Antigone le Borgne

Antigone le Borgne
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Antigone le Borgne
Antigone le Borgne (pièce).jpg
Pièce à l'effigie d'Antigone. L'inscription rapporte ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΑΝΤΙΓΟΝΟΥ / BASILEÔS ANTIGONOU, « Roi Antigone ».

Titre
Roi d'Asie
-306-301
Successeur Démétrios Poliorcète
Biographie
Dynastie Antigonides
Date de naissance -382
Date de décès -301 à la bataille d'Ipsos
Conjoint Stratonice
Enfants Démétrios Poliorcète

Antigone le Borgne (en grec ancien Ἀντίγονος Μονόφθαλμος / Antigonos Monophtalmos), né en 382 av. J.-C., mort à la bataille d'Ipsos en 301, est un général macédonien qui a débuté sa carrière sous Philippe II et participé à la conquête de l'empire perse. Il joue un rôle crucial dans les guerres des diadoques après la mort d'Alexandre le Grand, d'abord comme fidèle d'Antipater puis pour le compte de sa propre ambition impériale. Il se proclame roi d'Asie en 306, avec son fils Démétrios Poliorcète, et fonde la dynastie des Antigonides qui règne après sa mort en Macédoine. Confronté à une coalition des diadoques, il est vaincu et ses possessions partagées entres les vainqueurs. Se posant en champion de la liberté des cités grecques au gré de ses intérêts politiques, il est considéré par nombre d'historiens modernes comme le fondateur de l'État hellénistique.

Sommaire

Biographie

Général et satrape

Ce cavalier figurant sur le « sarcophage d'Alexandre » (Musée archéologique d'Istanbul) a parfois été désigné comme étant Antigone[1]. Sachant qu'il s'agit d'une scène de la bataille d'Issos, à laquelle Antigone n'a pas participé, cela est maintenant mis en doute.

Sous les règnes de Philippe et Alexandre

Fils de Philippe[2], descendant de la famille princière d'Élymiontis[3], il aurait grandi auprès de son beau-père (conjoint de sa mère) à Pella et aurait eu au moins deux frères et un demi-frère (dénommé Marsyas). Il épouse à une date indéterminée Stratonice, peut-être descendante des premiers rois argéades, avec laquelle il a eu deux fils, Démétrios (le futur Poliorcète) et Philippe qui suivent fidèlement leur père dans ses campagnes militaires. Il sert d'abord Philippe II comme commandant et Compagnon (Hétaire) ; il appartient donc à la même génération d'officiers qu'Antipater, Parménion ou Polyperchon (il a 46 ans à la mort de Philippe II). Il apparait effectivement avoir perdu un œil au combat ; le poète Théocrite a manqué d'être condamné à mort parce qu'il le compare à un cyclope[4].

Au départ de l'expédition d'Alexandre en -334, il commande le corps des alliés grecs de la ligue de Corinthe, soit près de 7 000 fantassins, hoplites et non phalangites armées à la macédonienne. Suite à la victoire du Granique et à la conquête qui en suit, il reçoit en -333 la satrapie de Grande Phrygie avec pour mission de pacifier la région et de contrôler les lignes de communication avec la Grèce. Pendant l'hiver -333-332, il est chargé (avec Néarque) de réduire en Cappadoce et en Paphlagonie les troupes perses rescapées de la bataille d'Issos. Après trois batailles victorieuses, il prend le contrôle d'une grande partie de l'Asie mineure au printemps 332. Seule la Cappadoce a été en mesure de lui tenir tête sous la férule du satrape Ariarathe. Selon une mention de l'Ancien Testament, Antigone serait allé en Égypte assister au transfert de la dépouille du prophète Jérémie dans la cité nouvellement fondée d'Alexandrie[5].

Antigone et la première guerre des diadoques

Antigone n'est pas présent lors du partage de l'empire à Babylone en juin -323. Il conserve néanmoins la satrapie de Grande-Phrygie et obtient en plus la Lycie et la Pamphylie (qu'il contrôle déjà de facto), ce qui lui offre une vaste façade maritime. Mais peu satisfait de cette répartition, il entre en -321 dans la coalition réunissant Antipater, Ptolémée et Cratère contre le chiliarque de l'empire, Perdiccas, qui entend imposer d'emblée son autorité aux forces centrifuges.

Dès -323, Antigone encourt l'hostilité du chiliarque en refusant (en compagnie de Léonnatos) d'aider Eumène de Cardia à entrer en possession de la Cappadoce car il estime que cet ordre n’a pas été spécifié lors du conseil de Babylone[6]. Il critique également la perspective d'un mariage entre Perdiccas et la sœur d'Alexandre, Cléopâtre. Le chiliarque l'ayant convoqué devant un tribunal (l'assemblée macédonienne ?)[7], il s'enfuit avec sa famille auprès d'Antipater en -322. Il ne joue au départ de la première guerres des diadoques qu'un rôle de second du régent de Macédoine. À cette période, il est actif en tant que commandant des forces navales en Méditerranée orientale, à charge pour lui de contrôler les détroits hellespontiques. Au printemps -321, il débarque à Éphèse afin de soutenir Antipater et Cratère dans leur campagne contre Eumène, le stratège de Perdiccas en Asie mineure, alors que ce dernier tente d'envahir l'Égypte de Ptolémée. Antigone marche vers Sardes où se trouve alors Eumène ; mais celui-ci parvient à fuir vers la Cappadoce, aidé par Cléopâtre qui entend protéger un partisan résolu de la dynastie argéade et servir la cause de Perdiccas, son époux présomptif. La même année, alors qu'Antipater a réussi à contourner Eumène, vainqueur de Cratère, Antigone vainc la flotte du chiliarque vers Chypre.

Stratège d'Asie

La mort de Perdiccas en -321 lors de la campagne d'Égypte change subitement la donne et entraîne un nouveau partage de l'empire au travers des accords de Triparadisos en Syrie. Il semble qu'une mutinerie éclate, sans doute fomentée par l'ambitieuse Eurydice, épouse de Philippe III. Profitant de la mort de Cratère, elle entend imposer sa tutelle au roi, déficient mental, et suscite une mutinerie contre Antipater. Antigone et Séleucos sont malmenés lorsqu'ils prennent la défense d'Antipater. Mais Antigone finit par reprendre le contrôle de la situation. Cet épisode montre que l'armée est selon la coutume macédonienne la dépositaire de la volonté nationale et qu'elle intervient dans le choix du souverain.

La principale décision prise à Triparadisos est de confirmer Antipater à la régence et de lui confier la tutelle des rois Philippe III et Alexandre IV. Un nouveau partage des satrapies est décidé. Ptolémée est maintenu en Égypte ; Séleucos devient satrape de Babylonie. Antigone voit lui son domaine s'agrandir puisque déjà satrape de Grande Phrygie, de Lycie et de Pamphylie, il y ajoute la Lycaonie. Surtout il est chargé de mettre fin à la guerre avec Eumène de Cardia dont le domaine (la Cappadoce) est limitrophe au sien. Enfin Antipater lui confie le commandement effectif de l'armée avec le titre de « stratège d'Asie » et lui laisse la garde des rois. C'est faire d'Antigone un véritable vice-roi, aucun diadoque n'ayant en cette heure une puissance équivalente, si l'on excepte peut-être Ptolémée. Antipater lui adjoint cependant comme second son fils Cassandre, nouveau chiliarque de la cavalerie. La mésentente entre Antigone et Cassandre est fatale, aucun n'étant disposé à jouer les seconds rôles. Le conflit éclate quand Cassandre convainc son père d'emmener les rois en Macédoine. Toutefois Antipater ne peut se permettre une confrontation avec Antigone, aussi entoure-t-il son geste de défiance par des bons procédés. Il offre ainsi sa fille Phila en mariage à Démétrios ; c'est de leur union que né le futur Antigone II Gonatas.

Antigone est chargé d'éliminer les derniers partisans de Perdiccas, dont son frère Alcétas, et principalement Eumène de Cardia. Il rassemble alors ses troupes et décide de mener l’offensive en Cappadoce où Eumène s’est réfugié. Avant de gagner sa terre d’élection, Eumène a parcouru et pillé la Phrygie, la propre satrapie d’Antigone, et hiverné à Kélainai (ou Celaenae), sa capitale. Durant cette campagne débutée vers -320, Antigone peut compter sur 10 000 fantassins, dont 5 000 Macédoniens, 2 000 cavaliers et 30 éléphants de guerre[8]. Livrée dans le pays des Orcyniens en Cappadoce au printemps -319, la bataille est remportée par Antigone[9]. Eumène doit endurer de nombreuses désertions et les phalangites macédoniens se tournent volontiers vers Antigone. Eumène doit au printemps -319 se réfugier dans la forteresse de Nora, aux confins de la Cappadoce et de la Lycaonie. Antigone en profite pour marcher contre Alcétas qui, vaincu en Pisidie, se suicide.

La lutte contre Eumène de Cardia

La mort d'Antipater survenue à l'été -319 modifie la donne et libère l'ambition d'Antigone. Maître de la plus grande partie de l'Asie mineure, vaguement apparenté à la dynastie des Argéades, il se juge visiblement comme le seul capable d'incarner l'idée impériale. Il domine dès lors l'histoire de l'Orient hellénistique les quinze années qui suivent. Les autres diadoques ne manquent ni de grandeur ni d'énergie mais comparées à celle d'Antigone, leurs ambitions semblent limitées à la formation d'un espace personnel, quitte à contribuer à son éclatement. Antigone exprime lui la volonté de dominer l'ensemble de l'empire d'Alexandre. À près de 65 ans, il révèle des talents militaires certains, d'autant plus qu'il est rapidement secondé par son fils Démétrios, un des plus brillants capitaines de son temps.

Polyperchon succède à Antipater comme régent de Macédoine, au détriment de Cassandre, et rejoint le le parti d'Eumène de Cardia contre Antigone. Occupé à reconquérir les satrapies de Lydie et de Phrygie, il négocie un armistice avec Eumène par l'intermédiaire de Hiéronymos de Cardia[10]. Il cherche aussi à le rallier à sa cause, mais l'ancien chancelier d'Alexandre reste fidèle aux Argéades et reçoit de Polyperchon le commandement de l'armée royale au titre de « stratège d'Asie », à charge pour lui de vaincre Antigone qui de concert avec Cassandre et Ptolémée refuse de reconnaître l'autorité de Polyperchon.

Étant parvenu à s'échapper, Eumène lève une armée (qui se veut « royale ») et forme une coalition avec certains satrapes des provinces orientales afin de livrer la guerre en Haute Asie, le but étant d'éloigner Antigone de ses bases arrières et de puiser dans les trésors royaux (dont celui de Suse). Eumène s'empare de la citadelle de Babylone au dépend de Séleucos. Durant l’hiver -318--317, Eumène peut gagner la Susiane où il compte rassembler les troupes de Haute Asie. Eumène organise sa défense sur le Pasitigre, ce qui n’empêche nullement Antigone de parvenir en Susiane et de recevoir le soutien de Peithon et Séleucos qu'il charge d’assiéger la citadelle de Suse. Eumène franchit alors le Tigre et défait Antigone sur les rives du Copratès. Celui-ci se replie sur la Médie menaçant les possessions des satrapes ralliés à Eumène. Antigone s’avance ensuite vers la Perse, tandis que l’armée royale avance à sa rencontre dans la région de Paraitacène. Eumène cherche à livrer bataille mais la difficulté du terrain empêche un affrontement ; Antigone peut donc commencer à se retirer vers la Gabiène afin d’approvisionner ses troupes. Eumène parvient néanmoins à le rattraper et à ranger son armée. A l’issue d'une bataille indécise en Paraitacène (fin 317), Antigone retourne en Médie. Eumène s’abstient de le poursuivre et séjourne en Gabiène durant l’hiver 317-316. Après plusieurs jours de marche dans le désert, Antigone arrive pour livrer bataille en Gabiène (début 316)[11]. Capturé suite à la trahison des commandants des Argyraspides dont le train de bagage a été pris, Eumène est aussitôt exécuté sur l’ordre d’Antigone. C'est à ce moment qu'il reçoit l'allégeance de Hiéronymos de Cardia, le futur historien des diadoques[12].

Antigone agit en maître à peine a-t-il vaincu Eumène de Cardia. Tandis que son allié Cassandre s'impose en Macédoine contre Olympias, Antigone se lance dans un vaste mouvement de réorganisation de l'Asie (-316) et se comporte ainsi déjà en souverain. Il écarte sans ménagement les divers satrapes pour les remplacer par des affidés. C'est ainsi que Peucestas, à qui il doit pourtant sa victoire contre Eumène, est évincé de Perse où il est pourtant populaire. Peithon qui ambitionné de prendre le contrôle des satrapies de Haute Asie est quant à lui exécuté. Antigone arrive alors à Babylone pour demander des comptes à Séleucos qui a joué une carte personnelle tout en ayant combattu Eumène ; ce dernier préfère la fuite. Antigone, imitant en cela Alexandre, n'hésite pas à nommer des Perses à des postes clés. Il s'empare enfin du trésor royal de Kyinda (Cilicie), estimé à 10 000 talents, auquel s'ajoutent ses revenus annuels d'environ 11 000 talents[13]. Il est donc devenu en 316 le plus riche et le plus puissant des diadoques.

La première coalition contre Antigone

Les royaumes des diadoques vers -311

Antigone et la proclamation de Tyr

Après la victoire sur Eumène, Antigone réclame de nouveau l'autorité sur la plus grande partie des satrapies asiatiques ; il saisit les trésors de Suse et entre dans Babylone en -315. Séleucos se réfugie alors en Égypte et forme contre Antigone une alliance avec Ptolémée, Lysimaque et Cassandre, nouveau régent de Macédoine. Les coalisés adressent à Antigone un ultimatum lui enjoignant de remettre en place les satrapes qu’il a évincé et de partager le trésor pris à Eumène[14]. La guerre en Asie se limite à un affrontement entre Antigone et Ptolémée alors que le dessein initial d'Antigone est de marcher ensuite sur la Grèce. Antigone envahit la Syrie, abandonnée par Ptolémée qui l'occupe depuis l'éviction de Laomédon de Mytilène, et il est contraint pendant plus d'une année d'assiéger Tyr, défendue par une forte garnison lagide.

Afin d'affaiblir la position de Cassandre en Grèce, et dans une moindre mesure celle de Lysimaque en Thrace et dans l'Hellespont, Antigone annonce sa volonté de rendre leur liberté aux cités grecques dans la proclamation de Tyr en -315. Il soutient par ailleurs les partisans de la démocratie, puisque Cassandre continue de s’appuyer sur les factions oligarchiques, comme à Athènes. Antigone espère ainsi voir les cités grecques se rebeller contre Cassandre. Ptolémée suit les pas d’Antigone et lance à son tour une proclamation en faveur de l’autonomie des cités.

Antigone accuse aussi Cassandre de maintenir prisonniers à Amphipolis Roxane ainsi que le jeune Alexandre IV, mais aussi d’avoir contraint la demie sœur d'Alexandre, Thessaloniké, au mariage. Enfin il l’accuse ouvertement du meurtre d’Olympias perpétré en -316, dénonçant la duplicité et la cruauté de Cassandre qui avait promis à la reine-mère de l’épargner si elle se rendait. Antigone profite de cette proclamation pour s'autodésigner régent de la royauté. Cassandre n’est pourtant pas militairement le plus dangereux de ses adversaires, mais il est le maître de Macédoine et peut donc bénéficier d’un recrutement militaire conséquent. De plus il détient Alexandre IV, le roi légitime et possède un lien familial avec la dynastie argéade de par son mariage avec Thessaloniké.

L'offensive d'Antigone

Pour Antigone, la période -314--313 est victorieuse. Certes la chute de Tyr ne lui permet pas de partir à l'assaut de l'Égypte ; de plus il doit réduire Asandros satrape de Carie qui a rejoint la coalition contre lui. Il décide alors, modifiant son plan initial, de mener la guerre en Asie mineure, tandis que ses neveux Télesphore puis Polémée ainsi que Médios de Larissa débarquent en Grèce. Antigone s'allie le roi de Bithynie ainsi qu'avec les cités de Chalcédoine et celle d'Héraclée. En -313, tandis que la Grèce échappe à Cassandre, Antigone parvient à vaincre Asandros et à s'emparer des cités côtières de l'Ionie dont Milet.

Les combats en Grèce commencent en -315 alors qu'Antigone fait toujours le siège de Tyr. Aristodème de Milet est chargé de porter le décret de Tyr en Grèce. Il trouve rapidement de nombreux soutiens, en particulier celui de la Ligue étolienne. Antigone rallie également à sa cause Polyperchon et son fils Alexandros, qui se sont repliés dans le Péloponnèse ainsi qu'Éacide, roi d'Épire et cousin d’Olympias, hostile à Cassandre. Mais ce dernier réagit avec vigueur et entre en campagne dans le Péloponnèse. Polyperchon, acculé, finit par quitter l'alliance avec Antigone pour se soumettre à Cassandre. Cassandre se retourne alors contre Aristodème, les Étoliens et les Illyriens sans succès décisifs. Mais en -314, Cassandre reprend les cités de Leucade, Apollonie et Épidamne aux Illyriens. C'est alors qu'un neveu d'Antigone, Télesphore, débarque en Grèce grâce au soutien des îles de la mer Égée dont les principales (Lemnos, Imbros et Délos) abandonnent la cause de Cassandre et redonnent naissance à la Confédération des insulaires des Cyclades. Les diverses cités aident Antigone vers -315, alors qu'il assiège Tyr, à se constituer une flotte qui permet de porter la guerre contre Cassandre. Ainsi en -314, Médios de Larissa, l'un des principaux amiraux d'Antigone, détruit la flotte des Pydnéens qui ont pris le parti de Cassandre, tandis que Télesphore remporte en -313 plusieurs succès notamment dans le Péloponnèse et en Béotie. Antigone refuse les demandes de paix lors de la conférence de l'Hellespont. La même année, un autre neveu d’Antigone, Polémée, intervient victorieusement en Grèce et réprime une révolte de Télesphore, lequel a tenté une aventure personnelle. Enfin en -312 Médios défait la flotte de Cassandre au large de l'île d'Eubée. Antigone affaiblit aussi la position de Lysimaque en suscitant la révolte dans les cités du Pont-Euxin.

Antigone est proche de pouvoir passer lui-même en Grèce ; mais dans le même temps Ptolémée réagit en occupant Chypre et la Syrie. Démétrios l'affronte, avec son second Peithon, mais son armée est mise en déroute à la bataille de Gaza. La Phénicie et la Syrie tombent à nouveau entre les mains du Lagide. Même si cet échec empêche l'expédition projetée par Antigone en Grèce, Cassandre et Lysimaque sont très affaiblis et acceptent la proposition de paix en -312. Après l'échec de Démétrios à Gaza, Polémée entre rapidement en conflit avec son oncle et forme une principauté en Égée, où il contrôle la flotte d'Antigone autour de Chalcis. Il entraîne dans sa rébellion Phœnix qui dirige pour Antigone la Phrygie hellespontique. Il se rapproche de Cassandre mais désapprouve le meurtre d'Alexandre IV en -310 ; Cassandre le fait exécuter en -309.

Dans le même temps en -312, Séleucos traverse les territoires sous contrôle d'Antigone et s'empare avec une troupe réduite de Babylone, ouvrant de fait un troisième front contre Antigone, après la Grèce et la Syrie. Les événements de l'année 312 obligent donc Antigone à différer son passage en Grèce et en Macédoine. Une nouvelle armée conduite par Démétrios, puis par Antigone en personne, remporte quelques succès qui contraignent Ptolémée à évacuer une nouvelle fois la Syrie et la Phénicie. Antigone ne peux s'emparer de l'Égypte car préoccupé par Séleucos, il envoie Démétrios contre lui ; l'expédition de son fils en Babylonie est cependant un échec.

La paix de 311 : Antigone bienfaiteur des cités ?

En -311, aucun des diadoques n'a remporté d'avantage décisif mais la nécessité d'une trêve se fait sentir après quatre années de guerre. Lysimaque et Cassandre envoie une ambassade auprès d'Antigone cette année-là, avant que Ptolémée se joignent à eux. Cette paix nous est connue par un texte épigraphique incomplet découvert sur le site de la cité de Scepsis en Troade[15]. Il s'agit d'une lettre d'Antigone aux habitants de la cité, ou plus vraisemblablement d'une lettre « circulaire » adressée aux cités de tous ses territoires, qui proclament la liberté des Grecs. Une phase d'intenses négociations semble avoir précédé la signature du traité. Une première tentative entre Antigone et Ptolémée a échoué en raison de l'ampleur des exigences d'Antigone en -314. En 313, la « conférence de l'Hellespont » avec des représentants de Cassandre a échoué pour les mêmes raisons. Mais en 311, la situation est bien moins satisfaisante pour Antigone. L'expédition de Démétrios contre Séleucos en Babylonie a été un échec. Antigone a besoin de la paix pour se retourner contre ce nouvel adversaire. Celui-ci d'ailleurs reste d'ailleurs en dehors des négociations. Il semble donc que se soit bien Antigone, représenté par Aristodème de Milet, qui reprenne l'initiative de cette paix.

Les deux principales dispositions du traité sont le maintien des diadoques dans leurs possessions et la proclamation de la liberté des Grecs. Antigone demeure « stratège d'Asie », ce qui fait de Séleucos un satrape rebelle. Antigone apparaît comme le vainqueur provisoire du conflit. Son empire, centré sur l'Asie mineure, est intact, si l'on excepte la Babylonie. Il garde la haute main sur les trésors dont il n'est pas question dans les négociations de paix. La proclamation de la liberté des Grecs est quant à elle l'aboutissement du processus qu'il avait initié lors de la proclamation de Tyr en -315. C'est une arme qu'il estime favorable à ses ambitions car la moindre manifestation d'autorité des diadoques à l'encontre des cités peut fournir un casus belli. Il s'agit cependant d'une arme qui peut se retourner contre lui. Il existe également un paradoxe car les cités sont invitées à jurer une paix à l'élaboration de laquelle elles n'ont pas participé ; ce paradoxe se retrouve tout au long de l'époque hellénistique, les cités se soumettent ainsi à la volonté du maître de l'État dans lequel elles sont intégrées. Dans le texte épigraphique de Scepsis, Antigone insiste pour que les Grecs adhèrent à cette liberté qui leur est octroyé : « C'est pourquoi il me paraît bon que vous prêtiez le serment que nous vous envoyons. Nous nous efforcerons dans l'avenir de vous procurer à vous et aux autres Grecs, tous les avantages en notre pouvoir »[16].

Cependant Antigone n'a pas atteint pleinement ses objectifs. Aucun de ses adversaires n'est définitivement vaincu et il doit reconnaître Cassandre comme « stratège d'Europe » (ce qui lui redonne pouvoir sur les cités grecques d'Europe) et comme tuteur du roi Alexandre IV. Cette paix contient en elle l'extinction de la dynastie des Argéades.

Roi d’Asie

Pièce à l'effigie d'Antigone. L'inscription rapporte ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΑΝΤΙΓΟΝΟΥ / BASILEÔS ANTIGONOU, « Roi Antigone »

La reprise du conflit avec Ptolémée

Mais cette paix entre les diadoques est rapidement rompue. Séleucos défait les troupes envoyés contre lui par Antigone et prend possession des hautes satrapies entre -310 et -308. Ptolémée affiche également ses ambitions en mer Égée, alors sous la férule d'Antigone par l'intermédiaire de la confédération des Cyclades, et profite du conflit entre Antigone et son neveu Polémée qui s'est constitué une principauté en Eubée autour de Chalcis. Antigone n'a en cette heure plus de flotte car celle-ci est au main de son neveu, tandis que Démétrios est occupé de nouveau contre Séleucos.

Ainsi entre -310 et -309, Ptolémée mène une campagne victorieuse contre des cités côtières d'Asie mineure, notamment en Cilicie et dans plusieurs îles égéennes. La réaction d'Antigone est immédiate et ses fils reprennent initiative en Asie mineure. Mais en -309, Ptolémée s'empare de cités de Carie et de Lydie. L'année suivante Antigone fait exécuter Cléopâtre, sœur d'Alexandre promise à un mariage avec Ptolémée, afin que celui-ci n'est aucun droit à l'empire. Tandis que Ptolémée et Antigone s'affrontent, Alexandre IV et sa mère Roxane sont assassinés par Cassandre en -310 ; tandis que l'année suivante Polyperchon fait exécuter le fils d'Alexandre et de Barsine, Héraclès, afin de s'attirer les bonnes grâce de Cassandre. Avec ces assassinats disparaît la dynastie argéade, et donc le dernier obstacle à ce que les diadoques se proclament rois.

Dans le même temps, Polémée est éliminé par Ptolémée en -308 ; ce dernier en aurait profité pour conclure un accord avec Antigone visant à se partager la Grèce. Les îles égéennes reviendraient à Antigone et la Grèce continentale à Ptolémée. Cette alliance est clairement dirigée contre Cassandre et Polyperchon. Dès -308, le Lagide débarque dans le Péloponnèse et soumet des cités au dépend de Cassandre tout en appelant, comme Antigone, à la liberté pour les Grecs. Mais les événements en Cyrénaïque, tombée aux mains d'Agathocle de Syracuse, inquiètent Ptolémée depuis longtemps loin de ses bases. En outre malgré quelques succès, le bilan de la campagne en Grèce s'avère mitigée. Il est probable que c'est à ce moment que Ptolémée comprend qu'il est plus important de dominer les îles de la mer Égée et que l'Égypte doit être une thalassocratie. Ptolémée traite alors avec Cassandre et rentre en Égypte (vers 308). Dans le même temps, Antigone négocie avec Séleucos en lui reconnaissant la mainmise sur les satrapies orientales. Antigone a désormais le champ libre en Grèce continentale.

Les dernières victoires d'Antigone et Démétrios

Vers -308, Antigone profite que Séleucos soit occupé à la frontière orientale de son empire contre Chandragupta Maurya pour tourner ses ambitions sur ce qui reste son objectif primordial, la Grèce et la Macédoine. Il fait donc armer une nouvelle flotte, la précédente étant passée sous le contrôle de Ptolémée lors de l'annexion des possessions de Polémée. En -307, Démétrios entre dans Athènes et chasse l'oligarque Démétrios de Phalère qui gouverne la cité au nom de Cassandre. Démétrios annonce sa volonté de rendre la liberté aux Grecs, conformément à la politique entamée par Antigone depuis sa proclamation de Tyr en -315. Démétrios s'empare ensuite de Mégare et de Munichie. Antigone et son fils reçoivent un culte héroïque de la part d'Athènes et deux nouvelles tribus sont créées pour les honorer.

Cette situation en Grèce est inacceptable pour Ptolémée, à qui la puissance nouvelle d'Antigone apparaît comme une menace. Aussi arme-t-il une flotte en vue d'attaquer la Syrie. Démétrios est alors rappelé par son père sans avoir pu prendre Corinthe ni Sicyone, toujours aux mains de Ptolémée. Démétrios, avec en second Médios de Larissa, fait voile vers Chypre et détruit la flotte de Ptolémée au large de Salamine de Chypre en -306. Celui-ci abandonne pour un temps Chypre et la maîtrise des mers à Antigone.

La proclamation royale

Cette victoire navale encourage Antigone, qui vise toujours la restauration de l'empire d'Alexandre, à prendre, conjointement avec son fils Démétrios, le titre de basileus (Βασιλεύς, « roi »)[17]. Aristodème de Milet, chargé d'annoncer à Antigone la victoire devant Salamine, semble avoir saisi l'importance du moment en clamant selon Plutarque : « Salut, roi Antigone ! Nous sommes vainqueurs de Ptolémée »[18]. Antigone s'affirme comme le successeur d'Alexandre, surtout depuis la disparition des derniers argéades, dont Antigone ne porte pas la responsabilité première, si l'on fait exception de l'assassinat de la sœur d'Alexandre, Cléopâtre en -308. En outre Antigone prétend avoir par son épouse Stratonice des liens avec les premiers argéades. Que Démétrios soit associé au trône illustre bien cette volonté de fonder une nouvelle dynastie.

Les autres diadoques, Ptolémée, Séleucos, Cassandre et Lysimaque réagissent en adoptant successivement le titre royal à partir de -305. Il s'agit bien pour eux de s'opposer aux prétentions impériales d'Antigone mais aussi d'assurer la légitimité de leur pouvoir. La prise du titre royal ne vise que les Macédoniens et les Grecs car vis-à-vis des autres peuples, les diadoques se comportent comme des souverains dès l'origine. La conséquence la plus directe est d'assurer en droit le démembrement définitif de l'empire d'Alexandre. Il s'agit là de l'acte de naissance des monarchies hellénistiques.

Dans cette même volonté de suivre le modèle du Conquérant, Antigone fonde en -307 sur le fleuve Oronte en Syrie une Antigonie et la fait peupler de colons gréco-macédoniens. Vers -316, Antigone a déjà fondé une nouvelle cité en Bithynie, sans doute sur un site plus ancien ; il lui donne pour nom Antigonie, la future Nicée.

La seconde coalition contre Antigone

Les royaumes des diadoques après la bataille d'Ipsos (-301)

Le siège de Rhodes

Confortée par sa proclamation royale, Antigone met sur pied une armée et une flotte considérable, dont il confie le commandement à Démétrios, et s'empresse d'attaquer Ptolémée dans ses propres possessions en -305. L'invasion de l'Égypte est cependant un échec ; il ne parvient pas à forcer les défenses de Ptolémée et doit se retirer. Ptolémée profite de cette victoire pour se proclamer lui aussi Basileus.

Antigone décide alors d'orienter son offensive sur l'île de Rhodes qui de par ses intérêts économiques orientent sa préférence vers l'Égypte ptolémaïque. En outre, les nombreux conflits et le développement de la piraterie accordent à la cité un rôle de gardienne des mers qui lui valent un grand prestige. Cependant, si Antigone souhaite s'en emparer, c'est avant tout pour son importance stratégique. Il dirige en effet Chypre depuis la bataille de Salamine de Chypre et occuper Rhodes (que Démétrios a en vain tenté d'entraîner contre Ptolémée après sa victoire) c'est contrôler l'ensemble des communications en Méditerranée orientale et en Mer Égée. Enfin, Antigone vient d'échouer personnellement dans une attaque sur l'Égypte, il est donc nécessaire d'empêcher la naissance de cette thalassocratie que Ptolémée a déjà failli établir en -308. Il faut remarquer cependant la mauvaise foi d'Antigone pour qui la liberté des Grecs ne pèse pas lourd quand son intérêt l'exige, alors qu'il s'en proclame le champion depuis la proclamation de Tyr (-315). Il prend donc prétexte que la cité ne l'ait pas aidé lors de sa campagne en Égypte pour tenter de s'en emparer.

Démétrios est donc chargé de faire voile vers la cité. Le siège de Rhodes qui dure de plus d'une année est l'un des plus célèbres de l'Antiquité[19]. Démétrios y gagne son surnom de Poliorcète (« preneur de ville ») bien qu'il ne s'empare pas complétement de la cité. Il utilise de nombreuses machines de siège (dont des hélépoles) auxquels les Rhodiens opposent une grande vaillance. Ptolémée, Cassandre et Lysimaque ravitaillent la ville qui est cependant sur le point de céder en -304. Ptolémée lui-même conseille alors aux Rhodiens de traiter avec Démétrios. Grâce à l'entremise des Étoliens, un accord est signé. Rhodes s'engage à devenir l'alliée d'Antigone, sauf contre l'Égypte, et doit livrer cent otages.

Vers la bataille d'Ipsos

Si Démétrios doit mettre fin au siège de Rhodes, c'est aussi parce qu'en Grèce Cassandre vient de reprendre l'offensive. Il assiège Athènes depuis -307 marquant le début de la « guerre de quatre » ans en Grèce ; la cité est sur le point de tomber malgré l'intervention des Étoliens. Quand ceux-ci sont finalement repoussés par Cassandre, Antigone fait intervenir son fils qui débarque en Béotie et repousse Cassandre au nord des Thermopyles en -304. Antigone exige alors de Cassandre la soumission sans conditions de la Macédoine. La Béotie et la Phocide font leur soumission aux Antigonides lesquels sont aussi soucieux de conserver l'alliance athénienne en livrant à la cité attique Phylé, Salamine et Panakton. C'est donc sur cette nouvelle victoire d'Antigone et de son fils que se termine le conflit en Grèce. Entre -304 et -302, Démétrios s'empare également de Sicyone, qu'il refonde par synœcisme[20], puis de Corinthe et du Péloponnèse à l'exception de Mantinée qui reste fidèle à Cassandre.

Les autres diadoques ne peuvent laisser Cassandre se faire dépouiller de son royaume sans réagir. Si Antigone et son fils mettent la main sur la Grèce, ce qui est déjà partiellement le cas, et sur la Macédoine, ils vont acquérir une légitimité encore plus forte, d'autant qu'Antigone reconstitue à son profit la ligue de Corinthe en -302. Aussi des tractations ont lieu dès -304 qui aboutissent à une dernière coalition contre le vieux souverain (il a près de 80 ans). Les forces sont équivalentes car l'immensité et la richesse du royaume d'Antigone lui permettent de mobiliser des effectifs considérables, sans doute équivalents à ses principaux adversaires réunis (entre 70 000 et 80 000 hommes à Ipsos). Il est donc nécessaire pour ses adversaires de parvenir à faire la jonction de leur forces. Pour cela il faut gagner du temps, ce qui explique le plan hardi mais savant mis au point : une défense opiniâtre en Europe contre Démétrios, permettant une attaque de l'Asie par Lysimaque afin de surprendre Antigone, temporiser ensuite jusqu'à ce que les forces coalisées soient réunies.

Lysimaque est le premier à se mettre en mouvement au printemps -302. Il débarque en Phrygie hellespontique, avec l'aide de troupes envoyées par Cassandre, et reçoit la soumission de nombreuses cités sur les côtes de Lycie et de Carie, dont Colophon, Éphèse et Sardes. Antigone marche à sa rencontre et rappelle Démétrios. Celui-ci avait envahi la Thessalie au printemps -302 en contournant les Thermopyles avec sa flotte. Il conclu rapidement une trêve avec Cassandre et débarque à Éphèse à l'automne. Cassandre, dès le départ de Démétrios, s'empresse de rétablir son autorité en Thessalie et en Phocide puis renverse Pyrrhus.

L'arrivée de Démétrios en Asie met Lysimaque en difficulté. De plus, les renforts envoyés par Cassandre sous le commandement de son propre frère Pleistarchos sont vaincus par Démétrios. Aussi lors de l'hiver -302/-301, Lysimaque se retire-t-il à Héraclée afin d'y attendre l'arrivée de Séleucos qui hiverne en Cappadoce. Quant à Ptolémée, ayant envahi la Cœlé-Syrie et se préparant à rejoindre Séleucos, il bat précipitamment en retraite sous la fausse nouvelle d'une victoire d'Antigone. L'arrivée de Séleucos, avec environ 500 éléphants de guerre bouleverse cependant complètement le rapport de force, malgré l'arrivée des troupes de Démétrios. En -301, Antigone marche alors contre l'armée coalisée, regroupée près du village d'Ipsos au cœur de la Phrygie. Dans sa quatre-vingt-unième année, il commande en personne la phalange. Mais il est vaincu et tué (par un trait de javelot) à la bataille d'Ipsos, l'une des plus décisives de la période hellénistique[21].

Le legs d'Antigone

Le royaume d'Antigone est aussitôt partagé marquant le démembrement définitif de l'empire d'Alexandre. La plus grande partie tombe entre les mains de Lysimaque, soit une large portion de l'Asie mineure jusqu'aux monts Taurus, et surtout de Séleucos, soit la Syrie et les territoires orientaux de l'Asie mineure. Ptolémée établit sa domination sur la Cœlé-Syrie et reçoit quelques places fortes en Asie mineure, tandis que Cassandre maintient pour un temps sa présence en Macédoine et en Grèce. Le grand vainqueur apparait être Séleucos qui s'empare donc de la Syrie qui, promise à Ptolémée, récompense le principal acteur de la victoire alors qu'est pénalisée l'excessive prudence du Lagide.

En -294 après la mort de Cassandre, Démétrios s'empare de la Macédoine, pour la perdre à nouveau au profit de Lysimaque et Pyrrhus qui lui succède. C'est le fils de Démétrios, Antigone Gonatas, qui en -277 établit durablement la dynastie antigonide sur le trône de Macédoine.

Antigone laisse un héritage considérable en cela qu'il est le premier diadoque à (oser) prendre le titre royal avec l'objectif de fonder une nouvelle dynastie faisant suite aux Argéades. Par sa politique envers les cités grecques, il préfigure les relations entre le souverain hellénistique et ses sujets en incarnant le « Bienfaiteur » (évergète) autant que le monarque absolu. Il se montre naturellement proche des intérêts des cités comme tendent à le montrer son commandement des alliés grecs durant la conquête de l'Asie, la proclamation de Tyr en -315, la paix de -311 qui confirme la libertés des cités et enfin la restauration de la ligue de Corinthe en -302. Il semble néanmoins prôner la démocratie tant qu'elle peut nuire à Cassandre ou Lysimaque. Au final, Antigone entend conserver et faire fructifier l'héritage d'Alexandre pour aboutir à un nouvel empire entre Europe et Asie[22].

Notes et références

  1. J. Charbonneaux, « Antigone le Borgne et Démétrios Poliorcète sont-ils figurés sur le sarcophage d'Alexandre ? » Revue des Arts, 2, 1952.
  2. D'après Gustav Droysen, son père aurait pu être le Philippe nommé satrape d'Inde par Alexandre.
  3. Élien (Histoires variées, 12, 43) qui s'inspire ici de Douris de Samos prétend qu'Antigone aurait eu des origines humbles ; mais Douris dans ses Makedonika tend à tourner en dérision les diadoques.
  4. Plutarque, Œuvres morales, De l'éducation des enfants, 14.
  5. Livre de Jérémie, 43, 8f. Cette mention d'Antigone paraît peu crédible.
  6. Plutarque, Vie d'Eumène 3, 5.
  7. Arrien, Histoire de la Succession d'Alexandre, 11, 1, dans Fragmente der griechischen Historiker, II, 1923-1930.
  8. Diodore, XVIII, 40, 7.
  9. Diodore, XVIII, 40, 8 ; Plutarque, 9, 3.
  10. Plutarque, Vie d'Eumène, 12, 1-2.
  11. Sur Paraitacène voir Diodore, XIX, 27-32. Sur Gabiène voir Diodore, XVIII, 39, 6 ; 40-43 ; Plutarque, 16, 1-11.
  12. Flavius Josèphe (Histoire des Juifs dans FGH, II, D, 545) déclare, à tort semble-t-il, qu'Antigone aurait désigné Hiéronymos gouverneur de Syrie.
  13. Diodore, XIX, 56.
  14. Eumène en a en effet reçu de Polyperchon la jouissance des trésors royaux.
  15. Sur cette paix voir aussi le bref compte-rendu de Diodore de Sicile, XIX, 105, 1.
  16. Lettre à la ville de Scepsis, Orientis Graeci Inscriptiones selectae, no  5 : (en) C.B. Welles, Royal Correspondence in the Hellenistic Period, no 1.
  17. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne], XX, 53 ; Justin, Abrégé des Histoires philippiques de Trogue Pompée [détail des éditions] [lire en ligne], XV, 2.
  18. Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Vie de Démétrios, 17-18.
  19. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne], XX, 81-88, 91-100 ; Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Vie de Démétrios, 21-22.
  20. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne], XX, 100, 102-103 ; Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Vie de Démétrios, 23-27.
  21. Plutarque (Vie de Démétrios, 28, 6) en offre un récit détaillé. Ce qui tend à démontrer que Hiéronymos de Cardia en a été le témoin oculaire car son Histoire des successeurs d'Alexandre inspire ici Plutarque en droite ligne.
  22. Voir en ce sens Édouard Will, Histoire politique du monde hellénistique 323-30 av. J.-C., Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », 2003 (ISBN 202060387X) .

Sources antiques

Bibliographie

  • Olivier Battistini et Pascal Charvet (sous la direction de), Alexandre le Grand, Histoire et dictionnaire, Robert Laffont, « Bouquins », 2004.
  • (en) R.A Billows, Antigonos the One-Eyed and the creation of Hellenistic State, University of California Press, 1990 ;
  • Pierre Briant, Antigone le Borgne. Les débuts de sa carrière et les problèmes de l'assemblée macédonienne, Belles Lettres, 1989 (2e édition) (ISBN 2-251-60152-X) ;
  • Paul Goukowsky, « Antigone, Alexandre et l’assemblée macédonienne », Revue Philologique, n°49 (1975), p. 263-277.
  • (en) N. G. L. Hammond et F. Walbank, A History of Macedonia, vol. 3 : 336-167 B.C., Oxford, Clarendon Press, 1988 (ISBN 0198148151)  ;
  • Édouard Will, Histoire politique du monde hellénistique 323-30 av. J.-C., Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », 2003 (ISBN 202060387X) .

Articles connexes


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