Moi

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En psychanalyse, le Moi est l'une des instances de la personnalité, celle qui voudrait se représenter l'ensemble de la personne comme unie, et elle peut gérer la vie du non.

Pour une description du Moi en général, comme désignation de la personne humaine en tant qu'elle a conscience d'elle-même, voir le sujet consacré à l'ego.

Sommaire

Seconde topique

Article détaillé : seconde topique.

Dans la seconde topique, le Moi est à la fois conscient et inconscient. En effet il est le médiateur entre le Ça, le Surmoi et le monde extérieur. Il contrôle les mouvements volontaires et est chargé de l'unité du sujet. Mais si la partie du moi consacrée à l'adaptation à la réalité est consciente, celle qui se charge de la gestion des pulsions et des désirs, elle, est inconsciente. L'instance moïque est porteuse de multiples fonctions ; elle présente la personnalité comme unifiée, unie, cohérente, et les représentations inconciliables avec cette affirmation seront cause de déplaisir. Le Moi occupe une position finalement ambiguë : il s'affirme comme l'ensemble du sujet, alors que lui échappent certaines parties de la personnalité, et que, néanmoins, le Moi ne soit pas que conscient.

Fonctions du Moi

Le Moi est mis en place afin d'ajourner la satisfaction pulsionnelle. Il permet de passer du principe de plaisir au principe de réalité, ces fonctions s'étendant donc à la représentation particulièrement hétérogène.

Le pare-excitation est une fonction du Moi. Elle lui permet d'atténuer ou de détoxiquer ce qui vient des pulsions internes et ce qui arrive du dehors, le réel. Elle agit comme une barrière de contact.

Formation du Moi

Point de vue freudien

Freud considère deux temps essentiels : le Moi plaisir, pastiche dans lequel l'enfant ne se reconnaît que dans l'agréable, attribuant le déplaisir à l'extérieur, à l'autre. Le second temps est celui du Moi réalité, marquant une instance plus honnête, capable de faire le tri entre dedans et dehors.

Formation du Moi selon Melanie Klein

Le Moi se développe dans les premiers mois de la vie. Melanie Klein l'a situé vers le quatrième mois : sa naissance correspond dans sa théorie à l'accès à la position dépressive. Il y a meurtre (imaginaire) de l'objet et deuil de cet objet : le moi naît d'une dépression.

Le Moi est l'instance qui distingue réalité interne et réalité externe. À l'origine, le nourrisson découvre sa mère comme objet total, et non fragments dispersés sans cohérence.

Le Moi sera remanié tout au long de la vie, par des processus d'introjection et de projection, c’est-à-dire qu'il y aura la vie durant un travail d'appropriation et de rejet, par le biais d'identifications, comme l'identification projective.

Le Moi selon Carl Gustav Jung

Pour Jung le moi n'est pas une topique psychique, mais bien plus simplement «le centre du champ de conscience». C'est ainsi un complexe qui n'a de p

Le Moi Artificiel selon Pierre Louis Helmli

Pour Pierre Louis Helmli, la formation du Moi proposée par Sigmund Freud ne saurait être un description toujours valide à l'heure actuelle. Il introduit le concept de formation du "Moi Artificiel" [1], un moi formé ab ovo reposant sur un système complexe de variables stochastiques. Il considère en effet que la conscience vibratoire du Moi est l'extériorisation d'un processus dont l'énergie hante les surfaces et régénère les polarités discontinues et permet aussi bien de garder à l'esprit que la réalité métaphysique constituant ce qu'on peut appeler un rapport artificielo-indépendant de son propre Je.[1]

Formation du Moi selon Jacques Lacan

Lacan - Je et Moi.svg

Le Moi, selon Lacan, est une instance du registre imaginaire : il est l'aliénation même. Le sujet se voit dans le Moi, qui n'est qu'un arrêt sur image de la fonction sujet.

Sa formation implique une première triangulation, entre la mère, l'enfant et l'objet du manque, tous trois imaginaires. L'enfant est assujet, il est assujetti à sa mère, et s'identifie au phallus imaginaire. L'enfant en viendra à se reconnaître ailleurs, en l'Idéal du Moi, symbolique. Mais le Moi demeurera instance d'aliénation, de captation imaginaire.


Pour plus de détails sur la formation du moi, voir les articles suivants :


.

Spatialité du Moi

Voir le paragraphe correspondant dans Stade du miroir

Temporalité du Moi[2]

  • C'est avec la constitution du Moi qu'apparaît le temps vécu du parcours subjectif, l'Histoire du sujet avec ses repères de passé, présent et futur.
Les évènements psychiques seront dès lors décrits comme des mouvements du corps, et le langage usuel ne permet pas de décrire autrement le temps : c'est le parcours d'un corps à travers l'espace qui mesure pour nous le temps. Seul le langage mathématique, utilisé dans la physique relativiste par exemple, parvient à une description non intuitive du temps : dans l'intuition commune, "Je" (le Moi) viens du passé et "Je" vais vers l'avenir.
Ceci masque que le futur n'est qu'un futur antérieur ("j'aurai été"), et que l'histoire que le sujet va porter au compte de sa volonté, de son libre arbitre est le développement déjà déterminé d'une inscription présente à son insu dans les signifiants de sa demande et de son désir.
  • Ici, il nous faut définir le concept d'acte, bien différent du comportement observé chez l'animal, car lié à l'existence, chez l'homme, de la dimension du langage.
Agir, c'est "retraduire la Logique (du signifiant) dans le Lieu (du corps)".
— Le corps existant dans le réel, il s'ensuit que tout acte fait apparaître du nouveau dans ce Réel.
— Mais du fait que l'acte est une répétition liée à des signifiants, à du Symbolique, il peut également être décrit comme réalisant de l'ancien.
  • Le Moi méconnaît qu'il n'est que le jouet de cette répétition signifiante. Il s'imagine exclusivement créateur de nouveau, agent de changement, architecte de l'univers subjectif. Il pense, au fil de ses actes, laisser le passé derrière lui, être en route vers l'avenir.
Il existe donc une distinction essentielle entre changement apparent (perçu dans la temporalité linéaire du Moi) et changement structural (celui qui met fin à la répétition). On comprendra alors mieux qu'un désir de changement (apparent) puisse n'être qu'une résistance de plus au changement (structural).

Rapports du Moi avec le discours (voir note 2)

  • La constitution du Moi est dépendante à tous les niveaux du langage.
  1. C'est le langage, à travers la demande des parents, qui conduit le sujet, pour trouver un signifié (le Moi) à ce signifiant particulier qu'est l'Idéal du Moi, à prendre comme référent l'image spéculaire (moi idéal).
  2. C'est ensuite le langage qui va fournir au Moi, instance imaginaire, tous ses mécanismes de défense, qui sont des figures de rhétorique, des tropes, exerçant sur le discours de l'inconscient (gouverné par les déterminations signifiantes du sujet) une censure au sens littéraire ou journalistique du terme[3].
  3. C'est enfin dans et par le langage que le corps fantasmé va parler : à travers les métaphores mettant en jeu l'image et la géométrie du corps, les pulsions partielles vont se satisfaire dans le cadre du fantasme, le Moi du sujet gardant l'illusion de conduire l'opération.
  • Lorsqu'une métaphore est énoncée, il importe de résister à la fascination qu'elle produit sur nous (effet de signifié, impression d'un sens plein, masquant le non-sens de toute figure de rhétorique). Il faut au contraire faire jouer l'effet de signification en considérant les associations qui s'y rattachent et qui peuvent rendre compte du surgissement de cette métaphore dans le discours. Ce point est développé dans l'article de Juan David Nasio : "Métaphore et Phallus" (in "Démasquer le Réel" de Serge LECLAIRE, Éditions du Seuil).
  • L'important est alors de savoir que l'espoir de changement décrit en ces termes métaphoriques n'est qu'imaginaire et voué à l'échec, car la structure qui produit de tels fantasmes reste elle-même non modifiée quand ils cherchent à se réaliser sous forme d'actes.

En conclusion de ce rappel du fonctionnement du Moi pour Lacan, on peut dire :

- que la notion d'identité à soi-même, entrant dans la définition de l'être pour la philosophie classique, reprise en psychiatrie à propos du sujet avec les termes de personne, d'individu, apparaît comme un leurre imaginaire.

- que la genèse de ce processus d'identification rend par ailleurs compte de la méconnaissance de la dimension symbolique, qui caractérise tant la philosophie classique que l'explication réductionniste en psychiatrie.

Le Moi Peau de Didier Anzieu

Deux principes psychanalytiques peuvent servir pour comprendre les fonctions du Moi-Peau. Le premier suppose que le psychisme du sujet et toutes ses fonctions se développent par étayage sur des bases biologiques et corporelles, desquelles il se différencie. Le second postule que dans le psychisme, tout comme dans le système nerveux, l’organe le plus récent ou le plus superficiel contrôle le fonctionnement du système dont il fait partie.

Article détaillé : Le Moi Peau.

L'Egopsychology

Article détaillé : Egopsychology.

Notes et références

  1. a  et b La Folie Privée. Psychanalyse Des Cas-Limites, p.p. 401 ISBN 2070428311.
  2. extrait de la thèse de Jean-Jacques Pinto, psychanalyste et intervenant en argumentation à l'Université de Provence. Voir source dans la bibliographie
  3. Lacan : "C’est là la raison pour laquelle une exhaustion des mécanismes de défense, aussi sensible que nous la fait un Fenichel (...), se manifeste, sans qu’il en rende compte ni même qu’il s’en rende compte, comme l’envers dont les mécanismes de l’inconscient serait l’endroit. La périphrase, l’hyperbate, l’ellipse, la suspension, l’anticipation, la rétractation, la dénégation, la digression, l’ironie, ce sont les figures de style (figurae sententiarum de Quintilien), comme la catachrèse, la litote, l’antonomase, l’hypotypose sont les tropes, dont les termes s’imposent à la plume comme les plus propres à étiqueter ces mécanismes. Peut-on n’y voir qu’une simple manière de dire, quand ce sont les figures mêmes qui sont en acte dans la rhétorique du discours effectivement prononcé par l’analysé ?. « L’instance de la lettre dans l’inconscient ou la raison depuis Freud » in Écrits, Paris, Seuil, 1966.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie


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