes, qu'il eut à repousser l'attaque d'un parti de Uhlans.

Quelques jours après, envoyé à l'armée de Custine, il en soutint la retraite depuis Francfort jusqu'au fort de Königstein. Chargé pendant le siège de Mayence de défendre le fort de Mars, situé sur la rive droite du Rhin, il s'y maintint depuis le 4 janvier 1793 jusqu'au 15 juillet suivant, époque de la reddition de cette place, Dans cet intervalle, il s'empara, le 10 mai, des îles de Weisenau et enleva, le 9 juin, la batterie de la redoute de Gustavsburg, prit, le 11, le village de Kostheim, ainsi que la redoute de la Briqueterie, où il fut blessé d'un coup de baïonnette qui lui traversa la mâchoire inférieure et la langue, et fit échouer, le 14 juillet, une entreprise de l'ennemi sur le fort qu'il commandait. Cette affaire valut à Jordy le grade d'adjudant-général chef de brigade qui lui fut conféré le 21 juillet.

Destiné, comme toute la garnison de Mayence, à faire partie de l'armée des côtes de Cherbourg, il suivit dans la Vendée le général Aubert du Bayet, qui l'investit provisoirement du commandement d'une brigade à la tête de laquelle il chassa, le 7 septembre, les rebelles du bourg de Rouames ; enleva d'assaut, le 3 brumaire an II, la petite ville de Vertou et y prit trois pièces de canon, des caissons, beaucoup de chevaux et une soixantaine d'hommes, et le 11 du même mois, poursuivant Charette, il força le canal de Grandlieu. Le lendemain, à la prise du port Saint-Père, il se jeta à la nage avec quelques soldats, et parvint, sous le feu de l'ennemi, à ramener de la rive opposée des bateaux nécessaires au passage du général en chef et de son état-major.

Il battit ensuite les Vendéens à Pazanne, emporta, le 11 nivôse, la ville de Cholet, et se trouva à la reprise de Noirmoutier, par le général Haxo. Avant le débarquement, Jordy, impatienté de la lenteur que mettaient les embarcations à gagner le rivage, s'élance dans la mer et commence l'attaque par la pointe de la Fosse ; mais à peine a-t-il touché la terre qu'il est atteint d'une balle qui lui fracasse la cuisse et la jambe gauche ; néanmoins, porté sur des fusils, il continue à diriger les troupes sous ses ordres, jusqu'à ce que, de nouveau frappé à la tête, on fut obligé de l'enlever du champ de bataille, au moment où les insurgés l'abandonnaient. Le lendemain il reçut sa promotion au grade de général de brigade. Sa santé n'était point encore rétablie lorsqu'il fut envoyé à l'armée du Rhin, et nommé commandant de Strasbourg.

Désireux de se signaler dans un emploi plus actif, il demanda, le 18 brumaire an III, d'aller se joindre aux troupes qui formaient le siège de Mayence. Grièvement blessé, le 30, à l'affaire du camp de Weisenau, il lui fallut quitter de nouveau l'armée. Rappelé à l'activité, le 13 messidor, et placé sous les ordres de Desaix, il offrit à ce général de se rendre sur la rive droite du Rhin pour examiner les positions ennemies. Cette offre ayant été acceptée, Jordy resta pendant trois jours au milieu des Autrichiens. Il servit ensuite sous Pichegru jusqu'au mois de prairial an IV.

À cette époque, Moreau ayant pris le commandement, il confia à Jordy le soin d'organiser de fausses attaques depuis Bâle jusqu'à Malskolsheim, et de tenter le passage du Rhin à l'endroit qui lui paraîtrait le plus convenable. Il passa ce fleuve le 6 messidor, près du village de Nonnenweiler, d'où il chassa un corps d'émigrés qui le défendaient avec acharnement.

Le 26, attaché à la division du général Férino, qui commandait l'aile droite de l'armée de Rhin-et-Moselle, il se porta sur Steinback, dont le pont avait été coupé, franchit le torrent en marchant sur des pierres, surprit les Autrichiens et les mit en pleine déroute. Il prit ensuite Haslack, que l'ennemi lui disputa de rue en rue, et enleva à la baïonnette la redoute du pont de cette ville. Poursuivant le cours de ses succès, il défit, près de Horneberg, un corps autrichien, traversa les montagnes voisines d'Elrack, en faisant transporter ses canons sur les épaules de ses soldats, et assura à l'armée française les débouchés de la Forêt-Noire en occupant Willingen. Rendant compte à Férino de ces divers mouvements, celui-ci lui répondit : « Doucement, doucement, mon cher général, n'allez pas à Vienne avant nous. » Jordy servit avec non moins de distinction jusqu'à la fin de la campagne; le 6 messidor, il chassa l'ennemi de Donaueschingen, prit, le 15, la ville de Moerskich, concourut, avec le général Abattucci, à effectuer, le 15, le passage de la Kamlach, et, le 7 fructidor, celui du Lech. Le 17 fructidor, il appuya l'attaque du général Gouvion-Saint-Cyr sur Fressihgen, força, le 21, la ville de Moosbourg à capituler, et soutint la retraite de Moreau. Les fatigues que lui fit éprouver une marche aussi pénible ayant rouvert une blessure qu'il avait reçue à la poitrine, on le transporta à Neuf-Brisach, dont il eut le commandement après sa guérison.

Appelé à Strasbourg, le 26 germinal an V, pour prendre le commandement de l'une des colonnes de l'armée, il eut la cuisse fracassée d'un coup de mitraille et la première tablette de l'os frontal fracturée d'une balle, le 1er floréal, au passage du Rhin à Diersheim. Entouré d'ennemis qui, pour le jeter à bas de son cheval, le frappaient du canon de leurs fusils, il se défendit en désespéré, et il eût infailliblement succombé si quelques grenadiers de la 10e demi-brigade ne l'eussent secouru. Moreau, Vers la fin de cette journée, le manda près de lui, lui prodigua les éloges les plus flatteurs, et le fit panser en sa présence. De son côté, le Directoire lui adressa ses félicitations le 14 pluviôse et lui décerna un sabre d'honneur, qu'Augereau lui remit à Strasbourg, au mois de nivôse an VI.

Le 8 ventôse, le général Sainte-Suzanne lui donna le commandement de toutes les places fortes du département du Haut-Rhin; mais ayant été chargé presque dans le même moment de celui de l'avant-garde de l'armée en Helvétie, il ne remplit cette mission que d'une manière incomplète. Épuisé par les fatigues de cette dernière campagne, et affaibli par ses nombreuses blessures, il demanda un emploi sédentaire, et obtint, le 5 prairial, le commandement de la place de Strasbourg, qu'il fut forcé de résigner quelque temps après, n'ayant pas voulu accepter le grade de général de division.

Le premier Consul l'envoya commander la place de Landau le 21 nivôse an IX. Membre et officier de la Légion d'honneur les 19 frimaire et 25 prairial an XII, l'Empereur lui confia, le 11 octobre 1806, le commandement supérieur de la tête de pont de Cassel devant Mayence, et des troupes cantonnées sur la rive droite du Rhin. Il devait en outre surveiller les travaux de fortifications. Le 27 novembre suivant, le maréchal duc de Valmy le chargea de conduire au grand quartier général, alors à Berlin, 5 000 hommes de toutes armes. Obligé de pousser jusqu'à Varsovie, où se trouvait l'Empereur, il grossit sa troupe de tous les militaires restés sur les derrières de l'armée, et reçut à cet égard les remerciements de Napoléon Ier, qui le nomma commandant supérieur de Thorn le 9 janvier 1807.

Pendant son séjour dans cette ville, qui se prolongea jusqu'au 26 août, il pourvut avec la plus grande activité à la reconstruction d'un pont enlevé par les glaces, à l'approvisionnement des magasins de subsistances et à l'organisation des hôpitaux. Il eut dans le même temps l'occasion de faire preuve de son courage et de son dévouement. Le 7 août, une prolonge remplie de poudre, et placée sur un bateau, éclata dans le voisinage d'un magasin qui en contenait 500 milliers. Jordy, malgré ses infirmités, s'élança sur le toit, et, avec l'aide du caporal de sapeurs Roux, il précipita les décombres enflammées dans la rivière et préserva ainsi la ville de Thorn d'une entière destruction.

La paix qui suivit la bataille de Friedland l'ayant fait quitter Thorn, il fut investi du commandement d'armes de Mayence, le 22 octobre, et reprit, le 18 novembre, celui de Landau. Créé chevalier de l'Empire en 1807, un décret du 1er juin 1812 le nomma commandant du département du Léman et de la place de Genève, avec l'inspection générale pour les retraites et les réformes. Un second décret du 28 novembre 1813 lui donna le commandement supérieur de la ville. Bientôt après, assiégé par 20 000 hommes des troupes alliées. Jordy, qui n'avait pas 100 hommes en état de leur-être opposés, se rendit à la première sommation.

Revenu en France immédiatement après, une attaque d'apoplexie lui ôta l'usage des deux jambes; il demanda donc sa retraite. Louis XVIII le fit chevalier de Saint-Louis le 2 octobre 1814, et il reçut ensuite du roi de Bavière l'ordre de Maximilien-Joseph. Il mourut le 7 juin 1825.

Source

« Nicolas Louis Jordy », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail de l’édition]


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