Michel Serrault

Michel Serrault

Michel Lucien Serrault est un acteur français né le 24 janvier 1928 à Brunoy (Essonne) et mort le 29 juillet 2007 à Équemauville (Calvados).

Marié le 27 janvier 1958 avec Juanita Saint-Peyron, qu'il avait rencontrée au conservatoire Maubel à Paris alors qu'il prenait des cours de comédie, avec pour témoins Jean Poiret et Françoise Dorin, Michel Serrault a eu deux filles : Caroline morte accidentellement en 1977, âgée de 19 ans, et Nathalie. Juanita, dite Nita, morte le 15 novembre 2008, aura été jusqu'à la fin l'amour de sa vie.

C'était un des acteurs les plus populaires et atypiques de sa génération[1], apprécié aussi bien par l'intelligentsia que par le grand public pour s'être coulé avec aisance et authenticité, tout au long d'une carrière forte de cent trente-cinq longs métrages, dans des rôles très différents et originaux: du boulevard (La Cage aux folles), de la comédie absurde ou délirante (Buffet froid, Le Miraculé, Rien ne va plus) à un registre plus sombre (Garde à vue, Les Fantômes du chapelier, Mortelle randonnée, Docteur Petiot) en passant par une palette d'interprétations dramatiques nuancées (Nelly et Monsieur Arnaud, Le Monde de Marty). Il est le seul comédien à avoir obtenu le César du meilleur acteur à trois reprises.

Sommaire

Biographie

Entré à 14 ans au petit séminaire de Conflans à Charenton-le-Pont, il souhaite devenir prêtre et proclame avoir deux passions : « faire rire et m'occuper de Dieu ». C'est le père Van Hamme qui l'oriente alors vers son métier de comédien[2]. Michel Serrault dira plus tard qu'il n'aurait pas aimé le vœu de chasteté.

Dans les années 1950 et 1960, il fait les belles heures des cabarets parisiens en duo avec Jean Poiret, qu'il rencontre en 1952. Il fait alors également partie de la troupe de Branquignols. Il débute au cinéma par un petit rôle dans Les Diaboliques (1955) d’Henri-Georges Clouzot, puis avec les Branquignols dans Ah ! les belles bacchantes. Il participera à leurs nombreux autres films.

Il se lance dans une longue aventure dans le film comique : Assassins et Voleurs (1957) de Sacha Guitry, avec Jean Poiret, Le Viager (1972) de Pierre Tchernia, qui le fera jouer dans plusieurs autres films, où il a pour partenaire Michel Galabru, avec lequel il participera à un grand nombre de films comme Les Gaspards, Room service. Il tourne aussi avec Louis de Funès, alors encore peu connu : Nous irons à Deauville, Des pissenlits par la racine, Carambolages, ou encore avec Jean Lefebvre et Bernard Blier : Quand passent les faisans (1965), Le Fou du labo 4 (1967), C'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule (1974).

Figure du théâtre de boulevard, avec ses rôles dans des pièces télévisées de Au théâtre ce soir, il triomphe en 1973 dans le rôle de l'excentrique travesti « Zaza Napoli » de La Cage aux folles, qu’il rejouera plus tard avec un succès international[3] dans ses adaptations au cinéma et dont le premier opus lui vaut le César du meilleur acteur en 1979.

Puis arrive L'Ibis rouge (1975) de Jean-Pierre Mocky avec Michel Simon. C'est un grand ami du cinéaste avec lequel il tourne un grand nombre de films dont le plus gros succès reste Le Miraculé (1987) où il joue pour la dernière fois avec son vieil ami Jean Poiret et donne la réplique à Jeanne Moreau qu'il retrouve pour un autre face à face truculent dans La Vieille qui marchait dans la mer (d'après Frédéric Dard) de Laurent Heynemann en 1991. Il reviendra à la comédie incisive avec Rien ne va plus (1997) de Claude Chabrol où il forme avec Isabelle Huppert un couple d'arnaqueurs à la petite semaine pris dans les mailles du filet d'un parrain des Antilles interprété par Jean-François Balmer. Serrault a également servi le comique grinçant, absurde et ubuesque de Bertrand Blier en l'espace de trois collaborations: Préparez vos mouchoirs (1978), Buffet froid (1979) et Les Acteurs (2000) : dans ce dernier, comme le reste de la prestigieuse distribution, il interprète son propre rôle.

L’adaptation de la pièce La Cage aux folles au cinéma étant un succès international[3], il est un des rares acteurs français à pouvoir se permettre de tourner à la fois dans de grosses productions mais aussi des films d’art et essai, souvent moins grand public.

En 1977, il perd sa fille Caroline (alors âgée de 19 ans) dans un accident de la route à Neuilly-sur-Seine[4]. Nita et leur fille cadette ne surmonteront jamais vraiment cette tragédie.

Ce drame familial est parallèle à un changement de cap artistique : c'est désormais dans des rôles dramatiques que l'acteur va exceller, soulevant parfois au passage de vives polémiques comme en 1997 lors de la présentation à Cannes d'Assassin(s) de Mathieu Kassovitz. Après l'obtention d'un deuxième César pour Garde à vue (1981) de Claude Miller, où il campe un notaire cynique et équivoque, soupçonné d'être l'auteur d'un double viol et homicide sur mineures, son dialoguiste Michel Audiard déclare à son sujet : « il est le plus grand acteur du monde ». Ce huis-clos policier où il se confronte à Lino Ventura marque sans conteste un grand tournant dans sa carrière puisque s'ouvre devant lui la porte d'interprétations plus ténébreuses : il apparaît en 1982 au côté de Charles Aznavour en petit commerçant provincial voué aux meurtres de vieilles dames dans Les Fantômes du chapelier de Claude Chabrol (adapté de Georges Simenon) ou devient, dans Mortelle randonnée (1983) de Claude Miller, un père qui croit reconnaître sa fille disparue en la personne d'une jeune meurtrière (interprétée par Isabelle Adjani) qu'il suit et dont il efface les traces laissées sur les scènes de crime.

Il affronte ensuite, paralysé et aphone, sa bru adultère campée par Nathalie Baye dans En toute innocence (1988) d'Alain Jessua et endosse, pour Christian de Chalonge, les oripeaux du criminel de guerre Marcel Petiot dans Docteur Petiot (1990). C'était par ailleurs ce réalisateur qui avait révélé ses capacités à endosser des rôles ambigus avec L'Argent des autres en 1978 où il était un inquiétant banquier. En 1995, Nelly et Monsieur Arnaud, le film testament de Claude Sautet, est une autre étape décisive pour Serrault puisqu'il y fait preuve d'une nuance dramatique qu'il avait peu manifestée auparavant. Il y interprète un magistrat retraité, désenchanté, solitaire et mélancolique, sollicitant les services d'une jeune femme délaissée (jouée par Emmanuelle Béart) pour rédiger ses mémoires. Sa prestation est unanimement reconnue comme sa composition la plus aboutie. Elle lui permet de remporter un ultime César en 1996. En 1999 dans Le Monde de Marty de Denis Bardiau, il tient le rôle d'un vieillard muet et paralysé, atteint de la maladie d'Alzheimer mais dont la voix commente en off les récits de son amitié naissante avec un jeune garçon souffrant de leucémie.

Michel Serrault en 2003 à l'émission Le Fou du roi

À la fin de sa vie, l'acteur jouait plutôt des rôles de « pépé » campagnard à la française, bougon, un peu rustre, mais avec un grand cœur, comme dans Les Enfants du marais (1999) de Jean Becker, avec Jacques Villeret et Jacques Gamblin, Une hirondelle a fait le printemps (2001) de Christian Carion, Le Papillon (2002) de Philippe Muyl, Albert est méchant (2003) ou Les Enfants du pays de Pierre Javaux.

Peu de temps avant sa mort, on a pu le voir aux obsèques de Jean-Claude Brialy, à Paris. Il mettait également la dernière main à un ouvrage dans lequel il souhaitait raconter ses souvenirs, en se retournant sur sa carrière exceptionnelle. Cet ouvrage, qui s'intitule À bientôt, est paru le 12 novembre 2007 chez Oh! Editions. Il envisageait aussi de porter à l'écran la vie de monsieur Pouget, prêtre de Paris que nombre de personnes illustres consultaient pour sa vaste science et ses conseils. Michel Serrault rêvait d'interpréter un jour la vie de ce prêtre qu'il admirait beaucoup.

Il est mort chez lui, à Équemauville, le 29 juillet 2007, à l’âge de 79 ans, des suites d’un cancer, un jour avant Ingmar Bergman et Michelangelo Antonioni. Le 2 août 2007, de nombreux amis du monde du cinéma et quelques représentants officiels ont assisté à ses obsèques en l'église Sainte-Catherine de Honfleur[5]. Il est inhumé au cimetière Sainte-Catherine de Honfleur, et sa dépouille est transférée en 2009 au cimetière de Neuilly auprès de son épouse et de l'une de ses filles.

Récit autobiographique

Il a écrit trois ans avant sa mort une œuvre autobiographique : Vous avez dit Serrault ?, et un journal : Les Pieds dans le plat !, dans lequel il fait part des remarques, pensées et critiques qui s'offrent à son regard de comédien et à son cœur de chrétien.

Dans son autobiographie, il a expliqué combien la foi catholique avait marqué son existence et donné un sens à sa vie.

Récompenses et nominations

César

Année Récompense Film Reçue ?
1979 Meilleur acteur dans un second rôle L'Argent des autres
Meilleur acteur La Cage aux folles x
1981 La Cage aux folles II
1982 Garde à vue x
1984 Mortelle Randonnée
1986 On ne meurt que deux fois
1991 Docteur Petiot
1996 Nelly et Monsieur Arnaud x

Prix Lumière

Année Récompense Film Reçue ?
1996 Prix Lumière du meilleur acteur Nelly et Monsieur Arnaud x
1998 Rien ne va plus x

Molière

Année Récompense Pièce Reçue ?
1987 Meilleur comédien L'Avare
1993 Knock

Décorations

Théâtre

Acteur de cinéma : filmographie détaillée

Années 1954-1959

Années 1960-1969

Années 1970-1979

Années 1980-1989

Années 1990-1999

Années 2000-2007

Notes filmographiques

Télévision

Livres

Documentaires consacrés à Michel Serrault

Citations

  • « Je n'ai plus peur de la mort depuis que j'ai appris que je ne serai pas le premier à passer par là. »[7]
  • « Le rire doit être construit, basé sur la réalité de la vie, sur des faits communs. La folie, oui, mais avec un cadre. » (Le Figaro Magazine, 31 mars 2001)
  • « Si l'acteur ne bouscule pas la réalité pour aller plus loin dans les émotions ou dans le rire, ce n'est plus un artiste. » (Le Figaro Magazine, 31 mars 2001)
  • « Un acteur est quelqu'un qui doit inventer, se laisser porter par son invention. Il est essentiel de donner un plus, de ne pas se contenter d'être un serviteur aveugle et ignare. » (Le Figaro Magazine, 31 mars 2001)
  • « Si je ne suis pas devenu prêtre, c'est à cause des vœux de chasteté. » (Bonne Soirée, 24 février 1993)
  • « La foi fait partie de ma vie. Si on n'a pas la foi pour récupérer, pour transformer le sens de la vie, tout devient un peu dérisoire, et même pathétique » (à propos de la mort de sa fille en 1977 ; cité par le père Alain de la Morandais, 30 juillet 2007)
  • « Aurais-je un jour la possibilité d'exercer un métier qui ne me ferait pas perdre le goût de m'amuser ? » (...vous avez dit Serrault ?)
  • « J'ai l'âme d'un Chaplin avec une tête d'apothicaire » ; (cité par Pierre Murat dans Télérama no 3005 du 18 août 2007)

Notes et références

  1. Ouvrez, ouvrez la cage au Serrault ! par Loïc Decrauze, 4 août 2007
  2. Père Alain de La Morandais sur RTL, 30 juillet 2007
  3. a et b Il est à nos jours le 2e plus gros succès pour un film français diffusé en version originale aux États-Unis derrière Amélie Poulain
  4. dhnet.be
  5. Le Premier ministre François Fillon, la ministre de la Culture Christine Albanel, les cinéastes Bertrand Blier, Jean-Pierre Mocky et son épouse Patricia Barzyk, Régis Wargnier, Claude Lelouch, Edouard Molinaro, Claude Zidi, Pierre Tchernia, Claude Chabrol, les comédiens Daniel Prévost, Mathilda May, Pierre Mondy, Charles Berling, Charles Aznavour, Jackie Berroyer, Caroline Cellier, Jeanne Moreau, Pierre Arditi, Frédéric Mitterrand, Michel Galabru, Isabelle Adjani, Mathilde Seigner, Emmanuelle Seigner, Jean-Paul Belmondo...
  6. source : page 178 de son livre Vous avez dit Serrault ?.
  7. Michel Serrault, ses citations. Consulté le 25 septembre 2008.

Voir aussi

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Liens externes


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