Milton Santos

Milton Santos

Milton Santos (Milton Almeida dos Santos) est un géographe brésilien né en 1926 à Brotas de Macaúbas, Bahia, Brésil, et mort en 2001.

Sommaire

Origines, formation et carrière

Milton Santos naquit le 3 mai 1926 dans la petite ville de Brotas de Macauba à l'intérieur de l'État de Bahia ; il était issu d'un milieu social modeste mais reçut une solide éducation de ses parents qui étaient instituteurs. Il gravit les échelons assez précocement et se passionna pour la géographie qui ne fut pendant un temps, jusqu'à qu'il soit contraint à l'exil, qu'une des activités qu'il exerça parmi d'autres.

Bahia : ses racines

Son père était le fils d'un ancien esclave mais avait pu faire des études primaires et s'était passionné pour l'enseignement de la lecture et de l'écriture. Il en fit sa profession et épousa une personne également de couleur issue d'une famille de commerçants plus aisés. Ils fondèrent ensemble une petite école d'alphabétisation pour enfants. C'est dans ce milieu que Milton Santos grandit et prit goût aux études. Il ne fréquenta cependant jamais l'école primaire et fut scolarisé par ses parents qui lui enseignèrent aussi la grammaire et les bonnes manières françaises. À l'époque, une bonne éducation était un gage de réussite, notamment pour une personne de sa condition. Adolescent, il fut interne dans un collège privé de Salvador, l' « Instituto Baiano de Ensino ». Il donnait déjà des cours d'algèbre ainsi que des cours de géographie dans les petites classes. Il intégra ensuite le Collège de la Bahia et sortit du « Ginasio » (lycée) avec le titre de « Bacherel » en sciences et lettres. Incité par la réussite de son oncle, un avocat important de la région, il opta pour des études de droit. Une fois diplômé, il passa le concours de professeur de géographie à la faculté d’Ilhéus où il présenta un mémoire, « O povoamento da Bahia » qui décrivait le peuplement de l'État de Bahia.

Il quitta son emploi de professeur et la petite ville d'Ilhéus pour retourner à Salvador en 1964 où il connut une première ascension sociale à la mesure de son ambition : il devint journaliste, puis rédacteur au journal A Tarde, un grand quotidien de la capitale de Bahia. Il admettra plus tard que cette activité journalistique a eu indéniablement une certaine influence sur son style d'écriture. Pendant ce temps, l'armée prit le pouvoir et les nouveaux dirigeants du pays le désignèrent à la fois représentant de la présidence pour l'État de Bahia et professeur à l'Université Fédérale du même État où il fonda un laboratoire de recherche géographique. Il commença à faire ses premiers séjours à l'étranger, fit la connaissance de Jânio Quadros qui voulut un temps le nommer ambassadeur du Ghana, et rencontra de nombreux représentants politiques de pays en voie de décolonisation dont le président tunisien Bourguiba qui avait l'ambition à l'époque de devenir un des leaders du tiers-monde. Il visita également Cuba et à son retour multiplia les écrits pro-communistes. Ceux-ci lui valurent dans un premier temps un avertissement de l'armée qui commençait à se préoccuper sérieusement de ses activités.

Il finit par être emprisonné durant cent jours, une peine qu'il termina à domicile à cause de problèmes cardiaques. Ses nombreux amis français se démenèrent pour lui apporter leur aide et les autorités militaires brésiliennes en profitèrent pour exiler ce journaliste et professeur trop encombrant pour le régime.

Un citoyen du monde

Milton Santos se rendit donc en France, pays qu'il choisit également afin de pouvoir lire des journaux - tel que Le Monde - qu'il jugeait indépendants des agences de presse internationales : « j'ai découvert que le monde n'était pas celui que j'avais pu lire dans les journaux brésiliens et que j'écrivais dans le journal dont j'étais rédacteur » (p.19 in Testamento intelectual, 2004). Il fit sa thèse à Strasbourg sous la direction de Jean Tricard qu'il avait précédemment côtoyé au Brésil lors de sa participation à l'élaboration d'un de ses ouvrages (Estudos de geografia da Bahia, Geograpfia e planejamento, 1958). Il enseigna ensuite jusqu'en 1967 à Toulouse où il fut invité par Bernard Kayser, puis à Bordeaux et enfin à la Sorbonne qui devint Paris 1 par la suite. Il resta sept ans en France grâce à l'aide de Jacqueline Beaujeu-Garnier notamment. Ses années d'exil en France furent très fécondes en termes de publications et c'est à ce moment-là, faute de pouvoir continuer sa carrière de journaliste, qu'il se résolut définitivement à se consacrer pleinement à la géographie.

En 1971, il fut tout d'abord pressenti pour être professeur à Hamilton au Canada mais refusa l'offre. Il opta pour une année à l'Université Harvard où il fut invité comme « fellow » par Lloyd Rodwin, le directeur de l'école des études urbaines. Il travailla ensuite à Toronto dans le plus grand département de géographie d'Amérique du Nord qui possédait seulement quarante professeurs à l'époque. Cependant, il passa la plupart de son temps au Venezuela où il avait à charge de conduire un programme d'urbanisation des Nations Unis. Il resta trois mois de plus en Amérique du sud et obtint un emploi dans l'aménagement urbain de l'école d'ingénierie de Lima. Il traversa l'Atlantique à nouveau et résida seize mois en Tanzanie afin de mettre en place un diplôme de 3ème cycle. En 1975, il fut nommé professeur à l'Université de Colombia à New-York pendant un an alors que dans le même temps, Pierre Georges tenta de le nommer vainement à l'Université de Grenoble. La dernière étape de son exil devait être le Nigeria où il souhaitait mener à bien un projet dans une université qui était en train de se construire. Cependant, un tel projet nécessitait d'y consacrer six années et la naissance son premier fils l'en empêcha puisqu'il désirait qu'elle ait impérativement lieu chez lui en Bahia.

Le retour au Brésil

Milton Santos revint donc dans son pays d'origine en 1977 à 50 ans et put bénéficier d'une amnistie. Cependant, le régime militaire lui interdit de reprendre son poste de professeur à l'Université de Bahia et il fut donc contraint de s'installer à São Paulo où il dut attendre 1983 pour être définitivement nommé professeur titulaire. C'est pourtant cette même Université qui lui offrira par la suite une tribune prestigieuse. Ce fut pour lui le début d'une seconde phase d'ascension sociale, cette fois en tant qu'intellectuel porteur d'idées nouvelles sur l'évolution du monde, de ses sociétés, et de la géographie en général.

La discipline connaissait à l'époque de grandes turbulences conjointement aux troubles politiques qui sévissaient Brésil. Il multiplia les publications et se retrouva dans un rôle de précurseur d'une certaine « géographie nouvelle » dans laquelle il remettait en cause une grande partie des démarches géographiques. Il lutta pour une géographie socialement plus engagée mais dut faire face à beaucoup de résistance. Il fut cependant encouragé par une jeunesse chaleureuse qui portait en elle une volonté de changements, conduisant ainsi nombreux de ses disciples à devenir par la suite de précieux collaborateurs.

Même s'il prit sa retraite en 1996, il poursuivit son activité intellectuelle et continua à écrire jusqu'à son décès en 2001.

Travaux et apports scientifiques

L'œuvre de Milton Santos est considérable puisqu'elle compte plus de quarante livres et deux cents articles. Elle peut se partager de manière temporelle en trois parties : ses premières recherches, ses écrits sur le tiers monde, et enfin les ouvrages qu'il a écrits après son retour au Brésil qui représentent sans doute la partie la plus considérable de sa production scientifique.

1948-1964, Les premières recherches

Ses premières publications se focalisèrent dans un premier temps sur des réalités locales et concernèrent l'État de la Bahia en général. Il se contentait alors de décrire les paysages et de donner des explications afin de les comprendre. Il commença réellement ses recherches une fois qu'il fut nommé professeur à Ilheus. Il débuta ses publications officielles avec A Zona do Cacau (1951), un livre sur les territoires où était cultivé le Cacao dans la région du sud de la Bahia. Il profita indirectement des efforts qui étaient réalisés au niveau politique à l'époque afin d'étendre les connaissances sur le gigantesque territoire brésilien.

Il se sentait parallèlement avoir des devoirs envers sa société bahianaise et débattait de la théorisation de tout ce qu'il lisait à son sujet. Au cours d'un travail sur la Bahia, en essayant d'appliquer un modèle proposé par Michel Rochefort, il comprit que certains modèles ne fonctionnaient pas partout et que des différences profondes existaient entre les pays du Nord et du Sud en termes de fonctionnalité de l'espace. L'école française de géographie était très influente au Brésil à l'époque et ce depuis la fin du XIXe siècle. C'est ainsi qu'il fut amené à rencontrer de nombreux géographes français, dont son futur maître de thèse Jean Tricard. .

La recherche n'était qu'une des nombreuses activités qu'il exerçait à cette époque puisqu'en plus d'être professeur, il était également journaliste et consultant politique. Cette multiplication des expériences et des rencontres lui permit de développer son sens de l'observation et sa capacité à théoriser. Il resta toutefois une personne singulière qui se distinguait par son autonomie de penser et d'agir. Son engagement politique lui valut malheureusement un séjours en prison et un exil forcé.

1964-1977, Le tiers-monde et l'espace partagé

Lors cet exil, Milton Santos écrivit de nombreux livres et articles qui représentèrent un apport souvent novateur pour les sociétés du Nord. Il réalisa tout d'abord sa thèse de doctorat sur le centre-ville de Salvador. Il poursuivit en se penchant sur les grandes oppositions spatiales sévissant dans le monde et approfondit les notions de domination des pays développés sur le Tiers Monde, ainsi que celles d' « espace partagé » et de « secteur informel » de l'économie urbaine. En 1967, il publia Croissance démographique et consommation alimentaire dans les pays sous-développés et en 1969 Aspect de la géographie et de l'économie urbaine des pays sous-développés. Il considérait, au grand dam d'Olivier Dolffus avec qui il eut une conversation agitée lors d'un colloque à Strasbourg, que le Brésil et le Tiers Monde sont dynamiques contrairement à l'Europe. Face à l'incompréhension de son interlocuteur, il ressentit la nécessité d'expliquer aux personnes du Nord les particularités et le fonctionnement des sociétés du Sud : il conclut qu'il s'agissait alors de repenser les modèles du Tiers-monde.

Il développa deux grandes idées pionnières concernant l'analyse des problèmes urbains : il lança les idées novatrices de « double circuit » économique, le « second » circuit étant le « secteur informel » qu'il traita pour la première fois à partir d'une étude sur diverses villes du Maghreb. Par la suite, de très nombreux chercheurs analysèrent à leur tour ce secteur, mais Milton Santos en fut indéniablement l'un des précurseurs théoriques. Il se pencha également sur la notion de métropole et insista sur les différences existante entre les très grandes villes des pays du Nord devenues les centres mondiaux des directions des entreprises, les grandes métropoles mondiales et les très grandes villes des pays du Tiers Monde dont la trop nombreuse population est essentiellement due à des déséquilibres démographiques et aux soldes migratoires. Il fut ainsi amené à se pencher plus profondément sur les situations intermédiaires des pays qu'on appelle aujourd'hui émergents. Il récapitula toutes ces idées dans ses deux ouvrages, Les villes du tiers-mondes (1971) et L'espace partagé (1975), dont il entreprit l'écriture à Toulouse et conclut à Toronto. Ils furent rapidement intégrés dans les cours de la Sorbonne dans le cadre des questions soulevées par le sous-développement. Ces ouvrages restent aujourd'hui encore des classiques et ont permis à Milton Santos de s'ériger comme un des géographes les plus novateurs en termes d'analyse des différents phénomènes du sous-développement.

Il publia également durant cette période le métier du géographe (1971), dont le titre est inspiré de celui de Marc Bloch (« Le métier de l'historien »), qui lui permit d'ouvrir des chemins qu'il parcourra par la suite. Il y contesta les visions françaises qui s'exprimaient notamment au travers des travaux de Vidal de la Blache sur le déterminisme.

1977-2001, Analyse, concepts et méthodes et théories

La dernière partie de sa carrière est probablement à la fois la plus féconde en nombre de publications et également le moment où il qu'il eut le plus d'influence sur une société brésilienne qui le reconnaissait enfin. Il apporta à la géographie trois grandes contributions conceptuelles : la formation « socio-spaciale », l'espace comme une expression de « systèmes d'objets et d'actions », et l'idée d'« espace utilisé ».

Il rangea définitivement son œuvre dans le champ des sciences sociales en s'intéressant à la théorie pure et parla du savoir comme d'une position située au-dessus du chercheur et du scientifique. Il pensait que la géographie devait impérativement se théoriser et établir des concepts devant une multitude de situations et de fils conducteurs parce que selon lui, la conscience de la réalité est en partie forgée par la théorie. Il rappela que le premier devoir de la géographie était de penser l'espace. Il affirma que cet espace était fait de « fixes » et de « flux », et qu'il existait une relation entre la société et la nature qui produisent ce qu'il désigna de « formation socio-spatiale » remplaçant en quelque sorte la notion de « formation sociale » spécifique au Marxisme. L'espace était de ses yeux le résultat d'une relation indissociable entre « système » et « objet » qui marient deux notions, « l'action » et « le matérialisme ». Il jaugeait à ce moment-là l'espace non pas comme un élément matériel mais comme un instant, une action construisant un « espace vécu ». Il repensait l'espace comme un territoire utilisé par les hommes. Il entra donc dans une phase de préoccupation théorique et épistémologique de la discipline et exposa ces notions dans Pour une géographie nouvelle (1978) et Pensando o espaço do homen (1982) notamment. L'interdépendance entre les choses et les hommes conduisait selon lui à la conscience, et qu'au final nous étions et nous représentions un monde à nous seuls. Il insista également sur l'effort que les géographes doivent réaliser d'un point de vue théorique et méthodique afin de justifier au mieux leurs propos et ainsi d'être capable de produire un discours utile en terme scientifique. Il écrit en 1996 un nouvel ouvrage sur le sujet, la nature de l'espace (1997).

Il traita enfin, comme beaucoup d'autres auteurs par la suite, de la mondialisation, qui l'accusait de redéfinir avec autorité l'organisation des territoires et de leurs processus locaux. Elle était selon lui uniquement une conséquence des progrès techniques et scientifiques. Il prenait régulièrement une position citoyenne pour aborder le sujet et dénonçait les risques de la mondialisation actuelle qu'il jugeait, quitte a oublier les responsabilités de chaque lieu sur son propre développement, comme la « dernière étape de l'impérialisme des grands pôles et particulièrement des États-Unis, où les acteurs les plus puissants se réservent les meilleurs morceaux du territoire global et laissent le reste pour les autres » (in Santos Para uma outra globalização, 2000). Il mit en évidence les rapports de force existants entre le « Monde » (contrôlé par les pays du Nord) et les « Lieux » (ceux du Sud) qui essayent de lui résister.

Influences idéologiques

Selon Milton Santos, la définition de la géographie évoluait avec le temps et commencer à la définir était finalement un obstacle au développement de la discipline. Il était d'une façon général très critique avec ceux qui l'utilisaient, les géographes, à qui il reprochait leurs difficultés à théoriser et qui devraient « avoir le courage de dire avec humilité qu'ils ne sont ni l'unique, ni le premier à faire une proposition ou aborder un thème ou un sujet d'une certaine façon » (in Santos Testamento intelectual, 2004). Celui qui fut appelé « sociologue » par Pierre Georges s'intéressa au fil du temps à cette discipline ainsi qu'à la philosophie grâce à Duvignaud et Gurvitch notamment.

La colonisation et sa « négritude »

Parmi les thèmes abordés dans l'ensemble de son œuvre, le Tiers Monde tient une place primordiale et est au fond, selon lui, un débat humaniste et de civilisations. Il commença à travailler sur ce thème à Toulouse où, d'après Milton Santos, régnait une grande tolérance intellectuelle.

Il est certain qu'il bénéficia de circonstances historiques indéniables qui participèrent à développer son intérêt sur le sujet. Il affirmait que si le Tiers Monde était devenu une grande mode à cette époque, c'est qu'il fallait justifier les nouvelles formes de colonisation. Une des autres raisons de son engagement sur le thème provint probablement de ses origines sociales et raciales. Cela ne conditionnait pas pour autant son sens critique et plaisantait couramment sur sa « négritude » qu'il assumait complètement. De par ses origines et son parcours, il fut rapidement considéré avec respect par le monde intellectuel comme un des défenseurs les plus influents du Tiers Monde. Il poursuivit jusqu'à la fin de sa vie cette volonté d'approfondir les bases d'une géographie spécifique du Tiers Monde, d'analyser et de dénoncer les inégalités sociales qu'il interprétait comme les méfaits d'un certain capitalisme. Il assuma complètement son rôle de défenseur des peuples du Sud dont il tenta de magnifier les capacités potentielles.

Le marxisme et la politique

Dans les années 1950-1960, en compagnie de Jean Ticard, Pierre George et d'autres encore, une géographie marxiste apparut et il s'y affilia dans un premier temps. Cependant, il se montra par la suite très critique envers cette nouvelle sous-discipline et renouvela clairement son engagement politique au moment de son retour au Brésil qui allait connaître parallèlement de profondes mutations à ce niveau. La déficience théorique des géographes ou de la géographie empêcha, selon lui, l'application complète des concepts du marxisme. Il le regrettait et s'opposait farouchement à la fétichisation de Marx qui était courante à l'époque. Il affirmait que l'auteur communiste ne pouvaient pas tout savoir et qu'un bon marxiste ne pouvait être que quelqu'un qui ne le récitait pas. Il reprochait également à cette géographie d'utiliser une notion d'espace complètement absente dans l'œuvre de Marx. Au Brésil, cette géographie évolua très peu et Milton Santos abandonna donc ce modèle peu après s'y être intéressé. Il resta tout de même très critique envers le capitalisme qu'il décrivait comme un instrument de perversité et d'impérialisme, et publia en 1978 la revue EspaceTemps un article à ce sujet (« La totalité du diable » ).

La société et l'Université brésilienne

Il considérait les pays, les écoles et les groupes comme de véritables obstacles pour la création intellectuelle et qu'au contraire, le fait de ne pas être lettré constituait à son avis un avantage énorme car cela permettait d'échapper à toute forme de canonisation. C'est en partie à cet effet qu'il prônait une réforme des universités brésiliennes avec comme principal objectif l'accroissement de la mobilité des professeurs qui ne pouvaient pas se contenter de fréquenter une seule université au cours de leur carrière et reprendre uniquement ce qui était fait ailleurs. De plus, il reprochait aux universités de soutenir de moins en moins les professeurs et de ne mal reconnaître la notoriété de certains d'eux. Sur la dernière partie de son œuvre, Milton Santos a donc tenté de pallier le déficit de méthodes et de concepts qui faisait grandement défaut à l'école brésilienne de géographie. Il a été suivi par de nombreux élèves laissant ainsi à la postérité une véritable école de Milton Santos en Amérique du Sud. Sa pensée, souvent mal reconnue en Europe qui l'appréciait surtout pour ses écrits sur le sous-développement, fait l'objet à la fois d'adhésions et de critiques. Même au Brésil, sa tendance à polémiquer lui valut de nombreux reproches. Il était certes reconnu en tant qu'intellectuel et humaniste mais également volontiers en tant que polémiste.

Son dernier ouvrage intitulé Le Brésil, territoire et société au début du XXIe siècle fut achevé par Maria Laura Silveira après son décès en 2001 et regroupe l'ensemble des concepts qu'il a abordé au cours de son œuvre. Milton Santos restera une grande figure de la géographie.

Œuvres

Ouvrages

  • Santos, M. (1950, Éd. 1957) Zona do cacau : Introdução ao Estudo geografico, São Paulo, Cnie Editore Nacional, 115 p.
  • Santos, M. (1953) Os Estudos regionais e o futuro da geografia, Salvador, Imprensa Oficial da Bahia, 100 p.
  • Santos, M. (1954) Ubaitaba. Estudo de geografia urbana, São Paulo, Salvador, Imprensa Oficial da Bahia, 21 p.
  • Tricart, J. & Santos, M. (1958) Estudis de geografia da Bahia, Geograpfia e planejamento, Salvador, Aguiar e Souda LTDA, 96 p.
  • Santos, M. (1959) A rede urbana do Recôncavo, Salvador, Imprensa Oficial da Bahia, 59 p.
  • Santos, M. (1959) O centro da cidade de Salvador : estudo de geografia urbana, Salvador, Publicações da Universidade da Bahia, 196 p.
  • Santos, M. (1959) A cidade como centro de região : definições e metodos de avaliação de centralidade, Salvador, Publicações da Universidade da Bahia, 28 p.
  • Santos, M. (1960) Marianne em prêto e branco, Bahia, Livraria Progresso, 115 p.
  • Santos, M. (1965) A cidade : nos paises subdesenvolvidos, Rio de Janeiro, Civilização Brasileira, 175 p.
  • Santos, M. (1967) Croissance démographique et consommation alimentaire dans tous les pays sous-développés, 1. Les données de base, Paris, CDU, 319 p.
  • Santos, M. (1967) Croissance démographique et consommation alimentaire dans tous les pays sous-développés, 2. Milieux géographiques, Paris, CDU, 341 p.
  • Santos, M. (1969) Aspects de la géographie et de l'économie urbaine des pays sous-développés, Paris, CDU, 100 p.
  • Santos, M. (1970) Dix essais sur les villes des pays sous-développés, Paris, Éditions Orphys, 121 p.
  • Santos, M. (1971) Les villes du Tiers monde, Paris, Génin : Librairies Techniques, 428 p.
  • Santos, M. (1971) Le métier de géographe en pays sous-développé : un essai méthodologique, Paris, Éditions Orphys, 119 p.
  • Santos, M. (1973) Underdevelopment and poverty : a geographer's view, Toronto, University of Toronto, 70 p.
  • Santos, M. (1975) L'espace partagé : Les deux circuits de l'économie urbaine des pays sous- développés, Paris, Génin : Librairies Techniques, 405 p.
  • Santos, M. (1978) Por uma geografia nova : da crítica da geografia a uma geografia crítica, São Paulo, Hucitec, 236 p.
  • Santos, M. (1982) Novos rumos da geografia brasileira, São Paulo, Editoria da USP, 208 p.
  • Santos, M. (1982, Éd. 2007) Pensando o espaço do homem, São Paulo, EDUSP, 96 p.
  • Santos, M. (1990) Espace et méthode, Paris, Publisud, 123 p.
  • Santos, M. (1990) Metropole corporativa fragmentada : o caso de São Paulo, São Paulo, Secretaria de Estado da Cultura, 117 p.
  • Santos, M. (1996, Éd. 2005) Da totalidade ao lugar, São Paulo, EDUSP, 170 p.
  • Santos, M. (1997) La nature de l'espace : technique et temps, raison et émotion, Paris, L'Harmattan, 275 p.
  • Santos, M. (2000) Por uma outra globalização. Do pensamento unico à consciencia universal, Rio de Janeiro, Record, 174 p.
  • Santos, M. & Silveira M. (2001) Território e sociedade no início do século XXI, São Paulo, Record, 471 p.

Articles scientifiques

  • Santos, M. (1957) « Distribução geografica da poblação baiana », Revista do Instituto Geografico e Historico da Bahia, n°80, p. 115-123
  • Santos, M. (1957) « A baixa do sapateiros », Revista do Instituto Geografico e Historico da Bahia, n°80, p. 71-79
  • Santos, M. (1958) « Localisação industrial em Salvador », Revista Brasileira de Geografia, n°3, p. 245-276
  • Santos, M. (1960) « Uma comparação entre as zonas cacaueiras do Estado da Bahia (Brasil) e da Costa do Marfim », Boletin Baiano de Geografia, n°3, p. 21-33
  • Santos, M. (1961) « Quelques problèmes des grandes villes dans les pays sous-développés », Revue de Géographie de Lyon, vol. XXXVI, n°80, p. 197-218
  • Santos, M. (1965) « Villes et région dans un pays sous-développé : l'exemple du Roncôcavo de Bahia », Anales de géographie, n°406, p. 678-694
  • Santos, M. (1966) « Vues actuelles sur le problème des bidonvilles », L'information Géographique, n°4, p. 35-42
  • Santos, M. & Beaujeu Garnier, J. (1967) « Le centre de la ville de Salvador », Les Cahiers d'Outre- mer, tome XX, p. 321-344
  • Santos, M. (1968) « Le rôle moteur du tertiaire primitif dans les villes du Tiers Monde », Revista do Instituto Geografico e Historico da Bahia, vol. XVIII, n°2, p. 1-16
  • Santos, M. & Kayser, B. (1971) « Espace et villes du Tiers Monde », Revue Tiers Monde, tome XII, n°45, p. 7-13
  • Santos, M. (1975) « Espace et domination : une approche marxiste », Revue Internationale des Sciences Sociales, vol. XXVII, n°2, p. 71-79
  • Santos, M. (1977) « Society and space : social formation as theory and method », Antipode, vol. 9, n°1, p. 3-13
  • Santos, M. (1978) « La totalité du diable », EspaceTemps, n°8, p. 60-75
  • Santos, M. (1978) « De la société au paysage : la signification de l'espace humain », Hérodote, n°9, p. 66-73
  • Santos, M. (1986) « America Latina : Nova urbanização, novo planejamento », Orientação, n°7, p. 47-52
  • Santos, M. (1989) « O espaço como categoria filosofica », Terra Livre, n°5, p. 9-20
  • Santos, M. (1992) « 1992 : A redescoberta da Natureza », Estudos Avançados, vol.6, n°14, p. 95- 106
  • Santos, M. (1993) « A aceleração contemporânea. Tempo Mundo e Espaço Mundo », Boletin Geografico, n°19, p. 1-10
  • Santos, M. (1993) « Objetos e Ações : Dinâmica Espacial et Dinâmica Social », Geosul, n°14, p. 40-59
  • Santos, M. (1995) « Raison universelle, raison locale. Les espaces de la rationalité », Espaces et Sociétés, n°79, p. 129-135
  • Santos, M. (1995) « Los espacios de la globalizacion », Revista Universidad del Valle, n°10, p. 36- 41
  • Santos, M. (1996) « Por uma geografia cidadã : por uma epistemologia da existência », bulletin Gaucho de Geografia, n°21, p. 7-14
  • Santos, M. (1998) « A As exclusões da globalização : pobres e negros », Pensamento dos Povos Africanos, n°4, p. 147-160
  • Santos, M. (2000) « O papel ativo da Geografia : um manifesto », Territorio, n°9, p. 103-109

Chapitres dans des ouvrages collectifs

  • Santos, M. (1972) « Los dos circuitos de la economia urbana de los paises subdesarrolados », p. 67- 99 in J. Funes, La ciudad y la region para el desarrollo, Caracas, Comision de Administracion Publica de Venezuela
  • Santos, M. (1975) « Lima, the Periphery at the Pole », p. 335-360 in H. Ross, G. Gappert, The S ocial Economy of Cities, Beverly Hills, Sage Publications
  • Santos, M. (1979) « Circuits of Work », p. 215-226 in S. Wallman, Ethnicity at Work, Londres, The McMillian Press
  • Santos, M. (1982) « Geografia, marxismo e subdensenvolvimento », p. &13-22 in R. Moreira, Geografia : teoria e critica, Petropolis, Vozes
  • Santos, M. (1996) « Los espacios da globalizacion », p. 133-144 in J. Vasquez, E. Barrios, Globalizacion y Gestion del Dasarollo Regional, Perspectivas Latinoamericanas, Cali, Universidad des Valle
  • Santos, M. (1998) « Nação, Estado e Territorio », p. 23-29 in S. Mendonça, M. Motta, Nação e Poder : As dimensões da Historia, Niteroi, Universidade Federal Fluminense
  • Santos, M. (2000) « Globalização e meio geografico : do mundo ao lugar », p. 51-56 in A. de Souza, E. de Souza, L. Magniomi, Paisagem Territorio Região, Em busca da identidade, Cascavel, Edunioeste

Distinctions

Annexes

Liens externes

Bibliographie

  • (pt) Aparecida de Souza, M. (1996), O mundo do cidadão. Um cidadão do mundo, São Paulo, Hucitec, 519 p.
  • (pt) De Souza, A. & Magnoni Jr, L. (1997), « Milton Santos : Geografia, Pesquisa, Politico e Sociedade » in Ciência Geografia », Bauru, Associação dos Geografos Brasileiros, p. 143
  • Lévy, J. (2005), Milton Santos : philosophe du mondial, citoyen du local, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 278 p. ISBN 978-2-88074-709-1
  • (es) Maurel, J (1996), « Homenaje al profesor Milton Santos » in Anales de geografia de la universidad complutense, Madrid, Servicio de Publicaciones Universidad Complutense, n°16, p. 230
  • (pt) Santos, M. (2004), Testamento intelectual, São Paulo, UNESP, 140 p.
  • (es) Zusman, P. (2002), « Milton Santos : Su legado teórico y existencial (1926-2001) » in Anàl. Geogr. No. 40, pp. 205-219
  • LÉVY Jacques, Milton Santos - Philosophe du mondial, citoyen du local, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2007

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